Bienvenue à la 123e réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord de la Chambre des communes.
Je vais commencer, comme nous le faisons toujours, en rappelant que nous sommes réunis sur le territoire ancestral non cédé du peuple algonquin Anishinabe, et exprimer ma gratitude de pouvoir faire le travail important de ce comité sur les terres dont ce peuple est l'intendant depuis des temps immémoriaux.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 5 juin 2024, le Comité reprend l'étude du projet de loi , Loi concernant l'eau, les sources d'eau, l'eau potable, les eaux usées et les infrastructures connexes sur les terres des Premières Nations.
Je souhaite la bienvenue aux témoins de notre premier groupe.
De l'Assemblée des Premières Nations, nous accueillons la cheffe nationale Cindy Woodhouse Nepinak. Celle‑ci est accompagnée de Christopher Rapson, conseiller juridique, et d'Irving Leblanc, ancien directeur des Infrastructures et de l'eau potable.
De l'Assemblée des chefs du Manitoba, nous accueillons la cheffe intérimaire Betsy Kennedy. Elle participera par vidéoconférence. Nous accueillons également le chef Kelsey Jacko, des Premières Nations de Cold Lake. Et, enfin, de la Nation crie de Kehewin, nous accueillons le chef Trevor John.
Bienvenue à tous. Vous disposerez chacun de cinq minutes pour faire votre exposé préliminaire, après quoi nous passerons aux questions.
Sur ce, commençons par la cheffe nationale Cindy Woodhouse.
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C'est tellement agréable de vous voir tous.
Pour ceux d'entre vous qui ne me connaissent pas, sachez que j'ai grandi dans une petite communauté du Manitoba située à environ deux heures et demie de route de Winnipeg. Je tiens à remercier la cheffe Kennedy d'avoir joué un rôle important pendant cette période de transition. Nous ne nous sommes pas encore rencontrées. C'est la première fois aujourd'hui que nous sommes en contact. J'en profite donc pour la remercier de tout son travail.
Avant de poursuivre, je tiens à honorer une de mes collègues décédée depuis peu. Je salue la grande cheffe Merrick et je tiens également à remercier les chefs ici présents de s'être joints à moi. Je remercie également mes collègues et mon personnel de l'Assemblée des Premières Nations.
Je suis la cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations depuis 10 mois. J'ai hâte de travailler avec vous tous pendant les trois années à venir.
Je tiens à souligner que nous sommes réunis ici sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin. Je remercie également le Comité de m'avoir invitée à parler du projet de loi au nom de l'Assemblée des Premières Nations.
L'Assemblée des Premières Nations préconise depuis longtemps un financement et des ressources pour faire face aux crises de l'eau qui touchent nos communautés. Le gouvernement fédéral n'a fait jusqu'ici que trahir les Premières Nations en sous-finançant systématiquement les services d'approvisionnement en eau potable et de traitement des eaux usées et en mettant en œuvre des programmes sans tenir compte des droits et de l'autonomie des Premières Nations.
Le 5 juin, il s'est produit une rupture de la principale conduite d'eau à Calgary, et cela a donné lieu à un avis d'ébullition et à des mesures de conservation qui ont fait les manchettes nationales. Voilà un contraste saisissant avec la couverture médiatique des problèmes d'eau potable qui, dans certaines communautés des Premières Nations, perdurent depuis des décennies. Comparativement aux autres Canadiens, les Premières Nations qui vivent dans les réserves sont 90 fois plus susceptibles de ne pas avoir accès à l'eau courante.
Au cours des trois dernières décennies, il y a toujours eu au moins une centaine d'avis à long terme et à court terme dans des communautés des Premières Nations, et 30 avis à long terme sont toujours en vigueur. Les Premières Nations ne reçoivent pas la même qualité de services d'approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées que la population canadienne en général.
Le projet de loi est une occasion importante de corriger cette injustice de longue date. L'Assemblée des Premières Nations est convaincue que le projet de loi dont le Comité est saisi répond à l'une de ses principales priorités, à savoir assurer aux citoyens des Premières Nations une eau potable propre et salubre et des services suffisants de traitement des eaux usées. Il vise à régler les crises de l'eau qui perdurent dans les communautés de Premières Nations partout au Canada et à garantir un changement significatif.
L'Assemblée des Premières Nations a travaillé avec diligence pour veiller à ce que la loi contienne les exigences minimales nécessaires telles qu'elles ont été énoncées par les Premières Nations. La sanction royale du projet de loi est une occasion cruciale de s'attaquer au problème et de veiller à ce que les Premières Nations aient accès à des services suffisants d'approvisionnement en eau potable et de traitement des eaux usées, ainsi qu'à des programmes qui respectent leurs besoins, leurs droits et le principe d'autodétermination.
Le projet de loi a fait l'objet de discussions et a été élaboré conjointement par Services aux Autochtones Canada et l'Assemblée des Premières Nations, et je félicite des gens comme Joanne Wilkinson, Phil Fontaine et la cheffe Linda Debassige qui, il y a quelques Noëls — à Noël, tout le monde se reposait —, ont continué à travailler sur le projet. Je leur rends hommage. Il y a aussi Irving Leblanc à mes côtés. Je le remercie de son travail acharné et de son dévouement envers notre peuple depuis de très nombreuses années.
C'est une étape importante dans la reconnaissance des droits inhérents des Premières Nations et de leur compétence à l'égard de questions cruciales.
La version actuelle du projet de loi comporte des améliorations importantes par rapport aux versions antérieures, et elle traduit une évolution dans la mise en œuvre des éléments essentiels circonscrits par l'Assemblée des Premières Nations au cours des consultations organisées de 2019 à 2023.
Le projet de loi reconnaît le droit inhérent des Premières Nations à la gestion autonome des sources d'eau. L'Assemblée des Premières Nations a toujours préconisé l'inclusion de la protection des sources d'eau en lien avec le droit inhérent des Premières Nations à la gestion autonome de l'eau potable, des eaux usées et des infrastructures connexes.
Il est entendu que la protection de l'eau depuis la source jusqu'au robinet est le moyen le plus sûr, le plus efficient, le plus efficace, le plus reconnu et le plus rentable de gérer l'eau potable à long terme.
Le projet de loi comporte des mesures louables pour régler les problèmes de financement qui perdurent. Actuellement, le financement des services d'approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées dépend entièrement du bon vouloir du ministre.
Il est vrai que l'inclusion des transferts de fonds prévus par la loi aurait fourni des garanties aux Premières Nations, mais le projet de loi engage le gouvernement à élaborer, en collaboration avec les Premières Nations, un mécanisme de financement direct et à long terme.
Le projet de loi prévoit que le ministre devra consulter les Premières Nations et collaborer avec elles pour élaborer un cadre comportant un financement suffisant qui réponde aux besoins financiers réels des Premières Nations et qui garantisse des services comparables à ceux qui sont offerts aux collectivités non autochtones. Un libellé sans équivoque permettra de protéger durablement les Premières Nations et de veiller à ce qu'elles obtiennent les moyens financiers dont elles ont besoin pour les années à venir.
Le projet de loi comprend des dispositions importantes sur les normes. Les Premières Nations ont droit à une qualité et une quantité d'eau potable et à une qualité de traitement des eaux usées qui respectent ou dépassent les normes les plus élevées des autres administrations canadiennes afin de combler le vide réglementaire fédéral actuel.
Compte tenu des consultations tenues de 2019 à 2023, le projet de loi précise maintenant les normes applicables à la qualité de l'eau, à la quantité d'eau et au traitement des eaux usées pour les réseaux publics et privés, en fonction d'une évaluation de tous les besoins actuels et éventuels.
Il protège les Premières Nations et leur permet d'élaborer leurs propres normes et de répondre à tous leurs besoins en eau, qu'il s'agisse des besoins domestiques, institutionnels, commerciaux ou industriels, pour les aider à se développer.
Le projet de loi prévoit des dispositions importantes sur les ressources et le soutien des Premières Nations en matière de gouvernance. Il comprend un engagement à créer une Commission des eaux des Premières Nations pour appuyer l'objet et les principes de la loi.
