Je vous souhaite la bienvenue à la 81e réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord.
Il s'agit aujourd'hui d'une réunion hybride, avec des députés qui participent à distance. Tous les témoins de la première ronde sont présents dans la salle et j'aimerais leur souhaiter la bienvenue.
Chacun peut utiliser la langue de son choix. Nous avons des services d'interprétation dans les langues officielles, ainsi qu'en inuktitut aujourd'hui. Notre équipe va ouvrir et fermer les microphones des témoins qui sont sur place. Vous n'avez qu'à choisir la langue d'interprétation sur la console.
Nous allons passer directement à notre premier groupe de témoins.
Nous accueillons Glen Hare, chef régional de l'Ontario, et Scott McLeod, chef de la Première Nation Nipissing, de Chiefs of Ontario. Nous recevons également le grand chef Francis Kavanaugh, du Grand Council Treaty No.¦3. Nous accueillons aussi le grand chef Alvin Fiddler, de la Nishnawbe Aski Nation. Bienvenue à tous.
Monsieur Hare, voulez-vous commencer? Vous avez cinq minutes.
Avant de commencer, j'aimerais vous rappeler que nous devons être un peu stricts dans notre emploi du temps, afin de pouvoir passer en revue tous les sujets. Je vais lever un carton jaune lorsqu'il restera 30 secondes dans le temps alloué, et un carton rouge lorsqu'il ne restera plus de temps. Vous n'avez pas à vous arrêter au milieu d'une phrase, mais nous essaierons de conclure la conversation lorsque je montrerai le carton rouge, et nous passerons à la personne suivante.
Merci pour cette présentation. Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui. Je suis Glen Hare, chef régional de l'Ontario, de l'île Manitoulin.
Chiefs of Ontario est une organisation politique et de défense des droits des Premières Nations qui représente 133 Premières Nations de la région de l'Ontario. Je suis fier d'occuper le poste de chef régional. Je suis reconnaissant d'avoir l'occasion de parler du projet de loi aujourd'hui. Comme vous le savez sans doute, les Premières Nations souhaitent vivement participer à l'étude de ce projet de loi en raison de l'impact massif qu'il aura, selon nous, sur les droits des Premières Nations. Ces droits nous ont été donnés par le Créateur et ils sont sacrés pour nous.
Notre principale préoccupation est que la Nation métisse de l'Ontario est l'un des groupes inclus dans le projet de loi qui sera reconnu comme ayant des droits en vertu de l'article 35. La Nation métisse de l'Ontario affirme avoir des communautés métisses historiques, dont les terres chevauchent complètement nos territoires ancestraux et nos territoires visés par des traités. Nos dirigeants et nos aînés affirment que ces communautés n'ont jamais existé, sinon ils s'en souviendraient. La NMO revendique une présence historique sur nos terres qui n'a jamais existé.
S'il est adopté, ce projet de loi créera un dangereux précédent. La NMO sera encouragée à faire valoir des droits fonciers et des compétences à l'égard de nos territoires, de nos consultations et de nos ententes.
Les Premières Nations continuent d'être complètement laissées dans l'ignorance des fondements factuels et juridiques de la reconnaissance des communautés de la NMO. Nous n'avons pas du tout été consultés tout au long de ce processus complet sur l'attribution de droits ancestraux à un groupe ayant des prétentions à l'égard de nos territoires ancestraux et issus de traités. Cela va avoir une incidence sur nos droits, et cela nous concerne donc dans une large mesure.
Nous demandons le retrait du projet de loi . Nous exhortons les parlementaires à prendre nos préoccupations au sérieux et à mettre fin à ce processus, avant que d'autres dommages irréparables ne soient causés.
Nous sommes venus à Ottawa à deux reprises pour des manifestations pacifiques contre l'adoption du projet de loi . C'était en juin et en septembre de cette année. Se sont joints à nous des centaines de membres de familles et de communautés, des jeunes des Premières Nations, des aînés, des gardiens du savoir, des joueurs de tambour, des danseurs, des gens de la base, des techniciens et des dirigeants des Premières Nations de l'Ontario, du Manitoba et du Québec, ainsi que le chef national intérimaire. Tous étaient là pour s'opposer à l'adoption de ce projet de loi. Les gens ont parcouru de longues distances pour assister à ces manifestations. Nos droits sont de la plus haute importance pour notre peuple.
Deuxièmement, je sais que mon temps est limité, mais je pense qu'il est vraiment important que ce comité sache que ce ne sont pas seulement les Premières Nations de l'Ontario qui s'opposent à l'adoption de ce projet de loi. Nous avons adopté une position unanime à ce sujet en Ontario. Vous pouvez le voir aujourd'hui. Vous avez Chiefs of Ontario, les nations Nishnawbe-aski et Anishinaabe, le Grand Conseil du Traité no 3, l'Association des Iroquois et des Indiens unis, le Conseil des Mohawks d'Akwesasne, les Premières Nations indépendantes et non affiliées, et les conseils tribaux Wabun et Matawa. La région de l'Ontario est très vaste. Nous ne sommes pas toujours d'accord sur tout, mais c'est une question sur laquelle nous nous sommes entendus parce qu'elle est très importante. Comme je l'ai dit, nous ne sommes pas les seuls. Les Premières Nations de tout le pays s'inquiètent des répercussions de ce projet de loi.
En juillet, lors de l'assemblée générale annuelle de l'Assemblée des Premières Nations à Halifax, les chefs ont adopté à l'unanimité une résolution portant sur la protection des droits et des intérêts des Premières Nations contre les revendications de droits non fondées des Métis. Les Premières Nations de toutes les provinces et de tous les territoires conviennent que ce projet de loi ne peut pas être adopté. Nous avons également reçu l'appui de la Fédération Métisse du Manitoba, qui partage nos préoccupations à l'égard des revendications de la NMO et selon laquelle le projet de loi récompense un vol d'identité autochtone.
Les fausses prétentions à l'égard de l'identité autochtone ne sont pas un phénomène propre au secteur universitaire et aux arts. On les voit ici en action, et cette loi, cette chambre et ce gouvernement leur donneront leur aval.
Je vois que vous montrez déjà le carton. J'aimerais terminer.
:
[
Le témoin s'exprime en anishinaabemowin et fournit le texte suivant:]
Aanin Kina wiya. Zoongaabwi ndizhnikaaz. Nbiising ndoonjibaa. Shagi ndoodem.
[Le témoin fournit un texte en anglais dont voici la traduction:]
Bonjour à tous. Je m'appelle Zoongabwi. Je viens de la Première Nation Nipissing. J'appartiens au clan de la Grue.
[Traduction]
Bonjour à tous.
Je suis le chef Scott McLeod de la Première Nation Nipissing.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui pour parler du projet de loi .
Je suis fier d'être ici aujourd'hui avec notre chef régional, des grands chefs et nos dirigeants au nom de la protection des droits inhérents et protégés par traités des Premières Nations. Je veux me faire l'écho des commentaires du chef régional selon lesquels les Premières Nations de la région de l'Ontario appuient les revendications légitimes des peuples autochtones, mais je souligne que la reconnaissance des revendications non fondées affaiblit les titulaires de droits légitimes et inhérents.
Je suis ici au nom des Premières Nations de la région de l'Ontario pour exprimer nos préoccupations au sujet de la reconnaissance de la Nation métisse de l'Ontario comme titulaire de droits en vertu de l'article 35 dans le projet de loi . Nous demandons que le projet de loi C‑53 soit retiré jusqu'à ce que le Canada fasse preuve de la diligence voulue pour vérifier qui la Nation métisse de l'Ontario représente.
