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Bonjour, tout le monde.
Cette 44e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, du mardi 5 juin 2012, est ouverte.
Il s'agit d'une séance d'information sur la stratégie antiterroriste.
La première heure sera consacrée à l'audition de l'honorable Vic Toews, ministre de la Sécurité publique, que nous remercions de revenir devant le comité. Il était ici lors de notre dernière réunion consacrée au budget des dépenses, et il aura donc à son crédit deux comparutions de suite devant le comité. Nous lui en sommes très reconnaissants.
Il est accompagné de collaborateurs idoines du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, soit Michael McDonald, directeur général, Direction générale des opérations de la sécurité nationale, et John Davies, directeur général, Politiques de la gestion de la sécurité nationale.
Je rappelle aux membres du comité que le ministre ne peut être avec nous que pendant la première heure mais que ses collaborateurs resteront pour la deuxième.
Nous vous remercions à nouveau. Nous allons suivre la même procédure que d'habitude, c'est-à-dire que nous commençons par écouter votre déclaration liminaire, monsieur le ministre, après quoi nous aurons un ou deux tours de questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme vous pouvez le constater, membres du comité, c'est toujours avec plaisir que je comparais devant vous, et je suis heureux d'avoir la possibilité de discuter de la stratégie intitulée Renforcer la résilience face au terrorisme: stratégie antiterroriste du Canada.
Comme vous l'avez dit, je suis accompagné de collaborateurs qui pourront répondre en détail aux questions des membres du comité s'il y a certains aspects très techniques qui m'échappent.
Monsieur le président, le Canada est inébranlable dans sa résolution de protéger les Canadiens et d'appuyer les efforts mondiaux de lutte contre le terrorisme. J'ai à maintes reprises répété que la responsabilité la plus fondamentale d'un gouvernement est d'assurer la sécurité de ses citoyens. La stratégie antiterroriste du Canada souligne à quel point cette responsabilité est fondamentale et à quel point le gouvernement la prend au sérieux. Je suis fier que cette stratégie propose une approche claire pour lutter contre le terrorisme tout en mettant un accent précis sur le renforcement de la résilience des collectivités. Elle confirme également que notre gouvernement prendra toutes les mesures raisonnables pour répondre à des menaces réelles et persistantes, et les Canadiens ne s'attendent à rien de moins.
Je crois comprendre que la majorité des membres du comité connaissent la stratégie, laquelle a été lancée plus tôt au cours de l'année et est accessible à tous les Canadiens sur le site Web de Sécurité publique Canada. Je vais donc passer la stratégie en revue, et je m'attarderai ensuite sur les principaux points et la voie à suivre.
La stratégie antiterroriste permettra au gouvernement de prioriser ses efforts en matière de lutte contre le terrorisme et de promouvoir une discussion ouverte avec les Canadiens à propos des menaces auxquelles nous faisons face. La stratégie met aussi en valeur l'importance de la coopération avec les partenaires internationaux du Canada, tous les paliers de gouvernement, les organismes de renseignement et d'application de la loi, les intervenants de l'industrie et les groupes spéciaux d'intérêts. En d'autres mots, elle énonce la façon dont l'ensemble du gouvernement travaille à empêcher et à déceler les menaces terroristes, à en priver les auteurs des outils requis et à intervenir le cas échéant.
D'abord et avant tout, la stratégie met l'accent sur la prévention, car la meilleure solution est d'empêcher les personnes vulnérables de s'imprégner d'idéologies terroristes.
Le deuxième élément vise à déceler les activités terroristes, en en identifiant les auteurs et ceux qui les soutiennent, ainsi que leurs capacités et leurs plans. Il est essentiel de cerner rapidement les menaces terroristes afin de prévenir les attentats terroristes, et c'est pourquoi, dans le cadre du Plan d'action en réponse à la Commission d'enquête sur l'affaire Air India, nous nous sommes engagés à collaborer avec les organismes du renseignement de sécurité et d'application de la loi pour établir les moyens qui permettraient un échange plus efficace de l'information.
