Nous remercions le Comité de nous donner l'occasion de nous exprimer sur ces questions qui sont cruciales pour notre entreprise.
Le Groupe LAR se spécialise depuis 1942 dans la conception, la fabrication et l'installation de pièces mécanosoudées de très grandes dimensions. Sa clientèle principale évolue dans le secteur de l'hydroélectricité, de l'aluminerie et des mines. Le Groupe LAR dessert toutes les provinces canadiennes et effectue occasionnellement des travaux à l'étranger. Il possède trois usines au Québec, et une en Colombie-Britannique. Son siège social, où il emploie plus de 250 personnes, est situé à Métabetchouan, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, dans la province de Québec. Le Groupe LAR achète l'acier principalement au Canada, et cet acier est la matière première entrant dans la fabrication de ses produits. L'acier est habituellement acheté sous forme de plaques.
Le prix de l'acier s'est longtemps tenu entre 0,40 $ et 0,60 $ la livre, tant au Canada que sur le marché mondial. Maintenant, le prix est supérieur à 1 $ au Canada, alors qu'il est d'environ 0,60 $ à 0,70 $ sur le marché mondial. Le marché canadien est donc déséquilibré par rapport au marché mondial.
Après l'annonce faite par le président américain d'une surtaxe de 25 % sur l'acier canadien, les clients américains ont entrepris d'acheter le plus possible d'acier canadien avant l'entrée en vigueur de la surtaxe. Au même moment, les fournisseurs d'acier canadiens se sont empressés d'augmenter le prix de leur acier et, à cause de la rareté occasionnée par les achats massifs des clients américains et de diverses autres raisons, le prix oscille maintenant autour de 1 $.
Il est désormais très difficile de s'approvisionner auprès des fournisseurs d'acier canadiens à cause du manque de stocks et du prix à la livre qui dépasse maintenant 1 $. De plus, les clauses d'ajustement de prix sur l'acier ne sont pas permises pour la plupart de nos clients.
Le Groupe LAR a besoin d'acier pour respecter ses contrats, mais les stocks canadiens sont insuffisants. Lors de nos derniers appels d'offre, toutes les aciéries canadiennes, sauf une, ont répondu qu'elles avaient écoulé leur inventaire, et elles n'ont même pas soumissionné. La seule l'ayant fait a demandé un prix supérieur à 1 $ et un délai de livraison d'au moins 7 mois, alors que ce délai est habituellement de quelques semaines.
Les risques financiers des entreprises du secteur industriel augmenteront fortement si le prix de l'acier devient plus volatil. Le fait que les produits financiers susceptibles de couvrir ce genre de risques — options et contrats à terme — sont peu développés dans ce secteur et que les clauses d'ajustement de prix sont peu acceptées par le marché pourrait devenir une préoccupation très importante à l'avenir.
Si le prix de l'acier canadien demeure exagéré et que des tarifs sont instaurés par notre gouvernement pour le protéger, les équipementiers canadiens devront débourser des montants si élevés qu'ils auront de grandes difficultés à demeurer concurrentiels à l'échelle mondiale, et ce, peu importe la provenance de l'acier. Il est important de garder à l'esprit que les grandes entreprises font affaire avec le plus bas soumissionnaire, que celui-ci soit chinois, américain, canadien ou autre. Ainsi, certains équipementiers canadiens pourraient en venir à envisager de déménager leur production dans d'autres pays pour rester concurrentiels.
Tout ceci soulève deux questions. Premièrement, le produit fini contenant de l'acier qui entre au Canada en provenance de nos compétiteurs étrangers sera-t-il aussi taxé pour tenir compte des nouveaux tarifs protégeant le prix de l'acier canadien?
Deuxièmement, les programmes de remboursement seront-ils assouplis pour permettre aux équipementiers canadiens de demeurer concurrentiels par rapport au marché mondial?
En terminant, nous croyons que l'imposition de tarifs sur les importations serait pertinente si le prix de l'acier canadien était concurrentiel, ce qui n'est pas le cas. Nous, les équipementiers canadiens, sommes lésés par cette situation et condamnés à payer notre matière première trop cher, ce qui ne nous permet plus d'être compétitifs.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
Le Groupe Proco est un entrepreneur général et spécialisé dont le siège social se situe à Saint-Nazaire, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, dans la province de Québec. Au total, le Groupe emploie 325 employés répartis sur les différents chantiers de construction du Québec.
La matière première utilisée est principalement l'acier. Chaque année, nous achetons pour environ 20 millions de dollars d'acier en provenance des États-Unis, du Canada et de l'Europe, et nous réalisons un chiffre d'affaires de 85 millions de dollars. Nous avons deux unités principales. La première est une compagnie de construction qui installe de la charpente métallique. La seconde est une compagnie manufacturière qui fabrique surtout de la charpente métallique, des structures de pont, des équipements mécanosoudés et de la charpente industrielle.
L'imposition de tarifs douaniers ces derniers mois a d'abord eu des conséquences directes sur le prix de la matière première, tout particulièrement pour les projets nécessitant un approvisionnement rapide en plaques relativement épaisses et longues. Historiquement, ces plaques provenaient des États-Unis étant donné leur disponibilité et le court délai d'approvisionnement. Dans les derniers mois, le prix de cette matière première est passé de 0,60 $ à 1 $ la livre en août 2018. C'est une augmentation supérieure au taux de 25 % que représentent les surtaxes, car elle résulte d'une combinaison de facteurs, dont la baisse des stocks de matière première provoquée par l'incertitude d'une guerre commerciale. Au Québec, le marché de l'acier s'est ajusté à cette nouvelle réalité, et les prix de l'acier provenant d'Europe sont maintenant semblables à ceux de l'acier américain. Le profilé de charpente métallique est quant à lui passé d'environ 0,50 $ la livre à 0,65 $ la livre.
Nous constatons également des répercussions directes sur la rentabilité de nos contrats. Nous exécutons entre 80 et 100 contrats par an, dont presque tous nécessitent de l'acier. Nous avons signé des contrats en avril, en mai et en juin derniers en fonction des prix de l'acier en vigueur à l'époque. L'acier pour ces contrats est arrivé au Canada après le 1er juillet, et nous avons dû absorber l'augmentation des coûts de cette matière première sans être en mesure d'être dédommagés par nos clients. Cette situation s'est traduite par des pertes financières directes considérables pour notre entreprise, de l'ordre de plusieurs centaines de milliers de dollars. Nous avons évidemment exploré la possibilité d'être dédommagés au moyen du processus de demande de remise des surtaxes, mais il semble à première vue difficile d'y recourir puisque l'augmentation du coût de l'acier n'est pas uniquement liée aux tarifs. De plus, les distributeurs canadiens hésitent à nous fournir les montants exacts qu'ils ont payés en surtaxes parce que, ce faisant, ils nous révéleraient leur prix coûtant et leur marge bénéficiaire.
Il y a également eu des répercussions sur les grands projets de développement au Canada. Nous aidons régulièrement divers promoteurs de grands projets à déterminer les budgets de construction de leurs futures installations. Je pense à des projets miniers comme ceux de Mason Graphite, d'Arianne Phosphate, de Rio Tinto Alcan, de Métaux BlackRock et de Nemaska Lithium, et au projet du Réseau express métropolitain, ou REM. Tous ces projets ont en commun d'utiliser beaucoup d'acier. Les budgets que nous avons élaborés avec ces clients et présentés au cours des dernières années sont maintenant tous sous-évalués. Comme vous le savez, ces budgets sont utilisés par les promoteurs pour établir la faisabilité de leurs projets et trouver le financement nécessaire. Nous craignons fortement que l'augmentation du coût d'approvisionnement en acier au Québec et au Canada nuise à la mise en route de ces projets porteurs d'emplois et de richesses.