Les communautés représentées par la NMO n'ont pas d'existence historique. C'est ce que nous disons depuis des décennies. Ces communautés n'existaient pas historiquement. Elles ne répondent pas aux critères juridiques énoncés dans l'arrêt Powley et, par conséquent, elles ne peuvent pas jouir des droits prévus à l'article 35.
L'article 35 vise à protéger les droits des groupes autochtones qui existaient sur le territoire avant l'établissement du Canada. L'article 35 vise à protéger les droits des nations préexistantes sur les terres qu'elles occupaient. Des recherches universitaires démontrent maintenant que les soi-disant communautés historiques de la NMO n'existaient pas.
Robinson Huron Waawiindamaagewin, une organisation de traité représentant les 21 Premières Nations du Traité Robinson-Huron, a signé le traité en 1850 et a récemment publié le rapport d'une étude exploratoire des communautés métisses historiques du territoire visé par le Traité Robinson-Huron. Le rapport a notamment examiné les propres documents de la NMO sur les lignées métisses vérifiées. Ces documents sont publics et peuvent être consultés pour déterminer si ces soi-disant communautés répondent aux critères établis dans l'arrêt Powley.
La NMO réinvente les lignées familiales et manipule les dossiers de recensement pour créer une histoire qui ne s'est jamais produite sur nos territoires.
La Cour suprême du Canada a statué que, pour qu'une communauté métisse puisse se qualifier comme ayant des droits en vertu de l'article 35, elle doit avoir sa propre langue, sa propre culture, ses propres coutumes et ses propres descendants de familles qui vivaient dans une région géographique donnée pendant plusieurs générations avant la domination effective des Européens.
Selon les constatations de ce rapport, les ancêtres des Métis de la NMO et leurs descendants ne sont pas recensés dans la communauté métisse avant la domination effective. Les soi-disant ancêtres métis de la NMO ne sont pas identifiés principalement comme Métis dans les dossiers historiques, et bon nombre des ancêtres métis ne sont jamais identifiés comme Métis dans les dossiers historiques.
J'aimerais prendre un instant pour examiner la lignée métisse vérifiée McLeod-Riel de la NMO. Elle nous donne un exemple d'une importante famille régionale anishinabe que la NMO a transformée en famille métisse de Killarney.
Nous allons nous concentrer sur une personne en particulier, Gregor McGregor, descendant d'un ancêtre métis. Je vous demande votre indulgence. Je vais parler de dossiers de recensement, car c'est ce que la NMO utilise comme fondements de ses communautés dites historiques. M. McGregor a été recensé comme Écossais vivant avec ses parents et sa sœur cadette lors du recensement de Killarney, en 1881. Ces quatre personnes sont les seuls non-Indiens recensés pour Killarney.
Dix ans plus tard, en 1891, M. McGregor, son épouse et leurs deux enfants sont recensés comme Canadiens vivant à Killarney. La famille semble de nouveau être la seule parmi des familles anishinabes. En 1901, Gregor, Véronique, leurs quatre enfants et les parents de Gregor, qui sont voisins, sont recensés dans la réserve de Whitefish, sur l'île Birch, aujourd'hui connue sous le nom de Première Nation de Whitefish River, comme étant de race française sous la rubrique « Couleur », et canadienne objibwée sous la rubrique « Origine raciale ou tribale ». Il est noté qu'ils parlent tous l'anishinaabemowin, tout comme les cinq des six autres ménages du même recensement.
Dix ans plus tard, en 1911, Gregor, Véronique et leurs désormais huit enfants sont encore une fois recensés dans la réserve indienne Whitefish River en tant qu'Ojibwés parlant l'anishinaabemowin, avec 27 autres personnes. Dix ans plus tard, en 1921, Gregor, Véronique et cinq de leurs enfants sont de nouveau recensés sur la réserve Whitefish River en tant qu'Ojibwés parlant l'anishinaabemowin, comme le reste de leurs voisins.
Ce que cela nous apprend, c'est que les petits-enfants et les arrière-petits-enfants des ancêtres métis McLeod-Riel faisaient tous partie intégrante des communautés régionales d'anishinabes et qu'il n'y avait pas de communauté métisse distincte à cet endroit. Selon des documents publics produits en février 2023, les descendants de Gregor McGregor et de Véronique ont continué d'être présents de façon importante dans la Première Nation de Whitefish River, et ceux qui portent le nom de famille McGregor représentent plus de 16 % des 730 citoyens adultes que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de McGregor de Whitefish.
Ce sont ces personnes que la NMO prétend représenter, et elle recrute des membres aujourd'hui, qui bénéficieront des droits prévus à l'article 35 en tant que descendants de Gregor McGregor.
Ce n'est qu'un aperçu des conclusions de ce rapport. Il y a beaucoup d'autres exemples comme celui‑ci. J'ai inclus ce rapport dans mon mémoire pour ma comparution d'aujourd'hui. J'espère sincèrement que vous prendrez le temps d'examiner l'information et les conclusions pendant l'étude du projet de loi . C'est pourquoi les Premières Nations de l'Ontario et de partout au Canada, la Fédération Métisse du Manitoba et même les dirigeants du Ralliement national des Métis ont de sérieuses préoccupations au sujet des revendications de la NMO selon lesquelles elle représente des gens qui proviennent de communautés métisses historiques. Aucun membre de la NMO ne devrait être reconnu dans le projet de loi C‑53.
De plus, j'aimerais ajouter à ce rapport celui de Jean Teillet, qui représente la firme...
:
[
Le témoin s'exprime en anishinaabemowin.]
[Traduction]
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord. Je m'appelle Francis Kavanaugh. Je suis de la Première Nation Naotkamegwanning et je suis ogichidaa ou grand chef du Grand Council Treaty No.¦3.
C'est un honneur pour moi de comparaître devant vous aujourd'hui pour vous faire part des préoccupations de la nation Anishinaabe du Traité no¦3 concernant le projet de loi C-53.
Le Grand Council Treaty No.¦3 est le gouvernement traditionnel de la nation Anishinaabe du Traité no¦3, qui comprend 26¦Premières Nations du nord-ouest de l'Ontario et deux Premières Nations du sud-est du Manitoba. Nous sommes une nation ayant une langue commune, l'anishinaabemowin. Nous avons en commun l'histoire de la création du groupe le plus important d'Anishinaabe qui vit sur l'île de la Tortue, qui a des milliers d'années, et l'histoire de la migration qui a façonné la création de notre nation aux confins de la terre où les eaux coulent vers le nord dans le bassin arctique, et qui remonte aussi loin que 1 200 ans avant Jésus-Christ.
Ce projet de loi comporte de nombreux aspects préoccupants dont nous pourrions discuter. Je me concentrerai aujourd'hui sur les préoccupations directement liées au Traité no 3.
De notre point de vue, ce projet de loi ne doit pas être adopté. Dans le contexte des ententes antérieures entre le Canada et la nation métisse de l'Ontario, ce projet de loi offre une voie d'accès législative vers la réouverture du Traité no 3, sans notre participation ni notre consentement. Ce projet de loi repose sur une réécriture de l'histoire de notre territoire, Manito Aki. Il crée de nouveaux droits en vertu de l'article 35 dans les 55 000 milles carrés visés par le Traité no 3, sans aucun fondement historique ou factuel justifiant une telle concession.