Le troisième élément de la stratégie vise à priver les terroristes des moyens et des possibilités de mener à bien leurs activités illégales, en atténuant les vulnérabilités et en déjouant les plans terroristes, afin que le Canada et les intérêts canadiens soient des cibles plus difficiles à atteindre pour les éventuels terroristes. Pour ce faire, le gouvernement a apporté des modifications au Code criminel afin d'aider les organismes d'application de la loi à enquêter sur les infractions de terrorisme, en rétablissant les audiences d'investigation et les engagements assortis de conditions.
Afin de priver les terroristes de la capacité de menacer le Canada et les pays alliés, nous adopterons également de nouvelles dispositions pour ériger en infraction criminelle le fait de quitter, ou de tenter de quitter, le Canada pour commettre une infraction de terrorisme. Pour compléter ces mesures, nous répondrons aussi aux besoins des victimes de terrorisme en adoptant des dispositions qui leur permettront de poursuivre en justice les auteurs de terrorisme et ceux qui les soutiennent.
Le dernier élément vise à intervenir en cas d'attentats terroristes de façon rapide, organisée et proportionnelle à la gravité de la situation, afin d'assurer un retour rapide à la vie ordinaire et de réduire les conséquences de l'ampleur de l'attentat.
Sous-tendent ces quatre éléments deux importants thèmes, la résilience et les partenariats. Je vais traiter de ces deux thèmes en commençant par la résilience.
Dans le contexte des efforts de lutte contre le terrorisme au Canada, la résilience est un concept qu'il importe de comprendre et ce, pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, la résilience reflète la capacité des personnes, des collectivités et de la société à rejeter et à écarter les facteurs pouvant susciter des idées associées à la violence et à l'extrémisme violent. En deuxième lieu, la résilience est essentielle pour réduire au minimum les effets psychosociaux découlant d'un attentat terroriste. En d'autres termes, il est important que la réaction de la société face à un événement n'aggrave pas la crise. Finalement, la résilience reflète la capacité des personnes et des collectivités à puiser des forces dans les principes qui lient notre société.
En adoptant le concept de la résilience comme pierre angulaire de la stratégie antiterroriste du Canada, nous établissons l'atténuation comme l'un de nos principaux objectifs, soit l'atténuation des éventuelles conséquences de la polarisation sur la société canadienne pouvant découler des idéologies violentes, ou même des attentats terroristes.
L'autre thème principal vise à établir et à renforcer les partenariats, à l'échelle nationale et internationale. La réussite de notre stratégie globale repose sur un leadership solide, et c'est pourquoi les administrations municipales, les dirigeants communautaires, le milieu universitaire et les citoyens sont appelés à prendre part aux efforts nationaux.
Pour ce faire, nous travaillons activement avec les organismes du renseignement de sécurité et d'application de la loi provinciaux et territoriaux, le secteur privé, les organisations non gouvernementales, les organisations civiles et les organismes communautaires. Les équipes intégrées de la sécurité nationale dirigées par la GRC, qui sont basées dans les grandes villes du Canada, sont un exemple de la façon dont les partenaires responsables du maintien de l'ordre et les organismes du renseignement de sécurité travaillent ensemble à l'échelle fédérale, provinciale et territoriale pour enquêter sur les menaces criminelles pouvant compromettre la sécurité nationale.
À l'échelle locale, nous continuerons également de sensibiliser de nombreuses collectivités à l'aide d'initiatives comme la Table ronde transculturelle sur la sécurité, qui est dirigée conjointement par Sécurité publique Canada et Justice Canada. Dans le cadre de cette initiative, nous pourrons engager des collectivités dans des discussions franches qui aideront à établir un climat de confiance et à créer une vision commune pour une société résiliente au terrorisme sous toutes ses formes. En fait, dans quelques jours, je rencontrerai des dirigeants communautaires du sud de l'Ontario pour discuter d'un éventail de questions liées à la sécurité nationale.