Je mentionne aussi les contrecoups majeurs sur la compétitivité des fabricants canadiens. Le prix de l'acier à l'échelle planétaire — en Asie, en Inde et en Europe — semble osciller autour de 0,60 $ la livre, au lieu de 1 $. Il y a donc de fortes chances, voire une certitude, que les éléments en acier des futurs projets majeurs de construction au Canada soient fabriqués à l'étranger, étant donné que l'approvisionnement y est moins dispendieux. La hausse des coûts de l'acier au Canada forcera les promoteurs de grands projets à recourir à des fournisseurs étrangers, et ce, malgré la grande capacité des fabricants canadiens. Nous entendons déjà certains promoteurs soulever cette éventualité. Compte tenu de cette éventualité menaçante, et si la situation du prix de l'acier ne change pas, nous n'aurons d'autre choix que d'envisager de déménager notre production à un endroit où l'acier est plus facilement accessible.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup. Je suis heureux d'être ici.
Bonjour et merci encore. Je m'appelle Mike Bilton. Je suis coprésident de la Canadian Association of Moldmakers.
La CAMM, comme nous l'appelons, représente une base de membres provenant des industries spécialisées parmi les plus recherchées qui contribuent au succès et à la prospérité de nos précieux secteurs de l'automobile et de la fabrication. Nous appuyons plus de 215 usines de fabrication d'outils et de moules de niveau deux au Canada, dont plus de 13 000 personnes de métier fières et hautement qualifiées en Ontario, au Québec et dans l'ensemble du Canada, pour qui nous facilitons en outre les occasions d'affaires et assurons de la formation.
Aujourd'hui, nous sommes ici pour discuter des répercussions continues des tarifs imposés sur l'acier et l'aluminium. Mon président, Jonathon, est ici pour parler plus précisément des répercussions directes sur les coûts de son entreprise, comme d'autres, y compris les coûts d'exploitation et de transport pour le niveau deux.
Pour ma part, je suis ici pour parler de l'autre aspect de la question, c'est-à-dire la façon dont ses modèles de coûts globaux influent sur mon entreprise au niveau un. En tant que fournisseurs de pièces de grande taille, les entreprises de premier niveau sont généralement les clientes de presque toutes les entreprises de deuxième niveau, tout comme les entreprises de troisième niveau pour celles du niveau deux.
Bien sûr, au sommet de la chaîne, les fabricants d'équipement d'origine ou équipementiers sont mes clients, les fabricants d'automobiles. Ce n'est un secret pour personne que la base d'approvisionnement direct des équipementiers d'aujourd'hui doit constamment relever des défis, avec des stratégies obligatoires de réduction des coûts, afin de demeurer concurrentielle dans divers segments et composantes de produits. Mis à part la nouvelle réalité des tarifs sur les matières premières, ces défis sont bien réels, tout comme la lutte pour demeurer concurrentiels.
Il est clair que l'acier et l'aluminium sont les principaux matériaux qui entrent dans la construction des véhicules d'aujourd'hui et de demain. Cela ne fait aucun doute. Par ailleurs, j'aimerais mettre en lumière l'énorme quantité d'outils et d'équipement nécessaires pour créer ces composants et une vaste gamme d'autres éléments qui, mis ensemble, contribuent à la création de ce chef-d'oeuvre.
Les coûts de fabrication de ces ensembles d'outillage et d'équipement, de ces cellules et de ces systèmes postérieurs aux opérations des chaînes de montage représentent souvent plus de 60 % du budget d'un programme, avec très peu de marge de manoeuvre pour éliminer les déchets et rationaliser notre cheminement vers la rentabilité, aussi petites que soient ces marges de profit. C'est la réalité à laquelle nous sommes confrontés.
Le mouvement mondial vers Industrie 4.0, et maintenant, 5.0, la nouvelle façon d'organiser la production dans le secteur de la fabrication, évolue à un rythme effréné. Plus précisément, la nécessité pour les usines de fabrication de premier niveau de se transformer et se réoutiller en vue de cette nouvelle génération de moyens de production dépend dans une large mesure de la mise en place de postes de travail automatisés pour créer des pièces et des accessoires. Je parle ici de l'augmentation incontrôlée des coûts de ces outils et équipement automatisés.
Les principaux éléments de cet outillage et de cet équipement sont effectivement — vous l'avez deviné — l'acier et l'aluminium. Sans une formule moderne d'automatisation et de transfert des biens de fabrication traditionnels et des capitaux propres vers ce nouveau modèle, l'avenir ne sera pas rose pour des gens comme moi qui oeuvrent dans des entreprises de premier niveau. On peut penser à une augmentation rapide des structures de coûts et à un recul de la compétitivité sur le marché.
C'est sans compter le fardeau imposé aux constructeurs automobiles, dont les fournisseurs de pièces sont obligés de fermer leurs portes, ce qui se produit parce qu'ils ne sont plus suffisamment rentables pour continuer leur approvisionnement. C'est toujours la hausse des coûts d'exploitation qui est en cause, surtout dans une entreprise qui survit à peine avec des marges à un chiffre.
De mon point de vue, au niveau un, les prix des contrats de nos fournisseurs de produits d'automatisation ont augmenté de 10 à 15 % et, dans certains cas, lorsque la teneur en acier et en aluminium est beaucoup plus élevée, je constate des augmentations de 25 à 35 %. Il ne s'agit pas seulement des fournisseurs de produits d'automatisation, mais aussi des fournisseurs de moules qui relèvent de nous à la CAMM, c'est-à-dire exactement les fournisseurs que la CAMM représente. C'est inacceptable.
Je ne peux pas soutenir un modèle d'affaires concurrentiel pour mes clients équipementiers avec ces coûts accrus dans ma propre base d'approvisionnement, la plupart de ces coûts étant absorbés par moi ou le fabricant d'automobiles. Déjà, cela prend la forme pour un fournisseur de niveau un de rabais annuels obligatoires élevés.
Les programmes d'incitatifs commerciaux et d'exonération des droits et les règles qu'ils doivent respecter ne sont pas clairs ni faciles à suivre. Les formalités administratives et le remboursement des droits peuvent prendre de quatre à six mois. Ces défis en matière de réglementation font partie intégrante d'une lutte permanente, principalement au chapitre de la concurrence des sous-produits, avec un fardeau de flux de trésorerie qui restreint encore davantage les marges. L'intégration des coûts tarifaires inévitables dans nos modèles de prix pour nos clients en amont est encore plus difficile si nous voulons être considérés comme un fournisseur de choix.
Notre secteur manufacturier est également à la merci de la réduction du financement gouvernemental, notamment pour la recherche scientifique et le développement expérimental. Comme nous le savons, le réinvestissement des fonds de R-D dans une entreprise pour lui permettre de s'associer à des entreprises du niveau un et aux fabricants d'automobiles pour ce qui est des technologies de pointe figure au premier plan parmi les qualités d'une entreprise qui veut faire partie des fournisseurs de choix d'un fabricant d'automobiles. Je peux vous assurer que cela compte beaucoup pour ceux qui se situent au sommet de cette chaîne. Les constructeurs automobiles nord-américains, japonais, chinois et coréens se ressemblent et ont tous ce trait en commun.
