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Mesdames et messieurs, il est 16 h 30. Comme le greffier m'a indiqué que nous avons atteint le quorum, je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 79e réunion du Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes. Conformément à l’article 108(2) du Règlement, le Comité se réunit pour discuter avec le ministre du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités.
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur le ministre. Nous allons vous accueillir de manière plus officielle un peu plus tard.
La séance d'aujourd'hui se déroulera selon une formule hybride. Des députés sont présents dans la salle et d'autres participent en mode virtuel.
Pour que la réunion se déroule de façon ordonnée, j'aimerais faire quelques observations.
Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix.
Madame Chabot, s'il y a une défaillance au niveau du service d'interprétation, veuillez s'il vous plaît me le signaler; nous suspendrons la séance le temps de corriger la situation.
Vous devez vous adresser en tout temps à la présidence. Vous devez vous adresser en tout temps à la présidence. Les personnes qui participent à la réunion à distance peuvent utiliser la fonction de main levée. Par ailleurs, les témoins doivent savoir qu'il est interdit de faire des captures d'écran au cours de la séance. Veuillez parler lentement et intelligiblement pour faciliter le travail de notre équipe d'interprètes.
Sur ce, comme je l'ai indiqué, plusieurs députés se sont joints à nous. M. Morrice, qui a assuré la présidence par intérim pendant un certain temps hier, sera des nôtres. Nous accueillons également M. Scheer et M. Trudel, ainsi que Mme Chabot et Mme Zarrillo.
Je vous informe que nous sommes aux prises avec un problème de communication en ligne avec Mme Kwan. À l'heure actuelle, la qualité du son ne permet pas à nos services d'interprétation d'effectuer leur travail. Nous y travaillons.
Je tiens tout d'abord à préciser que la séance se déroulera en deux sessions d'une heure, entrecoupées d'une pause santé. Nous suspendrons la séance pendant quelques minutes, puis je reprendrai l'ordre normal des interventions pour la première heure. Nous y reviendrons pour la deuxième heure.
Je souhaite la bienvenue à notre témoin de cet après-midi, le ministre Fraser.
Monsieur le ministre, je vous souhaite une fois de plus la bienvenue au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées. Je vous invite à présenter votre discours d'ouverture.
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Comme je ne dispose que de cinq minutes, aussi bien commencer tout de suite.
Chers collègues, pour résoudre la crise nationale du logement, il faut d'abord comprendre les causes profondes de ce problème, puis proposer des mesures spécifiques pour surmonter les obstacles sur le plan des nouvelles mises en chantier.
Avant d'aborder certains des défis et des solutions potentielles relatifs à cet enjeu, je tiens à souligner l'ampleur du défi auquel nous sommes confrontés; on parle de la nécessité de construire des millions de logements. À l'heure actuelle, leCanada compte environ 16,5 millions de logements. Nous devons en construire plus de cinq millions de plus pour que le marché retrouve un degré d'accessibilité semblable à la situation il y a 20 ans.
La situation problématique actuelle entraîne des conséquences très concrètes sur de vraies personnes qui évoluent au sein de vraies collectivités dans l'ensemble du pays. Je pense par exemple à tous ces étudiants qui ne sont pas en mesure de trouver un logement près de leur lieu d'étude; à tous ces jeunes professionnels, parfois dans un ménage à deux revenus, qui n'ont pas les moyens d'accéder à la propriété; à toutes ces personnes âgées qui, une fois à la retraite, ne sont pas capables de trouver un nouveau logement de plus petite taille au sein du quartier où vivent leurs familles. Bref, force est de constater qu'un nombre important de personnes ne sont plus capables d'accéder à un chez-soi.
Je pense qu'en tant que société, nous devons nous efforcer de faire mieux. Il faudra que le gouvernement fédéral propose des solutions concrètes, et ce, en travaillant avec les gouvernements provinciaux, les municipalités, le secteur privé, les organismes à but non lucratif, et bien sûr l'ensemble des parlementaires. Une chose est sûre, nous n'arriverons à rien en agissant dans la hâte et l'improvisation. Nous devons mettre en place des mesures ciblées pour maximiser la construction de logements réellement abordables pour la population canadienne.
À mon avis, la première étape sera de changer la donne financière pour les constructeurs. En effet, en raison de l'augmentation du coût des terrains, des matériaux, de la main-d'œuvre et des taux d'intérêt, il est de moins en moins avantageux pour les constructeurs d'accepter de nouveaux projets, même lorsqu'ils les ont déjà fait approuver.
Le gouvernement continue de faire progresser des mesures dont vous avez pu prendre connaissance récemment. D'abord, l'exonération de la TPS sur la construction de logements au Canada se traduit par une accélération des mises en chantier qui n'aurait pas été possible autrement. Ensuite, des changements ont été apportés au programme des Obligations hypothécaires du Canada, facilitant l'accès à du financement à faible taux d'intérêt. Enfin, je rappelle que notre Stratégie nationale en matière de logement comprend plusieurs programmes, notamment l'initiative Financement de la construction de logements locatifs, qui vise à offrir un financement à faible coût aux emprunteurs admissibles.
Nous allons examiner d'autres mesures, et je serai d'ailleurs ravi d'entendre les conseils de mes collègues du Comité. Je tiens aussi à rappeler que le volet financier n'est qu'un aspect du problème. Il faut par exemple réévaluer la façon dont les municipalités s'occupent de la construction de logements. Il faut également accélérer les processus de délivrance de permis. Nous devons nous assurer que les municipalités continuent d'investir dans les infrastructures qui facilitent la construction résidentielle, et qu'elles simplifient les règles en matière de zonage. La combinaison de ces différentes mesures contribuera à résoudre la crise du logement.
