:
Bonjour à tous. La séance est ouverte.
Bienvenue à la 110 e réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord de la Chambre des communes.
Je tiens d'abord à souligner que nous nous réunissons sur le territoire ancestral et non cédé du peuple algonquin anishinabe. Nous sommes reconnaissants de pouvoir accomplir ce travail important sur les terres dont il est le gardien depuis des temps immémoriaux.
Comme c'est la première fois que je préside le Comité, je tiens à dire que c'est vraiment un honneur d'être de retour au Comité et de travailler avec vous tous. J'ai beaucoup aimé mon dernier passage au Comité, et j'ai hâte de travailler avec vous.
Des députés: Bravo!
Le président: Aujourd'hui, conformément à l'article 81(4) du Règlement, le Comité se réunit d'abord pour étudier le budget principal des dépenses pour l'exercice se terminant le 31 mars 2025, renvoyé au Comité permanent des affaires autochtones et du Nord: crédit 1, Station canadienne de recherche dans l'Extrême-Arctique; crédits 1, 5, 10 et L15, ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord; et crédits 1, 5 et 10, ministère des Services aux Autochtones.
Avant de commencer, j'aimerais demander à tous les députés et aux autres participants en personne de consulter les cartes sur la table pour prendre connaissance des consignes pour éviter les incidents de retour de son.
Veuillez prendre note des mesures préventives suivantes qui ont été prises pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, les interprètes y compris. Veuillez n'utiliser que les oreillettes noires approuvées. Il ne faut plus utiliser les anciennes oreillettes grises. Veuillez garder votre oreillette loin des microphones en tout temps. Lorsque vous n'utilisez pas votre oreillette, veuillez la placer sur l'autocollant prévu à cet effet sur la table.
Je vous remercie de votre collaboration.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride. Conformément à la motion de régie interne du Comité relative aux tests de connexion pour les témoins, j'informe le Comité que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
Je vous rappelle qu'il est interdit de prendre des photos lorsque le Comité siège.
Sur ce, j'aimerais souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins aujourd'hui. L'honorable Gary Anandasangaree, ministre des Relations Couronne-Autochtones, est ici. Nous accueillons aussi des représentants du ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord: Valerie Gideon, sous-ministre; Martin Reiher, sous-ministre adjoint principal, Traités et gouvernement autochtone; Garima Dwivedi, sous-ministre adjointe, Résolution et Partenariats; Georgina Lloyd, sous-ministre adjointe, Affaires du Nord; Bruno Steinke, directeur principal, Unité de la Consultation et de l'Accompagnement; et Darlene Bess, dirigeante principale des finances, des résultats et de l'exécution.
Sur ce, je cède la parole à notre premier témoin.
Monsieur le ministre, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Kwe kwe.
Ullukkut.
Tansi.
Hello. Bonjour.
[Français]
Je tiens tout d'abord à souligner que le Parlement du Canada est situé sur le territoire traditionnel non cédé du peuple anishinabe algonquin.
Chers collègues, je suis heureux de vous retrouver, ainsi que les fonctionnaires, au sein de ce comité.
[Traduction]
Je veux remercier l'ancien président du Comité pour le travail qu'il a accompli tant à titre de député que de président.
Je tiens à vous féliciter, monsieur le président, Patrick Weiler. Il me tarde de voir ce qu'accomplira le Comité sous votre gouverne.
J'aimerais commencer en répétant ce que j'ai déjà dit: la réconciliation n'est pas une destination, c'est un parcours qui s'étend sur plusieurs générations et qui nécessite un engagement à long terme. Cela suppose des investissements soutenus et permanents, dont nous parlerons aujourd'hui dans le cadre du budget principal des dépenses.
Les 94 appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, ainsi que la , adoptée récemment, et la , continuent de soutenir notre parcours vers une ère de relations renouvelées avec les peuples autochtones. Une ère marquée par la reconnaissance et le soutien des peuples autochtones dans la poursuite de leurs objectifs et par la résolution des injustices historiques, notamment au moyen de règlements financiers.
[Français]
Nous progressons sur la voie de l'équité et de l'espoir. Les investissements en faveur des peuples autochtones annoncés dans le budget nous aideront à avancer dans cette voie.
[Traduction]
Comme vous le savez, le budget principal des dépenses correspond à la première étape du cycle financier et ne comprend pas les fonds prévus par les investissements du budget de 2024; ceux‑ci seront inclus dans d'autres budgets des dépenses.
