[Français]
Je vous souhaite la bienvenue à la quarante-neuvième réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord.
[Traduction]
Je souligne que nous nous réunissons aujourd'hui sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinaabe.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride.
[Traduction]
Je vais énoncer quelques consignes à l'intention des personnes qui participent à la réunion virtuellement.
Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Des services d'interprétation en français, en anglais et en inuktitut sont offerts pendant la réunion. Au bas de votre écran, cliquez sur l'icône du globe pour sélectionner le parquet, l'anglais ou le français. Je vous invite à choisir une langue dès maintenant. Si jamais vous n'entendez plus les interprètes à un moment ou à un autre, veuillez nous en aviser pour que nous puissions rétablir rapidement la connexion.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous nous joignez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour le mettre en sourdine. Si vous êtes dans la salle, votre microphone sera contrôlé comme à l'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification.
[Français]
Veuillez adresser toutes vos interventions à la présidence.
[Traduction]
Nous vous demandons de parler lentement et clairement. Si vous n'avez pas la parole, votre microphone doit être en sourdine.
La greffière du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour respecter l'ordre d'intervention et le temps de parole de l'ensemble des députés.
Avant de poursuivre, j'aimerais faire un petit rappel d'ordre administratif. Selon la motion adoptée le 21 novembre 2022, comme vous le savez tous, notre prochaine étude portera sur l'amélioration des taux de diplomation et des résultats fructueux des étudiants autochtones, aussi appelée l'étude sur l'éducation. En vue de cette étude, la greffière devra avoir en main vos listes de témoins, classées en fonction des priorités et des partis, avant le 8 février, à midi. C'est ce mercredi.
Nous allons sans plus tarder amorcer la quatrième séance de notre étude sur les langues autochtones. Nous menons cette étude conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion que le Comité a adoptée le 21 novembre.
Nous recevons pour commencer M. Ronald Ignace, le commissaire aux langues autochtones. Il est ici en personne.
Bienvenue, monsieur le commissaire. Vous disposerez tout d'abord de cinq minutes pour nous présenter votre déclaration liminaire, puis nous allons vous poser nos questions.
Si vous êtes prêt, vous avez la parole pour cinq minutes.
:
[
Le témoin s'exprime en secwepemctsin.]
[Traduction]
Merci de m'accorder l'honneur de prendre la parole devant votre distingué comité au sujet du travail du Bureau du commissaire aux langues autochtones.
[Le témoin s'exprime en secwepemctsin.]
[Traduction]
Je voudrais également témoigner mon respect aux terres et aux habitants de Kitigan Zibi qui nous accueillent aujourd'hui.
Bonjour et merci de l'invitation à m'adresser à vous aujourd'hui.
Le 12 juillet 2021, comme vous le savez, je suis entré en fonction à titre de commissaire et de premier dirigeant du Bureau du commissaire aux langues autochtones. Les trois directeurs représentant les intérêts des Premières Nations, des Inuits et des Métis sont entrés en fonction en même temps que moi.
Les directeurs et moi-même faisons également office d'administrateurs du Bureau. Nous nous sentons privilégiés, touchés et honorés d'avoir été retenus comme premiers titulaires des fonctions de commissaire et de directeurs du Bureau du commissaire aux langues autochtones, mais nous n'oublions pas pour autant la tâche colossale que représente la réalisation de la mission dont nous sommes investis.
À titre de premier dirigeant, je suis chargé du contrôle et de la gestion du Bureau. Depuis 18 mois, nous nous sommes concentrés sur la mise en place du Bureau. Aucune entité ou organisation de ce type n'existait avant l'entrée en vigueur de la Loi, et il a donc fallu édifier une structure entièrement nouvelle. On nous a confié une mission complexe et importante qui exige de prendre le temps nécessaire et les mesures appropriées pour asseoir l'organisme sur des assises solides. Nous travaillons également à l'élaboration de plans et de stratégies à long terme, et nous avons entrepris des travaux de recherche de base afin d'avoir une idée plus nette de la situation des langues autochtones au Canada et les structures de financement en place pour soutenir leur revitalisation, leur renforcement et leur maintien. Nous prévoyons que le Bureau sera pleinement fonctionnel et que son effectif sera complet l'été prochain.
La Loi sur les langues autochtones établit explicitement que le Bureau est un organisme indépendant. Cette indépendance est fondamentale pour garantir l'intégrité et la crédibilité du Bureau. C'est cette indépendance qui nous permet de remplir notre mission de manière libre, objective et à l'abri de toute influence indue.
Tous les ans, avant la fin de juillet, le Bureau doit soumettre un rapport sur des éléments comme l'usage et la vitalité des langues autochtones au Canada, l'efficacité du financement octroyé par le gouvernement fédéral, de même que sur la mise en œuvre de la Loi sur les langues autochtones, un aspect qui intéresse au premier chef le Comité.
La Loi prévoit également deux examens obligatoires. Le premier est un examen préliminaire triennal des dispositions et de l'application de la Loi qui doit être entrepris par le Sénat, la Chambre des communes ou par les deux chambres du Parlement.
Le second examen obligatoire est quinquennal. Selon la Loi, le ministre du Patrimoine canadien devra entreprendre un examen approfondi avant le 1er octobre 2025 et tous les cinq ans par la suite.
Cet examen portera également sur les dispositions et l'application de la Loi. Bien que la Loi ait reçu la sanction royale en juin 2019, les dispositions relatives à ces examens sont entrées en vigueur plus tard afin de laisser du temps pour la mise en œuvre de la Loi.