Pour ce qui est des malentendus concernant le Traité no 3, nous avons plusieurs luttes avec la nation métisse de l'Ontario et ses revendications selon lesquelles elle représente des descendants du Traité no 3. Ces luttes sont fondées sur des récits concernant une adhésion au Traité no 3 remontant à 1875. Cette fausse représentation découle d'un mot raciste décrivant certains Anishinabes. Je parle ici du terme « sang-mêlé ». Il est clair que le Traité no 3 ne vise que deux peuples, les Britanniques et les Anishinabes, devant le Créateur.
Les Euro-Canadiens, selon leur croyance de la supériorité raciale, ont décrit nos parents anishinabes uniquement parce que cela faisait ressortir la présence de sang blanc. La politique britannique a permis à ces Anishinabes de travailler à salaire dans des postes de traite des fourrures.
Voici un premier fait: il y a des personnes ayant un lien culturel métis réel qui ont épousé des Anishinabes bien après 1873, l'année 1873 étant une date clé pour l'arrêt Powley de la Cour suprême du Canada. De nos jours, plusieurs citoyens de la nation anishinabe ont une diversité d'origines raciales. Nous sommes une nation inclusive et nous l'avons toujours été en raison de nos lois sur la citoyenneté.
Voici un deuxième fait: la Loi sur les Indiens a causé de nombreux problèmes, y compris celui auquel nous faisons face aujourd'hui. Les soi-disant « sang-mêlé » en 1873 ont été confirmés comme Anishinabes en 1875 en raison du Traité no 3, ainsi que des coutumes et de la loi sur la citoyenneté des Anishinabes. Cette adhésion de 1875 au traité est appelée «¦adhésion des sang-mêl馻.
La Loi sur les Indiens a par la suite donné naissance à des Indiens non inscrits au XXe siècle, en raison de la perception des Euro-Canadiens à l'égard de la caste, de la race et des politiques d'émancipation. Ces politiques coloniales ont séparé nos familles pendant beaucoup trop longtemps, aliénant nos ancêtres sans statut en vertu des dispositions racistes et d'exclusion de la Loi sur les Indiens.
Le Grand Council Treaty No 3 aimerait conserver les mêmes pouvoirs en matière de citoyenneté que ceux qu'il a exercés depuis des temps immémoriaux. Il faut comparer notre longue lutte pour l'autodétermination avec celle des soi-disant Métis de l'Ontario. Dans les années 1990, nous avons commencé à voir nos parents anishinabes non inscrits — nos parents qui ont perdu leur statut en raison des dispositions discriminatoires en matière d'émancipation de la Loi sur les Indiens, qui ont été jugées inconstitutionnelles à maintes reprises — se tourner vers les groupes métis pour obtenir des droits de chasse et de pêche et avoir une appartenance.
Si nous avions eu les moyens, nous aurions peut-être pu les aider dans leur lutte pour la justice et leur permettre de conserver leur statut et leur appartenance à nos Premières Nations, mais nous n'avions pas ces moyens‑là dans les années 1990. Notre pauvreté nous a empêchées d'intervenir alors que ces personnes luttaient pour obtenir le statut d'Indien et ont dû se résigner à utiliser l'identité de sang-mêlé de leurs arrière-grands-parents pour s'intégrer aux groupes métis.
Ces soi-disant sang-mêlé ne faisaient pas partie d'une communauté métisse distincte; ils faisaient partie de la nation anishinabe, ce qui a été confirmé dans les négociations de l'adhésion au Traité no 3 en 1873.
[Le témoin s'exprime en oji-cri.]
[Traduction]
Bonjour à tous. Je suis heureux d'être de retour ici sur les terres non abandonnées et non cédées de la nation algonquine.
Je m'appelle Alvin Fiddler et je suis le grand chef de la nation Nishnawbe Aski, l'un des organismes provinciaux ou territoriaux de ce qu'on appelle maintenant l'Ontario. Nous sommes l'un des plus grands OPT du pays, couvrant près des deux tiers de la province de l'Ontario. Il y a trois langues distinctes au sein de la nation Nishnawbe Aski, soit le cri dans l'est, l'oji-cri dans l'ouest et l'ojibwé dans le centre-sud.
Je me présente devant vous aujourd'hui pour réitérer notre position, que nous avons énoncée dans une lettre que nous avons envoyée au , le nouveau ministre des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, le 10 octobre. Le message de cette lettre était clair, c'est‑à‑dire demander au Canada de retirer le et dire qu'il était irresponsable de sa part de précipiter l'adoption du projet de loi sans consulter sérieusement les Premières Nations, sans s'assurer que les mesures prises étaient bien fondées et sans bien comprendre les conséquences.
La tentative actuelle du Canada de forcer l'adoption du projet de loi ne fera que nuire aux droits des Premières Nations pour les générations à venir, et je suis ici pour vous dire que cela risque d'avoir des conséquences sur notre relation avec vous. La Nation métisse de l'Ontario a fait de nombreuses déclarations publiques et a réitéré à maintes reprises auprès de nos communautés qu'elle souhaitait s'imposer sur les terres des Premières Nations et nous priver de nos droits. Compte tenu de cette réalité, que le Canada choisit d'ignorer, quel choix aurons-nous? Accorder des droits ancestraux ou issus de traités sur nos territoires à des groupes qui n'ont pas de droits légitimes amoindrit ces droits.
Ce que nous demandons, c'est de la transparence et des consultations sérieuses. Nous vous demandons également de faire preuve de diligence raisonnable à l'égard des revendications de la nation métisse de l'Ontario.
Je tiens à ce qu'il soit bien clair que nous ne sommes pas ici pour nous opposer aux droits légitimes des Métis, tels qu'ils ont été établis en vertu de critères juridiques rigoureux, par exemple dans l'arrêt Powley. Nous appuyons leurs aspirations à corriger les injustices historiques auxquelles ils ont fait face et les processus établis pour y arriver. Cela ne nous pose aucun problème.
Nous nous opposons cependant aux six nouvelles communautés métisses illégitimes en Ontario, représentées par la NMO. La reconnaissance de ces communautés est sans fondement, ne repose pas sur des faits et n'est pas étayée par des preuves généalogiques. L'une des six, la communauté métisse historique d'Abitibi Inland, est réputée être située sur le territoire visé par le Traité no 9. Cette communauté n'existe pas. Les communautés avoisinantes et leurs aînés n'ont jamais eu connaissance de son existence. En tant que membres de ce comité et ministres, je vous invite à la visiter — vous ne la trouverez pas. C'est une communauté fictive simplement créée pour faire valoir des droits qui n'existent pas. Je voulais être accompagné d'un aîné aujourd'hui pour témoigner à ce sujet, mais à cause du court préavis, il n'a pas pu venir.
Il y a un certain nombre d'autres choses qui nous préoccupent dans ce projet de loi, notamment l'affirmation des droits territoriaux des Métis, les futurs traités avec les Métis qui ont fait l'objet de discussions par les membres du gouvernement, les références non définies à des concepts comme les droits de mobilité et les activités accessoires à la récolte des ressources.
Dans les 15 dernières secondes qui me restent, je tiens à dire que j'espère que vous lirez tous les documents que nous vous avons remis, et je souhaite que vous reconnaissiez à quel point le fait que vous soyez ici en train d'envisager de reconnaître un autre groupe qui, à notre avis, n'est pas légitime, ou à tout le moins les règlements qu'ils revendiquent sur notre territoire, qui ne le sont pas, représente une attitude coloniale. Nous avons des traités — dont j'ai apporté des preuves ici — qui ont été signés par mes ancêtres et vos ancêtres. C'est la relation que nous voulons maintenir.