Le gouvernement a mis en place le Fonds pour accélérer la construction de logements, d'une valeur de 4 milliards de dollars. Grâce à ce mécanisme prometteur, nous sommes déjà en mesure de modifier les règlements mis en place par les municipalités, comme c'est le cas à London.
Je me suis rendu récemment dans la circonscription que représente M. Fragiskatos. Plus récemment, Calgary a pris une décision officielle qui s'appuie, du moins en partie, sur un échange de lettres que nous avons eu concernant le Fonds pour accélérer la construction de logements.
Bien entendu, le gouvernement continue à investir dans les infrastructures liées au transport en commun et à la gestion de l'eau potable et des eaux usées, afin de faciliter la construction de logements. L'objectif n'est pas simplement de bâtir une série de dortoirs pour la population, mais de créer de véritables milieux de vie, des communautés où les gens souhaiteront habiter.
Alors que nous continuons à investir dans le logement, nous ne pouvons pas oublier qu'un grand nombre de nos concitoyens ont besoin d'accéder à des logements qui n'existent pas à l'heure actuelle sur le marché. La Stratégie nationale en matière de logement vise avant tout à faciliter la construction de logements abordables destinés aux familles à faible revenu. Après 30 années de sous-investissement de la part des gouvernements tant conservateurs que libéraux qui se sont succédé, force est d'admettre que nous sommes en retard de centaines de milliers d'unités de logement par rapport à nos objectifs. Le manque d'infrastructures liées à la construction résidentielle engendre des coûts sociaux, et nous devons travailler ensemble pour répondre aux besoins de la population canadienne.
Même en élaborant une politique adéquate qui couvre tous ces volets, nous allons éventuellement faire face à un engorgement sur le plan de la capacité de production de notre industrie de la construction de logements. Il est toutefois possible d'y remédier en investissant dans des programmes de formation, comme nous l'avons fait en partenariat avec les syndicats au cours des dernières années. Nous pouvons continuer d'investir dans le Programme de solutions pour la main-d’œuvre sectorielle, mais le bassin existant de travailleurs canadiens n'est pas suffisant.
Voilà donc pourquoi nous devons continuer à choisir l'immigration comme une stratégie nous permettant de faire venir les travailleurs qualifiés dont nous avons besoin. Le gouvernement a déjà apporté des changements au système d’Entrée express pour le faire passer à un modèle fondé sur une catégorisation dans le but de faire venir davantage de résidents permanents qui possèdent des compétences en construction résidentielle.
Notre modèle de fabrication de voitures a évolué depuis un siècle. Alors que nous assemblons désormais des véhicules en usine, nous devons miser sur les maisons préfabriquées en usine pour améliorer notre productivité en matière de logement. Nous devons adopter des technologies novatrices, telles que le modèle de logements modulaires, le panneautage, le bois massif et l'impression 3D, ce qui nous permettra de porter la construction résidentielle à une échelle beaucoup plus grande.
Par ailleurs, nous devons continuer à faciliter la mobilité de la main-d’œuvre afin que les travailleurs qualifiés puissent se déplacer d'une province à l'autre et répondre à la demande de logements.
Je suis d'avis que nous devons améliorer la coordination des programmes fédéraux, provinciaux et municipaux, ainsi que la manière dont nous administrons ces programmes. Cela pourrait nous obliger à prendre un peu plus de risques afin d'accélérer le processus pour les projets que nous voulons appuyer.
Avant de conclure, j'aimerais aborder quelques autres aspects si le temps me le permet. Nous devons continuer à répondre à la nature fluctuante des situations d'urgence que vivent bon nombre de Canadiens qui peinent à se trouver un logement.
Ma propre communauté a été gravement touchée par l'ouragan Fiona l'année dernière, et de nombreuses personnes ont été déplacées. Puis sont survenus des feux de forêt non seulement en Nouvelle-Écosse, mais dans des régions partout au pays, ainsi que d'autres phénomènes météorologiques violents provoqués par les changements climatiques. Nous devons continuer à venir en aide à la population au moyen de programmes qui abordent les problèmes graves d'itinérance. Nous devons également continuer à mettre en place des refuges d'urgence au sein des collectivités confrontées à des pressions indues.
J'aimerais également aborder certains enjeux essentiels liés à la financiarisation. Je sais que le comité des finances s'est penché sur ces questions, et j'ai bien hâte d'étudier leur prochain rapport. Le gouvernement a déjà mis en place des mesures concernant le régime fiscal des plateformes de location à court terme de type Airbnb. Nous avons également commencé à réglementer le processus qui permet à des acheteurs étrangers d'acquérir des résidences au pays, et à imposer une taxe sur la valeur des immeubles résidentiels vacants qui appartiennent à des personnes ayant un statut de non-résidents au Canada.
Enfin, nous ne pouvons pas ignorer le fait que toute une génération de Canadiens a le sentiment d'avoir été laissée de côté. Même si nous parvenons à construire tous les logements qu'il faut aussi rapidement que possible, je rappelle qu'un nombre important de personnes n'auront toujours pas les moyens d'épargner pour une mise de fonds en premier lieu.
Je pense que nous serons capables de faire de réels progrès en nous attaquant à chacun de ces problèmes avec tous les moyens dont nous disposons, et en collaborant étroitement avec tous les ordres de gouvernement, ainsi qu'avec le secteur privé et le secteur à but non lucratif. Si nous ne cherchons pas à résoudre la crise nationale du logement, nous serons alors discrédités aux yeux des citoyens que nous avons le devoir de représenter. En résumé, je crois que la population canadienne veut nous voir travailler ensemble pour résoudre chacun des problèmes que je vous ai exposés aujourd'hui.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur le ministre.