De toute évidence, comme ce fut le cas pour la constitution du Bureau, la pandémie de COVID‑19 a eu des répercussions sur la mise en œuvre de la Loi. Comme le début du premier examen est prévu un peu après le 1er octobre 2023, il se pourrait que quatre instances parlementaires étudient la mise en œuvre de la Loi au cours de l'exercice, y compris le Comité. Nous espérons qu'au moment où ces examens législatifs débuteront vers la fin de 2023, le Bureau sera davantage en mesure de fournir une évaluation de cette mise en œuvre.
Kukwstsétsemc.
:
[
Le député s'exprime en mi'kmaq.]
[Traduction]
Merci d'être des nôtres, monsieur Ignace. Je vous félicite pour votre nomination à titre de tout premier commissaire aux langues autochtones. Je parle couramment le mi'kmaq et je suis très fier de la création d'un Bureau du commissaire aux langues autochtones. Vous m'avez déjà dit quelque chose de très profond lors d'un colloque sur les langues de l'Assemblée des Premières Nations. Je ne l'ai jamais oublié. Vous m'aviez dit à ce moment que ce sont les langues autochtones qui nous permettront de couper les chaînes du colonialisme. Cette parole est restée gravée dans ma mémoire. Je ne l'ai jamais oubliée et je me suis fait un devoir de la partager.
Le peuple mi'kmaq est très chanceux parce qu'il a fait de grands progrès dans la promotion des langues autochtones. Nous avons des écoles d'immersion en mi'kmaq, des applications en mi'kmaq, des ressources et des chansons en mi'kmaq, anciennes et nouvelles. C'est très bien, mais deux choses me préoccupent. Tout d'abord, je considère que nous faisons trop porter la charge de la sauvegarde des langues aux éducateurs. Nous imposons une charge énorme aux enseignants pour ce qui est de la sauvegarde de nos langues, mais nous négligeons parfois de faire le nécessaire pour que les jeunes veuillent continuer de les parler, pas seulement pour préserver la culture, mais aussi parce que ce sera un atout dans leur vie.
Pourriez-vous nous parler un peu de ce qu'il faudrait faire pour insuffler aux jeunes Autochtones l'envie de continuer de parler leur langue? Par exemple, pouvons-nous nous inspirer de la communauté francophone, de ses bons coups, pour faire comprendre qu'il y a de bonnes raisons de continuer de parler les langues autochtones?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Merci, monsieur le commissaire, de comparaître devant nous aujourd'hui.
Bien entendu, nous parlons au commissaire, et nous savons que la création du Bureau du commissaire aux langues autochtones constitue une partie de la Loi sur les langues autochtones, mais nous nous intéressons à l'ensemble de la Loi de façon plus concrète. Même si elle est perfectible et qu'il y aura un examen triennal, qui devrait s'amorcer l'an prochain, il reste que les gens sont intéressés par sa mise en œuvre.
J'aimerais donc vous questionner de façon un peu plus précise sur ce qui a été fait à ce jour. Vous dites qu'il y a énormément de travail à faire, et j'en conviens, mais j'aimerais avoir une meilleure idée de ce qui se fait concrètement. Par exemple, vous avez évoqué le fait que le Bureau serait entièrement constitué à l'été. Les directeurs ont été nommés en 2022, et vous-même l'avez été en 2021. Cela fait donc une année et demie, presque deux ans, que l'on travaille à la mise sur pied du Bureau du commissaire aux langues autochtones.
Le Bureau a pour mission plusieurs éléments. Je vous renvoie à la page 10 de la version française de la Loi sur les langues autochtones, où il est mentionné que le Bureau doit notamment promouvoir les langues autochtones, soutenir les peuples autochtones dans leurs efforts visant à se les approprier et à les revitaliser, à les maintenir et à le s renforcer, faciliter le règlement de différends, promouvoir la sensibilisation du public et appuyer, en collaboration avec les gouvernements autochtones, les projets de recherche, sans oublier le financement.
En cinq minutes, rapidement, j'aimerais connaître les activités prévues pour chacun de ces points. S'il n'y en a pas, ce n'est pas un problème, mais j'aimerais avoir une idée de ce qui a été fait par le Bureau du commissaire aux langues autochtones, concrètement, et qui pourrait être mentionné dans un rapport.
Je peux revenir rapidement sur chacun des points. Par exemple, pour ce qui est de la contribution à la promotion des langues autochtones, qu'est-ce que le Bureau a fait jusqu'à présent, de façon concrète?
:
Je vais me faire l'avocate du diable.
Prenons la question des pensionnats, par exemple. J'ose imaginer que, si de l'information est disponible, on agira rapidement.
En matière de langues autochtones, les gens veulent que les choses bougent. Nous parlons de revitaliser des langues, mais il y a également des langues en dormance et d'autres qui vont disparaître.
Même si le Bureau du commissaire aux langues autochtones fonctionne indépendamment du gouvernement, ne devrait-il pas avoir accès aux données scientifiques, factuelles, et à un substrat, si je peux m'exprimer ainsi? Cela lui permettrait de bien faire son travail et de le faire rapidement.
Le gouvernement ne vous a pas donné d'information. Lui en avez-vous demandé, afin que le travail puisse être fait plus rapidement, sans risque de dédoublement?
:
[
La députée s'exprime en inuktitut et l'interprétation en anglais de ses propos est traduite ainsi:]. Merci.
Pour commencer, je vous souhaite la bienvenue. Je suis heureuse de vous voir. Vous et moi nous sommes déjà rencontrés à plusieurs reprises.
