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Mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
Le greffier me fait savoir que nous avons un quorum et que la qualité du son a été testée. Je préviens qu'il y a des problèmes avec pratiquement toutes les personnes qui comparaissent virtuellement ce matin. Nous aviserons donc à mesure. Ça ne fonctionne pas tout le temps.
La séance est ouverte. Soyez les bienvenus à la 73e réunion du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 23 juin 2022. Autrement dit, certains participent virtuellement en utilisant l'application Zoom et d'autres sont présents dans la salle.
Afin de garantir le bon déroulement de la réunion, je vous demanderai d'adresser toutes les questions à la présidence. Attendez que je vous nomme pour prendre la parole. Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Si vous êtes dans la salle, utilisez les écouteurs. Si vous comparaissez à distance, utilisez l'icône de l'interprétation située en bas de votre écran. En cas de problème d'interprétation, veuillez attirer mon attention. Nous suspendrons la réunion le temps que le problème soit réglé.
J'informe les personnes qui participent à la réunion virtuellement ou dans la salle qu'il est interdit de faire des captures d'écran ou de prendre des photos.
Conformément à l'article 108(2) et à la motion adoptée par le Comité le lundi 17 octobre 2022, le Comité reprend son étude sur la financiarisation du logement.
Nous commençons par les témoins de la première heure.
Comparaissant virtuellement, à titre personnel, nous avons Steve Pomeroy, professeur de l'industrie, Collectif canadien pour la recherche sur le logement. De la Federation of Rental-housing Providers of Ontario, nous avons Tony Irwin, président-directeur général, qui est dans la salle avec nous. Du Groupe Minto, nous avons Dan Dixon, vice-président principal, financement de projets.
Chaque témoin aura cinq minutes pour présenter ses observations préliminaires, après quoi nous passerons aux questions des membres du Comité.
Nous commencerons par M. Pomeroy pour cinq minutes. Je vous en prie.
Vous avez la parole.
Je vous remercie, monsieur le président, de m'avoir invité à cette discussion importante.
Je suis universitaire et chercheur dans ce domaine, et plusieurs de mes études ont été citées par d'autres témoins, notamment en ce qui concerne la très forte érosion du parc de logements locatifs bas de gamme, la perte se chiffrant à plus de 500 000 logements entre 2011 et 2021, c'est‑à‑dire au cours d'une période où nous n'avons construit qu'environ 70 000 logements abordables. La perte de logements existants, qui est un problème crucial, tient au fait que les loyers ont augmenté au point de ne plus être abordables.
J'ai présenté un mémoire au Comité. Je ne sais pas s'il a été traduit et distribué. Je soulignerai simplement quelques-uns des points clés de ce mémoire qui porte sur la question de la financiarisation, ainsi que sur l'état du marché locatif et les problèmes à l'origine de la crise de l'abordabilité des logements locatifs.
L'analyse a révélé que les problèmes qui contribuent au phénomène continu des loyers abusifs et des rénovictions, et la forte érosion elle aussi continue de ces options à loyer plus modéré, sont omniprésents et concernent un large éventail d'investisseurs, les fiducies de placement immobilier, ou FPI, n'en représentant qu'une toute petite fraction. En fait, comme l'ont indiqué d'autres témoins, les FPI gèrent et exploitent moins de 5 % des logements locatifs dans le pays.
Les comportements ont plus à voir avec la transformation de logements locatifs en une classe d’actifs intéressants qui attirent les investissements de grands investisseurs institutionnels et de nombreux petits investisseurs.
En réalité, les problèmes croissants sont liés à une offre insuffisante de logements locatifs, ce qui est un phénomène durable dans ce pays. Cette situation est exacerbée par une très nette augmentation de la demande, notamment de la part d'étudiants étrangers et de travailleurs étrangers temporaires. Et c'est sans compter les objectifs d'immigration. Il y a aussi une demande comprimée de la part de jeunes familles qui cherchent à acheter un logement. À cause des prix et des politiques macroprudentielles, elles ne peuvent pas se permettre d'acheter et, en conséquence, elles restent sur le marché locatif. Nous avons constaté dans ce pays une baisse importante du taux de propriété due à l'impossibilité de déménager, de créer des logements vacants et d'assainir le marché locatif.
L'autre question clé concerne la réglementation provinciale du marché locatif qui permet d'éliminer le contrôle des loyers et favorise donc ces augmentations de loyer importantes. Il s'agit manifestement d'une question de compétence provinciale, mais le Comité doit, selon moi, y réfléchir.
Pour ce qui est des recommandations que je formule dans le mémoire, la première concerne l'élimination du contrôle des loyers et ses conséquences. Je recommande de demander aux provinces de réviser la réglementation actuelle des loyers afin de supprimer, au moins temporairement, le mécanisme d'élimination du contrôle des loyers pour modérer les augmentations de loyer excessives le temps que les nouvelles constructions rattrapent les niveaux d'immigration historiquement élevés qui créent ces pressions. La question est de compétence provinciale, mais il existe un précédent en la matière. En 1975, dans le cadre de mesures de lutte contre l'inflation, le gouvernement fédéral a demandé aux provinces d'adopter une réglementation des loyers, ce qu'elles ont toutes fait. Par la suite, une fois le problème passé, cette réglementation a été assouplie. Cela s'est déjà fait.
La deuxième recommandation faite au Comité, étant donné que ce sont différents types d'investisseurs utilisant l'assurance hypothécaire de la SCHL qui acquièrent des propriétés existantes dans la plupart des cas, est qu'il propose que la SCHL impose des conditions plus strictes afin de limiter les augmentations de loyer pratiquées par les investisseurs qui utilisent l'assurance hypothécaire pour acheter des propriétés à loyer modéré existantes.
La troisième recommandation concerne l'évolution des investisseurs institutionnels et des FPI sur le marché locatif résidentiel. Ces investisseurs ont toujours acheté des biens existants parce leur prix était plus intéressant et que c'était moins risqué que de construire du neuf. Depuis quelque temps, nombre de ces investisseurs optent pour de nouvelles constructions. Par conséquent, au lieu d'éliminer les FPI et les investisseurs institutionnels, nous devrions essayer de diriger leurs investissements vers la nouvelle offre sur le marché et encourager une réorientation déjà amorcée vers ce type d'investissement.
La quatrième recommandation est d'encourager les investisseurs institutionnels et les fonds de pension — qui offrent d'investir en passant par des FPI et d'autres sociétés de gestion d'actifs — à revoir et à actualiser leurs lignes directrices sur les investissements répondant à des critères sociaux, environnementaux et de gouvernance afin de réduire au minimum la pratique des rénovictions et des fortes augmentations de loyer dans les propriétés de leur portefeuille. Lors d'audiences précédentes, Michael Brooks a parlé d'un code de conduite de l'industrie pour régler ce problème.
