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Parfait. Merci beaucoup.
Merci de votre invitation. Je m’excuse de ne pas avoir de document à vous distribuer; c’est en raison du délai.
Par contre, nous vous remercions d’avoir invité notre organisme, en dépit de ce très court délai. Je ferai des commentaires au nom de notre organisme, au nom de nos 26 membres de partout au pays qui travaillent auprès des femmes et des filles marginalisées, persécutées, criminalisées et incarcérées.
Je tiens à dire que l’une de nos préoccupations concernant le projet de loi est qu’il existe déjà des dispositions dans la loi et le règlement actuels qui tiennent compte des inquiétudes soulevées par les partisans du projet de loi. En vertu de l’article 91 de la loi et particulièrement du paragraphe 74(4) du règlement, il y a déjà des provisions qui permettent aux directeurs d’établissements de limiter la capacité des prisonniers qui formulent des griefs de manière excessive et quérulente et d’en fait y mettre un frein. Cela exige aussi un processus d’examen. Ce n’est donc pas quelque chose qui peut être fait indéfiniment.
Nous proposons de poursuivre ce processus. En fait, la présomption voulant que les détenus qui veulent que leur situation soit examinée puissent porter leur cause en appel devant la Cour fédérale n’est en fait pas fondée du tout. En raison des réductions à l’aide juridique, au Programme de contestation judiciaire et ailleurs, nous savons qu’il est très difficile pour des détenus d’avoir accès à l’aide juridique. C’est certainement également vrai dans le cas qui nous concerne, soit la contestation du processus.
Nous savons aussi que cet enjeu se trouve depuis longtemps sur l’écran radar de Service correctionnel Canada. En fait, dans les prisons pour femmes, la majorité des directeurs encouragent les détenues à formuler des griefs, parce que c’est reconnu que les femmes en font moins. Nous n’appuierons certainement rien qui laisserait entendre que nous devrions limiter cette pratique. Nous vous mettons en garde contre le fait de trouver des excuses pour la limiter.
Je fais bien entendu allusion à la raison même de l’existence de la procédure de règlement des griefs. Certaines des recommandations ont été faites à la suite des émeutes meurtrières qui se sont déroulées au Pénitencier de Kingston. Elles faisaient suite au rapport Swackhamer, qui a en fait mené à la création du Bureau de l'enquêteur correctionnel, parce que les détenus avaient très peu de possibilités de demander réparation. On a jugé qu’il n’y avait aucun recours légitime pour demander réparation, et le Bureau de l'enquêteur correctionnel a donc été créé.
La nécessité d’une procédure de règlement des griefs a été renforcée avec la mise en oeuvre en 1992 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. Nous avons depuis eu des examens répétés à cet égard par Service correctionnel Canada et le Bureau de l'enquêteur correctionnel. Récemment, dans leur rapport annuel 2007-2008, ils ont réalisé un examen approfondi de cette procédure et ils ont encouragé les pénitenciers à faire de même, ce qu’ils ont fait. Je suis certaine que vous avez une copie de l’examen externe de la procédure de règlement des plaintes et des griefs de Service correctionnel Canada réalisé par M. Mullan de l’Université Queen’s. C’est Service correctionnel Canada même qui lui a commandé ce rapport et qui l’a rémunéré à cette fin. Dans son rapport, il recommande de procéder à une révision complète et externe de la procédure de règlement des griefs des pénitenciers, d’accorder un plus grand soutien à la création de comités d'examen des griefs des détenus et de garantir que le personnel connaît les procédures.
En allant faire des visites dans les prisons, j’ai personnellement entendu des membres du personnel affirmer ne pas connaître la procédure de règlement des griefs. En fait, il nous arrive d’aider à les former à ce sujet de temps en temps.
En 1996, Louise Arbour, après avoir examiné la situation à la prison pour femmes de Kinston, a proposé un certain nombre de recommandations qui ont depuis été appuyées par la Commission canadienne des droits de la personne et le Bureau de l’enquêteur correctionnel. Ces recommandations reçoivent le soutien de bon nombre de gens au sein de Service correctionnel Canada. Dans son rapport, elle a dit:
Il est frappant que pratiquement toutes les questions soulevées au cours de la présente enquête l'avaient été en premier lieu par les détenues dans des plaintes, des griefs et, dans certains cas, dans des lettres adressées aux cadres du Service correctionnel.