Je suis heureux que vous nous ayez servi une petite leçon d'histoire aujourd’hui, parce que j'aimerais faire écho à ces propos. J'étais conseiller municipal quand la récession a frappé en 2008‑2009. La liste d'attente pour un logement abordable à Hamilton comptait alors, si je me souviens bien, de 3 600 à 3 700 noms, et les gens devaient attendre de trois à cinq ans avant de se voir attribuer un logement.
Après la récession et au cours des années qui ont suivi, la liste d'attente a bondi pour atteindre près de 6 200 à 6 300 noms. Si vous nous aviez demandé en 2015 si nous connaissions une crise du logement, je crois que la réponse aurait été oui.
Je dois souligner que sous l'ancien gouvernement, les municipalités réclamaient désespérément une stratégie nationale sur le logement. Nous constations que le nombre de personnes sur la liste d'attente pour un logement abordable avait bondi — avait doublé —, et nous implorions le gouvernement fédéral de nous accorder des ressources pour aider les personnes âgées, les mères monoparentales et les familles qui n'arrivaient pas à joindre les deux bouts.
Je n'étais pas ici à ce moment, monsieur le ministre, mais votre gouvernement a entendu ces appels. J'aimerais que vous nous parliez de l'importance de la stratégie. À la Chambre, dernièrement, et au cours des derniers mois, on semble se plaindre de cette stratégie nationale, y chercher des failles, alors que le précédent gouvernement n'avait pas de stratégie et faisait la sourde oreille aux demandes des municipalités.
Pourquoi est‑ce important d'avoir une stratégie nationale sur le logement et pourquoi est‑ce important de travailler avec les municipalités?
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Je vous remercie de la question. Je pense que vous avez fourni des renseignements utiles pour répondre aux précédentes questions sur la présence ou non d'une crise en 2015.
Je n'ai aucune raison de douter que la situation était celle que vous avez décrite à Hamilton. Dans ma communauté, la situation était très différente. Toutefois, à l'heure actuelle dans ma petite ville — qui compte environ 10 000 habitants —, on voit de l'itinérance pour la première fois. Il y a plusieurs facteurs sous-jacents, qui ne se limitent pas à la politique du gouvernement fédéral, soit dit en passant, même si je pense qu'elle a un rôle important à jouer. C'est là où on voit un changement radical entre notre approche et celle du précédent gouvernement conservateur, et je dois souligner, pour être juste, qu'un gouvernement libéral a, au début des années 1990, mis fin aux investissements dans le logement abordable pour les Canadiens à faible revenu.
Les villes ne peuvent pas y arriver seules. Elles sont seules responsables de certains éléments — le zonage, l'allocation de permis et l'établissement des priorités pour les infrastructures —, mais lorsque nous avons constaté que les investissements avaient été insuffisants non seulement dans le logement, mais aussi dans les infrastructures pendant de nombreuses années, à l'exception des investissements dans le Fonds Chantiers Canada après la crise financière, nous avons compris que les villes n'étaient pas prêtes à se développer lorsque leur population a commencé à augmenter. À titre d'exemple, la croissance démographique est au cœur de la stratégie de développement économique des provinces atlantiques.
Sans les investissements que nous avons réalisés dans les infrastructures, qui ont ouvert la voie à la croissance des communautés, nous serions dans une situation bien pire que celle que nous connaissons aujourd'hui.
À mon sens, il est essentiel de travailler avec les municipalités afin de les inciter à surmonter les obstacles qui relèvent exclusivement de leur compétence, mais aussi afin que nous puissions nous associer, financièrement parlant, pour construire une infrastructure de logement.
Pour répondre à votre question sur l'existence d'une stratégie, si vous avez un problème et que vous n'avez pas de stratégie, vous n'arriverez jamais à le résoudre. Et quand le problème change, je pense que la stratégie doit également changer, et c'est pourquoi vous avez vu une nouvelle série de mesures visant un éventail plus large de logements que ceux ciblés par la Stratégie nationale sur le logement lancée en 2017.
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L'une des choses que vous verrez d'un bon œil dans le poste que j'occupe est que je souhaite établir des relations saines avec des gouvernements de différentes allégeances dans toutes les régions du pays.
Dans les provinces, je crois que tout le monde est conscient de la nécessité d'augmenter le nombre de logements. Les points de vue divergent quant aux types de logements nécessaires, à la manière de les construire et à la question de savoir si nous devons favoriser l'étalement urbain ou nous concentrer sur la densification là où les services existent déjà.
À mon avis, en particulier dans les villes de taille moyenne et de grande taille, la densification est absolument la voie à suivre, en particulier lorsque vous avez une génération de jeunes qui veulent vivre dans des environnements urbains, qui veulent donner à la communauté et qui ont des débouchés professionnels qui sont inégalés dans d'autres régions du pays.
Je pense que nous devons nous assurer d'établir des priorités communes, quelle que soit la province. Je peux vous dire qu'il y a des projets que nous souhaitons soutenir de part et d'autre. Je pense en fait que nous gagnerions à améliorer la coordination de nos programmes, tant pour le logement que pour l'infrastructure, en ce qui concerne la sélection des projets et le calendrier de mise à disposition des capitaux sur le marché pour les réaliser.
Mon approche consiste à prendre le téléphone, à appeler les gens, à les rencontrer en personne au besoin, et à discuter de certains défis auxquels nous faisons face, car, quand on arrive à se mettre d'accord sur la nature du problème, on se rend compte que l'on peut travailler parfois sur des solutions en parallèle et parfois sur des solutions communes. Je pense que nous pouvons trouver des solutions gagnantes dans toutes les régions du pays qui varieront selon le partenaire et la province.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie d'être ici.