Je vais vous poser des questions à partir de ce que je comprends de l'histoire des langues, du travail du Bureau… J'apprends beaucoup. C'est un nouvel organisme, qui vient d'être mis sur pied et de commencer son travail. Mes questions porteront par conséquent sur ce que vous envisagez pour l'avenir.
Par exemple, pour ce qui a trait aux Autochtones et aux langues, ainsi qu'à la Loi sur les langues autochtones… On lui reproche d'être incomplète. La Loi ne protège aucunement les droits relatifs aux langues autochtones. Nos droits ne sont pas protégés.
Est‑ce que vous avez réfléchi à la protection des droits relatifs aux langues autochtones au Canada? Avez-vous songé à des façons de mieux soutenir les Autochtones et leurs langues qu'ils l'ont été jusqu'ici? Parce que nous ne voulons pas perdre nos langues…
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais nous ramener à l'objet de l'étude, parce que j'ai l'impression que nous nous en éloignons un peu, même si je conçois que la langue et la culture soient indissociables.
Monsieur le commissaire, j'aimerais parler de consultation. Vous avez dit que, dans le cadre de vos activités, vous aviez parlé avec des ministres et des parlementaires. Toutefois, l'essence de la mission, bien sûr, veut que celle-ci soit accomplie en collaboration avec les premiers peuples. J'aimerais donc savoir si vous avez consulté des gens des premiers peuples, que ce soit des chefs, des conseils de bande ou des organisations.
Si c'est le cas, à quel endroit l'avez-vous fait? En avez-vous consulté au Québec?
Merci.
:
Nous poursuivons nos travaux.
Membres du Comité, nous allons maintenant reprendre notre travail.
Pour notre deuxième groupe de témoins, nous accueillons M. Pablo Rodriguez,
[Français]
ministre du Patrimoine canadien, et M. Paul Pelletier, directeur général, Langues autochtones, du ministère du Patrimoine canadien.
[Traduction]
Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Des services d'interprétation sont offerts pour cette réunion en français, en anglais et en inuktitut. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français.
Veuillez sélectionner votre langue maintenant. Si vous avez des problèmes d'interprétation, signalez‑le et nous nous interromprons momentanément pour régler le problème.
[Français]
Monsieur le ministre, la réunion se déroulera comme d'habitude. Comme vous le savez, vous disposez de cinq minutes pour prononcer votre allocution initiale. Ensuite, nous passerons à la période des questions.
Je vous souhaite la bienvenue à cette discussion sur les langues autochtones. Vous avez la parole.
:
Merci, monsieur le président.
Membres du Comité et chers collègues, bonjour. Je suis vraiment content d'être ici avec vous.
Tout d'abord, je tiens à souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel de la nation algonquine anishinabe.
C'est vraiment un honneur pour moi de discuter de ce sujet et de venir répondre à vos questions. C'est vraiment important en général, mais aussi sur le plan personnel. J'expliquerai pourquoi par la suite.
Au Canada, concernant les Premières Nations, les Inuits et les Métis, on parle plus de 70 langues, mais aucune de ces langues n'est protégée. En fait, elles sont toutes menacées, d'une façon ou d'une autre.
Notre travail, c'est de continuer à prendre des mesures concrètes pour les maintenir en vie, pour les revitaliser et pour les renforcer. Nous voulons que ces langues soient fortes, et nous avons besoin qu'elles le soient.
[Traduction]
Il est de notre devoir d'écouter et de suivre l'exemple de nos partenaires autochtones en ce qui concerne leurs priorités linguistiques, car ce n'est pas de nous qu'il s'agit, mais d'eux.
Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre la richesse du savoir, de la sagesse et de la beauté que recèle chacune des langues autochtones parlées au Canada. C'est pourquoi nous avons élaboré la Loi sur les langues autochtones, que j'ai eu l'honneur de présenter en ma qualité de ministre du Patrimoine canadien. C'est, sincèrement, l'une des choses dont je suis le plus fier. En ce moment, comme vous le savez, nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires autochtones pour mettre en oeuvre cette loi.
[Français]
Nous en avons fait beaucoup depuis juin 2019, malgré les difficultés que la pandémie a apportées. Nous avons mis sur pied un comité directeur mixte de mise en œuvre avec les représentants des trois organismes autochtones nationaux. Nous travaillons ensemble là-dessus. Nous avons tenu 26 séances de consultation avec les peuples autochtones partout au pays. Nous avons organisé un symposium avec plus de 800 participants.
Nous avons procédé aux premières nominations au Bureau du commissaire aux langues autochtones. Vous avez eu l'occasion de rencontrer les personnes en question.
Il ne faut pas oublier notre soutien à la Décennie internationale des langues autochtones, par l'élaboration d'un plan d'action national, propre au Canada.
[Traduction]
Nous avons également travaillé à faire progresser l'accès aux services fédéraux dans les langues autochtones. En particulier — je sais à quel point c'est important —, nous travaillons avec des partenaires inuits pour trouver des projets pilotes qui peuvent nous aider à élaborer un règlement sur l'accès aux services fédéraux en inuktut. Nous avons créé un comité directeur pangouvernemental qui travaillera à la réalisation de cet objectif, comme le prévoit la Loi.
[Français]
Depuis l'adoption de la Loi, nous avons financé beaucoup plus de projets communautaires autochtones qu'auparavant. Tout s'accélère rapidement. Nous sommes passés de seulement 180 projets en 2018‑2019, ce qui n'est quand même pas rien, à plus de 1 000 projets en 2022‑2023. Ce nombre continue d'augmenter.