Monsieur le président, il est important de signaler que différentes initiatives de lutte contre le terrorisme sont en place depuis un certain temps au Canada. Ce que fait la stratégie, et c'est une première, c'est d'énoncer de façon cohérente et uniforme comment ces initiatives contribuent à la mise en oeuvre de l'approche adoptée par le gouvernement pour lutter contre le terrorisme. La stratégie combine également tous les éléments de l'approche actuelle de façon à encourager un engagement plus profond auprès des Canadiens. En échangeant des renseignements sur les menaces terroristes, notre objectif n'est pas de susciter la peur parmi les Canadiens, mais plutôt d'accroître leur sensibilisation à cet égard. Nous reconnaissons qu'il reste beaucoup à apprendre sur la lutte et la prévention du terrorisme dans le contexte canadien. Plus que jamais, il est important que les gouvernements collaborent et échangent de l'information avec des experts d'autres domaines, d'autres nations, du secteur privé et du milieu universitaire.
Pour ce faire, comme les membres du comité peuvent le savoir, le et moi-même avons lancé l'année dernière le projet Kanishka, dans le cadre duquel un financement de 10 millions de dollars sur cinq ans a été versé pour mener des recherches canadiennes sur tous les aspects de lutte et de prévention du terrorisme. Le projet Kanishka a pour objectif de créer un réseau dynamique de scientifiques de toutes les régions du Canada, qui se penchera sur la mise en place de politiques plus efficaces de lutte contre le terrorisme.
La première série de financement de la recherche visera des thèmes comme l'extrémisme idéologique et la violence, la perception et l'émotion, la résilience et les dynamiques collectives, l'organisation et l'efficacité. Avec de tels investissements, il ne fait pas de doute que les connaissances collectives au sujet de ces enjeux s'amélioreront de même que notre compréhension de la meilleure façon d'y faire face. J'ai eu le plaisir d'annoncer le premier cycle de financement d'une valeur de 1,1 million de dollars qui permettra de former la connaissance et la compréhension de cet enjeu complexe.
Monsieur le président, permettez-moi de conclure avec quelques mots sur la mise en oeuvre de la stratégie antiterroriste du Canada, particulièrement en ce qui a trait à l'élément de prévention.
Initialement, les efforts en matière de prévention se concentreront sur les points suivants: mieux comprendre pourquoi et comment les idéologies d'extrémisme violent trouvent écho chez certaines personnes; déterminer les outils qui peuvent aider les collectivités à ne pas se laisser impressionner par ces idéologies; se prévaloir des programmes et des partenariats existants pour aider à la réalisation des objectifs en matière de prévention; établir des indicateurs fiables pour mesurer les résultats et évaluer l'efficacité de nos programmes.
Comme je l'ai déjà dit, notre gouvernement est persuadé que nous pouvons bâtir une société résiliente à toutes les formes de terrorisme, en informant les Canadiens des menaces à la sécurité auxquelles nous sommes confrontés comme pays et en collaborant avec nos partenaires pour acquérir des connaissances et développer des capacités. La stratégie antiterroriste du Canada souligne l'engagement du Canada de prendre toutes les mesures raisonnables pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes.
Sur ce, monsieur le président, je remercie tous les participants encore une fois de leur temps, et je me tiens prêt à répondre à toutes les questions que les membres du comité peuvent avoir.
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Merci, madame Hoeppner, j'apprécie la question.
Notre compréhension du terrorisme a bien sûr évolué depuis une dizaine d'années, notamment depuis les attentats contre les tours jumelles. Cet événement a incontestablement révélé tout un éventail de possibilités que les experts du terrorisme et les agences de sécurité n'avaient tout simplement pas envisagées. Notre pays a dû réagir très rapidement. Je sais que le gouvernement précédent avait adopté certaines dispositions législatives, dispositions que nous avons renouvelées quand elles sont arrivées à échéance parce que nous pensions qu'elles étaient encore nécessaires. Le gouvernement précédent avait pris diverses mesures.