En grande majorité, les autorités n’en ont pas tenu compte.
Elle ajoute que
... la version des événements d'une détenue avait été traitée comme étant en soi non fiable et que le fait d'accepter un grief pour Service correctionnel n'était considéré que comme une concession de la défaite.
À la lumière des résultats, elle a fait un certain nombre de recommandations au sujet de la supervision externe.
Dans le même ordre d’idées, dans les travaux que Michael Jackson a faits au nom et avec la collaboration de Service correctionnel Canada lorsqu’il a été invité à siéger au comité d’examen sur l’isolement à la suite de la commission Arbour, il a fait certaines recommandations concernant le besoin d’une procédure adéquate et efficace de règlement des griefs. Je vous recommande de lire un extrait de son livre intitulé Justice Behind the Walls, soit de la page 581 à la page 603. Cette partie concerne la nécessité d’une refonte. Si vous n’avez pas l’intention de le consulter, je vous encourage au moins à tenir compte de ses recommandations.
La Commission canadienne des droits de la personne a parallèlement trouvé ce processus... Elle s’active actuellement à examiner l’accès des détenus à la procédure de règlement des plaintes, en raison de certaines plaintes qui sont actuellement devant les tribunaux.
Pour résumer les inquiétudes que nous avons vues en préparation, non pas à ce processus, fait intéressant, mais à d’autres initiatives auxquelles nous participons... À la demande de détenus et avec le soutien de Service correctionnel Canada, nous avons notamment participé au cours des 10 dernières années à un processus de formation visant à développer les ressources pour les détenus pour leur apprendre leurs droits. Nous avons également aidé à former le personnel en ce qui concerne les enjeux relatifs aux droits de la personne.
Nous sommes sur le point d’améliorer cette formation dans certains établissements. À cette fin, nous avons demandé aux détenues de nous dire pourquoi elles ne déposent pas de griefs, parce que si elles n’y sont pas encouragées par l’établissement, bon nombre d’entre elles n’en formulent pas. Je vais vous citer quelques raisons qui nous ont été données, puis je terminerai en vous parlant de nos résultats concernant ce processus.
Premièrement, de nombreuses femmes ont l’impression que même quand les cadres supérieurs encouragent le dépôt de griefs... Bon nombre de directeurs d’établissement me disent qu’ils veulent recevoir des griefs, parce qu’ils voient cela comme un moyen de prendre le pouls de l’établissement. De nombreux membres du personnel de première ligne — et je parle des employés expérimentés — iront dans le même sens. Ils diront souvent préférer le dépôt de griefs à toutes autres formes de manifestations, comme l’automutilation et les tentatives de suicide ou, dans le cas d’établissements pour les hommes, les émeutes ou les soulèvements.
S’il existe une procédure légitime de règlement des plaintes et des griefs qui peut être utilisée, les détenus seront plus portés à faire valoir leurs problèmes. Si on les écoute vraiment et que les réponses sont adéquates, on constatera une diminution des tensions au sein de l’établissement. Nous avons actuellement une surpopulation dans le milieu carcéral, particulièrement dans les prisons pour femmes, et nous risquons d’assister à une augmentation de la surpopulation dans les prisons pour hommes. Je crois que c’est un enjeu continu. C’est certainement un enjeu pour notre organisme. Selon ceux avec qui je parle au sein de Service correctionnel Canada et du Syndicat des agents correctionnels du Canada, ce l’est également.
L’un des enjeux soulevés est que les délais ne sont en fait pas souvent respectés. Vous n’êtes peut-être pas au courant que les délais sont passés au cours des dernières années de 5 à 10 jours, de 15 à 25 jours et de 60 à 80 jours selon les niveaux: le premier niveau, le deuxième niveau... soit à l’échelle de l’établissement, de la région et du pays. Il faut parfois attendre jusqu’à six mois avant d’obtenir une décision concernant certains griefs. Dans le cas d’une situation grave relativement, par exemple, à l’isolement ou à d’autres problèmes importants en lien avec les conditions de l’établissement, ce délai est vraiment trop long.
Nous sommes au fait de ces enjeux. Le personnel se dit inquiet de son incapacité à respecter les délais prévus, mais ce n’est pas en raison de griefs excessifs ou vexatoires; c’est bien souvent en raison de l’absence d’une culture de protection des droits de la personne qui vise à protéger tant le personnel que les détenus.