En augmentant le financement, nous avons pu soutenir la totalité des projets inuits et métis concernant la langue qui étaient admissibles depuis 2020, grâce aux investissements issus des budgets de 2019 et de 2021, qui accordent plus de 840 millions de dollars sur 7 ans, et 118 millions de dollars par année par la suite.
C'est beaucoup, bien que ce ne sera jamais assez. Les besoins sont énormes, mais si on compare le financement actuel à celui de 5 millions de dollars pour les langues autochtones en 2016‑2017, c'est un pas de géant vers l'avant.
[Traduction]
Les partenaires autochtones nous ont toujours dit que le financement des langues autochtones doit être à long terme, stable et prévisible, et nous sommes d'accord. Ils ont dit que les processus de financement doivent être dirigés par les Autochtones, accessibles, adaptés, opportuns et transparents. Nous sommes tout à fait d'accord, une fois de plus.
Que faisons-nous pour que cela devienne une réalité, pour que cela se produise? Nous avons déjà travaillé avec les collectivités pour qu'elles prennent en charge la prise de décisions et pour accroître la flexibilité de leur financement. Nous travaillons également à l'élaboration de nouveaux modèles de financement fondés sur la distinction, qui seront mis en œuvre cette année et qui répondront mieux aux besoins et aux objectifs respectifs des collectivités, peu importe où elles vivent au pays.
Cela permettra de conclure des accords de financement à long terme avec les gouvernements, les organisations et les collectivités autochtones. Cela permettra également de remettre les décisions de financement entre les mains des peuples autochtones et de s'assurer qu'ils peuvent prendre des décisions en fonction de leurs priorités particulières et uniques. Jusqu'à présent, nous avons également été en mesure de soutenir six accords novateurs grâce aux articles 8 et 9, et nous travaillons à d'autres.
[Français]
Malgré le portrait plutôt négatif que j'ai dressé au début, en disant que toutes les langues autochtones étaient menacées, il y a aussi des éléments positifs. En effet, le Recensement de 2021 nous donne une lueur d'espoir. Par exemple, depuis 2016, le nombre d'Autochtones dont la langue maternelle n'était pas une langue autochtone et qui peuvent aujourd'hui parler l'une d'entre elles a augmenté de 7 %.
Il y a donc 7 % d'Autochtones de plus, dont la langue maternelle n'est pas une langue autochtone, qui, aujourd'hui, ont appris l'une de ces langues. De plus en plus d'Autochtones parlent donc une langue autochtone comme langue seconde.
[Traduction]
Nous avons fait beaucoup de progrès ensemble, mais il y a assurément beaucoup de travail à faire. Il faut des années pour mettre en œuvre correctement une loi comme celle‑ci, et nous sommes certainement engagés dans cette voie en véritable partenariat avec nos collègues et amis partout au pays.
Je suis prêt à répondre aux questions, monsieur le président.
:
... combien parvient aux gens sur le terrain.
J'ai une dernière question. Vous êtes très rapide dans vos réponses. Je vous en remercie. Je suis en train de parcourir toute ma liste ici en une fois, donc c'est parfait.
Lorsque je regarde les rapports de résultats de votre ministère, en particulier en ce qui concerne ce programme, ceux‑ci citent l'objectif que 83 % des participants au programme signalent une amélioration de leur capacité à utiliser leur langue autochtone — et je paraphrase ici — dans leur vie quotidienne. Cet objectif est en place depuis quatre ans. Il avait une date de mesure en mars 2021, et maintenant, encore une fois, nous sommes quelques années plus tard et aucun résultat par rapport à cet objectif n'a été déclaré dans les résultats du ministère.
Les membres de ce comité savent que j'insiste toujours sur les résultats du travail que nous faisons. Cet objectif ne semble pas être mesuré, ou rien n'est déclaré en la matière. Je suis simplement curieux de savoir si vous avez un commentaire sur la possibilité de fournir cette information, et si vous ne l'avez pas aujourd'hui, peut-être pourriez-vous nous la fournir avec les autres renseignements que j'ai demandés.
:
Comme je l'ai dit, c'est la chose dont je suis le plus fier depuis que j'ai eu le privilège d'être le ministre du Patrimoine canadien. Nous avons travaillé à l'élaboration conjointe de ce projet de loi. Nous n'étions pas toujours d'accord sur tout, ce qui est également normal, mais je crois que nous sommes parvenus à un assez bon projet de loi qui nous a permis de commencer immédiatement à multiplier nos actions.
Pour répondre directement à votre question, nous avons mis en place, par exemple, 840 millions de dollars pour le financement des projets. Si vous ajoutez à cela le fait que nous mettons en place 118 millions de dollars de plus par an, nous ne sommes pas loin du milliard de dollars.
Est‑ce suffisant? Je dirais que pour les langues, ce ne sera jamais assez, car la langue est ce que nous sommes. C'est notre identité. C'est notre passé. C'est notre présent. C'est notre avenir. C'est la façon dont nous racontons nos histoires. Nous transmettons ces histoires à nos enfants.
Je vais vous donner un exemple. Quand je suis venu d'Argentine... C'est pourquoi j'ai un si fort accent en anglais — nous étions des réfugiés politiques, et je ne parlais pas un mot de français ou d'anglais. Mon père m'a dit: « À partir de la porte, à l'extérieur, tu parles la langue que tu veux. Apprends le français. Apprends l'anglais. Apprenez tout ce que vous voulez, mais de ce côté de la porte, à l'intérieur, c'est l'espagnol. » C'était important pour lui que nous gardions notre culture, comme c'est le cas pour vous tous.
