:
Bienvenue au Comité permanent des affaires autochtones et du Nord.
[Traduction]
Nous sommes réunis aujourd'hui sur le territoire non cédé de la nation algonquine anishinabée.
[Français]
Aujourd'hui, nous allons continuer notre quatrième étude, qui porte sur la souveraineté, la sécurité et la préparation aux urgences des peuples autochtones dans l'Arctique.
[Traduction]
Pour notre premier groupe de témoins d'aujourd'hui, nous entendrons Mme Heather Nicol, directrice de la School for the Study of Canada à l'Université Trent, ainsi que Mme Heather Exner-Pirot, agrégée supérieure à l'Institut Macdonald-Laurier.
Pour assurer le bon déroulement de notre réunion, j'aimerais énoncer quelques règles à suivre.
Les députés ou les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation en anglais, en français et en inuktitut sont disponibles pour la première partie de la réunion d'aujourd'hui. Veuillez faire preuve de patience concernant l'interprétation.
Pour les personnes qui participent à distance, le bouton d'interprétation se trouve au bas de votre écran. Vous pouvez écouter la discussion en anglais ou en français. Si l'interprétation est perdue, veuillez m'en informer immédiatement et nous veillerons à rétablir l'interprétation avant de poursuivre.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer. Le microphone des personnes qui sont dans la salle sera contrôlé par l'agent des délibérations et de la vérification.
Lorsque vous avez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Autrement, veuillez mettre votre microphone en sourdine.
Je rappelle que tous les commentaires doivent être formulés par l'intermédiaire de la présidence.
Nous procéderons comme d'habitude: nos deux témoins auront chacune cinq minutes pour leur déclaration préliminaire. Je leur demanderais de se limiter à cinq minutes. Ensuite, nous passerons à la première série de questions.
J'invite maintenant Mme Heather Nicol à commencer.
J'espérais que Mme Heather Exner-Pirot commence, car elle a toujours, je pense, des choses plus intéressantes et plus instructives à dire que moi.
Je témoigne de mon point de vue d'éducatrice, de celui d'une personne qui a donné des cours, notamment des cours en études circumpolaires de l'Université de l'Arctique, et qui travaille au sein d'un établissement axé sur l'étude du Nord, mais pas selon une perspective nordique.
Cela m'amène à vous parler aujourd'hui d'une question que je prends très au sérieux, à savoir l'arrimage des besoins actuels en matière d'éducation, de programmes d'études et de perfectionnement de l'enseignement dans le Nord — un sujet qui me passionne — et la nécessité d'établir et de maintenir, en collaboration, un programme d'études culturellement pertinent. J'aimerais plus particulièrement établir un parallèle avec un autre important besoin en éducation dans le Nord, un aspect sous-développé, à mon avis, surtout dans le contexte des récents événements de la fin de semaine sur la côte Est et, malheureusement, dans l'Ouest du Canada, dans la nation crie James Smith. Je parle de la nécessité d'offrir dans les établissements existants du Nord une formation et des programmes d'études postsecondaires agréés élaborés conjointement sur la gestion des catastrophes, la police communautaire, sur la planification logistique et l'intervention, qui requièrent à la fois de l'équipement spécialisé et un personnel hautement qualifié dans la communauté.
Je sais que le Cadre stratégique du Canada pour l'Arctique et le Nord laisse entendre que la sécurité du Nord dépend du développement de la capacité des communautés nordiques d'affronter la menace imminente des changements climatiques et de la vulnérabilité humaine, mais je ne pense pas que ce cadre stratégique encourage véritablement le développement des capacités civiles de manière précise.
J'ai déjà fait une présentation avec M. Christian Leuprecht, du Collège militaire royal sur le rôle des Forces armées canadiennes, mais je pense que la question ne se résume pas à cela. Je dirais qu'il y a beaucoup de responsabilités.
J'ai participé à de nombreuses activités pour sensibiliser à la nécessité que la sécurité humaine dans le Nord requiert à la fois une participation civile et militaire. La réponse des communautés, même lors de réunions portant sur le rôle de la défense et des forces armées, c'est que la population elle-même doit être formée, car nous sommes en première ligne de changements climatiques sans précédent, de catastrophes qui en découlent, d'autres insécurités dues à l'augmentation de l'activité humaine dans le Nord, et nous devons avoir une formation à cet égard.
Nous pourrons y revenir plus tard. Le gouvernement canadien a un certain nombre de programmes qui visent à accroître la capacité de formation. Je parle essentiellement d'études postsecondaires accréditées. Nous avons le laboratoire de recherche de la SRCEA, la Station de recherche de l'Extrême-Arctique, à Cambridge Bay, dont le rôle est d'inciter la communauté scientifique à se tourner vers le nord et à l'encourager à interagir avec les communautés nordiques, mais à ma connaissance, nous n'avons créé aucun programme continu accrédité, au civil, pour la formation sur l'intervention en cas de catastrophe. Encore une fois, nous pourrons en parler plus tard.
On parle souvent du renforcement de la résilience culturelle dans le Nord et de la création conjointe de programmes et de cours en ce sens, mais je pense que le développement des capacités dans le Nord est un aspect extrêmement important. Soulignons qu'à l'échelle du pays, neuf universités offrent une formation sur l'intervention en cas de catastrophe, tant aux premier et deuxième cycles, mais aucune de ces formations n'est axée sur les catastrophes dans le Nord, l'intervention dans le Nord, la planification dans le Nord ou la logistique dans le Nord alors qu'il s'agit d'un contexte et d'une situation très différents qui nécessitent une formation adaptée.
Il existe divers modèles pour ce que je propose, qui est essentiellement d'offrir aux établissements un financement approprié pour des programmes ciblés. Ces établissements pourraient être encouragés à élaborer une formation et des activités de recherche adaptées aux régions nordiques. Il s'agit d'avenues de recherche et d'études qui me semblent intéressantes.
De tels modèles existent en Alaska. Ce sont des centres créés précisément à cette fin. Au Canada, toutefois, seulement deux universités offrent un programme complet de gestion des catastrophes au premier cycle, et plusieurs autres l'offrent au deuxième cycle.
Dans ce contexte, je pense qu'un financement ciblé et l'élaboration de programmes aux échelons fédéral, provincial et territorial pourraient contribuer à accroître la capacité globale en matière de sécurité publique et de gestion des urgences dans l'Arctique et ses collectivités, conformément, à mon avis, aux objectifs du Cadre stratégique pour l'Arctique et le Nord.
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Monsieur le président, membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui. C'est un plaisir de prendre la parole après ma collègue, Mme Nicol.
Je souhaite me concentrer sur l'incidence selon moi, de l'invasion de l'Ukraine par la Russie sur la sécurité dans l'Arctique et sur les façons dont le Canada devrait réagir.
J'ai étudié le Conseil de l'Arctique et j'ai longtemps admiré et souligné la collaboration entre les pays de l'Arctique en général et en particulier la capacité de ce forum à se distancier des tensions géopolitiques plus vastes.
Je souligne, monsieur le président, que vous étiez le représentant du Canada à la dernière réunion ministérielle du Conseil de l'Arctique.
J'ai été à la tête d'un groupe d'universitaires qui a proposé la candidature du Conseil de l'Arctique au prix Nobel de la paix, et j'ai rédigé des articles évalués par des pairs portant sur l'exceptionnalisme de l'Arctique dans les affaires internationales. C'est donc avec le cœur lourd que je considère que la remarquable période de coopération dans l'Arctique entre la Russie et l'Occident, qui s'est amorcée en 1987 avec le célèbre discours de Mikhaïl Gorbatchev, à Mourmansk, dans lequel il invitait à faire de l'Arctique une zone de paix, est maintenant révolue, et que le travail pour entreprendre une nouvelle ère...
J'ai trois principales recommandations concernant notre préparation au nouveau paradigme de sécurité dans l'Arctique.
La première recommandation, à laquelle le gouvernement a déjà commencé à donner suite, est de financer adéquatement la modernisation du NORAD. Je tiens à mentionner que j'appuie cette position et que j'espère, tout comme chacun d'entre vous, que les communautés et les entreprises autochtones du Nord tireront des avantages économiques des investissements réalisés, et que ces communautés seront incluses dans le processus décisionnel civil. La défense continentale et la dissuasion envers l'armement nucléaire ne peuvent plus être reléguées à l'arrière-plan.
Ensuite, le Canada doit accueillir et soutenir une présence plus forte de l'OTAN dans l'Arctique. Les gouvernements conservateurs et libéraux s'y sont opposés pour de bonnes raisons dans le passé, mais il faut se défendre contre la Russie, d'autant plus que le flanc nord de l'OTAN va s'élargir en raison de l'adhésion de la Finlande et de la Suède. Selon moi, la probabilité d'un conflit militaire dans l'Arctique canadien demeure très faible, mais elle est beaucoup plus élevée en Europe du Nord, notamment dans les pays baltes et autour de la mer de Barents. Le Canada devrait se préparer à soutenir ses alliés dans ces régions.
