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Bonjour à toutes et à tous.
Bienvenue à la 114e réunion du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes.
Je rappelle aux députés de bien vouloir garder leur microphone à l'endroit indiqué lorsqu'ils ne l'utilisent pas afin d'éviter les effets Larsen qui sont dangereux pour les interprètes.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride. Les membres du Comité participent de façon virtuelle et en personne dans la salle du Comité.
Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Si vous êtes dans la salle, vous pouvez écouter l'interprétation à l'aide des casques d'écoute. Si vous participez à distance, veuillez cliquer sur l'icône du globe au bas de votre écran pour choisir la langue officielle de votre choix. Si l'interprétation est interrompue, veuillez m'en aviser. Nous suspendrons la séance le temps de corriger la situation.
Je rappelle aux députés de toujours adresser leurs questions et leurs observations à la présidence et d'attendre que je les nomme avant de prendre la parole.
Aujourd'hui, comme vous le savez, et conformément à l'ordre de renvoi du 6 décembre 2023, le Comité entreprend son étude du projet de loi , Loi concernant l'élaboration d'un cadre national visant l'établissement d'un programme d'alimentation en milieu scolaire.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre premier témoin.
[Français]
Je souhaite la bienvenue à M. Cormier, député d'Acadie—Bathurst.
Monsieur Cormier, nous allons commencer par vos remarques d'ouverture. Vous avez la parole pour cinq minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout d'abord, j'aimerais m'excuser auprès de mes collègues de ne pas pouvoir être avec eux dans la salle de réunion, aujourd'hui. Je vis une situation particulièrement difficile dans ma circonscription en ce qui concerne le secteur des pêches. J'aurais aimé être parmi vous, mais j'ai pris la décision de rester auprès de mes électeurs.
J'ai l'honneur de prendre la parole aujourd'hui devant votre comité au sujet de mon projet de loi .
L'objectif de ce projet de loi est clairement énoncé dans son titre, à savoir la création d'un cadre national pour établir un programme d'alimentation en milieu scolaire pour garantir que tous les enfants au Canada ont accès à des aliments sains. Je crois sincèrement qu'il s'agit d'un des textes législatifs sociaux les plus importants dont nous allons débattre au cours de cette session parlementaire.
Un trop grand nombre d'enfants au Canada se couchent le ventre vide ou commencent la journée scolaire sans un petit-déjeuner nutritif, qui leur permettrait de se concentrer sur leurs cours. Avez-vous une idée de ce que c'est que d'essayer de suivre une leçon ou de faire votre travail scolaire lorsque la faim vous tenaille et vous empêche de penser à autre chose?
[Traduction]
Malheureusement, cette situation est la triste réalité pour beaucoup trop d'enfants. Des études, y compris l'Enquête sur les comportements liés à la santé chez les enfants d'âge scolaire, ont démontré que jusqu'à un jeune sur cinq déclare aller à l'école ou au lit le ventre creux, souvent parce qu'il n'y a pas assez à manger à la maison.
Selon l'Étude de 2021 sur l'alimentation, la nutrition et l'environnement chez les Premières Nations, menée par l'Assemblée des Premières Nations, l'Université d'Ottawa et l'Université de Montréal, environ 50 % des ménages des Premières Nations ont de la difficulté à nourrir leur famille. Imaginez ce chiffre: 50 %.
[Français]
Ces chiffres me fendent le cœur. Toutefois, nous avons l'occasion de faire quelque chose pour remédier à cette situation, c'est-à-dire en créant un programme d'alimentation scolaire.
Le Canada est un des pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques à ne pas disposer d'un programme national d'alimentation dans les écoles. Nous avons le pouvoir de changer la donne, le pouvoir de nous assurer que moins d'enfants dans ce pays ont faim et qu'ils ont accès à une alimentation saine, afin qu'ils aient de plus grandes chances de réussir.
[Traduction]
Le nombre d'enfants qui n'ont pas accès à des aliments nutritifs dans certaines collectivités est vraiment alarmant. Au Nouveau-Brunswick, ma province natale, le nombre de programmes de déjeuners en milieu scolaire varie grandement d'une région à l'autre, ce qui provoque une inégalité sociale inacceptable. Pourquoi certaines écoles auraient-elles un programme de déjeuners et d'autres non?
[Français]
Nous savons que les élèves qui n'ont pas accès à des aliments nutritifs sont considérablement désavantagés. Les programmes de repas en milieu scolaire peuvent améliorer la fréquentation scolaire, favoriser un rendement scolaire supérieur, rehausser les résultats en matière de santé et aider les élèves à atteindre leurs objectifs de vie et leur plein potentiel.
Je tiens à féliciter tous les bénévoles dévoués, les donateurs du secteur privé et les organismes communautaires qui se mobilisent pour changer les choses. Ils sont nombreux à parrainer ou à soutenir des programmes de petits-déjeuners en milieu scolaire, non seulement dans les collectivités du Nouveau‑Brunswick, mais aussi dans tout le pays. Toutefois, il leur est impossible d'y parvenir seuls, car la demande dépasse de loin l'offre.
[Traduction]
Un cadre national complet axé sur un programme d'alimentation en milieu scolaire pourrait changer le cours des choses. Ce cadre pourrait être une feuille de route pour les sociétés, soudant les nombreuses parties prenantes en vue d'un objectif commun. Bien qu'un grand nombre de provinces et de territoires financent des programmes d'alimentation en milieu scolaire, ils n'ont pas la capacité financière de rejoindre tous les enfants dans le besoin.
[Français]
Nous ne pouvons pas avoir un programme qui ne profite pas à toutes les écoles. Tous les enfants qui ont besoin d'aliments nutritifs doivent pouvoir y avoir accès dans leur école. Le projet de loi doit soutenir la mise au point d'un cadre qui constituera la base des discussions qui auront lieu partout au pays, que ce soit avec les provinces, les territoires, les municipalités, les Premières Nations, les Inuits et les Métis, les parents, les bénévoles, les organismes de bienfaisance, les enseignants, les élèves et les administrateurs scolaires ou encore avec les experts en la matière.
Le secteur agricole et agroalimentaire participera également à l'élaboration de ce cadre. Nous pouvons concevoir un programme qui, non seulement atteindra son plein objectif afin d'assurer que chaque enfant a accès à une alimentation saine, mais qui fournira aussi un plan directeur créatif pour appuyer les agriculteurs et les producteurs agricoles dans la poursuite de cet objectif.
En terminant, monsieur le président, nous n'atteindrons pas l'objectif d'un programme national d'alimentation en milieu scolaire du jour au lendemain. Néanmoins, nous aurons tous tracé la voie à suivre pour y parvenir. Nous avons tous l'occasion d'améliorer véritablement la vie des gens en adoptant ce projet de loi et en veillant à ce que chaque enfant, au Canada, ait accès à des aliments sains dans toutes les régions du pays.
Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie et je suis prêt à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, chers collègues.
Monsieur Cormier, je vous remercie de cette initiative. C'est merveilleux. Si je ne m'abuse, nous sommes le seul pays du G7 à ne pas avoir de programme alimentaire national ou de normes nationales quelconques à cet égard.
Monsieur le président, il est évident que l'on touche toujours une corde sensible chez les conservateurs lorsque l'on présente des programmes. La députée d'en face n'aurait pu être plus claire lorsqu'elle a dit que le gouvernement ne devait pas intervenir.
Parfois, nous sommes d'avis que le gouvernement peut proposer des programmes porteurs qui peuvent aider les gens et changer des vies, qu'il s'agisse de l'Allocation canadienne pour enfants, contre laquelle les conservateurs ont voté, le programme de soins dentaires, contre lequel les conservateurs ont voté, le programme national de garderies, contre lequel les conservateurs ont voté, ou la Stratégie nationale sur le logement, contre laquelle les conservateurs ont voté. Je pense que le bilan des conservateurs est éloquent.
Écoutez, j'ai eu la chance de participer à des activités dans quelques écoles de ma circonscription. Dans le quartier 3 de ma circonscription — dans la haute-ville de Saint John —, plus de 50 % des enfants vivent dans la pauvreté. Si ces enfants ne reçoivent pas un bon repas — un bon déjeuner pour commencer la journée — à l'école, ils ne mangent pas, parce qu'il n'y a pas de quoi manger à la maison. Nous pouvons trouver plus de raisons, mais au bout du compte, il existe un problème chronique et le besoin est là.