C'est ce que je dis. Il n'y aura jamais assez d'argent, car les besoins sont immenses. Bien sûr, nous accélérons le rythme, il y a plus de projets, nous finançons plus rapidement et nous concluons des accords par lesquels nous allons transférer cela à nos amis — les Inuits, les Métis et les Premières Nations — afin que ce soit eux qui prennent les décisions et que nous n'y participions plus.
Cependant, il y a tant à faire dans ce domaine, parce que nous devons porter cela à un autre niveau. Il ne s'agit pas seulement d'enseigner la langue. Il s'agit aussi d'avoir, en fin de compte, plus de musique dans les langues autochtones. D'avoir plus de livres en langues autochtones. D'avoir plus d'émissions de télévision, plus de musique et plus de films au cinéma en langues autochtones. C'est mon rêve. C'est ce que j'espère.
Il faut bien commencer quelque part. Je crois que ce n'est pas un si mauvais départ. Nous avons financé, je pense, 77 langues autochtones différentes jusqu'à présent dans les différents projets.
Nous avons nommé le commissaire. Nous travaillons avec lui. Il est indépendant. Nous sommes là pour le soutenir.
Nous travaillons maintenant aux accords de financement à long terme par lesquels nous transférerons de gros montants aux organisations autochtones. Ce sont elles qui accepteront les projets et nous écarteront de cette décision, et je crois que c'est la bonne chose à faire.
:
C'est une très bonne question.
C'est ce que nous voulons faire depuis le premier jour. Lorsque nous avons présenté le projet de loi, nous avons dit que la structure était au sein de Patrimoine canadien. Nous allons travailler à son codéveloppement, mais en fin de compte, ce sont les gens qui savent ce qui est le mieux pour eux. Ce sont eux qui savent ce dont ils ont besoin.
Je ne vais pas aller dire à une Première Nation: « Je pense que ceci est bon pour vous sur le plan de la langue autochtone ». Non. Jamais. Comment pourrais‑je le savoir? Ce n'est pas à moi de le dire.
C'est pourquoi il est si important pour nous de financer ces accords à long terme avec les Inuits, les Métis et les Premières Nations. C'est pour que nous puissions transférer ces montants et qu'ils puissent choisir les projets et avoir ces discussions. D'une certaine façon, nous avons déjà ces discussions. Nous ne partons pas seuls pour dire que nous allons financer tel ou tel projet. Cela passe par différents groupes. Peut-être pouvez-vous expliquer exactement comment nous procédons, mais nous allons un peu plus loin, en transférant l'argent et en disant: « Bien, vous savez mieux que nous ce qu'il faut faire. »
Voulez-vous ajouter rapidement quelque chose à cela?
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, de témoigner devant le Comité aujourd'hui.
Vous connaissez mon intérêt pour les langues, de façon générale. Bien sûr, il a été question plus tôt du lien qui existe entre la culture et la langue.
J'ai des questions sur ce qui a été fait par le ministère.
Vous avez dit que plus d'argent avait été accordé. Évidemment, on aura toujours besoin de plus d'argent. Des gens me disent que, même si l'on dit qu'il y a davantage d'argent, sur le terrain, ils ne sentent pas nécessairement que c'est le cas ou ils ont l'impression qu'il y a des barrières quant à l'accès et à l'utilisation de cet argent.
Du personnel supplémentaire a-t-il été engagé par le ministère précisément pour les besoins de cette démarche?
Pouvez-vous nous fournir le nombre de ces personnes qui ont été engagées pour fournir plus de services à ces gens? Je pourrai, si vous le voulez, faire la nomenclature des doléances qui m'ont été faites, et qui ont aussi été présentées au Comité, d'ailleurs.
Combien de personnes supplémentaires ont-elles été engagées pour répondre aux demandes?
:
Je vous remercie, monsieur Pelletier. Merci, monsieur le ministre.
Si vous disposez de ces chiffres, vous pourrez les faire parvenir au Comité.
J'ai parlé des difficultés. On nous dit qu'il est difficile pour les gens qui veulent faire des demandes d'avoir un contact direct. Bien entendu, la question des ressources humaines est importante, ainsi que celle des délais. Des gens nous ont dit avoir essayé d'entrer en contact avec quelqu'un, mais que c'était impossible. Le délai est trop long. Il peut être de 11 mois, dans certains cas, voire d'une année. C'est donc une situation difficile.
Il y a également toute la question des ressources. Je sais qu'il y a de la bonne volonté. On est passé de 180 projets à environ 1 000. Cela couvre tous les projets inuits et métis. Cependant, des gens parlent de la situation, notamment les communautés elles-mêmes, qui font des demandes par l'entremise d'organismes. Ils n'ont pas les mêmes ressources qu'un très grand conseil de bande, par exemple. Je vois des disparités, même chez moi, sur la Côte‑Nord. Ces gens ont donc besoin de plus de ressources, d'où l'intérêt de la question. Je me dis que c'est peut-être l'une des premières choses à considérer si l'on souhaite permettre aux gens d'avoir accès aux fonds disponibles.
J'aimerais aborder un tout autre sujet avec vous, monsieur le ministre, à savoir la question des langues en dormance.
Pour ma part, je connais le cas du huron-wendat, une langue qui n'est pas parlée. Je sais que nous allons revenir à la révision de la Loi sur les langues autochtones, mais j'aimerais tout de même savoir comment, dans le projet de loi ou dans le Programme des langues et cultures autochtones, la question de la recherche ou de la revitalisation sera traitée. C'est vraiment très fort, compte tenu du fait que cette langue n'est même pas parlée. On va financer plusieurs activités dans le cadre desquelles on va réunir des gens pour qu'ils puissent discuter. Or, dans certaines communautés, les gens ne parlent même plus leur langue, même s'ils veulent la retrouver.