M. Trudeau ne vous a pas fait de cadeau en vous nommant ministre du Logement. Comment avez-vous réagi? Nous traversons une crise du logement carabinée. C'est d'une gravité énorme. Vous avez dit qu'on avait besoin de construire 5 millions de logements, tandis que la Société canadienne d'hypothèques et de logement, la SCHL, estime qu'il faudrait construire 3,5 millions de logements d'ici 2030. C'est un immense chantier. Au Québec seulement, il faudrait construire 1,1 million de logements. On pense que le secteur privé pourrait en construire 500 000 au Québec, quoique les prévisions pour cette année aient baissé. Ce sera donc probablement un peu moins que cela, mais, pour qu'il y ait un certain équilibre, il faudrait construire 600 000 logements en plus de ce que le secteur privé va construire. C'est un immense chantier.
Je reviens d'une tournée d'un bout à l'autre du Québec. Je suis allé en Gaspésie, en Abitibi et au Lac‑Saint‑Jean, et j'ai vu une immense détresse. Un des buts avoués de la Stratégie nationale sur le logement, en 2017, était de réduire l'itinérance chronique de 50 %. C'était écrit. Depuis cette date, au Québec, le nombre d'itinérants a doublé. Selon le dernier dénombrement, qui date d'octobre 2022, il y a 10 000 itinérants visibles au Québec, et tous les intervenants m'ont dit que ce n'était sans doute que la pointe de l'iceberg. On m'a dit que les besoins en matière de logement étaient si urgents que les gens ne se retrouvaient plus dans cette immense stratégie, qui n'a pas l'effet qu'elle est censée produire.
Parlons en termes concrets. Il y a un an et demi, nous avons voté un budget qui prévoyait un fonds de 4 milliards de dollars pour accélérer la construction de logements. C'est d'ailleurs un drôle de nom puisque, après un an et demi, ce fonds pour accélérer la construction de logements n'a pas permis de construire une seule maison. C'est assez particulier. Vous négociez actuellement avec le gouvernement du Québec. Il y a 900 millions de dollars en jeu et, à Québec, on me dit que le gouvernement du Québec pourrait ajouter 900 millions de dollars de plus. C'est quand même majeur. Cela donnerait un investissement total de 1,8 milliard de dollars.
À Québec, on me dit aussi que le gouvernement provincial voudrait centrer cette négociation sur la vraie construction de logements et non pas sur des normes ou des améliorations liées au zonage. Je ne dis pas que ce n'est pas important, mais on me dit que la priorité du gouvernement du Québec est de passer rapidement à la construction de logements pour agir concrètement.
Où en sont les négociations avec le gouvernement du Québec sur ces 900 millions de dollars, monsieur Fraser?
:
Je vous remercie de votre question.
Vous avez dit que le premier ministre ne m'avait pas fait de cadeau en me nommant ministre du Logement, de l'Infrastructure et des Collectivités. En fait, il m'a donné l'occasion de changer les choses relativement à une importante question pour notre pays, et je fonde beaucoup d'espoir sur le Fonds pour accélérer la construction de logements.
Cela dit, il est important de comprendre la raison d'être du Fonds. Il ne sert pas seulement à construire une maison par-ci et un logement par-là. En fait, sa raison d'être, c'est de changer la façon de construire les logements dans les communautés. Sa raison d'être, c'est aussi de changer la réglementation dans les villes et les municipalités. Au Québec, les municipalités ne peuvent pas traiter directement avec le gouvernement fédéral. C'est correct, parce que j'ai une bonne partenaire de travail, en la personne de la ministre québécoise responsable de l'Habitation, Mme Duranceau. D'ailleurs, nous avons eu des discussions afin d'en arriver à une entente qui assurerait que des fonds servent à augmenter le nombre de logements au Québec.
[Traduction]
Pour accélérer le processus, en parallèle, nous allons recenser des projets et des infrastructures qui permettront d'accroître...
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Je remercie le ministre pour sa déclaration liminaire et pour avoir reconnu que la crise du logement est due au fait que les gouvernements libéraux et conservateurs successifs ont renoncé à construire des logements sociaux et coopératifs. En fait, ce sont les conservateurs qui ont annulé le programme de logement coopératif en 1992. Le gouvernement libéral a annulé le programme national de logement abordable en 1993.
Pendant 30 ans, les gouvernements libéraux et conservateurs successifs ont compté sur les forces du marché pour fournir les logements dont les Canadiens avaient besoin. Franchement, c'est un échec lamentable. Nous avons un nombre record de sans-abri, les loyers ont grimpé en flèche, les jeunes sont exclus du marché en raison des prix et nous sommes aux prises avec la crise du logement que l'on connaît aujourd'hui.
Comme l'a indiqué le ministre, en 2017, le a annoncé la Stratégie nationale sur le logement en grande pompe — je m'en souviens — et a même proclamé qu'un logement adéquat était un droit de la personne fondamental. Cependant, le gouvernement a versé les fonds lentement, il a procédé à la double comptabilisation pour gonfler les chiffres et il a tardé à renouveler les accords d'exploitation des organismes sans but lucratif et des coopératives, ce qui a entraîné la perte d'un plus grand nombre de logements sociaux et coopératifs subventionnés.
Le Bureau du vérificateur général a publié des rapports accablants sur la situation. Je ne reviendrai pas sur tous les éléments, car ils sont du domaine public.
Le ministre a admis que notre parc de logements sociaux était déficitaire. Le parc de logements sociaux du Canada est l'un des plus faibles des pays du G7, avec un taux de 3,5 % seulement. Nous devons améliorer et augmenter le parc de logements sociaux et de logements coopératifs. Actuellement, dans la Stratégie nationale sur le logement, le développement du logement social est fixé à 16 000 unités par an. Cela ne suffira pas. Cela ne répondra pas aux exigences et aux besoins des Canadiens en matière de logement.