La troisième recommandation, dont on a moins discuté, porte sur la façon de procéder avec le Conseil de l'Arctique. L'organisme a suspendu ses activités, mais des débats sur ce que devraient être la nature et l'étendue de l'implication de la Russie ont cours en ce moment dans les ministères des Affaires étrangères à Washington, à Oslo, à Copenhague, à Helsinki et ailleurs. Il n'y a pas de réponse facile, mais je suis convaincue que le Conseil de l'Arctique ne peut pas continuer ainsi et qu'il doit devenir un A7. Je ne peux pas imaginer la tenue de réunions ministérielles et la prise de photos de famille avec Sergueï Lavrov ou d'autres ministres russes tant que Poutine restera au pouvoir. Un changement de régime prendrait des années, et Poutine pourrait être remplacé par un dirigeant pire. Cet horizon est trop lointain pour que nous restions les bras croisés. Nous devons évoluer.
Il reste aussi des enjeux qui demandent de la communication, voire de la coopération avec la Russie. Il nous faut, par exemple, comprendre et atténuer les impacts des changements climatiques, gérer le développement des pêcheries dans l'océan Arctique et réglementer la navigation maritime. J'estime que nous pouvons créer les conditions pour que cela se concrétise sur le plan technique en fonction des préoccupations en question, et ce, sans avoir à se plier aux restrictions et aux concessions qu'imposerait un organisme régional comme le Conseil de l'Arctique.
:
Nous allons donc nous arrêter ici.
[Traduction]
Nous allons passer à la période de questions.
Je vais vous demander d'arrêter votre allocution, madame Exner‑Pirot, et nous allons passer à la période de questions. Toutefois, si on vous pose une question, nous n'allons pas pouvoir obtenir votre réponse, car l'interprétation n'est pas disponible, ou du moins la qualité audio n'est pas suffisante.
La qualité audio n'est pas suffisante. Malheureusement, les interprètes ne peuvent pas prendre l'anglais avec la qualité audio actuelle et le traduire en français.
Nous sommes pris avec cette situation. J'aurais pensé que cela aurait été vérifié au préalable.
:
Tout le monde peut revenir.
Mme Exner‑Pirot porte un autre casque d'écoute. Nous allons vérifier si cela fonctionne.
Madame Gill, si vous n'entendez pas l'interprétation, nous arrêterons là.
[Traduction]
Madame Exner‑Pirot, je crois comprendre que vous portez un casque d'écoute différent. Essayons ce nouveau casque, et si cela ne fonctionne pas, nous allons devoir passer au plan B.
Allez‑y et les interprètes nous feront signe si cela ne fonctionne pas.
Allez‑y s'il vous plaît.
:
Bonjour à tous et à toutes.
Je vais reprendre mes propos pour que les participants francophones puissent nous écouter. Je vais commencer avec les trois recommandations concernant le nouveau paradigme de sécurité de l'Arctique.
La première recommandation, à laquelle le gouvernement a déjà commencé à donner suite, est de financer adéquatement la modernisation du NORAD. Je tiens à mentionner que j'appuie cette position et que j'espère, tout comme chacun d'entre vous, que les communautés et les entreprises autochtones du Nord tireront des avantages économiques des investissements réalisés, et que ces communautés seront incluses dans le processus décisionnel civil. La défense continentale et la dissuasion envers l'armement nucléaire ne peuvent plus être reléguées à l'arrière-plan.
Ensuite, le Canada doit accueillir et soutenir une présence plus forte de l'OTAN dans l'Arctique. Les gouvernements conservateurs et libéraux s'y sont opposés pour de bonnes raisons dans le passé, mais il faut se défendre contre la Russie, d'autant plus que le flanc nord de l'OTAN va s'élargir en raison de l'adhésion de la Finlande et de la Suède. Selon moi, la probabilité d'un conflit militaire dans l'Arctique canadien demeure très faible, mais elle est beaucoup plus élevée en Europe du Nord, notamment dans les pays baltes et autour de la mer de Barents. Le Canada devrait se préparer à soutenir ses alliés dans ces régions.
La troisième recommandation, dont on a moins discuté, porte sur la façon de procéder avec le Conseil de l'Arctique. L'organisme a suspendu ses activités, mais des débats sur ce que devraient être la nature et l'étendue de l'implication de la Russie ont cours en ce moment dans les ministères des Affaires étrangères à Washington, à Oslo, à Copenhague, à Helsinki et ailleurs. Il n'y a pas de réponse facile, mais je suis convaincue que le Conseil de l'Arctique ne peut pas continuer ainsi et qu'il doit devenir un A7. Je ne peux pas imaginer la tenue de réunions ministérielles et la prise de photos de famille avec Sergueï Lavrov ou d'autres ministres russes tant que Poutine restera au pouvoir. Un changement de régime prendrait des années, et Poutine pourrait être remplacé par un dirigeant pire. Cet horizon est trop lointain pour que nous restions les bras croisés. Nous devons évoluer.
Il reste aussi des enjeux qui demandent de communiquer, voire de coopérer avec la Russie. Il nous faut, par exemple, comprendre et atténuer les impacts des changements climatiques, gérer le développement des pêcheries dans l'océan Arctique et réglementer la navigation maritime. J'estime que nous pouvons créer les conditions de réalisation sur le plan technique en tenant compte des préoccupations en question sans devoir nous plier aux restrictions et aux concessions qu'imposerait un organisme régional comme le Conseil de l'Arctique.
Je vais conclure en rappelant au Comité que la Russie nous prive du choix de poursuivre la coopération dans l'Arctique. L'Occident a tout fait pour que cela fonctionne et pour maintenir une zone de paix pendant trois décennies, mais la Russie nous place dans une position où nous ne pouvons plus colmater nos différends. La Russie a déclenché une guerre d'agression. La Russie a commis des crimes de guerre. La Russie a menacé de lancer une guerre nucléaire, et elle a plongé l'Europe et le monde dans une crise énergétique.
La ligne entre la coopération et les politiques d'apaisement est très fine. Rétrospectivement, je crains que nous ne l'ayons franchie avec notre réaction à l'invasion de la Crimée par la Russie en 2014. Notre inertie a renforcé la détermination de ce pays à envahir l'Ukraine, à commettre des crimes de guerre et à plonger le monde dans une crise.
Tout a été chamboulé, surtout dans l'Arctique. Le Canada peut adopter une position de chef de file dans la création de nouveaux processus et de nouvelles institutions et coopérations, sans la Russie et sans l'antagoniser, mais en la dissuadant de mener une autre agression.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier les deux témoins. Je vais essayer de m'entretenir avec chacune d'entre vous à l'intérieur du temps qui m'est alloué. J'aimerais commencer avec madame Exner‑Pirot.
Votre troisième recommandation renfermait cette idée selon laquelle le Conseil de l'Arctique pourrait devenir un A7. Vous avez souligné que l'organisme faisait du surplace et que nous devions évoluer pour cette raison.
Je serais curieux de savoir ce que seraient, selon vous, les effets de tout cela sur — si je comprends bien — le processus de participation permanente des Autochtones au Conseil de l'Arctique, qui compte des représentants d'un certain nombre d'organismes et d'entités qui n'ont pas de statut juridique, mais qui peuvent apporter une contribution importante. Certains de ces organismes comptent des représentants de la Russie, selon les données historiques.
Si le Conseil de l'Arctique devenait un A7, qu'adviendrait‑il, à votre avis, du processus de participation permanente des Autochtones du Conseil?
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Vous avez posé une très bonne question. J'ai assisté à un atelier à Boston, où se trouvaient également des membres des nations Gwich'in et Saami, qui avaient une opinion sur cette question, dont j'aimerais vous faire part.
Les représentants autochtones sont manifestement favorables au Conseil de l'Arctique. Ils craindraient de perdre le seul endroit où les Autochtones ont une représentation à ce niveau si le Conseil de l'Arctique disparaissait. Dans l'état actuel des choses, les participants autochtones de Russie ne peuvent pas participer et s'exprimer en toute sécurité. Les membres saamis et gwich'in disent ne pas savoir comment faire pour entrer en contact ou parler avec leurs collègues russes sans compromettre leur sécurité. Ils ne savent pas ce que peuvent dire leurs collègues russes.
Il y a six participants permanents, dont quatre comptent des Russes. L'un d'entre eux, l'Association russe des populations autochtones du Nord, RAIPON, composée exclusivement de Russes, est en faveur de la guerre en Ukraine. Je devine que l'adhésion de la RAIPON ne suscite pas beaucoup d'enthousiasme, mais avec les trois autres participants actuels, la question se pose. Voilà pourquoi je serais pour l'instauration d'un A7, car ce serait aux participants permanents autochtones de voir comment maintenir leur collaboration avec leurs collègues russes. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas se débarrasser du Conseil de l'Arctique ni rejeter l'idée d'un A7, car nous risquons de voir apparaître des institutions étatiques bilatérales sans composante autochtone forte.
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Encore une fois, même si je ne suis vraiment pas une experte des services de police communautaire, je sais qu'il y a plusieurs manières de concevoir ces services dans une perspective de formation. Mon expérience de travail dans le Nord du Canada m'a montré que l'effectif sur le terrain là‑bas est légèrement inférieur à celui des régions méridionales du Canada.