De plus, l’enquêteur correctionnel a constaté que la majorité des gens qui déposent de multiples griefs ne se trouvent en fait pas dans les prisons pour femmes, mais bien dans les prisons pour hommes, et qu’ils souffrent de graves problèmes de santé mentale. Donc, tout changement dans la loi ne risque probablement pas d’amenuiser de manière appréciable le problème des plaignants qui formulent de multiples griefs, parce que s’ils souffrent de problèmes de santé mentale, il y a peut-être d’autres mesures que nous devrions prendre.
Dans le même ordre d’idées, comme l’enquêteur correctionnel l’a souligné, des griefs parfois perçus comme futiles au sujet de la nourriture ou de l’habillement ne sont parfois pas perçus ainsi par les détenus. Encore une fois, cela peut créer de graves problèmes, particulièrement pour ceux souffrant de problèmes de santé mentale. Il peut être question de sous-vêtements sales, de nourriture inadéquate, de l’accès déficient à de la nourriture chaude, etc. Encore une fois, on doit prendre au sérieux ces problèmes, et leurs effets peuvent être minimisés.
Bref, au lieu de poursuivre le présent exercice et de dépenser l’argent des contribuables à cette fin, nous vous proposons plutôt de soutenir Service correctionnel Canada pour trouver des moyens censés de mettre en oeuvre, par exemple les recommandations faites par M. Mullan dans son rapport de 2010 commandé et demandé par l’organisme.
Je vais vous laisser avec un dernier exemple. Lorsqu’Ashley Smith a déposé un certain nombre de griefs à l’Établissement Grand Valley, elle n’a obtenu aucune réponse. L’enquêteur correctionnel a très bien documenté cette situation dans son rapport. Malheureusement, nous verrons probablement aussi la chronique de l’ensemble des faits lorsque nous examinerons les résultats de l’enquête. Lorsque les autorités donnaient suite à ses griefs, elles ne le faisaient pas de manière adéquate ou en temps opportun. Son dernier grief concernant les conditions de sa détention a été déposé trois semaines avant sa mort. Il n’avait en fait même pas été examiné jusqu’à ce qu’on exhorte les responsables de le faire. Enfin, l’enquêteur correctionnel a demandé que le grief en question soit récupéré de la boîte dans laquelle il avait été déposé, sans jamais avoir été ouvert.
Nous nous inquiétons de la rapidité du règlement des griefs et de la réalité que vivent certains, à savoir qu’ils peuvent déposer de multiples griefs lorsque personne n’y donne suite. C’est peut-être, parce que leurs griefs ne sont pas pris au sérieux ou qu’on les décourage d’en déposer ou qu’on leur demande de les retirer, comme des détenues nous l’ont affirmé. Par exemple, dans le cas d’Ashley, lorsque d’autres détenues se sont mises à déposer des griefs en son nom, on leur a dit qu’elles auraient des sanctions si elles continuaient de le faire. Même si elle ne recevait pas de réponses et qu’elles essayaient de l’aider à régler ses préoccupations, elles n’en ont pas été capables.
Lorsque nous avons voulu avoir recours au processus de contestation judiciaire, notre organisme a dû assumer des coûts considérables. Il nous a fallu environ trois ans pour obtenir les mêmes documents et renseignements qu’elle essayait d’obtenir par l’entremise de la procédure de règlement des plaintes et des griefs et du processus général d’accès à l’information.
Je vous exhorte très sincèrement et très sérieusement de vous demander s’il est nécessaire de poursuivre sur cette voie ou si nous ne devrions pas plutôt offrir des mécanismes qui permettront aux gens de formuler des plaintes légitimes en temps opportun et de manière efficace, d’autant plus que nous sommes dans une période où nous risquons d’assister à une augmentation des tensions dans le milieu carcéral. De plus, il faut prendre au sérieux ces plaintes et obtenir le soutien de gens à l’interne qui sont capables de changer la donne.
Au cours de l’examen de la Commission canadienne des droits de la personne, les responsables ont mis la main sur des documents indiquant que si une personne soulevait une préoccupation très grave, comme dans le cas d’Ashley plusieurs années plus tard... À l’époque, nous avions eu des notes de service et des messages électroniques démontrant que les détenus qui déposaient des griefs par l’entremise de la procédure légitime de règlement des plaintes pouvaient être considérés comme des gens qui ne suivaient pas leur plan de traitement correctionnel.