Ma première question au ministre est la suivante. S'engagera‑t‑il à augmenter le parc de logements sociaux, où le loyer ne représente pas plus de 30 % du revenu total, à au moins deux millions d'unités, afin que nous ayons une chance de lutter efficacement contre la crise du logement?
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Je vous remercie de votre question.
Je pense qu'il est important de revenir sur le point que j'ai évoqué dans ma déclaration préliminaire. Les mesures que nous mettons en œuvre doivent être conçues pour résoudre des problèmes très précis. Lorsque j'ai examiné la décision de supprimer la TPS sur la construction d'appartements au Canada, la décision était conçue pour résoudre les problèmes d'offre qu'affronte le secteur du logement, ce qui fait grimper le prix des maisons partout au pays.
Depuis que nous sommes à la tête du gouvernement, mais aussi sous les gouvernements précédents, nous avons constaté une augmentation constante du prix des logements. Elle s'est accélérée plus récemment, en particulier pendant la pandémie, lorsqu'un plus grand nombre de personnes ont acheté des biens immobiliers et ont bénéficié de taux d'intérêt historiquement bas, mais depuis, le paysage financier a changé. Le coût de la main-d'œuvre a augmenté. Le coût des fournitures et des matériaux a augmenté. Le coût des terrains a augmenté, et les taux d'intérêt ont augmenté.
Si nous avons affaire à des constructeurs qui, soit dit en passant, ont construit des centaines de milliers de logements déjà approuvés dans l'ensemble du Canada, nous devons les amener à un stade où l'équation qu'ils envisagent leur permet d'amorcer un projet mis en veilleuse et de mettre les pelles à l'ouvrage.
En supprimant la TPS, j'ai vu des estimations du nombre de nouveaux logements destinés aux Canadiens qui seront construits au cours des 10 prochaines années osciller entre 200 000 à 300 000. Les 5 000 que vous avez mentionnés sont des logements à un étage. Soit dit en passant, un grand nombre des logements construits par ce promoteur seront abordables, mais ce n'est qu'un exemple dont j'ai entendu parler.
J'ai lu un article aujourd'hui qui citait cet exemple, mais il mentionnait deux autres promoteurs qui déclarent maintenant qu'ils vont entreprendre des projets de construction de 3 000 et 1 000 logements, respectivement, directement en raison de cette mesure.
Cela va inciter un très grand nombre de constructeurs de logements à réexaminer le projet qui avait été mis en veilleuse, à lui donner le feu vert et à commencer sa construction immédiatement. Cela aura un effet majeur sur le secteur. C'est l'une des décisions les plus importantes que nous pouvions prendre, et les défenseurs du droit au logement et pas seulement les promoteurs, mais aussi ceux qui cherchent à construire davantage de logements pour les personnes à faibles revenus, sont de fervents défenseurs de cette mesure. C'est la raison pour laquelle nous l'avons adoptée.
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Merci beaucoup pour cette question. Bien que j'aie de nombreuses idées sur le précurseur des plans adoptés par les différents gouvernements, je vais essayer de me concentrer sur la question que vous avez posée.
Tout d'abord, je pense que les logements coopératifs pourraient constituer une grande partie de la solution pour les logements hors marché au Canada. S'ils n'ont pas été inclus dans l'exonération de la TPS, c'est parce que... Il y a plusieurs facteurs. Tout d'abord, d'autres mesures prévoient aujourd'hui des exonérations fiscales importantes pour les logements coopératifs. Cette mesure visait les logements construits pour être loués et, bien entendu, les propriétaires de logement coopératif ont tendance à détenir des parts dans la coopérative. Ce n'est pas tout à fait la même chose qu'une location, mais cela permet aux personnes à faible revenu de trouver un logement. Nous avons également un programme qui a permis d'investir 1,5 milliard de dollars dans les logements coopératifs, soit le montant le plus élevé depuis 30 ans, et nous voulons donc les soutenir. Nous avons décidé de le faire d'une manière différente.
Quant à la question de savoir comment nous pouvons améliorer cette mesure afin d'englober davantage de types de projets, comme des organisations à but non lucratif dans le domaine de la construction, ou d'élargir l'accès à d'autres formes de logement, j'aimerais beaucoup connaître l'avis de ce comité. Cependant, je veux m'assurer de pouvoir mener une analyse adéquate pour comprendre la question et garantir que nous obtenons le plus haut degré de protection pour les Canadiens à faible revenu et que nous augmentons l'offre de logements de la manière la plus rentable possible.
Si ce comité a des propositions à faire à ce sujet, je serai très heureux de les étudier et d'y apporter une réponse formelle.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à mes collègues.
Monsieur le ministre, merci beaucoup d'être venu discuter avec nous.
Tout d'abord, je suis très heureux de vous entendre dire que nous traversons une crise et que l'inaction des gouvernements successifs nous a conduits là où nous sommes aujourd'hui.
Je voudrais faire quelques remarques. Ma province, le Nouveau-Brunswick, a connu une croissance de 49 000 personnes l'année dernière. Elle a connu une croissance de 49 000 personnes au cours des 29 années précédentes. C'est une bonne chose pour la croissance, mais il est évident que l'arrivée de 50 000 personnes en un an exerce une forte pression sur le parc immobilier.
Dans ma province, nous avons un premier ministre conservateur qui se vante d'avoir accumulé un excédent d'un milliard de dollars cette année, alors que ce qu'il a investi dans le logement ne suffirait pas à remplir trois rues. Le manque d'importance accordé à cette question est inouï. Je dirai également, monsieur le ministre, avant d'en venir à ma question, que je suis arrivé en 2015. Je suis heureux d'être ici. En 2016, j'ai fait des recherches sur les politiques que le gouvernement fédéral qui nous a précédés avait mises en œuvre, et j'ai obtenu une feuille blanche. J'ai été choqué. J'ai demandé où se trouvaient toutes les politiques que le gouvernement précédent avait promulguées au niveau fédéral, et il n'y en avait aucune. J'ai été choqué de le constater.
