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Bonjour, tout le monde, et bienvenue au Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Nous tenons notre 74
e séance. Nous sommes le mardi 5 mars 2013.
Nous poursuivons ce matin notre étude du projet de loi , qui modifie la Loi sur le programme de protection des témoins du Canada.
Nous accueillons aujourd'hui deux témoins du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile qui comparaissent ici de nouveau. Le premier est Trevor Bhupsingh. Il est le directeur général de la Division de l'application de la loi et des stratégies frontalières. Nous retrouvons aussi Julie Mugford, directrice de la Division de la recherche et de la coordination nationale sur le crime organisé.
De plus, de la Gendarmerie royale du Canada, nous accueillons le commissaire adjoint Todd Shean, des opérations fédérales et internationales; et l'inspecteur Greg Bowen, l'officier responsable des opérations de la protection des témoins.
J'invite les représentants du ministère de la Sécurité publique à commencer ce matin et à faire de brèves observations.
De plus, la GRC a une déclaration. Je n'ai pas encore reçu une copie, mais si vous en avez, je vous invite à m'en donner maintenant. Nous passerons ensuite à la première série de questions.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité, de l'invitation et de l'occasion d'intervenir de nouveau au sujet du projet de loi devant nous aujourd'hui. Il s'agit d'une loi qui vise à moderniser le Programme fédéral de protection des témoins du Canada.
[Français]
Il est bien reconnu qu'un programme de protection des témoins efficace et fiable est utile dans la lutte contre le crime, en particulier contre le crime organisé et le terrorisme.
Au Canada, des programmes de protection des témoins existent aux paliers provincial et fédéral. Au palier fédéral, le programme de protection des témoins est régi par la Loi sur le programme de protection des témoins et est administré par la Gendarmerie royale du Canada, ci-après appelée la GRC. Au cours des dernières années, les provinces ont également commencé à établir leurs propres programmes de protection des témoins.
[Traduction]
Tandis que quelques programmes provinciaux sont en général axés sur la gestion des témoins, le programme fédéral s'occupe de cas plus graves qui peuvent nécessiter une réinstallation et souvent, un changement d'identité protégée. Les programmes provinciaux fournissent souvent une protection de durée limitée, habituellement pour la période précédant un procès ou pendant un procès, tandis que le programme fédéral offre une protection à vie. Seul le programme fédéral a le mandat prévu par la loi de fournir des services nationaux de protection à tous les organismes canadiens d'application de la loi ainsi qu'à tous les tribunaux internationaux.
Sécurité publique Canada souhaite faire en sorte que les services policiers disposent des outils appropriés pour établir des quartiers sécuritaires aux quatre coins du Canada, et ce, en s'adaptant à la nature changeante du crime et en maintenant le rythme des organisations criminelles ou terroristes.
Par l'intermédiaire du projet de loi C-51, la Loi améliorant la sécurité des témoins, nous souhaitons modifier la Loi sur le programme de protection des témoins afin d'améliorer l'efficacité et la sécurité du Programme fédéral de protection des témoins et de le rendre mieux adapté aux besoins des organismes d'application de la loi du Canada.
Comme vous le savez peut-être, l'actuelle Loi sur le programme de protection des témoins est apparue en 1996; elle n'a pas subi de modifications importantes depuis son entrée en vigueur. Cela fait plus de 25 ans. Les modifications proposées dans le projet de loi visent à donner suite aux recommandations formulées par les membres du Comité permanent de la sécurité publique et nationale en 2008, ainsi que par les membres de la Commission d'enquête sur l'affaire Air India en 2010.
En guise de suivi au rapport du SECU, en 2008 Sécurité publique Canada et la GRC ont entrepris des consultations aux quatre coins du pays auprès de partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux afin d'obtenir leurs points de vue sur la façon d'améliorer le Programme fédéral de protection des témoins de même que leurs façons de voir les recommandations formulées par les membres du SECU.
Les modifications proposées permettront également de donner suite aux suggestions sur la façon d'améliorer le programme de protection des témoins au Canada. Les mécanismes et les modifications proposés au projet de loi visent à améliorer l'interaction entre les programmes de protection des témoins des gouvernements provinciaux et ceux du gouvernement fédéral. En particulier, ils permettront d'améliorer le processus d'obtention d'une nouvelle identité protégée pour les témoins des provinces et des territoires par l'entremise d'un processus de désignation. Une fois la désignation faite, les représentants des programmes provinciaux pourront demander de l'aide de la GRC pour fournir une nouvelle identité protégée aux bénéficiaires désignés des programmes provinciaux, et ce, sans qu'il soit nécessaire de transférer ces bénéficiaires dans le programme fédéral, ce qui est actuellement le cas.