La cinquième recommandation est que le gouvernement modifie la Stratégie nationale pour le logement afin de créer un mécanisme de financement qui permettrait aux organismes à but non lucratif d'acheter des logements à loyer modéré existants. En les retirant du système de marché, ils pourraient démarchandiser ces biens et préserver à jamais les loyers modérés. Ce serait aussi profiter d'un désir parmi les FPI de céder une partie des biens à loyer modéré existants, ce dont Dan Dixon parlera plus tard, me semble‑t‑il. Cela crée une occasion mutuelle à la fois de préserver des logements et d'investir le produit de ces ventes dans de nouvelles constructions.
La sixième recommandation est d'encourager Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada à examiner la délivrance de visas pour étudiants étrangers et de permis de travail temporaire à des étrangers afin de la recalibrer pour qu'elle corresponde mieux à l'offre de nouveaux logements locatifs et de demander à la SCHL d'utiliser son initiative de financement de la construction de logements locatifs par des prêts à faible coût pour encourager et soutenir la construction de logements destinés aux étudiants qui soulagerait en partie la pression sur le marché et sur un créneau soumis à la concurrence du grand nombre d'étudiants étrangers qui viennent au Canada.
Je serai heureux d'en discuter avec vous.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour. Je m'appelle Tony Irwin. Je suis président-directeur général de la Federation of Rental-housing Providers of Ontario, ou FRPO.
La FRPO est depuis plus de 30 ans un des principaux porte-parole de secteur du logement locatif. Nous représentons plus de 2 200 membres propriétaires ou gestionnaires de plus de 350 000 logements locatifs en Ontario. La FRPO est également membre fondateur de la Fédération canadienne des associations de propriétaires immobiliers, la FCAPI.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de m'exprimer aujourd'hui devant le Comité, qui examine actuellement la financiarisation des logements expressément construits pour la location au Canada.
Mardi, vous avez entendu mon collègue, John Dickie, président de la FCAPI. Il vous a présenté les différents segments du marché locatif et vous a expliqué comment un dollar de loyer est réparti entre les charges d'exploitation et les dépenses en immobilisations et que ce qui reste représente le bénéfice net. Aujourd'hui, je vous parlerai du coût des réparations majeures et de la modernisation des immeubles d'appartements locatifs.
Le parc d'appartements canadiens vieillit. En Ontario, plus de 80 % des immeubles expressément construits pour la location l'ont été avant 1980, c'est‑à‑dire ont au moins 43 ans. Ces immeubles ont besoin d'une modernisation importante. Même avec des travaux d'entretien réguliers, des éléments arrivent un jour en fin de vie utile et doivent être remplacés. Cela comprend tout, des toits aux structures de stationnement sous-terrain, en passant par les balcons, les installations de chauffage, les ascenseurs et les fenêtres, entre autres. Le remplacement de chacun de ces éléments peut facilement coûter 20 % du revenu total annuel de l'immeuble, et ce avant toute autre dépense.
La figure 3, à la page 6 du mémoire conjoint de la FCAPI et de la FRPO, montre des exemples réels tirés de quatre immeubles en Ontario en 2022. Un nouveau toit coûte 442 000 $, ou 18 % du loyer brut pour l'année d'un grand immeuble d'appartements. Dans les autres immeubles, la rénovation des ascenseurs, la restauration du béton du garage et les nouvelles fenêtres coûtent, respectivement, 17 %, 48 % et 81 % du loyer brut. Ce sont des coûts importants pour des travaux nécessaires pour que les immeubles continuent d'être sûrs et sains d'un point de vue structurel ou pour améliorer l'efficacité énergétique en remplaçant de vieilles fenêtres.
Comment payons-nous les travaux de modernisation essentiels? En Ontario, le système de contrôle des loyers se compose de plusieurs grands piliers, dont une augmentation de loyer maximale liée à l'indice des prix à la consommation — plafonnée à 2,5 %, ce qui est nettement inférieur à l'inflation actuelle — et la possibilité de demander à pouvoir appliquer une « augmentation de loyer supérieure au taux légal », ou ALSTL, pour couvrir une partie du coût des réparations majeures.
Il est important de comprendre que le processus des ALSTL est très réglementé. Les ALSTL sont plafonnées par la loi à une augmentation maximale de loyer de 3 % par an pendant trois ans. Une demande d'ALSTL ne peut être présentée qu'une fois les travaux terminés, et la demande doit satisfaire à tous les critères énoncés dans la loi provinciale pour être approuvée par la Commission de la location immobilière. Dans la plupart des cas, les fournisseurs de logements locatifs ne peuvent récupérer qu'une partie du coût des réparations au moyen d'ALSTL en raison de leur plafonnement.
Certains estiment qu'il faudrait supprimer les ALSTL. Cependant, avec une augmentation de loyer limitée à 2,5 % par an et des coûts d'exploitation qui augmentent bien plus que cela, il n'existe pas d'autre mécanisme pour financer de grandes infrastructures immobilières. Comme je le mentionnais plus tôt, 80 % des immeubles d'habitation ontariens construits expressément pour la location ont été construits avant 1980. Si nous ne pouvons pas faire les réparations essentielles et remplacer des éléments des bâtiments et partager ce coût avec les résidants, le parc se retrouvera peu à peu hors service. Cela dans le contexte d'une pénurie importante dans tout le pays de logements construits expressément pour la location.
Rien qu'en Ontario, des rapports commandés par la FRPO concluent que nous avons besoin de 300 000 nouveaux logements locatifs nets au cours de la prochaine décennie pour combler l'offre déficitaire, et les ALSTL sont un élément essentiel qui rend le cadre stratégique ontarien de contrôle des loyers viable pour exploiter les immeubles locatifs.
Le défi actuel d'abordabilité des logements, qu'il s'agisse de location ou de propriété, est fondamentalement un problème d'offre. Nous ne construisons pas assez de logements, y compris expressément pour la location, pour faire face à la demande. La bonne approche politique pour relever ce défi devrait mettre l'accent sur des mesures qui incitent les secteurs public et privé à investir plus dans la construction de nouveaux ensembles locatifs dans tout le pays. Les politiques qui limitent davantage encore l'investissement de capitaux dans un secteur aux prises avec une offre très déficitaire ne feront qu'aggraver la situation.
Je vous remercie de votre attention. Je répondrai volontiers à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du Comité de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui.
[Traduction]
Je m'appelle Dan Dixon et je suis vice-président principal, Financement de projets, du Groupe Minto et de Minto Apartment REIT.
