La greffière m'informe que nous avons le quorum.
Les tests de son ont été effectués pour les personnes qui comparaissent virtuellement, sauf pour un témoin avec lequel nous n'avons toujours pas pu communiquer.
Sur ce, je déclare ouverte la 118e réunion du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes.
Avant de commencer, je rappelle à toutes les personnes présentes dans la salle de s'assurer que, lorsqu'elles n'utilisent pas leur oreillette, elles la placent face vers le bas à l'endroit désigné. Veuillez éviter de toucher la tige du microphone pendant qu'il est allumé, afin de ne pas causer de dommages auditifs à nos interprètes, dont nous avons besoin pour tenir la réunion.
Notre comité se réunit de nouveau aujourd'hui dans un format hybride, conformément aux ordres de la Chambre des communes. Des députés sont présents dans la salle et d'autres participent virtuellement.
Je vous rappelle à tous que vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Dans la salle, l'interprétation est disponible au moyen du microphone et de l'oreillette. Vous pouvez choisir la langue officielle de votre choix. Pour ceux qui comparaissent virtuellement, vous pouvez cliquer sur l'icône du globe au bas de votre écran et sélectionner la langue.
En cas d'interruption des services d'interprétation à un moment ou à un autre de la réunion, veuillez attirer mon attention en utilisant l'icône « Lever la main » si vous comparaissez virtuellement. Ceux qui sont dans la salle n'ont qu'à lever la main pour me l'indiquer. Nous allons suspendre la séance pour corriger le problème.
Je vous rappelle que toutes les questions et observations doivent être adressées à la présidence. Attendez que je vous nomme pour vous donner la parole.
Nous allons commencer le premier tour. Comme je l'ai indiqué, il nous manque encore un témoin, mais nous allons poursuivre. Nous communiquerons avec ce témoin dès que nous le pourrons.
Nous accueillons M. Tony Irwin, président par intérim de la Fédération canadienne des associations de propriétaires immobiliers, et Mme Parisa Mahboubi, analyste principale de la politique à l'Institut C.D. Howe, qui comparaissent virtuellement.
Notre troisième témoin, avec qui nous n'avons toujours pas établi la connexion, est Mme Carolyn Hughes, directrice de la Légion royale canadienne.
Nous allons commencer par M. Irwin.
Monsieur, vous avez cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire, je vous prie.
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Bonjour, monsieur le président.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de m'adresser au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées dans le cadre de son étude sur les investissements fédéraux en matière de logement. Je m'appelle Tony Irwin et je suis président par intérim de la Fédération canadienne des associations de propriétaires immobiliers, ou FCAPI.
La FCAPI est un chef de file de l'industrie du logement locatif au Canada depuis près de 30 ans. Nous représentons les propriétaires et les gestionnaires de près d'un million de logements locatifs résidentiels par l'entremise de nos membres directs et de 13 associations membres au Canada.
Les logements construits expressément pour la location jouent un rôle essentiel dans le continuum du logement au Canada, puisque plus de 10 millions de Canadiens vivent dans des logements locatifs privés. La FCAPI appuie le droit à un logement adéquat au Canada, et nous croyons en l'importance d'une aide au logement qui respecte le droit de choisir et de se déplacer librement. Nous savons tous que la SCHL estime que nous aurons besoin de 3,5 millions de logements supplémentaires d'ici 2030, dont au moins 30 % devront être construits expressément pour la location.
Du début des années 1960 au début des années 1980, l'industrie canadienne du logement locatif a construit des centaines de milliers de logements locatifs à une époque où il était rentable de le faire, avec l'aide du gouvernement. Pendant plusieurs décennies, le climat de construction de logements locatifs a été nettement défavorable, ce qui signifie que très peu de logements locatifs ont été construits. Par conséquent, la grande majorité de nos logements locatifs restants ont été bâtis avant 1980 et ont besoin de modernisations en profondeur qui nécessitent d'importants investissements en capital.
En ce qui concerne les constructions neuves, les longs délais d'approbation, le zonage inadéquat, les augmentations fulgurantes des droits et des frais gouvernementaux et les coûts de construction nuisent aussi gravement à la viabilité des projets de location. La réduction des coûts de construction des logements locatifs au Canada est une priorité urgente. Le contexte opérationnel pour la construction de logements locatifs n'a jamais été aussi difficile qu'aujourd'hui. La hausse des taux d'intérêt et les pressions inflationnistes, y compris les augmentations dans les deux chiffres des primes d'assurance, des impôts fonciers, des services publics et des coûts d'entretien dépassent de loin ce que les fournisseurs de logements locatifs sont en mesure de récupérer en loyers, ce qui oblige de nombreux petits exploitants à vendre leurs immeubles locatifs et à quitter l'entreprise à un moment où nous en avons le plus besoin.
Nous sommes en faveur de solides mesures de protection des résidents, mais nous craignons que certaines dispositions de la charte des droits des locataires proposée ajoutent un coût et un fardeau administratif supplémentaires à tout ce que je viens de mentionner. Le rapport que le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées a publié en octobre 2023 recommandait « des mesures fiscales pour encourager les investissements des secteurs privé et sans but lucratif dans la construction de logements locatifs abordables », la création d'un « fonds d'acquisition qui serait destiné aux coopératives d’habitation sans but lucratif », l'augmentation du financement en capital disponible pour les fournisseurs de logements sans but lucratif et publics, et une évaluation de « l’ensemble des prestations fédérales actuelles destinées aux locataires à faible revenu afin de s’assurer que ceux‑ci bénéficient des soutiens du revenu dont ils ont besoin ». Nous appuyons ces recommandations.
L'annonce faite par le gouvernement fédéral d'éliminer la taxe sur les produits et services, ou TPS, pour les nouvelles constructions locatives est une mesure positive. Les provinces qui imposent une taxe provinciale doivent lui emboîter le pas. L'augmentation du financement du Programme de prêts pour la construction d'appartements et l'élargissement de la déduction pour amortissement des logements locatifs sont également des pas dans la bonne direction.
La FCAPI a exprimé des préoccupations au sujet de l'augmentation proposée du taux d'inclusion des gains en capital, et nous encourageons un report à la condition que tout gain soit réinvesti dans le logement locatif.
Le défi actuel de l'abordabilité du logement, tant pour la location que pour l'accession à la propriété, est fondamentalement un problème d'offre. La solution consiste à construire suffisamment de logements, y compris des logements locatifs, pour répondre à la demande. Le Canada a désespérément besoin d'un leadership décisif de la part de ses représentants élus qui reconnaissent que le logement n'est pas une question partisane. Le logement est un problème humain.
Nous avons devant nous de nombreuses propositions de politiques qui pourraient contribuer de façon significative à notre déficit d'offre de logements. Cependant, si nous voulons avoir une chance de réussir, nous devons agir rapidement et avec un sentiment d'urgence. Nous devons dire oui à la construction d'un plus grand nombre de logements, y compris des logements locatifs, et résister à ceux qui disent non. Il y aura toujours plus de temps pour débattre et étudier, mais le temps d'agir est venu. Les générations futures comptent sur nous, et je ne veux pas laisser tomber mes cinq enfants.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé, et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Bonjour, monsieur le président et honorables membres du Comité. Je suis très heureuse d'avoir l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Le Canada a d'importants défis à relever pour fournir des logements adéquats et abordables à ses résidents. Les recherches de l'Institut C.D. Howe ont révélé que les flambées des prix des logements sont principalement attribuables à la pénurie de logements, en grande partie causée par le ralentissement des approbations par les administrations municipales. La croissance rapide de la population alimentée par l'immigration a également entraîné un plus grand déséquilibre entre l'offre et la demande, particulièrement dans les régions où les immigrants sont plus susceptibles de s'établir, comme l'Ontario.
Le gouvernement fédéral a mis en œuvre diverses initiatives pour remédier à la pénurie de logements abordables au fil du temps. Cependant, les efforts fédéraux se sont souvent limités à influencer la demande, alors que le problème fondamental demeure l'insuffisance de l'offre de logements. Bien que le logement soit principalement une responsabilité provinciale, le gouvernement fédéral a un rôle à jouer pour répondre au besoin urgent d'augmenter le parc de logements. Les investissements fédéraux sont essentiels pour soutenir la construction de divers types et d'unités de logement. Cependant, les données probantes donnent à penser qu'avant 2020, les investissements fédéraux étaient insuffisants et devaient être mieux répartis, compte tenu des variations provinciales du nombre de personnes dans le besoin et du coût de construction de nouveaux logements.