À ce stade-ci, d'une façon générale, j'aimerais me faire l'écho des nombreux faits et chiffres, questions préoccupantes, données quantifiables, ressources et conclusions d'étude qui nous ont été transmis par les propriétaires d'entreprises et les intervenants canadiens du monde des affaires qui, sans aucun doute, ressentent déjà le lourd fardeau de l'imposition récente des tarifs sur l'acier et l'aluminium. Cela se répercute non seulement sur l'énorme base du secteur automobile et manufacturier, mais aussi sur les industries de l'aviation, de l'aérospatiale et de la défense, ainsi que sur l'industrie maritime, soit presque toutes les industries qui nous obligent à nous appuyer sur une base commune de matériaux d'outillage en aluminium et en acier, aujourd'hui et demain, pour créer des produits.
En conclusion, compte tenu de la réussite des négociations de la Corée du Sud sur l'élimination des tarifs sur l'acier et l'aluminium avec les États-Unis en mars 2018, la Canadian Association of Moldmakers pose la question suivante au gouvernement fédéral: que faites-vous pour négocier un résultat semblable, afin d'assurer la prospérité de nos entreprises canadiennes?
Merci.
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Je remercie encore une fois nos témoins d'être ici aujourd'hui. Je suis heureux de vous revoir. Je connais Jonathon et j'ai eu la chance de passer du temps à Windsor cet été.
La question que je me pose — et tous les témoins l'ont dit ce matin — concerne la difficulté d'accès à une forme quelconque d'exonération des droits ou de report des droits, peu importe comment vous voulez appeler cela.
J'ai besoin de comprendre. Lorsque nous en avons parlé pendant l'été, il a été dit: « Écoutez. Deux ou trois mois, c'est le maximum que nous pouvons attendre — quatre mois tout au plus — avant que les choses se règlent. » La question est donc, si nous n'obtenons pas d'accord, ce qui inclurait l'élimination des tarifs sur l'acier et l'aluminium, il faudra attendre de quatre à six mois... à condition d'être admissibles. Comment allons-nous survivre?
Nous en sommes maintenant au quatrième mois. J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Je pense que nous arrivons à un point critique. Vous étiez déjà stressés lorsque je vous ai parlé pendant l'été, alors que même pas deux ou trois mois s'étaient écoulés.
Dites-nous combien de temps nous pouvons supporter cela. J'entends des gens dire qu'ils vont déménager des usines aux États-Unis s'ils le peuvent. Je me rends compte qu'un type qui a 20 employés ne peut pas le faire, mais quelqu'un qui a 50 millions et plus, probablement. Où en sont les gens dans vos organisations?
S'il s'agit de fournisseurs, ces choses peuvent être transférées aux États-Unis, et cela pourrait se faire parce qu'ils essaient de garder leur chaîne d'approvisionnement intacte, au coût le plus bas possible pour ces équipementiers, notamment.
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Premièrement, nous tenons à féliciter le gouvernement fédéral au sujet de la négociation de l'AEUMC, qui comporte de bons éléments. Il contient des dispositions qui garantiront une certaine croissance et une certaine prospérité au Canada, même si nous devons déclarer publiquement que sans l'élimination des tarifs sur l'acier et l'aluminium, l'accord ne vaut rien pour nous, tant qu'il n'entrera pas en vigueur.
Cela dit, nous subissons le plein fardeau des tarifs sur l'acier et l'aluminium, et les accords que la BDC et EDC ont conclus ne fonctionnent pas réellement. Ils n'auront pas l'effet positif que vous recherchez parce qu'ils n'ont aucun sens d'un point de vue financier ou commercial.
Nous estimons que le fait d'obtenir du financement de la BDC ne représente rien de plus que financer le gouvernement fédéral. Ce que nous pensons, c'est qu'il y a encore un coût. Il n'y a aucune garantie de suppression des tarifs. Par conséquent, nous ne pouvons pas les exclure de nos coûts, et nous allons donc continuer de les inclure, ce qui continuera de rendre les fournisseurs canadiens non concurrentiels. Dans un marché déjà très concurrentiel, nous n'aurons d'autre choix que de trouver d'autres mesures concurrentielles et, à l'heure actuelle, de telles mesures n'existent pas au Canada.
Il ne faudra pas beaucoup de temps avant que les fournisseurs canadiens commencent à chercher des solutions de rechange, et nous le faisons déjà. Le fait de nous donner la possibilité d'emprunter n'est pas un bon modèle d'affaires, à court ou à long terme, et ne nous apporte rien. Si nous voulons emprunter, nous obtiendrons des prêts de nos propres banques. Nous n'avons pas besoin de l'aide du gouvernement pour vous appuyer.
Tout d'abord, j'aimerais saluer M. Toupin. Ma collègue , députée de Jonquière, n'a pas pu être ici aujourd'hui. Je sais que vous êtes situé dans sa circonscription. Elle voulait que je vous transmette ses salutations. Elle est à la Chambre des communes.
Je veux me concentrer sur la CAMM. Ses représentants viennent de Windsor-Essex. Ils étaient ici au printemps pour parler de l'impact potentiel de cette situation, et tout au long de l'été, nous l'avons vu et ressenti très profondément dans notre région. Dans un rayon de 30 kilomètres de Windsor–Essex, il y a 250 fabricants de moules, d'outils et de matrices. Il s'agit d'une énorme base d'emplois dans notre région, qui a survécu à la période la plus difficile de la récession et qui s'est diversifiée, ce qui a contribué à créer de nouveaux emplois, qui se retrouvent encore une fois menacés. Quatre ou cinq des plus grands fabricants de moules en Amérique du Nord se trouvent dans notre région. Je crois que M. Bilton nous a dit qu'environ 13 000 emplois dans notre seule région, dans ce seul secteur, sont touchés.
Je veux parler des mesures qui s'imposent, des mesures concrètes qui sont nécessaires. Je pense que M. Azzopardi nous a dit très clairement ce qui ne fonctionne pas. Nous avons tenu une assemblée publique au milieu de l'été, et 300 personnes sont venues, sans grand préavis, pour parler des répercussions sur leurs entreprises.
Monsieur Azzopardi, pourriez-vous faire le point sur la situation actuelle et nous dire ce qui, selon vous, doit être fait pour appuyer le secteur?
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Merci, madame Ramsey. Merci de tout le soutien que vous nous apportez. Nous vous en sommes très reconnaissants. Nous avons reçu beaucoup d'appuis au cours de l'été. J'essaie de trouver une façon de régler le problème.
Selon ce que nous avons vu, le gouvernement pourrait faire davantage en appuyant le FSI, le Fonds stratégique pour l'innovation, qui s'adresse spécifiquement aux producteurs d'acier et d'aluminium, et qui ne va pas assez loin. Nous croyons qu'il est axé sur le mauvais secteur. À l'heure actuelle, il vise les producteurs d'acier et d'aluminium. Ce qui est malheureux, c'est que nous avons constaté du côté des producteurs d'acier et d'aluminium qu'il n'y a pas d'intention d'accroître l'offre et la demande.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, nous surveillons la situation de l'acier, qui est devenu un produit de base, alors que l'industrie a connu beaucoup de consolidation au fil des ans. En ce qui a trait au contrôle de l'offre et de la demande, aucune nouvelle fonderie ne sera mise en service. À l'heure actuelle, nous croyons que ce financement n'a pas l'effet escompté et qu'il devrait être élargi et ouvert aux fonderies d'acier et d'aluminium de premier et de deuxième niveaux.
Nous croyons que si vous voulez conclure un accord avec les États-Unis et le Mexique, votre travail ne sera pas terminé tant que vous n'aurez pas répondu aux questions suivantes.
