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Merci beaucoup de l’accueil.
Bonjour tout le monde. Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui. Je suis Jay Pyke, directeur du Pénitencier de Kingston. Je suis accompagné de Melinda MacCrimmon, qui a beaucoup d'expertise en tant que coordonnatrice des griefs au Pénitencier de Kingston.
J'aimerais d'abord vous parler brièvement du Pénitencier de Kingston dans le but de vous donner une idée de la vie institutionnelle et traiter de certaines difficultés auxquelles nous sommes confrontés en ce qui a trait à la procédure de règlement des griefs des délinquants.
Actuellement, environ 390 détenus sont placés au Pénitencier de Kingston. Il s'agit d'un établissement à sécurité maximale qui accueille des délinquants présentant des risques, ayant des besoins élevés et purgeant des peines variant de deux ans à la perpétuité. Les détenus du Pénitencier de Kingston ont commis une vaste gamme d'infractions, et la majorité des délinquants ont des antécédents de violence, des problèmes importants de santé physique et mentale, des problèmes de toxicomanie, des troubles du comportement ou une combinaison de ces facteurs.
Au Pénitencier de Kingston, le personnel, moi y compris, est déterminé à offrir des services de haut niveau aux délinquants en ce qui a trait à la sécurité des détenus, ainsi qu'aux programmes et aux services visant à réduire le risque de récidive. Étant donné le profil des délinquants du Pénitencier de Kingston, il est évident qu’une procédure de règlement des griefs équitable, rapide, accessible et sans conséquence négative est essentielle. Nous reconnaissons que la procédure de règlement doit être conforme aux valeurs de notre société démocratique. Pour le SCC, ce processus offre un mécanisme permettant de mettre nos décisions à l'épreuve et de veiller à ce qu’elles soient prises dans le respect de la dignité de tous et de toutes, tout en reconnaissant que notre priorité est d'assurer la sécurité du personnel, des délinquants et de la société.
Je sais que vous avez déjà parlé à notre commissaire, à notre directeur général des Droits, des recours et des résolutions, ainsi qu'à un analyste principal des Recours des délinquants de l'administration centrale au sujet du projet de loi .
Selon mon point de vue, la procédure de règlement des plaintes et des griefs du SCC comprend quatre principaux avantages. Tout d'abord, elle offre aux délinquants un recours lorsqu'ils estiment avoir été traités injustement ou d'une manière contraire à la loi ou à la politique. Ensuite, elle contribue à rendre les établissements plus sûrs en permettant de repérer et de régler les problèmes rapidement. De plus, elle contribue à la responsabilisation des délinquants en les poussant à régler leurs problèmes par l’entremise de moyens appropriés. Enfin, la procédure fait en sorte que les décisions touchant les délinquants respectent la primauté du droit.
Comme vous le savez probablement, la procédure compte quatre paliers. Les deux premiers paliers, soit la plainte officielle et le premier palier de grief, se déroulent au sein de l'établissement même. La plainte est traitée par le superviseur immédiat de la personne dont les gestes ou les décisions sont contestés. Le directeur de l'établissement traite les griefs au premier palier de la procédure de règlement.
Monsieur le président, je me concentrerai aujourd'hui sur le premier palier de la procédure.
Au Pénitencier de Kingston, au cours de l'exercice 2011-2012, les détenus ont déposé au total 501 plaintes et griefs. De ces 501 plaintes, 86, soit 17 p. 100 des griefs, ont été présentées par trois délinquants.
Les griefs présentés par ces trois personnes sont généralement longs et complexes et concernent de nombreux sujets ou problèmes. Par conséquent, le nombre de problèmes dont il est question dans les griefs est plus élevé que ce que laisse entendre le 17 p. 100, étant donné que cela nécessite plusieurs éléments de réponses.
Des 86 griefs déposés par ces trois personnes, deux ont été acceptés. Trois l’ont été en partie, parce que la réponse n'avait pas été donnée dans les délais prescrits. Les 81 autres griefs ont été rejetés parce qu'ils étaient injustifiés.
Comme vous pouvez l’imaginer, de telles plaintes grugent les différentes ressources de l'établissement. Tout d'abord, elles exercent des pressions sur les coordonnateurs des griefs des détenus, qui doivent enregistrer le grief, l’attribuer à quelqu’un, vérifier le respect des échéances, inscrire les données et fournir une réponse.
