Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître ce matin devant le comité. Je vous en suis très reconnaissant parce que, selon moi, le projet de loi permettra d'accroître l'efficacité du programme fédéral de protection des témoins ainsi que celle des programmes provinciaux dans les provinces où ils existent. Il me semble en effet qu'il existe un consensus, dans le moment, sur le fait que le projet de loi constitue une amélioration importante par rapport à la loi existante.
Comme certains membres du comité s'en souviendront peut-être, j'ai eu le plaisir de faire des suggestions au comité en 2008 alors que ce dernier se penchait déjà sur la question de la protection des témoins. À ce moment, j'appuyais mes suggestions sur mes propres recherches, incluant celles que j'effectuais pour le compte de la commission sur l'incident d'Air India. J'avais alors souligné l'importance d'apporter certaines améliorations au programme existant. Je vais revenir un peu sur ces suggestions ce matin et faire la comparaison entre ce que je suggérais à l'époque et ce qui est inclus dans le projet de loi . Selon moi, la plupart des suggestions que je faisais à l'époque sont reflétées d'une façon ou d'une autre dans le projet de loi C-51. Je dis bien « d'une façon ou d'une autre » parce que, dans certains cas, les solutions qui sont mises en avant dans le projet de loi ne sont pas nécessairement celles que j'avais envisagées, mais dans la plupart des cas, elles s'attaquent néanmoins aux problèmes que ce comité-ci et moi avions cernés à l'époque.
En 2008, j'avais offert au comité une suggestion quant au processus de décision relativement à l'admission des candidats au programme fédéral. Je notais alors que le Conseil de l'Europe jugeait qu'il était important de séparer les agences de protection des témoins de celles qui étaient responsables des enquêtes et des poursuites. Je jugeais moi aussi que cela était important afin d'améliorer la prise de décision et d'en assurer l'objectivité, et aussi pour mieux protéger les droits des individus concernés. Alors c'est pourquoi, à l'époque, je suggérais la création d'une agence plus ou moins autonome pour la gestion du programme. Ce comité-ci aussi avait fait des suggestions ou des recommandations en ce sens.
Je constate aujourd'hui que le gouvernement et la GRC proposent une approche différente pour faire face à ce besoin. Des changements organisationnels sont apparemment en cours en vue de permettre une gestion centralisée du programme, une gestion plus uniforme et centrée comme il se doit sur la protection des témoins. On a appris que ces changements organisationnels entreraient pleinement en vigueur en mai de cette année. On apprend aussi qu'un nouveau protocole d'admission a été élaboré et qu'il sera lui aussi en vigueur. Je suis prêt à croire que ces changements produiront les effets visés et aborderont aussi les écueils qui avaient été cernés en 2008. Cependant, je serais d'autant plus disposé à croire cela si on m'assurait en même temps qu'une évaluation indépendante de ces changements aura lieu dans un avenir rapproché. Pour l'instant, je dirai que je suis satisfait de la solution envisagée, quitte à voir plus tard si elle s'avère suffisante.
J'avais aussi suggéré, à l'époque, qu'il serait important de doter le programme de protection des témoins d'un mécanisme indépendant de surveillance — oversight, en anglais. Ici encore, le gouvernement propose une solution modeste, mais qui, selon moi, va dans la bonne direction. Ce qui est envisagé, c'est la création d'un comité consultatif relatif au programme de protection des témoins, soit un comité se rapportant au commissaire ou à son délégué. Cela aussi, selon moi, est un pas dans la bonne direction, mais il faudra tout de même voir avec le temps comment le comité en question fonctionnera et comment il s'acquittera de sa tâche.
[Traduction]
Je sais que le comité s'est intéressé aux coûts du programme et à la disponibilité de ressources suffisantes pour répondre aux besoins croissants en la matière. Ce n'est pas moi qui pourrais vous dire si l'on dispose des ressources nécessaires pour le programme, mais je présume que cela dépend en grande partie de l'accroissement des besoins à l'égard des services offerts.
Il est malheureusement très difficile d'évaluer la demande totale pour un programme de la sorte. Nous savons qu'une centaine de candidatures sont étudiées chaque année. Les bénéficiaires potentiels ne posent pas directement leur candidature; ils sont référés par une organisation de police — et ils pourront l'être par d'autres instances de sécurité si le projet de loi C-51 demeure inchangé.
On nous dit que les témoins sont en fait très rares à vouloir participer au programme. C'est tout à fait plausible, comme le comité le comprendra bien, car c'est un choix qui va perturber énormément la vie du témoin. Il n'y a toutefois aucun moyen de vérifier cette hypothèse de façon indépendante. Compte tenu du secret qui doit entourer ce programme, nous ne connaissons pas vraiment l'ampleur de la demande et il est très difficile de savoir si elle est plus élevée que ce qu'indiquent les données actuellement disponibles.
Comme je l'ai déjà souligné concernant les programmes existants, on accorde généralement la pleine protection au témoin uniquement pour les crimes les plus graves, et pas nécessairement lorsque les menaces les plus sérieuses pèsent sur lui. C'est dû au fait que les programmes semblables, étant donné les coûts à engager et les priorités à établir, visent d'abord et avant tout à faciliter la coopération du témoin, plutôt que de découler de l'obligation pour l'État de protéger tous les témoins, un droit qui leur est acquis.