Cette année, le budget principal des dépenses du ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord s'élève à 10,9 milliards de dollars, ce qui constitue une augmentation nette de 1,8 milliard de dollars par rapport à l'année dernière. Cette augmentation est principalement attribuable à un niveau de financement supérieur pour le règlement de revendications et de litiges. Nous ne pouvons pas effacer les erreurs du passé, mais nous pouvons chercher à réparer les torts causés par le passé colonial du Canada.
C'est la clé, à mon avis, pour rétablir la confiance et aller de l'avant, notamment en ce qui a trait à la restitution des terres, aux avantages agricoles et à la progression de la réconciliation économique par l'investissement dans des solutions dirigées par les Autochtones. Nous prévoyons d'utiliser ces fonds pour accélérer le règlement des revendications, comme dans le cas de celles relatives aux avantages agricoles au titre de la stratégie de règlement accéléré. Rien que l'année dernière, nous avons réglé neuf de ces revendications pour un montant total de 975,4 millions de dollars, pour des communautés comme la Première Nation de Pine Creek et la Première Nation d'English River.
Alors que nous réparons les torts du passé, nous devons garder le cap sur l'avenir: là où les droits des peuples autochtones sont respectés et où ils ont la responsabilité de leur gouvernance, de leur autonomie gouvernementale, de leurs terres, de leurs eaux et de leurs enfants. Dans cette optique, j'ai pu constater à quel point les traités modernes ont la capacité de produire des résultats concrets. À cet effet, 2,2 milliards de dollars seront consacrés à la gestion et à la mise en œuvre d'ententes et de traités, dans le but de conclure 93 arrangements supplémentaires d'ici mars 2025.
Je pense notamment aux traités modernes que nous espérons signer dans un avenir très rapproché en Colombie‑Britannique, lesquels amélioreront concrètement la vie des membres de ces communautés. Mais la signature d'ententes à elle seule ne peut pas redonner confiance. Depuis plus de 20 ans, les partenaires réclament une surveillance indépendante pour s'assurer que nous tenons les promesses faites dans les traités. Le 2 mai, un pas a été fait en ce sens lorsque le a annoncé la création du poste de commissaire chargé de la mise en œuvre des traités modernes. Parallèlement au Conseil national de réconciliation, cette initiative constitue un pas de plus vers la responsabilisation du gouvernement alors que nous poursuivons notre démarche.
J'aimerais prendre un moment pour passer en revue les investissements du budget de 2024 qui ne figurent pas dans le budget principal des dépenses. Ils contribueront à notre travail de nation à nation avec les communautés.
Il y a 918 millions de dollars pour le logement et les infrastructures, dont 62 millions pour les Premières Nations autonomes et les Premières Nations signataires de traités modernes, 370 millions pour les communautés inuites, et 60 millions pour les Métis.
Il y a 96 millions de dollars pour localiser, répertorier et commémorer les lieux de sépulture sur les sites d'anciens pensionnats, et pour lutter contre les effets néfastes du déni de la réalité des pensionnats autochtones; plus de 21 millions de dollars pour des initiatives liées aux femmes et filles autochtones disparues et assassinées, comme la conception d'un système d'alerte Robe rouge; et plus de 12 millions de dollars pour outiller les jeunes autochtones, comme le demande l'appel à l'action no 66.
Il y a un programme de garantie de prêts de 5 milliards de dollars pour soutenir la participation des communautés autochtones aux projets liés aux ressources naturelles et à l'énergie.
D'où nous nous trouvons aujourd'hui, il n'y a qu'une direction possible: droit devant. La réconciliation est une voie à sens unique. Cela signifie que nous devons continuer à agir, et continuer à augmenter les investissements. Depuis 2015, les investissements dans les priorités autochtones ont triplé. Depuis 2015, les peuples autochtones ont un partenaire au sein du gouvernement fédéral; un partenaire qui accepte de les rencontrer et qui les aide à faire avancer leurs priorités, comme retrouver leurs femmes, leurs filles et les personnes bispirituelles disparues et assassinées et réclamer justice pour celles dont la vie a été volée.
J'ai hâte de discuter avec vous aujourd'hui.
Meegwetch. Qujannamiik. Marsi. Thank you. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue, monsieur le ministre. Je vous remercie de vous joindre à nous et je vous suis reconnaissant d'être venu nous parler.