Le projet de loi prévoit que le ministre devra consulter les Premières Nations et collaborer avec elles à l'élaboration d'un mandat, d'une période définie pour l'élaboration conjointe et d'un engagement en matière de financement. Il permet la création d'institutions de gouvernance qui devront être dirigées par les Premières Nations à leur façon et à leur rythme.
Il y a un mécanisme important pour conclure des accords transfrontaliers. L'Assemblée des Premières Nations n'a pas élaboré conjointement le libellé des articles relatifs aux zones de protection, mais, à la suite de ses représentations, le projet de loi comprend une disposition au sujet des accords transfrontaliers sur les sources d'eau pour veiller à ce que les Premières Nations participent à tous les accords qui les concernent.
Il est essentiel de protéger les sources d'eau qui se trouvent souvent à l'extérieur des réserves. Ces zones se trouvent sur des territoires traditionnels et ancestraux des Premières Nations où les provinces et les territoires exercent des compétences élargies. Il ne suffit pas de régler le problème des sources d'eau dans les réserves; il faut aussi protéger celles qui fournissent de l'eau potable aux Premières Nations.
Une des principales préoccupations soulevées par les Premières Nations est l'immunité et la responsabilité. Le projet de loi prévoit qu'aucun employé ou personne embauché par une Première Nation ne peut être tenu responsable s'il a agi de bonne foi dans l'exercice de ses fonctions en fournissant des services d'approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées. Une Première Nation peut quand même être tenue responsable, et il est important de reconnaître qu'un financement suffisant va de pair avec l'acceptation de la responsabilité. Aucune Première Nation ne saurait assumer la responsabilité d'un système sous-financé.
L'Assemblée des Premières Nations est déterminée à se défendre contre les amendements qui auraient pour effet de réduire ou d'affaiblir le projet de loi. Nous devons veiller à ce que celui‑ci soit aussi rigoureux que possible, et c'est pourquoi nous proposons des amendements pour l'améliorer en ce qui concerne les zones de protection, les normes, comme l'exigence qu'il y ait suffisamment d'eau pour répondre à tous les besoins, notamment pour l'agriculture, pour protection contre les incendies, pour les activités industrielles, commerciales, etc., mais aussi le cadre de financement, la Commission des eaux des Premières Nations, la responsabilité, l'immunité et l'indemnisation, et, enfin, le principe de faire de son mieux.
Les détails de ces amendements figurent dans le mémoire que nous avons remis au Comité.
Faute de loi, il n'existe actuellement aucune norme ni aucun règlement exécutoire, aucune reconnaissance des droits de gérance sur l'eau et les eaux usées des terres des Premières Nations et aucun mécanisme de financement durable à long terme. Une loi exhaustive conforme à la DNUDPA permettra de consolider l'engagement du Canada en matière de réconciliation. On dit depuis des décennies que cette question est urgente. Il est maintenant temps d'agir.
En conclusion, le Canada reconnaît le droit d'accès à l'eau potable et à des services sanitaires pour tous et il a des obligations envers toutes les Premières Nations. C'est un moment important pour le Canada et pour les Premières Nations. Nous espérons que vous nous aiderez à faire avancer ce dossier.
Je veux simplement vous dire chi-meegwetch d'aborder cet enjeu très important. Merci de votre temps.
C'est un moment important pour nous tous.
Meegwetch de m'accueillir ici aujourd'hui.
Je tiens à remercier le Comité permanent des affaires autochtones et du Nord de me donner l'occasion de m'adresser à lui aujourd'hui au sujet du projet de loi .
Je suis la cheffe de la Première Nation de War Lake et je comparais devant vous comme grande cheffe intérimaire de l'Assemblée des chefs du Manitoba.
Je voudrais commencer par expliquer l'importance de la crise de l'eau pour les Premières Nations du Manitoba.
Comme chacun sait, le manque d'accès à l'eau potable a des effets catastrophiques sur notre santé. Certains, cependant, sont peut-être moins au courant de la multitude d'effets néfastes que cela a sur le bien-être. Beaucoup d'enfants qui vivent dans des communautés sans eau potable sont très malades. Ils ont des symptômes en raison desquels ils doivent chercher de l'aide chaque jour de leur vie. Cela dure parfois jusqu'à l'âge adulte. C'est très stressant pour les familles. Parfois, ils ne savent pas vers qui se tourner. Je l'ai vu de mes yeux. Ma propre famille vit la même situation — les Premières Nations reçoivent constamment des avis d'ébullition de l'eau.
Je veux également vous dire que nous appuyons la Première Nation de Shamattawa dans ses préoccupations au sujet de l'eau potable. Nous devrions avoir accès à la même eau potable que tous les autres Canadiens. Nous avons légalement le droit d'être là, d'avoir accès à de l'eau potable et d'avoir de l'eau dans toutes les Premières Nations du Canada.
La transmission d'enseignements et de connaissances importants de génération en génération a été perturbée. Cette perte a provoqué une déconnexion entre les Premières Nations et la terre, alors que ce lien est fondamental dans notre vision du monde. Il ne faut pas en sous-estimer les répercussions sur le bien-être, la spiritualité et les concepts identitaires.
C'est à partir de ce savoir que je tiens à exprimer mes préoccupations au sujet de l'incidence du projet de loi sur le droit des Premières Nations à l'autodétermination.
Le projet de loi s'inscrit dans un cadre semblable à celui des lois canadiennes en vigueur, qui limitent la reconnaissance du droit inhérent des Premières Nations à l'autonomie gouvernementale par des moyens législatifs. Pour faire court, le Parlement dit aux Premières Nations comment adopter des lois dans leurs champs de compétences propres, subordonnant les gouvernements autochtones et compromettant la relation de nation à nation. L'ACM rejette l'idée que la compétence et le pouvoir de légiférer des Premières Nations dépendent de la législation fédérale. Une nation ne saurait en contrôler ou en valider une autre dans le cadre d'une véritable relation de nation à nation. Cette relation suppose la reconnaissance égale des lois et de l'autorité de chacune.
Il est également préoccupant que le projet de loi ne reconnaisse la compétence des Premières Nations que sur leurs terres, comme si l'eau était statique et ne s'écoulait pas d'une région à l'autre. Je tiens à souligner ce que la cheffe nationale a dit au sujet de l'eau qui coule dans de nombreuses directions. Nous n'utilisons pas seulement l'eau des Premières Nations, car nous vivons aussi à l'extérieur des réserves. Il y a des eaux de source dans des zones que nous voulons également protéger.
On ne reconnaît donc pas la compétence des Premières Nations sur une grande partie de leurs territoires ancestraux et issus de traités au Manitoba.
Dans l'ensemble, le projet de loi ne reconnaît pas intégralement la compétence des Premières Nations et il témoigne d'un manque de respect pour nos lois. Il ne fait que reconnaître l'autorité des Premières Nations sur les ressources en eau à l'intérieur des limites de leurs terres, même si l'eau ne connaît pas de frontières.
Quand on construit des bâtiments ou des routes, les constructeurs ne demandent pas leur avis aux Premières Nations. Nous savons où se trouvent les eaux grâce aux puits qui existent depuis longtemps. On se contente de les détruire au bulldozer. Ce sont ces eaux que nous voulons protéger. Ce sont des eaux propres. Dans certains cas, elles ne servent pas seulement à se désaltérer, puisqu'elles contiennent des minéraux qui aident à soigner.
Pour pouvoir protéger l'eau, nous souhaitons inclure le principe de la protection de l'eau dans le projet de loi . Nous ne voulons pas protéger seulement les eaux des réserves, mais aussi celles qui s'écoulent à l'extérieur. L'eau est partout, et nous voulons la protéger.
Il y a beaucoup d'entreprises industrielles en activité. C'est pour cela que beaucoup d'entre nous sont aux prises avec des problèmes de santé. Ces problèmes sont au cœur de ce que nous essayons de faire pour protéger nos enfants et nos petits-enfants de certaines maladies. Cela mérite notre attention.
Les médecins...
Je m'appelle Kelsey Jacko et je suis le chef des Premières nations de Cold Lake. Merci de prendre du temps pour nous écouter aujourd'hui.
Merci à la cheffe Cindy Woodhouse d'avoir contribué à la réalisation de ce projet.
Vous avez reçu nos mémoires techniques, mais, aujourd'hui, je veux vous parler du fond du cœur. Je tiens à souligner que nous nous réunissons aujourd'hui sur les terres du peuple algonquin, qui a été et qui est toujours un intendant bienveillant de la terre.