Le programme en vaut la peine. Encore une fois, je vous remercie de l'avoir présenté. J'aimerais maintenant vous poser quelques questions.
Monsieur Cormier, pouvez-vous me parler des principaux avantages pour la santé des élèves qui participent aux programmes d'alimentation en milieu scolaire?
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Je vous remercie de votre question.
Les avantages sont énormes. Comme je vous l'ai dit plus tôt, pour un enfant, le fait d'aller à l'école le ventre plein change vraiment les choses, qu'il s'agisse de son apprentissage ou de sa concentration, ou même de son bien-être avec ses camarades de classe. Toutes les études prouvent que de tels programmes, dans les écoles du Canada, sont vraiment bénéfiques pour les jeunes. On constate le même phénomène dans des études réalisées dans d'autres pays. On note que les jeunes réussissent mieux dans leur vie d'adulte quand ils ont été bien encadrés sur le plan scolaire.
Le meilleur exemple que je puisse vous donner est le suivant. Une des écoles que fréquentent mes enfants a créé un programme dans le cadre duquel une parcelle de terre a été offerte à un jeune fermier de la région. Il utilise ce lopin de terre pour cultiver des légumes et des fruits, qu'il fournit à la cafétéria de l'école pour la confection des repas des élèves, qui, à leur tour, aident à planter les légumes. Cette initiative permet d'éduquer les jeunes, de leur fournir des aliments sains et, comme je l'ai déjà mentionné, de bien commencer la journée, garantissant que leur apprentissage sera meilleur à long terme.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Bonjour, monsieur Cormier. Nous comprenons tout à fait que vous participiez à la réunion en mode virtuel et nous vous en excusons, surtout s'il y a une urgence dans votre circonscription. Comme nous le savons, l'industrie saisonnière occupe une place très importante dans l'économie de votre région. Or, les travailleurs saisonniers aimeraient bien faire entendre leurs revendications concernant les faibles revenus qu'ils gagnent en raison d'un programme d'assurance-emploi tout à fait désuet dans le contexte actuel. Je vous remercie, en leur nom, de vous en occuper.
Monsieur Cormier, j'ai écouté vos propos sur l'importance d'établir un programme d'alimentation dans les écoles pour soutenir les jeunes, et sur les bienfaits d'un tel programme sur leur apprentissage. Je pense que, sur le fond, nous allons nous entendre. De plus, je suis convaincue que les témoins vont aller dans le même sens.
Je me questionne cependant sur le fait que vous parlez du milieu scolaire et de nos écoles. Reconnaissez-vous que le domaine de l'éducation relève de la compétence exclusive du Québec et des provinces?
Le projet de loi indique que nous allons négocier et que nous allons discuter avec les provinces et les territoires. Nous nous entendons tous pour dire que l'éducation relève de la compétence des provinces et des territoires. Pourtant, ça ne veut pas dire qu'à cause de ça, nous ne pouvons pas travailler sur le dossier, en partenariat avec le Québec ou avec les autres provinces.
Comme je l'ai dit dans mon allocution, ça ne demande pas un financement égal des provinces ou des territoires. Les discussions auront certainement lieu avec le gouvernement du Québec pour voir ce qu'il veut faire, comme ça a été le cas pour le programme des services de garde.
Encore une fois, nous devrions regarder plus loin. Il faut garder en tête que c'est un programme pour aider les élèves. Si le Québec a déjà un programme en place qui est suffisant et qui ne peut pas être amélioré, qui sait? Peut-être que le gouvernement fédéral se servira de l'exemple du Québec pour améliorer le cadre national ou le programme lui-même au pays. Nous voulons collaborer avec le gouvernement du Québec. S'il y a des ajustements à faire, nous les ferons, comme nous l'avons fait avec d'autres programmes universels que nous avons créés au pays.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis heureuse d'être au Comité aujourd'hui pour parler de ce que je considère comme un programme très important. Je sais que le gouvernement, sous la pression du NPD, a mis en place un programme d'alimentation en milieu scolaire, qui était attendu depuis longtemps.
L'une des choses que je trouve étranges depuis le début de ce débat, c'est qu'on entend dans les discussions que l'insécurité alimentaire serait un phénomène nouveau. J'ai mentionné à maintes reprises à la Chambre que je suis éducatrice depuis longtemps. En fait, à la fin de mes études secondaires, l'un de mes premiers emplois a été celui d'éducatrice à la petite enfance.
Sous le règne des gouvernements conservateurs comme libéraux, des enfants sont allés à l'école ou à la garderie le ventre vide. Lorsque je suis devenue enseignante, j'avais mon propre programme alimentaire que je payais de ma poche parce qu'il y avait des enfants qui arrivaient à l'école le ventre vide à l'époque du gouvernement fédéral conservateur.
Qu'est‑ce qui vous a motivé à déposer ce projet de loi? Je sais qu'il établit un cadre. Mais maintenant que le programme alimentaire figure dans le budget, ce projet de loi est‑il toujours pertinent?
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Oui, je pense que nous aurions encore besoin d'un programme de petits déjeuners ou d'un programme d'alimentation dans les écoles.
Comme je l'ai dit plus tôt, en 1981, j'étais en première année. Je pense que vous savez qu'il n'y avait pas de tarification de la pollution à l'époque. La vie était peut-être un peu plus facile pour certaines familles à ce moment‑là, mais il y avait des jours où certains de mes amis n'avaient rien à manger dans leur boîte à lunch.
Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles les familles n'arrivent parfois pas à mettre de la nourriture dans la boîte à lunch de leurs enfants. C'est peut-être parce qu'elles n'ont pas d'argent. C'est peut-être parce qu'il s'est passé quelque chose à la maison le matin ou à cause d'un problème de santé mentale.
Même si le prix des aliments cessait d'augmenter en flèche, je voudrais assurément qu'il y ait un programme d'alimentation en milieu scolaire. Nous vivons dans l'un des seuls pays qui n'a pas de programme d'alimentation en milieu scolaire. Il est temps que le Canada intervienne et mette un programme quelconque en place.
Je suis heureux que mon gouvernement... Encore une fois, je remercie le NPD d'appuyer la création d'un programme d'alimentation en milieu scolaire. Il est temps de veiller à ce que nos enfants réussissent dans la vie.
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Merci. C'était une question à laquelle vous pouviez répondre par oui ou par non. Merci, monsieur Cormier.
Vous avez signé un communiqué de presse le 28 septembre 2023, avec vos collègues libéraux, M. Long, qui siège à ce comité, et , pour critiquer l'imposition de la taxe sur le carbone de votre gouvernement libéral aux résidants de la province où vous vivez, le Nouveau-Brunswick. Vous avez dit que la taxe sur le carbone désavantage la province et ses résidants parce qu'elle ne tient pas compte de son caractère fortement rural.
Monsieur Cormier, êtes-vous d'accord pour dire que la taxe sur le carbone désavantage les familles rurales en faisant augmenter le coût de la production, du transport, de l'entreposage et, au bout du compte, de l'achat de nourriture?
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Je vous remercie de votre question.
Vos parents ont dû en avoir plein les bras, avec 15 enfants à la maison. Vous avez certainement une magnifique famille et de magnifiques souvenirs.
Comme je l'ai dit plus tôt, un tel programme a de nombreux avantages, notamment pour la santé des élèves. Il permettra une meilleure alimentation, un apport équilibré d'aliments sains et une réduction des problèmes de malnutrition. Il a été prouvé que les programmes d'alimentation scolaire pouvaient même réduire les risques d'obésité, augmenter la fréquentation scolaire, puisque les enfants sont moins gênés d'aller à l'école, et améliorer la concentration des élèves en classe. En effet, comment peut-on se concentrer à l'école si on n'a rien à se mettre dans le ventre le matin?
Un programme comme celui-là va aider les élèves, mais aussi les familles, en leur enlevant le stress dû à leur incapacité de nourrir leurs enfants adéquatement pour différentes raisons. On ne peut donc pas se passer d'un tel programme. J'espère qu'on réussira à mettre en place un cadre et des balises avec différents intervenants, pour en arriver à une loi solide et contraignante dans les prochaines années.