Le projet de loi prévoit également l'élargissement des interdictions touchant la divulgation des renseignements; les interdictions, qui touchent actuellement la divulgation du nom et du lieu de résidence des bénéficiaires du programme fédéral, toucheront désormais également les bénéficiaires désignés des programmes provinciaux ainsi que l'information au sujet des programmes provinciaux et fédéraux, de même que des administrateurs. Cette modification va de pair avec les demandes des provinces de renforcer les interdictions touchant la divulgation des renseignements, et ce, afin que l'information au sujet de leurs témoins soit protégée partout au Canada.
En raison de la tenue de la commission d'enquête sur l'affaire Air India, le projet de loi vise désormais à permettre à des organismes supplémentaires d'aiguiller des personnes vers le programme, notamment les organismes responsables de la sécurité nationale, de la défense nationale et de la sécurité publique. Par exemple, des organismes comme le Service canadien du renseignement de sécurité et le ministère de la Défense nationale pourront désormais aiguiller des personnes vers le Programme de protection des témoins.
Le projet de loi améliorera également l'administration du programme fédéral en permettant aux bénéficiaires de mettre volontairement un terme à la protection offerte par le programme, en faisant passer la période maximale de protection d'urgence de 90 à 180 jours. Ces modifications permettront de régler les problèmes opérationnels concernant l'administration du programme fédéral.
En plus des modifications législatives susmentionnées, la GRC prend également un certain nombre de mesures visant à améliorer les processus administratifs et les éléments de programme dans le but de donner suite aux préoccupations soulevées par le passé qui n'ont pas été résolues. L'une des améliorations importantes est un changement dans la structure de reddition de comptes de la GRC, qui vise à faire la distinction entre les décisions relatives aux admissions et les enquêtes, ce qui fait en sorte que l'objectivité soit assurée dans le processus décisionnel. La GRC prend également des mesures pour renforcer le programme fédéral. En effet, elle assure l'intégration des évaluations psychologiques des candidats et des services de counselling destinée aux personnes protégées et à leurs familles, offre des services de conseils juridiques à tous les candidats dont l'admission au programme fédéral est envisagée, améliore la formation dispensée aux administrateurs et aux responsables des témoins, et crée aussi une base de données qui permettra de mieux orienter la conception de programmes.
[Français]
En résumé, le programme fédéral constitue un outil précieux qui aide nos policiers à infiltrer le milieu du crime organisé et à recueillir des renseignements essentiels pour réduire et perturber les activités liées au trafic de drogues.
La Loi améliorant la sécurité des témoins favorisera l'adoption d'une approche davantage simplifiée entre les gouvernements fédéral et provinciaux ou territoriaux en matière de protection des témoins, ainsi qu'entre la GRC et d'autres institutions fédérales qui exercent des fonctions liées à la sécurité ou à la défense nationale.
Cette approche fera en sorte de rendre le programme fédéral efficace et sécuritaire, tant pour les témoins que pour les personnes qui fournissent une protection à ces témoins.
[Traduction]
Les modifications proposées dans le projet de loi seront grandement utiles car elles permettront d'améliorer le programme fédéral et d'en faire un outil efficace d'application de la loi dans la lutte contre le crime organisé et le terrorisme à l'échelle mondiale.
Merci.
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Bonjour, monsieur le président.
Je souhaite remercier le comité de m'avoir fourni l'occasion de participer à ses discussions sur le projet de loi , la Loi améliorant la sécurité des témoins.
La GRC voit dans le projet de loi une mesure importante qui rendra le Programme fédéral de protection des témoins plus complet et plus efficace.
Parmi les éléments remarquables du projet de loi, on compte la reconnaissance des programmes provinciaux de protection des témoins auxquels il confère les mêmes protections qu'au programme fédéral, relativement aux bénéficiaires, aux anciens témoins protégés et aux renseignements de nature délicate sur leur fonctionnement.
De plus, la loi reconnaît les risques potentiels qu'encourent ceux qui ont la responsabilité d'assurer la protection, qu'ils soient membres du personnel chargés de protéger les témoins ou des fonctionnaires qui participent au processus de changement d'identité.