Par exemple, le gouvernement fédéral a lancé l'Initiative Investissement dans le logement abordable en 2011, s'engageant à verser 1,4 milliard de dollars sur trois ans. Ce programme, dont les coûts étaient partagés avec les provinces et les territoires, s'est poursuivi jusqu'en 2019, avec des prolongations et des augmentations de financement supplémentaires au cours des années subséquentes, pour atteindre plus de 1,9 milliard de dollars sur huit ans. Entre 2011 et 2019, cette initiative a répondu aux besoins en logement de plus de 400 000 ménages.
Cependant, les allocations provinciales montrent que, même si l'Ontario — la province la plus peuplée — a reçu environ 34 % du financement, seulement 8 % des ménages se trouvaient dans cette province, probablement en raison du coût élevé de la réponse aux besoins en matière de logement. À l'inverse, environ 66 % des ménages se trouvaient au Québec, qui a reçu 24 % des fonds alloués. Selon l'Enquête canadienne sur le logement de Statistique Canada, plus de 1,5 million de ménages avaient des besoins impérieux en matière de logement en 2018, dont environ 45 % résidaient en Ontario contre 16 % au Québec. Ces statistiques montrent qu'il existe un écart de financement important et que les fonds alloués ne correspondent pas aux besoins des provinces.
De plus, la recherche de l'Institut C.D. Howe souligne que le gouvernement fédéral devrait se concentrer sur les domaines qu'il contrôle, comme les impôts et l'immigration. Par exemple, exempter la construction de logements locatifs de la TPS était un bon début, mais il faut en faire plus. Des mesures supplémentaires consisteraient à mettre à jour les seuils de la TPS pour les maisons et doubler les remboursements de la TPS pour tenir compte de l'inflation. Ottawa devrait aussi envisager des outils fiscaux, comme la création d'un crédit d'impôt à l'investissement dans les logements locatifs.
Cependant, le principal défi, ce sont les délais municipaux. Les subventions fédérales devraient être liées aux objectifs de croissance des logements établis avec les provinces, ce qui encouragerait les villes à simplifier les processus de délivrance de permis. L'intervention fédérale devrait être axée sur les résultats, et non sur la microgestion, afin de prévenir les retards et de veiller à ce que l'offre de logements adéquats augmente à l'échelle nationale.
Lorsqu'on examine l'inabordabilité, il est essentiel de tenir compte des ratios du service de la dette, qui représentent le pourcentage du revenu disponible consacré aux hypothèques. Alors que les prix des maisons par rapport aux revenus ont considérablement augmenté au cours des 35 dernières années, l'augmentation du service de la dette hypothécaire a été moins prononcée. Il est passé de 6,5 % au premier trimestre de 1990 à 8,2 % au quatrième trimestre de 2023, en grande partie après la pandémie. Fait intéressant, le service de la dette non hypothécaire est demeuré stable après la pandémie. Par conséquent, le service total de la dette ne représente actuellement que le sommet atteint pendant la pandémie de COVID, malgré les hausses record des taux d'intérêt.
Ces statistiques démontrent que le véritable enjeu de l'abordabilité ne se limite pas aux paiements hypothécaires mensuels. Il porte également sur le coût initial de la mise de fonds accumulée. Les faibles taux d'intérêt ont fait grimper en flèche le prix des maisons, de sorte qu'il est de plus en plus difficile pour les acheteurs potentiels d'épargner en vue d'une mise de fonds plus importante.
Malheureusement, Statistique Canada ne fournit pas de ventilation du service de la dette par ville ou province, ce qui signifie qu'il manque des renseignements précieux sur des variations de marché précises. Cette surveillance importante nécessite une attention particulière.
En conclusion, je pense simplement que la crise du logement exige un effort coordonné entre les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux pour créer des politiques et des investissements efficaces qui correspondent aux besoins régionaux et qui simplifient les processus de construction de logements.
Je vous remercie.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité parlementaire permanent, au nom de notre président national, le camarade Bruce Julian, et de nos plus de 250 000 membres, je vous remercie d'avoir invité la Légion royale canadienne à prendre la parole devant vous aujourd'hui.
Je suis la directrice des services aux vétérans à notre siège national, et je suis également une ancienne combattante. Je m'adresse à vous aujourd'hui précisément pour vous parler des anciens combattants et de la crise de l'itinérance, ainsi que des membres actifs qui ont de plus en plus de difficulté à trouver et à payer un logement.
Je vais vous donner un peu de contexte. La Légion aide les anciens combattants depuis 1926. Nous avons plus de 1 300 filiales, où travaillent des officiers d'entraide bénévoles, qui sont nos troupes sur le terrain. Nous avons également 35 officiers d'entraide de direction professionnels et officiers d'entraide adjoints qui aident quotidiennement les anciens combattants à présenter des demandes de prestations d'invalidité à ACC, à interjeter appel devant le Tribunal des anciens combattants (révision et appel), à accéder à d'autres prestations et programmes d'ACC et à obtenir de l'aide financière par l'entremise de notre Fonds du coquelicot.
Quand je parle des anciens combattants, je parle de ceux qui servent encore dans l'armée et dans la GRC, de ceux qui ont pris leur retraite et de leurs familles.
Le service militaire n'est pas seulement un emploi. C'est une profession unique dans laquelle on peut être appelé à mettre sa vie en danger pour servir et protéger le Canada et nos intérêts internationaux. En ce 80e anniversaire du jour J, nous nous souvenons de ceux qui ont libéré la France et d'autres pays européens et qui ont fait le sacrifice ultime en donnant leur vie. Nous devons à ceux qui servent et à ceux qui ont servi au Canada et dans le cadre de missions partout dans le monde le plus grand respect et la plus grande gratitude en assurant leur bien-être.
Partout au pays, il y a une pénurie de logements abordables à louer ou à acheter. Les taux hypothécaires ont augmenté au cours des dernières années, ce qui a mis à rude épreuve tous les Canadiens et fait en sorte qu'il est impossible pour certains, qu'ils portent l'uniforme ou non, de trouver un logement adéquat pour leur famille.
Premièrement, les militaires doivent déménager avec leur famille à divers endroits au Canada pour progresser dans leur carrière, pour occuper des postes vacants en raison de départs à la retraite ou pour diverses autres raisons. Nous entendons souvent dire que certains membres ont beaucoup de difficulté à trouver un logement adéquat à cause du manque de logements abordables.
Des logements militaires, appelés logements familiaux, peuvent être fournis aux militaires et à leur famille. Il s'agit d'appartements, de maisons en rangée, de duplex ou de maisons unifamiliales, mais leur nombre est limité. Ils sont pratiques et économiques pour les militaires, qui déménagent fréquemment, surtout pour ceux qui sont moins bien payés dans les rangs subalternes. Lorsqu'un membre est libéré, cependant, il doit quitter le logement familial et trouver son propre logement.
Deuxièmement, lorsqu'ils quittent le service, beaucoup souffrent de problèmes de santé mentale ou physique, et certains ont des handicaps graves et complexes. Certains handicaps peuvent ne pas être pleinement reconnus pendant que le militaire est encore en service, et cela peut causer des problèmes par la suite. Cela peut engendrer de l'instabilité, et beaucoup éprouvent des difficultés en matière de logement et sur le plan financier compte tenu de la conjoncture économique et du coût élevé des logements, de la nourriture, de l'essence, etc.
Les officiers d'entraide aident quotidiennement des anciens combattants de partout au pays, dont un bon nombre sont sans abri ou risquent de le devenir. Notre initiative nationale « Leave the Streets Behind » et notre partenariat avec le programme de bien-être des anciens combattants s'étendent partout au pays. Tous les paliers de la Légion, divers organismes d'application de la loi et des refuges y participent. À mesure que ces programmes prennent de l'expansion, nous trouvons des anciens combattants sans abri dans toutes les régions du pays. Nous ne disposons pas de chiffres précis pour le Canada. Certains dorment chez des amis ou des membres de leur famille ou dorment dans leur voiture.