Ce n’est évidemment pas légal. Ce n’est pas approprié, et nous ne voudrions pas qu’une telle situation persiste. Déjà dans le contexte actuel des membres du personnel nous demandent de les aider avec le processus de formation, lorsque M. Mullan exige un processus de formation pour le personnel de correction... Notre problème est que si ce genre de pouvoir discrétionnaire est donné à des gens non formés, cela peut augmenter les tensions au sein des établissements, au lieu de régler les plaintes et de donner à la procédure de règlement des griefs le rôle qu’elle est censée jouer, à savoir de servir de soupape de sûreté.
Merci beaucoup.
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J’aimerais répéter que la Société John Howard du Canada, au nom de laquelle je suis ravie d’être ici aujourd’hui, se fait l’écho des préoccupations que Kim a soulevées concernant la nécessité d’avoir une procédure de règlement des griefs efficace et rapide.
Nous félicitons également le Service correctionnel du Canada des efforts qu’il déploie pour tenter d’améliorer la procédure de règlement des griefs. Le fait d’avoir engagé à forfait David Mullan, qui est l’un des experts canadiens en droit administratif, afin qu’il examine le processus et détermine la façon de l’améliorer, témoigne de ses efforts. Je conviens avec Kim que ses recommandations générales devraient être prises en considération et mises en oeuvre, mais il analyse aussi le problème qui semble être abordé par le projet de loi , à savoir le problème lié au nombre élevé de griefs.
Les recommandations qu’il a formulées diffèrent des dispositions du projet de loi d’une manière fondamentale. Je pense que, si vous examinez les différences, vous aurez la conviction, je l’espère, que l’approche de M. Mullan est supérieure à bien des égards. J’attire votre attention en particulier sur deux de ces préoccupations.
L’une d’elles est que M. Mullan met l’accent sur le nombre élevé de griefs plutôt que sur les plaignants quérulents. Il définit clairement et de manière quantifiable ce qui constitue un nombre élevé de griefs. Par conséquent, il ne donne pas à un représentant de Service correctionnel — qui a également un intérêt dans la procédure de règlement des griefs – le pouvoir discrétionnaire de déterminer ce qui est vexatoire. De plus, dans le contexte d’un processus d’examen, il est beaucoup plus difficile de déterminer qu’un grief est vexatoire, car cela exige d’examiner les motivations de la personne qui présente le grief, que de mesurer simplement la quantité de plaintes.
En outre, ce qui distingue clairement ses recommandations des dispositions prévues dans le projet de loi, c’est la solution qu’il propose. En effet, il suggère que les personnes qui présentent de nombreuses plaintes soient limitées à un certain nombre par année et qu’elles aient intérêt à évaluer celles qu’elles tiennent vraiment à défendre et la priorité qu’elles leur accordent. Sur les 180 griefs que vous avez présentés, quels sont les 25 qui vous tiennent le plus à coeur et qui témoignent le mieux de vos préoccupations? Donc, contrairement à ce qu’on trouve dans le projet de loi, la solution vise à limiter le nombre de plaintes plutôt qu’à accroître le fardeau de la preuve. Par conséquent, le plaignant n’est pas soudainement forcé de respecter une norme de preuve supérieure pour pouvoir présenter un grief, ce qui est discutable sur le plan de l’obligation d’équité que toute procédure administrative doit satisfaire.
J’attire votre attention sur ces éléments, et je vous demanderais instamment d’envisager d’apporter d’importants amendements au projet de loi et de mettre en oeuvre les recommandations générales présentées dans le rapport de M. Mullan.
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Je suis désolé, je ne suis pas avocat, mais quel est le lien avec les plaintes vexatoires? Insinuez-vous par là — vous ou quelqu’un d’autre — que la décision devrait être prise non pas par le surveillant, ni même le commissaire, mais bien par une sorte de comité d'examen externe qui serait chargé de trancher l'affaire ou de revoir la décision? Je suis d'accord avec vous pour dire qu’il n'est pas pratique d'aller en cour. Les détenus ne disposent pas de ressources pour le faire, etc.
Pouvez-vous envisager une sorte de système dans lequel un comité pourrait avoir l'occasion de renverser la décision du surveillant, avant même que le cas ne soit transmis au commissaire?