Je représente ici aujourd'hui les cinq plus grandes fiducies de placement immobilier cotées en bourse du Canada qui se concentrent sur la location d'appartements au Canada et sur des questions stratégiques relatives à l'abordabilité des logements. Pour des raisons pratiques, lorsque je parlerai de ces fiducies de placement immobilier, ou FPI, je dirai le groupe de FPI.
Les membres du groupe de FPI fournissent des logements depuis plusieurs décennies. Nous jouons un rôle important dans le logement des Canadiens et nous sommes fiers de ce que nous faisons. Nous fournissons des logements à environ 120 000 familles et ménages sur l'ensemble du Canada. Notre loyer moyen est de 1 394 $ par mois. Nous proposons des appartements à toute une gamme de prix pour satisfaire les besoins de logement de tous les locataires canadiens, mais 53 % de nos logements sont abordables à des loyers qui sont inférieurs à 30 % du revenu médian des locataires, ce qui est la norme fixée par la SCHL en matière d'abordabilité.
Bien que nous dirigions de grandes organisations visibles, nous représentons une petite part du parc locatif canadien. Avec environ cinq millions de ménages locataires au Canada, les 120 000 appartements en location du groupe de FPI représentent moins de 2,5 % du nombre total d'appartements en location au Canada.
Le groupe de FPI croit dans la réalisation progressive du droit à un logement convenable tel qu'il est défini dans la Loi sur la stratégie nationale sur le logement. Nous avons rencontré de manière proactive la défenseure fédérale du logement, afin de bien et de mieux comprendre les droits, les devoirs et les obligations de tous les participants dans le secteur du logement.
À cet égard, le cadre de l'ONU mentionné dans la Loi sur la stratégie nationale sur le logement est utile et clair. Les gouvernements sont responsables devant leurs citoyens de la réalisation du droit à un logement convenable. Il leur incombe aussi de mettre en place des cadres pour garantir un marché du logement qui fonctionne et pour s'assurer que les entreprises du secteur privé soient des acteurs importants. Au Canada, le secteur privé offre plus de 96 % de l'ensemble des logements.
En tant qu'entreprises, notre stratégie vise à répondre aux besoins de nos résidants, tout en prenant soin de nos employés et de l'environnement. Les FPI doivent distribuer 100 % de leur revenu imposable aux détenteurs de parts qui sont eux imposés sur ce revenu. La distribution de ce revenu fournit actuellement aux détenteurs de parts un rendement de leur investissement d'environ 3 %.
Lorsque nous exploitons nos entreprises, nous savons que nos appartements sont des logements qui fournissent un confort, une sécurité, une commodité, une fierté et un sentiment de communauté. Nous sondons régulièrement nos résidants et nous prenons leurs commentaires au sérieux. Nous nous faisons concurrence et nous faisons concurrence aux autres 4,9 millions d'appartements de location au Canada pour que les locataires choisissent nos immeubles.
Nous appuyons l'appel de la SCHL à construire 5,8 millions de nouveaux logements d'ici 2030 pour rétablir l'abordabilité. Le secteur privé fournira l'immense majorité de ces logements. En tout, le secteur canadien des FPI, y compris les FPI spécialisées dans les appartements et les FPI diversifiées, a plus de 230 000 logements en projet. Cela équivaut à une année entière de mises en chantier de logements au Canada à un moment où nous avons désespérément besoin d'une offre de logements.
Pour construire ces maisons, nous devons avoir accès aux marchés financiers. Pour cela, il faut une réglementation stable et prévisible. Nous sommes d'accord avec beaucoup d'entre vous que le gouvernement devrait concentrer son aide sur le Canadien sur 10 qui a un besoin impérieux de logement par une combinaison de logements sociaux, de logements supervisés, de logements coopératifs et de logements subventionnés. Ce sont des outils que le gouvernement pourrait utiliser pour encourager plus à offrir plus de logements de ce type.
Les logements les plus abordables sont des logements existants. C'est pourquoi nous sommes favorables à un fonds national d'acquisition pour acquérir des logements locatifs abordables existants et faire en sorte qu'il reste à jamais abordables. Nous avons dans nos portefeuilles un certain nombre d'immeubles qui seraient de bons candidats pour ce fonds.
Parmi les droits au logement énoncés par l'ONU figure le droit de choisir sa résidence, de décider où l'on souhaite vivre, et la liberté de circulation. Pour concrétiser ce droit, il faut un marché du logement privé solide et qui fonctionne. Les fiducies de placement immobilier publiques sont un élément essentiel de la boîte à outils pour offrir aux Canadiens un choix et une valeur en matière de logement.
Je vous remercie de votre attention et je répondrai volontiers à vos questions.
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C'est une excellente question. Nous disons qu'il faut que ce soit une approche bien coordonnée. Tous les paliers de gouvernement doivent s'engager à faire en sorte que l'on construise plus de logements locatifs. Je suppose qu'au cours de vos audiences et de la réunion d'aujourd'hui, vous voulez des solutions et nous voulons vous en proposer, mais en tout cas, comme je le disais dans mes observations, des politiques qui décourageraient de construire des logements, qui rendraient les choses plus compliquées pour construire, semblent être tout à fait la mauvaise approche à adopter. Tous les paliers de gouvernement doivent dire que la construction de logements spécialement pour la location est une priorité. On n'en construit pas assez depuis des décennies, et que pouvons-nous faire pour améliorer la situation à cet égard?
Donc, que ce soit par l'intermédiaire du Fonds pour accélérer la construction de logements ou de la SCHL, qui propose des prêts à de meilleurs taux pour réaliser des projets, le gouvernement fédéral peut agir au moyen de ces mécanismes qui aideront à rentabiliser le produit. Nous avons des membres — et M. Dixon peut certainement en parler — qui veulent construire des logements. C'est leur métier. C'est ce qu'ils veulent faire. Mais il faut que ce soit rentable.
Vous avez mentionné les autorisations municipales, et le gouvernement provincial de l'Ontario s'efforce d'améliorer la situation sur ce plan. Le rôle du gouvernement fédéral, à mon avis, est de fournir un soutien par l'intermédiaire, par exemple, de la SCHL, et pas de prendre des mesures fiscales qui découragent et poussent les investisseurs à partir ailleurs ou dans d'autres pays. Cela ne fera pas construire de logements. Concentrons-nous sur le fait qu'il faut dire « oui », pas « non », et sur la façon de procéder pour y parvenir à tous les paliers de gouvernement en utilisant pour cela les outils à leur disposition.
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Je vous remercie infiniment, monsieur le président.
J'espère que la qualité du son est bonne pour les interprètes. Encore une fois, je les remercie du travail qu'ils font.
Je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui.