La Légion offre un lien avec Anciens Combattants Canada et beaucoup de soutien financier aux anciens combattants. Il peut s'agir de verser le premier et le dernier mois de loyer, de fournir des trousses de départ pour appartement remplies d'objets essentiels et de s'occuper de l'accès aux services.
Enfin, nous recevons de plus en plus de demandes d'aide par le biais du Fonds du coquelicot de la part d'anciens combattants, même ceux qui ont un logement. Grâce aux généreux dons provenant de partout au pays et de l'étranger au cours des semaines précédant le jour du Souvenir, nous pouvons offrir des subventions pour la nourriture, le chauffage, les vêtements, les médicaments d'ordonnance, l'équipement et les appareils médicaux, les réparations domiciliaires essentielles et l'hébergement d'urgence tout au long de l'année. Ces fonds visent à aider les anciens combattants en détresse à se remettre sur pied, mais ils ne peuvent pas être utilisés pour offrir un soutien continu. Il doit y avoir une solution durable à long terme.
Nous n'avons pas toutes les solutions au problème de l'itinérance ou du manque de logements abordables, mais nous soutenons qu'il est important que tous les Canadiens aient accès à un logement abordable. Pour les personnes les plus vulnérables ayant des déficiences mentales et physiques, c'est essentiel, et cela sauve des vies. Il faut la coopération et la collaboration de tous les ordres de gouvernement, et c'est maintenant qu'il faut agir.
Monsieur le président, nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de faire cet exposé. Je suis prête à répondre à vos questions.
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En effet, monsieur le président. Bonjour à vous.
Bonjour, chers collègues.
Merci beaucoup à nos témoins de leurs témoignages. Nous vous en sommes très reconnaissants.
J'ai quelques observations à faire avant de poser quelques questions à M. Irwin.
Nous avons présenté la Stratégie nationale sur le logement en 2017, et je pense que nous avons reconnu que le gouvernement fédéral devait jouer un rôle plus important en ce qui concerne la construction et le développement d'appartements, de maisons et ainsi de suite. Nous sommes tous conscients qu'il s'agit d'une compétence provinciale, mais le gouvernement fédéral a un rôle à jouer.
Que ce soit par l'entremise de programmes comme le programme de co‑investissement, l'Initiative pour la création rapide de logements, le Fonds pour accélérer la construction de logements ou d'autres initiatives, nous assumons un rôle de leadership. Je sais que dans ma circonscription, celle de Saint John—Rothesay, les collectivités sont reconnaissantes du financement que le gouvernement fédéral leur a accordé.
Je tiens également à mentionner que le Parti conservateur a voté contre toutes ces mesures. Je sais que le rôle de la loyale opposition est de s'opposer aux programmes, et c'est de bonne guerre. Cependant, je pense qu'il lui incombe aussi de trouver des solutions plutôt que de se contenter de critiquer. À ce jour, je ne l'ai pas encore entendu proposer quoi que ce soit de constructif pour régler le problème.
Monsieur Irwin, je veux vous parler de ma province, le Nouveau-Brunswick. Un article a été publié il y a quelques semaines, et voici ce qu'on peut y lire: « Au début de 2024, le Nouveau-Brunswick accuse un retard par rapport à ses voisins des Maritimes au chapitre des mises en chantiers. » Une comparaison avec la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard a été effectuée, et il a été constaté que nous accusons un important retard sur le plan des mises en chantier.
Je n'hésiterais pas à dire que le premier ministre Higgs a manqué à sa responsabilité d'assumer un rôle de leadership en matière de logement. De toute évidence, il ne croit pas que l'élimination de la TPS a un impact, et il n'a pas éliminé la TVP comme l'ont fait la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard.
Monsieur Irwin, quelle a été l'importance de la mesure que nous avons prise pour stimuler la construction d'appartements? Pensez-vous que le premier ministre de notre province a pris une bonne décision en ne faisant pas la même chose que le gouvernement fédéral?
Je vous salue et vous remercie.
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Bonjour, monsieur. Je vous remercie de vos commentaires et de vos questions.
Je commencerai par dire que j'encouragerais le premier ministre Higgs à emboîter le pas au gouvernement fédéral. Comme je l'ai dit dans mon exposé, j'encourage toutes les provinces qui ne l'ont pas fait à le faire.
Pour ce qui est de cette initiative ou de cette mesure, nous pensons que c'est une bonne chose. Malheureusement, elle a été prise à un moment où, comme nous le savons, les taux d'intérêt étaient passablement élevés. D'une certaine façon, cela en a atténué les bienfaits, mais nous espérons tous que les taux d'intérêt vont commencer à baisser, et nous pourrons alors voir que toutes ces mesures fonctionnent bien et donnent des résultats.
Cette mesure a été mise en place à un moment où nous faisions face à d'autres pressions économiques qui n'étaient pas favorables pour nous et que personne ne pouvait vraiment contrôler, mais nous espérons vraiment que la situation va s'améliorer et que nous verrons les bienfaits d'initiatives comme l'élimination de la TPS et de la TVP.
Je dirais simplement que nous devrions tous appuyer les initiatives qui, selon nous, peuvent être utiles. Je l'ai déjà dit et je vais le répéter. Pourquoi ne voudrions-nous pas appuyer ce genre d'initiatives si elles peuvent favoriser la construction d'un nombre accru de logements? Franchement, nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas appuyer une mesure de la sorte en ce moment.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être des nôtres.
Notre étude sur la question du logement est importante, et ce n'est pas la première fois que notre Comité mène une étude sur cette question.
Il faut sortir du libellé de la motion, parce qu'elle est fortement partisane, malheureusement. En effet, on cherchait à savoir qui a fait mieux, quel parti, des conservateurs ou des libéraux, a désinvesti dans le logement depuis 2006, et quels ont été les effets de ce désinvestissement. Tout le monde en connaît les conséquences, mais on connaît aussi l'échec de la Stratégie nationale sur le logement. Cela dit, on ne peut pas mettre tous les programmes dans le même sac.
L'objectif de la Stratégie était de construire et de développer un parc de logements abordables, mais force est de constater que nous vivons une crise et que la Stratégie n'a pas réussi à contrer les effets du désinvestissement. Du moins, c'est notre point de vue.
Monsieur Irwin, selon des statistiques de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, il faudrait construire 3,5 millions de logements d'ici à 2030 — vous l'avez mentionné aussi. Il s'agit d'un nombre titanesque. Comment va-t-on pouvoir y arriver?
Selon vous, l'élimination de la taxe sur les produits et services serait une bonne mesure, mais en quoi est-ce que ça va contribuer à faire baisser le loyer d'un locataire? Comment est-ce que ça va agir sur l'abordabilité et sur la pérennité de cette dernière?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être des nôtres ce matin.
Monsieur Irwin, vous avez présenté à ce comité un mémoire sur la financiarisation du marché immobilier. Vous y avez affirmé qu'il n'y a pas un unique joueur dans le marché qui a le pouvoir d'augmenter les loyers au-delà des règles de l'offre et de la demande. Nous convenons qu'il s'agit d'une vision très néolibérale.
Au mois d'avril dernier, CBC nous apprenait qu'en Ontario, à peine une vingtaine de compagnies étaient responsables de plus de la moitié des demandes d'exemption des lignes directrices de la province limitant les augmentations de loyer. Par ailleurs, la plupart des propriétaires possèdent de petites propriétés. Pour plusieurs personnes, ça a été la démonstration qu'une très grande concentration du marché immobilier est en train de se produire. La société Starlight Investments, une des plus grandes propriétaires de parcs immobiliers en Ontario, présente à elle seule 10 % de toutes les demandes d'augmentation de loyer dépassant les limites permises. Ces fonds d'investissement et les grandes sociétés que vous représentez ont soumis plus de la moitié des demandes d'augmentation de loyer dépassant les limites permises en Ontario. Ces demandes doivent normalement être justifiées par des hausses spectaculaires de taxes municipales ou des besoins urgents de réparation et de rénovation.