Je sais bien que les facteurs à considérer pour déterminer si un témoin devrait être admis au programme fédéral sont énumérés à l'article 7 de la loi actuelle. Je constate toutefois que la nature du risque encouru par le témoin pour sa sécurité n'est qu'un élément à prendre en compte au même titre notamment que les coûts de la protection, la valeur des renseignements ou des éléments de preuve fournis et la capacité du témoin à s'adapter au programme.
J'aimerais que le comité prenne conscience du fait qu'il n'y a aucune donnée accessible à tous concernant la manière dont ces critères ont pu être appliqués. Il est donc très difficile de savoir comment les choses se sont passées dans la pratique et si ces critères ont effectivement produit les résultats escomptés.
On me dit que la GRC apporte des améliorations à sa base de données sur tous les dossiers pris en considération pour l'admission au programme. J'ose espérer que cela permettra de procéder à des analyses indépendantes tout en ouvrant la voie à une plus grande transparence dans les décisions prises en la matière.
Selon moi, tous les changements proposés dans le projet de loi C-51 sont autant de pas dans la bonne direction, mais je ne sais toujours pas exactement comment la GRC compte évaluer l'impact de ces modifications et déterminer si les objectifs seront atteints. En 2008, je préconisais la tenue de recherches indépendantes sur l'efficience et l'efficacité du programme de protection des témoins et sur les questions connexes liées à l'intimidation des témoins, au recours à des informateurs et au témoignage des complices. Je ne sais pas si l'on va effectivement mener des recherches semblables, mais on devrait assurément le faire.
En 2008, je faisais valoir que le moment était venu de mettre en place le mécanisme efficace de plaintes et de recours dont avaient besoin les témoins à risque et les témoins protégés qui sont en danger ou dont les droits peuvent être bafoués à cause de mauvaises pratiques de protection.
Je sais que le projet de loi C-42 établira une nouvelle commission civile pour l'examen des plaintes et que les modifications contenues dans ce projet de loi ainsi que dans le C-51 permettront à la commission d'avoir accès à l'information nécessaire pour s'acquitter de son mandat. Je ne suis pas au fait d'autres mesures qui auraient pu être prises pour régler cette question. J'ose espérer que votre comité aura l'occasion de se pencher davantage sur cet aspect.
Il y a un autre problème qui pourrait découler du projet de loi C-51. Je fais allusion ici au nouveau libellé concernant la protection des renseignements que l'on trouve à l'article 12 du projet de loi concernant l'article 11 de la loi. Comme vous le comprenez bien, la protection des renseignements est au coeur même de tout programme de protection des témoins.
D'une part, je me réjouis grandement du fait que les modifications proposées vont procurer une plus grande sécurité à ceux qui assurent la protection des bénéficiaires du programme. C'est un changement que l'on aurait dû apporter depuis longtemps déjà.
Par ailleurs, je m'inquiète du fait que ces nouvelles dispositions pourraient avoir des répercussions négatives sur la situation et les droits des bénéficiaires eux-mêmes, voire les rendre encore plus vulnérables.
L'article 11 de la loi, dans sa version modifiée par l'article 12 du projet de loi, n'offre qu'une exemption limitée aux bénéficiaires à l'égard des interdits de divulgation. Je ne sais pas exactement comment les bénéficiaires pourront toujours être en mesure de déterminer eux-mêmes si les renseignements qu'ils divulguent directement ou indirectement pourraient causer un « préjudice sérieux ». Je me demande également si cette nouvelle formulation ne pourrait pas empêcher certains bénéficiaires de solliciter les conseils d'un avocat au sujet d'une plainte officielle qu'ils souhaiteraient déposer ou de toute autre décision qu'ils auraient à prendre concernant leur participation au programme.
J'ai l'impression que l'exemption accordée aux personnes protégées, telle que formulée dans l'article 12 du projet de loi, est d'application moins large que ce que prévoit la loi existante. On devrait sans doute l'exprimer de façon moins étroite. J'admets toutefois que c'est une question fort complexe, et j'espère sincèrement que le comité pourra l'étudier de plus près.
Je vais conclure, monsieur le président, en rappelant la nécessité d'une plus grande transparence dans la gestion des activités et des programmes de protection des témoins. Je fais partie de ceux qui croient à un déséquilibre fondamental entre les droits des citoyens que l'on peut obliger à témoigner et les pouvoirs de l'État qui peut exiger que l'on réponde à une assignation ou à un subpoena, que l'on témoigne sous serment et que l'on dise la vérité. Ce déséquilibre est d'autant plus déconcertant que la majorité des décisions prises au sujet des témoins — les renseignements ou les éléments de preuve qu'ils vont fournir et le fait qu'on va les faire témoigner ou non — relèvent du pouvoir discrétionnaire de la police et des procureurs. C'est la raison pour laquelle on a besoin de lignes directrices régissant ces pratiques et d'une surveillance étroite de cet aspect plutôt obscur de notre processus de justice pénale.
Il est aussi important de veiller à ce que les témoins aient accès aux conseils et à la représentation d'un avocat relativement à ces décisions et au processus dont elles découlent. À ce titre, je me réjouis du fait que la GRC a convenu d'offrir les services d'un avocat à tous les candidats considérés pour le programme. C'est assurément un pas dans la bonne direction. En revanche, il serait tout aussi important de savoir dans quelle mesure les témoins protégés ont effectivement accès aux conseils et à la représentation d'un avocat une fois qu'ils sont admis dans le programme. Par exemple, leur est-il possible de recourir aux conseils d'un avocat sans manquer à leur obligation de protéger les renseignements s'ils déposent une plainte officielle contre la GRC ou contre son programme de protection?