Je vis dans une collectivité intéressante. Il s'agit du corridor Don Mills. D'environ Overlea à Fairview Mall le long du corridor, une centaine d'immeubles seront construits dans les 10 prochaines années. À cause de cela, il y a beaucoup de changements par rapport aux immeubles anciens, par exemple. Les immeubles dans lesquels j'ai grandi, au 7 et au 11 Rochefort, qui sont deux immeubles adjacents, en face du Centre des sciences, sont démolis pour laisser place à des tours d'habitation. Cent tours vont être construites.
Nous avons également remarqué que les grandes FPI s'intéressent à nous depuis une dizaine d'années. Je crois que M. Dixon a dit qu'elles représentent environ 5 % de l'offre dans le pays. Nous avons remarqué une tendance continue. Ce n'est pas quelque chose d'isolé.
Compten, me semble‑t‑il, était la FPI qui présentait constamment des demandes d'augmentations de loyer supérieures au taux légal en raison de changements dans l'immeuble, comme l'entretien des ascenseurs ou des choses que les locataires ne voulaient pas. Ces pourcentages augmentent vraiment. Il y a eu de nouvelles places de stationnement créées dans différents immeubles. Si je dois aller rendre visite à ma tante, par exemple, parce qu'elle a besoin de produits d'épicerie, je dois payer maintenant pour aller la voir. Si un préposé aux services de soutien à la personne vient, il doit payer pour le stationnement. Il y a d'autres choses, comme l'installation de compteurs électriques individuels et la répercussion des primes d'assurance de ces entreprises.
Je suppose que ma question est pour M. Dixon, en tant que représentant d'une des plus grandes FPI du Canada.
De toute évidence, pour les entreprises cotées en bourse et les grandes sociétés, l'essentiel, ce sont les résultats financiers.
Est‑ce que les FPI participent à des pratiques — à certains des autres services et des éléments que j'ai mentionnés — qui n'ont peut-être pas d'incidence directe sur les loyers, mais qui visent plus à augmenter les bénéfices?
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Je vous remercie de la question.
Par votre intermédiaire, monsieur le président, je commencerai par dire que les Canadiens sont, dans leur immense majorité, protégés par des régimes officiels de contrôle des loyers dans cinq provinces et par des plafonnements administratifs des loyers dans d'autres provinces. Cette année, en 2023, la majorité des Canadiens verront leur loyer augmenter de 2,5 % à 3 %.
Vous avez posé une question sur les ALSTL et d'autres sources de revenus. Les ALSTL ne s'appliquent, comme M. Irwin l'a précisé dans ses observations préliminaires, qu'aux principaux systèmes des bâtiments et aux systèmes de longue durée, de manière générale. La majorité des ALSTL sont amorties sur une période de 15 à 25 ans. Leur application est limitée à 3 % pendant les trois premières années, puis elles s'arrêtent. À la fin de la période d'amortissement, l'ALSTL disparaît.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins.
L'étude que nous faisons ici est importante. D'ailleurs, je crois que c'est la dernière rencontre. Nous abordons les rapports de recherche portant sur la financiarisation du logement qui ont été publiés par la défenseure fédérale du logement et nous examinons sérieusement la question de la financiarisation du marché, y compris la propriété par des sociétés de maisons unifamiliales, et les effets des fiducies de placement immobilier sur le marché du logement locatif.
Nous sommes donc ici pour évaluer les conséquences de la financiarisation sur les programmes de la Stratégie nationale sur le logement, de même que sur la mise en place de logements qui sont abordables — je parle de ceux qui ne coûtent pas 1 500 $ par mois pour une pièce et demie —, et qui resteront abordables à long terme.
Ma question s'adresse à M. Pomeroy.
La défenseure fédérale du logement a été assez claire dans son rapport annuel de 2021‑2022. Selon une de ses recommandations au gouvernement, « [l]a Stratégie nationale sur le logement doit cibler ses programmes de manière à empêcher la financiarisation des logements à but locatif et s'assurer que ses programmes ne contribuent pas à la financiarisation du logement ».
Êtes-vous d'accord sur cette observation majeure de la défenseure fédérale du logement?
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Je vous remercie de la question. Je répondrai en anglais, si vous le voulez bien.
Oui. Je pense qu'il y a un besoin. Comme les représentants de l'industrie l'ont indiqué, ils savent très bien augmenter l'offre. Ils ne peuvent pas créer de logements à des prix abordables, simplement parce que ce n'est pas rentable et pas logique. C'est donc bien le rôle des gouvernements de mettre en place des mécanismes, qu'il s'agisse de financements bon marché, de subventions en capital ou d'allocations de logement continues, pour améliorer l'abordabilité pour les ménages à faible revenu aux besoins desquels le marché ne répondrait pas autrement.
Selon moi, la Stratégie nationale sur le logement est certainement l'instrument qui pourrait et devrait jouer ce rôle. À l'heure actuelle, même si l'on sait maintenant qu'elle bénéficie d'une enveloppe de 85 milliards de dollars, la majeure partie de ces fonds sert à consentir des prêts, pas à accorder des subventions et des contributions comme telles. Si nous voulons vraiment répondre aux besoins des personnes à très faible revenu, il faudra que la Stratégie nationale sur le logement soit nettement renforcée pour accorder plus d'apports en capital et de subventions permanentes.
Ce n'est pas seulement un rôle fédéral. Les allocations de logement font certainement partie du volet bilatéral de la Stratégie nationale sur le logement et elles pourraient être accordées en collaboration avec les provinces qui partagent le coût de ces allocations de logement permanentes. C'est essentiel si nous voulons répondre aux besoins en logement des personnes à faible revenu.
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Par votre intermédiaire, monsieur le président, dans ce rapport, j'ai regardé le nombre de logements loués à des prix abordables. J'ai pris pour référence un loyer de 750 $, ce qui est jugé abordable pour un revenu inférieur à 30 000 $ par an, et j'ai constaté la perte 550 000 logements que je mentionnais dans mes observations préliminaires. La cause en est, en vérité, double. M. Coteau a déjà mentionné que l'on détruit toutes les structures existantes. Elles disparaissent donc du parc. Nous perdons une partie du parc à loyer modéré en raison de politiques de densification, que la plupart des municipalités appliquent.
L'autre facteur était, en fait, l'augmentation des loyers qui en découle. On a tendance à utiliser le terme « financiarisation » comme une sorte de code pour parler de ces augmentations de loyer. Je pense que l'élément important en l'espèce est que les fiducies de placement immobilier ne sont pas les seules à acheter des biens avec l'intention d'augmenter le rendement en augmentant les loyers. Il y a un large éventail d'investisseurs. La presse parle beaucoup d'investisseurs individuels qui achètent une maison unifamiliale ou un duplex et qui font la même chose. Les petits investisseurs qui achètent de petits immeubles d'appartements font la même chose. C'est le fait qu'ils le peuvent, que la réglementation des loyers leur permet de le faire pour augmenter leurs rendements potentiels. C'est cela qui encourage et permet ce genre de comportement.