Par exemple, les gens sont envoyés en formation à l'extérieur de leur communauté. Que la formation pour les services de police communautaire dure jusqu'à deux semaines est une chose, mais il y a également les programmes des services de police communautaire. Mon établissement offre un de ces programmes. Le contenu du cours n'est pas axé sur le Nord, mais nous discutons avec certains organismes de la possibilité d'étoffer le programme en ce sens et de mieux l'adapter.
Selon moi, l'Université Trent n'est pas nécessairement l'endroit idéal pour donner de la formation sur les services de police communautaire destinée aux gens du Nord. Je pense que les programmes et les cursus établis doivent être contextualisés et créés en collaboration avec les communautés, particulièrement celles du Nord du Canada.
Si nous élargissons la discussion pour englober la sécurité publique, nous revenons à la même question. Ce n'est pas seulement une question de connaissance de la logistique et de la planification. Il faut aussi connaître l'équipement et savoir comment gérer tout cela, de même que comprendre les différents organismes concernés. Je pense que cela est un projet beaucoup plus considérable...
:
Merci, monsieur le président, et merci aux deux témoins de ce matin.
Je veux d'abord reconnaître que je m'adresse à vous en territoire non cédé wolastoqiyik, à Fredericton, au Nouveau-Brunswick. Lors de mes conversations sur la préparation aux catastrophes, je pense beaucoup, bien évidemment, à mes collègues et aux communautés de l'Atlantique. Ici, au Nouveau-Brunswick, tout va bien, mais vu les liens étroits qui unissent les provinces maritimes, nous pensons beaucoup à toutes les personnes qui ont été gravement affectées par l'ouragan Fiona.
Madame Nicol, j'aimerais commencer avec vous. J'ai été ravie de voir la perspective que vous avez donnée à la conversation en soulevant la question de l'éducation, car je m'identifie moi aussi à ce secteur.
Vous avez également soulevé une nouvelle série de questions, notamment sur la manière de caractériser une catastrophe ou une situation d'urgence. La nation crie James Smith entrerait sans doute dans cette catégorie. Je n'y avais pas pensé, mais merci d'avoir abordé ce point aujourd'hui.
Vous avez mentionné les besoins en recherche et en programmes. C'était mon univers avant mon entrée en politique. De nombreuses études comportent de formidables recommandations sur le soutien à apporter aux communautés autochtones dans le Nord, qui correspondent aux sujets qui nous occupent.
Comment pourrions-nous mieux communiquer et mettre en œuvre ces recommandations au lieu de voir les rapports accumuler la poussière?
:
C'est une très bonne question. Si nous disons que le mal est déjà fait, peut-être que certains rapports amassent déjà la poussière et que nous ne pourrons pas les dépoussiérer et les publier.
J'ai vu des modèles vraiment intéressants employés dans les établissements d'enseignement dans le Nord. Probablement fondés sur la notion de projet de recherche et de programme commun, des projets de recherche effectués en cocréation existent déjà, et il y a des connaissances dans ce domaine. Je pense que le problème est de diriger le tout vers le Nord. Les grands projets et les gros rapports sont issus en règle générale des établissements du Sud. Je n'ai rien à redire là‑dessus, mais pendant ce temps‑là, les connaissances ne s'institutionnalisent pas dans les universités du Nord.
À mon avis, le principal message à envoyer est l'importance d'accorder la priorité et d'octroyer du financement à l'ensemble des établissements d'enseignement dans le Nord, et non pas seulement à un ou deux d'entre eux. Je sais que la population étudiante est moins grande dans le Nord que dans le Sud, mais certains établissements dans le Sud ne sont pas très populeux non plus. Prenons l'Université de la Colombie-Britannique. Cet établissement très bien coté, de calibre mondial, compte à peine 3 000 ou 4 000 étudiants. Nous n'avons pas besoin d'universités de la grandeur de l'Université de Toronto dans le Nord. Nous avons plutôt besoin de plusieurs établissements de haut calibre qui offrent des programmes adaptés à la culture et des contenus cocréés. Cela fonctionne dans les deux sens. Ces informations sont envoyées dans le Sud du pays. Ce n'est pas seulement nous qui devons transmettre des informations, car nous ne connaissons pas vraiment les tenants et aboutissants. Les experts se trouvent dans le Nord.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis désolée pour tout à l'heure. Je souhaitais, bien sûr, entendre les observations des témoins, mais, par respect pour le travail de nos collègues interprètes, il est important que le son soit bon.
Mesdames Nicol et Exner-Pirot, vos deux présentations m'ont fort intéressée.
Je vais d'abord poser une question à Mme Nicol au sujet des programmes.
Madame Nicol, vous êtes dans le Nord et je représente une circonscription plutôt nordique. Je trouve donc le sujet très intéressant. Nous aimons bien que les recherches se fassent sur le terrain, chez nous, parce que nous avons le terrain et l'expertise, comme vous l'avez si bien dit.
Que voudriez-vous mettre en lumière quant aux lacunes à combler pour qu'il soit possible de répondre de façon adéquate aux situations d'urgence dans le Nord?
Quand on demande des programmes de premier ou de deuxième cycle, c'est qu'il y a vraiment un manque dans la formation offerte relativement à la gestion de ces situations, même s'il y a, comme vous l'avez mentionné, plusieurs universités plus au sud — neuf, si je ne m'abuse — qui offrent ce type de formation.
Quels sont les programmes vraiment nécessaires et différents qui pourraient changer la donne dans les communautés de l'Arctique?
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, madame Nicol.
Je veux vous dire, à toutes les deux, mesdames Nicol et Exner-Pirot, que j'ai beaucoup aimé vos présentations.
Je vais poser deux questions, tout d'abord à Mme Nicol, sur la question des programmes.
Madame Nicol, vous avez mentionné qu'il serait pertinent que des programmes de premier et de deuxième cycle soient offerts dans le Nord, notamment parce que l'expertise s'y trouve.
Comme je viens d'une circonscription nordique, je trouve très intéressant de pouvoir effectuer des recherches sur le terrain.
Vous soulignez qu'il y a des lacunes dans la gestion de la réponse aux urgences et de tout l'aspect sécuritaire dans l'Arctique.
Quelles sont les lacunes ou quels sont les besoins, si vous préférez, que pourraient combler ces programmes comparativement aux formations offertes dans neuf universités au premier cycle et au deuxième cycle dans le Sud?
:
C'est une bonne question. Merci.
D'abord et avant tout, je ne dirais pas qu'il y a un manque total de compréhension de ce que j'appellerais la sécurité humaine, un concept général qui englobe tous les enjeux de sécurité du Nord dans le contexte des changements climatiques, de l'intensification de l'activité humaine et de la transformation incessante de l'environnement. On ne peut absolument pas affirmer que l'on manque totalement le coche pour ce qui est de ces notions de sécurité humaine et de l'éducation en la matière. L'Université de l'Arctique offre depuis plusieurs années un programme d'études circumpolaires pour les étudiants du Nord. Il y a aussi d'autres établissements qui offrent maintenant des programmes semblables pour l'étude des concepts fondamentaux liés aux besoins et à l'évolution des capacités et de la notion de sécurité dans le contexte du Nord, et des régions arctiques et subarctiques.
Les recherches scientifiques à ce sujet se poursuivent. On s'intéresse aux événements qui se produisent ainsi qu'aux relations de cause à effet. Il manquerait au milieu de tout cela un élément permettant de coaliser ces connaissances et ces résultats pour intégrer un programme complet de formation dûment accrédité au programme d'études des deux nouveaux établissements proposés — et je peux vous assurer que c'est le cas — ainsi que des établissements déjà reconnus. Ainsi, l'Université Memorial a son nouveau campus au Labrador. Par ailleurs, le Collège du Yukon est devenu l'Université du Yukon. À mes yeux, ce sont des établissements postsecondaires sur lesquels on devrait pouvoir miser.
Je pense qu'à l'échelon inférieur — non pas au niveau hiérarchique, mais du point de vue de l'intensité —, il y a assurément de la place pour des programmes de formation de plus courte durée et davantage spécialisés. C'est sans doute ce que l'on s'emploie d'ores et déjà à faire. Il s'agit de créer une génération de résidents du Nord capables de nourrir une vision des besoins du Nord en matière de sécurité et de la concrétiser au sein de leurs établissements respectifs pour former les experts de demain. En officialisant ce genre de formation, on incitera les jeunes à considérer la sécurité comme une option de carrière, comme un service qu'ils peuvent offrir à leur communauté pour aider celle‑ci à être mieux informée et plus résiliente dans ses efforts pour assurer sa survie à long terme. Ce serait un programme d'études fondé sur un très important besoin à combler dans une région donnée.
Madame Exner-Pirot, je vais vous poser une question concernant le Conseil de l'Arctique, qui m'intéresse également. La Russie n'est pas présente en ce moment, pour les raisons que vous avez mentionnées, mais il reste toute la question des membres permanents des Premières Nations. Justement, je sais que cela pose un problème que la Russie n'y soit pas, parce que les Samis, par exemple, ne sont pas tous représentés.
Si l'on faisait du Conseil de l'Arctique un A7, comme vous l'avez mentionné, de quelle façon pourrait-on s'assurer que ces nations y sont aussi? On voit que, même si elles sont des membres permanents, elles n'ont pas le même accès aux différentes instances. Vous avez parlé d'une tribune dans le cas du Conseil de l'Arctique, mais ce n'est pas nécessairement facile pour elles d'y participer.