Je vous remercie beaucoup de m'avoir donné cette occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. C'est avec plaisir que je répondrai à toutes vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Merci à nos témoins de leur présence aujourd'hui.
Monsieur Dandurand, je me souviens de votre témoignage devant notre comité en 2008 et de quelques-unes des suggestions que vous aviez formulées. Je suis heureux que le gouvernement ait jugé bon d'en tenir compte même si, comme vous l'avez signalé, c'est sous une forme différente dans certains cas. Il est vrai que l'on n'obtient pas toujours tout ce que l'on souhaite.
Vous vous souviendrez sans doute que l'on avait formulé à l'époque une foule d'autres suggestions, dont certaines étaient bien différentes des vôtres. Je ne dirais pas qu'elles étaient diamétralement opposées, mais elles n'allaient pas nécessairement dans le même sens. Il est bon de constater que c'est la voie choisie avec ce projet de loi.
J'ai pris quelques notes en vous écoutant tout à l'heure et j'ai griffonné le mot « confiance ». Vous avez parlé de l'accès aux services d'un avocat pour les bénéficiaires du programme qui souhaiteraient porter plainte. Si mon souvenir est exact, notre étude du programme de protection des témoins était notamment motivée par certains problèmes quant au traitement accordé aux personnes protégées. Je crois que ce projet de loi va régler bon nombre des problèmes en question; en fait, j'en ai la conviction.
Si je ne m'abuse, les représentants de la GRC nous ont indiqué dans leur témoignage que les bénéficiaires avaient effectivement accès aux services d'un avocat, et je crois que vous l'avez aussi mentionné. Alors que faudrait-il faire de plus?
Nous vivons dans une société où chacun réclame à grands cris le respect de ses droits. Mais il y a aussi d'énormes responsabilités qui sont associées à la vie au sein d'une démocratie et d'un pays appliquant la règle de droit. Ce sont des responsabilités qui n'incombent pas uniquement à l'État; tous doivent les partager. Chaque citoyen est individuellement responsable du bon fonctionnement de notre système de justice et de notre régime de sécurité publique. Si l'on revient à l'origine même des services de police, c'est chaque citoyen qui devait s'en charger. Mais dans une société moderne, des gens doivent revêtir l'uniforme pour faire ce travail.
Tout bien considéré, pour ces personnes formidables qui prennent leurs responsabilités au sérieux en témoignant pour le compte de l'État, étant donné la complexité de la chose et les dangers auxquels elles s'exposent, on offre maintenant la possibilité... Vu la décision importante qui a été prise, l'État assume les coûts considérables... Si mon souvenir est exact, ces coûts se chiffrent à environ 60 000 $ par année par témoin.
Je ne sais pas si vous pouvez nous parler de cet élément de confiance et de l'aspect responsabilité concernant les témoins ainsi que de la manière dont l'État assume cette responsabilité. Et pour revenir au sujet de notre étude, est-ce que le projet de loi nous procure le juste équilibre recherché? Jusqu'à maintenant, on nous a dit que c'était généralement le cas.
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Merci pour la question.
Il ne fait aucun doute que la décision de témoigner ou de coopérer avec les autorités est importante et difficile à prendre pour de nombreux témoins et informateurs, d'autant plus qu'elle est reliée très souvent à des crimes mettant en cause des organisations très dangereuses. C'est donc une décision très difficile. Elle concerne non seulement le témoin lui-même, mais aussi sa famille, ses amis et d'autres personnes. Lorsqu'un témoin a le courage d'aller de l'avant, peu importe ses motivations, nous avons bien sûr l'obligation de le protéger. C'est ce que le programme réussit à faire dans une large mesure.
Il nous est toutefois impossible de savoir si les témoins sont vraiment bien protégés, car très peu d'évaluations ont été menées relativement à ce qui se produit une fois qu'une personne est admise dans le programme. C'est en partie ce qui complique l'analyse dans ce cas particulier. Par la force des choses, on doit protéger l'information, garder secret ce qui est fait et ne pas dévoiler les méthodes employées. Mais par voie de conséquence, il y a tellement peu d'information disponible sur la manière dont les choses se passent que c'est un peu parfois comme faire un chèque en blanc à l'organisation responsable.
De temps à autre, des plaintes viennent à nos oreilles. Ce fut le cas en 2008, et je suis persuadé qu'il y en a eu d'autres depuis. Mais nous ne savons bien sûr rien des plaintes qui ne sont jamais déposées. Vous pouvez imaginer à quel point il peut être difficile pour un témoin de porter plainte officiellement lorsqu'il a l'impression que sa sécurité est fonction de sa coopération avec les autorités.
Je ne veux laisser entendre d'aucune manière que les gens de la GRC ou de tout autre corps de police font chanter les témoins, ou quoi que ce soit de la sorte, mais d'un point de vue psychologique, lorsque vous avez vraiment besoin de la protection qui vous est offerte dans le cadre d'un programme semblable, il devient très difficile de prendre la décision de porter plainte.
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C'est Mlle Bergen, je vous prie. Mme Bergen c'est le nom de ma mère.
Bonjour messieurs. Je vous remercie de votre présence.
Ma question s'adresse à vous, monsieur Dandurand. Je voudrais que vous nous donniez davantage de précisions sur le point que vous avez abordé concernant l'article 12.