Ce que nous avons tenté de faire, c'est d'établir des priorités dans les efforts gouvernementaux de lutte contre le terrorisme, et de promouvoir un débat ouvert avec les Canadiens sur la nature des menaces auxquelles nous sommes confrontés. Notre but est d'engager un débat avec tous les secteurs de la société, de façon à les amener à réagir collectivement de manière coordonnée. Des enquêtes comme celle consacrée à l'attentat d’Air India, par exemple, nous ont révélé l'importance du partage des renseignements. Bien que cette enquête ait surtout souligné le partage de renseignements au niveau intérieur, elle a aussi abordé ce partage au niveau international. C'est devenu un aspect très important, surtout quand il s'agit de terrorisme. On ne peut tout simplement pas garder les informations à l'intérieur du Canada et les partager uniquement avec les organismes nationaux d'application des lois et de protection de la sécurité en s'imaginant qu'on a ainsi protégé efficacement la population. Il est indispensable de partager les renseignements avec nos alliés, tout comme nous comptons sur eux pour nous donner des informations qui nous permettront de mieux protéger nos concitoyens.
Cette nécessité soulève diverses préoccupations que nous ne pouvons négliger, comme les règles de protection des renseignements personnels. Par exemple, quand nous partageons des informations avec un autre pays, comment pouvons-nous nous assurer que celles-ci sont utilisées de manière adéquate et ne serviront pas à des techniques d'interrogation inacceptables? Quel genre de limites pouvons-nous intégrer aux ententes que nous passons avec nos partenaires internationaux?
En fin de compte, il s'agit là d'une question de coordination de tous les efforts qui sont déjà entrepris, et d'amélioration de ces efforts grâce aux connaissances que nous avons acquises en cours de route. Le projet Kanishka est fondamental pour donner une assise théorique à notre compréhension du terrorisme, que les services de police, les organismes de sécurité, les magistrats et les avocats pourront utiliser pour nous faire avancer dans la résolution de cette problématique très difficile.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci au ministre d'être revenu. Je suis heureux qu'il ait accepté de revenir. Je suppose que nous ne le verrons pas chaque semaine, étant donné qu'il a un programme sans doute très chargé, mais il a été très généreux avec nous ces deux dernières semaines.
Permettez-moi de dire d'emblée que l'opposition officielle approuve la stratégie du point de vue de son concept et de ses principes. Nous aurons peut-être des réserves à exprimer quant à la manière dont elle sera structurée et mise en oeuvre, mais nous pensons que c'est une bonne idée d'avoir une stratégie exhaustive comme celle-là. Nous pensons aussi qu'il est important d'avoir une stratégie efficace et adéquatement financée, et nous aurons peut-être quelques questions à poser à ce sujet aujourd'hui.
Je suis heureux que vous ayez parlé de partenariats et de main tendue aux communautés. Je pense qu'il y a cependant un élément qui manque dans cette stratégie, et c'est l'importance de maintenir la confiance du public dans les activités du gouvernement dans ce domaine. J'y reviendrai dans un instant.
Avant cela, je me dois de faire la remarque suivante: cette stratégie diffère considérablement de beaucoup d'autres stratégies avancées dans le domaine de la justice, en mettant l'accent sur la prévention et les poursuites. Cela me semble beaucoup plus proche de ce que nous, dans l'opposition, réclamons depuis un certain temps pour d'autres aspects de la justice où l'on a privilégié l'alourdissement des peines. Je ne peux résister à l'envie de dire que cette stratégie semble mettre l'accent sur des choses que nous aurions pu recommander.
Passons donc maintenant aux principes, notamment à celui qu'exprime l'affirmation suivante:
Ils confirment les valeurs démocratiques du Canada. Ils fournissent une description claire de la façon dont le Canada accomplit son travail. Ils permettent également à la communauté internationale de connaître la position du Canada…
Il y a ensuite une liste de six principes fondamentaux, le troisième étant le respect de la primauté du droit, et je veux donc interroger le ministre au sujet de la directive qu'il a adressée en septembre dernier au SCRS sur l'utilisation des informations obtenues par la torture. Dans le rapport du comité des Nations Unies sur la torture, publié le 1er juin, les experts internationaux respectés de ce comité ont exprimé ce qu'ils appellent de graves préoccupations au sujet de cette directive qui, selon eux, porte atteinte à l'article 15 de la convention contre la torture que le Canada a signée.