Quel est le plan du gouvernement pour protéger ses frontières contre les pays qui veulent importer au Canada pour avoir accès aux États-Unis et au Mexique? Qu'allez-vous faire pour protéger nos frontières des pays où les coûts sont faibles et qui veulent profiter des entreprises canadiennes, des pays qui ne veulent rien de plus qu'élargir leur accès et qui n'ont pas l'intention d'employer des Canadiens? Comment le gouvernement canadien compte-t-il nous protéger contre la fabrication d'acier par des pays où les coûts sont faibles et qui utilisent des subventions gouvernementales alimentées par une main-d'oeuvre peu coûteuse pour intégrer le marché canadien ou y obtenir une participation majoritaire? Quelle est la stratégie à long terme pour que le secteur manufacturier au Canada exporte vers les partenaires de l'AEUMC et d'autres pays, alors que nous continuons de réduire le financement gouvernemental pour les PME et d'éliminer virtuellement les PME du FSI en faisant passer le seuil minimum de 2 millions à 10 millions de dollars pour les projets? Vous nous dites essentiellement que vous ne voulez pas de PME au Canada, parce que nous ne pouvons même pas atteindre ce seuil minimal. Pourquoi réduisez-vous notre accès au programme de recherche scientifique et de développement expérimental en éliminant les dépenses en capital et en continuant de réduire le montant de remplacement minimum? Pourquoi supprimez-vous le financement d'OMA pour nos deux principaux partenaires commerciaux, le Mexique et les États-Unis?
Pourquoi créez-vous un environnement fiscal non concurrentiel pour les entreprises canadiennes par rapport à d'autres pays? Notre taux d'imposition combiné de plus de 26,5 % est plus élevé que celui des autres partenaires avec lesquels nous essayons de concurrencer, et vous éliminez maintenant le fractionnement du revenu. Le programme d'amortissement accéléré pour l'achat d'équipement est réduit à un taux inférieur au taux que notre plus grand partenaire commercial doit payer, alors que vous appuyez des programmes qui nous rendent moins concurrentiels, comme le système de plafonnement et d'échange et la taxe sur le carbone, dont les administrations mondiales avec lesquelles nous essayons de concurrencer n'ont pas à se soucier — et ce, alors que le Canada est un consommateur net, et non un producteur net, de carbone.
Nous estimons que, dans bien des cas, le gouvernement fédéral n'utilise pas son temps à bon escient et adopte des stratégies qui n'ajoutent pas de valeur et qui ne soutiennent pas le plus important contributeur au PIB et employeur au Canada.
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Merci, monsieur le président.
Je suis très heureux de voir mes amis de la région du Lac-Saint-Jean. Je n'aurais sûrement pas manqué l'occasion de vous rencontrer et de vous parler. Je vous remercie encore une fois de comparaître devant ce comité.
Comme nous le savons, depuis le 1er juin 2018, les États-Unis et leur imprévisible président nous imposent une surtaxe qui est injuste et injustifiée.
Messieurs Thibeault et Toupin, je vais essayer de formuler mes questions le plus brièvement possible, de façon à vous laisser plus de temps pour y répondre.
Le gouvernement du Canada a retiré environ 2,5 milliards de dollars par année de ces surtaxes. À votre avis, comment devrions-nous utiliser cet argent pour venir en aide à l'industrie, particulièrement dans la région du Lac-Saint-Jean?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mes questions s’adressent à MM. Thibeault et Toupin. Il semble que ce sont les plus petits joueurs qui souffrent en ce moment et qui continueront de souffrir au cours des prochains mois si rien n’est fait. Je crois pouvoir dire que tout le monde a été surpris d’apprendre que, à la signature du nouvel accord, ces droits de douane étaient encore en place. Des témoins que nous avons entendus précédemment nous ont dit que nous devions soit obtenir un nouvel accord, soit éliminer les tarifs. Le fait que l'accord prévoit encore des droits de douane est non seulement surprenant, mais aussi troublant.
J’aimerais revenir à ce que vous avez souligné plus tôt. Vous m’avez dit, si je ne m'abuse, que les droits de douane grugent tous vos profits. Ne faites-vous plus aucun profit? Ne faites-vous plus d’argent du tout? Vous hochez la tête, c'est donc plutôt le cas.
Je m’inquiète de savoir combien de temps vous pourrez tenir à ce compte-là. Au cours de l’été, j’ai rencontré des représentants de petites entreprises qui m'ont dit être sur le point de prendre le genre de décisions que vous-mêmes devez prendre en ce moment. Il est possible qu’ils implantent leur entreprise ailleurs. Selon vous, combien de temps les petites entreprises comme la vôtre pourront-elles survivre si nous ne réglons pas ce problème? C’est une question difficile, je sais.
Pour notre part, nous avons quatre usines au Canada. Il ne faut pas oublier que nous sommes captifs en quelque sorte, nous sommes soumis aux risques politiques et aux lois fiscales propres au Canada. À partir du moment où une entreprise a un pied-à-terre aux États-Unis ou ailleurs, elle diversifie les risques politiques et fiscaux. Quand les États-Unis ont assoupli les mesures fiscales s'appliquant aux PME, il est devenu avantageux, pour une entreprise, d'envisager d'y avoir un pied-à-terre. C'est la même chose en ce qui concerne les risques politiques.
Le fait d'être captif d'un seul pays augmente les risques. Diversifier ceux-ci dans d'autres pays permet de se donner de la souplesse, par exemple, pour acheminer des produits vers les États-Unis ou un autre pays, comme le Brésil. Il devient plus facile de gérer ces risques, mais ils sont là.
Comme vous l'avez dit tout à l'heure, nous sommes avant tout des patriotes. Nous sommes issus d'une région. Nous voulons créer des emplois dans nos régions. C'est la mission que nous nous donnons. À partir du moment où, sur le plan fiscal ou politique, cela devient ingérable, il est certain que cela nous amènera à envisager d'autres avenues.
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Au vu des témoignages présentés au Comité, il ne fait aucun doute que nous nous trouvons dans une situation d’urgence qui exige une intervention non partisane. Le programme et les autres mesures mis en oeuvre ne fonctionnent pas en réalité. Ils n’aident pas les petites et moyennes entreprises et ne protègent pas les emplois canadiens. Si nous n’agissons pas urgemment, les ravages seront généralisés et s'étendront de ma circonscription d’Essex, à Windsor, au Québec et à d’autres régions du pays. J'estime que la viabilité de notre secteur manufacturier est menacée par ces tarifs. Il n'est pas temps de nous féliciter de ce que nous avons réalisé avec les États-Unis alors que nous sommes encore confrontés à cette grave menace.
Je vous remercie d’avoir soulevé la question de la stratégie à long terme à adopter dans le secteur manufacturier et dans le secteur de l'automobile. Nous avons cruellement besoin d'une telle stratégie au Canada. Nous ne pouvons pas contrôler ce qui se passe au sud de la frontière, mais nous pouvons contrôler ce qui se passe dans notre propre pays. Il est temps que nous assumions cette responsabilité et que nous nous tournions vers vous tous pour trouver des solutions.
Au cours de l’été, le NPD a demandé la création d’un groupe de travail national sur les tarifs, non pas dans une optique partisane, mais bien pour affirmer qu’il s’agit d’une situation d’urgence qui exige toute notre attention et de nouvelles façons de faire, parce que ce que nous faisons actuellement ne fonctionne pas.
Enfin, j’aimerais vous poser une question au sujet des répercussions sur les emplois. Nous avons beaucoup parlé de vos entreprises, mais il ne faudrait pas oublier les gens qui travaillent dans vos usines.