Je pense que vous savez quelles sont mes préoccupations au sujet du travail que nous menons dans les Territoires du Nord-Ouest. Comme vous le savez, les gouvernements autochtones des Territoires du Nord-Ouest ont très hâte de réaliser des progrès avec le gouvernement du Canada aux tables de négociation et dans le cadre des discussions relatives aux traités modernes.
Je n'ai pu m'empêcher de sourire lorsque je vous ai entendu dire que ces négociations s'étendaient sur plusieurs générations, parce que j'ai commencé à travailler sur les revendications territoriales dans mon coin de pays, dans les Territoires du Nord-Ouest, quand j'étais adolescent. J'aurai 65 ans dans quelques mois, et je ne m'attends pas à ce que l'on parvienne à une entente de mon vivant, alors c'est peut-être un travail que mes enfants poursuivront. Peut-être que mes petits-enfants en bénéficieront.
Il existe des préoccupations parce qu'on tente d'aller de l'avant dans le cadre d'une relation de nation à nation, mais une nation insiste pour que l'autre nation signe un document qui comprend une disposition disant qu'elle doit céder et abandonner ses droits. Je ne pense pas que ce soit très respectueux. Comme vous l'avez dit, le processus doit respecter les droits. Notre gouvernement insiste toujours sur une disposition de cession et d'abandon, et c'est quelque chose que de nombreuses nations n'accepteront jamais. Je vous ai dit, à vous et à tous les ministres avant vous, qu'il fallait se débarrasser de la politique sur les revendications globales et de la disposition qui est si offensante. Cette politique ne répond pas aux besoins des peuples autochtones, et ma première question est à ce sujet.
Êtes-vous en train d'élaborer de nouvelles politiques plus respectueuses avec certains gouvernements autochtones qui ont eu du mal à aller de l'avant, mais qui ne peuvent pas accepter cette politique? Y a‑t‑il une solution, avec une nouvelle approche et un nouveau processus, pour que les revendications territoriales et certaines ententes gouvernementales soient négociées, acceptées et mises en œuvre?
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Je vous remercie encore une fois.
Pour ce qui est des décisions prises par des organismes gouvernementaux indépendants, j'essaie, en ma qualité de ministre, de préciser davantage ce que signifient concrètement l'engagement, la consultation et l'élaboration conjointe. Je pense qu'il existe différentes interprétations, mais aussi différentes attentes de la part des communautés des Premières Nations qui, dans ce cas particulier, sont touchées.
Le travail se fait à une échelle beaucoup plus grande. Nous examinons la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et le plan d'action pour la mise en œuvre de la , qui a été publié l'an dernier, et travaillons avec les différents organismes qui ont l'obligation de mener des consultations. Il ne fait aucun doute qu'il faille remplir l'obligation de consulter dans ces situations, mais je pense que l'ampleur des consultations et le poids réel qu'on leur accorde sont souvent... Les gens ou les organismes sont dans une situation différente sur ce type de... et il n'y a pas de consensus.
Avec le ministère, j'essaie d'avoir une conversation plus large, où il y a une certaine harmonisation. Nous voulons qu'il y ait un alignement avec les attentes des Premières Nations, des Inuits et des Métis, dans le but d'obtenir une stratégie élaborée conjointement qui peut être appliquée partout. Cela n'arrivera pas du jour au lendemain.
Pour répondre à votre question, notre ministère et le ministère des Affaires du Nord s'efforcent, pas seulement dans ce cas particulier, mais de façon générale, d'assainir les sites contaminés. Notre plus grand projet d'assainissement touche la mine Giant dans les Territoires du Nord-Ouest, mais nous en avons de nombreux autres, plus petits, partout au Canada. Ils découlent de projets antérieurs; il s'agit de sites contaminés qui doivent être assainis. Grâce à un programme solide, nous examinons chaque site pour voir comment procéder à son assainissement. Le processus d'assainissement est donc en cours.
Nous ne voulons pas devoir agir après coup. Ce n'est pas l'idéal. Nous voulons être proactifs, et, à mon avis, il nous reste encore du travail en la matière.
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[
La députée s'exprime en inuktitut et l'interprétation en anglais de ses propos est traduite ainsi:]
Oui. Vous avez une tâche très importante qui vous attend. Avant que vous preniez place dans ce fauteuil, d'autres nous ont dit que les peuples autochtones du Canada sont très importants. Je suis certaine que nous aurons votre appui. Nous procéderons à beaucoup de changements, alors vous avez un rôle très important à jouer, et nous voulons travailler en étroite collaboration avec vous.