Comment voyez-vous cette version renouvelée du Conseil de l'Arctique? Comment intégreriez-vous plus facilement les membres des Premières Nations?
:
[
La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
ᓯᕗᓪᓕᕐᒥᒃ, ᐋ, ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᑐᓐᖓᓱᒃᑎᒃᐸᑦᓯ ᐃᓘᓐᓇᓯ, ᓯᕗᓪᓕᕐᒥ ᐊᐱᕆᓂᐊᖅᑐᖓ ᕼᐃᑐᕐ ᓂᑰᓪᒧᑦ Heather Nicol, ᐅᕙᖓᓕ ᑕᑯᔭᒃᑯᑦ ᐃᓄᐃᓪᓗ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅ-ᓯᒪᔪᑦ ᖃᐅᔨᒪᔪᖅᔪᐊᓐᖑᐊᓂᒻᒪᑕ ᓄᓇᒋᔭᕐ-ᒥᓐᓂᒃ ᓲᖃᐃᒻᒪᑦ ᐊᑯᓂ ᓄᓇᕆᔭᕐᒥᓐᓂᒃ ᐱᕈᖅᓴᖅᓯᒪᔪᑦ ᓄᓇᒋᔭᕐᒥᓐᓂᒃ, ᐃᒪᓐᓇᓕ ᐊᐱᕆᒍᒪᕙᒋᑦ ᑖᓐᓇ, ᐋ, ᐱᓕᒻᒪᒃᓴᐃᓂᖅ, ᐋ, ᐃᓄᒍᐃᓂᖅ ᑖᒃᑯᐊ ᖃᓄᖅ, ᐋ, ᐃᓕᓐᓄᑦ ᑐᑭᖃᖅᑎᒋᕕᒋᑦ.
[Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
À mon point de vue, les dirigeants inuits ont déjà une connaissance experte de ce territoire habité par leur peuple depuis des temps immémoriaux. Quand vous parlez de renforcement des capacités, que voulez-vous dire exactement?
Ma question est pour Mme Nicol.
[Traduction]
:
Nous avons les Forces armées canadiennes et des agences gouvernementales comme Sécurité publique Canada qui interviennent lorsqu'une catastrophe ou un autre événement se produit. Il en va de même de la GRC et d'autres organisations.
Il n'est pas vraiment possible pour les gens du Nord de compter sur leur propre agence apte à participer aux interventions en cas de catastrophe, surtout à grande échelle. Il est nécessaire de mobiliser les ressources de certaines de nos agences gouvernementales, aussi bien fédérales que territoriales, en y adjoignant la connaissance du territoire que possèdent les Inuits et les autres résidents du Nord. Il faut en outre pour ce faire mettre en place les programmes nécessaires pour nous donner cette capacité et pouvoir la mettre de l'avant.
Comme c'est la sécurité des gens qui vivent dans ces régions qui est en cause, il faut leur donner un rôle à jouer, plutôt que d'organiser le tout de l'extérieur en s'appuyant sur une formation dispensée dans d'autres régions du pays ou même à l'étranger. C'est un autre élément du problème. Je pense qu'il convient de rapatrier ces efforts pour y intégrer les connaissances déjà en place.
:
[
La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ, ᐄ, ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ, ᐋ, ᐅᓇ ᐱᖃᑖ, ᐋ, ᑕᒪᒃᓯᓐᓄᑦ, ᐋ, ᑭᐅᔭᐅᒍᓐᓇᕈᓂ ᐱᖃᑖ, ᕼᐃᑐᕐ ᑖᓐᓇ ᓯᕗᓪᓕᐅ-ᓗᓂᖃᐃ, ᑭᐅᔪᓐᓇᕈᓂ, ᐅᓇ ᐊᐱᕆᔪᒪᒐᒪ ᑲᓇᑕ ᖃᓄᖅ ᐊᐃᕙᑦᓯᐊᒃᑲᓐᓂᖅ-ᐹᓪᓕᕈᓐᓇᕐᒪᖔᑦ ᐋ, ᐱᔪᓐᓇᐅᑎᖃᕋᓗᐊᕋᑦᑕ, ᓱᖃᐃᒻᒪᑦ ᐅᑭᐅᖅᑕᖅᑐᕐᒥᒃ, ᐋ, ᐱᒋᔭᐅᓂᕋᖅᑕᐅᑎᓪᓗᑕ ᑲᓇᑕᒥ, ᓲᖅ ᑖᓐᓇ ᐃᓄᐃᑦ.
[Les propos en inuktitut sont traduits ainsi:]
Merci. J’ai une autre question. Peut-être que Mme Exner-Priot peut commencer. Comment le Canada peut-il approcher les négociations de façon plus raisonnable? Nous avons nos droits, dans le Nord, mais on nous dit que nous sommes assujettis au Canada.
[La députée s'exprime en inuktitut et l'interprétation en anglais de ses propos est traduite ainsi:]
Comment le Canada pourrait‑il mieux défendre sa position quant à sa souveraineté dans l'Arctique en s'appuyant sur l'utilisation et l'occupation de ces territoires par les Inuits?
[Traduction]
:
C'est une très bonne question. Tout dépend de la façon dont on définit la souveraineté.
Le passage du Nord-Ouest est davantage un enjeu maritime.
Quant à l'élément le plus pertinent, le plateau continental étendu, il est constitué du plancher océanique. Ce n'est pas un territoire qui peut être occupé par des humains ou qui pourra un jour l'être. Ce territoire s'étend jusqu'à 350 milles dans l'océan Arctique. L'occupation humaine ne fait pas partie des conditions à remplir pour étendre la souveraineté d'un État sur ce plancher océanique.
Il ne fait aucun doute que les contributions des Inuits et leur représentation dans le Canada arctique sont des éléments importants, mais l'utilisation et l'occupation du territoire par l'homme n'auront pas d'incidence sur la plupart des différends à régler à court terme concernant la souveraineté dans l'Arctique. Il n'est pas question ici de la colonne d'eau. Il s'agit simplement du plancher océanique et de la possibilité pour un pays de réglementer ce fond marin au sein de son plateau continental étendu.
:
Chers collègues, nous accueillons maintenant notre second groupe de témoins pour aujourd'hui.
Nous allons donc entendre M. David Joanasie, ministre des Services communautaires et gouvernementaux du Nunavut; le chef Darcy Gray du gouvernement mi'gmaq de Listuguj; et le chef Joe Alphonse de la Première Nation des Tsilhqot'in.
Je rappelle à nos témoins qu'ils ont droit à cinq minutes chacun pour leurs observations préliminaires après quoi nous passerons aux questions des membres du Comité. Certaines de ces questions pourraient être posées dans une langue autre que l'anglais, soit en français ou en inuktitut. Pour vous assurer de bien comprendre, vous pouvez utiliser la fonction d'interprétation au bas de votre écran. C'est l'icône qui ressemble à un globe terrestre. Si vous vous exprimez en anglais, vous n'avez qu'à choisir cette langue pour bien entendre la question.
Sans plus tarder, j'inviterais le ministre David Joanasie à ouvrir le bal pour les cinq prochaines minutes.
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Je vous remercie et je vous salue depuis le Nunavut, monsieur le président Garneau. Merci de m'avoir invité à présenter un exposé devant votre comité.
[Le témoin s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
ᐋ, ᑕᒡᕙᐅᕗᑏᖅᐸᕋ ᓗᐊᕐᕆ ᐃᑦᓚᐅᑦ, ᐋ, ᒥᒻᐳᕐ ᐳᐊᕐ ᓄᓇᕗᑦ, member for Nunavut.
[Les propos en inuktitut sont traduits ainsi:]
Je souhaite la bienvenue à ma collègue, la députée de Nunavut.
[Traduction]
Permettez-moi de vous présenter mes observations préliminaires pour vous donner un aperçu de la gestion des situations d'urgence au Nunavut. Situons d'abord les choses dans leur contexte.
La masse continentale du Nunavut est gigantesque. Elle compte pour environ 20 % de la superficie du Canada, un très vaste territoire sur lequel la population est éparpillée à raison d'à peine 0,02 Nunavumiut par kilomètre carré. Notre population de quelque 39 000 Inuits et résidents du Nord est répartie entre 25 collectivités accessibles uniquement par avion, chacune d'elles se distinguant par sa résilience. C'est un processus qui prend racine à l'échelon local pour s'étendre grâce à la coordination et à la collaboration.
Les défis logistiques sont nombreux, mais les Nunavumiuts ne manquent pas de résilience. Les Canadiens du Nord sont tout à fait capables de prendre soin d'eux-mêmes et de leurs communautés dans les moments difficiles et les situations d'urgence comme nous en avons connu plus d'une au cours des dernières années.
La Division de la gestion des urgences au Nunavut est chargée de l'organisation des mesures d'urgence et du soutien aux opérations de recherche et sauvetage sur le territoire. Ces actions sont guidées par la Loi sur les mesures d'urgence qui autorise le ministre responsable de cette division à faciliter la mise au point de mécanismes de gestion des urgences au sein du gouvernement territorial et des administrations locales. Pour assurer la protection des Nunavumiuts, nous poursuivons nos efforts en vue de parachever le programme territorial de planification de la continuité des activités dans le contexte de l'entrée en vigueur de la Loi sur les mesures d'urgence. Nous aidons le gouvernement territorial et les instances locales à se préparer aux urgences et aux catastrophes, à en atténuer les effets, à y réagir et à se rétablir après coup.