Il me semble que le comportement est endémique dans de nombreuses catégories d'investisseurs. Certains le font légalement parce que les lois les autorisent à augmenter les loyers, et certains ont tendance à contourner un peu les règles, ce qui est le cas notamment des petits investisseurs. Cependant, l'an dernier, [difficultés techniques] 57 % des expulsions ne résultaient pas de fautes. D'après une source de statistiques nationales, les petits investisseurs procèdent à plus d'expulsions que les grands propriétaires institutionnels et commerciaux.
Je pense que nous devons veiller à ce que l'étude soit assez large pour prendre en compte tous les acteurs de ce système.
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D'une part, elle envoie des ressources financières directes limitées à ceux qui en ont le plus besoin.
Le problème est que nous avons un problème systémique dans le système de logement. Si de jeunes ménages n'ont pas les moyens d'acheter un logement, ils engorgent le marché locatif et ajoutent à la demande, et il s'ensuit une augmentation des loyers. La Stratégie nationale sur le logement doit être d'une portée exhaustive et elle doit trouver le moyen d'assainir le système de logement. Si nous n'avons pas accès à la propriété, nous aurons des répercussions sur le marché locatif. Si les loyers augmentent, les personnes à faible revenu en souffrent en bas de l'échelle.
Je pense que, parallèlement aux subventions et aux contributions aux personnes à très faible revenu, nous devons aussi faire en sorte que le système encourage l'industrie et le système de logement, dans leur totalité, à être aussi sains que possible, et le leur permette, ce qui n'est pas le cas actuellement, à mon avis.
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Lorsque l'on envisage les coûts de construction des projets locatifs et comment ils s'articulent avec la capacité à fournir des logements abordables, de nombreux témoins, que ce soit mardi ou aujourd'hui, nous ont parlé des défis à relever pour construire des projets spécialement pour la location qui peuvent aussi être abordables. Il est extrêmement difficile de s'y retrouver.
Qu'il s'agisse d'éléments fondamentaux comme le temps qu'il faut pour obtenir l'approbation des projets, ou des différents frais et charges imposés par les pouvoirs publics..., nous constatons, et c'est certainement le cas en Ontario — j'en parle, puisque c'est ma province — des modifications de politiques visant à améliorer la situation en accordant des remises et des reports des droits et des frais imposés par les pouvoirs publics, parce qu'on reconnaît que c'est une mesure qu'il est possible de prendre pour aider à démarrer des projets.
En dernière analyse, lorsqu'il s'agit d'abordabilité, nous disons qu'il faut que tous les types de logements et tous les partenaires soient représentés à la table. Les organismes à but non lucratif et les coopératives sont grandement nécessaires. Nous travaillons avec de nombreux organismes. Les gens d'Habitat pour l'Humanité font un excellent travail. Nous avons besoin de leur présence à la table à faire ce qu'ils font. Nous devons faire ce que nous faisons. Que ce soit au moyen de différentes subventions, d'aides ou de soutiens publics — par exemple, Open Door à Toronto — il est possible d'arriver à construire des immeubles comportant des éléments abordables.
Le zonage inclusif est un sujet qui suscite beaucoup d'attention. On suppose que nous nous y opposons. La réponse est que nous comprenons l'objectif de cet outil stratégique. Tant que nous pouvons obtenir la densité nécessaire pour rendre le projet économiquement viable, nous pouvons faire en sorte que ça fonctionne.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus ce matin.
Monsieur Pomeroy, je commencerai par votre recommandation concernant le logement étudiant. Vous nous avez fourni des renseignements très intéressants, passés et présents, sur l'impact des étudiants dans le marché du logement locatif. Tous ceux d'entre nous ici présents dont la municipalité accueille une université ou un collège connaissent les pressions que le logement étudiant peut exercer sur un quartier et, par extension, sur les personnes qui cherchent une maison abordable à acheter ou un logement abordable à louer.
En ce qui concerne les programmes gouvernementaux, je pense que dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement, nous offrons actuellement un soutien partiel aux collèges et aux universités pour créer une nouvelle offre.
Que suggérez-vous en fait d'améliorations législatives dans le cadre de la stratégie ou de nouveaux fonds pour les collèges et les universités afin de les aider à cet égard?
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Monsieur le président, oui, les étudiants étrangers sont devenus un facteur très, très important de la demande. Plus de 650 000 visas d'étudiants étrangers ont été délivrés l'année dernière. Il est vrai qu'ils déplacent des personnes sur le marché locatif local.
Bien qu'un organisme à but non lucratif travaillant en collaboration avec l'université puisse potentiellement utiliser les programmes s'inscrivant dans la Stratégie nationale sur le logement, ce n'est ni promu ou favorisé. Compte tenu des fonds limités, la plupart d'entre eux choisiraient d'utiliser leurs fonds pour les ménages à faibles revenus.
Il y a un effet de déplacement. Si vous construisez 1 000 logements pour étudiants, cela empêchera le déplacement de 1 000 logements sur le marché local des logements à loyer modéré. C'est une façon très indirecte de combler le besoin d'abordabilité. L'élément le plus important est la configuration des logements étudiants, et un certain nombre de projets ont été construits à Waterloo et à Ottawa. Je crois qu'il y en a un aussi à Hamilton. Quatre étudiants partagent un logement avec des chambres et des salles de bain privées, et un espace de vie commun.
Le loyer au mètre carré de ce type de produit est très, très élevé et très, très lucratif. Je pense qu'il est possible de stimuler et de favoriser la construction de logements pour étudiants. Cela pourrait se faire entièrement par l'entremise du secteur privé, ou en collaboration avec l'université, si elle dispose d'un terrain qu'elle pourrait destiner à ce type de construction. Cela aurait un impact considérable sur le déplacement de la pression que les étudiants exercent sur leur marché local.
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Merci pour cette question.
Monsieur le président, l'offre est la solution à notre problème. Avec une population qui augmentera d'un million de personnes en 2022, nous devons absolument construire plus de logements. Comme je l'ai dit, des programmes peuvent contribuer à l'offre. Le problème de l'offre nouvelle, c'est qu'il faut de nombreuses années pour qu'elle devienne disponible. Compte tenu des délais d'approbation et de construction, il faut compter au moins cinq ans avant qu'un projet, peu importe sa taille, ouvre ses portes.