Concernant les trois délinquants mentionnés plus tôt, les coordonnateurs des griefs ont souvent eu la fastidieuse tâche de vérifier les chevauchements avec les demandes et les réponses précédentes. Les copies de demandes semblables sont ensuite placées dans le dossier transmis aux enquêteurs pour qu’ils n’aient pas à enquêter de nouveau sur une question qui a déjà été traitée.
Ensuite, des pressions sont exercées sur les enquêteurs, qui sont généralement des cadres intermédiaires, soit principalement des gestionnaires correctionnels ou des gestionnaires, Évaluations et interventions. Chaque plainte doit être examinée, le détenu doit être rencontré et une réponse écrite doit être remise au détenu.
Il est remarquable qu'un seul délinquant puisse exercer des pressions aussi importantes sur la procédure, étant donné le temps qu’il faut pour examiner des griefs complexes. Lorsque les gestionnaires qui enquêtent sont dépassés par le volume de plaintes et de griefs, il leur faut plus de temps pour fournir une réponse écrite adéquate au détenu.
En plus d’augmenter le temps de réponse, de telles plaintes entraînent souvent beaucoup de frustration au sein des employés qui doivent continuer de traiter des plaintes qui ne sont clairement pas fondées. Cela signifie que le personnel est moins en mesure de se concentrer sur l’examen et la résolution des plaintes fondées.
Au cours du dernier exercice, l'une des trois personnes mentionnées plus tôt a présenté 35 plaintes, dont 22 qui portent sur des accusations de harcèlement de la part du personnel. La quantité de plaintes a entraîné la création d'un comité externe d'examen. Ce comité d'examen, convoqué à ma demande, était composé de trois personnes, soit une personne de la section des recours des délinquants de l'administration centrale, une personne de la section des recours des délinquants de l'administration régionale, et un gestionnaire intermédiaire d'un autre établissement en Ontario.
Parmi les 22 plaintes portant sur des accusations de harcèlement de la part du personnel faites par ce délinquant, le comité a été chargé d’examiner huit griefs. Dans chaque cas, le comité d'examen externe a conclu que les allégations de harcèlement n'étaient pas fondées, et qu'elles étaient de nature frivole ou vexatoire. Cela signifie que l’établissement a pris des mesures et a investi des ressources pour répondre à une personne qui présente systématiquement des plaintes et des griefs qui ne sont tout simplement pas fondés.
Il est également important de noter que, dans les cas des trois principaux plaignants du Pénitencier de Kingston, plusieurs plaintes sont passées au premier palier. Le directeur de l’établissement a donc dû répondre au détenu, et ce, même si les gestionnaires de première ligne ont fourni des réponses claires, comme je l’ai expliqué plus tôt.
Selon mon expérience, il semblerait que certains délinquants soient déterminés à faire passer leur plainte à tous les paliers de la procédure, peu importe la décision ou les motifs qui ont été fournis au palier inférieur. En plus d’exercer des pressions sur les ressources de l’ensemble de l’organisme, il y a aussi des conséquences additionnelles au sein de l'établissement. Par exemple, en raison de nombreux griefs et plaintes frivoles, la procédure de règlement des plaintes et des griefs est ralentie à l'échelle locale, ce qui entraîne des conséquences négatives sur les détenus qui n'abusent pas de la procédure et qui méritent et attendent une réponse dans les délais prescrits.
Idéalement, le système de règlement des plaintes et des griefs constitue un important moyen de contrôle pour les responsables d'établissement, puisqu'il permet au directeur de veiller à ce que l'établissement et les employés se conforment aux principes de notre mission et aux lois et aux politiques pertinentes qui fournissent aux délinquants un important mécanisme de recours. Le SCC s’engage à leur offrir un système de recours équitable, rapide et accessible.
Sur cette note, je vous remercie. Nous serons bien entendu heureux de répondre à vos questions.
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Je l'ai fait, mais à de rares occasions. Désigner quelqu'un plaignant quérulent exige beaucoup de travail. Je dois, tout d'abord, répondre à la plainte ou au grief, puis justifier pourquoi j'ai qualifié la plainte de frivole ou vexatoire et présenter mes arguments.