Je vous félicite. Je pense que nous avons fait preuve de beaucoup de leadership en reconnaissant que tous les paliers de gouvernement devaient être mis à contribution pour résoudre cette crise. Nous avons besoin du gouvernement fédéral. Nous avons besoin du gouvernement provincial. Nous avons besoin des autorités municipales et n'oublions pas le secteur privé.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous parler de l'importance de la collaboration entre les trois paliers de gouvernement et le secteur privé, et de ce que nous faisons pour atteindre cet objectif? Je vous remercie.
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Oui, et n'oubliez pas que le Fonds n'est pas seulement conçu pour payer le nouveau système de permis qui est actuellement mis en œuvre. C'est un fonds qui contribue aux projets d'infrastructure ou de logement et aux systèmes pouvant être mis en place, mais l'une des conditions d'admissibilité est l'engagement de changer la façon dont on construit des logements.
Je pense, par exemple, à la conversation que nous avons eue avec la ville de votre collègue, à votre droite, il y a quelques semaines à peine. La Ville de London nous a présenté une proposition très intéressante qui lui permettrait d'apporter certains changements et de construire davantage de logements dans des quartiers où les gens pourraient avoir accès à des services et à tout le reste.
Nous lui avons envoyé une réponse dans laquelle nous proposions d'autres moyens de construire des logements plus rapidement, notamment en autorisant les gens à bâtir quatre unités de plein droit sur les propriétés qu'ils pourraient avoir dans la ville et en prévoyant un zonage assorti d'une augmentation de la densité permise, surtout à proximité d'endroits comme les établissements d'enseignement postsecondaire et les stations de transport en commun. Le maire, Josh Morgan, et c'est tout à son honneur, a réagi de la meilleure façon possible en disant: « Nous sommes partants. » Résultat: nous investissons 74 millions de dollars dans la ville, ce qui permettra d'ajouter des milliers de logements qui n'auraient pas été construits autrement.
D'autres villes du pays peuvent changer la façon dont elles construisent des logements, modifier le processus de délivrance de permis et légaliser certains modes de construction domiciliaire. Elles peuvent ainsi rendre légale la construction de logements qui contribueront à résoudre la crise du logement. Si nous modifions réellement les règles et que nous instaurons une mesure incitative fédérale pour amener les municipalités à apporter des changements, nous pourrons faire une sacrée différence.
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Merci. Je ne veux pas vous interrompre — pour les gens qui nous regardent à la maison —, mais comme notre temps est très limité, nous essayons de l'optimiser autant que possible.
Il y a eu une stratégie sur le logement en 2016, et nous en avons aussi parlé au Comité. C'est bien beau d'avoir une stratégie en matière logement, et je pense que vos intentions sont bonnes, monsieur le ministre, mais il semble y avoir un décalage entre le , qui dirige le pays, et ce que vous dites ici au Comité. Au nom de tous les Canadiens et de ceux qui vivent dans des tentes, surtout à Halifax, où le taux vient d'augmenter de 500 %, je dirai que les cibles établies n'ont pas été atteintes.
Vous vous êtes fâché contre Andrew Scheer, mon collègue, en lui reprochant de se livrer à des petits jeux. Ce n'est pas un jeu. On ne construit pas de logements. Je comprends votre empathie. Je comprends votre intention et je vous entends dire que vous allez faire les choses différemment, mais rien n'a bougé. J'aimerais attirer votre attention sur l'utilisation de ces fonds de fonctionnement. C'est pourquoi nous disons qu'il faut construire des logements, et non pas alourdir la bureaucratie, comme l'a fait le gouvernement libéral.
Dans ma circonscription, on trouve un refuge d'urgence pour les jeunes, doté de 19 unités familiales. Ce sont des parents ayant des enfants, et 39 jeunes sont inscrits sur la liste nominative à Peterborough, ce qui est une sous-représentation. Le programme Vers un chez-soi est le seul financement fédéral qu'ils connaissent pour la lutte contre l'itinérance. Ce programme prévoit du financement, entre autres, pour des logements de transition. Ces gens reçoivent des fonds pour payer les coûts d'un seul intervenant en prévention. C'est à cela que servent les fonds de fonctionnement. Dans les centres-villes de Peterborough, d'Halifax et d'Ottawa, un nombre record de gens habitent dans des tentes. C'est à cause de la bureaucratie.
Ils ont une question. Je suis ici, en tant que représentante élue de Peterborough—Kawartha, et les gens de ma circonscription veulent savoir une chose. J'aimerais demander à la comment elle tient compte des coûts associés à l'itinérance. Les refuges et les services d'urgence coûtent plus cher que les logements de transition ou les logements abordables permanents. Par conséquent, pourquoi la ministre des Finances n'offre‑t‑elle pas du financement aux organismes qui fournissent déjà la solution afin qu'ils puissent élargir leurs programmes de logement? Marcel Lebrun, qui dirige l'organisme 12 Neighbours, se demande aussi pourquoi ces fonds ne leur sont pas versés rapidement.
Ce sont des programmes qui changent des vies, et j'entends ce que vous dites, mais honnêtement, nous ne vous croyons pas. Voilà donc le problème sur le terrain.
Je vais vous laisser répondre à cette question, monsieur le ministre, parce qu'il y a une discordance entre ce que vous dites et ce que vous faites. Nous l'avons vu aujourd'hui à la Chambre des communes, lorsque le a dit qu'il était désolé, mais que son parti n'allait rien changer à sa façon de faire.
Je veux m'en tenir au Fonds pour accélérer la construction de logements, car c'est là‑dessus que semble porter la discussion d'aujourd'hui.