Dans ma culture, comme c'est le cas de tous les peuples reliés à la terre, l'eau est synonyme de vie. Avant même notre naissance, nous vivons dans l'eau du ventre de notre mère. Lue Chok Tue et Ha Tue sont depuis toujours la source autour de laquelle les miens ont axé leur vie depuis des temps immémoriaux. Les gens se déplacent d'une saison à l'autre — à Ha Tue, pour le piégeage et le camp d'hiver, et à Lue Chok Tue, pour les mois d'été. Nos pratiques relevant du traité dépendent de ces eaux. Dans le traité, le segment « tant que la rivière coulera » renvoie à la capacité de mon peuple de continuer à vivre et à faire vivre de nouvelles générations. C'est aussi la vie de nos poissons, de nos animaux, de nos oiseaux et de nos insectes.
Nous comprenons l'intention d'une loi sur la gestion des eaux et nous convenons que la protection des sources d'eau est essentielle. Mais la loi ne fournit pas de vrais outils. C'est davantage une proposition qu'une mesure législative.
Ma nation a la chance d'avoir accordé moins de permis au titre d'activités industrielles et agricoles que la plupart des autres nations. Pourtant, à mesure que la démographie autochtone augmentera, nous serons les derniers à avoir voix au chapitre au sujet de l'eau, même si nous étions ici bien avant que les Européens ne puissent même découvrir ce continent. À moins de changement, nos préoccupations seront toujours les dernières à être entendues à cet égard.
Le refus systématique du Canada de financer les infrastructures d'approvisionnement en eau dans les réserves a placé la plupart des nations au dernier rang en raison de la loi albertaine du premier arrivé premier servi. D'autres provinces ont des lois semblables, et, tant que nos droits inhérents ne seront pas reconnus dans les cadres législatifs, nos communautés seront vulnérables.
En Alberta, l'approvisionnement en eau est très problématique, parce que la croissance démographique fait augmenter les besoins et que les terres s'assèchent. Le Nord de la Saskatchewan ressemblera‑t‑il un jour au Colorado et atteindra‑t‑il la mer? Nos entreprises et nos villes vont-elles s'effondrer avec notre environnement? Le barrage Bennett a détruit le gagne-pain de nos cousins dénés à Fort Chipewyan.
Dans les territoires visés par le Traité no 7, seulement 7 % des ressources sont affectées à la gestion du poisson, de la faune et de l'habitat en général. Les besoins en débit d'entrée, c'est‑à‑dire ce qui permet de soutenir les habitats essentiels, ne sont pas bien compris. En réalité, nous ne savons pas si la quantité d'eau actuelle est suffisante pour le poisson. Nous ne savons rien des quantités nécessaires aux milieux humides et aux aquifères qui les soutiennent — et par « nous », j'entends l'humanité.
Aujourd'hui, les provinces, les organismes de réglementation et le secteur privé s'emploient à déverser l'eau des sables bitumineux dans la rivière, volontairement ou accidentellement — et ils mentent, comme dans le cas de Kearl. Nous savons que le Canada collabore avec le secteur privé pour faciliter un déversement au ralenti, mais ce n'est pas la solution. Ils ont dit qu'ils pouvaient nettoyer l'eau, et ils devraient le faire en effet. En fait, ils la prennent en otage.
Dans ma région, on installe des conduites destinées à aspirer de grandes quantités d'eau de notre lac à des fins industrielles et domestiques. Cette année, le niveau du lac était si bas que les prélèvements ont dû être suspendus, et, à l'endroit où nos enfants ont appris à faire du kayak et du canot, il y avait 50 mètres supplémentaires de plage. Cela signifie que les entreprises se tournent tout simplement vers les eaux souterraines. Mais ces aquifères ont baissé d'une trentaine de mètres en raison de l'utilisation des sables bitumineux.
L'AER, c'est‑à‑dire l'organisme de réglementation de l'énergie de l'Alberta, laisse les entreprises polluer les eaux souterraines peu profondes tant qu'elles paient leur bail. Ces entreprises peuvent partir n'importe quand, mais mon peuple est là pour toujours, et de nouvelles générations viendront.
Les bassins hydrographiques qui se déversent de l'Alberta et de la Saskatchewan dont nous dépendons traversent le polygone de tir aérien de Cold Lake. Nous devrons composer avec trois gouvernements. Le MDN et la Saskatchewan ont tous deux appuyé les efforts visant à accroître la protection du territoire, et Parcs Canada travaille avec nous à la création d'un corridor écologique qui protégera la plus grande rivière qui coule dans notre lac, mais, de façon générale, nous savons que les changements climatiques entraîneront d'autres années de basses eaux. Personne ne semble s'intéresser à la surveillance et à la gestion nécessaires à la durabilité.
Nous reconnaissons que le projet de loi est une tentative sincère pour faire avancer un dossier complexe. Nous devons veiller à ce qu'il offre des solutions plus concrètes et des outils vraiment utilisables. Sur le plan de la réglementation, la majorité des considérations relatives à l'eau sont liées à son utilisation. L'examen des répercussions environnementales de la baisse des nappes phréatiques et de la disponibilité de débits d'entrée arrive bon dernier. Ce n'est pas une façon de faire respecter le traité.
Les Premières Nations de Cold Lake font partie d'une commission régionale des services publics qui est un partenariat entre ma nation et nos voisins immédiats. Beaucoup parmi eux puisent leur eau dans le lac Cold. Nous faisons de notre mieux pour travailler ensemble à la gestion des ressources locales.
Cependant, l'Alberta ne veut même pas partager les principaux indicateurs de rendement qu'elle utilise pour s'assurer que les permis d'utilisation d'eau sont soutenables. Le gouvernement de l'Alberta ne veut visiblement pas imposer de rationnement d'eau aux entreprises privées, même en période de crise. Cela étant, comment croire que la province va collaborer avec nous en matière de prévention?
La surveillance des entreprises industrielles repose principalement sur des statistiques autodéclarées. Comme on l'a vu récemment au sujet des rejets de méthane, ces chiffres sont rarement fiables, malheureusement. Compte tenu de l'importance de la terre et des droits issus de traités de tous les peuples signataires, c'est en confiant la protection des sources d'eau aux nations autochtones que l'on pourra régler le problème du mandant-mandataire auquel se heurtent la plupart des gouvernements.
Si j'ai bien compris, ce projet de loi vise à donner aux nations des outils clairs pour faire respecter leurs droits inhérents sur l'eau. Cependant, la version actuelle du projet de loi ne reconnaît pas concrètement ces droits. Il semble plutôt proposer une solution de coentreprise.
Il faut comprendre que les nations n'ont jamais renoncé à leur droit de prendre soin de l'eau. C'est ce que nous entendons par droits inhérents. L'idée que l'on peut posséder l'eau, en vigueur à l'époque du traité, revenait à dire qu'on peut être propriétaire des étoiles: c'est une impossibilité ridicule. Le droit canadien reconnaît déjà ce concept. On peut vendre le droit d'accès, de déplacement, d'utilisation et de pollution, mais pas l'eau elle-même.
Si vous tenez vraiment à protéger les sources d'eau et à reconnaître les droits inhérents et la responsabilité des Premières Nations comme protecteurs, je vous invite à réfléchir à ce que le projet de loi offre sur le terrain à nos techniciens, en particulier pour les nations à qui on demande de s'associer à des gouvernements provinciaux peu disposés à le faire ou qui seront forcées de s'engager dans un partenariat à quatre, comme le feraient les Premières Nations de Cold Lake, ou PNCL.
Si votre objectif est d'être de bons partenaires de traité plutôt que de demander à la province de coopérer, vous devez reconnaître la nature intergouvernementale de cette ressource et utiliser le champ de compétence dont vous disposez dans ce projet de loi.
Mahsi cho. Merci de votre temps.
D'abord et avant tout, je tiens à remercier le Créateur de nous avoir accordé cette belle journée et cette rencontre.
Je tiens à remercier notre cheffe nationale, Cindy Woodhouse Nepinak, de nous avoir aidés à avoir cette rencontre avec vous tous.
J'aimerais remercier notre aînée de nous avoir bénis par une prière ce matin. Il est toujours bon de commencer par une prière dans notre culture, alors merci à notre aînée Betsy.