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Monsieur le président, comme je l'ai dit, l'exemple parfait se trouve derrière chez moi, à l'école que fréquentent mes enfants. On y a mis en place un merveilleux programme et donné une terre à un agriculteur local, qui y cultive actuellement des légumes et des fruits. Ce sont les enfants qui plantent les semences. Tous ces fruits et légumes servent à nourrir les enfants au déjeuner et au dîner, à la cafétéria de l'école.
Voilà pourquoi nous avons besoin de parler à tous les intervenants. Nous avons déjà mené beaucoup de consultations pour voir comment nous pouvons mettre en place un programme d'alimentation dans toutes les écoles au Canada.
C'est un défi assez ambitieux, comme vous pouvez le deviner. Il y a beaucoup d'écoles au Canada. Nous devons savoir de quelle infrastructure nous disposons. Les témoins suivants vous diront qu'il y a déjà une certaine structure en place. Il y a déjà des groupes qui s'activent. Par exemple, dans ma région, un groupe qui s'appelle la Fondation des petits déjeuners de la Péninsule acadienne aide les écoles à fournir des repas aux enfants.
C'est pourquoi nous avons besoin d'un cadre. Le gouvernement versera un milliard de dollars au cours des cinq prochaines années aux provinces qui signeront une entente bilatérale avec lui. Nous serons en mesure d'aider un peu plus d'écoles.
Entretemps, façonnons notre cadre pour l'avenir afin que le programme d'alimentation en milieu scolaire s'applique pendant des années au Canada et aide les familles, mais surtout les enfants, qui représentent l'avenir.
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Merci, monsieur le président.
Je sais que je n'ai que deux minutes, mais je dirai en préambule que personne autour de la table n'est contre l'objectif d'une saine alimentation scolaire et de ses bénéfices pour les enfants. Pourtant, on entend les néo-démocrates et les libéraux dire qu'il est épouvantable que des gens votent contre cet objectif.
Dans les faits, nous ne votons pas contre le principe, mais contre la manière.
En tout respect, monsieur Cormier, votre projet de loi vient doubler les services qui existent dans les provinces, dans les organismes communautaires, dans la pratique ou dans les milieux scolaires. Ce sont eux qui ont l'expertise et qui déploient ces services. Que le gouvernement fédéral veuille soutenir financièrement les types de programme qui existent au Québec et ailleurs, c'est une chose. Qu'il veuille instaurer un cadre national dans une fédération où ces compétences appartiennent aux provinces, c'est du chevauchement qui alourdit la bureaucratie et ne règle rien, parce que le gouvernement fédéral n'a aucune expertise dans les façons de faire.
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Merci de cette réponse.
Par votre intermédiaire, monsieur le président, nous entendons beaucoup parler de la taxe sur le carbone, mais on ne dit rien sur l'urgence climatique et les coûts qu'elle engendre. On ne parle pas de l'inaction, de ses coûts et de la menace potentielle à la sécurité alimentaire.
Croyez‑vous que votre gouvernement en fait assez pour lutter contre l'avidité du secteur privé?
Par exemple, pour le prix de l'essence, pourquoi ne pas s'attaquer aux grandes sociétés de pétrole et de gaz qui escroquent les consommateurs à la pompe? Pourquoi ne pas demander des comptes aux PDG des épiceries qui escroquent les gens à la caisse?
Croyez‑vous que votre gouvernement en fait assez? Je ne pense pas que de négocier avec ces entreprises améliore la situation. Pensez‑vous que votre gouvernement doit adopter une position ferme face à la cupidité des entreprises?
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Merci, monsieur le président.
J'écoute cette discussion avec M. Cormier, et je n'ai aucun doute qu'il veut bien faire. Je présume que son projet de loi le passionne beaucoup et qu'il tient vraiment à s'assurer que les enfants au pays soient bien nourris et qu'ils puissent apprendre leurs leçons. Concernant ce que Mme Chabot disait, je ne pense pas que quiconque soit contre l'objectif de veiller à ce que tous les enfants au pays n'aient pas faim lorsqu'ils vont à l'école. Je pense que c'est juste le gros bon sens.
Toutefois, quand j'écoute ce débat, surtout mon bon ami et collègue M. Long, qui fulmine contre les votes conservateurs contre ceci et cela, et mes collègues ici qui évoquent les dépenses de tous les jours et comment les choses deviennent plus dispendieuses entre autres à cause de la taxe sur le carbone, j'en reviens encore à tous les programmes que M. Long a mentionnés. Ce gouvernement annonce tous ses programmes avec tambours et trompettes.
Je vais commencer en prenant l'exemple de la Stratégie nationale sur le logement de 2017, qui devait transformer des vies. Bien sûr, la transformation qui s'est produite, c'est que le prix des maisons et des loyers a doublé et qu'on ne peut pas trouver de logement. Puis, le gouvernement a annoncé son programme de garderies. Cela paraît vraiment bien de dire: la garderie coûtera 10 $ par jour, et si vous n'appuyez pas cette mesure, alors vous détestez les enfants, parce que « nous sommes libéraux et formidables ». Nous entendons des directrices de garderies de partout au pays dire qu'elles n'ont pas les moyens d'offrir ce programme avec la subvention que leur verse le gouvernement fédéral. Les libéraux disent: « Nous allons embaucher plus de fonctionnaires, dire aux provinces comment agir et les aider en assumant la moitié des coûts », mais dans les faits, ils ne le font jamais. Puis, il y a le programme de soins dentaires. Des dentistes m'ont dit qu'ils n'avaient pas les moyens de donner ce service comme le gouvernement fédéral leur demande de le faire.
En réponse à Mme Chabot, ce programme d'alimentation en milieu scolaire s'inscrit dans la même veine. Le gouvernement fédéral, ce gouvernement libéral militant, a beaucoup de talent pour ce qui est de nommer des programmes. Les libéraux ont le chic de se faire prendre en photos, de déballer des phrases préfabriquées et de s'ingérer dans les affaires provinciales, mais ils n'accomplissent rien du tout. Ce cadre vise à élaborer un plan pour usurper une responsabilité provinciale, et tout cela ne mènera sans doute à rien.
À mon avis, nous avons là l'exemple d'un gouvernement qui se mêle encore des affaires provinciales et qui, par le fait même, fait fi de ses propres responsabilités. Le gouvernement fédéral doit s'occuper des questions financières. Si les taux d'intérêt sont aussi élevés à l'heure actuelle, c'est en partie à cause des dépenses et des emprunts excessifs d'un gouvernement qui dit qu'il va corriger les choses, mais qui en réalité aggrave la situation. Pendant que des élus fédéraux veulent s'arroger des pouvoirs provinciaux et qu'ils passent leur temps à parler de ce cadre, ou du plan pour élaborer un cadre qui, un jour, pourrait peut‑être aider à nourrir un enfant, on fait fi des responsabilités fédérales et tente de dire aux provinces comment elles doivent se comporter.
Fondamentalement, je ne comprends pas comment un gouvernement qui, après neuf ans, promet la lune dans tellement de dossiers différents et qui donne si peu de résultats concluants peut être si fier de son nouveau cadre pour s'assurer de nourrir les enfants dans les écoles. Il y a fort à parier que M. Cormier n'avait pas vraiment pour plan de présenter un projet de loi qui permettrait tout juste de concevoir un plan pour élaborer un plan afin de parler aux gouvernements provinciaux d'avoir un plan. Je présume qu'il voulait une action plus concrète.
Si j'avais une question à vous poser, monsieur Cormier, ce serait celle‑ci: quand vous ne serez plus député et que, des années plus tard, on parlera toujours d'un programme d'alimentation national en milieu scolaire parce qu'on vient de créer un cadre qui ne mène nulle part, comment vous sentirez‑vous?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis tenté, pour être honnête, de faire un long préambule, comme mon collègue vient de le faire et comme les conservateurs n'ont pas manqué de le faire aujourd'hui. Je les prendrais au sérieux si ce n'était du fait — et c'est un fait — que leur politique phare, lorsqu'ils étaient au pouvoir de 2006 à 2015, consistait à envoyer des chèques aux millionnaires.