Comment va-ton procéder? Quelles sont les responsabilités qui incomberont au ministre? Nous avons pu voir tout l'intérêt et la volonté dont faisait preuve le commissaire, mais nous savons qu'il s'agit d'un travail de longue haleine, qui demande énormément de ressources. J'ai discuté avec lui. Or, il s'avère que, présentement, il n'y a que trois personnes au Bureau du commissaire aux langues autochtones. Évidemment, d'ici à ce que tout cela soit mis en œuvre, tout l'accent sera mis sur le ministère lui-même.
:
Le commissaire exerce ses fonctions de manière indépendante. Son travail est indépendant par rapport au financement des projets. Ainsi, l'un n'attend pas l'autre. Je sais que le commissaire fait tout son possible. C'est un homme remarquable pour qui j'ai énormément d'admiration et de respect.
Pendant ce temps — vous l'avez dit —, nous avons augmenté le financement des projets. Je suis un peu surpris d'entendre qu'il y en aurait un si grand nombre. En général, nous réussissons à atteindre beaucoup de gens. Nous allons noter les noms et voir ce que nous pouvons faire pour eux, avec grand plaisir.
Vous avez raison. Vous avez mis le doigt sur quelque chose. On dit que nous allons accroître le nombre de personnes qui parlent la langue. Dans certains cas, il n'y en a plus, tandis que, dans d'autres, il ne reste qu'un, trois ou cinq locuteurs. Ce n'est pas propre au Québec. Je l'ai vu partout, en Saskatchewan, en Alberta ou en Colombie‑Britannique.
Ce n'est pas le ministère du Patrimoine canadien qui va leur dicter la façon dont ils doivent faire revivre leurs langues. C'est à eux de trouver la solution. Nous, nous devons les appuyer financièrement grâce à la formation, à des appuis de nature didactique, à la création de dictionnaires et de ressources qui les aident quant à la prononciation des mots.
:
[
La députée s'exprime en inuktitut, et l'interprétation en anglais de ses propos est traduite ainsi:]
Merci.
Aujourd'hui, comme nous discutons de langues autochtones, je vais parler dans ma langue, l'inuktitut.
Comme chacun d'entre nous le sait et le comprend, les personnes qui ont été envoyées dans les pensionnats ressentent une immense douleur et ont un long parcours de guérison à accomplir.
Le Nunavut compte 13 communautés. Leurs écoles relevaient du gouvernement fédéral, qui en a confié la gestion aux communautés religieuses et à d'autres entités. À Chesterfield Inlet, depuis 1951, il s'agissait de l'externat fédéral Sir Joseph Bernier. C'était la dernière école du genre, et la résidence elle-même, Kivalliq Hall, a été en 1997 le dernier pensionnat du Nunavut à fermer ses portes.
Au Nunavut, il y a 13 communautés. De 1951 à 1997, on a tenté d'éradiquer notre culture et notre langue en nous envoyant dans des pensionnats. Pendant 46 ans, on s'est efforcé de détruire notre langue et notre culture.
On dénombre 42 écoles au Nunavut, du préscolaire à la 12e année. Dans les écoles primaires, la langue anglaise est enseignée. Il y a une école française au Nunavut, mais pas d'école inuktitute allant jusqu'à la 12e année. Il n'y a pas de programme d'études ou de cours en inuktitut qui s'étend jusqu'à la 12e année.
Je demande au Canada, est‑ce que le gouvernement canadien peut donner aux 13 communautés du Nunavut les moyens d'y enseigner la langue inuktitute? À notre avis, vous pourriez également enseigner la langue et la culture inuites. Pendant 46 ans, on a tenté d'éradiquer notre langue et notre culture. Auriez-vous une réponse à nous donner?
:
Je vous remercie de la question.
Ce qui a été fait aux peuples autochtones, notamment aux Inuits, est une horreur. On a déraciné des gens et on les a empêchés de parler leur propre langue.
Comme je le disais tantôt, la langue, c'est ce qui exprime qui nous sommes fondamentalement, c'est notre identité. C'est notre façon de transmettre notre histoire à nos enfants. Lorsqu'un enfant perd sa langue et qu'il ne peut plus communiquer avec ses parents et ses grands-parents, il perd un peu de son identité. Quelque chose se brise en lui.
Personnellement, j'ai longtemps travaillé dans le domaine du développement international, partout dans le monde, et j'ai toujours dit que le changement et le progrès passaient par l'éducation.
Tous les ministères jouent un rôle à cet égard, et il varie de l'un à l'autre. Pour notre part, nous fournissons aux classes de la maternelle à la 12e année du matériel didactique, comme des dictionnaires et des logiciels servant à expliquer la prononciation des mots.
D'autres ministères travaillent davantage avec les provinces et territoires concernant d'autres aspects.
En fait, je vais demander à M. Pelletier de donner plus de détails à ce sujet.
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Personnellement, je suis en faveur de cela, mais cela ne relève pas de mon ministère. Je ne veux pas parler au nom de mon collègue.
Comme je l'ai dit tantôt, le progrès passe par l'éducation. Si l'on veut rétablir les faits et corriger les injustices horribles qui ont été commises, il faut que les enfants, vos enfants, puissent apprendre leur langue.
La collaboration est importante. Il faut aussi qu'il y ait des ententes. D'ailleurs, nous avons déjà conclu huit ententes avec les gouvernements provinciaux et territoriaux en ce qui concerne l'éducation.