Une fois de plus, le problème avec le processus actuel, c'est que les plaignants vont porter un grief au prochain palier, s'ils n'acceptent pas ce que j'ordonne en tant que directeur ou s'ils ne sont pas d'accord avec moi; par conséquent, ils s'adressent au sous-commissaire régional pour voir ce qu'il a à dire. S'ils n'aiment pas la réponse, ils vont monter plus haut.
C'est, selon moi, le plus gros problème: le fait qu'ils puissent faire cela. Pour vous dire franchement, c'est une tâche un peu ardue que de s'asseoir avec autant de... Je le répète: avoir 500 détenus, ce n'est pas rien, surtout pour un établissement où il y a beaucoup d'autres opérations simultanées. S'asseoir avec ces gens et essayer de suivre à la lettre la politique actuelle... Je trouve que c'est plutôt long et je ne suis pas sûr si on s'attaque au coeur du problème qu'ils essaient de soulever.
Après tout, ils veulent une réponse. C'est ce qui les motive la plupart du temps. Ils veulent une réponse de la part des cadres et ils finissent par l'obtenir. Et maintenant, ils en reçoivent davantage parce que je dois fournir plus d'explications.
Ce n'est pas justifié, mais tout ce qui compte pour beaucoup d'entre eux — et c'est mon opinion —, c'est d'obtenir une réponse de ma part. Ils sollicitent ma réponse.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens, moi aussi, à remercier le directeur, ainsi que Mme MacCrimmon, d'être venus ici pour nous faire part de ces renseignements.
Pour les Canadiens qui nous écoutent, je crois qu'il est évident qu'à l'époque où la procédure de règlement des plaintes a été mise sur pied, on avait les meilleures intentions du monde et on l'a fait de bonne foi, en espérant qu'elle sera utilisée pour les bonnes raisons. Vous avez dit pourquoi vous êtes reconnaissant d'avoir une procédure de règlement des plaintes et comment cela vous aide à faire votre travail et à favoriser la responsabilisation des détenus. Je pense que nous en sommes tous conscients, mais d'après certaines de vos observations, en plus des autres témoignages que nous nous avons entendus...
À mon avis, tout Canadien ayant du bon sens trouve que ces changements sont une évidence. Il est vraiment difficile de croire que... Je sais que notre travail consiste à faire un examen complet des projets de loi pour en dégager les répercussions et déterminer s'il y a des conséquences imprévues, mais quand on voit la simplicité du projet de loi et ce qu'il vise, on se rend compte qu'il est tout à fait sensé. Je n'arrive pas à imaginer la frustration que vous et les agents correctionnels devez ressentir lorsque vous avez affaire à certaines de ces plaintes. Quand j'entends parler de détenus...
Je suis désolée, monsieur, mais il y a 390 détenus dans l'établissement que vous dirigez, n'est-ce pas?
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Merci de reconnaître ce point. Je suis fier des membres de mon personnel. J'ai à coeur les valeurs de la fonction publique qu'ils respectent tous les jours.
Je suppose que ce serait là ma première réponse. En tant que directeur, j'aime croire que nous suivons les valeurs de la fonction publique, en essence, en principe et en pratique. Cela dit, je sais qu'il s'agit ici de situations hypothétiques. J'ai très bien compris cela, d'après ce que je viens d'entendre. Dans l'hypothèse où il y aurait un acte répréhensible... D'après mon expérience — ayant moi-même été agent correctionnel, j'ai travaillé sur le terrain et j'ai surveillé ce groupe —, il n'y a jamais d'agent correctionnel qui travaille seul, surtout dans une unité résidentielle. On y trouve toujours au moins deux agents. Il faut toujours au moins un autre agent qui surveille le vestibule de l'unité. Il y a donc généralement trois personnes qui sont en contact avec les détenus — dans le contexte d'un établissement à sécurité maximale, comme c'est le cas du pénitencier où je travaille.
Pour ce qui est des recours, en plus de la procédure de règlement des plaintes, il y a le gestionnaire correctionnel qui est chargé de surveiller les unités résidentielles auxquelles il est affecté. Si un détenu devait être confronté à une telle situation, il pourrait notamment s'adresser au gestionnaire correctionnel, qui se trouve dans l'unité tous les jours, pour l'informer qu'il y a eu une altercation ou un problème.