Je demande donc au ministre comment il peut justifier sa directive sur la torture, eu égard au troisième principe de sa stratégie antiterrorisme, qui est le respect de la règle de droit.
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Merci de ces remarques.
Je suis heureux de voir tout d'abord que nous partageons les mêmes principes de base. Cela n'est d'ailleurs pas exceptionnel étant donné que ce sont des principes largement reconnus dans le monde entier comme étant ceux à partir desquels on peut formuler une stratégie efficace contre le terrorisme.
En ce qui concerne l'utilisation d'informations ayant pu être obtenues auprès de sources contestables par le gouvernement canadien, notamment par le SCRS, il y a différents niveaux d'utilisation de ces informations. Je peux vous dire que, même si le gouvernement condamne sans réserve le recours à la torture — nous n'approuvons jamais la torture, sous quelque forme que ce soit —, lorsque nos agences recueillent des informations indiquant que la vie de Canadiens est en jeu, nous ferions preuve de négligence si moi-même ou l'agence concernée n'utilisions pas ces informations.
Il est très difficile, assis dans son fauteuil à Ottawa, d'examiner d'où viennent les informations et comment elles ont pu être obtenues. Si elles ont une incidence sur la sécurité de Canadiens, nous nous devons de les utiliser.
Je ne saurais concevoir qu'un gouvernement dise ceci: « Nous venons d'apprendre que des centaines de nos concitoyens risquent d'être tués mais, comme on s'interroge sur l'origine de cette information et sur sa source, nous n'allons pas en tenir compte et laisser périr des centaines de nos concitoyens ». Je ne crois pas qu'il y ait un seul gouvernement responsable au monde qui réagirait de cette manière. Pour ma part, je peux vous dire que nous utiliserons toute information portée à notre attention indiquant que la vie de Canadiens est en péril.
En arrondissant les chiffres, il y a les 10 millions de dollars sur cinq ans pour le projet Kanishka que vient de mentionner le ministre. Nous pensons que c'est un projet très important, car on ne faisait pas jusqu'à présent beaucoup de recherche sur la lutte contre l'extrémisme violent. Cette somme de 10 millions de dollars fait l'envie de tous nos alliés qui ne consacrent pas tellement de ressources à cette activité et qui s'attendent donc à ce que nous soyons en pointe, non seulement au Canada mais mondialement, pour améliorer les connaissances en la matière. Je souligne à ce sujet un investissement dans les universités canadiennes pour créer un réseau national d'amélioration des connaissances dans ce domaine.
Plusieurs autres annonces importantes ont été faites, même dans le contexte des contraintes budgétaires rigoureuses aujourd'hui, comme l'annonce récente par le de 367 millions de dollars sur cinq ans pour le programme de partenariat mondial, qui était à l'origine un investissement du G8 pour aider à sécuriser les installations d'armes de destruction massive à l'étranger. Cela avait débuté dans l'ex-Union soviétique et on a maintenant étendu la portée du projet pour en faire un effort majeur de lutte contre la prolifération à l'étranger et de développement des capacités par le Canada.
Un troisième investissement un peu plus récent a été l'annonce par le de 110 millions de dollars sur trois ans, je crois, pour les forces de sécurité nationale afghanes, afin de les aider à renforcer leurs capacités dans les années à venir.
Comme l'a dit le ministre, les principaux investissements ont surtout été effectués pour appuyer l'obtention de connaissances par le personnel du portefeuille de la Sécurité publique, pour formuler de nouvelles politiques en collaboration avec les États-Unis, comme l'initiative Par-delà la frontière, et le plan d'action avec ses 16 engagements qui reflètent tous de nouvelles politiques. Voilà donc les principaux investissements pour l'avenir.
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Merci. Je partagerai mon temps de parole avec M. Aspin.
Monsieur Toews, je tiens à vous remercier de l'engagement ferme que vous avez pris, et très bien exprimé, d'assurer la sécurité des Canadiens et de faire de la sécurité des Canadiens votre priorité.