[Français]
Autre élément important, on élimine l'obligation d'adhésion au programme fédéral des bénéficiaires des programmes provinciaux simplement pour leur obtenir des papiers d'identité des autorités fédérales. Les provinces jouissent ainsi d'une plus grande autonomie dans l'administration de leurs programmes, et le programme fédéral court moins de risques en n'ayant plus à admettre des individus au seul motif de leur faciliter le changement d'identité. On remplit ainsi une brèche qui rendait le programme fédéral vulnérable, puisqu'il avait bien peu à dire dans les mesures de protection offertes au bénéficiaire provincial dans l'attende de ses papiers.
[Traduction]
Grâce au régime de désignation, la GRC travaillera directement avec le fonctionnaire désigné du programme provincial de protection des témoins. Ainsi, la GRC ne traitera plus de questions de protection à l'aide d'un certain nombre d'organismes d'application de la loi d'une même province; elle travaillera exclusivement avec le bureau du ou des fonctionnaires désignés par la province. On améliorera donc l'efficacité des services fournis aux provinces et la sécurité des programmes fédéral et provinciaux.
Cette loi, de concert avec de grands changements opérationnels qu'on apporte au programme fédéral, met en oeuvre les recommandations issues du rapport du comité, déposé en 2008, qui porte sur le Programme fédéral de protection des témoins, et du rapport de 2010 de la commission d'enquête sur l'affaire Air India. Effectivement, les changements qu'on apporte actuellement au programme dépassent les recommandations susmentionnées dans de nombreux domaines et garantissent que le programme fédéral soit bien en mesure de continuer à offrir un niveau de service élevé.
[Français]
On parle depuis longtemps de la nécessité d'isoler la prise de décision quant à l'admission au programme des responsables de la prise de décision touchant les enquêtes. La nouvelle procédure d'admission au programme fédéral concrétise cette séparation des pouvoirs décisionnels, de sorte que les décideurs de l'admission au programme de protection des témoins fonctionnent parallèlement aux responsables des enquêtes. Il a fallu, pour y arriver, modifier profondément la structure du programme à la direction générale et dans les divisions. Les nouveaux protocoles d'admission seront en vigueur partout au pays d'ici mai 2013.
[Traduction]
La GRC a introduit une série de protocoles spécialisés et sécurisés conçus expressément pour la protection de témoins, et ces protocoles sont propres à la protection de témoins au Canada. De plus, nous avons développé des procédures opérationnelles normalisées portant sur les processus améliorés d'orientation au programme, et nous avons lancé depuis peu un processus de sensibilisation plus rigoureux visant à mieux répondre aux besoins de témoins qui éprouvent des difficultés à s'adapter au programme.
Les agents de protection des témoins de la GRC sont maintenant les bénéficiaires de la formation la plus avant-gardiste et la plus complète en matière de protection de témoins au Canada. D'ici la fin de la prochaine année financière, nous prévoyons que cinq psychologues travailleront à temps plein de manière exclusive pour le programme fédéral. Nous prévoyons aussi la mise sur pied d'un système amélioré de banques de données conçues expressément pour le programme fédéral. Ce nouveau système assurera un meilleur suivi de cas particuliers de protection de témoins, nous permettra de mieux surveiller les services que nous offrons aux partenaires et aux intervenants et favorisera la responsabilité et la transparence du programme au moyen d'un accès immédiat aux données et aux statistiques du programme.
[Français]
Nous avons lancé des projets de recherche sur la fonction de protection des témoins et nous préparons des ateliers afin de mieux étudier l'incidence de la protection de témoins du point de vue de cultures variées, en particulier les difficultés que pose la protection de témoins pour des membres des Premières Nations qui pourraient être admis au programme.
[Traduction]
La GRC a en outre tenu des réunions avec des représentants de la Commission des plaintes du public contre la GRC visant à faire en sorte que la CPP comprenne entièrement le fonctionnement du programme, les défis liés à l'administration du programme et le processus des plaintes. On prévoit que cette interaction se poursuivra pour faire en sorte que les services fournis par la CPP aux Canadiens en matière de protection de témoins soient offerts en temps opportun et de manière appropriée et transparente. En mettant tout cela en oeuvre, le Programme fédéral de protection des témoins sera bien placé pour continuer à compter parmi les programmes de protection des témoins les plus professionnels et les plus efficaces au monde.
Merci pour l'occasion de comparaître aujourd'hui. J'ai hâte de répondre à toute question que vous souhaitez poser.
Merci.
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Je crois que vous avez trouvé le plus gros problème, parce que, pour obtenir un changement d'identité protégée... Il y en a deux. Il y en a probablement plus, mais je veux discuter de deux problèmes.