Au nom des fabricants de moules, pouvez-vous nous parler des conséquences de la situation actuelle sur les emplois dans notre région et nous dire ce que vous avez constaté au cours de cette période d’instabilité?
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Nous allons commencer la deuxième série de questions.
Comme tout le monde le sait, je crois, nous menons notre étude sur les répercussions des tarifs sur les Canadiens et sur les entreprises.
Je vous souhaite la bienvenue à notre comité.
Je mentionne, au cas où ce serait votre premier témoignage ici, que nous vous demandons d'essayer de ne pas dépasser les cinq minutes afin de garder beaucoup de temps pour dialoguer avec les députés.
Sans plus tarder, nous nous tournons vers le président d'ASW Steel Inc., M. Clutterbuck.
Monsieur, vous avez la parole.
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Monsieur le président, chers membres du Comité, je vous remercie de m’avoir invité à témoigner ici aujourd’hui.
ASW Steel Inc. est un fabricant d’acier spécialisé situé à Welland, en Ontario. Nous sommes une filiale en propriété exclusive de Union Electric Steel, une division de la société cotée en bourse Ampco-Pittsburgh Corporation.
ASW fournit 125 emplois à temps plein de grande qualité dans la région de Niagara, où les emplois dans le secteur manufacturier sont rares et où les taux de chômage, qui sont de 25 % plus élevés que les moyennes nationale et provinciale, occupent le troisième rang au pays. Ces bons emplois, ainsi que le commerce qui en découle, génèrent des retombées économiques quadruplées pour les Canadiens.
ASW est le seul atelier de coulée d'acier inoxydable au Canada et l’un des trois seuls ateliers du genre à fournir des lingots d'acier inoxydable en Amérique du Nord.
Depuis 2012, ASW exploite le site anciennement occupé par Atlas Specialty Steels et y fabrique des produits primaires en acier spécialisé pour les ateliers de forge et les laminoirs. Il est à noter qu'ASW fournira l’acier inoxydable nécessaire à la production de raccords d’extrémité pour le projet de remise à neuf de la centrale nucléaire de Bruce Power. De plus, nous avons établi des partenariats pour la production de prototypes de barres d’armature en acier inoxydable résistant à la corrosion qui serviront à la construction de ponts partout au Canada. Avant l’arrivée d'ASW, ces produits étaient entièrement importés.
Depuis sa création, ASW a connu une croissance exceptionnelle, enregistrant des ventes annuelles de 100 millions de dollars en moins de 5 ans. Malheureusement, l'essentiel de cette croissance est attribuable au marché américain.
Dans ce contexte, ce serait un euphémisme de dire que l’imposition de droits de douane de 25 % sur l’acier canadien en vertu de l’article 232 de la Trade Expansion Act a un effet négatif important sur les affaires d'ASW. Nos clients américains n’ont pas les moyens de payer des tarifs fantaisistes sur un matériau qui se vendait initialement à un prix raisonnable. De plus, nos marges de profit sont trop minces pour que nous puissions absorber de telles sommes. Par conséquent, des commandes sont annulées et les demandes de devis se font plus rares.
Bien que, à ASW, nous ayons été proactifs dans la recherche de nouveaux débouchés au Canada, les processus d’approbation des clients prennent du temps. Les contre-mesures sont les bienvenues. Toutefois, si les programmes d’exonération des droits et de remboursement ont apporté un soulagement temporaire aux utilisateurs d’acier, ils ont procuré très peu d’avantages à court terme pour ASW. Le processus de remise est complexe et, pendant que le personnel compétent du gouvernement s’efforce de répondre aux besoins conflictuels des producteurs et des utilisateurs d’acier, les chaînes d’approvisionnement sont perturbées et nos entreprises en souffrent. Le boom de l’acier dont on se vante au sud de la frontière ne va pas de soi au Canada.
En cette difficile période d’adaptation, nous demandons l’accès à un soutien gouvernemental adéquat afin de parer aux mises à pied et à d’autres conséquences à long terme. Bien qu’une solution rapide à l’impasse commerciale serait la solution idéale, nous n'avons d'autre choix, à l'heure actuelle, que de reporter notre attention sur les marchés canadien et international. Pour ce faire, nous avons besoin de temps et de l’aide de notre gouvernement.
Plus précisément, ASW recommande les mesures suivantes pour aider à atténuer les pertes, stimuler la consommation intérieure et dégager le temps d'adaptation nécessaire.
Premièrement, donner des directives à tous les organismes d’approvisionnement du gouvernement pour qu’ils s’approvisionnent uniquement en acier fondu canadien.
Deuxièmement, offrir des mesures incitatives du type « Achetez des produits canadiens » pour l’acier fondu au Canada.
Troisièmement, redistribuer les fonds tarifaires aux entreprises lésées sous forme de règlements pour compenser les pertes causées par cette mesure commerciale illégale.
Enfin, accorder des subventions pour permettre aux petites et moyennes entreprises d’adapter leur offre de produits afin de répondre aux besoins canadiens, ce que la production nationale échoue à faire actuellement.
En ce qui concerne le dernier point, ASW s’est penchée sur le Fonds stratégique pour l’innovation du gouvernement, mais notre société ne s'inscrit pas dans les seuils prescrits par le programme. Nous préparons tout de même des demandes et nous espérons que ces obstacles à la participation seront levés.
Nous sommes encouragés par l'accord États-Unis–Mexique–Canada, soit l'AEUMC. Cependant, nous craignons que le représentant commercial des États-Unis favorise les quotas plutôt que l’élimination des tarifs. Des quotas restrictifs limiteront la croissance et freineront les investissements dans les entreprises canadiennes. À notre avis, toute entreprise nord-américaine prête à investir dans des installations en Amérique du Nord devrait être récompensée en obtenant un accès sans entraves à tous les marchés du continent. ASW suggère fortement que le gouvernement ne ménage aucun effort pour obtenir une exclusion complète des 232 mesures pour les entreprises de propriété nord-américaine. Voilà qui doit être une priorité.
Pour conclure, monsieur le président, nous remercions le gouvernement d’avoir agi rapidement dans le dossier des droits de douane américains sur l’acier et nous applaudissons la mise en place de droits de rétorsion et de mesures de protection pour empêcher un afflux de l’acier étranger par ricochet. Ces mesures essentielles se sont révélées efficaces à court terme.
Toutefois, à long terme, les États-Unis demeurent un important marché d’exportation pour les producteurs d’acier canadiens. Confrontés à un maintien des tarifs en 2019, nous nous retrouverons dans une situation de plus en plus difficile. Jusqu'à maintenant, les propriétaires ont fait montre de patience, mais cette patience a ses limites. Il existe une réelle possibilité que le Canada perde ASW, une entreprise unique en son genre. Compte tenu des 125 emplois qu'elle fournit et des retombées quadruplées qu'elle génère, une telle disparition porterait un dur coup à la région du Niagara, qui éprouve déjà des difficultés.
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de m'écouter. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Boart Longyear existe depuis la fin du XIX
e siècle. C’est l’un des principaux fournisseurs des sociétés minières et des entreprises de forage en matière de services de forage, d’équipement de forage et d’outils de performance.
À l’heure actuelle, Boart Longyear est une filiale d’une société mère australienne, mais nous sommes en train d’essayer de la relocaliser au Canada. La division des services mondiaux de forage exerce ses activités dans 30 pays aux quatre coins du monde et compte une clientèle minière diversifiée qui comprend les secteurs du cuivre, de l’or, du nickel, du zinc et d’autres métaux et minéraux. Nous vendons également nos produits dans 100 pays. Notre entreprise compte six usines, dont deux sont situées au Canada, l'une à Mississauga et l’autre à North Bay. Ces deux usines sont essentielles pour notre capacité d’approvisionnement mondiale.