Pensez-vous que ces demandes de hausse de loyer dépassant les limites permises de leur province sont faites de bonne foi? Seraient-elles la preuve d'une négligence dans l'investissement pour le maintien de la qualité de ces logements, pour lesquels on exige alors une hausse considérable du loyer, ce qui a un impact majeur sur les locataires? Vos membres ne sont-ils pas parfois négligents en ce qui concerne le maintien et la rénovation des appartements pour en tirer le maximum de profits, le plus vite possible? Par la suite, dans l'urgence, ils disent être obligés de demander une hausse de loyer dépassant les limites permises, parce que, sinon, il leur sera impossible de louer leurs appartements. Qu'en pensez-vous? Selon moi, ces chiffres sont alarmants.
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Je vous remercie de votre question. Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet.
Je dirais tout d'abord que la majorité des locataires de l'Ontario habitent dans des logements à loyer contrôlé, de sorte que leurs augmentations de loyer sont régies, bien entendu, par le taux légal d’augmentation des loyers qui, ces dernières années, a été soumis à un plafond fixé par le gouvernement précédent à 2,5 %, soit bien en dessous de toutes les augmentations de coûts auxquelles les fournisseurs de logements locatifs ont dû faire face.
Il est certain qu'un pourcentage important du marché de l'Ontario est constitué de petits propriétaires qui louent des sous-sols et des maisons unifamiliales, et cela représente une grande partie de l'industrie.
Cependant, je pense que ce dont vous parlez est lié à une certaine partie du système de contrôle des loyers en Ontario, c'est‑à‑dire une disposition qui permet aux fournisseurs de logements locatifs de demander une augmentation supérieure au taux légal d'augmentation des loyers dans les cas où d'importants investissements en immobilisations sont nécessaires dans les bâtiments plus anciens. Comme je l'ai dit, la grande majorité de notre parc locatif est assez ancien, et nous sommes arrivés au point où d'importants investissements en immobilisations sont nécessaires pour rendre les bâtiments conformes aux normes actuelles, et ce, à tous les égards. Il faut, par exemple, améliorer leur empreinte carbone. Toutes sortes de travaux importants sont nécessaires et ils ne peuvent pas être financés par l'entremise du système de contrôle des loyers auquel nous sommes soumis. Il n'est tout simplement pas possible d'exiger le loyer nécessaire pour payer…
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Monsieur Irwin, je suis désolé de vous interrompre, mais il ne me reste que deux minutes.
Je suis vraiment frappé par les chiffres de l'Ontario, où plus de la moitié des demandes d'augmentation excessive de loyer proviennent de fonds d'investissements ou de grandes sociétés que vous représentez.
Je représente des gens de Rosemont—La Petite‑Patrie, à Montréal. La plupart des gens ont des duplex ou des triplex. Ils ont des locataires au-dessus d'eux et ils prennent soin de leurs appartements, parce qu'ils veulent offrir un bon service à leurs locataires. Je m'aperçois que lorsqu'une grande compagnie à numéro — en quelque sorte immatérielle — est propriétaire, elle ne fait ça que pour la spéculation. J'en vois des exemples sur l'avenue Papineau, le boulevard Rosemont ou la rue Saint‑Zotique, où se trouvent de grands immeubles d'habitation qui ne sont ni entretenus ni rénovés.
Pour faire des profits avec l'immobilier et le logement, l'investissement doit-il reposer sur l'investisseur ou le locataire? Je constate que lorsque ce sont de grandes compagnies d'investissement qui sont propriétaires, il y a de la négligence. C'est alors le locataire qui en court le risque et qui finit par subir des hausses excessives de loyer pour que le propriétaire soit capable de payer des rénovations qui auraient dû être faites il y a 10 ou 20 ans. Que répondez-vous, monsieur Irwin?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins qui comparaissent devant le Comité aujourd'hui dans le cadre de notre étude sur le logement.
J'aimerais prendre un moment pour remercier particulièrement Mme Hughes, de la Légion royale canadienne.
C'est un plaisir de vous voir ici à l'anniversaire du jour J. Je vous remercie sincèrement de votre service. Vous êtes une personne incroyable. Je pense que nous avons tous, autour de cette table, de nombreuses raisons d'être reconnaissants aujourd'hui, à l'anniversaire du jour J. Je vous en suis reconnaissante.
Madame Hughes, j'aimerais entrer dans le vif du sujet, car je trouve assez choquant que des anciens combattants et des militaires des Forces canadiennes n'aient pas les moyens de se loger. J'aimerais que vous nous en disiez plus à ce sujet.
J'ai récemment visité Gagetown et la banque alimentaire d'Oromocto. Comme vous le savez, Gagetown est l'un des plus grands centres d'entraînement militaire au Canada. La banque alimentaire sert 450 personnes par mois. Derrière Jane, la dame qui dirige cette banque alimentaire, il y avait une grande carte de Gagetown. Pour une raison quelconque, je me suis exclamée « Mais vous ne servez personne à Gagetown », mais elle m'a répondu qu'en réalité, la banque alimentaire servait jusqu'à 50 familles par mois là‑bas.
Elle a ajouté que le recrutement dans les Forces canadiennes est au niveau le plus bas de son histoire et que la taxe sur le carbone s'applique à toutes les maisons où vivent les familles de militaires, qui ne peuvent plus payer ni le chauffage ni le loyer.
Qu'aimeriez-vous dire au sujet de la situation actuelle des familles de militaires?
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Je remercie mon collègue néo-démocrate de ses commentaires.
Il a dit qu'il trouvait étrange que nous voulions poser des questions au au sujet de la taxe sur le carbone et du recours accru aux banques alimentaires. Je pense que c'est assez étrange, car bien franchement, ce sont les agriculteurs qui produisent la nourriture. Si on veut parler du changement climatique et de l'environnement, pourquoi ne ferait‑on pas appel à ceux qui sont les intendants de l'environnement de cette terre et aux agriculteurs, c'est‑à‑dire les gens qui cultivent nos aliments? À quelles restrictions sont-ils soumis? Qu'est‑ce qui fonctionne le mieux pour eux? Quelles pratiques ont-ils mises en œuvre?
S'il souhaite poser des questions au ministre, je pense que c'est une excellente occasion. Peut‑il proposer un amendement à cet égard? Je pense qu'il y a là une occasion à saisir pour les néo-démocrates. Pour quelqu'un qui se préoccupe manifestement du prix de la nourriture — c'est dans la motion d'opposition que son parti a présentée à la Chambre — pourquoi n'appuierait‑il pas une telle initiative?
Je dirais également, pour le compte rendu, monsieur le président, que j'ai coparrainé l'événement au cours duquel a été divulguée la note accordée par Banques alimentaires Canada. Aucun député néo-démocrate n'était présent. C'est la pire note que nous ayons jamais reçue de la part de Banques alimentaires Canada. Pourquoi ne voudrions-nous pas étudier ce résultat et poser d'autres questions au , afin de pouvoir aider à l'améliorer?
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Je vous remercie beaucoup.
Je remercie nos témoins d'être ici aujourd'hui pour étudier une question très importante pour les Canadiens.
J'aimerais d'abord m'adresser à la directrice des Services aux anciens combattants de la Légion royale canadienne.
Madame Hughes, je vous remercie d'être ici aujourd'hui.
Vous avez dit que le problème auquel font face les anciens combattants et les membres des forces armées ne s'applique pas seulement à ces gens. C'est un problème qui touche de nombreuses personnes à l'échelle du pays. À bien des égards, il s'agit d'une question de capacité financière. La capacité financière est un enjeu important pour les Canadiens. Je viens de tenir une assemblée publique sur la question.
L'une des façons d'atténuer les difficultés qui se présentent lorsqu'une personne doit relever ces défis est de mettre en place des programmes et des services, mais aussi d'envisager d'augmenter les salaires pour aider à lutter contre certaines de ces difficultés. J'aimerais préciser pour le compte rendu que le budget de l'année dernière, soit le budget de 2023, contenait une mesure visant à augmenter la rémunération des militaires canadiens, mais les conservateurs ont voté contre cette augmentation. Je pense que c'est un très bon exemple d'une solution qui pourrait aider les gens à relever ces défis.
En outre, lors de mon assemblée publique, nous avons parlé de nouveaux programmes nationaux tels que les programmes de nutrition pour les enfants, le programme d'assurance-médicaments, le programme de garde d'enfants, les avantages fiscaux et le programme de soins dentaires. Il s'agit de programmes nationaux conçus pour aider les Canadiens en général.