Par ailleurs, le détenu a également accès à un agent correctionnel ou à un agent de libération conditionnelle qui fait également partie de l'équipe de gestion de cas. Il pourrait donc également s'adresser à un membre de l'équipe de gestion de cas pour lui faire part de ses préoccupations.
En dernier ressort, les détenus peuvent donner un coup de téléphone. Ils peuvent appeler le Bureau de l'enquêteur correctionnel. Son rôle d'ombudsman ne relève pas du SCC, un point c'est tout. Le Bureau de l'enquêteur correctionnel pourrait certes enquêter, lui aussi, sur une plainte de cette nature.
Voilà ce qui me vient à l'esprit pour le moment, mais je pense qu'on prévoit plusieurs recours ou freins et contrepoids. Il y a certainement eu des allégations d'actes répréhensibles, qui ont fait l'objet d'enquêtes internes d'établissement des faits et qui ont parfois abouti à des mesures disciplinaires. Encore une fois, ces gens seraient désignés ainsi en raison de la nature frivole de leurs plaintes. Le processus consisterait donc à déterminer si une telle désignation est justifiée. Ce serait notre point de départ.
Et merci d'être venu témoigner, monsieur Pyke.
Histoire de remettre les pendules à l'heure, nous croyons que les agents correctionnels font preuve de la plus haute intégrité, qu'ils adhèrent aux valeurs de la fonction publique et que ce sont généralement des personnes honnêtes. Lorsque j'ai posé la question lors d'une précédente séance, je ne voulais pas dire qu'un agent commettrait un acte de violence physique. Je me demandais plutôt s'il serait possible, qu'en l'absence de freins ou de contrepoids suffisants, un sentiment de rancoeur personnelle pourrait se développer, ce qui, comme vous le savez, peut arriver dans les relations humaines.
Mais depuis, vous nous avez fourni une information importante, à savoir qu'il y a effectivement des freins et des contrepoids efficaces. Par exemple, nous ne savions pas que les agents correctionnels étaient accompagnés par des collègues dans l'exercice de leurs fonctions, etc.
Justement, le commissaire en chef a mentionné ce point la semaine dernière, mais sous un angle légèrement différent. Mais si, aux termes du projet de loi, quelqu'un était désigné plaignant quérulent et qu'en fait il avait une plainte urgente et légitime, ce qui peut arriver, quelle soupape de sécurité permettrait de savoir qu'une plainte légitime, relevant de la vie, de la liberté et de la sécurité, serait effectivement portée à votre attention? Ne nous méprenons pas, nous ne voulons pas voir les ressources du directeur, de l'établissement ou du ministère monopolisées par des plaintes qui ne sont pas légitimes.
Aux termes du projet de loi dans sa forme actuelle, y a-t-il une mesure de vérification qui permettrait de s'assurer qu'après 100 plaintes faites par des plaignants quérulents, la 101e est effectivement grave et touche à la vie, à la liberté et à la sécurité… Y a-t-il des sauvegardes qui permettraient que cette plainte soit portée à votre attention et que l'on y donne suite?
Une fois encore, ce sont des hypothèses, car je ne sais pas ce que serait réellement la situation. Certes, je comprends le principe selon lequel toutes les plaintes présentées seraient entendues, dans le cadre du plan. Et je regrette de parler de ce plan de façon ambiguë, car je ne sais pas à quoi il ressemblerait.
Mais ce que j'en sais, c'est qu'il serait encore possible de faire une plainte, sauf qu'on ne pourrait plus la faire selon le processus de griefs à moins qu'on ne la considère justifiée. Ainsi, vous parler de la façon dont on examinerait la 101e plainte pour déterminer si elle est… Je ne peux que parler du processus qui pourrait être mis en place lorsqu'il est démontré que la plainte est justifiée. Mais quelle en serait la justification? Elle proviendrait peut-être du bureau de l'enquêteur correctionnel qui aurait été saisi d'une préoccupation ou d'une plainte d'un tiers et qui m'aurait appelé pour m'en informer ou pour me dire qu'elle est justifiée.