Pour obtenir un changement d'identité protégée, un témoin adhérait au Programme fédéral de protection des témoins, ce qui entraînait tout un processus.
En plus, il fallait faire affaire avec plusieurs services de police. Nous n'aurons maintenant qu'à travailler avec une personne désignée dans chaque province. On va travailler avec ces personnes et les former. D'après notre expérience, la plupart des retards surviennent quand nous avons à traiter des documents nécessaires pour obtenir l'aide de nos partenaires fédéraux pour des changements d'identité. Souvent, la documentation ne contient pas toutes les informations dont nous avons besoin et nous devons reprendre certaines démarches. Nous croyons que, si nous travaillons avec une personne formée et désignée, tous ces problèmes devraient disparaître, ce qui ferait que la documentation acheminée aux autres partenaires fédéraux serait complète. Cela accélérera les choses, et comme il y aura moins de personnes ajoutées au Programme fédéral de protection des témoins, il y aura moins de paperasserie associée à ce programme. Le tout sera rationalisé.
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Il est ressorti trois importantes recommandations de l'affaire
Air India, évidemment la première touchait à la question de l'indépendance. La commission d'enquête sur l'affaire
Air India recommandait un organe indépendant responsable des témoins protégés. Nous croyons que le programme serait géré à son mieux par la GRC.
Mais pour revenir à la question de l'indépendance, comme l'a mentionné le commissaire adjoint, il y a une ligne de démarcation claire entre le processus d'enquête et la gestion du programme lui-même.
Une autre recommandation ressortant de la commission d'enquête et qui était tout aussi importante était que les terroristes protégés devaient être inclus dans le programme de protection des témoins. Il n'existait aucune loi pour ce faire et, par conséquent, le projet de loi propose, entre autres, d'élargir le mandat des organisations qui peuvent faire des recommandations et des renvois à la GRC. L'on y inclut maintenant des organismes qui ont un mandat en matière de sécurité nationale, de défense nationale et de sécurité publique. Voilà un autre point auquel on a fait suite.
Ensuite, il y a eu certaines recommandations quant à des programmes de formation adaptés aux différences culturelles. Je sais que la GRC a repris cette idée et qu'elle fournit ce type de formation depuis plusieurs années.
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Les décisions portant sur l'identité, par exemple, suite à votre question, sont prises en collaboration avec les personnes protégées, conformément au conseil des coordonnateurs de protection des témoins, qui peuvent les orienter vers la bonne direction.
La protection des témoins vise à fournir le cadre nécessaire aux gens inscrits au programme, afin de leur offrir la possibilité de le réussir et, avec un peu de chance, de réintégrer la société dans les plus brefs délais possible.
La dynamique familiale est toujours un facteur et représente — c'est la même chose dans le cas de ma famille ou de celle d'autrui — certains défis. Nous croyons que l'introduction de psychologues que nous embauchons présentement, et l'utilisation que nous en faisons actuellement nous permettent d'améliorer les plans de gestion de cas, non seulement pour le témoin principal, mais aussi pour toute la famille. Chaque membre d'une famille suivrait le processus afin de leur assurer la même possibilité de réussite. On part simplement du principe qu'en répondant à leurs besoins sociaux et psychologiques, il est beaucoup plus facile de les protéger et ils sont plus heureux.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être présents pour nous éclairer sur le projet de loi . Nous en sommes très heureux.
J'ai trouvé les discussions sur la protection des témoins extrêmement intéressantes. J'ai retenu notamment les commentaires de mon collègue conservateur M. Hawn, qui parlait de la protection des témoins à l'intérieur des pénitenciers. Cela m'a fait penser à une chose. Dans mon comté, on ferme actuellement l'établissement Leclerc. Celui-ci comportait une aile spécialisée pour la protection des témoins. J'espère que le gouvernement va considérer cela et la replacer ailleurs. En les isolant du reste de la population carcérale, on protégeait les témoins. Je voulais clarifier la situation.
Un commentaire m'a surprise. La Ville de Montréal a son propre programme de protection des témoins. Comment cela fonctionne-t-il? Certaines provinces ont des programmes de protection de témoins, mais la Ville de Montréal a-t-elle vraiment son propre programme de protection de témoins? Je ne sais pas si vous avez un petit peu plus d'information ou si vous savez comment ça fonctionne. Les trois ordres de gouvernement au Québec auraient donc un programme de protection des témoins?