Madame Hughes, ces types de programmes sont-ils bien accueillis par les membres de votre organisme et les familles au nom desquelles vous parlez, ainsi que par les Canadiens en général?
:
Je vous remercie de votre question.
Il ne fait aucun doute que nous sommes dans une situation où toute initiative ou toute politique qui peut encourager la construction d'un plus grand nombre d'unités résidentielles et augmenter l'offre de logements serait utile. Il ne fait aucun doute qu'en raison des pressions qui s'exercent sur le marché du logement et de l'insuffisance de l'offre de logements, le gouvernement fédéral a été contraint d'intervenir, de mettre en œuvre des programmes importants et de lancer un grand nombre d'initiatives. Ce sont toutes des mesures positives qui devaient être prises.
Je tiens à souligner que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer, mais qu'au bout du compte, il doit s'agir d'une collaboration entre tous les ordres de gouvernement, car ce sont principalement les villes et les provinces qui s'occupent des questions liées au logement et à l'offre de logements. Pour pouvoir faire avancer les choses et obtenir des résultats… Nous avons besoin de résultats rapides.
Par exemple, étant donné les niveaux d'immigration élevés, nous avons besoin d'une offre de logements plus immédiate. Ce n'est pas comme le taux de natalité, où il faut des années pour que ces personnes grandissent et qu'elles aient besoin d'un logement. Dans ce cas‑ci, nous avons besoin d'une réponse immédiate sur le marché du logement. Pour y arriver…
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Il faut augmenter l'offre de logements. Je suis d'accord avec les autres témoins sur ce point.
Une grande partie des problèmes que nous observons en ce qui concerne les femmes, c'est que lorsqu'elles quittent une relation abusive, elles doivent partir très rapidement et elles n'ont accès à aucun soutien.
En ce qui concerne les anciens combattants en général, l'itinérance… Je m'excuse si je m'écarte un peu du sujet, mais la cause des anciens combattants me tient énormément à cœur. Nous voyons un grand nombre d'anciens combattants qui souffrent de toxicomanie. Un grand nombre d'entre eux sont passés à travers les mailles du filet au fil des ans. Mon grand-père était l'un d'entre eux. Lorsqu'il est revenu de la Deuxième Guerre mondiale, il est devenu alcoolique et il s'est retrouvé à la rue.
La cause des anciens combattants sans-abri me tient énormément à cœur. Les soutiens qui sont offerts ont le pouvoir de changer le cours d'une vie. Lorsque nous pouvons sortir un ancien combattant de la rue, qu'il s'agisse d'une femme ou d'un homme, si cet ancien combattant souffre de toxicomanie, il faut d'abord le loger, puis traiter ensuite son problème de toxicomanie, le remettre sur pied et l'aider à trouver un emploi. La question du logement doit être réglée en premier, car ces anciens combattants doivent disposer d'un endroit sûr pour se reprendre en main.
J'espère avoir répondu à votre question au mieux de mes connaissances. La cause de l'itinérance chez les anciens combattants et celle des anciens combattants en général me tiennent énormément à cœur. Je serais heureuse de répondre à toutes vos questions à tout moment.
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Bonjour, monsieur le président.
[Français]
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de m'offrir l'occasion, aujourd'hui, de discuter d'un sujet très important pour notre pays, particulièrement cette semaine.
[Traduction]
Je mets l'accent sur cette semaine parce que l'Association canadienne des entrepreneurs en couverture, ou ACEC, et ses 400 entreprises membres d'un bout à l'autre du Canada y célèbrent l'industrie de la couverture au Canada. La semaine du 2 au 7 juin est la « Semaine nationale des couvreurs ». À l'aide des plateformes de médias sociaux, nous attirons l'attention de la population sur le rôle que notre industrie et les personnes qui la composent jouent dans la société.
L'Association canadienne des entrepreneurs en couverture représente plus de 400 couvreurs canadiens industriels, commerciaux et institutionnels et les fournisseurs nécessaires. Certains de nos membres sont entrepreneurs en couverture résidentielle et non résidentielle. De fait, bon nombre d'entre eux ont commencé à travailler dans le secteur résidentiel avant de passer au secteur non résidentiel. La taille des entreprises varie, allant de 6 000 employés partout en Amérique du Nord à seulement 12. La plupart des entreprises seraient probablement considérées comme de petites et moyennes entreprises.
Voici nos points de vue sur l'état actuel de l'abordabilité du logement et sur les défis qui y sont liés. À première vue, les logements abordables et les couvreurs industriels, commerciaux et institutionnels n'ont pas grand-chose en commun. Or, la réalité est que les entreprises membres de l'ACEC sont probablement celles qui refont les toitures des immeubles à logements multiples existants et leurs enveloppes respectives, mais aussi celles qui travaillent sur de nouvelles constructions. Les nouveaux investissements dans le logement, quelle que soit leur nature, créent des collectivités, et ces collectivités ont besoin de services municipaux, qu'il s'agisse d'écoles, d'hôpitaux, de complexes récréatifs ou de centres commerciaux. Les membres de l'ACEC seront appelés à répondre à la demande.
Les investissements du gouvernement dans le logement auront une incidence positive pour de nombreux membres de l'ACEC. Cela dit, il y a un défi connexe à relever. L'industrie de la couverture et du revêtement est confrontée à une pénurie de main-d'oeuvre, et ce, dans tous les secteurs du milieu. Nous avons besoin de main-d'œuvre qualifiée et non qualifiée. Nous avons besoin de directeurs de travaux, de gérants de projet, d'estimateurs, etc. C'est pourquoi, au cours de la dernière année, l'ACEC a réclamé que des changements soient apportés au système d'immigration, changements qui permettraient de traiter un couvreur au même titre qu'un titulaire d'un doctorat en sciences humaines.
Quelles que soient la technologie, l'innovation ou les améliorations, nous avons toujours besoin de gens pour construire et gérer la construction de bâtiments. Le 13 mai, nous avons annoncé une première dans le secteur de la construction: un partenariat qui se prévaut du projet pilote sur la voie d'accès à la mobilité économique d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Nous nous sommes associés à Talent Beyond Boundaries, une organisation non gouvernementale, pour faire venir au Canada, à titre de résidents permanents, des travailleurs déplacés pour des raisons économiques. Une douzaine d'entreprises membres de l'ACEC ont déjà entamé le processus avec Talent Beyond Boundaries, et nous nous attendons à ce que ce nombre augmente. D'ailleurs, au cours des deux prochaines semaines, nous animerons une série de webinaires sur cette initiative à l'intention de nos membres.
L'incidence des investissements fédéraux dans le logement se fera sentir dans le secteur de la construction non résidentielle. Cependant, nous ne pouvons pas perdre de vue les besoins en main-d'oeuvre. Les entreprises membres de l'ACEC ont la capacité commerciale de répondre à la demande croissante. Nous avons besoin de gens pour construire des bâtiments.
Vous vous demandez peut-être ce que peuvent faire les gouvernements. En toute honnêteté, nous pouvons tous faire quelque chose, et j'en ai parlé à la fin d'une réunion en ligne avec le l'automne dernier. Nous pouvons tous encourager nos enfants et nos petits-enfants — ou toute autre personne d'ailleurs — à faire carrière dans un métier.
La situation du logement au Canada à l'heure actuelle nous touche tous, d'une façon ou d'une autre. L'ACEC ne pense pas qu'il existe une solution unique pour l'avenir. La crise du logement ne se réglera pas du jour au lendemain. Cela prendra du temps. Comme je l'ai dit plus tôt, le lien entre le gouvernement fédéral, les investissements dans le logement et les entreprises de couverture non résidentielle n'est peut-être pas évident. Nos membres veulent que les gouvernements et l'industrie travaillent ensemble pour construire les collectivités dans lesquelles les Canadiens veulent vivre et s'épanouir.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, membres du Comité.
[Français]
Le Réseau québécois des organismes sans but lucratif d'habitation rassemble, soutient et représente les organismes communautaires qui offrent des logements à des ménages à faible ou modeste revenu ou à des personnes éprouvant des besoins particuliers en habitation. En travaillant à la reconnaissance, au développement et à la pérennité de ces organismes, notre réseau contribue à l'amélioration des conditions de logement de milliers de Québécoises et de Québécois.