Boart Longyear est très présente au Canada, en particulier dans le secteur manufacturier. Nos usines canadiennes sont en activité depuis les années 1950.
Au Canada, notre entreprise compte environ 1 000 employés répartis dans 7 emplacements d'un océan à l'autre, soit à Calgary, à Haileybury et dans plusieurs endroits en Ontario, dont Sturgeon Falls et Sudbury, ainsi qu'à Val-d’Or. Deux usines sont d’une importance capitale pour nous: d'abord, celle de North Bay, où sont fabriqués 90 % de notre approvisionnement mondial en tiges de carottage, lesquelles sont vendues partout dans le monde; ensuite, notre usine de Mississauga, qui est l'unique fournisseur de tiges de production de trous profonds.
Notre entreprise compte environ 71 employés à l’usine de Mississauga, y compris dans des locaux à bureaux. De l’ingénierie aux services financiers et juridiques en passant par les TI, notre usine comprend tous les services. À l’heure actuelle, seulement 46 employés sont affectés à la fabrication du produit, puisque la demande a chuté en raison des droits de douane. Comme l’indique la diapositive, on prévoit que 2,8 kilotonnes d'acier seront utilisées en 2018, alors que la capacité de production s'élève à 10 kilotonnes. L'usine ne produit actuellement que le tiers de sa capacité totale.
Avant que les tarifs soient mis en place, nous nous procurions le matériau pour l’usine de Mississauga auprès de fournisseurs qui avaient des points de distribution aux États-Unis. Nous recevions des livraisons quotidiennes. Les camions venus de ces points de distribution arrivaient juste à temps, ce qui nous permettait de maintenir des stocks modestes et de réduire nos coûts de base. Les tarifs nous ont forcés à modifier la manutention des matériaux, qui viennent désormais d’Europe. Ils sont livrés directement par bateau et par voie terrestre à notre usine de Mississauga. Cependant, cette situation nous oblige à maintenir des stocks supplémentaires considérables à notre emplacement de Mississauga, ce qui a une incidence sur le coût de notre produit.
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Très bien. Je vais donc regrouper plusieurs choses.
L’acier que nous achetons vient des États-Unis. Il s'agit d'acier laminé à chaud, qui est ensuite transformé par nos fournisseurs de tubes d’acier. Nous avons un tel fournisseur aux États-Unis et un autre au Canada. Ils s’approvisionnent tous les deux aux États-Unis, parce qu'on y trouve un acier dont le niveau de tolérance particulier, non standard dans l'industrie, est nécessaire à la fabrication de nos produits. Ils produisent des lots selon nos spécifications et se chargent de la transformation.
Nous travaillons avec ces fournisseurs de tubes depuis plus de 12 ans. Encore une fois, ce produit n’est pas courant à l’échelle mondiale. Il est très spécifique à nos produits et à nos procédés. Nous importons ensuite le matériel au Canada. Il est touché par le coût plus élevé des matières premières en vigueur aux États-Unis et au Canada, à cause des tarifs américains et des droits de douane payables au Canada.
Jusqu’à maintenant cette année, nous avons payé 800 000 $ en droits canadiens à l'importation pour ces produits. Nous avons présenté des demandes de remboursement des droits de douane et elles sont en cours de traitement. Cela a un impact important sur nos activités. Au taux de production normal sur un an, cela aurait un impact de 12 millions de dollars par année sur notre entreprise en simples droits de douane.
Nous avons vu la demande pour nos produits diminuer depuis juillet de cette année, à la fois en raison de l’augmentation du coût des matières premières que nous achetons aux États-Unis et de l’augmentation du coût des tarifs que nous devons transmettre à nos clients. Par conséquent, nous avons commencé l'année avec une production à trois quarts de travail, ce qui représentait une augmentation d’un quart par rapport à l’an dernier. Nous l'avons fait dans l'expectative qu'en 2018, nous connaîtrions une augmentation de 20 % de notre volume de ventes. Après avoir pris connaissance de ces tarifs douaniers, nous avons réduit nos perspectives de production à un quart de travail, ce qui risque de faire fonctionner notre usine de fabrication au ralenti pendant de nombreuses semaines.
Il s'agit d'effets très importants pour notre usine. Le groupe d’experts précédent a parlé du flux de matières en provenance des États-Unis et de la mise en réserve de matières premières. Nous utilisons également cette quantité de matériaux et, à partir de l’année prochaine, nous ne savons pas trop quelles seront les répercussions des tarifs et la capacité de nos clients à soutenir cette pression sur les coûts.
Nous avons examiné les plus récentes mesures de sauvegarde provisoires, qui entreront en vigueur le 25 octobre. Nous avons examiné les matériaux qui ont été identifiés dans le cadre de ce processus, et il semble que 94 % des matières tarifées qui entrent au Canada seraient ou pourraient être dispensées de tarifs. Les 6 % restants d'articles actuellement visés par des droits de douane ne figuraient pas sur le document joint à la mesure de sauvegarde. Cet impact se chiffrerait pour nous à environ 720 000 $ par année. Cela nous touche donc encore un peu.
Le point le plus important à retenir, c’est que nos concurrents, qui fabriquent des produits semblables sur le marché mondial, ne les produisent pas au Canada. Ils les fabriquent sur d’autres continents et achètent des matières premières dans d'autres continents, soit en Europe, en Asie ou en Amérique latine. Ainsi, ils achètent des matières premières à un coût inférieur à celui de l’Amérique du Nord, et ils ne sont pas non plus assujettis à des droits de douane lorsqu’ils importent ces produits au Canada ou lorsqu’ils les vendent sur le marché mondial, où nous sommes également en concurrence.
Nous sommes désavantagés sur le plan de la concurrence. Nous tentons d'anticiper la durée de ces répercussions tarifaires et nous prenons des décisions quant aux endroits où nous investissons et injectons des capitaux dans notre entreprise. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Welded Tube est composée de deux divisions: une division énergétique, qui produit des fournitures tubulaires pour puits de pétrole, les FTPP; une division d'acier rapide, qui fabrique des produits industriels pour des structures mécaniques et des structures de coque. Notre clientèle est normalement constituée à 50 % de Canadiens et à 50 % d’Américains. Le marché américain atteint parfois les 70 %.
Étant donné que nos installations de production se trouvent principalement en Ontario — il y a une usine juste de l’autre côté de la frontière, à Lackawanna, dans l’État de New York —, la majeure partie de notre approvisionnement en acier se fait habituellement auprès des aciéries canadiennes de l’Ontario. Welded Tube achète également des produits d'aciéries américaines en Ohio et au Michigan. Après l'imposition de tarifs par les deux pays, nous avons réacheminé tous les produits destinés au marché canadien pour qu’ils soient entièrement transformés et produits au Canada afin d’éviter tous ces tarifs.
En ce qui concerne la section des fournitures tubulaires pour puits de pétrole de l’usine, avant le 1er juin 2018, date d’entrée en vigueur des droits de douane américains, toute la production de fournitures tubulaires de Welded Tube se faisait à notre usine de fraises pour tubage de Lackawanna, dans l’État de New York, en utilisant de l’acier produit au Canada par Stelco et ArcelorMittal Dofasco. Cette installation produisait ce que nous appelons des « tubes semi-finis », qui étaient ensuite acheminés vers nos installations de Welland et de Port Colborne en Ontario pour être transformés en produits finis avant d’être envoyés à nos clients, tant canadiens qu'américains.