En ce qui concerne l'ajout du nouveau programme avec le projet de loi — et c'est une question pour les fonctionnaires —, je crois que les ministres de la Justice de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique ont fait des déclarations positives à ce sujet. Gordon Wyant, le ministre de la Justice, a dit que le système s'en trouvera amélioré et qu'il offrira une meilleure protection aux témoins. Il s'agit du nouveau système. Shirley Bond, la ministre de la Justice de la Colombie-Britannique, a dit qu'elle a hâte de collaborer avec nous car elle croit que c'est un pas dans la bonne direction. Tom Stamatakis, président de l'Association canadienne des policiers, a dit que l'association est convaincue que le projet de loi améliorera la sécurité des agents de première ligne et du personnel qui s'occupent de la protection. Le chef Blair de Toronto a aussi fait des commentaires positifs.
Monsieur, diriez-vous que cela est dû aux deux cycles de consultation que vous avez menées?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci d'être ici.
J'ai une question pour chacun d'entre vous. Je n'ai que cinq minutes, mais je ferai de mon mieux.
Madame Mugford et inspecteur Bowen, vous êtes les premiers.
Je vais vous poser la question, madame Mugford, et peut-être que vous pourrez ajouter quelque chose. Typiquement, comment est-ce qu'une personne entend parler du programme, présente une demande et entre dans ce programme, s'il est possible de parler d'exemple typique? Cela m'intéresse, et puisqu'il s'agit d'une séance publique, je suis certain que la population s'y intéresse également. Normalement, comment est-ce qu'une personne entre dans ce programme?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai une question générale qui s'adresse à chacun de vous. Croyez-vous que ce projet de loi contient des mesures afin d'augmenter l'efficacité du système de protection des témoins en matière de rapidité d'intervention? Quand il arrive des événements et qu'on fait des enquêtes, il est extrêmement important qu'on assure la protection des gens le plus rapidement possible.
Je pense notamment à l'enquête sur les Hells Angels, ou celle sur Air India, qui a duré tout près de 25 ans. On sait que la mémoire est une faculté qui oublie. Les enquêtes prennent du temps. Ça fait quatre ou cinq ans que l'enquête sur les Hells Angels dure et que les supposés criminels sont en prison. On attend encore avant de faire les procès.
Je suis surtout inquiet de l'efficacité et de la rapidité avec lesquelles on peut protéger des témoins d'événements, afin de recueillir les témoignages les plus concrets possible en vue de condamner les coupables et imposer des peines.
J'aimerais que vous discutiez de l'efficacité et de la rapidité avec lesquelles on doit agir pour protéger des gens, afin qu'on ait des témoignages concrets qu'on pourra utiliser en cour.
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Je ne sais pas si le projet de loi nous protégera contre les cas dont vous avez parlé, mais je pense que les gains en efficacité présentés par le projet de loi touchent principalement les points soulevés par le commissaire adjoint. Les gains proviennent de l'intégration des programmes provinciaux au programme fédéral.
Bien sûr, nous espérons qu'avec le projet de loi , le processus de changement d'identité protégée sera plus efficace et plus rapide. Mais encore là, il y a des processus internes suivis par la GRC pour chaque dossier. Tous les niveaux de complexité dont nous avons parlé ce matin entrent en jeu.
Il est difficile de dire précisément comment se manifesteront ces gains en efficacité; cependant, un certain nombre d'éléments sont importants. Comme je l'ai dit, l'intégration des programmes provinciaux et l'élargissement des mesures de protection d'urgence donneront une plus grande souplesse à la GRC. La durée pendant laquelle elle peut offrir des mesures de protection d'urgence aux personnes passe de 90 à 180 jours. De cette façon, il y aura des gains en efficacité qui devraient répondre aux préoccupations dans les cas que vous avez mentionnés.
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Je vous remercie, monsieur Gill.
J'aimerais poser une question à ce propos, puis nous reviendrons rapidement à M. Garrison.
Dans ce scénario, vous avez un témoin dont vous savez qu'il va témoigner contre quelqu'un dans une affaire quelconque. Des accusations ont été portées, et la GRC estime, à la lumière des preuves dont elle dispose, peut-être aussi de l'envergure du procès et de l'identité de cette personne, que sa vie pourrait être en danger, ou à tout le moins que son témoignage pourrait être en péril. Vous iriez donc voir ce témoin et lui diriez « Écoutez, nous pensons que vous devriez envisager de faire ceci » ou « Nous aimerions faire telle chose avec vous ». Est-ce que c'est ainsi que cela se passe?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie aussi nos invités.
Comme vous l'a fait comprendre le président, je suis ici à titre de remplaçant.