Je suppose que cela pose un problème, parce que si la décision d'un surveillant est annulée trop de fois, son autorité est diminuée au sein de l'établissement. Il va sans dire que ces établissements reposent nécessairement sur l'autorité.
Il y a deux points qui m'inquiètent. D'abord, il n'y a pas vraiment de mécanisme d'appel, mis à part la possibilité de s'adresser à la Cour fédérale. À cet égard, c'est comme le projet de loi , qui porte sur l'immigration, mais je n'entrerai pas là-dedans. Bref, il y a toujours la possibilité d'aller en cour. Or, ce n'est pas nécessairement pratique.
Voici ma deuxième question. Disons qu'un détenu n'arrête pas de se plaindre de tout et de rien, si bien qu'il est désigné plaignant quérulent. Du coup, le gardien sait maintenant que cet individu est vulnérable parce qu'il ne peut pas vraiment se plaindre aussi facilement. Il se crée donc une sorte de rivalité: le détenu désigné, à juste titre, plaignant quérulent, fait alors l'objet de récrimination ou souhaite faire une plainte légitime.
Aux termes du projet de loi, si j'ai bien compris, la personne peut quand même faire une plainte, mais le fardeau de la preuve est plus élevé. Qu'entend-on au juste par là? Si quelqu'un se plaint que le gardien ne le laisse pas sortir à temps pour aller à la cour de la prison, comment prouver cela? Qu'est-ce que cela signifie? Quelle sorte de preuves supplémentaires faudrait-il présenter? Le projet de loi n'apporte aucune précision à ce sujet.
Je ne sais si vous pouvez faire quelques observations là-dessus.
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Je veux seulement dire brièvement quelque chose.
Je vous remercie. C’est ce qui m’amène à ma prochaine observation.
Nous appuyons tous le processus de règlement des plaintes. Je pense que lorsque le commissaire comparaîtra, il sera intéressant de savoir comment le processus fonctionne exactement. Toutefois, d’après ce que dit le projet de loi, les gens ont la latitude de faire des plaintes vexatoires, ce qui laisse une marge de manoeuvre pour les gens qui ont un problème de santé mentale; ou ils peuvent avoir un problème qui ne nous semblerait peut-être pas valable, mais qui l’est pour eux. Le projet de loi donne une marge de manoeuvre, car il ne précise pas si l’on fait une plainte vexatoire qui, en passant, « désigne un acte, ou la source d’un acte, qu’on soulève sans motifs valables, simplement pour causer des tracas au défendeur ». C’est ainsi que Webster définit l’équivalent anglais de «vexatoire ». Le projet de loi permet aux gens de le faire. Il permet que des plaintes vexatoires soient déposées. Il ne permet pas que quelqu’un présente un nombre élevé de plaintes ou de griefs vexatoires, mal fondés ou entachés de mauvaise foi.
Je ne comprends pas, et j’aimerais vraiment comprendre, car je sais que vous défendez toutes les deux des détenus. Je pense vous avoir déjà dit que j’ai fait du bénévolat au pénitencier de Stony Mountain pendant de nombreuses années, et je pense que beaucoup d’espoir et de soulagement peuvent être apportés aux détenus. Je pense seulement que c’est un bon projet de loi qui en fait donnera une plus grande marge de manoeuvre aux gens qui font des plaintes légitimes, comme ceux dont vous avez parlé quand vous avez dit que lorsqu’on vous met au courant d’une plainte, il s’agit de gens qui n’ont pas de plan ou qui n’ont pas accès à un programme de traitement. Toutes ces plaintes doivent être traitées. J’imagine que je ne comprends pas.
Il serait tellement agréable que des demandeurs viennent nous dire que c’est un pas dans la bonne direction, qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais que c’est un pas dans la bonne direction. C’est parfois décevant de voir qu’il faut en faire tellement pour obtenir de bons commentaires, alors que nous tentons vraiment de faire ce qu’il y a de mieux pour notre système correctionnel. Ce processus de règlement des plaintes doit être rigoureux. Les détenus doivent savoir qu’ils peuvent compter là-dessus et qu’ils ne seront pas pénalisés. Je pense que c’est ce que le projet de loi permet.
J’espère que vous examinerez à nouveau le projet de loi, et que nous pourrons compter sur votre appui.