Pour ceux d'entre vous qui ne me connaissent pas, je m'appelle Trevor John. Je suis de la Nation crie de Kehewin, Traité no 6, région de l'Alberta.
Tansi, Boozhoo, et bonjour.
La Nation crie de Kehewin, comme bon nombre de nos tribus cries voisines, est située près d'une source d'eau. Ce n'est pas par erreur. Nos ancêtres, à l'époque des traités, et avec les représentants du Dominion du Canada, ont délimité des espaces que la Loi sur les Indiens appelle des réserves, où notre peuple devait avoir accès au droit fondamental à l'eau potable. Les traités eux-mêmes sont considérés comme durables à perpétuité tant que le soleil brille, que l'herbe pousse et, oui, que l'eau coule.
Le Canada a l'obligation durable, en vertu de notre relation créée par traité, de veiller à ce que les Premières Nations signataires de traités soient soutenues en ce qui concerne l'eau et les infrastructures connexes. Ce projet de loi vise à abandonner tout cela en faveur du droit à l'autodétermination prévu à l'article 35. C'est inacceptable, honteux et immoral, et pourtant, voilà exactement où nous en sommes en 2024.
Il faut dire que le préambule du projet de loi contient des mots qui sonnent bien et qui parlent bien de réconciliation et de reconnaissance. Cela semble bien à première vue, mais cela n'oblige pas le Canada ou l'Alberta à s'assurer que ce projet de loi atteindra l'objectif ciblé par le préambule, c'est‑à‑dire assurer la salubrité et la viabilité de l'eau et de l'infrastructure connexe si ce n'est qu'ils doivent faire de leur mieux.
Si ce projet de loi est adopté, nous estimons qu'il ne sera pas lié à la mise en œuvre des traités, aux objectifs de planification ou aux jalons. Le projet de loi ressemble à une promesse d'avenir, mais il ne correspond pas à la réalité de l'Alberta. Ce projet de loi n'offre pas de garantie, ou ne lie pas l'Alberta, et d'après notre vaste expérience avec l'Alberta, il n'existe actuellement aucune reconnaissance ou relation nous permettant d'être sûrs que nos peuples auront une infrastructure durable.
Le projet de loi s'intitule « Loi concernant l'eau, les sources d'eau, les eaux usées et les infrastructures connexes sur les terres des Premières Nations ».
Dans le projet de loi, il est dit « sur et sous les terres des Premières Nations », et la compétence en vertu du traité s'entend de l'ensemble du territoire visé par le traité. Pour bon nombre de nos nations, cela va bien au‑delà des frontières provinciales où nos réserves sont désignées. C'est ce qu'il faut concilier pour que le projet de loi ait un sens.
Dans son plan d'action, le Canada s'engage à « mettre en œuvre honorablement les traités historiques et modernes », conformément à l'article 37 de la déclaration des Nations unies. Le projet de loi doit chercher à assurer cela, dans le cadre des processus de discussion du Canada.
En tant que chef de ma nation, j'estime que cela n'honore pas l'engagement à l'égard de la déclaration des Nations unies, et que ce projet de loi, comme ceux qui l'ont précédé, nous laissera tomber.
Le projet de loi ne donne aux Premières Nations signataires de traités aucune assurance d'améliorer la salubrité de l'eau et de répondre aux besoins actuels ou croissants en matière d'infrastructure hydraulique. Il contient des échappatoires importantes permettant au Canada de retarder la mise en oeuvre et les décisions concernant les engagements à fournir du financement pour répondre à des besoins de longue date. Il ne prévoit pas d'obligations contraignantes visant à assurer des ressources adéquates et cohérentes pour répondre aux besoins ou à la façon dont ces besoins réels pourraient changer au fil du temps, compte tenu des changements climatiques et d'autres répercussions connexes.
Le projet de loi dit que le Canada fera de son mieux pour assurer l'accès à de l'eau potable propre et salubre dans les réserves, mais ce n'est pas contraignant. Sans plan de mise en oeuvre clair qui tienne compte des coûts réels et complets en fonction de ces besoins, nous préparons le terrain pour de nouveaux défis pour les prochaines générations. C'est inacceptable.
Le Canada parle souvent d'une approche pangouvernementale en matière de réconciliation. En ce qui concerne l'eau, une approche bilatérale des traités pourrait y contribuer, mais au lieu de cela, cet été, par l'entremise d'un décret, le Canada a donné la permission aux gouvernements de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba de redistribuer l'eau à leurs fins, sans aucune interaction avec nos gouvernements. Ce n'est pas un bon point de départ pour que nous ayons l'assurance que la formulation « faire de son mieux » nous aidera, et que nos besoins en matière d'eau et d'infrastructures connexes seront prioritaires.
Depuis 2019, le Canada a indiqué qu'il transférerait graduellement tous les programmes et services aux Premières Nations qui le souhaitent. Il utilise des normes de comparabilité qui sont des normes provinciales pour la mise en oeuvre du transfert de responsabilité, et il appelle cela une « autodétermination ». Il nous semble, en tant que dirigeants des traités, que le Canada, par l'entremise de SAC, essaie de se soustraire à son obligation légale parce qu'il sait ce que nous savons, car nous l'avons dit, à savoir que le déficit d'infrastructure dans nos nations est beaucoup plus grand que ce que l'APN lui a dit.
Aujourd'hui, je demande, au nom de mon peuple, que le Canada prenne des mesures concrètes et travaille avec nous pour répondre aux besoins réels dont il est responsable en vertu des traités. Comme nous l'avons dit aux ministres, le mot « traité » signifie qu'il faut faire preuve de bonne foi pour s'adapter aux besoins réels des nations en matière d'eau et d'infrastructure, et veiller à ce que le projet de loi soit modifié pour répondre à ces besoins, comme promis dans le cadre de la relation scellée par traité.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais commencer par deux remarques personnelles et faire écho à certains sentiments qui ont déjà été exprimés.
Grande cheffe Kennedy, je suis heureux d'être ici avec vous ce matin. En tant que seul représentant du Manitoba autour de la table, je peux certainement partager les sentiments d'un grand nombre de députés et d'habitants de la province à l'égard de notre chagrin et de notre choc à la suite du décès de la cheffe Merrick. J'ai très hâte de travailler avec vous et de poursuivre l'héritage, la voie et la vision qu'elle a établis alors que vous assumez ces importantes responsabilités en tant que grande cheffe de l'ACM.
Cheffe Woodhouse, c'est un moment spécial pour moi, parce que nous nous connaissons, vous et moi, depuis l'âge de 15 ans. Je vous ai vue travailler fort et devenir une dirigeante inspirante et éloquente. Une bonne partie de ma compréhension de notre histoire en ce qui a trait aux peuples des Premières Nations, à l'élaboration de nos politiques publiques et à notre cheminement vers la vérité et la réconciliation a été éclairée par le mentorat, l'orientation et l'amitié que vous m'avez fournis au fil des ans. Être avec vous à ce titre est très spécial pour moi.
J'aimerais prendre un peu de recul, cheffe nationale, et vous demander de parler de façon plus générale de l'évolution de ce dossier de l'eau au cours des dernières années, de votre point de vue. En tant que cheffe régionale, vous avez consacré pas mal de temps à son élaboration.
Je me demande si vous pouvez nous dire comment vous avez vu l'évolution de notre politique publique sur la protection des droits des Premières Nations, particulièrement en ce qui concerne l'eau, depuis que vous êtes cheffe régionale, et où nous en sommes aujourd'hui, alors que nous parlons de la mise en œuvre des mesures figurant dans le projet de loi .
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Certainement, et je vous en remercie.
Je suis heureuse de vous voir ce matin. Je ne peux m'empêcher de me souvenir de votre père lorsqu'il fréquentait ces lieux. Je suis de tout cœur avec vous et votre famille, et je vous offre mes sincères condoléances à l'occasion de son décès.
Je suis heureuse que nous soyons réunis ici aujourd'hui. C'est un plaisir de vous voir tous.
Je dois dire que c'est un moment très important pour les Premières Nations du Canada. Je sais qu'il y avait une ancienne loi et que nous l'abrogeons. Ne revenons pas à la façon dont ce projet de loi a été élaboré dans le passé. C'était très blessant pour les Premières Nations. Je sais aussi qu'il n'est pas facile de travailler conjointement, et je sais que nous sommes ici pour parler d'amendements à ce projet de loi.