Notre clientèle compte essentiellement sur le fait que nous continuions à produire à Lackawanna, mais les tarifs ont eu une incidence sur nos coûts, ce qui a entraîné une perte de part de marché américain. C'est une perte de part de marché d'environ 25 % que nous avons connue aux États-Unis lorsque ces tarifs ont été imposés.
Lorsque les États-Unis ont imposé des droits de douane sur l’acier canadien qui entrait aux États-Unis, nous avons immédiatement dû réduire l’utilisation de notre usine de Lackawanna de 75 % à 50 % et 22 employés ont été mis à pied. L’usine a été fermée pendant quatre semaines entre juillet et août. Notre installation de Welland est passée d'une utilisation à 100 % à une utilisation à 75 % de sa capacité et 45 employés ont été mis à pied, ce qui représente 19 % de l’effectif sur une base horaire. De plus, nous avons dû retrancher une autre semaine de production pour les mêmes raisons.
À ce jour, les droits de douane que Welded Tube doit absorber pour ses activités aux États-Unis grugent ses marges et la mettent dans une situation qui n’est pas viable quant à son marché et ses clients américains. L’existence continue de ces droits de douane érode la confiance de nos clients dans Welded Tube. En termes simples, la viabilité à long terme de nos activités de production de FTPP pour le domaine énergétique n’est pas possible dans un contexte de tarifs douaniers entre le Canada et les États-Unis.
En collaboration avec l’ASFC, nous avons examiné la possibilité d’obtenir l’approbation pour l’exonération et le remboursement des droits de douane. Nous avons reçu l’approbation pour l’exonération des droits de douane le 16 août. Nous sommes en train d’obtenir l’approbation pour le remboursement des droits de douane pour la période précédant l’exonération des droits, du 1er juillet au 16 août, date à laquelle nous avons reçu l'autorisation pour l’exonération des droits. Le casse-tête, c’est que nous payons les droits imposés par le gouvernement canadien sur l’acier canadien transformé par des métallurgistes canadiens. Du 1er juillet au 16 août, pendant un mois et demi, nous avons versé plus de 4 millions de dollars au gouvernement canadien. Nous espérons pouvoir récupérer la plus grande partie de cette somme lorsque nous recevrons l’approbation pour le remboursement des droits.
Pour ce qui est du volet industriel de notre division, le marché est incroyablement fort en 2018. Il est à son plus haut niveau en plus de 14 ans. Malgré cela, nous avons essentiellement perdu 25 % de nos parts... pendant cette forte hausse du marché. La demande pour les fournitures tubulaires américaines est très forte. En règle générale, notre clientèle est divisée à parts égales entre les États-Unis et le Canada. Une grande partie de ce que nous fabriquons aux États-Unis l'est à partir de matériaux provenant des États-Unis. Par conséquent, nos expéditions aux États-Unis après le 1er juin sont de 38 % inférieures à ce qu’elles étaient avant le 1er juin. Nombre de nos relations d'affaires sont tendues, au mieux. Malgré la vigueur du marché, depuis l'imposition des tarifs américains sur l'acier canadien le 1er juin, nous avons constaté une réduction de 38 %.
Quant à l'effet des différents tarifs sur les coûts, il y a eu des millions de dollars de frais supplémentaires uniquement attribuables aux tarifs, et nous avons vu une diminution de notre chiffre d'affaires américain pour les fournitures tubulaires industrielles de 38 % depuis l'imposition des tarifs, et ce, malgré la vigueur du marché. Notre clientèle américaine a diminué de 25 % dans notre secteur énergétique de production de fournitures tubulaires pour les mêmes raisons. Ces tarifs ont mis à l'épreuve nos relations avec nos clients américains et cela aura des effets à long terme sur les affaires. Bon nombre de nos activités commerciales aux États-Unis sont en fonction de programmes de travail de six mois avec prolongation possible d'un an, alors quand le contrat est perdu, il est perdu pour de bon.
En ce qui concerne l’article 232 et l’ALENA, maintenant l’AEUMC, comme vous le savez, les tarifs sur l’acier ne faisaient pas partie de l’AEUMC. Par conséquent, ils sont maintenant du ressort des gouvernements canadien et américain. Nous espérons que les tarifs seront supprimés et qu’ils seront remplacés par une sorte de système de quota qui reste à déterminer. Nous croyons que l’élimination des tarifs douaniers américains sur les produits canadiens devrait être immédiate. Étant donné que les exportations d’acier canadien n’ont jamais constitué une menace pour la sécurité nationale, la nature intégrée des marchés américain et canadien justifie manifestement un retour au libre-échange dans le commerce transfrontalier de l’acier, des tuyaux et des tubes.
Si le gouvernement américain n’est pas disposé à revenir au libre-échange des tuyaux et des tubes, nous appuyons à contrecoeur un système de quota équitable. Nos recommandations sont les suivantes: premièrement, nous demandons respectueusement que des parties prenantes comme Welded Tube soient invitées à la table pour discuter d’un tel système de quota avant sa mise en oeuvre.
Deuxièmement, nous aimerions qu’il y ait des quotas distincts pour les secteurs des tuyaux et des tubes, répartis en quatre sous-groupes, soit les FTPP, les tuyaux de canalisation, les structures et, bien sûr, les pièces mécaniques.
Le quota pour chaque sous-ensemble devrait être établi en fonction du tonnage que chaque entreprise de production — et non pas les courtiers ou les centres de service — génère sur une période donnée. Dans notre cas particulier, nous proposons que l'on se base sur les 5 premiers mois de 2018, avant les tarifs, sur une base annualisée. L’établissement de ce genre de quota pour la Corée du Sud — en fonction de la moyenne des trois dernières années — ne serait pas équitable pour nous. Notre industrie — le marché du pétrole et du gaz — s’est effondrée en 2015 et en 2016, ce qui a gravement touché un certain nombre d’entreprises. Il ne serait pas possible pour nous de revenir à une moyenne sur trois ans.
Ce n’est qu’à titre de solution de rechange à la recommandation précédente que nous recommanderions d’utiliser les expéditions de 2017, en raison de ce que je viens de dire au sujet de 2015 et 2016.
Dans l’éventualité où des quotas seraient imposés, nous recommandons qu’ils ne soient pas fermes. Les dépassements devraient être permis, moyennant un tarif raisonnable.
Enfin, nous croyons que le gouvernement canadien doit prendre des mesures de rétorsion contre les quotas imposés par les États-Unis. Sauf votre respect, les producteurs de tubes et de tuyaux canadiens doivent être consultés avant que le gouvernement canadien ne prenne position.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président. Je remercie les témoins d’être venus aujourd’hui.
J’ai une brève question à poser à M. Clutterbuck au sujet de votre situation antérieure — Atlas Steel était autrefois une importante usine à Welland, qui employait beaucoup de gens, des centaines, voire des milliers de personnes — et de la façon dont vous avez évolué pour devenir ASW.
Deuxièmement, il faut reconnaître le stress que subissent actuellement les employés de la région, dont certains sont d’anciens travailleurs d’Atlas, et la situation dans laquelle ils se trouvent actuellement. Quelle est votre stratégie pour l’avenir?
Troisièmement, vous en avez parlé plus tôt, mais pourriez-vous approfondir un peu la question des conditions économiques régionales? La région de Niagara a été durement touchée au cours de la dernière décennie. Comment tentez-vous, faute d’une meilleure expression, de rétablir un meilleur contexte économique dans toute la région?
Enfin, en quoi ASW est-elle une anomalie dans l’ensemble du secteur de l’acier et de l’aluminium?
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Je vais essayer de me souvenir de tout cela. Je vous remercie de vos questions.