Auparavant, je voudrais m'adresser à M. Mukherjee pour obtenir des éclaircissements. Le projet de loi comporte quelques modifications qui auraient des répercussions sur les provinces et les municipalités d'une façon très positive, en ce sens qu'on rationaliserait le processus et qu'on faciliterait la tâche aux municipalités... En fait, ce serait plutôt les provinces qui en profiteraient, car ce sont elles qui seraient responsables des changements d'identité si elles administraient un tel programme. Les municipalités n'assumeraient aucun coût; en fait, elles réaliseraient des économies.
La loi propose également des critères élargis, ce qui veut donc dire qu'il y aurait des motifs supplémentaires justifiant le recours à un tel programme. Par exemple, le ministère de la Défense pourrait demander que des personnes relèvent d'un tel programme. Je le répète, cela n'entraînerait aucune répercussion pour les municipalités. Le tout incomberait à la GRC, qui a souvent affirmé qu'elle possédait les ressources nécessaires.
Lorsque vous dites que vous ne possédez pas les fonds nécessaires et que le projet de loi mettra à mal vos ressources et celles des municipalités, il faut que vous m'apportiez des précisions. Pouvez-vous nous dire quels aspects du projet de loi entraîneraient des coûts supplémentaires pour les municipalités? Soyez bref parce que je veux aborder par la suite l'article 12. Merci.
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Merci de votre question.
Essentiellement, je m'inquiète de la nature très restreinte de l'exception prévue pour les personnes qui communiquent des renseignements au sujet d'un bénéficiaire, de personnes protégeant les bénéficiaires ou des méthodes utilisées pour fournir la protection. L'exception couvre un seul type de renseignements.
Je dis cela pour deux raisons. Premièrement, à l'heure actuelle, l'un des critères appliqué aux termes de la loi, c'est que la personne a agi « sciemment ». On comprend bien ce que cela veut dire. Or, quand un des critères, c'est « qu'il y a des raisons de croire » que cela pourrait entraîner « un préjudice sérieux », cela n'est pas très clair pour les témoins, leur famille ni leurs proches. D'ailleurs, comme on l'a souligné plus tôt, certains d'entre eux sont des enfants.
Deuxièmement, un autre critère, c'est le fait de communiquer des renseignements directement ou indirectement. Prenons un jeune de 14 ans qui n'est pas un bénéficiaire du programme, mais qui, d'une façon ou d'une autre, divulgue sur les réseaux sociaux quelque chose susceptible d'exposer autrui à un danger, peut-être même ses parents. Qu'est-ce qui arriverait dans de tels cas?
Espérons qu'on ferait preuve de bon sens et que rien n'arriverait à cet adolescent ni au bénéficiaire concerné. Toutefois, une interprétation littérale de la loi ferait en sorte que les bénéficiaires et leur famille seraient toujours dans une position très difficile et les exposerait à beaucoup de stress parce qu'ils ne sauraient pas ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas dire. Je sais qu'on appuiera ces gens, qu'ils seront renseignés et qu'ils auront même droit à de l'aide sur le plan psychologique. Toutefois, pour une personne ordinaire, il est très difficile de comprendre ce critère. Cela fait peut-être plaisir aux gens des tribunaux, mais dans la vie quotidienne, les bénéficiaires ne comprennent pas forcément toujours ce que cela veut dire et ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas dire.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Dandurand, lorsqu'on parle de la protection des témoins, on ne fait pas dans la dentelle. Il y a deux façons d'arrêter les bandits. Pour mettre fin à un système, soit qu'on l'infiltre, soit qu'on trouve un individu pour le faire de l'intérieur. Je ne suis pas ici pour faire la morale à qui que ce soit et je ne suis pas non plus un ancien policier. Je sais qu'il y a des enjeux en termes de sécurité. Il faut trouver un équilibre entre le secret et la protection, non seulement de la société, mais du système lui-même.
C'est ce dont j'aimerais vous parler parce que c'est ce qui me dérange le plus. On dit que c'est un pas dans la bonne direction, mais comme vous le savez, ce projet de loi ne fera pas l'objet d'une révision. On va donc devoir composer avec celui-ci pour un certain nombre d'années.
C'est pourquoi j'aimerais que vous m'expliquiez, dans un premier temps, la pertinence d'établir un organisme indépendant. Il est certain que la personne la mieux placée pour protéger le témoin ou l'amener à ce régime est la personne avec qui il discute et négocie, notamment du côté de la GRC.
En quoi le fait d'établir un organisme indépendant pour gérer davantage ce programme serait-il avantageux?
Je suis très cynique, mais plus il y a de gens au courant d'une situation, plus il y a de possibilités de fuites. C'est une question pratique. Comment peut-on concilier cette situation et l'existence d'une agence indépendante?
:
Je vous remercie de la question.
J'avais recommandé l'établissement d'une agence indépendante, mais aujourd'hui, je veux dire au comité que je suis prêt à accorder le bénéfice du doute et à voir comment ce qui est proposé dans le projet de loi va répondre à certaines situations.
Vous avez tout à fait raison de dire qu'on ne fait pas dans la dentelle dans ce cas. Les gens qui participent au Programme de protection des témoins sont souvent difficiles à gérer. Ils sont habitués à un style de vie et ainsi de suite, ce qui rend tout cela très difficile. Je suis également d'accord avec vous pour dire que plus le nombre de personnes qui mettent la main à la pâte est élevé, plus il devient difficile de gérer la protection de l'information.