J'aimerais beaucoup savoir s'il y a des outils et des ressources additionnelles qu'on peut fournir à nos services de protection pour assurer une plus grande sécurité dans nos collectivités et nos rues, et aussi si la Loi sur le programme de protection des témoins pourrait être plus efficace et garantir davantage de sécurité. Je pense que c'est une approche des plus sensée, simplifiée et intégrée, alors je félicite le comité et tous les témoins qui ont fait cette recommandation aujourd'hui.
Je comparais justement mon expérience avec l'information reçue. J'ai eu l'occasion d'assister à un congrès des chefs de police tenu dans ma circonscription. J'ai parmi mes amis un haut gradé de la police municipale et d'autres policiers. J'ai notamment rencontré à Toronto le chef Bill Blair, qui m'a dit qu'il y a beaucoup de « peur suscitée par l'intimidation et la menace de représailles quand il y a enquête sur les gangs ». On sait que le problème continue de grandir. Le crime organisé pose un grave problème dans ma ville, à Kelowna, en Colombie-Britannique, mais aussi dans tout le pays.
C'est d'ailleurs ce que confirme M. Blair. Il a dit ce qui suit:
À Toronto, nous avons constaté que les gens ont peur à cause de l'intimidation et des menaces de représailles lors des enquêtes sur les gangs. Des témoins détenant des renseignements importants sont dissuadés de nous les fournir. Nous appuyons l'initiative du gouvernement et considérons que c'est un pas important pour protéger la sécurité publique.
Peut-être pourriez-vous — n'importe qui, tous, si vous voulez — décrire en quoi, selon vous, ces changements au programme de protection des témoins encourageront les témoins qui détiennent les renseignements à les fournir.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Encore une fois, merci à vous. Je regardais ce qu'il en était de l'accès au programme. Je me suis arrêtée sur quelque chose que j'ai trouvé assez intéressant concernant les jeunes et les gangs de rue. Je crois qu'une demande d'accès à l'information avait été faite en décembre dernier à ce sujet, et la presse en avait parlé. Avec cette réforme du programme de protection des témoins, les jeunes membres de gangs de rue seraient maintenant inclus dans le processus.
Je me demande si c'est le cas. J'essaie de déterminer l'âge de référence pour considérer que quelqu'un est un jeune membre d'un gang de rue. S'agit-il de moins de 18 ans? Est-ce que ça peut être plus de 18 ans? Comment cela fonctionne-t-il?
Si la plupart des articles que j'ai lus sont corrects, cela veut dire que ces gens n'étaient pas inclus dans le programme de protection des témoins auparavant, mais qu'ils le seraient maintenant, avec l'augmentation des critères d'admissibilité.
Pouvez-vous éclairer un peu ma lanterne à ce sujet? J'aimerais savoir comment cela fonctionne.
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Donc, l'aspect des compétences a du bon sens.
Monsieur le commissaire adjoint, vous avez parlé un peu de technologie, de la complexité des crimes, des besoins des témoins, actuellement, et de la manière dont, selon vous, le projet de loi permettra de mieux protéger les témoins et de composer avec l'administration de ce programme. Les crimes sont de plus en plus complexes, que ce soit grâce à la technologie ou simplement à cause des réseaux. Il faut répondre aux besoins des tribunaux et les enquêtes sont de plus en plus complexes.
En ce qui concerne la séparation entre le programme fédéral et les programmes provinciaux, pensez-vous qu'en gardant certains programmes provinciaux, ceux qui fonctionnent...? Il me semble que vous avez dit clairement qu'il y a maintenant une délimitation très claire entre les responsabilités fédérales et provinciales. Pensez-vous que cette délimitation peut aussi être avantageuse, en laissant à ces provinces la marge de manoeuvre dont elles ont besoin pour composer avec la nature changeante de l'interaction entre les témoins, les enquêtes, les enquêteurs et l'élément criminel?
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Je vous remercie pour cette précision.
Vous avez tous dit clairement, et en fait, tous les témoins l'ont dit clairement, la GRC est capable d'absorber les coûts de ce programme, et même de façon continue.
Je pense aux 800 ou 1 000 personnes qui participent au programme en ce moment. Il est évident qu'avec le temps, d'ici 5 ou 10 ans, leur nombre augmentera. Je vois qu'on espère qu'ils vont devenir autonomes.
Avez-vous une idée du pourcentage de ces 800 ou 1 000 personnes qui ne sont pas autonomes ou qui ne le deviendront jamais? Le savez-vous?