Je pense que vous devriez avoir cette conversation avec le ministre de l'Infrastructure ou avec le ministre des Relations Couronne-Autochtones, puisque cela relève de leur compétence. Je ne peux pas parler pour eux, mais, pour notre part, nous allons certainement continuer à fournir tout le matériel didactique nécessaire.
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C'est parfait, merci monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d'être présent aujourd'hui pour cette importante discussion sur les langues et la culture autochtones.
Monsieur le ministre, je vais vous citer une manchette qu'on lisait le 6 juin dans le Hill Times: « Le projet de loi sur la diffusion continue en ligne risque d'écarter les voix autochtones, selon l'APTN », qui est le Réseau de télévision des peuples autochtones. L'article nous apprend que les membres de l'APTN étaient absents de la table de discussion sur ce projet de loi.
Considérant que, selon le National Post dans cet article, vous rejetez les amendements proposés par le Sénat au projet de loi , y compris cette disposition qu'un sénateur a décrite comme donnant « de nouveaux pouvoirs extraordinaires au gouvernement de prendre des décisions politiques par rapport à certains sujets », comment pouvez-vous garantir au Comité, et à l'ensemble de la communauté autochtone, que le contenu diffusé par l'APTN pourra être visionné en ligne et ne sera pas réglementé par le CRTC?
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Bien sûr, j'ai affirmé dès le départ qu'un projet de loi aussi important ne pourrait aboutir du jour au lendemain. Cependant, le fait que le processus ait fait l'objet de tant de travail, de tant de discussions et de tant de collaboration...
Je me souviens d'avoir rencontré mes amis — les Métis, les Inuits et les Premières Nations — ici et dans d'autres villes. Je me suis rendu à Iqaluit. Nous avons profité de notre présence aux Nations unies pour tenir des réunions à New York. Encore une fois, nous n'étions pas toujours d'accord, ce qui est normal, mais nous avons convenu qu'il fallait présenter un projet de loi solide, et ce très rapidement.
Dès l'adoption du projet de loi — encore une fois, il a reçu la sanction royale en juin et a été mis en place en août —, nous avons commencé à relever le financement. Mais surtout, nous avons implanté des structures nous permettant de collaborer avec nos homologues et collègues autochtones, pour éviter que PCH nous dise « OK, soumettez-nous des projets, c'est nous qui les analyserons et vous n'aurez rien à dire ». C'est plutôt le contraire qu'il faut viser.
Nous travaillons avec différents groupes qui donneront le feu vert aux projets. Ce sont des groupes qui connaissent leur propre réalité et qui connaissent les individus qui présentent les projets. C'est pourquoi je pense que nous sommes bien outillés. On peut toujours faire mieux, mais je pense que nous sommes dans une position avantageuse qui nous permettra de continuer à accroître le financement des projets. J'ai dit que ce financement se chiffrait à environ 840 millions de dollars depuis la mise en œuvre de la loi, dont 118 millions de dollars sont déjà engagés. Il s'agit de projets communautaires et d'activités sur le terrain qui contribuent concrètement à améliorer le quotidien des gens et à l'atteinte de nos objectifs communs.
Je ne vois pas comment ce projet de loi pourrait être politisé ou partisan. Il vise — et c'est très important — à revitaliser, à répandre et à promouvoir les langues autochtones.
Comme je l'ai déjà dit... J'ai mentionné à quel point il était important, pour mon père et ma famille, de conserver notre connaissance de l'espagnol. Je suis très fier de pouvoir encore parler espagnol. Je peux converser avec ma fille en espagnol; quand je retourne en Argentine, je peux y parler dans ma langue à ma mère, à mes oncles et aux autres personnes.
C'est tout aussi important pour chacun d'entre nous. Je serai toujours là pour défendre ce principe, et pas seulement parce que c'est la bonne chose à faire. Pour moi, j'ai personnellement à cœur de faire ce qu'il faut.
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C'est une excellente question.
Cela passe en grande partie par les jeunes. J'ai senti un appétit énorme chez les jeunes pour ce qui est d'apprendre la langue, de pouvoir dire qu'ils parlent la langue de leurs ancêtres et qu'ils peuvent parler à leur grand-père ou à leur grand-mère dans leur propre langue.
Il faut pouvoir leur donner les outils nécessaires, comme des logiciels qui permettent de traduire directement les gazouillis dans l'une ou l'autre des langues autochtones, ou encore des activités d'immersion qui vont chercher beaucoup plus les jeunes et qui leur correspondent davantage que juste du matériel didactique.
Il leur faut un accès à du matériel pour enregistrer des chansons ou faire des tournages dans des langues autochtones. Ce sont là des choses qui vont aussi chercher nos jeunes. Il y a de grands talents, qui seront les grands producteurs et les grands musiciens de demain. D'ailleurs, il y en a un dans la pièce avec nous.
Ce sont des choses que nous pouvons faire.
Je ne pense pas que nous fassions une recherche aussi exhaustive que celle entreprise par le Bureau du commissaire, car c'est un peu son travail et cela fait partie de ses fonctions.
Je me rappelle que les travaux portant sur le projet de loi ont commencé en 2016. Quand je suis arrivé au poste de ministre du Patrimoine canadien, cela faisait un moment que les travaux avançaient, et j'ai poursuivi l'exercice.