Sur le plan international, la création d'une agence indépendante est considérée comme une bonne pratique. En effet, on veut que les décisions concernant les témoins ne soient pas trop directement, voire uniquement, influencées par les besoins de l'enquête et de la poursuite. Les droits de ces individus et de leur famille, notamment, doivent aussi être pris en compte. De plus, dans un cas semblable, il faut s'assurer que les décisions ne sont pas nécessairement prises en fonction des coûts et des économies réalisées en offrant une protection moindre.
Encore une fois, je ne dis pas que c'est ce qui se produit. Je ne sais pas ce qui se produit vraiment dans le cadre des décisions. Quoi qu'il en soit, c'est le raisonnement qui sous-tend ce genre de recommandation. En me basant sur ce que je comprends des nouvelles dispositions administratives proposées pour gérer le programme, je dirais que cela va améliorer la situation. Est-ce que ce sera suffisant? C'est difficile à dire. Il faudra voir. Je suis d'accord avec vous pour dire qu'une fois adoptée, cette loi risque d'être en vigueur pendant longtemps.
D'un autre côté, je crois qu'un bon nombre de personnes, aussi bien à l'intérieur de la GRC, au gouvernement et à l'extérieur, ont réfléchi à la question. Cela m'apparaît pour l'instant comme un compromis acceptable. Je vous rappelle cependant avoir demandé ou suggéré que, d'une façon ou d'une autre, on s'assure d'évaluer tout cela. S'il y a une évaluation et que les résultats de celle-ci sont rendus publics, on pourra déjà déterminer si le législateur a fait ou non le bon choix.
[Traduction]
Je suis partisan du centrisme radical, c'est-à-dire que je crois que nous devons atteindre un équilibre dans tout.
[Français]
La réalité se situe au plan de l'évaluation.
Selon vous, devrions-nous proposer qu'un mécanisme de révision soit prévu au sein de la loi? Je ne parle pas d'une révision structurelle, mais d'une révision législative, par exemple une mise en application de cinq ans. On ne parle pas ici de statistiques, mais d'individus. Il va y avoir un impact direct sur la qualité de vie de leur entourage et de leurs enfants. Ceux-ci ne comprennent pas nécessairement la situation. Évidemment, toute la question des médias sociaux m'a frappée. Il y a de moins en moins de secrets dans ce domaine,
[Traduction]
de moins en moins de protections.
[Français]
Tout finit par se savoir.
Premièrement, êtes-vous prêt à recommander qu'on ajoute une disposition prévoyant une révision de la loi après cinq ans afin de déterminer si celle-ci fonctionne? Deuxièmement, si c'est structurel et que cela se fait de façon indépendante, il faut une cote de sécurité.
Est-ce qu'il serait plus pertinent de repenser le système et d'opter pour un comité de députés dotés d'une cote de sécurité? Le fait que ce soit un comité consultatif pose problème du côté du SCRS. On n'a qu'à penser à la situation de M. Porter. On entend toutes sortes de choses. La sécurité nationale est aussi importante que ce dossier.
Selon vous, de quelle façon notre travail de législateurs pourrait-il être le plus juste et le plus pertinent?
:
Ayant fait exception de tout cela, dans la grande majorité des cas, je crois qu'il s'agit plutôt d'enfants protégés que d'enfants témoins ou reliés à des témoins. Il existe toutes sortes de complications possibles dans ce domaine.
Par exemple, une personne qui fait l'objet d'accusations peut être le père de l'enfant de la femme qui est témoin. Vous voyez un peu les complications que cela pourrait amener. Cela s'est d'ailleurs déjà produit. Ce sont presque toujours des cas d'espèce. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un grave problème.
Cependant, lorsque l'on parle par exemple de questions de divulgation d'informations, souvenez-nous qu'il peut s'agir d'un jeune de 12, 15 ou 16 ans qui met les gens en danger probablement involontairement, sans comprendre la portée de ses actions, mais ce peut quand même être le cas. Il convient donc de faire attention à tout cela.
Je ne tiens pas pour acquis que les gens qui gèrent le programme le font de façon imbécile et ne portent pas attention aux besoins de ces enfants. Toutefois, on sait si peu de choses sur les enfants qui bénéficient des programmes de protection qu'il est difficile de dire quoi que ce soit à cet égard.
Par exemple, j'ai eu l'occasion de demander en personne si ce genre de situation se produisait dans les cours internationales, comme la Cour pénale internationale. On m'a dit qu'à la connaissance des procureurs, jamais des enfants n'avaient été des témoins. Par contre, très souvent, il s'agit d'enfants de témoins et ils ont donc besoin de protection.
:
Merci beaucoup. Notre première heure est écoulée.
Nous vous remercions d'avoir comparu et de nous avoir fait part de vos commentaires.
Nous allons suspendre la séance. Les vidéoconférences avec les témoins de Calgary et de la Colombie-Britannique sont prêtes, je crois. Nous allons donc prendre une pause pour permettre à nos invités de partir, et nous reviendrons dans 30 secondes.
Nous reprenons la séance. Il s'agit de la réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Nous poursuivons notre étude du projet de loi et ses modifications au programme canadien de protection des témoins.
J'aimerais informer les membres du comité que nous allons prendre quelques minutes à la fin de l'heure pour parler des travaux du comité. Nous nous réunirons très brièvement à huis clos, pendant quelques minutes, pour parler d'un budget.