Nous vous avons convoqué aujourd'hui pour parler de notre stratégie antiterroriste. On semble mettre plus l'accent sur le SCRS et sur la supervision, ce qui est important, mais je pense qu'il est aussi important de noter que le SCRS fait un excellent travail pour notre pays. Je pense que nous sommes un modèle dans le monde entier du point de vue du travail que nous faisons. S'il est vrai que la supervision est évidemment très importante, je trouve très intéressant que l'opposition semble s'intéresser avant tout à d'éventuels soupçons à l'égard du SCRS plutôt qu'à notre stratégie.
Je vais donc revenir à notre stratégie de lutte contre le terrorisme. Je voudrais vous interroger sur toute cette partie de notre stratégie qui concerne les listes de terroristes.
Je voudrais vous demander — à vous ou à vos collaborateurs, s'ils préfèrent répondre — dans quelle mesure les organisations terroristes, si elles ne figurent pas sur la liste, peuvent recueillir de l'argent au Canada. Il ne s'agit donc pas tant de radicalisation directe, disons, ou d'actes violents au Canada, mais plutôt de la manière dont d'éventuelles organisations terroristes essaieraient d'utiliser le Canada pour recueillir de l'argent, et de la manière dont leur inscription sur la liste peut les en empêcher. Cela concerne autant le Canada que le reste du monde, pour ce qui est de la protection contre le terrorisme.
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L'expérience d’Air India nous a vraiment beaucoup appris. Ce fut un événement horrible, tout à fait horrible, mais l'une des choses qu'il nous a apprises a été de réagir efficacement au terrorisme.
Dans le monde moderne, le terrorisme ne connaît pas de frontières nationales. Il est international, et il arrive parfois que des individus lancent des actions terroristes purement individuelles. À l'époque d'Internet, le lieu d'origine n'a pas vraiment d'importance. On peut se radicaliser. On peut participer à un acte terroriste criminel. On peut coordonner les attaques. Ce que j'ai retenu de l'enquête d’Air India, et de l'enquête Arar, et de la Commission Major — si c'était bien ça, car je perds parfois le fil des commissions, même si elles font un excellent travail —, c'est la nécessité de partager des renseignements avec nos alliés et d'autres qui partagent nos préoccupations sur la menace terroriste.
Nous partageons ces renseignements pour entraver l'activité des terroristes. Cela a été une expérience extrêmement positive. En même temps, j'estime que nous sommes restés fidèles à la règle de droit et au respect des droits humains, car je ne pense pas que protéger vigoureusement l'ordre public dans la lutte contre les terroristes soit contraire à la règle de droit et aux droits humains. De fait, réprimer vigoureusement le terrorisme préserve les droits humains et la règle de droit dont nous jouissons. Donc, je pense que le partage de renseignements est l'un des aspects les plus importants.
Le deuxième élément est le partage des ressources. Le programme Shiprider lancé par les Libéraux en 2005 sous forme de projet pilote a extrêmement bien fonctionné. Les Canadiens et les Américains sont sur le même bateau dans les Grands Lacs et ne sont pas entravés par les frontières car ce bateau peut traverser une frontière et, dès qu'il entre dans les eaux canadiennes, c'est un officier canadien qui en prend le commandement. De même, dans les eaux américaines, ce sont les Américains qui commandent. Ces agents ont reçu une formation commune afin d'assurer qu'il se comportent adéquatement dans le respect des lois particulières de chaque pays. Cela a très bien fonctionné, notamment dans le cadre des Jeux olympiques de Vancouver. Évidemment, c'est pourquoi nous proposons une loi sur le programme Shiprider, qui a été très efficace à mon avis.
C'est donc une question de partage de renseignements, de partage de ressources, et de répression d'une menace terroriste commune.
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Je vais vous répondre du point de vue de la politique générale, après quoi M. Macdonald pourra vous parler de l'aspect opérationnel.