Qu'avons-nous pu observer pendant cette période? La pauvreté chez les enfants a augmenté. En fait, l'Allocation canadienne pour enfants qui a déjà été citée — et que l'on ne devrait jamais hésiter à mentionner — est bénéfique pour des milliers d'enfants partout au pays. Ainsi, pas moins de 750 000 enfants sont sortis de la pauvreté depuis 2015 grâce à cette politique de notre gouvernement.
Je prendrais également les conservateurs au sérieux s'ils avaient une autre option à proposer. S'ils n'aiment pas ce programme, qu'est‑ce qu'ils préconisent? Veulent-ils recommencer à donner des chèques aux millionnaires? C'est sans doute exactement ce qu'ils désirent, et c'est pourquoi ils n'en disent jamais rien.
Je tiens à m'adresser à mon collègue.
Tout d'abord, je veux le remercier de ses efforts dans ce dossier. Il défend d'abord et avant tout les intérêts de ses commettants et commettantes. Ce faisant, il a trouvé le moyen d'attirer l'attention sur un enjeu crucial qui touche toutes les circonscriptions du pays.
Je sais que M. Cormier a beaucoup travaillé pour en arriver à la version définitive de son projet de loi d'initiative parlementaire. Je sais qu'il a mené de nombreuses consultations dans sa circonscription et ailleurs au pays. Nous allons entendre des témoins aujourd'hui. J'aimerais beaucoup qu'il nous parle des consultations qu'il a menées. Aussi bon député soit‑il — et il est très bon —, je sais qu'il a pris en compte dans ce projet de loi le point de vue de ceux et celles qui, au sein des différentes collectivités, se portent à la défense des enfants. Ces gens‑là forment une grande communauté. J'aimerais savoir ce qu'il en pense.
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Monsieur le président, en octobre, j'ai fait à la course 200 fois le tour de mon école primaire — plus de 92 kilomètres — pour sensibiliser les gens à la nécessité d'un investissement fédéral dans l'alimentation scolaire. Je demandais alors au gouvernement du Canada d'investir 200 millions de dollars sur cinq ans dans un programme national d'alimentation scolaire comme il s'est engagé à le faire. Puis, en novembre, cinq semaines plus tard, j'ai fait 200 fois le tour de la pelouse du Parlement, une course de près de 30 kilomètres, pour attirer de nouveau l'attention sur la question.
C'est un véritable honneur d'être invité ici aujourd'hui. Je tiens à exprimer mon appui sans réserve au projet de loi , qui prend encore plus d'importance que lors de son dépôt initial en mars 2023 en raison du récent investissement d'un milliard de dollars sur cinq ans annoncé par le gouvernement fédéral dans le budget de 2024.
Le projet de loi établirait le cadre guidant les actions menées par le gouvernement fédéral, en partenariat avec les provinces, les territoires et les communautés autochtones, pour assurer la santé et le mieux-être de tous les enfants canadiens.
Je vous exhorte à appuyer ce projet de loi dans l'intérêt des enfants du Canada, des communautés scolaires et des économies alimentaires locales qui en bénéficieraient tous. Je sais que le soutien à l'alimentation en milieu scolaire est un enjeu non partisan qui a l'appui de tous dans nos écoles, nos quartiers et nos collectivités.
Je suis enseignant dans une école primaire desservant un milieu urbain diversifié sur les territoires traditionnels non cédés des peuples Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh dans ce qui est maintenant la partie ouest de Vancouver.
J'ai cofondé le LunchLAB, un programme de dîners éducatifs qui permet aux élèves de 6e et 7e année de travailler avec le chef en résidence pour préparer des plats pour eux-mêmes et leurs camarades de classe. Avec LunchLAB, le dîner devient une partie importante de la journée d'apprentissage, plutôt que d'être vu comme une interruption.
Dans mon rôle d'enseignant, je suis à même de constater les vertus des programmes offerts en milieu scolaire, ce qui me donne toute la motivation voulue pour m'employer à ce que tous les élèves puissent en bénéficier. Chaque semaine, je peux observer directement les effets d'un programme d'alimentation qui aide les élèves à s'épanouir tout en apprenant de nouvelles choses. Le LunchLAB nous montre comment les programmes d'alimentation en milieu scolaire peuvent aider les élèves à acquérir des compétences et des connaissances en alimentation en leur permettant de partager avec plaisir avec les autres élèves de l'école des repas de meilleure qualité. Ces programmes contribuent au nivelage sociétal comme on peut clairement le constater en voyant des élèves de divers horizons s'asseoir ensemble pour manger.
Défenseur passionné de l'alimentation en milieu scolaire, j'ai travaillé en étroite collaboration avec la Coalition pour une saine alimentation scolaire, qui regroupe près de 450 organismes membres et sympathisants assurant sa présence dans toutes les provinces et tous les territoires.
J'ai eu l'occasion de participer aux réunions qui ont mené à la fondation de la Coalition à Halifax en 2014. Quelques années plus tard, j'ai contribué à la création de la section britanno-colombienne de la Coalition dont les années de militantisme collectif ont abouti à une décision du gouvernement de la Colombie‑Britannique d'investir 214 millions de dollars sur trois ans dans des programmes d'alimentation en milieu scolaire.
La Coalition préconise la mise en place d'un programme universel d'alimentation saine en milieu scolaire dont les coûts seraient partagés avec les provinces et les territoires, en s'appuyant sur des principes directeurs fondés sur la recherche et les pratiques exemplaires, afin de veiller à ce que les programmes d'alimentation scolaire produisent des résultats optimaux. Ce sont ces mêmes principes directeurs qui unissent d'un océan à l'autre les membres d'un vaste réseau qui comprend des fournisseurs sans but lucratif d'aliments aux écoles, des organismes nationaux des secteurs de l'éducation et de la santé, des organisations autochtones, des conseils scolaires, des villes, des services de santé municipaux et bien d'autres intervenants. Les principes directeurs sont énoncés dans le mémoire présenté par la Coalition pour une saine alimentation scolaire, dont je vous encourage à prendre connaissance.
Nous avons besoin d'un cadre national qui soit visionnaire et qui reflète les grands principes directeurs énoncés par la Coalition et articulés dans le rapport « Ce que nous avons entendu » faisant suite aux consultations sur une politique nationale en matière d'alimentation dans les écoles.
J'ai été heureux de constater que le projet de loi prévoit de veiller à ce que les programmes soient conformes au Guide alimentaire canadien. Selon le Guide alimentaire, une alimentation saine ne se limite pas aux seuls aliments que nous consommons; on doit aussi réfléchir à ce qu'on mange, l'apprécier, cuisiner plus souvent et partager nos repas avec d'autres. Les programmes d'alimentation en milieu scolaire sont une occasion d'offrir un environnement alimentaire sain tout en favorisant la santé mentale et le mieux-être.
Dans le respect de leurs droits et de leurs priorités, les peuples autochtones du Canada doivent jouer des rôles clés dans la conception et la mise en œuvre de programmes d'alimentation en milieu scolaire dans leurs communautés ainsi que dans les écoles où les enfants des Premières Nations, métis ou inuits comptent pour une partie importante de la population étudiante.
Aux fins du soutien de systèmes alimentaires locaux et durables, on peut créer du travail pour les agriculteurs canadiens et appuyer le développement économique communautaire en incitant les programmes d'alimentation en milieu scolaire à se fixer des objectifs pour l'achat d'aliments produits localement et dans une perspective de développement durable.
En ma qualité d'enseignant, je dois insister sur l'importance de promouvoir l'éducation alimentaire en veillant à intégrer au programme scolaire les nouveaux programmes d'alimentation dans les écoles et à permettre l'acquisition de connaissances et de compétences alimentaires par la voie de l'expérimentation. Il ne devrait pas s'agir seulement de programmes destinés aux élèves, mais aussi de programmes conçus, élaborés et gérés avec la contribution significative de ces mêmes élèves. Grâce aux programmes d'alimentation en milieu scolaire, les élèves ont de nombreuses occasions de participer à la préparation, au service et au nettoyage, acquérant ainsi des compétences utiles dans le secteur de l'alimentation.
Je souscris en outre à quelques recommandations clés de la Coalition quant aux améliorations à apporter au projet de loi .
Nous devons nous engager à faire en sorte qu'il n'y ait pas de publicité ciblant les enfants. Il doit y avoir des mesures de protection contre la commercialisation auprès des enfants d'aliments et de boissons de marque ou hautement transformés dans le cadre de programmes d'alimentation en milieu scolaire.