Au cours de nos discussions, de nos tournées et de nos rencontres, nous nous informions de l'état de la situation. Cependant, la recherche se faisait plutôt de manière instinctive et elle n'était pas nécessairement chiffrée. Je ne suis pas certain que tout le monde avait des informations à ce moment-là. C'est aussi là que nous nous sommes rendu compte que, pour certaines langues autochtones, il n'y avait que trois locuteurs vivants et qu'ils avaient plus de 85 ans. Nous nous sommes demandé ce qu'il fallait faire dans ce cas.
Nous colligions cette information de manière un peu instinctive, mais pas de manière scientifique. Ce sera au commissaire d'effectuer ce travail de manière exhaustive.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, j'ai déjà posé la plupart de mes questions, mais j'en aurais une autre.
Pendant que je consultais votre site Web cet après-midi, j'ai constaté qu'il y avait un deuxième volet dans le programme des langues et cultures autochtones. Nous avons parlé du volet des langues autochtones, mais il y a aussi le volet de la radiodiffusion en langues autochtones dans le Nord. Dans ma circonscription, dans le nord de la Saskatchewan, c'est un enjeu crucial. Pour bon nombre de ces communautés nordiques, les stations de radio sont un outil primordial de communication. Dans le contexte des langues autochtones, je pense qu'elles sont aussi un mécanisme de préservation et d'encouragement.
J'aimerais avoir un peu d'information et connaître votre point de vue sur l'importance de ces petites stations de radio communautaires, et peut-être sur la frustration ressentie par certaines d'entre elles quant à leurs chances de survie... Leur fonctionnement dans ce contexte est vraiment, vraiment coûteux. Je me demande si vous auriez des conseils à leur donner sur la façon de mieux se prévaloir du système et sur la façon dont nous pourrions les soutenir — dans cette optique, si cela a du sens.
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C'est une excellente question.
Ma réponse est fondamentale. Sur la nature de ce rôle, elle est fondamentale. Le problème que nous constatons depuis 15 ans, c'est que les stations de ces petites communautés — mais aussi de grandes communautés — disparaissent. Pourquoi? À vrai dire, c'est parce que deux grands acteurs empochent les revenus publicitaires. Google et Facebook accaparent 80 % de toute la publicité, ce qui a entraîné la fermeture de 460 médias: des petites et des grandes stations de radio, de même que des journaux de toute taille, au niveau local comme au niveau municipal. Comme solution, nous avons mis en place un programme de 50 millions de dollars visant à aider les médias locaux. Il y a aussi le programme de 6 millions de dollars pour les crédits d'impôt sur la main-d’œuvre... oui, la main-d’œuvre dans les salles de rédaction...
Une voix: La main-d’œuvre.
Le président: C'est la main-d’œuvre.
L'hon. Pablo Rodriguez: Oui, la main-d’œuvre dans les salles de rédaction.
Par ailleurs, monsieur Vidal, vous serez content d'apprendre qu'un autre projet de loi s'annonce à l'horizon: le projet de loi , qui demandera aux grandes entreprises technologiques qui perçoivent 8 des 10 milliards de dollars de contribuer à ces petites salles de presse.
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Merci, monsieur le président.
Ma question pour le ministre concerne une présentation donnée par l'APN sur la question des langues. On y apprenait qu'il existe 82 groupes de langues autochtones au pays, et que seulement trois de ces langues survivraient au statu quo.
Les langues autochtones ont suscité beaucoup d'activité ces derniers temps, et c'est vraiment encourageant. Les dernières réunions ont donné lieu à de nombreuses présentations. Tous les témoins affirment qu'il faut autant investir dans leur langue qu'on investit pour le français et l'anglais.
Pour l'anglais, on peut fréquenter un bel établissement scolaire doté de personnel qualifié, et c'est la même chose pour le français, mais ce n'est pas le cas pour les langues autochtones. En fait, je peux vous citer le cas d'un locuteur et enseignant de langue autochtone qui doit transporter tout son matériel dans un chariot de magasinage, et le stocker dans la pièce du concierge durant la nuit. Il n'y a aucune comparaison possible.
Ma question est la suivante: peut‑on s'attendre à ce que le gouvernement investisse autant dans les langues autochtones qu'il investit dans le français et l'anglais?
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Ce que je souhaite, c'est une hausse des investissements, et c'est déjà le cas.
Maintenant, si on parle de comparaison avec l'anglais et le français, j'ignore au juste ce qu'on souhaite comparer, parce que le plan pour les langues officielles se chiffre à environ 500 millions de dollars, je crois — tout le plan. Dans ce cas‑ci, nous approchons le milliard de dollars pour les langues autochtones. Tout dépend de ce qu'on compare.
Ce que je veux — sans trop entrer dans les détails sur les langues officielles, car mon ami le responsable peut répondre —, c'est plus d'argent... Et quand on parle de préserver seulement trois langues — ce n'est pas ça du tout. Pas du tout. Depuis le début, nous avons investi dans un bon millier de projets, qui touchent 77 langues.
J'ai bien dit 77, et si nous pouvons aller plus loin encore, nous le ferons, mais je pense que l'essentiel pour nous, de toute façon, est de confier le pouvoir décisionnel aux groupes autochtones — aux Premières Nations, aux Métis, aux Inuits —, qui prendront ensemble leur propres décisions selon la nature et l'urgence de leurs besoins, c'est-à-dire ce qui est plus stratégique pour préserver la langue, ce qui est plus stratégique pour les jeunes, et ce qui est plus stratégique à long terme.
C'est à eux de prendre les décisions, pas à nous, et bien franchement, les négociations se déroulent extrêmement bien et nous espérons conclure cette année des ententes qui transféreraient aux groupes autochtones la quasi-totalité des rôles actuellement assumés par PCH, comme il se doit.