La préservation de l'abordabilité actuelle est une idée qui peut avoir un effet immédiat. La SCHL a lancé son produit d'assurance hypothécaire APH Select en mars dernier. Je pense qu'il s'agit d'un excellent produit par sa conception même. Il comporte des conditions bonifiées pour l'abordabilité, l'accessibilité et la durabilité. Cependant, d'après les commentaires que j'ai entendus de la part de grands prêteurs et d'autres emprunteurs, en grande majorité, les produits d'APH Select émis aujourd'hui concernent la durabilité et non l'abordabilité. Je pense que le problème tient au fait que les critères de ce produit sont trop rigoureux. Il faut que 40 % des logements d'un immeuble soient abordables pour donner droit à un quelconque avantage. Les avantages liés à un prêt ne compensent pas la perte financière.
Cela ne signifie pas que le projet est mauvais. En fait, je pense qu'il est excellent. Nous devons simplement trouver le bon équilibre entre les incitatifs financiers et les incitatifs sociaux. Je pense que si nous ramenons ce chiffre à 20 ou à 10 %... Dix ou vingt pour cent de presque tous les immeubles, c'est beaucoup mieux que 40 % d'aucun immeuble.
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Monsieur le président, une mesure d'abordabilité comme 30 % est une mesure relative. Cela dépend des revenus des gens, et cela varie donc selon les tranches de revenu.
Je pense que l'adoption d'un critère d'abordabilité plus explicite, comme celui que les États‑Unis utilisent depuis de nombreuses années... Ils ont défini l'abordabilité par rapport à un pourcentage du revenu médian. Un revenu très faible représente jusqu'à 30 % du revenu médian, ce qui est un revenu très bas. Des collègues ont effectué des analyses ici au Canada. Dans le cadre de l'initiative HART, qui utilise l'Outil d'évaluation des besoins des ressources en logement, on est en train d'élaborer ce même type de mesure au Canada.
Je pense que nous devons réfléchir plus à fond à la manière dont nous définissons les niveaux d'abordabilité lorsque nous demandons à des organismes à but non lucratif et à des promoteurs d'inclure des logements abordables dans leurs projets. Actuellement, dans la Stratégie nationale sur le logement, il y a un peu de confusion parce que plusieurs volets de financement différents utilisent tous des définitions différentes. Par exemple, la définition de l'IFCLL, qui utilise 30 % du revenu du ménage pour tous les ménages, est deux fois plus élevée que le critère d'APH Select dont Dan Dixon a parlé, qui utilise 30 % du revenu du locataire, parce que les revenus des locataires sont deux fois moins élevés que ceux des propriétaires.
Si nous nous préoccupons de l'abordabilité pour les locataires, nous devons examiner le critère de mesure et trouver un chiffre plus précis et plus absolu. Des loyers inférieurs à 1 000 $ ou à 800 $, nous avons besoin d'un chiffre plutôt que de pourcentages du revenu parce qu'ils signifient tout et n'importe quoi pour tout le monde.
Nous reprenons notre étude sur la financiarisation du logement.
Pour faciliter la tâche des interprètes, permettez-moi de rappeler à tous les membres et les témoins de se présenter et de s'exprimer lentement.
Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Des services d'interprétation sont disponibles ici dans la salle et virtuellement en utilisant l'icône du globe au bas de votre écran.
Je rappelle aux témoins qu'ils ne doivent pas faire de captures d'écran pendant la réunion.
Par ailleurs, en cas d'interruption des services d'interprétation, veuillez attirer mon attention et nous suspendrons nos travaux le temps de corriger le problème.
Veuillez adresser vos questions à la présidence.
Nous accueillons aujourd'hui, du Comité logement Rosemont, Jean-Claude Laporte, organisateur communautaire; de la Parkdale Neighbourhood Land Trust, Joshua Barndt, son directeur général; et de la Skyline Apartment Real Estate Investment Trust, Krish Vadivale.
Bienvenue au Comité.
Nous commençons par M. Laporte, pour cinq minutes.
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Bonjour. Je vous remercie de me recevoir.
Je dois m'excuser à l'avance, car, dès que j'aurai fait ma présentation et répondu aux questions, je devrai vous quitter, parce que je participe à un congrès en ce moment.
J'aimerais d'abord remercier le député de , M. Alexandre Boulerice, puisque c'est grâce à lui si nous avons été mis au courant de cette étude du Comité. Nous avons donc pu soumettre notre mémoire, et j'espère que vous l'avez lu. Normalement, la députée d', Mme Soraya Martinez Ferrada, est aussi présente. Je la salue, étant donné que l'Est du quartier Rosemont fait partie de sa circonscription. Je remercie également la députée de , Mme Louise Chabot, qui nous a envoyé l'invitation. En terminant, j'aimerais remercier le greffier ainsi que les interprètes, dont les services sont essentiels.
En parlant de traduction, j'aimerais vous signaler qu'il y a toujours une contradiction, en français et en anglais, entre les mots « logement social » et « logement abordable ». En français, « logement abordable » veut dire tout et n'importe quoi, malheureusement, tandis que « logement social » est un terme plus clair. Cela désigne des coopératives, des organismes sans but lucratif ou des habitations à loyer modique. Toutefois, en anglais, on dit « affordable housing » à la fois pour parler de logement social et de logement abordable. Alors, pour parler de logement social, il serait préférable de dire « social housing », car cela correspond plus aux types d'habitations dont il est question.
Pour parler de financiarisation du logement, il faut quand même établir quelques balises claires, parce que le logement, ce n'est pas n'importe quoi. Je crois que nous sommes tous et toutes d'accord pour dire que le logement est un droit. À ce propos, le Canada a signé le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de l'ONU. Comme le logement est un droit, cela veut dire qu'il doit être financièrement accessible, salubre et sécuritaire. Être sécuritaire ne veut pas seulement dire qu'il est bien situé et qu'il n'y a pas de danger de se faire agresser, cela veut aussi dire qu'on ne risque pas de se faire évincer par un promoteur immobilier parce qu'il veut faire plus d'argent en haussant les loyers ou par quelque autre moyen.
Toute cette définition du logement, tel qu'elle est écrite dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, correspond à la définition du logement social. On ne le dit pas, mais, lorsqu'on regarde la définition du logement social, on voit que c'est un logement accessible, salubre et sécuritaire.
Si on dit que le logement est un droit, ce n'est donc pas une marchandise; et si ce n'est pas une marchandise, on doit le traiter tel quel. Or, en financiarisant le logement, on le traite comme une marchandise. Dès lors, si on dit que le logement est un droit et non une marchandise, on se doit de combattre la financiarisation du logement, et ce, dans tous les domaines qui s'y rapportent, que ce soit sur le plan fiscal, sur le plan des subventions ou sur le plan de l'aide à la construction. Tout l'argent du public, celui que gère le gouvernement, doit être investi dans le logement social. Cela va mettre des bâtons dans les roues aux spéculateurs qui provoquent des crises du logement et nuisent aux ménages locataires, principalement ceux qui sont à faible ou modeste revenu.