Nous avons besoin d'un engagement à l'égard de l'évaluation des programmes à l'échelle du Canada. En assurant l'uniformité des rapports, on favoriserait la collecte et la mise en commun des données afin de mesurer les progrès réalisés et d'appuyer l'élaboration et la mise en œuvre des programmes.
Enfin, il faut que l'on s'engage à mettre en place un programme universel, une condition essentielle pour que, progressivement, tous les enfants du Canada puissent y avoir accès. Ce projet de loi reconnaît l'importance de réduire la stigmatisation, et c'est exactement ce que peut permettre le déploiement d'un programme universel. En tant qu'enseignant, je peux en voir les avantages pour tous les élèves. Ainsi, ils pourront tous acquérir les connaissances et les compétences alimentaires dont ils ont besoin pour s'épanouir pleinement, tout en consommant des aliments sains et délicieux à l'école.
Encore une fois, je tiens à souligner que j'appuie sans réserve ce projet de loi. Je vous encourage à l'adopter à l'unanimité. J'espère que vous tous, ainsi que tous les partis représentés au Parlement, allez voter pour l'adoption du projet de loi le plus rapidement possible.
Merci.
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Je tiens à féliciter M. Mansfield. Bravo.
Je m'appelle Carl Nabein. Je suis fondateur et président de Kids Against Hunger, une organisation humanitaire créée en 2003 qui est devenue en 2009 un organisme de bienfaisance dûment enregistré auprès de l'Agence du revenu du Canada.
Nos sacs alimentaires nourrissent des gens de toutes les cultures et de toutes les races. Ils sont complètement végétaliens et ont été mis au point par les scientifiques des géants de l'industrie alimentaire non seulement pour remplir les estomacs vides, mais aussi pour fournir une alimentation complète d'une journée et aider à soulager les problèmes de santé dus à la famine, comme la cécité et le spina bifida.
Chaque repas est constitué à base de riz, un aliment consommé par toutes les cultures du monde qui a en outre une longue durée de conservation. Il contient six légumes déshydratés. Il renferme de la farine de soya texturée, laquelle contient trois fois plus de protéines que la viande et fait grimper l'apport protéinique à 52 %. On ajoute à cela un assaisonnement à base de légumes dont le goût est semblable à celui du poulet, pour donner un produit extrêmement nourrissant qui renferme 21 vitamines et minéraux spécialement conçus pour atténuer les maladies liées à la famine.
La préparation peut être cuite dans l'eau pendant 20 minutes pour faire bouillir le riz, rendant du même coup potable l'eau légèrement contaminée. Chaque plat est délicieux et peut être assaisonné en fonction des goûts et des préférences culturelles. Notre ratatouille de riz au soya est bien accueillie partout au Canada et n'est pas considérée comme un aliment pour les pauvres. Le goût se rapproche de celui du riz pilaf. Au départ, des jeunes, des enfants en fait, ont proposé d'empaqueter la nourriture pour limiter les coûts. C'est ainsi que le nom a été choisi. Les plats sont destinés non seulement aux enfants, mais aussi aux familles dans le besoin.
Même si un programme d'alimentation en milieu scolaire peut apporter une aide précieuse qui est nécessaire depuis longtemps, le problème vient maintenant du fait que les enfants ne sont pas les seuls à être dans le besoin au Canada. Les familles souffrent également et sont souvent trop fières pour parler publiquement de leur situation précaire qui leur cause un « embarras excessif », d'après ce que nous avons pu observer.
Notre objectif initial était d'expédier les deux tiers de nos repas aux pays en développement et à ceux qui ont besoin de secours à la suite d'une catastrophe naturelle, le tiers restant étant distribué aux banques alimentaires, aux Premières Nations et aux Autochtones, à l'Armée du Salut et à d'autres endroits où de tels besoins existent partout au Canada. Malheureusement, compte tenu du coût de la vie qui ne cesse de grimper, notamment pour ce qui est des denrées alimentaires, du carburant, du loyer et du logement, les besoins augmentent de façon importante et croissante. À l'heure actuelle, 41 % de nos produits — plutôt que le tiers seulement — restent ici au pays pour répondre à ce besoin constant.
L'aide aux sinistrés est plus importante que jamais. Il y a deux conflits en cours en plus de nombreuses catastrophes liées aux conditions météorologiques. Nous travaillons en partenariat avec d'autres organismes de bienfaisance canadiens pour acheminer la nourriture là où elle est nécessaire, comme à Cuba, en Haïti et en Ukraine. Parmi les autres pays et régions que nous desservons, notons neuf régions en Afrique (9,5 %); les Caraïbes (30 %); trois régions en Amérique centrale (6,8 %); l'Amérique du Sud, et notamment le Pérou (2,1 %); l'Ukraine, le Sri Lanka et les Philippines (10,2 %).
La demande n'a jamais été aussi forte, mais comme les gens sont en mauvaise posture financière, ils ont aussi moins à donner. Les Canadiens sont très généreux. Nous sommes l'un des rares organismes de bienfaisance à ne pas manquer de bénévoles, car tout le monde se préoccupe du sort de ceux et celles qui ont faim. Notre plus grand obstacle est le manque de fonds. De nombreuses personnes et entreprises ont moins d'argent à nous donner, ce qui s'ajoute à l'augmentation de nos coûts en matière de transport, d'intrants alimentaires et de fournitures.
Pour vous donner une idée, disons qu'entre 2003 et 2011, nous avons réussi à maintenir le coût d'un repas à seulement 23 ¢. En 2014, ce coût a été porté à environ 27 ¢ — ce qui était encore très bien. Cependant, les récentes hausses marquées du prix du carburant ont fait doubler les coûts de transport si bien qu'une entreprise locale n'est plus en mesure de nous fournir du transport gratuitement parce qu'elle n'a plus les moyens de le faire. Ainsi, nos coûts d'exploitation sont passés de 23 ¢ par repas en 2003 à 48 ¢ aujourd'hui. Nous avons suffisamment de stocks pour maintenir ce prix pour cette année.
Notre organisme de bienfaisance dépend uniquement des dons. Nous ne recevons pas de financement. Nos plus grands donateurs ont été les églises, les entreprises et les associations philanthropiques et, croyez‑le ou non, les écoles figurent parmi nos principales sources d'appui, en plus des événements publics organisés par ailleurs.
La pandémie et les confinements qui en ont découlé ont affecté notre croissance alors que nous visions environ 20 % par année. Même si nous sommes en train de nous rétablir, les besoins sont plus grands que jamais, surtout au Canada. La hausse des coûts de la nourriture, des fournitures et du transport nous a touchés, et il y a désormais moins de fonds disponibles au sein des différentes collectivités.
Je crois aussi beaucoup à un bon programme d'alimentation scolaire. Nous aimerions même coordonner ce programme, et nous l'avons proposé à un certain nombre d'écoles locales. C'est merveilleux et ce serait très bien accueilli. Cela ne fait qu'effleurer la surface, car c'est la fin de la chaîne. Les familles ont du mal à joindre les deux bouts et nous devons nous assurer de maintenir leurs coûts à un niveau acceptable.
Les jeunes travaillent à 20 $ de l'heure, et ils n'ont pas d'argent pour acheter du carburant parce qu'ils dépensent leur argent pour le loyer, la nourriture, etc. Les besoins vont donc au‑delà des écoles, mais je pense qu'offrir de l'aide avec un programme scolaire est également une bonne chose.
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Merci au Comité de me recevoir.
Je suis Shawn MacKeigan. Je suis le directeur exécutif associé de Mission Services of Hamilton. Mission Services est un organisme de services sociaux multisectoriels sans but lucratif situé à Hamilton, en Ontario. Nous aidons les personnes qui doivent faire face à certaines des situations les plus difficiles de leur vie.
Depuis près de 70 ans, nous soutenons les gens et les familles en leur offrant une panoplie de services et de soutiens, notamment en matière de logement et d'itinérance, de violence fondée sur le sexe, de services communautaires de traitement de la toxicomanie et de services aux jeunes. Nous gérons l'un des plus grands programmes de sécurité alimentaire de notre communauté, dans le cadre duquel nous soutenons des milliers de personnes et de familles chaque année.