Vous avez parlé de collaborer avec les municipalités. J'ai dû m'asseoir à la Chambre et écouter les slogans absurdes, les solutions accrocheuses, comme la nécessité de « se débarrasser des empêcheurs de tourner en rond », et d'autres absurdités de ce genre.
Comme je viens du milieu municipal, je peux vous dire que les municipalités de tout le pays ont fait construire un nombre record de logements jusqu'à la pandémie. On battait des records municipaux, notamment à Hamilton. Je sais qu'en Ontario, là d'où je viens, c'était à peu près le même constat dans différentes régions. Dire que les municipalités n'en font pas assez, puis diaboliser les maires et les conseillers en leur reprochant de ne pas avoir fourni leur juste part d'efforts, alors qu'ils ont été, en grande partie, les seuls au pays à faire le nécessaire en matière de logement durable au cours des 30 dernières années... Les municipalités manquaient d'argent et de terrains, et elles ont dû trouver des moyens uniques de bâtir des logements abordables et d'en accroître l'offre.
Comme vous, j'ai du mal à entendre certains des propos tenus, notamment l'argument selon lequel les municipalités ont eu leur chance. La Fédération canadienne des municipalités et les municipalités de tout le pays n'ont pas obtenu le soutien qu'elles ont tant réclamé, d'où la création de la Stratégie nationale sur le logement.
J'aimerais, si vous le pouvez, que vous nous disiez à quel point c'est important... au lieu de diaboliser les municipalités et de les blâmer pour la situation dans laquelle nous nous trouvons. Cela ressemble beaucoup à la façon dont l'ancien premier ministre Harris avait diabolisé les municipalités en leur reprochant de ne pas en faire assez; il s'était ensuite mis à parler de fusion et de toutes ces autres choses, en disant que c'était la « révolution du gros bon sens ».
Monsieur le président, nous avons entendu, cette semaine, le plan du gros bon sens — un plan très semblable aux propos d'un ancien premier ministre conservateur de l'Ontario — , un plan qui diabolise les municipalités en leur reprochant de ne pas faire le nécessaire.
Monsieur le ministre, j'aimerais que vous nous expliquiez très brièvement pourquoi il est important de travailler avec nos partenaires et avec les municipalités, qui ont fourni leur juste part d'efforts, et en quoi diffère notre approche de collaboration avec nos partenaires dans ce domaine.
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Il est vraiment important de travailler avec les partenaires des divers ordres de gouvernement. Lorsqu'il s'agit de réformer la façon dont on construit des logements au Canada, certains des meilleurs chefs de file en la matière sont les dirigeants municipaux, c'est‑à‑dire les maires et leurs conseillers. Il y en a d'autres qui ont besoin d'être poussés pour agir, mais nous devons tout de même travailler en partenariat avec eux. D'autres encore n'ont jamais fait face à une crise du logement comme celle que nous connaissons actuellement et, par conséquent, ils n'ont pas la mémoire musculaire nécessaire pour savoir comment réagir, mais ils veulent vraiment s'atteler à la tâche; ils ont peut-être besoin d'un partenaire financier pour mettre en commun des pratiques exemplaires. Bref, les circonstances varient d'une collectivité à l'autre.
Le Fonds pour accélérer la construction de logements est un excellent exemple. Ce n'est pas le seul, mais c'est un bel exemple de la façon dont nous pouvons miser sur la collaboration et le partenariat avec les municipalités en accordant un financement tangible qui encouragera le changement. Les conseillers municipaux savent ce que c'est que d'investir un peu d'argent supplémentaire dans les infrastructures nécessaires pour créer des collectivités où il fait bon vivre et qui ont la capacité d'accueillir plus de logements.
Prenons un peu de recul, histoire de comparer ce qui est proposé. Le Fonds pour accélérer la construction de logements est d'une valeur de 4 milliards de dollars à l'échelle du Canada. Voilà une aide concrète. Nous avons déjà reçu plus de 500 demandes. Comparez cela au résultat éventuel du plan des conservateurs, qui proposent une contribution de 100 millions de dollars, laquelle sera répartie entre seulement quelque 22 collectivités, et il faudra également... Leur plan ne tient pas compte du fait que les collectivités ont parfois besoin d'investissements dans les infrastructures, chose que les conservateurs menacent de supprimer pour atteindre les cibles qu'ils ont établies. Cela n'a aucun sens.
Si nous tenons à collaborer avec les municipalités, nous devons trouver les bons dirigeants et appuyer les changements qu'ils préconisent déjà, puis déterminer les municipalités qui sont à la traîne et les pousser à en faire plus. Nous pourrons ainsi maximiser la productivité pour chaque dollar fédéral et créer un écosystème non seulement pour les deux ou trois prochaines années, mais aussi pour les deux ou trois prochaines générations. Les gens auront une autre façon de bâtir des maisons parce qu'il sera légal de construire les types de logements nécessaires pour régler la crise. Ils obtiendront plus rapidement les permis pour bâtir les types de logements qui aideront à résoudre la crise.
Si nous collaborons avec les municipalités, si nous les encourageons à aller plus loin lorsqu'elles ont besoin d'un coup de pouce et si nous travaillons avec les dirigeants qui sont déjà là en les incitant à changer la donne, nous pourrons améliorer considérablement la situation.
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Merci, monsieur le président.
Je ne veux pas que la conversation porte uniquement sur la SCHL. Je sais que nous avons pris des dispositions pour que la SCHL revienne devant ce comité une fois de plus. Nous avons réalisé une étude qui a débouché sur des recommandations, dont j'espère que nous pourrons discuter à ce moment‑là, lorsque les gens de la SCHL reviendront ici. L'une d'entre elles concernait l'efficacité du processus de demande et la réactivité vis‑à‑vis des clients. Je pense qu'il s'agit d'une question importante dont nous devrions reparler lorsque nous reviendrons sur le sujet.