Quand je vivais dans une communauté des Premières Nations lorsque j'étais une petite fille, je pouvais facilement boire de l'eau. C'est là que j'ai grandi. Je sais que nous avons fait beaucoup de chemin dans les communautés des Premières Nations, mais nous n'en avons pas fait assez. Après avoir observé la façon dont le premier élément de cette loi a été conçu, je pense que si cela avait été fait comme il faut, nous ne serions sans doute pas ici aujourd'hui. Nous aurions suivi une voie différente. Nous sommes ici maintenant, et nous sommes maintenant ensemble. Nous sommes ici pour essayer de nous entendre sur un projet de loi. Nous avons entendu les amendements que de nombreux intervenants ont proposés avant moi, et je pense que si nous pouvons inclure certains de ces éléments dans ce projet de loi, nous pourrons faire avancer les choses très rapidement.
En même temps, je sais que les Premières Nations n'ont jamais cédé leur compétence sur leurs cours d'eau traditionnels ou leurs sources d'eau. L'Assemblée générale des Nations unies reconnaît le « droit humain à l'eau et à l'assainissement » et le droit à un environnement propre, sain et durable. Nous n'avons pas cela à l'heure actuelle, alors je sais que la loi est un outil nécessaire pour apporter des changements significatifs à la crise actuelle de l'eau à laquelle font face les Premières Nations partout au Canada.
Les lois et la façon dont elles sont élaborées sont essentielles pour la qualité de vie et l'autodétermination des Premières Nations. Toutefois, le processus ne se limite pas à la consultation. Il exige une coopération et une collaboration de bonne foi. C'est le principe à la base d'une élaboration conjointe qui fait référence à un processus de collaboration bidirectionnelle. C'est le fondement de l'engagement que le Canada a pris en vertu de l'article 5 de la loi sur la déclaration des Nations unies, la LDNUDPA, qui exige que le projet de loi réponde à cette exigence. Tous les yeux le scruteront pour voir s'il y répond et si le Canada est sincère dans les engagements pris dans la LDNUDPA.
C'est un moment important pour les Premières Nations du Canada. Je sais que dans les Premières Nations, nous n'avons pas les choses élémentaires que beaucoup de Canadiens tiennent pour acquises. J'ai vécu dans deux communautés des Premières Nations. Je n'ai jamais eu accès à de l'eau potable dans ni l'une ni l'autre. J'ai tellement l'habitude de boire de l'eau embouteillée qu'il est parfois difficile, quand on sort d'une réserve, de devoir boire de l'eau comme celle qui se trouve à côté de moi aujourd'hui, parce que nous sommes tellement habitués à boire de l'eau embouteillée. Je pense que c'est la réalité pour de nombreuses Premières Nations du pays, et j'espère que nous pourrons un jour régler ce problème.
Je suis également découragée lorsque je vois des pêcheurs dans le lac Winnipeg. Je dois dire que les pêcheurs des Premières Nations de Winnipeg sortent des filets pleins de choses de toutes sortes. Nous devons faire mieux dans ce pays. Cela commence à se voir dans nos eaux. Les animaux commencent à nous le montrer. Nos gens commencent à nous le montrer.
J'ai hâte de travailler avec vous tous pour trouver la voie à suivre, et je pense que c'est un pas dans la bonne direction pour aller dans la bonne voie ensemble.
Merci.
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Qujannamiik, Iksivautaq.
Je remercie tous les témoins de comparaître devant notre comité sur une question aussi importante.
Je partage les sentiments de la cheffe par intérim Betsy Kennedy au sujet de la perte que nous ressentons tous en raison du décès soudain de la cheffe Merrick. Elle a joué un rôle très important, et nous vous sommes très reconnaissants d'assumer ce rôle en cette période d'urgence. Je vous remercie également de votre témoignage.
J'avoue être déçue de ce comité, parce que le temps dont nous disposons pour poser des questions aux nombreux témoins a été limité. Je suis déçue, parce que nous essayons de faire comparaître le plus de témoins possible, surtout en sachant que sur les 634 Premières Nations, seulement 31 % environ ont été consultées dans le cadre de l'élaboration de ce projet de loi.
À mon avis, cela ne respecte pas la norme de l'obligation de consultation. Je pense qu'il est très important que nous entendions le plus de témoins possible.
Nous avons entendu un excellent témoignage, par exemple, de la part du chef Trevor John, qui nous a fait part très clairement des préoccupations concernant les sources d'eau, la compétence et l'infrastructure durable. Ces choses ne sont pas assez claires dans le projet de loi, surtout en cette période où nous savons tous que les Premières Nations ont géré l'eau avec leurs propres lois avant que le Canada ne leur vole leur compétence, et il est tout à fait inacceptable qu'il essaie de la restituer dans le projet de loi .
Nous devons faire un meilleur travail pour nous assurer que les traités des Premières Nations sont mis en œuvre et que le droit des Premières Nations à l'eau est respecté, ce qui n'est pas le cas dans le projet de loi .
Cheffe Cindy Woodhouse Nepinak, je vous félicite d'être devenue cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations. Je voudrais parler de la cause de la Première Nation Shamattawa devant la Cour fédérale, dans laquelle l'avocat fédéral, Scott Farlinger, a d'abord reconnu qu'il y a eu un sous-investissement historique dans l'eau des Premières Nations, mais a également fait valoir que « tout va mieux maintenant ».
Pourriez-vous répondre à cela, cheffe Woodhouse?
Absolument. Nous sommes solidaires de Shamattawa. J'ai grandi comme... Je compatis avec les gens de là‑bas, et j'invite tous les membres du Comité et le Canada à venir visiter nos communautés et à voir ce à quoi nos Premières Nations sont confrontées au quotidien en ce qui concerne des droits fondamentaux de la personne, comme l'accès à l'eau potable et aux sources d'eau.
Quand vous vous rendez dans ces communautés, vous constatez la disparité à laquelle font face bon nombre de nos Premières Nations. Ce pays a beaucoup de comptes à rendre sur ce que nous avons vécu depuis 150 ans. Je sais que ce n'est pas ce que nous entendons au sujet de la relation entre les Premières Nations et le reste du pays. Je suis heureuse que nous soyons enfin ici, que nous ayons ces discussions très difficiles les uns avec les autres. Elles ne sont pas toujours faciles, mais elles sont absolument nécessaires, même lorsqu'il s'agit de choses comme l'eau potable et l'assainissement.
Je sais qu'il y a beaucoup de travail à faire. Je sais que c'est une situation très difficile, et je suis de tout cœur avec la Première Nation de Shamattawa.
Le Canada doit redresser les torts causés à la Première Nation de Shamattawa. Nous ne pouvons pas la laisser en suspens. En ce qui concerne la ministre, je me réjouis de ses commentaires sur l'eau et de ses efforts à cet égard, mais quand les avocats du ministère de la Justice font de telles déclarations... La main droite a besoin de savoir ce que fait la main gauche quand vous allez parler à mon peuple, aux Premières Nations. Vous ne pouvez pas dire une chose, après quoi vos avocats viennent dire autre chose d'un point de vue juridique. Sur le plan politique — oui, d'accord, la volonté d'agir est là. Je suis heureuse que vous soyez tous ici aujourd'hui. Je vous félicite tous d'être ici avec nous.
En même temps, vos avocats rédigent toutes ces lois, et c'est ce qui suscite notre méfiance. Ces avocats sont là, puis ils vont en cour et disent ce genre de stupidités aux Premières Nations. Ils nous donnent l'impression que... Je pensais que nous faisions des progrès.
En tant que cheffe nationale, j'ai trouvé difficile d'entendre cela la veille de ma venue ici. Je suis heureuse que nous travaillions à ce projet de loi et que nous essayions d'élaborer et d'examiner ensemble certains de ces éléments, mais nous devons vraiment travailler plus fort ensemble. De toute évidence, vous voyez des failles, même avant que le Comité ne se réunisse ce matin.
Comme je l'ai dit, je suis de tout cœur avec la Première Nation de Shamattawa. Le Canada doit redresser les torts qui lui ont été causés.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci, chers témoins, pour votre présence.