Le programme Good Food Centre est au cœur de l'initiative de sécurité alimentaire de Mission Services. Ce programme permet de s'assurer que les personnes reçoivent des aliments nutritifs et adaptés à leur culture et de fournir un vaste éventail d'articles, notamment des produits frais, des produits laitiers, des protéines, des aliments de base, garantissant un régime alimentaire équilibré aux personnes dans le besoin. Le Good Food Centre fait partie d'un réseau alimentaire plus vaste au sein de notre communauté, bien que la portée de notre service soit importante, étant donné que nos ressources physiques incluent un grand entrepôt et une aire de stockage des aliments et de service à la clientèle assez importante.
Bien que nous reconnaissions et comprenions l'importance de maintenir cette ressource vitale, nous ne sommes pas les seuls à avoir observé des augmentations significatives d'une année à l'autre dans la demande de ce service. Au cours de la dernière année, nous avons observé une augmentation de 30 % du nombre de nouveaux utilisateurs du service, et près de 40 % des personnes qui reçoivent de l'aide par notre Good Food Centre sont des enfants.
Une collaboration entre Mission Services de Hamilton et le Collège Mohawk vise à créer des attitudes positives à l'égard de l'éducation chez les enfants qui ne croient peut-être pas que l'éducation postsecondaire est une option pour eux. Ces programmes offrent aux jeunes intéressés des quartiers du centre-ville des collations saines après l'école, des repas chauds nutritifs, des cours de cuisine et de jardinage, de l'aide aux devoirs ainsi qu'un important volet récréatif. Le programme est dirigé par des jeunes et est fondé sur la force, où nous concentrons bon nombre de nos activités sur le bien-être mental et physique.
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De plus, Mission Services joue un rôle crucial dans la défense des intérêts et le partenariat communautaire. Nous travaillons en collaboration avec d'autres organismes locaux, des agences gouvernementales et des intervenants communautaires, non seulement pour répondre à certains des besoins les plus immédiats, mais aussi pour contribuer à créer de meilleures conditions afin de coordonner l'accès aux bons soutiens au bon moment et, en outre, pour s'attaquer aux causes profondes de l'insécurité alimentaire telles que la pauvreté, les inégalités sociales et structurelles et l'accès à une alimentation saine.
Nous comprenons que les répercussions positives des programmes de sécurité alimentaire sont profondes et multidimensionnelles. Pour les familles qui sont confrontées à l'insécurité alimentaire, ces programmes constituent un filet de sécurité essentiel qui atténue le stress et l'anxiété qui sont associés au fait de ne pas savoir d'où viendra le prochain repas. Nous comprenons que cette stabilité permet aux parents de se concentrer davantage sur d'autres aspects de la vie familiale, dont le maintien d'un logement stable, la recherche d'un emploi ou de possibilités d'éducation et la mise en place d'un milieu de vie favorable. Les enfants en bénéficient énormément, car un accès régulier à des aliments nutritifs favorise leur croissance physique, leur développement cognitif et leurs résultats scolaires. Dans l'ensemble, des programmes de sécurité alimentaire solides renforcent les familles, favorisent des modes de vie plus sains et contribuent au bien-être social et économique de l'ensemble de la communauté.
Ensemble, nous sommes convaincus que nous pouvons prendre des mesures pour faire en sorte que tous les membres de notre communauté aient accès aux aliments sains et nutritifs dont ils ont besoin pour s'épanouir.
Je vous remercie.
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Ce serait logique, puisque le Canadien moyen paie 700 $ de plus pour se nourrir que l'année dernière.
Mes concitoyens me disent constamment que l'augmentation de la taxe sur le carbone... Le 1er avril, le gouvernement Trudeau a augmenté de 23 % la taxe dans le cadre de son plan visant à la quadrupler, ce qui a une incidence sur le prix des produits alimentaires et du carburant. Cela fait partie des frais de transport de n'importe quel article.
Les agriculteurs me le disent souvent lorsqu'ils transportent les produits de la ferme, généralement par camion, à la transformation, puis au marché, mais, au bout du compte, c'est le consommateur qui paie.
Le directeur parlementaire du budget a confirmé que la famille canadienne moyenne paie plus en taxes sur le carbone qu'elle ne reçoit de remboursements.
Croyez-vous que l'élimination de la taxe sur le carbone aiderait votre organisme à transporter des denrées alimentaires?
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De nombreux électeurs de ma circonscription, et même des personnes qui n'habitent pas dans ma circonscription, me disent à quel point la taxe sur le carbone a une incidence sur leur vie quotidienne.
Je tiens à souligner que notre parti, les conservateurs, a demandé au gouvernement de supprimer la taxe sur l'essence, la taxe d'accise et la taxe sur le carbone visant les carburants, ce qui permettrait aux Canadiens d'économiser environ 35 ¢ le litre pour l'été.
Cela a une grande incidence.
En ce qui concerne les dons de bienfaisance, je sais que lorsque le gouvernement — les différents ordres de gouvernement, peu importe lequel — taxe le contribuable, les Canadiens ont moins d'argent à dépenser pour eux-mêmes et leur famille pour la nourriture, les activités extrascolaires pour les enfants et le transport parfois pour se rendre au travail et en revenir. Ils ont également moins de temps parce qu'ils ont l'impression qu'ils doivent travailler plus pour faire plus avec chaque dollar parce que le fisc leur en prend beaucoup trop. Cela leur enlève du temps qu'ils pourraient consacrer non seulement à leur famille, mais aussi à des organismes communautaires, que ce soit dans les écoles ou les organismes à but non lucratif. Les organismes sont donc mis à rude épreuve. Ils estiment alors qu'ils doivent compter sur le gouvernement pour les financer.
Je sais que cette mesure législative dont nous discutons aujourd'hui, le projet de loi , alimenterait la bureaucratie et pas les enfants.
C'est un autre exemple, à mon avis, de dépenses excessives de ce gouvernement, qui ne donnent aucun résultat, ou peut-être très peu de résultats, mais presque aucun. Comme il en a été question aujourd'hui, nous savons que les dépenses inflationnistes coûtent cher aux Canadiens qui doivent faire plus avec leur argent.
Vous avez mentionné, monsieur Nabein, que votre organisme dépend des dons des Canadiens, que ce soit en argent ou en temps, ou les deux.
Avez-vous constaté des changements dans les niveaux de dons que votre organisme reçoit?
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Oui. La réponse a deux volets.
Le confinement pendant la pandémie a vraiment limité l'emballage. Lorsque nous avons examiné la question, nous avons découvert que, grâce à la distanciation sociale... C'était un service nécessaire et essentiel, alors nous avons pu emballer les produits, mais c'était en très petite quantité.
Entretemps, il y a eu des répercussions sur nos coûts en raison de tout ce qui s'est passé récemment, avec l'augmentation du coût de la nourriture, du carburant, du loyer, du logement, etc.
Les dons reviennent. Ils augmentent à nouveau, mais nous n'avons plus que la moitié des revenus dont nous disposions au début de la pandémie. Il ne semble pas y avoir une pénurie de bénévoles, mais le nombre de personnes capables de payer a considérablement diminué.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins de leur présence aujourd'hui.
Monsieur MacKeigan, je vais peut-être commencer avec vous.
Certains pourraient se demander pourquoi un niveau de gouvernement contribuerait aux questions liées à la sécurité alimentaire. Historiquement, ces services étaient fournis par le secteur de bienfaisance à but non lucratif, ce qui a commencé il y a des décennies dans les sous-sols d'églises pour devenir ce qu'il est maintenant.
Une chose que j'ai apprise au lendemain de la grande récession de 2009‑2010, c'est que les gouvernements sont nécessaires pour aider à résoudre les problèmes de sécurité alimentaire. Quand j'ai envisagé d'ouvrir une banque alimentaire en 2011‑2012, il n'y avait pas de soutien gouvernemental. Je me suis adressé à mes collègues du conseil municipal pour ouvrir une banque alimentaire dans mon secteur, et ils ont fourni un demi-million de dollars en capital et soutien opérationnel pour mettre sur pied un programme pilote. Votre organisme a contribué à ce projet, et vous continuez de gérer cette banque alimentaire à l'heure actuelle. Je tiens à vous remercier publiquement de ces efforts.