Aujourd'hui, nous sommes heureux d'accueillir, à titre personnel et par vidéoconférence, M. John Charles Major, un juge à la retraite de la Cour suprême du Canada. Il nous parle de Calgary, en Alberta.
Nous accueillons aussi, par vidéoconférence, au nom du gouvernement de la Colombie-Britannique, M. Clayton Pecknold, sous-ministre adjoint et directeur, ministère de la Justice, services de police, direction des programmes de maintien de l'ordre et de sécurité. M. Pecknold est à Victoria, en Colombie-Britannique.
J'invite nos deux témoins à faire un bref exposé avant que les membres du comité leur posent des questions. D'après ce que je comprends, nous avons peu de temps avec le juge Major, car il doit nous quitter vers 10 h 20. Nous allons donc l'entendre en premier.
Allez-y, monsieur.
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Merci. Il est un peu plus tôt ici que chez vous; vous devez donc me pardonner si je ne suis pas tout à fait réveillé.
Je n'ai pas beaucoup de choses à dire au sujet du nouveau projet de loi, car j'ai su vendredi dernier qu'on m'avait demandé de comparaître.
Lorsque j'ai mené l'enquête de la Commission Air India, nous avons passé beaucoup de temps sur la protection des témoins. Si vous consultez le volume 3 de ce rapport, au chapitre VIII, vous constaterez que nous parlons de la protection des témoins de la page 201 à la page 287, et nous avons soulevé plusieurs questions. Dans ce cas, il s'agissait des terroristes. Il y avait des conflits entre le SCRS et la GRC, et la protection des témoins présentait certaines lacunes. Nous avions des problèmes avec l'identification ethnique et avec le fait qu'un service de police supervisait ou interférait avec un autre — en toute bonne foi, mais cela nuisait à la productivité, car chaque service pensait mieux être en mesure de résoudre l'attentat.
Je me dépêche un peu, car je sais que le temps est limité, mais à mon avis, selon la population, le programme de protection des témoins sert à protéger les témoins. Les gens semblent oublier que l'ingrédient essentiel dans la protection des témoins, c'est en fait la protection de la population, car il est essentiel d'obtenir ces témoignages pour protéger la communauté.
Je pense que vous pourriez tenir compte du fait que dans certaines circonstances, il existe des solutions de rechange au programme de protection des témoins. Par exemple, on peut faire comparaître les témoins derrière des écrans, les faire témoigner en privé ou, dans certains cas, exclure le public des témoignages.
M. Dandurand a plusieurs suggestions visant à ne pas faire comparaître les témoins en public. Ma seule préoccupation à cet égard, c'est que certaines suggestions, même si elles sont efficaces, pourraient susciter des contestations en vertu de la Charte et ne pourraient donc pas être utilisées.
L'une des recommandations que nous avons faites dans le rapport d'Air India, c'était que la GRC ne devrait pas être responsable de la protection des témoins; cette responsabilité devrait plutôt revenir à un haut fonctionnaire du ministère de la Justice qui déterminerait l'admissibilité des témoins. Nous pensions que la GRC était en mesure d'appliquer la Loi sur la protection des témoins, mais qu'elle ne devrait pas avoir le pouvoir de décider qui est admissible au programme de protection des témoins.
J'aimerais aussi soulever un autre point; en ce qui concerne la Loi sur la protection des témoins, une seule mesure ne peut pas convenir à tout le monde. En raison de la structure de notre société, nous devons adapter le programme de protection des témoins à chaque témoin que nous tentons de protéger. Par exemple, dans le cas d'un jeune, qui décide s'il entrera dans le programme de protection des témoins? Les parents ou les gens responsables du programme?
De plus, il y a des exceptions en ce qui concerne la comparution des témoins. Comme vous le savez, les ministres ont un certain droit de veto sur les procédures. Les procureurs de la Couronne ont leur mot à dire sur les témoins qui seront appelés à comparaître. La Cour suprême confirme leur rôle et le privilège relatif aux informateurs de police.
Je crois que vous aimeriez entendre les commentaires de M. Dandurand sur l'idée d'entendre les témoignages en privé.
Enfin, je dirais qu'il devrait y avoir des mécanismes permettant de régler les conflits entre les témoins et les responsables du programme. Pour certains témoins, se faire sortir d'une société dans laquelle ils sont à l'aise et être placés dans un système de protection des témoins est difficile. Pour un certain nombre de raisons, parfois, ils ne trouvent pas leur place. La GRC retire parfois des gens de façon arbitraire. Il serait utile de mettre en place des moyens par lesquels les témoins et les responsables de la protection des témoins régleraient les conflits plutôt que de mettre un terme à la protection. Encore une fois, je vous renvoie au contenu de notre rapport sur Air India.
Je suis prêt à répondre à vos questions.
:
Bonjour, et je remercie les membres du comité de me donner la possibilité de témoigner.
Je serai bref. Je suis sûr que vous avez des questions à poser.
Je vais parler surtout des services de police, mon domaine de compétence.
À titre informatif, et pour vous situer un peu, j'ai deux fonctions. Je suis sous-ministre adjoint pour le maintien de l'ordre et la sécurité en Colombie-Britannique, mais je suis aussi le directeur des services de police de la province. Dans le cadre de ces responsabilités, en vertu de la loi, j'ai le mandat de superviser le maintien de l'ordre et d'assurer des services de police efficaces en Colombie-Britannique, et je le fais au nom de la ministre.