La Division de la gestion des mesures d'urgence du Nunavut s'efforce d'établir des relations avec les autres gouvernements du Nord pour tirer des enseignements de ces partenariats. Nous sommes ainsi en constante communication avec nos partenaires des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon dans le but de rétablir la table ronde pour la gestion des urgences dans le Nord. En outre, nous collaborons de près avec le Yukon pour contribuer à la mise en place du cadre de gestion des urgences de ce territoire.
À l'instar de nos homologues du Nord, nous devons composer avec des facteurs comme la faible accessibilité, les coûts croissants et l'érosion de nos infrastructures essentielles dans un contexte où les risques encourus nous exposent à des répercussions de plus en plus graves. Nos infrastructures essentielles sont désuètes, et nous devons nous pencher sérieusement sur les éléments pouvant être problématiques au sein de nos systèmes.
En 2022, la municipalité de Clyde River a décrété l'état d'urgence à l'échelon local en raison de problèmes liés à l'entretien de ses équipements lourds, ces problèmes ayant été rapidement exacerbés par une série de blizzards. L'état d'urgence ainsi décrété s'est traduit par des maisons sans combustible pour le chauffage, des réservoirs sans eau et des résidents privés d'un accès aux services essentiels, entre autres problèmes critiques. Des mesures d'intervention efficaces ont permis de mettre fin à cette situation d'urgence.
La planification des mesures d'urgence est l'élément déterminant pour l'atténuation des effets d'une catastrophe. Les problèmes peuvent prendre rapidement de l'ampleur, au même titre que les difficultés auxquelles notre population est exposée. Une machinerie défectueuse peut mener à des problèmes de sécurité et d'accès aux denrées alimentaires. Nous en arrivons à un point de bascule où des infrastructures de logement mises à rude épreuve peuvent subir des dommages et devenir inhabitables, ce qui contribue au surpeuplement. Les risques de contracter une maladie transmissible comme la tuberculose augmentent alors. Le système de santé doit mettre les bouchées doubles pour répondre à des besoins qui explosent. Les impacts sont considérables et variés; ils peuvent se faire ressentir dans l'ensemble du territoire. Les services territoriaux de planification des mesures d'urgence permettent à ce moment‑là de renverser la vapeur.
La sécurité civile au Nunavut mise sur l'efficacité combinée d'un plan d'urgence pour une période de 72 heures et d'un plan tous risques. Nous gérons sans cesse les risques qu'encourt le territoire en considérant des éléments comme la situation géographique, la distance, l'âge des infrastructures, la longueur des pistes d'atterrissage et la saison du transport maritime.
Nous appuyons les interventions à court et à moyen terme en stockant de l'équipement adapté aux différents types d'urgence et pouvant être transporté par un petit aéronef. Le plan tous risques du Nunavut est établi en fonction des risques mesurés par les communautés au moyen d'un outil de détermination des dangers et d'évaluation des risques.
La Division de la gestion des urgences du Nunavut souhaite offrir une formation bisannuelle à chaque municipalité. Les séances de formation et de perfectionnement comprennent un examen, une mise à jour et une mise à l'essai des plans communautaires. Nous nous assurons que les rôles et les responsabilités sont clairement définis pour chaque hameau. Cet effort de formation nous permettra de pouvoir compter sur un plan d'intervention d'urgence actualisé dans chacune de nos 25 collectivités. La prochaine étape de notre programme de formation des responsables municipaux visera à s'assurer que des plans détaillés sont en place pour tous les risques relevés.
En terminant, je veux souligner l'importance des services d'intervention d'urgence pour protéger les Nunavumiuts des catastrophes tout en reconnaissant que nos partenaires fédéraux et du Nord sont de précieux alliés à ce chapitre. Lorsque des enjeux outrepassent la capacité territoriale, nous pouvons compter sur Sécurité publique Canada pour venir à notre secours.
Le moment est venu de tous vous remercier pour le temps que vous m'avez consacré et de remercier également nos partenaires fédéraux de leur soutien indéfectible dans les situations d'urgence et de catastrophe.
Qujannamiik.
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Bonjour. C'est un honneur de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je m'appelle Darcy Gray et je suis le chef du gouvernement Mi'gmaq de Listuguj. Je veux mentionner, au nom de la communauté de Listuguj, que nos cœurs sont avec nos frères et sœurs Mi'gmaq et avec tous ceux qui ont été touchés par l'ouragan Fiona.
Au printemps 2018, notre communauté a fait face à d'importantes inondations dans plusieurs maisons en raison d'une combinaison explosive d'événements, soit des chutes de neige abondantes en hiver, un réchauffement rapide des températures et de fortes pluies. C'est un vendredi soir, vers la fin avril, que nous avons commencé à recevoir des appels parce que des sous-sols étaient inondés. Des secours ont été envoyés. Puis, comme les appels ne cessaient d'affluer, nous n'avons pas tardé à nous rendre compte qu'il fallait une intervention à bien plus grande échelle.
Le lendemain matin, nous avons mis en place un centre de commandement dans notre bâtiment des ressources naturelles, en faisant appel à du personnel de la sécurité publique, de l'infrastructure et des immobilisations, des communications, de la santé et de divers autres services. Un centre d'appels a été mis sur pied. Nos gardes forestiers et nos pompiers ont procédé aux évaluations initiales et aux vérifications, en fournissant et en installant des pompes de puisard au besoin. La réponse a été rapide et assez bien coordonnée, malgré un certain chaos.
Je me souviens qu'à un moment donné, j'ai remis ma carte de crédit personnelle à l'un de nos travailleurs sociaux pour qu'il se rende à Bathurst, au Nouveau-Brunswick, à une heure de route, afin d'acheter toutes les pompes qu'ils avaient, parce que chez nous, il n'y en avait plus nulle part. Notre personnel de la santé veillait au bien-être de nos intervenants et a aidé à repérer les maisons où il pouvait y avoir des circonstances particulières ou des risques supplémentaires pour des raisons de santé. De plus grosses pompes ont été mises en place pour évacuer l'eau des zones clés et réduire le plus possible le risque de nouvelles inondations. Des membres de la communauté se sont portés volontaires et ont offert des pompes ou des génératrices, tout ce qu'ils pouvaient, pour aider. Nous avons fait ce que nous devions faire, en nous rassemblant comme nous le faisons souvent en temps de crise. Nous étions également en contact avec les gens de la Gestion des urgences de SAC. Leur soutien nous a été précieux. Ils nous ont aidés à trouver le matériel et les fournitures voulus. Ils nous ont fourni des conseils et un soutien pendant la réponse initiale et tout au long du travail qui a suivi.
Après la réponse initiale à la crise, une société de gestion de projet indépendante a été chargée de réaliser des évaluations. Environ 55 maisons ont été ciblées et évaluées pour des réparations en raison des inondations. Le rapport décrivait l'étendue des réparations nécessaires et leur coût approximatif. On y précisait qu'il fallait vider et nettoyer les sous-sols, et qu'il était impératif de prendre des mesures pour éliminer les moisissures, installer des membranes et imperméabiliser les lieux, au minimum. Dans bien des cas, cela nécessitait de soulever les fondations au complet et de reconstruire à neuf, en raison du niveau élevé des eaux souterraines. Nous avons reçu l'instruction, à ce moment‑là, de la part de la Gestion des urgences, de nous mettre à l'oeuvre aussi vite que possible et de reconstruire en mieux. Nous avons engagé des équipes pour nettoyer et vider les sous-sols inondés. Nous avons tout consigné par écrit, effectué un suivi et soutenu au mieux de nos ressources collectives. Nous sommes passés à l'action et avons fait ce qu'il fallait faire.
Plusieurs mois après, le projet est passé, au sein du bureau régional de SAC, de la Gestion des urgences à l'Infrastructure. Du même coup, les critères pour déterminer quelles maisons étaient admissibles à des réparations ont changé, l'aide étant désormais réservée exclusivement aux maisons inondées en raison de l'élévation du niveau des eaux souterraines au printemps 2018. Le nombre de maisons admissibles selon les nouveaux critères a ainsi chuté à environ 40; cependant, nous avions déjà vidé la plupart, sinon toutes les maisons ciblées lors de la première évaluation. Nous avions besoin d'une solution pour ces 15 maisons.
LMG Capital and Infrastructure a joint ses forces à celles du service Infrastructure de SAC pour trouver une solution, et SAC a accepté de couvrir le coût des réparations, mais pas des mesures pour régler le problème à la source, créant ainsi une lacune problématique: les sous-sols seront inondés à nouveau si nous ne nous attaquons pas à la cause principale du problème. Notre équipe de l'infrastructure et des immobilisations a trouvé des solutions pour combler cette lacune et s'est attaquée aux causes des inondations des autres maisons aussi. Nous avons terminé les différentes phases des mesures correctrices en 2020, et aucune de ces maisons n'a été inondée à nouveau, mais nous retenons notre souffle chaque printemps en surveillant la situation de près.