Au Québec, les plus de 55 000 logements gérés par des organismes sans but lucratif sont administrés par 1 250 organismes rassemblés en huit fédérations régionales, toutes affiliées au Réseau. Plus de 10 000 personnes sont actives à titre de bénévoles dans notre réseau, qui compte également sur l'engagement de 8 000 personnes salariées. Globalement, la valeur des propriétés des organismes sans but lucratif d'habitation est évaluée à quelque 6 milliards de dollars.
Dans le contexte et lors de la préparation de ce témoignage, nous avons pris en considération les champs d'intérêt du Comité, qui sont les ressources humaines, le développement des compétences, le développement social et la condition des personnes handicapées. De plus, notre témoignage s'inscrit dans le cadre d'une étude sur les investissements fédéraux en matière de logement. Finalement, nous avons pris en considération le fait que le Réseau est invité pour son expertise sur les forces et les difficultés du développement, de l'exploitation et de la pérennisation des logements locatifs offerts par des organismes sans but lucratif, au Québec. Le Réseau a rassemblé ces logements locatifs de par sa proximité à ces organismes, ainsi qu'après des années de représentation et de collaboration auprès des instances étatiques, tant bien administratives que gouvernementales.
Dans ce contexte, notre approche est la suivante. Nous notons le fait que l'étude relève d'emblée l'absence, ces dernières années et décennies, d'investissements fédéraux en faveur du développement de logements locatifs. Nous vous remercions de l'avoir soulevé. Mentionnons, de prime abord: l'engagement du gouvernement fédéral durant le XXe siècle et son retrait à l'aube du XXIe siècle; l'engagement subséquent et relatif des gouvernements provinciaux; les investissements appréciables, mais malheureusement insuffisants, de la part du Québec dans le développement de logements sociaux et communautaires, comparativement aux autres provinces; et le dédale inattendu, en ce premier quart de siècle, qui secoue toutes les colonnes du système résidentiel canadien. Pour notre secteur, ce sont des faits d'office.
La culture gouvernementale canadienne à laquelle nous incluons, avec une certaine relativité, celle du Québec en matière d'investissements en habitation, de tout temps passé, s'est avérée incapable de prévenir la crise actuelle. Il lui est souvent arrivé, comme c'est le cas aujourd'hui, de ne pas répondre aux besoins contemporains. L'insuffisance quantitative des investissements a souvent été dénoncée, à juste titre, et l'est toujours. Toutefois, nous comprenons aujourd'hui que le déploiement qualitatif des investissements a lui aussi contribué, à un degré sous-estimé, à provoquer la crise actuelle.
Nous reconnaissons le rôle du déséquilibre entre l'offre et la demande de logements locatifs dans le déclenchement de la crise actuelle. C'est évident. Toutefois, nous affirmons mordicus que, lorsque ce facteur ou cet axe est isolé, celui-ci projette une représentation inexacte d'une crise d'une grande complexité. Ce portrait incomplet a des répercussions sur les moyens et sur le délai pour sortir de cette crise. Par une formulation tronquée du problème, les solutions qui en émergent sont sans mordant, et l'enlisement s'étire.
Nous comprenons des questions sous-tendant l'étude que celle-ci s'intéresse particulièrement à l'offre de logements locatifs, mais également au type de tenure. Conséquemment, notre avis présente quelques propos quant à l'offre quantitative de logements, mais se concentre davantage sur les finalités et les moyens par lesquels sont déployés ces investissements.
Comme nous l'avons entendu plus tôt, la Société canadienne d'hypothèques et de logement a annoncé en 2023 que, pour atteindre l'équilibre du marché locatif au Canada, plus de 3,5 millions de logements devraient être construits d'ici 2030. Pour le Québec, ça représenterait une commande de 680 000 logements pour le même échéancier. De plus, certaines institutions financières en ont rajouté avec leurs études.
Quel que soit le nombre de logements nécessaires…
[Français]
Quel que soit le nombre de logements nécessaires pour atteindre cet équilibre, nous croyons que le logement social et communautaire devrait particulièrement retenir l'attention des principaux décideurs des différents ordres de gouvernement. À l'instar du marché locatif à but lucratif, le logement hors marché spéculatif doit également jouer son rôle dans cet idéal d'équilibre.
Comme nous le mentionnerons au point suivant, et selon l'expérience vécue des 100 dernières années dans certaines sociétés, nous croyons que le pourcentage du logement social et communautaire en regard du marché locatif total devrait se situer à au moins 20 %. Au Québec, ce pourcentage est présentement autour de 10 % et il est à noter que, pour la première fois depuis des années, on observe une tendance à la baisse, pendant que les besoins en logement hors marché spéculatif, eux, augmentent.
Il est évident qu'il n'y a aucune chance que les objectifs annoncés par la Société canadienne d'hypothèques et de logement soient atteints d'ici 2030. Il faut être réaliste, et ce n'est pas seulement une question d'argent, mais aussi de ressources. Il y a loin de la coupe aux lèvres, mais nous sommes également optimistes. Nous avons tous salué, en 2017, la volonté ferme du gouvernement fédéral de reprendre ses investissements en logement par l'entremise de la Stratégie nationale sur le logement. C'était une annonce salutaire pour les promoteurs immobiliers communautaires, pendant que le Québec se contentait de ne créer qu'environ un millier de logements sociaux et communautaires annuellement par l'entremise du programme AccèsLogis Québec, rendu inefficace par un accroissement des normes et une réduction des investissements provinciaux.
Cependant, sept ans plus tard, malgré le succès de quelques-unes des initiatives de la Stratégie, d'ailleurs orientée vers le logement abordable, une notion qui reste floue encore aujourd'hui, force est de reconnaître que, sans une politique nationale sur le logement, arrimée idéalement aux initiatives provinciales, le problème de l'accessibilité à un logement dont le coût est modulé selon le revenu du ménage et ses besoins reste entier. La situation s'est même grandement dégradée.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, distingués membres du Comité. Merci beaucoup de m'avoir invitée à vous parler du logement abordable dans le cadre de votre étude sur les investissements fédéraux en matière de logement.
Je dois dire que je ne me considère pas comme une experte. Je ne peux que partager avec vous mes 40 années d'expérience sur le terrain dans le domaine du logement abordable, où j'ai eu la chance d'occuper différents rôles: promotrice axée sur le logement autochtone; propriétaire d'une société de gestion immobilière; cheffe d'équipe pour l'Agence des coopératives d'habitation; et maintenant, alors que je termine ma carrière, directrice de Victoria Park Community Homes, qui est l'un des plus anciens et des plus grands fournisseurs privés de logements sans but lucratif en Ontario.
J'ai travaillé toute ma vie dans le domaine du logement abordable, et c'est un domaine qui me passionne énormément. Winston Churchill, une personne bien plus intelligente que moi, a déclaré: « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ». J'aimerais commencer par jeter un bref coup d'œil à l'histoire du logement abordable en Ontario — le prisme à travers lequel j'examine le logement —, et aux leçons qui ont été tirées, parce qu'elles doivent être appliquées aujourd'hui.
Dans les années 1960 et 1970, il y a eu de grands projets de construction de logements exclusivement à loyer indexé sur le revenu. Nous avons créé, en somme, des mini-ghettos de pauvreté. La leçon que nous avons tirée de cette période est que ce modèle est extrêmement difficile à mettre en œuvre et qu'il n'est pas financièrement viable.
À la fin des années 1970, le gouvernement fédéral a mis en place son premier programme complet de logement social. Il a pris fin en 1985, mais a permis de construire plus de 52 000 logements. En 1986, l'accent a été mis sur les programmes provinciaux et, en 1992, 37 884 logements ont été construits dans le cadre du programme provincial, en se fondant sur les leçons tirées de cette expérience antérieure. Au lieu de se concentrer sur de vastes projets de construction de logements à loyer indexé sur le revenu, on a construit, à cette époque, des ensembles de logements abordables plus petits, à revenus mixtes et communautaires. Or, on a tiré une nouvelle leçon: sans envergure ni capacités, ce modèle comporte de grandes inefficacités et entraîne le gaspillage de millions de dollars. À ce titre, j'aime utiliser l'exemple des frais de vérification.