Comme vous le savez, en Colombie-Britannique, les services de police sont contractuels. Notre service de police provincial, c'est la GRC, dans le cadre d'un contrat. Nous sommes le service de police contractuel le plus important au pays. Par conséquent, environ un tiers des policiers de la GRC sont en poste en Colombie-Britannique. Nous sommes donc, par définition, totalement intégrés aux services policiers fédéraux.
La Colombie-Britannique appuie un programme de protection des témoins solide. Nous le considérons comme un outil efficace de protection des témoins, et dans le cadre de la lutte contre le crime organisé, ceci est d'une importance capitale pour nous. On n'a seulement qu'à penser aux événements qui se sont produits dans la province au cours des dernières années et des problèmes de violence des gangs de rue pour se rendre compte à quel point c'est important pour les Britanno-Colombiens.
Selon notre analyse, les modifications qu'apporte le projet de loi semblent répondre aux besoins des autorités policières de la Colombie-Britannique et aux enjeux qu'ont soulevés nos partenaires et les parties intéressées, dont l'idée d'ajouter de nouvelles interdictions de communication pour y inclure l'information sur les méthodes du programme pour assurer la protection, le prolongement de la période d'urgence de 90 jours et une démarche pour la fin volontaire de la protection.
Nous appuyons également les ajustements apportés aux processus administratifs dans le cadre du programme fédéral, qui élargiront les critères d'admissibilités à la protection. Les processus proposés refléteront mieux l'évolution de notre clientèle, incluant les témoins liés à la prévalence accrue de la violence dans les gangs de jeunes, qui pose maintenant un problème important pour nous tous partout au pays, j'en suis sûr, mais en particulier en Colombie-Britannique, surtout dans les organismes qui relèvent des municipalités.
Comme les membres du comité le savent peut-être, il n'y a pas de loi sur la protection des témoins en Colombie-Britannique. Toutefois, en vertu d'un accord conclu en 2003, tous les services de police de la province mènent leurs activités dans le cadre d'un programme intégré de protection des témoins de la GRC. On l'appelle le Groupe intégré du programme de protection des témoins. Ce modèle donne de bons résultats. Il intègre les programmes municipaux de protection des témoins dans le programme actuel de la GRC. Il augmente les ressources du programme par des détachements d'agents municipaux dans le groupe géré par la force provinciale en vertu de la loi fédérale et par la politique de la GRC.
Comme dans d'autres provinces, des témoins se font menacer en Colombie-Britannique, surtout dans des cas liés au crime organisé. Par conséquent, nous sommes d'avis que c'est un outil efficace et nécessaire qui doit être amélioré et modernisé pour répondre aux besoins de notre milieu très dynamique du maintien de l'ordre.
Les stratégies de lutte contre le crime organisé de notre province sont la responsabilité de l'Unité mixte d'enquête sur le crime organisé de la Colombie-Britannique. Cette unité est entièrement financée par la province, mais elle est également intégrée aux ressources des services de police fédéraux. L'UMECO C.-B est chargée de cibler les gangs et les individus qui posent un grand risque pour la sécurité publique, de mener une enquête sur eux, de les poursuivre et de les démanteler. Elle nous a dit que les modifications qui sont proposées, surtout les mesures de protection dans des situations d'urgence, seront utiles pour leurs enquêtes.
Dans bien des cas, la gestion des témoins de l'UMECO C.-B. est extrêmement difficile en raison de leur comportement violent et criminel. Donner au commissaire 90 jours de plus dans des situations d'urgence convient mieux et favorisera une meilleure gestion de ces témoins clés dans le cadre d'enquêtes souvent très changeantes. Souvent, comme vous le savez peut-être, après avoir collaboré avec les enquêteurs, les témoins qui font partie du crime organisé disparaissent et il est difficile de les retrouver pour procéder à d'autres entrevues et pour appuyer les poursuites. L'UMECO nous dit que les modifications proposées favoriseront le réengagement des témoins.
La Colombie-Britannique est d'avis que fournir des mesures de protection modernes est difficile en soi, mais surtout dans les cas des jeunes affiliés à un gang, ce qui nécessitera un traitement différent dans le cadre du programme. Nous pensons également que grâce aux changements que la GRC mettra en oeuvre concernant les services de psychologues ou d'autres services professionnels, le programme de la Colombie-Britannique sera plus global et on tiendra compte des besoins des bénéficiaires.
Nous trouverons également intéressant de voir les changements organisationnels qui seront apportés au sein de la GRC, une fois que le projet de loi sera adopté, à supposer qu'il le soit. Soit dit en passant, conformément à nos nouvelles ententes sur les services de police provinciaux avec le gouvernement fédéral pour les services contractuels de la GRC, les provinces qui s'engagent par contrat exercent un plus grand rôle de surveillance concernant les programmes de la GRC. Nous nous assurerons que non seulement le programme respecte les priorités des services de police de la province, mais qu'il reflète bien les priorités nationales. Nous collaborerons étroitement avec la GRC pour veiller au bon fonctionnement des choses.
Enfin, j'ajouterais que nous sommes ravis de voir une certaine souplesse de sorte que nous pouvons concevoir notre programme de manière à répondre aux besoins des Britanno-Colombiens, tout en améliorant l'efficacité du programme national.
Voilà les observations que je voulais faire. Merci.