Meegwetch. Je vous remercie de m'avoir invité à participer à ce débat.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier tous d'être ici aujourd'hui. Vous avez tous des responsabilités et des rôles très importants, et c'est un honneur pour nous de vous recevoir ici comme porte-parole et pour avoir cette conversation avec vous, alors merci.
Plus précisément, Ogichidaa Kavanaugh, je tiens à vous transmettre les salutations d'. Il espérait être ici aujourd'hui pour discuter de cette question avec vous, mais il a eu un empêchement. Je vous salue donc en son nom.
Je vais commencer par Ogichidaa Kavanaugh. Dans un communiqué de votre bureau du 4 mai, il y avait un certain nombre d'éléments au sujet du manque de consultation et du fait que le chef Perrault, de Couchiching, avait écrit au en octobre dernier, et n'avait même pas obtenu de réponse. Vous avez mentionné cela. Vous avez ajouté que vous êtes tenus dans l'ignorance totale, alors que le Canada rouvre votre traité, et que cette conduite est déshonorante et tout à fait inacceptable. Je ne citerai pas l'ensemble du communiqué, simplement par manque de temps.
J'aimerais confirmer que vous avez expressément demandé au ministre de vous faire participer à ce dossier et que vous n'avez même pas obtenu de réponse. Est‑ce exact? Je veux m'assurer que c'est vrai.
:
Merci. Je ne veux pas vous interrompre, mais mon temps passe très vite et je veux poser une autre question.
Je vais m'adresser au grand chef Fiddler, mais je veux que le grand chef Hare et le chef McLeod soient prêts à répondre à cette question également.
Dans l'information que vous nous avez fournie, que vous nous avez demandé de lire — ce que j'ai fait —, il est question précisément de la communauté métisse historique d'Abitibi Inland. Le grand chef Fiddler y a fait allusion, le territoire de cette communauté chevauchant celui de plusieurs nations visées par le Traité no 9. Dans la documentation qui nous a été fournie, vous parlez des conséquences néfastes, y compris l'ingérence dans les droits issus de traités, la réduction des droits de récolte des ressources et la diminution des avantages qui vous sont accordés en vertu des ententes sur les répercussions et les avantages.
Je vais commencer par le grand chef Fiddler. Pouvez-vous nous expliquer davantage comment, selon vous, vos droits ont été touchés et la façon dont cela s'est déjà produit jusqu'à maintenant?
:
Merci à tous d'être ici. Je l'apprécie beaucoup.
Permettez-moi de dire aux autres membres du Comité qu'une grande partie de la circonscription que je représente est constituée du territoire traditionnel visé par le Traité no 3. Le siège social de la nation Nishnawbe Aski se trouve également dans la circonscription que je représente, et beaucoup de membres des communautés de la nation Nishnawbe Aski vivent à temps partiel ou à temps plein à Thunder Bay. Le seul représentant qui manque est celui de la Première Nation de Fort William, et je suis sûr qu'il a exactement le même point de vue sur la question.
Permettez-moi de dire que mon point de vue sur ce projet de loi reflétera en grande partie vos positions et vos opinions à ce sujet. J'ai donc très hâte d'entendre ce que vous avez à dire sur la question.
Dans ce contexte, j'ai une question pour le grand chef Kavanaugh.
Je crois comprendre, d'après votre déclaration préliminaire, que la nation anishinabe visée par le Traité no 3 est préoccupée par le fait que la nation métisse de l'Ontario a été renforcée, du moins en partie, à cause du problème des Indiens non inscrits créé par la Loi sur les Indiens, ces personnes ayant essentiellement pu acquérir l'identité de Métis leur donnant accès à des droits comme la chasse et la pêche.
Pouvez-vous m'aider à mieux comprendre le lien que cela a avec le projet de loi ? Vous l'avez déjà mentionné dans une certaine mesure. Ai‑je tort de croire que si vous aviez un mot à dire sur vos membres, vous préféreriez qu'un grand nombre de ces personnes, qui prétendent être des Métis, soient incorporées dans la nation visée par le Traité no 3?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier l'ensemble des témoins, MM. McLeod, Hare, Kavanaugh et Fiddler, d'être avec nous aujourd'hui. Je devrais dire que je remercie l'ensemble des témoins qui témoignent depuis le début de l'étude de ce projet de loi. En effet, et je tiens à le souligner, je crois que cette discussion est vraiment difficile pour l'ensemble des parties.
Monsieur Fiddler, tout à l'heure, par exemple, vous avez parlé de colonialisme. En tant que députés du Parlement canadien, nous avons, nous aussi, une sensibilité toute particulière à la chose. Nous sommes vraiment dans un endroit où il faut tenir ces discussions. Or, tous les témoins ont relevé un manque de discussions ou de consultations.
Vous avez soulevé de nombreux éléments. Nous nous faisons un peu les avocats du diable avec tous les témoins, et nous leur demandons quelles sont leurs positions et quelles recommandations ils veulent faire. À plusieurs reprises, vous avez parlé de consultations.
Vous dites que vous n'avez pas été consultés. J'aimerais donc savoir, s'il y avait eu des consultations, ce que cela aurait changé aux recommandations que vous souhaitez faire dans le cadre de ce comité.
J'invite évidemment l'ensemble des chefs régionaux et le chef McLeod à répondre à ma question.
:
Meegwetch. Je vous remercie de cette question.
Ce que nous voulons, c'est pouvoir prendre le temps d'examiner les faits et les données probantes pour déterminer qui sont nos véritables interlocuteurs. Jusqu'à maintenant, l'approche qui a été adoptée a consisté à « reconnaître d'abord et vérifier plus tard ». Ce que nous disons, c'est que nous voulons être présents à la table pour voir à qui nous nous adressons véritablement lorsque nous parlons de ce projet de loi, parce que, de notre point de vue, on ne sait pas exactement qui ces gens représentent. Certains d'entre eux sont en fait nos propres gens. Ils se servent de notre propre histoire pour essentiellement s'approprier l'identité d'une nation qui n'a jamais existé.
Oui, il y a des gens d'ascendance mixte. Oui, il y a des gens qui sont liés à nos nations, mais cela ne fait pas d'eux des Métis. Cela fait d'eux des membres de la société canadienne, ce qu'ils ont été pendant des générations, ou des membres de la nôtre, même s'ils ont été dissociés de nos nations. S'ils peuvent nous fournir des preuves, nous les accepterons volontiers comme citoyens au sein de nos nations.
:
Cela revient aux dirigeants et aux détenteurs de droits. Ce sont les chefs de nos communautés qui doivent avoir leur mot à dire sur qui appartient à nos communautés. Je sais pertinemment que s'il y a un cas, il y en aura beaucoup. Je connais quelqu'un qui est né et a grandi dans ma communauté. Cette personne est-elle métisse aujourd'hui? Non, cette personne n'est pas métisse. Cette personne appartient à la Première Nation M'Chigeeng. Les cas ne font que se multiplier. Vous pouvez imaginer combien de fois cela se produit.
Nous appuyons les détenteurs de droits légitimes — les Premières Nations, les Inuits et les Métis —, mais les groupes que représente la NMO ne sont en aucun cas légitimes.