Au milieu des années 1990, la province a brusquement mis fin à tous les programmes et, pendant les années qui ont suivi, aucun nouveau logement abordable n'a été construit, ce qui nous a fait prendre un retard considérable par rapport aux besoins. En 2001, la province a transféré la responsabilité du logement aux municipalités, un modèle unique en son genre qui a créé des inefficacités supplémentaires.
Pendant ce temps, le gouvernement fédéral a continué à financer le logement par le biais de divers programmes, tels que le programme de logement abordable, le SHAIP, le Programme de rénovation et de modernisation des logements sociaux, ou PRMLS, et le SHIP. Il y a eu de nombreuses initiatives. En 2017, comme vous le savez, le gouvernement fédéral a lancé la Stratégie nationale sur le logement, et nous nous en sommes réjouis dans le secteur du logement abordable.
Cependant, les besoins sont plus grands que jamais et, comme l'a dit l'intervenant précédent, nous ne sommes pas en voie d'atteindre notre objectif d'éliminer l'itinérance d'ici 2030.
Comment pouvons-nous intégrer les leçons apprises et progresser vers la réalisation des objectifs de la Stratégie nationale sur le logement? J'ai de nombreuses recommandations à soumettre à l'examen du Comité. J'aurais pu vous donner des pages et des pages, mais je reconnais qu'il vaut mieux résumer ces recommandations.
Il faut continuer à investir dans la construction de logements abordables, car le pourcentage du marché locatif global est lamentablement bas; il oscille autour de 3 % par rapport aux autres pays du G20.
Il faut reconnaître que le logement abordable constitue un atout économique. Les investissements que vous réalisez dans le logement abordable sont excellents pour l'ensemble du pays d'un point de vue économique, car ils ont une incidence considérable sur la productivité, et à ce titre, je vous invite à consulter l'étude économique réalisée par l'Association canadienne d'habitation et de rénovation urbaine.
Il faut mettre un frein aux pertes. Les logements abordables — réfléchissez-y un instant — disparaissent 11 fois plus vite qu'ils ne sont construits, et ce pour différentes raisons. L'une d'entre elles est la vente et la perte d'anciens projets fédéraux en matière de logement. À Hamilton, plus précisément, où se trouve notre siège social, on a perdu 23 logements abordables pour chaque logement construit depuis 2011. Ce sont des statistiques alarmantes.
Je reconnais que le gouvernement fédéral a mis en place un financement prévu pour l'achat, qui aidera grandement certains organismes sans but lucratif, coopératives et fournisseurs de logements supervisés à acheter ces bâtiments qui sont vendus en tant que tactique de préservation.
Il faut réfléchir à la mixité. Au cours des 10 dernières années, tous les programmes de financement ont intégré le logement supervisé dans le logement abordable, et cela ne fonctionne pas aussi bien que prévu. On en a tiré une leçon, et on y aura recours à l'avenir.
Veuillez faire preuve de prudence lorsque vous subventionnez des promoteurs privés. Ceux‑ci ne s'engagent généralement pas à long terme en faveur du logement abordable. Un tel investissement du gouvernement est peu judicieux.
Il faut inciter et récompenser les fusions et les regroupements effectués dans un souci d'efficacité, de croissance et de capacité.
Je vous encourage à simplifier les règles de remboursement de la TPS pour les fournisseurs de logements abordables. Dans le cadre de la nouvelle formule ou des nouveaux mécanismes de financement, les organismes sans but lucratif perdront leur droit au remboursement de la TPS...
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui. Je vous remercie de votre participation ce matin. Je commencerai par Mme Gagne.
Madame Gagne, cette étude porte, comme vous le savez, sur le bilan des investissements dans le logement abordable ou des investissements dans le logement en général. Jusqu'à présent, une grande partie de la discussion a porté sur la question de l'offre. J'aimerais aborder la question de la rénovation et des réparations.
Je suis l'ancien président de CityHousing Hamilton, et, lorsque j'occupais ce rôle, je parlais souvent à nos locataires, aux membres de mon Conseil et aux membres de la collectivité des conditions déplorables de notre parc de logements abordables, non seulement à Hamilton, mais aussi d'un bout à l'autre du pays. Les logements étaient dans ces conditions en raison d'investissements insuffisants pendant plusieurs décennies. J'ai souvent dit que la plupart des 7 000 unités que nous gérions ne passeraient pas une inspection des normes du bâtiment.
Tout juste avant la pandémie, je me souviens d'un épisode de froid polaire qui a causé des problèmes dans l'immeuble situé au 95 rue Hess; un immeuble du centre-ville que vous connaissez, je pense. Il s'agit d'un immeuble de 18 étages que nous gérions. Il y avait eu une panne d'électricité et les tuyaux avaient gelé. Lorsque le courant a été rétabli, les tuyaux ont éclaté. Il n'y avait qu'un seul ascenseur fonctionnel. Je pense que c'était l'exemple parfait de ce que le manque d'investissements a fait subir au parc de logements abordables pendant des décennies. J'ai reçu un appel désespéré du personnel. Les journalistes appelaient et voulaient entrer dans l'immeuble pour jeter un coup d'oeil. J'ai dit au personnel de les laisser entrer, car plus il y aurait de journalistes, mieux ce serait.
Je pense que cela fait état de la situation dans laquelle se trouvent les municipalités et les organismes sans but lucratif. Nous nous étions retrouvés dans cette situation, car nous avions été, en quelque sorte, laissés à nous-mêmes.
J'aimerais que vous vous concentriez sur les rénovations et les réparations et sur l'âge de votre parc de logements. Vous en avez parlé dans votre déclaration liminaire. Vous pourriez peut-être aussi nous parler de quelques-uns des programmes actuels qui vous aident, vous et votre organisme, à remédier à la situation.
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Je vous remercie, monsieur Collins.
Nous avons eu beaucoup de chance, et les récents investissements nous ont aidés plus que je ne saurais le dire. J'ai mentionné qu'à la fin de l'année dernière, nous avons reçu 20 millions de dollars dans le cadre du volet Réparation et renouvellement des logements de l'initiative de co‑investissement du gouvernement fédéral, ce qui nous permettra de rénover 2 000 logements.
Nous sommes également en train de négocier pour obtenir du financement — de l'ordre de 20 à 25 millions de dollars supplémentaires, à condition que nous y mettions notre part —, dans le cadre du Programme canadien pour les logements abordables plus verts, ou PCLAV. Ce financement nous permettra de rénover les 1 500 logements restants du portefeuille de Victoria Park.
Quelle est l'incidence de ces mesures? Elles régénèrent notre parc de logements, le rendent plus efficace sur le plan énergétique et plus confortable pour nos résidents. Le plus important, c'est qu'elles nous permettent de préserver ce parc de logements pour les décennies à venir avec un fournisseur de logements abordables qui maintiendra les loyers abordables, et ce, de façon permanente.
Je vais donner suite à cette question en mentionnant qu'avant le lancement de la Stratégie nationale sur le logement, les administrations municipales et les organismes à but non lucratif étaient essentiellement laissés à eux-mêmes.
Dans des villes comme Hamilton, lorsque la Stratégie nationale sur le logement a été lancée, nous avons recherché les mêmes coïnvestissements pour réparer nos 7 000 logements. Il y a deux ou trois semaines, on a présenté un rapport au personnel de la Ville de Peterborough. Il leur fallait 122 millions de dollars pour les 20 prochaines années. Le personnel s'est adressé à son conseil municipal pour lui indiquer que le seul endroit où ils allaient trouver ces ressources était auprès du gouvernement fédéral, grâce à la Stratégie nationale sur le logement. Dans un rapport présenté au conseil municipal, le personnel a souligné que, encore une fois, des décennies de sous-financement les ont menés à un point où ils ne peuvent plus se permettre de payer pour ces choses en utilisant l'assiette fiscale locale.
On a laissé votre organisation se débrouiller seule pendant un certain temps. Comment avez-vous traversé ces années? Avez-vous eu accès à une aide fédérale entre le début des années 1990 et aujourd'hui?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins, encore une fois.
Monsieur Castonguay, je vous souhaite la bienvenue à nouveau. Merci d'avoir accepté l'invitation. Ce n'est pas la première fois que votre organisme témoigne devant ce comité sur l'importante et épineuse question du logement, même si c'est la première fois pour vous, personnellement.
Tout d'abord, je voudrais vous saluer pour l'oeuvre utile que vous faites au Québec dans nos communautés. J'en suis témoin dans la mienne et je sais que votre travail est important.