En ce qui concerne la politique générale, tout dépend du problème considéré. Si l'on parle de questions de sécurité nationale reliées à l'admissibilité, cela relève d'un groupe différent. Mais c'est un groupe très similaire à ce qui est mentionner ici, en ce qui concerne la lutte contre l'extrémisme violent, par exemple, quand on élargit le groupe au-delà du monde traditionnel du renseignement de sécurité pour inclure des ministères comme Patrimoine canadien, Ressources humaines et Développement des compétences Canada, etc.
Sécurité publique est le chef de file à l'égard de beaucoup de ces questions, du fait des nombreuses manières dont elles touchent la sécurité nationale, du point de vue de la coordination et de l'exploitation de l'expertise au palier fédéral et du travail avec les provinces, entre autres. Le Bureau du Conseil privé joue également un rôle essentiel avec le conseiller national pour la sécurité.
Il y a typiquement des groupes de travail, comme vous pouvez l'imaginer, avec beaucoup de participants, et les informations remontent vers le directeur, le directeur général, le sous-ministre adjoint puis le sous-ministre. Il y a différents comités, selon la nature du problème, qui dispensent des avis au Cabinet. Nous passons une bonne partie de notre temps à coordonner avec d'autres ministères et organismes, c'est certain.
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Je crois qu'il y a une distinction importante à faire, ou au moins une remarque importante, sur le partage d'informations, en réponse à votre question sur l'architecture dans la communauté internationale.
Le partage d'informations ne concerne pas toujours des informations classifiées. Nous partageons des informations classifiées quotidiennement, comme je suis sûr que vous le savez tous. Il y a aussi des informations issues du renseignement financier et du renseignement de sécurité. Il y a des informations à caractère criminel, et il y a bien sûr des informations générales non classifiées.
La communauté internationale, d'un point de vue général, est organisée dans la communauté même du renseignement de sécurité essentiellement par ceux qui recueillent du renseignement. Il y a donc certains groupes experts de nos alliés fidèles, les Cinq-Yeux comme on les appelle couramment, qui échangent des informations et partagent des informations de toutes sortes, selon leurs mandats législatifs. Il y a aussi d'autres organismes internationaux, certains très formels, comme le G8 et le G20. Dans le G20, l'examen des questions de sécurité nationale ou de terrorisme est un effort relativement nouveau. Nous avons le G7, qui se penche sur les aspects financiers, mais nous avons aussi de nouveaux partenaires, comme l'Organisation de coopération et de développement économiques en Europe, l'OCDE. L'OCDE a pris contact avec mon secteur pour parler de questions de sécurité nationale touchant les investissements étrangers, par exemple, et elle s'est dotée d'un groupe de travail sur le terrorisme, ce qui est quelque chose de nouveau pour nous.
Nous avons aussi d'autres organismes, comme le Groupe d'action financière, et les organismes régionaux auxquels le Canada est invité à se joindre pour aider d'autres pays. C'est une pléthore mais il y a des structures.
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C'est une très bonne question, monsieur le président.
De fait, il y a à Sécurité publique une direction ou une division qui se consacre exclusivement à l'entraînement, à la fois du point de vue de la réaction d'urgence aux crises — verglas, inondations, incendies, etc. — et du point de vue de la sécurité nationale. Le ministère organise divers types de sessions d'entraînement, et cet entraînement de niveau national comprend souvent des exercices transfrontaliers avec les États-Unis une fois par an. Nous faisons partie de l'Opération Nanook des Forces canadiennes et de l'armée dans le nord chaque été. Il y a aussi d'autres exercices d'entraînement internationaux pour faire face aux événements chimiques, biologiques et radiologiques — CBR.
Il y a aussi des réponses de moindre niveau. Par exemple, il y a eu des exercices d'entraînement à Toronto au sujet des menaces à la bombe dans le métro, et il y en a eu aussi à Montréal. Et puis, il y a de l'entraînement de niveau local, que reçoivent par exemple les pompiers et les premiers intervenants.
En bref, la réponse est que l'entraînement est intégré à la démarche, car cela touche directement le Plan fédéral d'intervention d'urgence, le centre des opérations gouvernementales et même, en fait, la prise de décision au niveau national le plus élevé.