Ces événements et ces mesures ont occasionné un stress énorme au personnel qui est intervenu et aux familles touchées. Ceux qui ont participé au nettoyage se sont retrouvés à soutenir des familles ayant perdu des objets irremplaçables comme de précieux albums photos. Nos professionnels de la santé ont offert du soutien aux familles traumatisées en les aidant à remplir les formulaires nécessaires pour remplacer les objets perdus ou obtenir des subventions pour compenser les frais engagés pendant les semaines ou les mois où ils devaient se loger ailleurs. Une partie de l'équipe des finances a été affectée au dossier, afin d'aider les travailleurs de la santé à suivre, gérer, consigner, déclarer et traiter les paiements, pour répondre à la fois aux exigences en matière de rapports et aux attentes des personnes touchées.
Cela a été difficile pour notre communauté. Cela a été difficile pour notre personnel. Cela a été difficile pour notre organisation. De plus, je me dois de souligner les efforts de toutes les personnes qui sont intervenues, depuis les premiers répondants jusqu'à ceux qui ont aidé à reconstruire et à réparer les maisons, puis à ceux qui ont aidé les familles à rentrer chez elles, en passant par tous ceux qui ont collaboré avec SAC, LMG et les autres tout au long du processus. Notre réponse n'était pas parfaite, mais dans l'ensemble, nous considérons que c'est un succès. Depuis, nous continuons de travailler avec SAC pour offrir de la formation sur la gestion des urgences au personnel et aux membres élus du conseil. Nous reconnaissons également l'importance d'une bonne communication et d'une bonne collaboration entre LMG et SAC, et cela nous a grandement aidés dans nos interventions pendant la pandémie.
Je dois également souligner que l'évaluation de la source des problèmes a donné lieu à de nombreux projets d'atténuation des inondations dans la communauté, pour mieux composer avec des niveaux élevés des eaux souterraines.
Je vous remercie de m'offrir l'occasion d'en témoigner devant vous aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président.
Au nom du gouvernement national des Tsilhqot'in, nous tenons à remercier le Comité de nous avoir invités à comparaître sur ce sujet important.
Je parlerai aujourd'hui de la nécessité de nous préparer aux situations d'urgence au sein de la nation des Tsilhqot'in, la seule nation au Canada qui possède un titre autochtone reconnu par la Cour suprême du Canada en 2014.
En 2017, la nation des Tsilhqot'in a fait face à de nombreux feux de forêt, qui ont brûlé des terres de la taille de l'île de Vancouver dans leur région. Nous avons enregistré deux des trois plus grands incendies de l'histoire du Canada. Quatre-vingt-cinq pour cent de ma région a été ravagée par le feu. Personne n'a de meilleurs arbres noirs que la nation Tsilhqot'in.
Le plus difficile, quand survient une catastrophe comme celle‑ci, ce sont les questions de compétence et l'éloignement de nos communautés. Quand des organismes extérieurs ont exigé l'évacuation de nos communautés, beaucoup d'entre elles ont décidé de gérer leur propre population. Nous sommes la seule nation dans l'histoire du Canada à avoir refusé un ordre d'évacuation. Nous resterons sur place et nous battrons nous-mêmes.
Notre nation se situe à sept heures de route au nord de Vancouver, et il n'y a qu'une autoroute principale pour y entrer et en sortir. Nous n'avons qu'une ligne de transmission de l'électricité pour les six bandes et aucun service cellulaire. Quand une panne d'électricité survient, nous perdons tout accès à Internet et au téléphone résidentiel, nos réfrigérateurs et congélateurs cessent de fonctionner, et nos aliments périssent.
Après les incendies de 2017, la nation des Tsilhqot'in a publié un rapport intitulé The Fires Awakened Us. Ce rapport contient 33 appels à l'action.
L'une des meilleures façons de veiller à ce que les communautés autochtones soient prêtes à intervenir, c'est de reconnaître leurs compétences en matière de préparation et de gestion des situations d'urgence. Il faut pour cela un investissement de la part du Canada et de la Colombie-Britannique, pour créer une formation sur les infrastructures d'urgence à l'intention de tous les membres. Un premier pas a été franchi, avec le premier accord de gestion tripartite au Canada entre la nation des Tsilhqot'in, le Canada et la Colombie-Britannique, qui a été renouvelé cette année encore.
Parmi les problèmes auxquels nous avons été confrontés en 2017, il y a eu la venue des gens de SAC sur notre territoire, dans notre communauté, et la promesse qu'ils couvriraient tous les coûts liés à la protection de notre communauté. Depuis 2017, c'est toujours un combat. Le moindre détail financier fait l'objet de discussions incessantes, au point que sur les 800 000 $ qui nous étaient dus, 500 000 $ restent toujours impayés.
Nous avons fait appel au système judiciaire. Lorsqu'il est devenu absolument clair qu'il n'y avait aucun espoir qu'ils gagnent ce procès, ils nous ont payés intégralement, sans poser de questions.
Je dirais que dans une période de crise comme celle‑là, les incendies n'ont jamais représenté une menace pour ma communauté. Notre région est tributaire des feux de forêt. Nous en voyons beaucoup. Les Autochtones de notre région ont tous grandi en combattant les incendies. Nous connaissons bien la région. Nous la connaissons mieux que les pompiers de la Colombie-Britannique, mieux que tous les pompiers qui viennent de partout au Canada et dans le monde. Il y a des pompiers australiens et mexicains qui n'avaient jamais vu de feux de forêt atteindre la hauteur qu'ils ont atteinte ici. Nous connaissons tous les sentiers de chasse, les autoroutes, les routes et les chemins de traverse. En cas d'urgence, nos guides connaissent ce territoire mieux que quiconque.
Il est essentiel que ce soit reconnu. Nous avons nos propres apprentis. Ce doit être reconnu et pris en compte dans les plans dans des périodes comme celle‑ci.
Nous pensons que la crise de 2017 est le résultat de mauvaises pratiques d'aménagement forestier. Nous savons désormais que nous participerons à chaque décision à partir de maintenant.
Ce que nous avons fait en 2017, c'est d'exercer notre autonomie gouvernementale, et cette compétence doit être reconnue et respectée.
Sechanalyagh.
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Pour nous, l'important est de continuer de renforcer les capacités internes pour faire face aux problèmes. Je pense que les autres témoins en ont parlé également.
Nous avons beaucoup de compétences dans notre communauté, et c'est la collaboration et le soutien de SAC et des autres gouvernements qui nous aident en temps de crise. Je dirais surtout que nous n'avons pas les ressources nécessaires pour toujours avoir une équipe de garde ou des gens prêts à réagir quand il le faut, et que c'est cette expertise ou ces ressources supplémentaires qui peuvent intervenir, ou il peut s'agir d'équipement... Nous ne sommes pas si éloignés, mais en même temps, il y a toujours des problèmes d'accès à certains équipements en raison de notre emplacement.
Je dirais que ces événements nous portent à prendre conscience de la nécessité de nous doter d'un plan de communication robuste, d'adopter une structure de commandement unifiée à l'interne et d'avoir une personne-ressource à SAC ou au sein des autres gouvernements, pour atténuer grandement la confusion actuelle.
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Nous avons évidemment effectué quelques évaluations de nos risques d'inondation. Nous partageons les préoccupations que vous avez soulevées.
Cette inondation particulière était due à l'écoulement printanier, à une quantité de neige importante et au réchauffement des températures. Je pense que nous pouvons nous attendre à ce que cela continue, mais l'un des problèmes que nous avons rencontrés était que les eaux de l'écoulement n'avaient nulle part où aller. Certains des ponceaux et des cours d'eau clés qui détournaient naturellement les eaux de l'écoulement au printemps avaient été bloqués, et nous avons donc pris de nombreuses mesures correctrices ces dernières années pour les débloquer et réduire le risque.
Nous travaillons également sur un projet de remise en état du rivage et cherchons des façons de renforcer certaines des maisons situées près de la rive ou qui se trouvent un peu plus bas dans la nappe phréatique. Nous faisons ce que nous pouvons. Nous avons, je pense, deux ou trois maisons dont on a recommandé le déplacement. Tout au long du processus, nous avons eu la chance d'avoir le soutien de SAC, et la plupart de ces projets ou efforts de remise en état ont été financés.
Encore une fois, je pense que nous avons la chance d'avoir ici une capacité importante et la possibilité de réaliser ces projets, mais nous restons très préoccupés et surveillons ce qui se passe autour de nous.
:
Je pense que c'est une chose d'être préparé... Nous sommes préparés. Nous vivons ici. Nous vivons ici depuis des générations. En cas d'incendie, nous savons quoi faire. Aujourd'hui, nous passons de la saison des inondations au printemps à celle des incendies et des pandémies. Nous sommes bien entraînés.
J'estime que le problème vient des responsables gouvernementaux. Comme je l'ai dit plus tôt, les incendies n'ont jamais constitué une menace pour nous. Ce sont les représentants du gouvernement qui étaient une menace. La première réponse de tous les représentants du gouvernement qui sont venus dans notre communauté en 2017 a été de poser des questions du genre: « Savez-vous seulement combien de personnes vivent dans votre communauté? Est‑ce que vous avez un plan, au moins? ».