Je pense que je vais vous laisser compléter vos propos. Quand vous vous êtes arrêté plus tôt, vous parliez des besoins en matière de logement social et communautaire pour le Québec. Or, je trouve que la question du logement social et communautaire est très absente de nos études. On parle de logement abordable, mais on occulte souvent la question du logement social et du développement de l'offre de logement sans but lucratif. Je vous laisse donc compléter vos propos et faire des remarques additionnelles sur cette question, si vous voulez en faire.
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Merci beaucoup, madame Chabot; je vous en suis très reconnaissant.
J'étais en train de parler d'une politique nationale. On a mis sur pied une stratégie fort intéressante, qui offrait une panoplie d'outils et de programmes. Cependant, pour être vraiment efficaces, nous avons aussi besoin d'une politique nationale sur le logement. C'est d'ailleurs ce que nous disons au gouvernement du Québec. Nous attendons un plan d'action depuis des années, mais celui-ci n'a pas encore été présenté. Toutefois, avant même ce plan d'action, il faut une politique. Avant tout, il faut vraiment que le droit au logement soit reconnu. Une fois ce droit reconnu, il va falloir une politique nationale pour bien articuler toutes les actions et pour bien développer le logement social communautaire.
Au Québec, les acteurs du logement social et communautaire, au sens large, réfléchissent présentement aux nouvelles façons de financer la construction de logements sociaux et communautaires et d'assurer la pérennité du parc existant. Nous avons mené des études dans certains pays d'Europe qui ont réussi à réserver 20 % de leur parc locatif au logement social et communautaire. Nous cherchions à savoir comment ces pays étaient parvenus au cours des dernières décennies, voire du dernier siècle, à offrir suffisamment de logements pour combler l'impérieux besoin des citoyens en la matière.
Nous rappelons aussi que le logement est la fondation du bien-être. Si on n'a pas de logement ou si celui-ci n'est pas adapté à ses besoins, on ne peut assurément pas être aussi productif ou actif qu'on pourrait l'être. Avoir un logement permet aussi l'autonomisation de la personne. Nous nous penchons sur des façons de faire différentes.
On a dit qu'il fallait construire 3,5 millions de logements au Canada et 680 000 au Québec. Pour que le logement social communautaire puisse vraiment participer à cet équilibre du marché locatif, il faut doubler la capacité du parc. Présentement, ce dernier compte, grosso modo, tous modes d'occupation confondus, 160 000 logements. Par contre, selon nous, il faudrait en ajouter 173 000 pour répondre aux besoins. Par le fait même, on s'approcherait des 20 % du marché locatif, ce qui contribuerait de façon importante au maintien de l'équilibre du logement et à la régulation du loyer moyen d'un logement abordable pour les citoyens un peu mieux nantis.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Castonguay, j'aimerais beaucoup continuer avec vous cette discussion sur l'importance du Réseau québécois des OSBL d'habitation.
Selon plusieurs données, sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper, on aurait perdu 800 000 logements dits abordables au Canada, et depuis l'arrivée des libéraux au pouvoir, on en aurait perdu 370 000. Pour chaque logement abordable qui se construit, on en perd 10 ou 11 en ce moment. On est donc en train de s'enfoncer dans un trou, malgré les investissements massifs qu'on fait.
On doit construire plus de logements sociaux, communautaires et coopératifs réellement abordables, mais comment fait-on pour ne pas en perdre, selon vous? Comment fait-on pour se sortir de ce trou sans fond et pour maintenir, à long terme, des logements qui répondent aux besoins des gens et que ceux-ci peuvent se payer?
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Au Québec, quand on finance un projet, on dit qu'on le bâtit pour les 100 prochaines années. Malheureusement, ce n'est pas nécessairement la réalité, et il y a quand même beaucoup de facteurs qui ont une incidence sur la perte de logements dits abordables. Une solution active que je trouve très intéressante et qui a été mise en œuvre en Colombie‑Britannique, c'est le nouveau fonds d'acquisition qui vient d'être annoncé par le gouvernement fédéral. C'est une première mesure qui pourrait être envisagée.
Pour ce qui est de la pérennité du parc de logements, un des problèmes principaux, lorsqu'un organisme obtient du financement par l'entremise d'un programme gouvernemental, c'est qu'il n'a pas accès à son capital. Je constate que c'est même le cas d'organismes qui ont été créés il n'y a pas si longtemps. Il n'y a pas un promoteur immobilier privé qui accepterait ça, s'il construisait un parc de logements locatifs dans le marché lucratif. Ça peut mettre certains organismes dans l'eau chaude, après 5 ou 10 ans, s'il y a des problèmes liés à la construction ou à la structure des immeubles. Je l'ai vu et je l'ai vécu moi-même sur le terrain. Je n'ai pas toujours travaillé à l'échelle nationale; j'ai aussi travaillé au sein de notre réseau régional. Ce problème fait que les organismes peuvent avoir de la difficulté à rester pérennes ou à se maintenir à flot. Il faut donc travailler très fort avec la Société d'habitation du Québec, parfois, pour sauver des organismes qui auraient dû rester pérennes.
Ensuite, il est question du vieillissement du parc de logements et des organismes qui ont vu le jour dans le cadre d'anciens programmes. Il est parfois difficile pour eux d'acquérir du financement pour rénover leurs immeubles. C'est un autre problème qui a plusieurs causes. Chaque fois qu'on perd un logement, il faut en construire deux, si on veut vraiment maintenir notre parc de logements.
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Merci, monsieur Castonguay.
Je suis aussi content du nouveau fonds d'acquisition qui a été annoncé dans le budget fédéral. C'est une chose que nous réclamions depuis longtemps, et nous allons réclamer qu'il prenne plus de place.
Pour faire une analogie avec ce que vous dites, c'est comme si le gouvernement fédéral finançait de nouveaux projets de transport en commun ou de transport collectif et qu'ensuite, il ne donnait plus aucun financement pour payer les frais d'exploitation au cours des années suivantes. Ces frais reposeraient alors sur les épaules des sociétés de transport. C'est un peu comme si on injectait de l'argent dans un beau projet pour faire la première pelletée de terre et couper le ruban, mais qu'on ne faisait aucun investissement pour tenir compte des défis, des rénovations et de l'entretien à faire dans 5 ou 10 ans.
Dans Rosemont—La Petite‑Patrie, il y a plusieurs coopératives d'habitation, et les gens ont beaucoup de difficulté à financer les travaux qui doivent être faits 20 ans plus tard, que ce soit sur le toit ou sur les fondations, ou encore pour des choses imprévues, pour maintenir la vitalité de leur coopérative et la qualité de vie des locataires. Il n'y a plus rien et il n'y a plus personne.
Selon vous, le gouvernement fédéral devrait-il investir davantage dans la durabilité de ces logements hors marché de type communautaire, coopératif ou autre?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur contribution à la discussion ce matin.
Mes questions seront pour Mme Gagne.
Tout d'abord, j'aime vraiment votre enthousiasme, votre énergie et votre engagement par rapport au logement abordable. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais ce comité a fait une étude sur les répercussions de la financiarisation du logement. Nous avons entendu dire que nous perdons des logements abordables 11 fois rapidement que nous en construisons.
La financiarisation du logement fait partie des préoccupations. L'une des recommandations portait sur la conception et les options en matière de traitement fiscal pour que les fiducies de placement immobilier créent de nouveaux logements abordables.
Ce qui me préoccupe, c'est le nombre de logements que nous perdons aux mains des fiducies de placement immobilier. Que devrions-nous faire selon vous pour que cela serve à la création de nouveaux logements plutôt qu'à l'achat de parcs de logements existants et à l'embourgeoisement.
Merci, monsieur Boulerice.
Chers collègues, j'ai une mise à jour. Nous avons communiqué avec Starlight Investments. Nous avons des options, mais d'ici à ce que nous obtenions une confirmation, je ne peux rien approuver. Je vous reviens là‑dessus le plus tôt possible.
Sur ce, je remercie les témoins d'avoir comparu aujourd'hui dans le cadre de cette étude importante.
C'est tout le temps que nous avions. Le Comité souhaite‑t‑il lever la séance?
Des députés: D'accord.
Le président: La séance est levée.