J'aimerais réitérer qu'il y a plusieurs approches possibles pour résoudre le problème de l'accessibilité financière. Dans ma circonscription de Newmarket—Aurora, grâce à l'exonération de la TPS dont on débat actuellement, un promoteur m'a contacté pour me dire qu'il irait de l'avant avec un projet de 390 nouveaux logements locatifs qui était sur la glace depuis plus de deux ans parce que le modèle économique envisagé ne fonctionnait pas. Aujourd'hui, grâce à l'exonération de la TPS, ce modèle fonctionne, et ma communauté disposera bientôt de 390 nouveaux logements.
Je voudrais aller plus loin et parler d'un exemple de collaboration entre les gouvernements, de l'importance de cela. En 2020, grâce à l'initiative Financement de la construction de logements locatifs, le gouvernement a pu consentir un prêt à la construction de 79 millions de dollars qui a permis de construire 216 logements dans ma circonscription. En 2023, nous avons également annoncé un prêt de 77 millions de dollars dans le cadre du même programme pour financer la création de 175 logements supplémentaires. Cela montre bien qu'il ne s'agit pas toujours de donner de l'argent, quand on parle de réduction à la SCHL. Celle‑ci travaille avec le promoteur, la municipalité et l'organisme de financement pour gérer le risque pendant la période de construction.
Pouvez-vous nous expliquer comment le financement de l'initiative Financement de la construction de logements locatifs aidera les familles et permettra de construire davantage de logements?
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Il importe de comprendre que ces politiques ne fonctionnent pas isolément. Elles fonctionnent en parallèle les unes avec les autres. Le fait que vous citiez la TPS en est, je pense, un bon exemple.
Tout ce que nous pouvons faire pour changer la donne financière afin d'inciter les constructeurs à aller de l'avant contribuera à résoudre les problèmes d'offre auxquels nous sommes confrontés. La TPS a évidemment fait baisser les prix de plusieurs points de pourcentage du jour au lendemain, et plus encore dans les provinces où les gouvernements provinciaux nous ont emboîté le pas.
Si l'on ajoute des programmes comme l'initiative Financement de la construction de logements locatifs à ce paysage financier désormais plus attrayant, on constate que davantage de personnes vont construire des maisons, en général, mais aussi des types particuliers d'habitations. L'initiative Financement de la construction de logements locatifs offre essentiellement un coût de financement inférieur, généralement en échange d'un engagement à offrir un certain nombre de logements à un certain pourcentage des prix du marché.
Nous avons récemment annoncé à Vancouver l'injection de 500 millions de dollars de financement dans 11 projets différents, je crois. Il pourrait s'agir de neuf projets différents; j'y vais de mémoire ici. Ces projets sont généralement situés à proximité des transports en commun ou des établissements d'enseignement postsecondaire. Ils sont généralement offerts à une fraction du prix que le marché pourrait tolérer, parce que nous avons changé la donne en offrant un financement compétitif et à faible coût dans un environnement où les coûts sont élevés. Nous voyons donc davantage de promoteurs manifester l'intérêt de construire de nouveaux logements qui seront proposés à des prix plus bas, parce qu'ils ont accès à un financement qui permet de réaliser ce genre de projet.
Avec tout ce que nous faisons — qu'il s'agisse de rendre plus accessible un financement à faible coût grâce à l'initiative Financement de la construction de logements locatifs, de réduire la TPS pour les appartements qui seront construits ou d'élargir l'accès à un financement à faible coût grâce à nos programmes d'assurance associés aux obligations hypothécaires du Canada —, nous observerons des taux plus concurrentiels pour les personnes qui ont les moyens de construire des maisons.
Tout cela m'encourage beaucoup, et je ne suis pas du tout surpris d'entendre que davantage de personnes annoncent qu'elles vont réaliser des projets dans votre région, parce que c'est ce que j'entends dans toutes les municipalités du Canada.
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Avant même que vous ne posiez votre question, je savais que vous alliez parler de London, car nous avons travaillé ensemble au comité des finances pendant la pandémie et vous avez parlé de London à chaque séance. Vous êtes fidèle à vous-même.
Le modèle de London devrait être repris partout au pays. London a soumis une demande ambitieuse pour agrandir son parc de logements. La municipalité voulait délivrer des permis électroniques. Elle a élargi son zonage. Elle a mis l'accent sur le logement abordable et le logement supervisé et reconnu que le logement abordable fait partie du spectre des soins de santé. La municipalité a fait preuve de leadership, et nous voulions qu'elle obtienne un maximum de logements au moyen de sa demande soumise au titre du programme. Nous avons encouragé la municipalité à viser plus de quatre unités, par exemple. Nous avons discuté des façons qui permettraient à la municipalité de continuer à construire des logements, comme elle le souhaite, dans les environs des établissements postsecondaires et le long des lignes de transport en commun, par exemple.
La municipalité a répondu de la façon la plus positive possible. Elle a dit: « Oui, oui, oui, nous voulons faire tout cela, et si vous appuyez notre proposition nous le ferons. » Le corollaire, c'est que des milliers de logements supplémentaires seront construits à London au cours des prochaines années, mais mieux encore, cela a changé de façon permanente la façon dont London délivre les permis de construction et autorise les divers types de logements.
Ces efforts se feront ressentir dans la durée, non seulement au cours des prochaines années dans la foulée du Fonds pour accélérer la construction de logements, mais de façon permanente. C'est en apportant ce type de changement dans des villes comme London, dans les petites et grandes collectivités partout au pays, que nous viendrons à bout de la crise du logement et réussirons à offrir des logements abordables aux gens.