Le but de la financiarisation du logement est de faire des investissements pour faire de l'argent. Cela va donc à l'encontre du droit au logement. Le gouvernement a le devoir de ne pas encourager ce genre de manigances douteuses et, surtout, de mettre des bâtons dans les roues aux gens qui s'y livrent. En ce sens, la Stratégie nationale sur le logement du Canada devrait être axée sur le financement du logement social plutôt que de s'éparpiller, comme c'est le cas en ce moment, et cesser de financer les promoteurs qui ont le profit pour seul objectif. Comme l'argent disponible n'est pas illimité, on se doit de donner la priorité à l'investissement gouvernemental dans le logement social pour aider les ménages à faible ou modeste revenu.
Je vous remercie.
Je m'appelle Krish Vadivale, et je suis vice-président des finances chez Skyline Apartment REIT qui possède et exploite plus de 22 000 appartements et emploie plus de 1 000 Canadiens d'un océan à l'autre. Skyline est également membre direct de la Fédération canadienne des associations de propriétaires immobiliers, la Fédération canadienne des associations de propriétaires immobiliers, ou FCAPI. Je suis membre du conseil d'administration de la FCAPI depuis 2019, et j'en ai occupé le poste de président au cours de la dernière année.
Il se trouve que je suis également président de Victoria Park Community Homes, l'un des plus importants fournisseurs de logements à but non lucratif gérés par le secteur privé de l'Ontario, qui possède et gère plus de 3 000 maisons abordables dans le sud de l'Ontario, et qui s'efforce actuellement de construire plus de 200 autres maisons abordables à Hamilton, en Ontario.
J'aimerais commencer par aborder ce qui, à mon avis, constitue une vérité fondamentale dans le paysage du logement locatif au Canada: le fait que le taux d'augmentation des loyers actuel est en grande partie attribuable à la demande de logements locatifs, qui dépasse l'offre.
Avant d'envisager des solutions à ce problème, je crois qu'il faut d'abord en comprendre les causes.
Du côté de la demande, la population augmente, principalement en raison de l'immigration, et cela coïncide avec des règles plus strictes d'admissibilité aux prêts hypothécaires, entrées en vigueur au cours de la dernière décennie. Cela rend la propriété immobilière moins accessible aux nouveaux acheteurs, qui demeurent donc des locataires.
Du côté de l'offre, qui est l'objet de mon travail, il y a des coûts d'exploitation croissants et une augmentation des coûts de construction; il y a un syndrome « pas dans ma cour » de plus en plus présent en ce qui concerne les nouveaux développements, surtout pour le logement abordable, et il y a une rhétorique politique de plus en plus hostile aux plus grands fournisseurs de logements locatifs.
Pour approfondir ces points, en ce qui concerne les coûts d'exploitation, la ventilation d'un dollar de loyer en fonction des coûts, telle qu'elle a été présentée dans un mémoire soumis au Comité par la FCAPI, correspond largement à nos propres mesures financières. De plus, au cours des trois dernières années, nous avons vu des augmentations de pourcentage à deux chiffres des frais d'assurance, des augmentations du coût de la main-d'œuvre, et les taux hypothécaires ont presque doublé. En revanche, au cours de ces trois années, l'augmentation maximale des loyers permise pour la plupart des logements en Ontario a été de 4,3 % seulement.
Ces facteurs rendent la construction de nouveaux logements locatifs moins attrayante, ce qui entraîne une diminution de l'offre de nouveaux logements locatifs. Au fil du temps, l'offre insuffisante entraîne une hausse du coût des loyers à tous les niveaux de prix. Si l'on vise à augmenter l'offre, il faut soit encourager l'offre de nouveaux logements, soit supprimer ou réduire les éléments dissuasifs actuels, y compris le risque de résultats négatifs, comme le contrôle du taux d'inoccupation des logements, qui réduirait assurément l'offre comme peau de chagrin.
Je vais conclure sur quatre points.
Premièrement, j'aimerais parler du concept de « financiarisation ». Les investisseurs de Skyline reçoivent actuellement un rendement de 4 % sur leur investissement. Les rendements sont inférieurs sur certains marchés publics comparables. Par exemple, au cours des derniers mois, l'obligation à 5 ans du gouvernement du Canada, un investissement presque sans risque, a oscillé autour de 3,5 %.
En d'autres termes, les fournisseurs de logements locatifs ne sont pas plus « financiarisés » que tout autre investissement, surtout lorsqu'on évalue la situation en fonction du rapport risque-rendement. En outre, si nous gagnions vraiment trop en termes économiques, le marché du logement locatif serait déjà saturé jusqu'au point de l'équilibre économique. Or, ce n'est manifestement pas le cas.
Deuxièmement, à la fin de notre dernier exercice, le loyer mensuel moyen en place à Skyline était de 1 276 $ par unité, ce qui, sur une base annualisée, serait légèrement supérieur à 15 300 $. La définition de logement « abordable » de la SCHL est un loyer qui coûte moins de 30 % du revenu avant impôt d'un ménage. Cela signifie que l'unité moyenne de Skyline serait considérée comme abordable pour les ménages qui gagnent un peu plus de 51 000 $. Selon Statistique Canada, le ménage locataire moyen avait un revenu de 54 800 $ en 2021. Cela signifierait que plusieurs des unités de Skyline sont abordables pour de nombreux locataires.
Troisièmement, chez Skyline, nous valorisons nos locataires. Nous ne procédons pas à des « rénovictions ». Au contraire, au cours des dernières années, Skyline est allée jusqu'à créer un Programme d'aide aux locataires, qui offre un allégement de loyer aux locataires de notre portefeuille qui vivent des moments difficiles. Rien qu'en 2022, notre Programme d'aide aux locataires a permis de sauver plus de 200 locations.
Enfin, avec plus de 22 000 unités de location, Skyline pourrait être considérée comme l'un des plus grands locateurs du Canada, mais sur les 5 millions d'unités de location disponibles au Canada, nous ne possédons que quatre dixièmes de 1 % — donc pas 4 unités sur 100, mais 4 unités sur 1 000.
Si l'objectif final est d'avoir un marché du logement locatif dynamique, qui offre aux Canadiens un choix, tant sur le plan de l'emplacement que des commodités, mais qui soit aussi largement abordable, les grands exploitants comme Skyline Apartment REIT devraient faire partie de la solution, et nous voulons en faire partie.
Je vous remercie de votre attention.