Je vous remercie d'avoir déclaré que malgré que les ministres reconnaissent publiquement la responsabilité fédérale en matière de crise de l'eau, ils continuent d'appuyer une position tout à fait contraire devant les tribunaux. C'est ce qu'a dit hier la fédération du Manitoba. Je le comprends.
Lorsque je regarde ce projet de loi, je vois le gouvernement canadien, les gouvernements provinciaux, la commission canadienne des eaux et la commission des eaux des Premières Nations. Quoi que vous disiez, avec ce projet de loi, nous n'allons pas résoudre la crise de l'eau demain. Nous allons passer des années devant les tribunaux. Vous le savez.
Si ce projet de loi autorisait le gouvernement à construire des stations d'épuration en coopération avec toutes les nations du pays à partir de demain, nous pourrions mettre en place des centres de formation régionaux dotés d'un personnel de soutien pour former les personnes chargées de l'épuration des eaux, disponibles 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Nous pourrions mettre en place un système permettant d'approvisionner ces stations d'épuration, à l'instar des transferts d'urgence dans le domaine de la santé, afin qu'un avion puisse vous apporter immédiatement une pièce. Si nous avions une loi en ce sens, nous pourrions commencer à résoudre ces problèmes rapidement. Ce projet de loi me dit que nous allons être bloqués devant les tribunaux pendant des années, et que vous n'aurez pas d'accès à l'eau potable pendant des années.
Nous devons modifier la loi pour agir dès maintenant. Ce projet de loi ne fonctionne pas. Il va nous bloquer devant les tribunaux pendant des années dans de nombreuses administrations. Je veux que le problème de l'eau soit réglé tout de suite. Pas vous? Oui. Ce projet de loi n'y parviendra pas. Il ne fera que nous paralyser devant les tribunaux.
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Je le peux, absolument. Je vous remercie de cette question.
Je sais que nous avons constaté qu'il y a un fossé énorme dans ce pays, bien sûr. Je sais que ces discussions sont toujours difficiles à mener, mais je me dois de féliciter de nombreux techniciens, le personnel de l'Assemblée des Premières Nations et les chefs d'avoir donné un mandat. Nos chefs viennent à nos assemblées. Ils nous disent ce qu'ils souhaitent. Nous mettons cela en avant aujourd'hui de manière positive. Il est certain qu'ils nous demandent depuis de nombreuses années d'essayer de corriger et d'abroger certains de ces éléments, et de veiller à ce que quelque chose nous protège.
Comme nous le voyons actuellement, il y a beaucoup de rejets dans les eaux. Tout le monde est concerné. Tous les secteurs sont en cause. Nous sommes tous fautifs, chacun d'entre nous.
La plupart du temps, nous ne tenons pas compte de notre empreinte carbone, moi y compris. Je sais que nous devons faire quelque chose.
Je félicite les bureaucrates et les nombreuses personnes présentes autour de cette table qui se sont engagées à essayer de résoudre ce problème. Je vous demande d'examiner sérieusement les amendements à ce projet de loi déposés par l'Assemblée des Premières Nations. Allons très rapidement de l'avant pour obtenir la sanction royale.
Nous savons tous que les choses tournent au ralenti, mais dans cette enceinte, nous avons la possibilité de prendre notre souffle et de faire du travail tous les jours. Améliorons les choses pour que nos enfants n'aient pas à discuter de ce même problème et pour que nous nous protégions pour les générations à venir.
Dans l'état actuel des choses, quand on voit des litres d'eaux usées brutes déversées dans les rivières et des produits chimiques déversés dans nos rivières et nos lacs, quel tort sommes-nous en train de nous infliger? Il n'y a pas de planète B et il n'y a pas de surplus d'eau quelque part. La plupart de cette eau se trouve dans notre beau pays. Travaillons‑y et restons unis.
Je m'arrêterai là. Je ne sais pas si mon gardien du savoir aimerait ajouter autre chose.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je pourrai rester un peu plus longtemps que prévu en raison du retard au début, mais je pense que nous devons nous arrêter quinze minutes avant l'heure. Je tiens vraiment à ce que nous ayons une conversation approfondie sur ce sujet.
Je suis très heureuse que le Comité ait entendu autant de témoins au cours de l'étude de ce projet de loi. Nous devons respecter les voix des Premières Nations, et c'est la diversité de ces expressions et de ces points de vue qui fait de notre pays un endroit si fantastique.
Je suis très heureuse de me joindre à vous aujourd'hui sur le territoire traditionnel et non cédé des peuples algonquins anishinabes pour discuter du projet de loi , qui, comme vous le savez, s'intitule Loi sur l'eau propre des Premières Nations. Ce projet de loi, comme vous l'ont dit les témoins, est le fruit d'un immense travail, d'une collaboration, d'un partage des connaissances et d'une réelle volonté de la part des partenaires des Premières Nations. C'est vraiment grâce à leur travail, à leurs contributions et à leur leadership que nous en sommes là aujourd'hui.
Le jour où le projet de loi a été présenté, la cheffe Erica Beaudin de la Première Nation de Cowessess a déclaré: « Je crois qu'aujourd'hui est un jour historique non seulement parce que le projet de loi a été présenté, mais aussi parce que c'est le début d'une époque où nos enfants naîtront avec les règlements nécessaires. »
À mesure que le projet de loi franchit les étapes du processus parlementaire, il nous incombe maintenant, en tant que parlementaires, de traiter ce projet de loi avec le respect et l'urgence qu'il mérite. Je suis d'accord avec tout le monde pour dire qu'il est inacceptable que certaines communautés des Premières Nations n'aient pas accès à de l'eau potable salubre et propre. C'est ce qui a mené à la promesse de mettre fin aux avis à long terme sur la qualité de l'eau potable qui a été faite en 2015, et nous avons fait des progrès importants. En fait, j'ai le plaisir de vous annoncer qu'hier encore, la Première Nation de Fort Severn a levé son avis à long terme sur la qualité de l'eau potable. Celui‑ci était en place depuis décembre 2022.
Toutefois, nous ne sortirons jamais de ce cycle d'avis d'ébullition de l'eau à long terme et d'avis d'ébullition de l'eau à court terme si nous ne corrigeons pas le système qui a permis à ce processus de se produire en premier lieu. C'est l'intention sous-jacente du projet de loi . Il faut changer la façon dont nous faisons les choses dans ce pays pour ne plus jamais nous retrouver dans la position qui était la nôtre en 2015.
Le projet de loi établirait des normes minimales pour les services d'approvisionnement en eau sur les terres des Premières Nations en fonction du choix de ces dernières. Il affirmerait le droit inhérent des Premières Nations à l'autonomie gouvernementale en matière d'eau, en soutenant l'autorité, la gestion, l'entretien et la protection de l'eau des Premières Nations dans, sur et sous leurs terres.
Il renforce également le rôle essentiel que jouent les provinces et les territoires. Dans le cadre de cette étude, vous avez entendu de nombreuses histoires de gouvernements provinciaux, y compris pendant que j'écoutais d'autres témoins, des gouvernements provinciaux qui ont ignoré et exclu les Premières Nations en ce qui concerne les droits relatifs à l'eau et la gestion des ressources. En tant que gouvernement fédéral, nous avons la responsabilité de veiller à ce que les Premières Nations disposent des outils dont elles ont besoin pour garantir l'affirmation de leurs droits inhérents et le respect de leurs compétences.
En fait, le chef Knowlton a déclaré: « Vous devriez être derrière nous, devant nous ou à nos côtés dans toutes les batailles que nous aurons avec l'Alberta. Il s'agit d'une compétence fédérale. Votre obligation, la responsabilité fiduciaire du Canada, est de protéger les premières nations avec lesquelles vous avez signé un traité. »
Je sais qu'aucun gouvernement provincial ni territorial n'a choisi de participer à cette étude, et c'est décevant, car il s'agit en fait d'une occasion pour les provinces et les territoires de travailler plus étroitement avec les partenaires des Premières Nations, mais ce projet de loi fournit des outils pour encourager et soutenir ces relations, et c'est un signal de la nécessité cruciale de cette loi.