Toutefois, je me suis rendu compte que les gouvernements n'étaient pas vraiment impliqués. Une chose que j'ai apprise au fil des ans depuis cette époque, c'est qu'il faut une approche pangouvernementale pour aider à résoudre les problèmes de sécurité alimentaire. M. Mansfield a mentionné le soutien de son gouvernement provincial. Je viens de mentionner le soutien de mes collègues du conseil municipal, et aujourd'hui, nous proposons une aide fédérale pour le même problème.
Pouvez-vous parler du besoin croissant de soutiens gouvernementaux, surtout au sortir de la pandémie? Nous avons entendu parler de la baisse du soutien des entreprises. Il y a une diminution générale du bénévolat. Pouvez-vous parler du soutien requis de la part de tous les ordres de gouvernement pour lutter contre l'insécurité alimentaire, plus particulièrement pour les enfants?
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Quand j'écoutais la conversation de ce matin, une chose m'est venue à l'esprit: l'alimentation dans les écoles peut être plus facile que ce que nous décrivons. De la même manière que les manuels scolaires et les ordinateurs sont très répandus dans les écoles, imaginez un instant qu'un jour, la nourriture soit aussi banalisée dans un cadre scolaire.
Des organismes comme le vôtre œuvrent dans les écoles de quartiers dans lesquels nous travaillons. Je peux vous donner un exemple d'un programme particulier et d'une cohorte particulière.
Comme je l'ai dit, nous aidons les élèves de la 6e à la 9e année. Nous pouvons venir en aide à un nombre limité d'élèves. Ce programme soutient entre 12 et 15 élèves à tout moment. La première cohorte, ou groupe, d'élèves de 6e année ont participé au programme de sécurité alimentaire pendant trois ans. Chacun des élèves, qui ont dû faire face à des situations difficiles, a obtenu son diplôme de 8e année avec une mention, une bourse ou un prix.
Là encore, il s'agissait d'un programme dans un secteur du centre-ville ciblant une classe socioéconomique défavorisée, avec des personnes ayant des problèmes d'estime de soi et d'autres problèmes personnels.
J'estime que les programmes de soutien extérieurs peuvent vraiment aider à mettre ces conditions en place.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs les témoins, je vous remercie de vos témoignages et de votre dévouement à la lutte contre l'insécurité alimentaire, qui est plus large que la question des programmes d'alimentation scolaire dans les écoles. Nous reconnaissons tous votre expertise et votre travail, qui améliore la qualité de vie de nos enfants.
Je suis infirmière de profession, mais j'ai dirigé une grande centrale syndicale au Québec qui regroupe principalement des travailleurs de l'éducation. Parmi les politiques sociales que mettait de l'avant le mouvement syndical, il y avait l'égalité des chances pour les enfants. On ne naît pas tous égaux, mais je pense que le fait d'assurer le droit des enfants à une saine alimentation change la donne quant à l'égalité des chances. On voit que c'est aussi le cas quant au milieu scolaire. En effet, une saine alimentation a également des effets sur l'apprentissage, sur la réussite scolaire et sur le décrochage scolaire. Ces bienfaits sont démontrés. Je vous remercie donc de ce que vous faites.
Monsieur Mansfield, au Québec, il y a actuellement des groupes comme le Chantier pour un programme d'alimentation scolaire universel au Québec, qui font partie de la Coalition pour une saine alimentation scolaire. Il y a aussi l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques, qui a fait des études pour justifier d'aller encore plus loin et d'avoir un programme universel d'alimentation scolaire qui ne viendrait pas stigmatiser les enfants. Vous en avez évoqué l'importance. Il pourrait donc y avoir plusieurs formules. Ça a été évalué à 18 milliards de dollars par année. On comprend que c'est un programme qui serait extrêmement coûteux.
Au-delà de ça, je me pose des questions sur le projet de loi qui est devant nous. Sur le fond, vous aurez compris que personne ne peut être contre une saine alimentation en milieu scolaire. Cependant, le Canada est un vaste pays et l'expertise en cette matière appartient à l'ordre de gouvernement provincial, du moins au Québec, où il y a un financement public important, car la saine alimentation en milieu scolaire n'est pas juste soutenue par des organismes communautaires.
Comment une loi-cadre nationale peut-elle, sans créer de chevauchements, soutenir les efforts en matière de saine alimentation scolaire, qui doivent être faits par les provinces en premier lieu?
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Je suis désolé, mais je n'ai pas compris la dernière partie de votre intervention. Je vais répondre et vous pourrez me dire s'il y a lieu de corriger.
Un travail extraordinaire est en cours au Québec et dans chaque province et territoire du Canada. Ce travail est mené avec grande passion par des organismes communautaires et avec le soutien des municipalités.
Je pense que ce cadre pourra permettre, de concert avec le financement dont nous disposons actuellement, de créer un programme à coûts réellement partagés. Vous avez raison de dire que le fait de rendre ce programme universel coûtera beaucoup d'argent. La vision de la Coalition pour une saine alimentation scolaire a toujours été que les coûts soient partagés entre le gouvernement fédéral, les gouvernements des provinces et territoires, les administrations municipales — beaucoup d'argent régional et municipal a été investi dans les programmes d'alimentation en milieu scolaire —, le secteur communautaire, par l'intermédiaire d'organismes de bienfaisance et de dons, et les familles. Les familles ont un rôle à jouer. Nous constatons que lorsque les familles contribuent, elles se sentent investies dans le programme. Cela compte pour beaucoup.
La Coalition a toujours été très claire sur le fait qu'elle doit être souple et adaptée aux conditions locales. Chaque province et chaque collectivité sait ce qui est le mieux pour elle. Les programmes d'alimentation en milieu scolaire dans les régions rurales du Québec seront différents de ceux de Terre-Neuve, de Vancouver ou de Tofino. C'est ce qui fait la force du Canada.
À mon avis, il s'agit en partie de mobiliser les collectivités afin de trouver la meilleure façon de nourrir et de joindre les enfants. Il faut aussi aller chercher la participation des agriculteurs, pêcheurs et commerces d'alimentation locaux, car les avantages économiques vont bien au‑delà du simple investissement. L'effet que ces investissements peuvent avoir sur la santé des enfants permet à lui seul d'amortir les coûts. À voir comment nous soutenons les économies alimentaires locales et comment nous intégrons tous ces différents éléments, on constate qu'il s'agit d'un autre type de comptabilité. J'estime que nous devons avoir une vision audacieuse — comme celle que ce cadre nous permet d'avoir et comme celle que le budget laisse entrevoir avec son financement — pour vraiment voir que les avantages de ce programme ne se limitent pas à ce dont bénéficient les enfants, mais qu'ils incluent aussi la dynamisation des communautés scolaires et l'essor des économies alimentaires locales.
Il faut faire la différence entre le projet de loi-cadre qui nous est présenté ici et l'investissement de 1 milliard de dollars sur cinq ans, soit 200 millions de dollars par année, qui a été annoncé dans le budget et qui se fera d'un océan à l'autre. Vous parliez du gouvernement fédéral, et c'est ce qu'il a annoncé. On nous a dit qu'il n'y avait pas de lien entre les deux, quand j'ai posé la question ce matin.
Le projet de loi concerne l'élaboration d'un cadre national visant l'établissement d'un programme d'alimentation en milieu scolaire. Or, on sait que l'éducation relève de la responsabilité exclusive du Québec et des provinces, non seulement sur le plan constitutionnel, mais dans la pratique aussi.
Monsieur Mansfield, ma question est simple: quels amendements proposeriez-vous d'apporter à ce projet de loi?
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Un passage du projet de loi que j'aime beaucoup dit que les programmes de repas en milieu scolaire agissent comme des égalisateurs sociaux. C'est aussi une occasion de créer des liens. Je vous mets tous au défi de penser aux meilleurs souvenirs que vous avez avec votre famille et vos amis. Vous étiez probablement en train de manger et peut-être même de boire et d'apprécier cela collectivement. La possibilité d'offrir cela aux enfants, de créer des environnements au diapason du guide alimentaire canadien et de développer une relation saine avec la nourriture est importante à notre époque, et ce, pour tous les élèves.