Les représentants des peuples autochtones ont besoin de réponses transparentes. Parfois, nos questions n'obtiennent pas de réponses, ou nous n'obtenons pas les réponses que nous cherchons, mais je suis persuadée que tout ira rondement à partir de maintenant.
Monsieur Anandasangaree, je vous remercie, vous et votre personnel, d'être avec nous. Vous êtes ministre et je vous respecte en tant que ministre. Je suis certaine que vous ferez de votre mieux pour faire du bon travail.
Voici la première question que je veux vous poser. Le Yellowhead Institute disait dans une lettre que la Commission de vérité et réconciliation avait mentionné dans un article que la mise en œuvre de ses recommandations pourrait prendre jusqu'à 58 ans, parce qu'elles contiennent beaucoup. À ce jour, 80 % ont été mises en œuvre.
Pouvez-vous nous expliquer comment vous en êtes arrivé à cette estimation de 80 %?
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Je vous remercie, et je tiens à souligner le travail que vous faites et le grand respect que j'ai pour vous.
Je pense que le pourcentage de 80 % est parfois mal interprété. Il s'agit de 80 % des éléments qui relèvent exclusivement de la compétence fédérale. C'est du travail qui n'est pas forcément terminé. On parle de travail soit terminé, soit commencé, alors, en fait, ce n'est pas tout à fait 80 %. Dans bien des cas, le travail a déjà commencé. Si nous prenons l'exemple de la protection de l'enfance, c'est un dossier dans lequel nous avons fait beaucoup de progrès. Le projet de loi a été adopté. Il y a eu une contestation judiciaire. Sept accords ont maintenant été conclus, et nous sommes en pourparlers avec d'autres nations pour en conclure d'autres.
Le travail est assurément en cours, mais il n'est pas terminé.
Il en va de même, par exemple, pour ce qui est du dossier des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées. L'un des appels à l'action était que nous lancions une enquête et que nous nous attaquions aux problèmes. L'enquête a été lancée en 2017. Il y a eu 231 recommandations ou appels à la justice. Le travail va bon train, mais il reste encore beaucoup à faire.
Je ne sais pas d'où vient ce chiffre de 58 ans, mais une grande partie du travail que nous faisons s'échelonnera parfois sur des générations. Je ne pense pas que nous puissions y parvenir en quelques années. Prenons l'exemple des langues. On ne peut pas rétablir du jour au lendemain des langues perdues au fil de centaines d'années. Pour moi, cela fait aussi partie des frustrations, mais je pense que nous sommes sur la bonne voie. Des mesures constructives ont été mises en place et continuent d'être mises en place, mais il ne sera pas facile d'arriver à destination. Nous connaissons les problèmes, et nous savons qu'il reste encore du travail à faire.
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Merci, monsieur le président. C'est un plaisir de vous voir occuper le fauteuil.
Merci, monsieur le ministre, d'être ici aujourd'hui.
Dans votre déclaration préliminaire, monsieur le ministre, vous avez parlé de l'augmentation des dépenses dans le budget des dépenses. Je tiens à souligner que votre ministère, ainsi que Services aux Autochtones Canada, a procédé à beaucoup de dépenses, et je ne m'y oppose certainement pas a priori.
Cependant, je veux attirer votre attention sur un rapport du directeur parlementaire du budget intitulé « RCAANC et SAC - Recherche et analyse comparative », qui a révélé que, pour votre ministère et pour Services aux Autochtones, malgré cette augmentation spectaculaire du financement, cela n'a pas entraîné en parallèle une augmentation des résultats et de la capacité de votre ministère à atteindre ses objectifs.
J'aimerais savoir tout d'abord, monsieur, si ce rapport vous inquiète.
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Merci, monsieur Battiste.
C'est un phénomène de plus en plus inquiétant parce qu'on en entend parler de plus en plus. Des articles parus au sud de la frontière parlent de cette question.
Nier l'existence des pensionnats est profondément blessant et retraumatisant pour les communautés, les survivants et les familles des survivants et de ceux qui sont décédés. C'est troublant, et l'éducation est essentielle pour y remédier. Dans le cadre du budget de 2024, nous investirons 5 millions de dollars pour lutter contre le négationnisme des pensionnats.