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Je vais vous donner un exemple bien précis, qui ne dira peut-être rien aux gens de l'extérieur de Montréal. Il y a eu un dossier de rénoviction sur la rue Saint‑Zotique, au cœur de Rosemont, pour lequel nous avons aidé les locataires à défendre leurs droits. Au départ, tout le monde était d'accord pour se battre afin de conserver leur logement, mais le nouveau propriétaire avait plus d'un tour dans son sac. Au bout du compte, seuls 3 des 21 ou 22 ménages ou personnes qui étaient là à l'origine demeurent encore dans leur logement.
On peut voir qu'il y a de l'argent à faire. Au départ, le nouveau propriétaire avait dit aux locataires qu'il leur donnerait trois mois de loyer gratuit ou qu'il les aiderait à payer le déménagement. Il a par la suite augmenté à 15 000 $ l'offre faite aux ménages locataires pour qu'ils déménagent. On peut comprendre que les gens étaient vraiment tannés et stressés de se faire harceler de la sorte. À un certain point, ce n'était plus vivable et la majorité a donc décidé de quitter les lieux et d'empocher les 15 000 $. Il est même possible qu'ils aient obtenu davantage, puisque les négociations n'étaient pas terminées.
Selon ce qu'une locataire nous a dit, le loyer pour un quatre et demi, c'est-à-dire un appartement de deux chambres à coucher, est passé d'environ 700 $, ce qui est très rare, à environ 1 300 $ ou 1 500 $. Pour les gens de Toronto ou de Vancouver, cela peut paraître peu, mais le marché est différent à Montréal et au Québec. C'est d'ailleurs une bonne chose que nos locataires n'aient pas à payer le genre de loyer demandé dans plusieurs villes du Canada. Cela dit, peu importe la raison, il est inhumain de faire vivre cela à des gens. Je comprends l'investisseur, mais...
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Merci infiniment, monsieur le président.
Je remercie les témoins pour leurs déclarations.
Pour revenir à ce que M. Laporte disait, je pense que la situation du Québec qu'il a décrite est importante, mais il est aussi intéressant de constater que ce qui se passe au Québec se produit aussi ailleurs.
Dans un témoignage précédent, Nemoy Lewis, de la School of Urban and Regional Planning à la Toronto Metropolitan University, a déclaré:
Un propriétaire financiarisé est une société privée — un gestionnaire d'actifs, une société cotée en bourse ou une société de placement immobilier — qui achète des immeubles locatifs à grande échelle et qui applique une logique financière, des paramètres et des priorités afin de générer des revenus pour des actionnaires et des investisseurs.
Son étude a porté sur une période de 27 ans à Toronto. Il a constaté que ce type de propriétaire financiarisé était à l'origine de 40 % des transactions en matière de transfert de propriété. Les fonds d'investissement immobilier représentaient 7 %, un pourcentage plus faible, ce qui est à noter. Cependant, il a ajouté:
Ces sociétés se servent des mêmes pratiques d'acquisition et de gestion qui, comme nous le savons, portent atteinte au devoir du Canada d'exercer le droit au logement de tous les Canadiens.
Dans son étude, il est intéressant de constater qu'il s'est concentré sur les endroits où les acquisitions ont été effectuées, puis il a aussi fait une analyse comparative des données démographiques et constaté que ces pratiques visaient principalement la population noire. Dans son étude, il a constaté que « [l]es propriétaires financiarisés possèdent 72,86 % des logements vendus dans ces zones géographiques ». Le point le plus important ici, et j'y viens, est que:
[...] du point de vue des problèmes de déplacement et des propriétaires financiarisés. Nous avons examiné les évictions à Toronto au cours des quatre dernières années, entre 2018 et 2021. Il y en a eu environ 63 000 dans la ville. Les propriétaires financiarisés étaient à l'origine de 42 % de ces évictions. Dans le cas des évictions pour cause de non-paiement du loyer, les propriétaires financiarisés ont présenté un peu moins de 80 % des demandes.
Il poursuit en fournissant d'autres données. Il me semble que cela ne correspond pas vraiment à ce que disent certains témoins: « Hé, je suis un FPI, et nous ne procédons à aucune éviction. » D'aucuns pourraient dire que les propriétaires financiarisés ne se livrent pas à de telles pratiques, mais les données provenant d'études indépendantes montrent le contraire.
La question que je veux poser à M. Laporte est la suivante. Vous avez décrit certains défis auxquels vous êtes confrontés dans la ville de Québec, et vous avez dit que des évictions ont lieu. La question est la suivante: le logement doit‑il être traité comme une marchandise ou comme un droit humain fondamental, comme un endroit où les gens peuvent se doter d'un foyer, un endroit où ils se sentent en sécurité et qu'ils peuvent se payer?
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Je vous remercie de votre question.
En effet, l'étude que vous avez citée est intéressante. J'aurais le goût de dire que la réponse à votre question se trouve dans la question elle-même, parce que, tout simplement, si on dit qu'un logement est une marchandise, alors les droits de la personne n'existent plus.
Un toit sur la tête est la base qui permet à une personne de bien vivre, de fonder une famille et de s'épanouir. Si on n'a pas cela, le reste disparaît. On se retrouve donc avec des problèmes de santé physique et de santé mentale, avec des difficultés très grandes à élever des enfants qui, eux, se retrouvent avec des problèmes sur le plan scolaire.
La stabilité de l'habitation est fondamentale, et ce, peu importe où on habite sur la planète. Je comprends très bien les investisseurs qui veulent faire de l'argent. Dans le système actuel, grand bien leur fasse, mais ils ne doivent pas le faire sur le dos des gens.
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Non, il n'y a pas de mal, parce que je pense que vous voyez le logement d'un point de vue humain, et je pense que c'est pourquoi vous avez peut-être pensé que ma question était rhétorique. Certaines personnes ne le voient pas forcément ainsi, elles le voient comme un outil d'investissement. Je vous en remercie.
Je voudrais poser une autre question concernant le secteur privé. Certains diront que le NPD, par exemple, ou ceux qui veulent faire du logement un droit de la personne fondamental, ne soutiennent pas le secteur privé, ce qui est évidemment faux.
Dans la situation actuelle, avec la crise du logement que nous vivons, certains témoins, comme le représentant de l'ACORN, ont dit qu'il faudrait un moratoire sur l'acquisition de ces vieux appartements qui arrivent sur le marché et qui finissent par être convertis.
Je vois un signal de la présidence. Rapidement, étant donné la crise actuelle à laquelle nous sommes confrontés, devrions-nous mettre un terme à l'acquisition de logements qui arrivent sur le marché et les empêcher d'être convertis à des fins financières, au moins jusqu'à ce que nous puissions maîtriser la crise, et le marché privé devrait‑il construire de nouveaux logements?