Le projet de loi exige que le gouvernement du Canada fasse de son mieux pour assurer un financement adéquat et durable des services d'approvisionnement en eau sur les terres des Premières Nations, et que ces services soient comparables à ceux des communautés non autochtones. L'expression « faire de son mieux » fixe une norme élevée en vertu de laquelle le gouvernement du Canada est légalement responsable devant les Premières Nations. En outre, la souplesse du projet de loi garantit que les Premières Nations détermineront exactement les ressources dont elles ont besoin pour financer et entretenir correctement leurs systèmes d'approvisionnement en eau.
L'Atlantic First Nations Water Authority l'a bien dit:
L'un doit passer avant l'autre. Nous ne saurons pas de combien d'argent nous avons besoin tant que nous n'aurons pas élaboré nos règlements. Grâce à ces règlements, nous pourrons déterminer le montant dont nous avons besoin et élaborer notre vision stratégique à long terme pour cette infrastructure.
Le projet de loi est le reflet de l'engagement direct, de la collaboration étendue et du partage des connaissances avec les partenaires des Premières Nations, et vous avez entendu de nombreux témoins parler de la façon dont ils ont contribué au projet de loi et de ce qu'ils ont préconisé pour l'inclusion.
Les partenaires des Premières Nations ont étroitement collaboré à ce projet de loi, et nous avons travaillé avec eux et les avons tenus au courant. J'espère que cela ouvrira la voie au type de codéveloppement que ce pays pourrait utiliser pour de nombreux types de lois.
Le processus de mobilisation ne s'est pas arrêté à l'introduction. Nous avons poursuivi le travail que vous faites dans le cadre de cette étude et, comme je l'ai dit depuis le début, nous sommes ouverts aux moyens de rendre ce projet de loi encore plus solide, en nous laissant guider par les voix des Premières Nations.
La cheffe émérite Emily Whetung‑MacInnes nous demande quelque chose:
[D]e grâce, ne politisez pas l'accès des Premières Nations à l'une des ressources de première nécessité. C'est une question trop importante pour qu'on s'embourbe dans la politique partisane. Le projet de loi que vous étudiez concerne un sous-groupe de Canadiens dont les droits de la personne sont ignorés depuis trop longtemps.
Le projet de loi est une étape cruciale pour s'assurer que les générations futures de communautés comme Neskantaga, Tataskweyak et Curve Lake ne sauront jamais ce que c'est que de vivre sans source d'eau potable fiable et sûre. En travaillant ensemble, nous avons la possibilité de faire de ce projet une réalité pour des milliers de personnes.
Monsieur le président, je me ferai un plaisir de répondre à toute question ou de partager plus d'informations avec le Comité sur l'importance de ce projet de loi.
Meegwetch. Qujannamiik.Marsi. Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président
Madame la ministre, je vous remercie de votre présence. Merci également de votre patience, car nous avons dépassé le temps alloué avec le premier groupe de témoins.
Je suis heureux de voir que vous reconnaissez le travail du Comité et son écoute des voix des Premières Nations. Je pense que c'est très important. Pour être franc, nous avons tous travaillé de bonne foi pour améliorer ce projet de loi.
Il semble que nous sommes en train de faire une partie du travail de consultation qui aurait dû être fait avant l'élaboration de ce projet de loi. Madame la ministre, vous avez affirmé que ce projet de loi avait été élaboré en collaboration ou presque. C'est ce que vous avez dit, mais de nombreuses Premières Nations nous ont dit qu'elles n'avaient pas l'impression d'avoir été entendues à ce sujet.
Le chef Sheldon Sunshine a dit au Comité que le projet de loi C‑61 avait reçu l'appui de seulement 100 Premières Nations parmi plus de 600. Il a dit cela dans le cadre d'un échange portant sur l'Assemblée des Premières Nations.
Nous avons pris connaissance de certains des amendements qui ont été proposés. Nous avons également entendu des chefs et des dirigeants communautaires qui souhaitent carrément jeter le projet de loi à la poubelle. Sur un sujet aussi important, je pense que c'est un choc pour beaucoup. Voilà dans quelle situation nous nous trouvons à cause du manque de consultation.
Pouvez‑vous nous expliquer, madame la ministre, comment s'est déroulé le processus de consultation et pourquoi un si grand nombre de voix en ont été exclues?
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Je vous remercie de cette question.
Je vais répondre à la question à rebours, car je pense vraiment que ce projet de loi... Vous et moi avons tous deux une formation en santé publique, la prévention est donc notre première passion.
En fait, ce projet de loi met la table pour que nous ne nous retrouvions plus jamais en présence de communautés sans ressources financières suffisantes, sans le soutien technique requis ou incapables d'exercer leur droit inhérent de réglementer l'eau. C'est ce qui est la cause de ces si nombreuses situations insolubles.
Le gouvernement a dépensé les milliards de dollars pour lever les avis d'ébullition de l'eau, une somme qui s'est accumulée au fil des années de négligence et de financement inéquitable des infrastructures des Premières Nations, notamment des infrastructures d'approvisionnement en eau.
Un élément important de ce projet de loi est l'élaboration en collaboration de modèles de financement. Comme vous le savez, c'était toujours Ottawa, la ou le qui ont choisi le mécanisme de financement des Premières Nations pour l'approvisionnement en eau et le traitement des eaux usées. Même si le gouvernement fédéral a considérablement augmenté le budget de fonctionnement destiné aux communautés des Premières Nations, ce budget pourrait facilement être réduit sous un nouveau gouvernement. Ce projet de loi précise que la question de l'eau ne peut plus dépendre d'une décision arbitraire du Canada, mais plutôt d'une décision conjointe prise avec les Premières Nations afin que ces dernières puissent établir les règlements pertinents et avoir l'assurance qu'elles bénéficieront d'un financement durable à long terme qui leur permettra de développer une expertise au sein de leurs communautés, tout en leur offrant une certitude quant aux salaires des exploitants et en leur permettant de renforcer leur propre capacité de surveillance et, dans certains cas, de concevoir leurs propres systèmes d'exploitation de l'eau.
J'ai été estomaquée d'apprendre que des entrepreneurs avaient construit ces usines qui ne règlent pas le problème de la salubrité de l'eau dans les communautés. Ce que nous essayons de faire avec ce projet de loi, du moins en partie, c'est de rétablir l'autodétermination des communautés afin qu'elles puissent développer leur propre expertise et, dans certains cas, s'appuyer sur l'expertise existante afin que des situations semblables ne se reproduisent plus jamais.
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Tout d'abord, je vous remercie d'être venu. Je sais que cela intéresserait beaucoup le parti que vous représentez. Je suis heureuse que vous soyez ici pour parler d'eau potable.
J'aimerais d'abord répondre à votre question sur les meilleurs efforts. En fait, en 1994, dans une décision de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, le juge Dorgan a déterminé que les « meilleurs efforts » imposaient une obligation plus contraignante qu'un « effort raisonnable »: « L'expression ''meilleurs efforts'' signifie prendre, de bonne foi, toutes les mesures raisonnables pour atteindre l'objectif, mener le processus jusqu'à sa conclusion logique et ne négliger aucune piste. »
En fait, de nombreux participants à l'élaboration de ce projet de loi reconnaissent que la notion de « meilleurs efforts » est une barre assez importante à atteindre pour le Canada et qu'elle l'oblige à rendre des comptes sur la suffisance du financement, ce à quoi la notion de « meilleurs efforts » fait largement référence dans ce projet de loi.
Pour ce qui est de la consultation — je ne répéterai pas tout ce que j'ai dit en répondant à M. Melillo —, nous avons tenu de vastes consultations. Nous avons offert pour cela de nombreuses occasions, comme en effectuant des campagnes de sensibilisation directe auprès de toutes les Premières Nations concernées ainsi qu'en offrant des possibilités de soumettre des demandes en ligne et de participer aux consultations.
Je ne peux pas parler de l'expérience particulière de la cheffe Hill, mais je peux vous dire que nous sommes toujours disposés à parler aux chefs.
Comme vous le savez, nous nous préparons à répondre aux amendements qui pourraient être proposés au Comité. De plus, nous nous tenons à la disposition de tous les chefs et des conseils qui désireront discuter avec nous.
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Qujannamiik, Iksivautaq.