Il est à mon avis très important d'examiner les possibilités que nous offrons dans le cadre de l'éducation. Pour moi, le déjeuner, le petit-déjeuner et l'alimentation sont des choses que nous ne pouvons plus laisser de côté lorsque nous parlons de la raison d'être de l'éducation et du rôle que cette dernière doit jouer. Nous passerons à côté de bénéfices considérables si nous ne nous penchons pas sur ces questions.
Je ne veux pas parler uniquement de mon propre programme, parce qu'il y a beaucoup d'excellents programmes à travers le Canada, mais j'aimerais pouvoir vous inviter tous dans la salle à manger de l'école Lord Roberts lorsque nous organisons le LunchLAB. Si c'était possible, vous verriez que cela fonctionne. Vous verriez les enfants rire et parler, se servir allègrement dans le comptoir à salades et manger des mets délicieux.
Nous avons un court métrage de sept minutes qui a été produit pour la CBC. Vous n'avez qu'à taper « LunchLAB » dans YouTube. Nous ne parlons pas du plus petit dénominateur commun qui consiste à simplement s'assurer que les enfants sont sustentés. Nous parlons d'enfants qui s'épanouissent et qui acquièrent de nouvelles compétences. Je pense que si vous regardez ce clip, vous vous demanderez comment un tel programme ne pourrait pas être avantageux pour tous les élèves.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur présence. Merci aussi pour tout le travail que vous faites dans vos milieux respectifs.
Je vais commencer par M. Nabein.
Je voudrais m'enquérir de certains renseignements que vous avez fournis au Comité avant la réunion. Aujourd'hui, nous parlons du coût de la nourriture et du fait qu'il y ait tant de familles au Canada qui n'ont pas les moyens de se nourrir.
Vous détaillez ce qu'il en coûte à votre organisme pour fournir de la nourriture aux personnes dans le besoin. Je constate qu'entre 2019 et 2024, le coût de vos repas n'a cessé d'augmenter. C'est aussi la période pendant laquelle la taxe sur le carbone a augmenté et, bien sûr, nous avons connu une inflation record. Au cours de cette période, quelle incidence l'inflation élevée et la taxe sur le carbone ont-elles eue sur la capacité de votre organisme à fournir les repas que vous offrez aux Canadiens?
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Il y a un certain nombre de facteurs. Je pense que la pandémie a provoqué cela. La guerre en Ukraine a aussi causé certains problèmes. Il y a d'autres problèmes internationaux. Il est certain que nos coûts ont augmenté en raison du prix du carburant et d'autres facteurs.
J'ai une certaine inquiétude à l'égard du programme d'alimentation en milieu scolaire. Je pense que c'est une idée formidable. Ce qui me préoccupe, c'est qu'ils ont besoin de nourriture maintenant. Je pense que ce qui a été proposé avant... Je pense que la solution se trouve dans les partenariats. Il faut demander aux gens ce qui fonctionnera dans leur localité et faire en sorte que les autorités locales, municipales et fédérales travaillent ensemble à la recherche d'une solution. Par exemple, pour 48 ¢, nous pouvons offrir un petit-déjeuner à base de flocons d'avoine et de pommes qui permet non seulement d'avoir le ventre plein, mais aussi d'aller chercher tous les nutriments dont on a besoin pour la journée. Pour le déjeuner, nous avons des macaronis au blé entier à base de nutriments, toujours pour 48 ¢.
Les écoles sont très efficaces pour amasser des fonds à cet effet. Comme je l'ai dit, elles sont l'un de nos soutiens les plus importants. Elles sont au courant et elles se sentent concernées. Comme le programme de repas dont parlait Brent, cela fonctionnerait à merveille. Je pense que si nous pouvons travailler ensemble, nous pouvons surmonter les difficultés, même dans cette conjoncture inflationniste qui ne cesse de s'aggraver.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
Le travail que vous faites pour soutenir les familles et les enfants est sans doute le plus important qui puisse être fait dans notre société aujourd'hui. Il est tout à fait vrai que si nous investissons dans nos jeunes pour leur donner la possibilité d'avoir un bon départ et que nous avons une approche équilibrée, nous en ferons de meilleurs enfants, de meilleurs adultes et de meilleurs citoyens, et nous rendrons ainsi le Canada encore meilleur.
Il est consternant de voir que nous parlons ici des enfants et que les conservateurs... Ce projet de loi est très simple. Il ne vise qu'à élaborer une stratégie coordonnée avec les provinces et les territoires. C'est tout. Cela revient à dire: « Travaillons ensemble. »
Monsieur Mansfield, je crois que 230 millions de dollars ont été consacrés dans votre province, la Colombie-Britannique, aux programmes d'alimentation pour les élèves. C'est une somme énorme. C'est un très bon complément à l'initiative fédérale, et nous pouvons travailler ensemble — les gouvernements fédéral et provinciaux, les administrations municipales et les conseils scolaires — pour accomplir quelque chose d'important ici.
J'ai été conseiller scolaire pendant huit ans au Conseil scolaire du district de Toronto. J'ai dirigé le groupe de travail sur l'alimentation des élèves. L'une des recommandations formulées en 2007 portait sur un programme d'alimentation national. Je me souviens d'être allé à divers endroits et d'avoir entendu dire à maintes reprises que nous avions besoin d'un programme national.
J'ai enseigné en Corée du Sud, où il y avait un programme d'alimentation national. Les États-Unis, un pays qui n'est pas toujours considéré comme le plus favorable aux services sociaux, ont un programme national. Le Canada est l'un des seuls pays du G20 à ne pas en avoir un, alors je pense que c'est un énorme pas en avant pour les Canadiens.
Les conservateurs parlent beaucoup de la tarification du carbone. Ils disent que la tarification du carbone est la clé...
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... en ce sens que c'est la clé pour contrer toute l'argumentation en faveur du projet de loi .
J'ai entendu les mêmes arguments lorsque j'étais au gouvernement provincial et que nous avons fermé les centrales au charbon. Les conservateurs ont dit que ce serait désastreux. De mon point de vue, il s'agissait d'abord de protéger les enfants. Quand nous les avons fermées et avons ainsi diminué la pollution, nous avons constaté une réduction de 50 % des cas d'asthme chez les enfants dans la région du Grand Toronto.
Quand on parle de la tarification du carbone, on parle de mettre en place un système qui réduit la pollution en pénalisant ceux qui polluent le plus et en créant des incitatifs pour atténuer ou éliminer la pollution. Il est question des enfants ici, tout comme dans le projet de loi .
Il s'agit d'un projet de loi qui, à mon avis, change la donne pour notre pays, et il est honteux que les conservateurs ne puissent voir la tarification du carbone que du point de vue d'un cadre très simple proposé par l'un des députés.
Monsieur Mansfield, vous avez couru 200 fois autour de l'école pour sensibiliser les gens. C'était 90 kilomètres, je crois. Combien de temps vous a‑t‑il fallu?
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Merci, monsieur Coteau.
Chers collègues, en ce qui concerne...
Mme Rosemarie Falk: Je vous écoute.
Le président: Bien. Merci. Personne d'autre ne le fait.
En ce qui concerne le projet de loi , comme vous le savez, en tant que président, j'ai toujours exercé la prérogative d'autoriser le parrain d'un projet de loi ou d'une motion à le ou la déposer à la Chambre. Étant donné que le parrain de ce projet de loi est M. Cormier, qui n'est pas membre permanent du Comité, j'ai besoin de savoir si, après l'étude article par article lundi, le Comité souhaite demander une prolongation de 30 jours de séance à la Chambre pour que le rapport puisse être présenté dans la semaine du 3 juin.
Le Comité devra adopter une motion de régie interne pour permettre à M. Cormier de déposer le projet de loi lorsque le Comité aura terminé son étude.
Ai‑je le consentement unanime?
Des députés: D'accord.
Le président: Merci, chers collègues.
Enfin, en ce qui concerne l'étude du Comité sur les investissements fédéraux en matière de logement, le Comité souhaite‑t‑il qu'un communiqué de presse soit préparé pour informer la population de la date limite pour présenter des mémoires?
Des députés: D'accord.
Le président: Bien. Je remercie les membres du Comité.
Sur ce, je vous remercie de votre temps et je remercie les témoins.
Plaît‑il au Comité de lever la séance?
Des députés: D'accord.
Le président: La séance est levée. Merci.