Pour commencer, mon expérience au sein de l’entreprise — du commerce, de l’installation où nous nous trouvons actuellement — remonte à 1980. J’y ai commencé comme diplômé, c’était alors une entreprise qui employait 1 600 personnes. Elle fabriquait des produits d’acier pour le monde entier. En fait, elle fabriquait des produits pour Boart Longyear, qui constituaient des éléments importants de notre gamme de produits.
L’entreprise devait évoluer vers la propriété étrangère et, en 2003, sous la propriété d’une société canadienne, Slater Steel, elle a fermé ses portes. Je suis parti en 2000 lorsque Slater a acquis l’entreprise. En 2010, j’ai repris une entreprise qui n’avait essentiellement qu’une fonderie. Sur 1 600 personnes, il en restait 700 au moment de la fermeture en 2003. Je suis revenu dans le cadre d’une participation de capital-investissement en vue de relancer l'entreprise. Elle comptait 33 employés et leur seul objectif était de maintenir un certain niveau de compétence pour peut-être un jour relancer cette entreprise sans qu'elle ne s'effondre entretemps. Les anciennes aciéries ont du mal à s'installer dans la durée.
De 2010 à 2012, nous avons prouvé qu’elle était viable et qu'elle pouvait redémarrer. En 2012, au cours du premier trimestre, nous avons réembauché 70 personnes pour faire fonctionner l’installation. Nous sommes passés de zéro dollar de ventes, zéro tonne et aucune part du marché à 100 millions de dollars en 2017. Pour y arriver, il a fallu compter sur des personnes. Il n’y avait pas beaucoup de manuels pour nous aider à faire fonctionner tout cela. Nous avons dû retourner à l'acier inoxydable, verser des lingots et reprendre le travail de fonderie qui avait été complètement abandonné. Ce sont surtout les gens de Welland et l’esprit d’entreprise des employés qui ont assuré le succès de l'entreprise. Nous avions sous-estimé leurs compétences. Certains d’entre eux n’avaient pas terminé leurs études secondaires, mais ils pouvaient écrire une thèse sur la fusion de l’acier inoxydable.
La réalité, c’est que les gens représentent tout dans ce domaine. Ce sont eux qui sont le plus touchés par ces mesures. C’est malheureux. En fait, cette semaine, nous sommes fermés. Nous avions connu une période assez stable de 2014 jusqu’au premier trimestre de 2018. Au cours du deuxième trimestre et à la fin du premier trimestre, nous sommes essentiellement passés à temps partiel. La semaine dernière, nous avons travaillé trois jours. Cette semaine, nous avons complètement fermé. Nous avons perdu une semaine chacun des trois derniers mois. N’eût été un projet pour Bruce Power, nous aurions probablement travaillé encore moins.
Cela a été un défi. Lorsque nous examinons cette situation, nous disons: « Les gens souffrent. Qu’allons-nous faire? » Nous avons adopté une approche très proactive pour trouver des solutions canadiennes. Nous avons parlé à tous ceux qui voulaient bien nous écouter, ici à Ottawa ainsi qu’à Toronto — les ministères des Transports et autres. Nous sommes à la recherche de solutions de rechange pour essayer d’améliorer l'entreprise et faire des affaires au Canada.
Ce que je vois — et ce sera bon pour tout le monde, je suppose, si les tarifs disparaissent... Je dis « je suppose », car il pourrait y avoir des quotas au lieu des tarifs. Ce qui m’inquiète au sujet des quotas, c’est que pour des entreprises comme la nôtre, qui sont parties de rien pour arriver à quelque chose, les tarifs sont établis en fonction d'un historique de nombreuses années. Cet historique ne constitue pas une représentation pertinente de notre offre vers les États-Unis, de sorte que les droits de douane limiteront notre croissance. S’ils limitent la croissance des nouvelles entreprises, qui va investir au Canada? J’ai du mal à comprendre qui investira au Canada. Je pense que nos collègues du groupe de témoins nous disent la même chose aujourd’hui. Qui va investir dans notre pays si nous avons de la difficulté à faire circuler les produits de part et d’autre de la frontière?
Dans les notes que je vous ai fournies par voie électronique, je vous disais que s’il y avait un moyen de régler le problème pour qu'en Amérique du Nord, on puisse continuer à investir dans tous les pays — le Canada, le Mexique et les États-Unis... Si vous êtes une personne morale — et ces trois messieurs représentent des personnes morales qui sont nord-américaines —pourquoi n'est-il pas possible de commercer équitablement? Il n’y a rien d’injuste dans les prix que j'offre aux États-Unis.
Au cours des 12 derniers mois, j’ai été vice-président de l’exploitation de 5 installations aux États-Unis alors que j’étais président d'ASW Steel. Pendant ce temps, notre concurrent aux États-Unis, Union Electric Steel à Pittsburgh, en Pennsylvanie, nous offre de l’acier au même prix que celui que je demande là-bas. Il n’y a pas de dumping d’acier canadien. Il y a beaucoup de dumping d’acier importé de partout dans le monde. Les mesures de sauvegarde sont très appropriées, à mon avis. Cependant, elles n’ont aucune incidence positive sur ASW. La raison en est qu’il y a sept codes de produits. Nos produits ne correspondent pas à ces sept codes de produits. Il y a des gens qui en profiteront, mais vous savez, nous avons vu, encore une fois, des entreprises très matures, des chaînes d’approvisionnement très matures. Ces mesures de sauvegarde sont basées sur des quotas, par-dessus lesquels il y a des tarifs.
Ces quotas ont été établis sur la base de longues années d’approvisionnement et de chaînes d’approvisionnement très matures, ce qui signifie qu’ils auront des seuils très élevés, et la période considérée s'étend jusqu’en septembre 2018. Malheureusement, cela signifie que la période la plus active du cycle de l’acier au cours des sept dernières années sera constituée des deux tiers de la période étudiée pour l'établissement de quotas dans le cadre des mesures de sauvegarde.
Tout cela me porte à croire que c'est encore un peu difficile pour quiconque veut brasser des affaires. Je ne crois pas que le prix de l’acier au Canada augmentera autant que certains le prétendent. Je ne crois pas que le marché canadien de l’acier profitera grandement d’un certain nombre de choses, mais je suis très rassuré de voir que le gouvernement est à l’écoute, et chaque fois que je suis venu ici et que j’ai parlé à ISDE de leur façon de composer avec ces tarifs, ces quotas et ces décrets de remise, ils se sont montrés très réceptifs à la protection des entreprises canadiennes et j’en suis très heureux.
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos témoins. Vous avez parlé avec beaucoup d’éloquence, vraiment. Vous avez parlé d’équité et d’injustice.
Monsieur Clutterbuck, vous étiez en train de parler. Ce qui est injuste, nous le savons tous, et ce qui nous unit tous ici, c’est que l’article 232 devrait être retiré en ce qui concerne le Canada. Parlant d’équité, les États-Unis ont fait de l’article 232 une question de sécurité. Nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde. Je pense que nous serions tous d’accord pour dire que nous contribuons à la sécurité des États-Unis. En ce qui concerne le programme actuellement en vigueur, qui nous a permis de traverser ces derniers mois et ces dernières semaines, et en ce qui a trait à l’avenir, à ce que nous faisons pour les travailleurs et à la façon dont nous essayons de les aider avec des remises, etc., qu'est-ce que nous pourrions améliorer? Que pourrions-nous changer si cela se prolongeait sur des semaines et des mois? Que pensez-vous de la réorganisation du programme qui est actuellement offert?
N'importe qui peut répondre.
Monsieur Clutterbuck.