J'ai entendu parler ici de droits, de droits de chasse et ainsi de suite. C'est un fait qu'ils ont demandé à venir dans notre communauté, et le chef leur a répondu: « Non. Nos réserves sont petites. Nous sommes juste assez nombreux. » Eh bien, ils ont dit: « Nous allons venir quand même. » Ils sont déterminés. Ce n'est pas ainsi que vous... Quelle que soit leur vision, ce n'est pas de cette façon qu'ils vont arriver à quelque chose, c'est‑à‑dire par la force.
Ce qui me heurte vraiment en tant qu'ancien chef de ma communauté, que grand chef, et que chef régional de l'Ontario maintenant, c'est la nécessité de consulter. Nous avons actuellement un gros problème en Ontario, parce qu'il n'y a pas eu de consultations. Nous ne voulons pas nous engager dans cette voie. Le bon sens doit nous guider. Pour nous, nation à nation signifie que nos Premières Nations, nos détenteurs de droits, doivent être assis à la table avec le gouvernement. J'ai demandé à des gens de la nation métisse de l'Ontario s'ils croyaient vraiment devoir être présents dans nos discussions avec le gouvernement concernant le financement, les accords de règlement ou de quoi que ce soit d'autre, s'ils avaient besoin d'être à cette table. Ils m'ont répondu: « Absolument » —, ce qui n'est pas la bonne réponse.
Notre histoire en est une de nation à nation, entre nous et les gouvernements fédéral et provinciaux — personne d'autre. Il n'y a pas de données probantes. Tout ce que nous demandons, au nom des dirigeants de tout le pays, d'un océan à l'autre, c'est de mettre cela en veilleuse. Asseyons-nous à des tables comme celle‑ci et voyons où nous pouvons aller. On ne nous a pas donné cette possibilité.
Meegwetch.
:
[
La députée s'exprime en inuktitut et l'interprétation en anglais de ses propos est traduite ainsi:]
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
Ce dont vous parlez est très important pour nous tous en tant qu'Autochtones. Je comprends ce que vous ressentez, et je comprends qu'il s'agit d'une lutte pour nous tous. Si nos terres étaient gérées par des gens autres que nous, ce ne serait pas normal, alors il est bon d'entendre ce que vous avez à dire aujourd'hui.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi propose de reconnaître les droits de la nation métisse. La nation métisse veut que ses droits soient reconnus. Vous, comme Premières Nations, et nous, comme Inuits, avons nos droits. La nation métisse veut avoir les mêmes droits que les Premières Nations.
Pouvez-vous nous dire si vous croyez que la nation métisse a ses propres droits? Fait-elle partie des peuples autochtones du Canada? Est-elle mentionnée dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones? Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet?
Merci.
:
Je n'ai rien contre les Métis. Ce que j'ai de la difficulté à comprendre, c'est pourquoi nous sommes exclus des discussions qui se tiennent. Il semble que les deux ordres de gouvernement permettent aux Métis d'aller de l'avant avec la signature de ces ententes dans notre dos, sans que nous soyons consultés, et ce genre de choses.
De plus, je tiens à souligner que les droits acquis en vertu de l'article 35 ne sont pas les mêmes que ceux qui ont été confirmés lors de la signature des traités. Ce n'est pas la même chose. De plus, lorsque les Métis disent qu'ils vont acquérir des droits issus de traités et qu'ils vont appeler leurs accords des « traités », pour moi, il ne s'agit pas de traités. Il s'agit essentiellement de protocoles d'entente, et le protocole d'entente est le document juridique le moins contraignant. C'est le problème que je vois.
Chaque fois que nous lançons une initiative sur notre territoire, par exemple, pour ce qui est de notre développement économique, nos communautés ne peuvent pas avancer aussi rapidement qu'elles le voudraient parce que les Métis interviennent et disent qu'ils veulent faire partie des discussions. Mais ils n'ont aucun droit. Ils n'ont pas de territoire, ni rien de tout cela. C'est le problème que je vois.
Meegwetch.
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Je crois qu'il y a deux aspects. Cette reconnaissance amènera plus tard à d'autres choses qui auront une incidence sur nous, mais cela nous touche aussi maintenant — cette reconnaissance —, parce qu'ils ont déjà ces prétentions. Ce n'est pas seulement pour l'avenir. Cela se passe maintenant. Ils reçoivent de l'argent de la province pour l'éducation. Ils reçoivent de l'argent pour la protection de l'enfance. Ils obtiennent des fonds pour le logement social. Tout cet argent est destiné aux peuples autochtones.
Ce que nous disons, c'est que cela consacre davantage leur position et leurs droits en vertu de l'article 35, sans que soit exercée une diligence raisonnable, sans que l'on s'assure que les gens à qui on accorde ces droits sont vraiment ceux qui les méritent. Certains d'entre eux le méritent, à l'intérieur de nos communautés et de nos Premières Nations, et ils devraient être reconnus, mais de le faire en prétendant être Métis n'est vraiment pas la bonne façon de procéder.
Même le Ralliement national des Métis a de la difficulté à définir qui il représente exactement, tout comme les fédérations métisses du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta. À ma connaissance, aucune de ces organisations ne reconnaît qu'il s'agit de Métis du Canada.
Ce que nous disons, c'est que cela se produit maintenant, et cela se produira aussi à l'avenir. La lutte deviendra de plus en plus difficile pour nous, parce qu'il sera statué dans la loi canadienne que ces gens, légitimement ou non, sont reconnus comme un groupe autochtone sur notre territoire.
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Je vous remercie de votre question et de me donner l'occasion de parler de cet enjeu très important.
Je n'ai pas beaucoup de temps pour me rendre à Ottawa pour des rassemblements ou des audiences de comité. J'étais à Kingfisher Lake lundi, où une jeune fille de 11 ans s'est enlevé la vie. Je m'occupe de l'incendie d'une maison à Deer Lake, où trois personnes ont perdu la vie la semaine dernière. Je fais face à une crise de suicide, une crise de santé mentale et une épidémie de drogue. Ce sont mes priorités en tant que grand chef de la NAN.
Cette question s'ajoute aux problèmes que j'ai déjà. J'espère que vous nous écouterez et que vous lirez les documents. Ce projet de loi ne peut pas aller de l'avant. Nous pouvons parler d'amendements possibles, mais je ne sais pas où cela nous mènera.
J'ai parlé de notre relation ici même. Mon défunt père a été témoin de l'adhésion au Traité no 9 à Big Trout Lake. C'est ce dont il m'a parlé. C'est la relation entre ma nation et la Couronne que vous représentez, la relation que nous voulons maintenir. Cependant, si vous voulez reconnaître un autre groupe dans notre région, vous feriez mieux de nous en parler d'abord, et nous devons nous entendre sur la façon dont cela se fera.
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Chers collègues, bienvenue à notre deuxième groupe de témoins.
Nous accueillons aujourd'hui par vidéoconférence la grande cheffe Catherine Merrick, de l'Assemblée des chefs du Manitoba. Bienvenue, cheffe Merrick.
Nous recevons aussi M. Jason Batise, directeur exécutif du Wabun Tribal Council.
Nous allons passer directement aux déclarations préliminaires. Vous avez cinq minutes. Je vais vous donner un avertissement de 30 secondes avant la fin avec un carton jaune et le signal de vous arrêter avec un carton rouge. Ne vous interrompez pas au milieu d'une phrase, mais terminez votre intervention. Nous avons beaucoup de questions à poser et de discussions à tenir, et le processus est un peu strict. Je vous demande d'être patients avec nous.