Tout d'abord, vous devriez avoir honte, madame la ministre Hajdu, pour la fierté que vous tirez de ce travail. Vous devriez avoir honte d'être fière des investissements qui, selon vous, ont tellement amélioré la situation des Premières Nations, surtout quand on voit toutes les lacunes à combler pour que les Premières Nations bénéficient de possibilités égales dans les domaines de la santé et du développement économique. Les Premières Nations doivent continuellement négocier leur autodétermination sur l'approvisionnement en eau. Je suis très déçue de constater que le travail qui devrait aider les Premières Nations à contrôler leur approvisionnement en eau les restreint encore. Ce travail est censé respecter le droit à l'eau potable, l'autodétermination et les droits fondamentaux des Premières Nations. Vous avez présenté un projet de loi qui est inférieur à la norme minimale fixée par la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Je crois fermement que si un tribunal venait à juger le gouvernement fédéral pour ne pas avoir respecté l'obligation de consulter pendant l'élaboration de ce projet de loi, il conclurait que vous avez échoué, surtout s'il apprenait que vous n'avez consulté que 31 % des Premières Nations.
Le 12 juin dernier, j'ai demandé aux bureaucrates fédéraux qui siégeaient au comité des affaires autochtones et du Nord combien de personnes avaient été invitées à participer. Ils hésitaient beaucoup à nous fournir des chiffres. J'ai dû faire pression sur les bureaucrates Nelson Barbosa et Joanne Wilkinson pour qu'ils me répondent. Ils ont dit que sur les 634 Premières Nations que ce projet de loi concerne, seulement 181 ont été invitées à participer.
C'est terriblement inquiétant. Des membres de Neskantaga, la Première Nation Mikisew et le conseil national nous l'ont dit. Nous avons entendu Trevor John aujourd'hui ainsi que le chef des Premières Nations de Cold Lake, Kelsey Jacko et bien d'autres qui n'avaient pas reçu cette invitation.
J'ai été fascinée en vous entendant ce matin déclarer que ce projet de loi nous écarte de l'approche coloniale. La Cour fédérale est actuellement saisie de l'affaire Shamattawa. Pendant cette audience de trois jours, Scott Farlinger, avocat du gouvernement fédéral, a exhorté les plaignants de la Première Nation de Shamattawa à faire preuve d'une certaine maturité en ne proférant pas d'adjectifs inutiles. Il leur a également dit que même s'ils avaient des besoins extrêmes en vertu de l'article 7, le Canada ne les prive pas de leurs droits et ne les empêche pas d'apporter eux-mêmes des solutions. À mon avis, cela nie complètement votre mascarade politique selon laquelle ce projet de loi s'écarte de l'approche coloniale.
Entretemps, vu la façon dont vous avez présenté ce projet de loi, les Premières Nations seront tenues de consulter et de négocier avec les municipalités, les provinces et les territoires pour obtenir des zones de protection des sources d'eau.
Comment conciliez-vous tout cela? Si vous respectez vraiment le droit des Premières Nations à l'autodétermination, pourquoi avez-vous présenté un projet de loi qui ne nous donne qu'une notion vague de cette autodétermination?
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Merci de nous avoir fait part de votre point de vue, madame Idlout.
En ce qui concerne la honte, nous serions honteux de ne pas transformer la façon dont nous faisons les choses dans ce pays. C'est ce que ce projet de loi tente de faire. Nous cherchons à transformer la façon dont nous créons des lois qui touchent profondément les peuples des Premières Nations. Nous voulons établir des relations ouvertes, inclusives et évolutives pour inclure les voix des Premières Nations.
En fait, je suis fière de ce travail. Je suis fière de l'exécuter. C'est un travail difficile à exécuter au sein d'un système colonialiste qui opprime les voix autochtones depuis si longtemps, mais c'est un travail très important.
Je remercie tous mes collègues d'avoir tenu ces importantes conversations avec des partenaires des Premières Nations. Les témoignages que nous entendons dans ce comité reflètent la difficulté de ces relations.
Quant à la participation, un certain nombre de personnes ont dit qu'en fait, elles avaient l'impression de participer pleinement. Elles ont ajouté qu'elles participaient plus qu'elles ne l'avaient jamais fait dans le passé. Par exemple, le chef Crowfoot, de Siksika, a souligné que pour la toute première fois, les participants ont pu examiner et commenter un avant-projet de loi. Il a ajouté qu'ils se sont battus avec acharnement, mais que le Canada a réagi en apportant des modifications cruciales au projet de loi.
N'oubliez pas que le projet de loi que vous étudiez est radicalement différent...
:
Merci pour la question.
C'est très important pour moi, parce qu'il y a des Premières Nations qui subissent les effets de la pollution produite par les pétrolières ou résultant d'autres substances, entre autres. Je pense aux Cris de Mikisew, par exemple.
[Traduction]
Cette communauté vit dans des circonstances dévastatrices en ce moment.
[Français]
Leur eau et leurs terres sont contaminées, et ces gens mangent la viande provenant des animaux qui vivent sur leur territoire.
[Traduction]
Leur rôle est très important, et mon travail s'harmonise avec ce que fait Environnement Canada sur, par exemple, la première mise à jour de la Loi sur les ressources en eau du Canada et sur la commission de l'eau. Il faut que nous protégions mieux les gens des effets des contaminants.
Vous le savez tous, le a invoqué son mandat de ministre de l'Environnement pour interrompre la production de polluants de l'industrie pétrochimique de Sarnia, dans le Sud de l'Ontario. Ces polluants étaient invisibles et inodores, mais néanmoins cancérogènes. Il a travaillé en étroite collaboration avec la Première Nation avoisinante. Comme vous l'avez peut-être lu, l'entreprise n'était pas très enthousiaste à l'idée de fermer ses portes pendant qu'elle installait de meilleurs filtres et des épurateurs.
Le chef de cette communauté m'a dit que ses membres vivent dans une vallée chimique. Il a ajouté qu'ils reconnaissent que cette industrie est importante pour l'économie et que même un bon nombre d'entre eux y travaillent, mais que cela ne signifie pas qu'ils approuvent les pratiques qui les empoisonnent.
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Qujannamiik, Iksivautaq.
Merci, monsieur le président.
Je voulais simplement rappeler au Comité, à la lumière des réponses de la ministre sur l'élimination des décisions arbitraires que le gouvernement fédéral peut prendre, que ce genre de déclaration ne tient pas compte des obligations juridiques du gouvernement fédéral à l'égard des Premières Nations. Elle ne tient pas compte de principes constitutionnels importants comme l'honneur de la Couronne et l'obligation fiduciaire du gouvernement fédéral d'agir de bonne foi.
Je rappelle également au Comité que, dans sa décision concernant la nation Haïda, la Cour suprême a déclaré ce qui suit: « Dans tous ses rapports avec les peuples autochtones, qu'il s'agisse de l'affirmation de sa souveraineté, du règlement de revendications ou de la mise en œuvre de traités, la Couronne doit agir honorablement. »
Cela n'empêche donc pas le gouvernement fédéral de financer ou d'adopter des lois qui respectent sa relation avec les Premières Nations. En prétendant que ce projet de loi éliminerait la prise de décisions arbitraire, on fait fi de cette relation importante avec les Premières Nations. On ne tient pas compte de l'importance de la réconciliation que le gouvernement doit exercer avec les Premières Nations, plutôt que de refuser d'agir dans le sens de la réconciliation.
Notre comité se doit d'entendre ceux qui ont été ignorés. Seulement 31 %, nous a‑t‑on dit, ont participé à la soi-disant « élaboration conjointe » de ce projet de loi. Je profite de cette occasion pour veiller à ce que nous comprenions, d'après ce que nous avons entendu, que... Je tiens à rappeler aussi que les Premières Nations ont présenté de nombreux mémoires.
Le comité des affaires autochtones et du Nord a reçu l'avis de ma motion le 4 octobre.
Que le Comité demande aux analystes de préparer un document synthèse de la correspondance et des mémoires soumis, qui comprend les amendements recommandés et un résumé des enjeux, concernant le projet de loi C‑61, Loi sur l'eau propre des Premières Nations.
L'Assemblée des Premières Nations nous a dit ce matin qu'elle avait remis son mémoire, mais j'ai vérifié dans ma boîte de réception, et je n'ai vu aucune de ses lettres et aucun mémoire.
Qujannamiik, Iksivautaq.