Je ne peux que parler de ce que je connais, de ce que j'ai vu et de ce que je comprends. Et ce que je comprends, c'est que les plaintes seraient toujours examinées. Vous dire la façon dont nous déterminerions, sans aucune équivoque, que la plainte n'est pas justifiée… Ce serait la question que je poserais à l'enquêteur en tant que chef de l'établissement. Comment déterminons-nous que la plainte n'est pas justifiée? Est-ce parce qu'elle vise toujours le même employé? Il faudrait que je vois alors les résultats du rapport d'enquête.
Je ne puis donc vous en parler de façon précise et je le regrette. Je ne sais tout simplement pas en quoi cette mesure consisterait au plan opérationnel.
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Tout à fait. Si vous le permettez, je parlerai des huit plaintes de harcèlement déposées par un détenu et pour lesquelles j'ai demandé l'intervention d'un comité externe d'examen. Les plaintes créent beaucoup d'anxiété chez les gens. Ils voient arriver du personnel de l'administration centrale, de l'administration régionale et d'un autre établissement; leur réaction immédiate est de se demander ce qu'ils ont fait de mal.
Après l'examen, j'ai parlé à ces personnes pour leur expliquer que c'est une question de transparence. Je peux vous dire que tout genre d'examen s'accompagne d'anxiété et que n'importe lequel d'entre nous en souffrirait si nous avions le sentiment de faire notre travail et qu'un comité externe d'examen viendrait soudainement chercher la bête noire, en quelque sorte, ou tout examiner.
Donc, oui, cela entraîne du stress, c'est certain.
De toute évidence, cela a parfois tendance à créer de l'animosité entre les détenus et le personnel en cause. Cela nuit au moral. Vraiment, cela a un effet sur le moral de ces gens; certains sont plus touchés que d'autres. Certains l'acceptent très bien et disent qu'on peut sans problème leur poser des questions. D'autres se sentent personnellement visés. Ils ont l'impression qu'il s'agit d'un processus dans le cadre duquel ils pourraient faire l'objet, à leur avis, de ce qui est un examen ou d'une supervision injuste, alors qu'ils ne font que leur travail.
D'après ce que j'ai constaté personnellement et les conversations que j'ai eues avec ces personnes, je peux vous dire que cela peut certainement avoir un effet sur le moral et une incidence sur leurs décisions et leur travail quotidien.
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Eh bien, en toute franchise, c'est le but initial de l'enquête. Lorsqu'un grief est déposé, si cela concerne les soins de santé, par exemple, et qu'il est indiqué qu'on a demandé une consultation avec un médecin et qu'on n'a pas été en mesure d'en obtenir une dans les 30 jours ou quelque chose du genre… Dans notre enquête, nous irions au Service de santé et nous nous informerions auprès du personnel infirmier ou du chef des services de santé pour savoir si cette personne a été rencontrée ou si elle a un rendez-vous.
Souvent, on découvre que la personne a rencontré le médecin ou a un rendez-vous. La clinique est... Certains de ces délinquants sont détenus depuis assez longtemps. À titre de citoyen canadien, il faut reconnaître que parfois, on n'obtient pas tout ce qu'on veut immédiatement. La clinique n'est ouverte que certains jours. Donc, pour ce qui est du délai, la plainte est fondée. Cependant, le problème réel, c'est qu'on ne lui a pas fourni les bons renseignements par rapport aux délais ou à ce que cela fait intervenir.
Malheureusement, les plaintes frivoles ou vexatoires sont décelées seulement après enquête et après qu'on ait déterminé sans équivoque qu'elles n'étaient pas fondées. Un exemple sur l'augmentation du nombre de plaintes de harcèlement. En ma qualité de directeur, c'est très préoccupant; j'ai soudainement une série de plaintes de harcèlement déposées contre le personnel par un seul détenu.
On peut faire l'objet d'un examen externe. Tous les cas sont étudiés de façon indépendante par des gens qui ne sont pas connus au sein de l'établissement et qui ne connaissent aucunement la culture institutionnelle. La réponse, c'est qu'outre le fait que le détenu s'est fait dire, à l'heure du couvre-feu, de raccrocher le téléphone et qu'il a été invité à se rendre en cellule, notamment, la plainte n'était pas fondée.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.