Vous avez raison de dire que la structure policière est plutôt complexe en Colombie-Britannique, surtout dans la vallée du bas Fraser. Cela a fait l'objet d'un certain nombre de commentaires. Les raisons justifiant la coordination de l'ancien programme avec la GRC dans la province, c'était qu'il fallait démanteler les vases clos et créer une synergie entre les services de police indépendants ou municipaux et la GRC.
Nous avons bien réussi. Dans le cadre du programme précédent, la gestion était essentiellement faite par ce bureau de façon ponctuelle, en fonction de la situation et à la demande des organismes municipaux. En adoptant un modèle intégré dans la GRC aux termes des dispositions actuelles, nous avons créé ce que nous considérions comme une approche cohérente de la protection des témoins.
Je pense que le projet de loi nous permet d'aller plus loin. Il nous donne la possibilité de normaliser en quelque sorte la gestion des témoins et leur protection dans ces dossiers partout en Colombie-Britannique.
Je dirais également que le rapport que M. Oppal a récemment présenté au sujet de l'enquête sur les femmes disparues nous donne l'impulsion nécessaire pour normaliser et harmoniser nos interventions sur les crimes majeurs et les crimes graves. En effet, l'assemblée législative de la Colombie-Britannique a modifié la Loi sur la police pour permettre au directeur des services de police de créer des normes contraignantes sur les crimes complexes et majeurs afin d'assurer la cohérence entre les corps policiers municipaux et provinciaux.
Nous considérons que cette loi est complémentaire à la création de ces normes et à une approche uniformisée de la lutte contre le crime organisé et les crimes complexes et majeurs.
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Je vous remercie beaucoup.
Monsieur le juge Major, j'ai une question à vous poser, alors j'espère que vous resterez encore un peu, si c'est possible.
J'aimerais d'abord m'adresser à M. Pecknold, au sujet de la discussion qu'il vient d'avoir avec M. Garrison. Je crois que vous conviendrez avec moi, monsieur Pecknold, que vous parlez de deux questions distinctes.
Premièrement, le coût des services de police nous préoccupe tous. En effet, c'est notre qui a tenu en janvier une conférence rassemblant des dirigeants pour discuter du coût des services de police. Aussi, nous sommes conscients qu'il faut investir davantage. C'est pourquoi nous venons tout juste d'adopter le projet de loi qui prévoit l'attribution de 15 millions de dollars supplémentaires pour appuyer la GRC et renforcer la reddition des comptes. Malheureusement, cette mesure législative n'a pas obtenu l'appui de tous les députés de la Chambre.
Ce dont nous voulons parler maintenant, et ce qui est important à mon avis, c'est du projet de loi , qui propose trois grandes modifications au Programme de protection des témoins. Premièrement, une de ces modifications aidera les provinces parce qu'elle vise à créer un système plus simple pour les changements d'identité. Deuxièmement, le projet de loi prévoit l'élargissement des critères, comme l'avait recommandé le juge Major. Troisièmement, il y aura une plus grande protection des personnes qui participent au programme et de celles qui le gèrent.
Vous conviendrez je crois qu'il n'y a aucun coût supplémentaire. La GRC l'a confirmé. Ces changements qui figurent dans le projet de loi n'entraîneront aucun coût supplémentaire pour les municipalités.
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Merci encore, monsieur Pecknold.
Je vais revenir à une partie des dernières questions posées. Vous n'étiez pas en mesure de commenter le niveau de formation, mais les représentants divisionnaires de la GRC que nous avons entendus étaient fiers de parler de la formation dans le programme de protection des témoins et d'indiquer que ses responsables au Canada sont reconnus partout dans le monde. Cette formation complète sans doute celle des agents provinciaux et municipaux et des gestionnaires dans les programmes de protection des témoins. Je pense donc que le Canada est en bonne position par rapport aux autres pays grâce à notre programme de protection.
Vous avez parlé de l'unité mixte d'enquête sur le crime organisé et de la complexité des enquêtes réalisées par les autorités municipales, provinciales et fédérales. Parfois, un incident demande la participation des trois ordres de gouvernement. Ma question fait suite à celle de M. Rafferty sur les programmes des services de police des Premières Nations, leur financement et leur capacité d'accéder au programme de protection des témoins. Vous n'êtes peut-être pas en mesure de commenter un cas précis. Je vais tenter de décrire les enquêtes, et vous verrez si vous pouvez fournir une réponse.
Concernant les enquêtes complexes qui demandent la participation des autorités municipales, provinciales et fédérales, un témoin ne va pas en général accéder au programme parce qu'il a donné des renseignements sur une entrée par effraction. Il faut une affaire assez complexe et une menace sérieuse à la sécurité du témoin et de la collectivité. En temps normal, c'est une enquête complexe qui va bien au-delà des limites de la ville.
C'est pourquoi le programme de protection des témoins doit être accessible au moins par l'intermédiaire du programme de protection fédéral mis en oeuvre par la GRC, d'une grande ville ou d'une entité provinciale qui a les fonds nécessaires. La plus petite ville de la Colombie-Britannique qui a son propre service de police n'aura peut-être pas les fonds dans son modeste budget pour permettre au témoin d'accéder au programme. Mais je présume que, si cette protection est nécessaire, la portée de l'affaire dépasse les limites de la ville et qu'au moins une unité intégrée, la GRC ou même les autorités fédérales mènent l'enquête.
Ai-je bien défini la question?