Pourquoi tous les non-autochtones pensent‑ils automatiquement que les collectivités des Premières Nations ne savent pas ce qu'elles font? Nous avons d'excellentes politiques et plus d'expérience que n'importe quelle collectivité au Canada en matière de lutte contre les incendies. Si nos équipes de pompiers se mesuraient à n'importe quelle équipe de la Colombie-Britannique ou du Canada, je vous garantis que mes équipes gagneraient haut la main.
Après coup, SAC nous a dit: « Nous n'allons pas vous payer. Le gouvernement fédéral n'est pas fiduciairement responsable des collectivités des Premières Nations dans les situations d'urgence. »
Dites‑moi...
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les trois témoins de leur présentation.
Tout d'abord, comme vous, chef Gray, j'étais de tout cœur avec les gens de Listuguj, du Québec et des Maritimes relativement à l'ouragan Fiona qui s'y est déchaîné.
Chef Gray, vous l'avez aussi été lors des inondations des dernières années. La première de mes deux questions s'adresse à vous ainsi qu'à l'ensemble des témoins. Elle porte sur l'un des éléments que vous avez soulignés dans votre allocution d'ouverture relativement aux critères qui ont été modifiés pendant la crise.
Que pouvez-vous suggérer au Comité pour que, à un moment où tout le monde est sur le qui-vive et inquiet, les communautés n'aient pas à s'inquiéter de ce qui arrivera et qu'elles soient assurées d'avoir un soutien?
:
Nous avons effectué le travail en suivant les consignes du service de gestion des urgences de SAC, qui nous a demandé de faire le nécessaire, de réparer ces maisons et de le faire rapidement. C'est donc ce que nous avons fait, et nous l'avons fait avec une rapidité surprenante. Nous travaillions sur un certain nombre de maisons. Nous démolissions et réparions leurs fondations. Nous faisions ce qu'on nous avait dit de faire, nous reconstruisions mieux. C'est devenu la norme attendue.
Lorsque les critères ont changé — et de notre point de vue, il était compréhensible que l'inondation de certains sous-sols ne soit pas due spécifiquement à la montée des eaux souterraines en 2018, mais que le problème vienne en fait peut-être d'une fissure dans les fondations ou de fondations vieillissantes en parpaings, qui devaient tout de même être réparées — ces choses n'entraient tout simplement pas dans ces critères.
Ce qui serait vraiment important pour nous, c'est de connaître ces critères dès le départ et, lorsque ces derniers ont pratiquement créé deux poids deux mesures, de savoir quels autres programmes pourraient compléter et soutenir des travaux qui sont très nécessaires. Certaines personnes ont été déplacées pendant des mois. Elles vivaient dans des hôtels. Elles s'attendaient à ce que les travaux soient effectués, puis les critères ont changé et on leur a dit que leur maison ne devrait pas être en cours de réparation à ce moment, que nous n'aurions pas dû commencer les travaux, que l'inondation était due à une fissure dans les fondations et non au niveau élevé de la nappe phréatique. Cette situation a provoqué un stress important chez ces personnes.
Une bonne communication et des directives claires auraient grandement contribué à réduire ces problèmes et ces difficultés.
:
Je vous remercie, chef Gray.
Si j'ai bien compris, cela voudrait dire que le fait de ne pas avoir de critères connus, sinon constants, pourrait faire en sorte de diminuer les types de travaux effectués et pourrait mettre en péril des gens à l'avenir.
Ma prochaine question s'adresse à l'ensemble des témoins.
Une constante revient dans tous les témoignages: dans chacune des communautés, il y a une expérience et une expertise quant aux bonnes pratiques. Le chef Alphonse a mentionné les feux de forêt, par exemple. Le chef Gray a quant à lui mentionné les inondations sur le territoire du bord de la baie des Chaleurs, qui est le sien. Bien entendu, toutes les communautés ont de l'expertise.
Y a-t-il un lieu où la mise en commun de l'expertise est possible?
Le chef Alphonse disait qu'en plus d'être aux prises avec la question des feux de forêt, sa communauté était maintenant frappée par des inondations et qu'elle devait ainsi faire face à d'autres défis. Je me demande si la mise en commun des pratiques serait pertinente pour l'ensemble des Premières Nations.
Y aurait-il lieu d'avoir justement une structure où les Premières Nations qui ont la connaissance du territoire pourraient faire partager ces différentes pratiques, à la lumière de ce qu'a dit le chef Alphonse?
Encore une fois, nous sommes tout à fait prêts à faire face aux problèmes qui sont courants sur le territoire de la Nation Tsilhqot’in — inondations, incendies, principalement des incendies — mais c'est une question de reconnaissance.
Nous préconisons la création d'un centre d'évacuation. Lorsque l'on évacue des communautés, bien souvent, on les évacue vers les centres des grandes villes. Ces centres sont installés dans des gymnases, dans lesquels des lits sont alignés. Ces endroits rappellent souvent les pensionnats à notre peuple. Ce n'est pas convenable. La nourriture qui y est servie n'est pas adaptée à la culture. Nos concitoyens veulent de la viande et du saumon, et ils veulent de la viande et du saumon bien cuits, avec du riz ou des pommes de terre. La nourriture devrait être adaptée à la culture. Je sais que ces gens veulent bien faire, mais ils ratent le coche. Ils doivent écouter les dirigeants autochtones.
Comme je l'ai dit, mon plan, mon niveau de préparation aux situations d'urgence et la gouvernance de ma collectivité sont probablement meilleurs que ceux de toute autre collectivité.
Notre principal obstacle est la reconnaissance... En 2017, leurs directives changeaient constamment. Même pour ce qui est d'obtenir un remboursement, ils ont une norme pour les feux de forêt de la Colombie-Britannique et une autre pour les peuples autochtones. Nous souhaitons simplement savoir quels sont les règlements et les règles. Nous allons les appliquer. Nous les suivrons. Notre personnel comprend des comptables agréés qui suivent les moindres détails de nos dépenses, etc., et pourtant nous devons encore nous battre contre tout cela. C'est une honte, pour vous dire la vérité.
:
[
La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
ᐋ, ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ, ᐋ, ᐊᐱᖅᓱᓚᐅᓐᖏᓐᓂᕐᓂ ᑐᓐᖓᓱᒃᑎᑦᓯᒍᒪᑐᐃᓐᓇᖅᐳᖓ ᐃᓘᓐᓇᓯ, ᐋ, ᑐᓴᕐᓂᖅᑐᐃᓐᓇᐅᓵᕋᑦᓯ ᐱᒻᒪᕆᐊᓗᓐᓂᒃ ᐅᓂᒃᑳᖅᑐᐃᓐᓇᐅᕋᑦᓯ ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ, ᖃᐅᔭᒪᑎᑦᓯ-ᓵᕈᒪᑐᐃᓐᓇᖅᐳᖓ, ᐋ, ᒥᓂᔅᑐᕐ ᔪᐊᓇᓯᒧᑐᐊᖅ ᐊᐱᖅᓱᕐᓂᐊᖅᓱᖓ, ᐋᒻ, ᖁᔭᓕᕙᒋᑦ ᑕᑯᓪᓗᒋᑦ, ᐋ, ᐃᓄᒃᑑᖃᑎᒋᓗᒋᓪᓗ, ᐋ, ᐊᐱᖅᓱᕈᓐᓇᕋᒃᑭ ᐊᒃᓱᐊᓗᒃ ᐅᐱᒍᓱᒃᐳᖓ ᖃᐅᔨᒪᔭᕐᓂᒃ ᐊᐱᖅᓱᕈᓪᓇᕐᓂᐊᕋᒪ, ᐋ, ᐅᓇ ᓯᕗᓪᓕᖅᐹᖅ ᐃᓕᓐᓄᑦ ᐊᐱᕆᓂᐊᕋᒃᑯ, ᐋ, ᐃᒪᓐᓇ ᒪᓕᕋᓕᐅᕐᕕᕐᔪᐊᕐᒦᑦᑐᑎᒍᑦ ᐅᓪᓗᑐᒫᑦᓯᐊᖅ ᑐᓴᖃᑦᑕᕋᑦᑕ ᑐᐊᕕᕐᓇᖅᑐᕐᒦᒃᑐᖃᐃᓐᓇᕐᒪᒡᒎᖅ ᑲᓇᑕᒥ ᑭᓯᐊᓂᑦᑕᐅᖅ ᑐᓴᖅᕕᒋᔪᒪᕙᒋᑦ ᐅᖃᖅᑲᐅᒐᕕᑦ ᑖᒃᑯᐊᒎᖅ ᐱᖁᑎᖅᔪᐊᑦ, ᐋ, ᐱᔭᐅᔭᕆᐊᖃᒻᒪᕆᑦᑐᑦ ᓄᑕᐅᓐᖏᓗᐊᓕᕐᒪᑕᒎᖅ, ᐋ, ᐊᐱᕆᔪᒪᕙᒋᑦ ᑖᒃᑯᐊ ᐃᖅᑲᓇᐃᔭᖅᑎᒋ-ᔭᑦᑎᑦ ᐋᖅᑭᑦᓱᐃᓯᒪᒻᒪᖔᑦᑕ ᑮᓇᐅᔭᐃᑦ ᖃᓄᑎᒋ ᐱᔭᕆᐊᖃᕐᒪᖔᑦᑕ ᑖᒃᑯᐊ ᐱᖁᑎᖅ-ᔪᐊᑦ, ᐋ, ᓴᖅᑭᑕᐅᓂᐊᕐᓂᖅᐸᑕ, ᐋ, ᓄᓇᕗᒻ-ᒥᐅᑦ, ᐋ, ᐊᖅᑭᑦᓯᐊᖅᓯᒪᔪᒦᔾᔫᒥᖁᓪᓗᒋᑦ.
[Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
Merci.
Tout d'abord, j'aimerais souhaiter la bienvenue à tous les témoins. Vous parlez de sujets très intéressants.
J'aimerais poser une question au ministre Joanasie. Je suis très reconnaissante de pouvoir vous parler en inuktitut, ma langue.
Au Parlement, nous entendons le mot « crise » tous les jours. Vous avez mentionné que les infrastructures essentielles étaient désuètes. L'infrastructure est trop vieille. Est-ce que votre ministère a fait une estimation du montant nécessaire pour répondre aux besoins essentiels des habitants du Nunavut en matière d'infrastructure, afin qu'ils puissent être prêts à satisfaire aux besoins essentiels de leurs collectivités?
[Traduction]
:
[
Le témoin s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit::]
ᐄ, ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ, ᒪᓕᒐᓕᐅᖅᑎᕐᔪᐊᖅ ᐃᑦᓚᐅᑦ, ᐊᐱᖅᑯᑎᓐᓄᑦ, ᐋ, ᑕᒪᒃᑯᐊ ᐊᑭᑐᔫᑏᑦ ᓄᓇᕗᒻᒥ ᐊᒥᓱᒻᒪᕆᐅᑎᓪᓗᒋᑦ ᑭᓯᐊᓂᑦᑕᐅᖅ ᓄᓇᐅᓐᖏᓗᐊᕐᓂᖏᑦ ᐱᔾᔪᑎᒋᓪᓗᒋᑦ, ᐋᒻ, ᐅᖃᕈᓐᓇᖅᑐᖓ, ᐋ, ᐊᕐᕌᒍᑕᒫᑦ ᑮᓇᐅᔭᓂᒃ ᑐᑦᓴᕋᖃᑦᑕᕋᑦᑕ ᒪᓕᒐᓕᐅᕐᕕᐅᔪᒃᑯᑎᒍᑦ ᒥᑭᓗᐊᖁᖏᓐᓇᐅᔭᖅᑐᑦ ᐊᒻᒪᓗ, ᓄᓇ, ᐊ, ᑲᓇᑕᐅᑉ ᒐᕙᒪᒃᑯᖏᓐᓄᑦᑕᐅᖅ ᑮᓇᐅᔭᓂᒃ ᓴᓂᕐᕙᑦᑕᐅᖃᑦᑕᕐᒥᔫᒐᓗᐊᑦ ᐊᑭᑐᔫᑎᓄᑦ ᓱᓕ ᒥᑭᓗᐊᖏᓐᓇᐅᔭᕐᒥᔪᑦ, ᐊᖏᔪᒻᒪᕆᐅᒻᒪᑦ ᑖᓐᓇ ᑲᒪᒋᔭᕗᑦ ᐊᒻᒪ, ᐊ, ᖁᔭᒋᔫᒥᔭᒃᑲᐅᒐᓗᐊᖅ ᑖᒃᑯᐊ ᑐᓂᔭᐅᖃᑦᑕᖅᑑᒐᓗᐊᖅ ᑭᓯᐊᓂ ᖄᒃᑲᓐᓂᐊᒍᑦ ᐱᔭᕆᐊᖃᓪᓚᑦᑖᖅᑐᒍᑦ ᓱᓕ, ᑐᑭᓯᓇᕐᓂᕈᒪ.
[Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
Merci, madame Idlout.
Elles coûtent très cher dans le Nord. Beaucoup d'entre elles sont fournies pour répondre à des besoins liés à des situations de crise.
Je peux dire que chaque année, nous obtenons des financements. Nous demandons des fonds à notre gouvernement. Le gouvernement du Canada a également affecté des fonds pour répondre aux besoins en matière d'infrastructure, mais ce n'est jamais suffisant.
Ce sujet est très vaste et représente une grande responsabilité.
Nous vous remercions de fournir des fonds, mais il nous en faudrait assurément beaucoup plus pour répondre à nos besoins essentiels, vous comprenez?
[Traduction]
:
Si je pouvais donner un chiffre en dollars, il s'élèverait probablement facilement à des milliards de dollars.
Rien que pour les infrastructures de traitement de l'eau et des eaux usées, nos collectivités font face à des besoins assez importants. Cependant, nous essayons de progresser grâce aux ressources financières dont nous disposons et qui ont été affectées à des projets majeurs.
Je ne peux pas donner de chiffre précis, mais cette somme s'élève facilement à des milliards de dollars.
Mon ministère participe aux processus de planification des immobilisations de notre gouvernement. Cela signifie que nous servons tous les autres ministères lorsqu'ils créent de nouvelles écoles, des centres de santé, etc., et tous ces autres domaines. Les besoins sont tout simplement énormes.
J'aimerais pouvoir vous donner un chiffre exact. Il serait très difficile de l'établir précisément, mais je peux facilement affirmer qu'il dépasse les milliards de dollars.
Merci.
:
[
La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
ᐄ, ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᑭᐅᑦᓯᐊᕋᕕᑦ ᑐᑭᓯᓇᑦᓯᑎᑦᓯᕚᓪ-ᓕᒃᑲᕕᑦ, ᐅᓇ ᑭᖑᓪᓕᖅ ᐃᓕᓐᓄᑦ ᐊᐱᕆᔪᒪᔭᕋ, ᐋᒻ, ᐊᐅᔭᐅᓚᐅᖅᑐᖅ ᑲᖏᖅᓯᓂᕐᒦᓚᐅᕋᒪ ᑕᐃᑲᓃᑎᒡᓗᖓ ᒪᐃᔪᕐ ᑕᑦᑐᐃᓂ ᐅᕙᓐᓄᑦ ᐅᖃᓚᐅᕐᒪᑦ, ᐋ, ᐱᒻᒪᕆᐊᓗᒻᒥᒡᒎᖅ ᑐᓂᔭᐅᒋᐊ-ᖃᕋᓗᐊᕐᒪᑕ ᑖᓐᓇ, ᐋ, ᐃᒥᑦᓯᐊᕙᓕᕆᓂᐅᑉ ᒥᒃᓵᓄᑦ, ᑖᒃᑯᐊ ᐃᒥᑦᓯᐊᕙᓕᕆᓂᕐᒥᒃ ᐱᔪᓐᓇᓐ-ᖏᑎᓪᓗᒋᑦ ᓲᖃᐃᒻᒪᑦ ᐱᖁᑎᕐᔪᐊᖏᑦ ᓄᑕᐅᓐ-ᖏᓗᐊᖅᑎᒡᓗᒋᑦ ᐊᔪᕐᓇᖅᑐᒃᑰᖃᑦᑕᕐᒪᑕᒎᖅ, ᐃᓱᒪᕕᓪᓖ ᑖᓐᓇ ᓄᓇᓕᒃ ᑲᖏᖅᓯᓂᖅ, ᐋ, ᐸᕐᓇᐅᑎᓕᐅᒃᓯᐊᕈᓐᓇᕋᓗᐊᖅᐸᖅᑲᐃ, ᐋ, ᐃᒥᒃᓯᐊᕙᓕᕆᔾᔪᑎᖏᑦ ᓈᒻᒪᓐᖏᑦᑑᑎᒡᓗᒋᑦ.
[Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
Merci beaucoup pour votre réponse et pour les précisions que vous avez apportées.
En ce qui concerne mon autre question, j'étais cet été à Rankin Inlet, au Nunavut. Le maire, M. Towtongie m'a parlé du besoin essentiel de moderniser l'infrastructure hydraulique. Sans des investissements adéquats dans la collectivité... il s'agit de mettre en place un plan de préparation aux urgences adéquat pour que Rankin Inlet dispose d'un plan de préparation aux situations d'urgence adéquat pour son infrastructure hydraulique.
[Traduction]
:
Nous travaillons avec chaque collectivité pour nous assurer qu'elle dispose d'un plan d'intervention d'urgence à jour, notamment relativement à la disponibilité de l'eau et aux sources d'eau. C'est un point que notre gouvernement essaie d'ajuster pour Rankin Inlet, en particulier.
Nous allons investir massivement dans l'infrastructure hydraulique, car nous savons qu'il existe un besoin important dans cette collectivité particulière. Il ne s'agit pas seulement d'amener l'eau au robinet, mais aussi de tenir compte de la croissance que connaissent les collectivités autour d'autres installations qui sont en cours de construction ou dont la construction est prévue.
À long terme, l'usine de traitement des eaux avait besoin d'être modernisée, et cela fera partie du processus. Nous envisageons une approche à trois volets pour Rankin Inlet.
Pour répondre à la question, oui, nous avons des plans d'intervention à Kangiqliniq, ainsi que dans d'autres communautés, pour nous assurer que les gens savent quoi faire au cas où l'eau du robinet cesserait de couler.
Merci.