J'aime toujours commencer par nos témoins en ligne, pendant qu'ils sont bien branchés.
Grande cheffe Merrick, lorsque vous serez prête, vous avez la parole pour votre déclaration préliminaire de cinq minutes.
[Le témoin s'exprime en cri.]
[Traduction]
Je tiens à remercier les membres du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord de me donner l'occasion de parler de l'objet du projet de loi C‑53.
Dans ma présentation d'aujourd'hui, je vais aborder l'impact du projet de lo sur les droits individuels et collectifs des Premières Nations. Par mes observations, je tiens à exprimer la vive inquiétude des Premières Nations du Manitoba au sujet du mépris du gouvernement fédéral à l'égard des droits inhérents et issus de traités des Premières Nations. Compte tenu des contraintes de temps, je vous renvoie à mon mémoire pour obtenir des précisions sur le respect par le projet de loi des principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Avant le contact avec les Européens, les Premières Nations vivaient depuis des temps immémoriaux sur les terres que l'on appelle aujourd'hui le Canada, avec leurs propres lois et leurs droits uniques issus du Créateur. Les Premières Nations du Manitoba ont depuis exercé leur propre souveraineté aux côtés de celle que la Couronne a assumée par l'entremise de traités négociés et dans le respect de notre souveraineté nationale.
Les Métis, dont bon nombre sont des membres de notre famille, sont nés après le contact avec les Européens. Contrairement aux Premières Nations, ils ne vivaient pas sur ces terres depuis des temps immémoriaux, avec leurs propres lois et leur identité nationale. Par conséquent, la Cour suprême du Canada a reconnu la distinction entre les droits des Premières Nations et ceux des Métis prévus à l'article 35, au sujet de laquelle je donne également des détails dans mon mémoire écrit.
En proposant le projet de loi , votre gouvernement appuie la colonisation des Métis et poursuit une longue tradition de non-respect des droits des Premières Nations. Le projet de loi est simplement une autre façon pour le gouvernement canadien de poursuivre le projet de colonisation des Premières Nations.
Il est faux de prétendre que le projet de loi n'aura aucune incidence sur les droits des Premières Nations.
Premièrement, il y a la caractérisation trop large des droits des Métis énoncés dans des accords précurseurs qui seront reconnus par le projet de loi , qui font référence à une patrie historique de la nation métisse, qui comprend toutes les terres qui constituent maintenant le Manitoba. Cela pourrait permettre de reconnaître injustement les Métis en tant que titulaires de droits dans les territoires traditionnels et issus de traités des Premières Nations, avec lesquels ils n'ont aucun lien et sur lesquels ils n'ont aucun droit.
Toutes les Premières Nations du Manitoba ont conclu des traités avec la Couronne, c'est-à-dire les traités numérotés ou les traités antérieurs à la Confédération conclus avec les nations Dakota. L'un des éléments clés des traités numérotés était l'engagement solennel de réserver des terres à l'usage exclusif et au profit des Premières Nations, ainsi que le droit de récolte de ressources sur les territoires visés par un traité.
À ce jour, l'obligation de la Couronne de réserver des terres aux Premières Nations du Manitoba n'a toujours pas été respectée. Les Premières Nations continuent d'éprouver des difficultés à exercer pleinement leurs droits de récolte de ressources ou d'en être empêchées. Le projet de loi nuirait à la capacité des Premières Nations de s'acquitter de leurs obligations découlant des traités.
Les traités avec les Métis font obstacle au respect des traités des Premières Nations, avant même d'avoir été conclus. La preuve en est l'action intentée contre le Canada en 2021 par le Treaty Land Entitlement Committee...
Les traités avec les Métis font obstacle au respect des traités des Premières Nations, avant même d'avoir été conclus. La preuve en est l'action intentée contre le Canada en 2021 par le Treaty Land Entitlement Committee au nom des Premières Nations visées par les droits fonciers issus de traités relativement aux retards importants causés par la décision du Canada de consulter les Métis avant d'ajouter des terres aux réserves des Premières Nations. La sélection des terres de la Couronne, y compris les parcelles de terres de la Couronne de la Première Nation Wuskwi Sipihk, a été retardée par la revendication des Métis sur l'utilisation des terres. Si des traités sont conclus avec les Métis, il y aura d'autres conflits.
Deuxièmement, le projet de loi pourrait avoir une incidence sur les droits des Premières Nations en tentant de régir la reconnaissance de traités qui n'ont pas encore été conclus avec les sociétés de gestion collective métisses. Plusieurs Premières Nations du Manitoba ont des territoires traditionnels qui s'étendent sur ce qui est maintenant l'Ontario et la Saskatchewan — deux provinces directement visées par le projet de loi . Les frontières provinciales ont été établies de façon arbitraire et ne tiennent pas compte de la souveraineté et des droits territoriaux des Premières Nations, qui remontent à bien avant la création du Canada et de ses provinces.
Les Premières Nations n'ont reçu aucune indication de la part du Canada qu'elles seront entendues dans le processus d'élaboration des traités proposés avec les Métis pour s'assurer qu'ils ne porteront pas atteinte à leurs droits. Il est probable qu'il n'y aura pas de consultations futures avec les Premières Nations, étant donné qu'aucune consultation n'est prévue avec les Premières Nations du Manitoba au sujet du traité des Métis de la rivière Rouge. Au moment où je vous parle, cela ne s'est pas encore produit. Il n'y a jamais eu de consultation avec les OPT du Manitoba.
Les Premières Nations du Manitoba attendent depuis plus d'un siècle que leurs traités soient respectés, honorés et mis en œuvre par le Canada. En tant que partenaire de nos traités, le Canada devrait se concentrer sur la réalisation de ses promesses non tenues, plutôt que sur la conclusion d'autres traités à notre insu et sans notre consentement. Tant que nos traités sacrés ne seront pas pleinement respectés, aucun autre groupe ne devrait croire que le Canada honorera les nouveaux traités.
Pour ces raisons, l'Assemblée des chefs du Manitoba s'oppose fermement au projet de loi . Nous vous demandons, à vous, notre partenaire de traité, de veiller à ce que le projet de loi C-53 ne soit pas adopté.
[Le témoin s'exprime en cri.]
:
Bonjour, mesdames et messieurs. Je vous remercie d'avoir donné suite à ma demande de me présenter devant vous aujourd'hui.
Je m'appelle Jason Batise. Je suis le directeur exécutif du Wabun Tribal Council à Timmins. Je représente six Premières Nations du Nord-Est de l'Ontario.
Je suis ici aujourd'hui parce que le Canada ne nous a pas consultés au sujet du projet de loi et nous a dit que cela ne nous regardait pas. Les répercussions sur nos terres et notre mode de vie font en sorte que cela nous concerne beaucoup. Les droits des groupes métis légitimes devraient être protégés, mais ce n'est pas ce que fait ce projet de loi. Ce projet de loi ouvre la porte à une vague de revendications illégitimes de prétendus droits par les Métis en Ontario.
Le Wabun Tribal Council et les communautés qu'il représente se concentrent sur la protection de notre peuple et de nos terres, que nous occupons depuis des temps immémoriaux. L'un des principaux moyens utilisés par les communautés Wabun pour y arriver est le développement économique et la réconciliation avec l'industrie. Nous faisons probablement l'objet des activités d'exploration minière les plus intenses au pays. Nous avons actuellement 10 mines exploitées sur nos terres traditionnelles, et trois nouvelles mines sont en cours de développement. Nous traitons également plus de 80 permis d'exploration minière par jour.
Dans notre territoire, nous avons créé un modèle qui fonctionne à la fois pour les Premières Nations et pour l'industrie et qui procure des avantages à nos communautés et à tous les Ontariens. Le projet de loi perturberait gravement nos relations avec l'industrie en permettant à la NMO de créer des communautés illégitimes ayant des droits sur notre territoire en vertu de l'article 35 — des groupes illégitimes qui exigent déjà une rétribution de l'industrie pour les répercussions sur nos terres.
Les droits ancestraux ne sont pas abstraits. Ils sont liés à la terre. Le Canada ne devrait pas créer un processus de traité pour des entités qui n'ont pas de droits légitimes. Il est ridicule de prétendre qu'il y a des communautés conformes à l'arrêt Powley sur notre territoire. La NMO ne cesse de répéter qu'elle a des processus d'enregistrement indépendants et conformes à l'arrêt Powley. C'est faux. Il ne peut pas y avoir de conformité à l'arrêt Powley, parce que ces prétendues communautés historiques n'ont jamais existé. Le projet de loi reconnaîtrait les prétendues communautés métisses de notre territoire comme des titulaires de droits en vertu de l'article 35, alors que nous savons qu'elles ne le sont pas. Nous le savons parce que ce sont nos terres. Nous sommes ici depuis des milliers d'années.
Nous le savons aussi parce que nous avons fait des recherches. Nous avons engagé des experts de premier plan pour examiner les revendications du groupe sur notre territoire. Il ressort très clairement que les revendications des communautés de la NMO sur le territoire Wabun sont tout simplement fausses. Nous avons transmis le document au Comité, mais vous pouvez également le trouver sur notre site Web. Nous n'avons rien à cacher. Selon les Métis de la rivière Rouge, les communautés de la NMO sont frauduleuses, fabriquées de toutes pièces et ne font pas partie de la nation métisse, alors nous ne sommes pas les seuls à le dire. Il s'agit de la Nation métisse du Manitoba et du peuple de la rivière Rouge. Le Ralliement national des Métis lui-même entreprend un processus avec un groupe d'experts pour examiner la légitimité des revendications de la NMO.
En tant que Premières Nations, nous savons tout au sujet de nos terres. Il n'est pas crédible que nous n'ayons jamais remarqué que tout un autre groupe d'Autochtones vit là où nous vivons. Nous ne comprenons pas pourquoi le Canada rejette les préoccupations des Premières Nations. Le Canada refuse de nous parler sérieusement ou de divulguer quelque information que ce soit sur le fondement juridique du projet de loi.
Nous sommes également préoccupés par la façon dont le projet de loi est rédigé. Si vous examinez l'article 8 et l'annexe du projet de loi, vous constaterez qu'il n'y a aucune définition, aucune restriction apparente ou aucune clarté quant à la reconnaissance des « collectivités métisses » en Ontario, sauf le fait que cette reconnaissance relève de la NMO. Ce n'est pas comme donner aux Premières Nations le contrôle de leurs membres, ce que nous n'avons pas. C'est comme donner à l'APN ou aux chefs de l'Ontario le pouvoir de créer unilatéralement de nouvelles Premières Nations. Le Canada rejette quand même nos préoccupations en disant de ne pas nous inquiéter et qu'il s'agit seulement de questions internes.
Le projet de loi crée un processus de traité pour la NMO. C'est une question de territoire. Les représentants de la NMO m'ont regardé droit dans les yeux et m'ont dit que les terres situées à côté de ma collectivité, la Première Nation de Matachewan, leur appartiennent. Ils ont contesté notre revendication des droits fonciers issus de traités et nous ont demandé de leur permettre d'utiliser nos terres parce qu'elles leur appartiennent. La NMO a déjà présenté des demandes intrusives sur notre territoire, tentant de retarder des projets auxquels nous avions déjà consenti, afin d'obtenir de l'industrie des ententes scandaleuses sur les avantages. Margaret Froh a déclaré publiquement qu'il ne peut y avoir de développement du transport d'électricité en Ontario sans une participation au capital de la NMO.
Les conséquences à long terme de ce projet de loi seront catastrophiques pour nos communautés et pour l'industrie. Une fois que la NMO aura une plateforme juridique, il y aura une augmentation massive du fardeau financier pour l'industrie en ce qui concerne le coût de la consultation avec un groupe illégitime, le coût de la réponse aux demandes de ce groupe et la probabilité d'un litige important de la part de la NMO. Le Canada sème le germe de générations de conflits inutiles en refusant de nous consulter.
Le Canada n'a pas réfléchi aux conséquences de cette situation. Si notre partenaire de traité pense qu'il peut modifier unilatéralement les promesses qu'il nous a faites dans le Traité no 9 et céder des droits à un groupe illégitime, il y a une autre réflexion qui s'en vient. Vous ne comprenez pas ce que vous faites, et nous vous implorons de mettre ce projet de loi en veilleuse et de nous consulter.
Meegwetch.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos deux témoins d'être là aujourd'hui. Nous vous sommes reconnaissants de votre temps et de la passion que vous inspire le défi auquel nous faisons face.
Monsieur Batise, j'ai parlé de ceci avec le grand chef Fiddler au cours de la dernière heure, mais j'aimerais poursuivre la discussion avec vous également. La revendication territoriale de la communauté métisse historique de l'intérieur de l'Abitibi est de loin la plus importante de la NMO, la Nation métisse de l'Ontario. Elle couvre un vaste territoire dont la superficie approximative correspond à peu près à celle du Nouveau-Brunswick. Vous nous avez fourni cette carte qui montre le chevauchement des différents territoires, qu'occupent plusieurs Premières Nations. « La reconnaissance par l'Ontario en 2017 a eu des conséquences préjudiciables pour les Premières Nations de la région visée par la revendication de la NMO ». C'est dans la documentation que vous nous avez fournie.
Ma question est très simple. Pouvez-vous nous donner des exemples très concrets des trois éléments dont vous parlez, soit l'ingérence de la NMO dans l'exercice de ses droits issus de traités et de ses droits inhérents, et en particulier des droits fonciers issus de traités; la réduction des droits de récolte; et la diminution des avantages accordés par l'entente sur les répercussions et les avantages? Pouvez-vous me donner brièvement quelques exemples précis de ce qui se trouve dans votre mémoire?
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À l'instar de la grande cheffe du Manitoba, nous avons dû consulter la Nation métisse de l'Ontario au sujet de nos droits fonciers issus de traités qui se trouvaient tout près de notre réserve, sur des terres adjacentes. Ce ne pourrait pas être plus simple. Quatre milles carrés de plus à côté d'une nation dans la partie éloignée du nord-est de l'Ontario... Nous avons consacré deux ans, presque trois, à un exercice de consultation inutile avec un groupe illégitime qui n'était pas présent dans cette région, une consultation qui a trahi une promesse de traité vieille de 120 ans qui n'a pas été incluse dans nos droits issus de traités.
Du côté minier, il y a à peine deux semaines, en discutant avec les dirigeants de Newmont, les représentants locaux de la Nation métisse de l'Ontario à Timmins ont dit à Newmont qu'ils n'approuveraient pas les travaux de consolidation de leur barrage de stériles miniers, pour éviter une catastrophe environnementale en attente d'éclater, à moins d'avoir une entente. Non seulement ils se sont ingérés dans l'entente que nous avons déjà avec Newmont, mais encore ils sacrifient l'environnement pour des avantages économiques. Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, parlez‑en donc aux gens et aux dirigeants de Newmont Mining.
Enfin, à mesure que de plus en plus de ces membres, ces membres illégitimes, s'amènent sur notre territoire, il y a moins d'animaux. Ils sont partout et ils chassent sans égard à nos droits issus de traités. Je les connais. Je vis à côté d'eux. Je connais des gens de la NMO qui ont les cartes. C'est ce qu'ils font tout le temps. En toute impunité. Et ce n'est pas correct.
Cela nous a été promis dans le Traité no 9. Ce gibier, ces animaux, appartiennent aux gens, à mes ancêtres et à personne d'autre. Ils ne sont pas légitimes. Nous avons fait nos recherches.
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J'aimerais croire que je suis une personne raisonnable et qu'on doit pouvoir discuter de ce qui est réel et de ce qui ne l'est pas pour aller de l'avant, mais ce projet de loi ne peut pas être la bonne formule. Ce ne saurait être la reconnaissance ouverte d'une vaste nation métisse en Ontario. Ce n'est pas cela. Commencez par faire vos devoirs. Comme le chef McLeod l'a mentionné, commencez par établir de qui vous parlez.
Bon nombre des personnes qui figurent sur cette liste — vos recherches le confirment — sont d'anciens chefs de nos communautés et leurs descendants. Je ne parle pas d'il y a 100 ans. Je parle des gens d'il y a 50 ou 60 ans. Ce sont des gens que j'ai connus, qui sont passés au monde de l'Esprit. On voudrait les faire reconnaître comme Métis, alors qu'ils étaient chefs de communautés des Premières Nations.
Comment faire la quadrature du cercle? Voulez-vous en parler d'abord, avant de décider si c'est légitime ou pas? Si c'est cela, comment allons-nous nous y prendre? Si le critère est Powley, comme mon bon ami Scott McLeod l'a dit, réglons la question. Parlons de Powley. Parlons de la petite collectivité de Sault-Sainte-Marie. Prenons cette petite collectivité et disons qu'elle forme tout l'Ontario. C'est exactement ce qui s'est passé. Un groupuscule de Métis a prouvé ses droits à Sault-Sainte-Marie et, tout à coup, il est partout. Je ne comprends pas.
On a demandé à mon père, un aîné de 85 ans de notre communauté, s'il se souvenait s'il y avait des Métis. Mon père parle couramment l'ojibwé. Il n'a pas la moindre idée de ce dont nous parlons. J'aimerais que vous lui posiez la question. Il n'a pas pu être ici aujourd'hui, comme il le souhaitait.
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Merci, monsieur le président.
J'ai plusieurs questions à poser à Mme Merrick et à M. Batise. Je vais d'abord les poser à M. Batise.
Je vous remercie d'être ici. Je vais vous poser trois questions. Si nous manquons de temps, vous pourrez peut-être y répondre par écrit par la suite.
Le mot « illégitimité » revient souvent dans vos propos. Plus tôt, au cours de la première heure de témoignage, il a aussi été utilisé. Vous avez aussi parlé de l'arrêt Powley et de qui devait décider de la légitimité. On peut en parler de façon très générale.
Ensuite — je procède de façon objective —, vous dites que le gouvernement commet une erreur en déposant ce projet de loi. Comment en est-il venu à commettre cette erreur? Pourquoi dépose-t-il ce projet de loi?
J'aimerais aussi que vous nous parliez de l'iniquité, que vous avez également mentionnée à plusieurs reprises; l'iniquité pour les Métis et les Premières Nations sur le plan des droits concrets, tangibles, sur le territoire.
Je vous lance d'abord la question de la légitimité, monsieur Batise.
:
Quelqu'un dans cette salle aurait peut-être dû faire le travail que nous avons fait, sans s'en remettre aux membres de la nation même qui veut avancer. Ils vont vous dire ce qu'il faut pour arriver là où ils veulent. Vous ne pouvez pas les blâmer; ils travaillent dans leur propre intérêt.
Nous avons fait notre propre recherche sur la patrie abitibienne. Le petit Wabun Tribal Council a dépensé environ un quart de million de dollars avec des experts universitaires pour examiner son propre registre afin d'établir le lieu d'où il pense que viennent nos Métis, et il se trouve qu'ils ne sont pas de là. Nous avons étudié le cas de 22 de ses dirigeants et de ceux qui disent venir de l'Abitibi; or, pas un seul d'entre eux ne vient de là. Alors, comment obtiennent-ils leurs droits? Ils peuvent avoir des droits ailleurs, je suppose, s'ils viennent de la rivière Rouge, mais comment peuvent-ils avoir des droits fonciers à Timmins, à Matachewan, d'où je viens? Cela n'a aucun sens.
C'est pourquoi je parle de légitimité. Je ne parle pas des Métis qui ont des droits au Manitoba, d'où ils viennent. Je parle de ceux qui essaient d'établir des liens entre les sang-mêlés en faisant un tour de passe-passe et en commettant des erreurs lors de l'examen des archives historiques et en choisissant ce qui leur convient, quitte à écarter tout le reste. Même s'il est écrit « ojibwé » sous le mot, les sang-mêlés doivent être métis.
C'est là pour vous. Nous l'avons fourni au Comité. J'espère que vous l'avez lu, car c'est très révélateur. Je ne pouvais pas le croire quand je l'ai lu moi-même. Le travail de Robinson-Huron a été confirmé et il va en fait un peu plus loin que le nôtre, si bien que nous concluons que les revendications ne sont pas légitimes.
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Il vous reste 10 secondes.
Mme Lori Idlout: J'ai fini, monsieur le président.
Le président: D'accord.
Le temps alloué aux témoins est écoulé.
Grande cheffe Merrick, je suis désolé que nous n'ayons pas pu vous faire participer aux discussions. Si vous avez quoi que ce soit à ajouter au débat, n'hésitez pas à nous envoyer vos réponses par écrit. Nous voulions évidemment vous entendre. C'est seulement l'audio qui posait problème. N'hésitez pas à nous faire part de vos réflexions par écrit.
Monsieur Batise, je vous remercie de vous être joint à nous en personne aujourd'hui.
Chers collègues, avant de lever la séance, j'ai deux petits points sur lesquels je demanderais les directives du Comité.
Premièrement, conformément à notre entente, chaque groupe a droit à deux témoins. La Fédération métisse du Manitoba doit comparaître mardi. Elle a demandé d'être accompagnée d'un troisième témoin. Cette personne participerait aux cinq minutes de la déclaration préliminaire.
Notre motion de régie interne ne prévoit que deux témoins. C'est en partie à cause des répercussions financières. Nous devons déjà répondre au sous-comité du Comité de liaison pour justifier notre budget, qui dépasse ce que nous recevons normalement pour une étude. Cela augmenterait davantage ce budget. Ce serait également incompatible avec le traitement que nous avons accordé à d'autres organisations, que nous avons limitées à deux témoins. Compte tenu de la nature de cette étude, dans le cadre de laquelle beaucoup de gens et d'organisations aimeraient s'exprimer, cela irait à l'encontre du message que nous avons transmis aux autres témoins.
J'aimerais que le Comité nous dise si nous devrions permettre un troisième témoin ou nous en tenir à deux témoins seulement, comme pour les autres organisations. Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?
Vous avez la parole, monsieur Battiste, puis M. Schmale.