Notre travail consiste principalement à nous assurer de bien soutenir les communautés dans leurs recherches, leur cheminement et leur guérison, et dans les choix qu'elles font pour obtenir les résultats recherchés. Sont-elles prêtes à exhumer les corps? Chaque communauté se pose toute une série de questions sur la façon de procéder. Nous les soutenons donc de cette manière. Nous sommes un partenaire dans cet exercice, et notre rôle consiste à soutenir les communautés, leur processus d'autodétermination et le travail qu'elles font pour obtenir des réponses.
Pour ma part, je pense que ces propos frisent le comportement criminel et qu'il sera sans doute nécessaire à un moment donné de modifier le Code criminel. Nous ne pouvons pas tolérer ce genre de propos en tant que société en raison des effets négatifs que cela a et de la retraumatisation des personnes directement touchées par les pensionnats.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, le Parlement a créé l'Autorité financière des Premières Nations, ou AFPN, afin d'offrir des possibilités d'investissements et de prêts qui permettent aux Premières Nations d'établir de solides assises en matière de gouvernance. Compte tenu de la rigueur avec laquelle elle assume ses responsabilités depuis le début de son existence, l'AFPN s'est avérée fiable tout au long de son parcours financier.
Si nous permettions à l'AFPN d'appuyer les promoteurs de projets des Premières Nations situées dans les réserves, cela pourrait être une solution potentielle pour la construction de logements. La monétisation des transferts fédéraux pourrait accélérer le financement et le développement des infrastructures et mieux protéger les biens communautaires grâce au concept de mutualisation de l'assurance des biens et des responsabilités. Ce sont des propositions.
De plus, lors de la dernière rencontre du Comité, Rob Wright, qui est sous-ministre délégué au ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, a proposé des modifications graduelles à la loi pour régler la question de l'élargissement des garanties d'emprunt.
Étant donné qu'il est beaucoup plus facile d'ajuster des règlements que d'adopter des lois, pouvez-vous nous assurer que les nouveaux règlements seront priorisés et pris en considération sous votre leadership?
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Merci, monsieur Carr. Je vous remercie beaucoup de la question.
Vous savez, la province du Manitoba, sous la direction de Wab Kinew, est devenue un excellent partenaire pour nous. Nous travaillons sur divers dossiers importants. Je pense que le site d'enfouissement de Prairie Green est probablement l'un des problèmes les plus graves et les plus difficiles auxquels j'ai eu à faire face. Les familles sont ébranlées et les jeunes réclament des fouilles. Le premier ministre Kinew est un excellent partenaire. Nous travaillons avec lui ainsi qu'avec la ministre Fontaine pour effectuer les recherches. C'est un engagement commun que nous avons pris.
Récemment, nous avons annoncé la création d'un système pilote d'alerte robe rouge, un des éléments du budget en 2024. Compte tenu de son histoire et du fait qu'il est l'un des épicentres de cette crise, le Manitoba est le partenaire tout indiqué pour faire l'essai de ce système en vue de sa mise en œuvre.
En février dernier, dans le cadre des efforts déployés dans le dossier des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées, nous avons tenu la deuxième réunion des dirigeants autochtones/fédéraux/provinciaux/territoriaux sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées. La ministre Fontaine coprésidait la réunion.
Nos partenariats sont très importants. Dans bien des cas, les provinces sont des partenaires essentiels sans qui nous ne pouvons pas aller de l'avant. Je vous donne l'exemple du règlement relatif au traité Robinson-Huron avec la province de l'Ontario. Nous faisons un travail très important aussi avec la province de la Colombie-Britannique et les territoires. Le gouvernement fédéral ne peut pas y arriver seul. Il est essentiel pour lui d'avoir des partenaires dans les provinces et les territoires qui sont prêts à répondre à l'appel. Je crois que le Manitoba en est là en ce moment.
Monsieur le président, c'est mon temps de parole. J'aimerais poser une autre question.
Merci, madame la ministre. Même si vous ne répondez pas aux questions, je vous suis reconnaissant de votre présence.
Madame la ministre, puisqu'il semble inutile de poursuivre dans cette veine, j'aimerais aborder un autre sujet.
Services aux Autochtones Canada et le Conseil des ressources indiennes assurent conjointement la gestion de Pétrole et gaz des Indiens du Canada en vertu d'un protocole d'entente. Cette organisation souhaite vous rencontrer, vous, madame la ministre, et les gens de votre ministère, pour qu'une nouvelle direction exécutive soit nommée. Or elle n'a pas réussi à le faire.
Madame la ministre, j'aimerais vous donner l'occasion de nous expliquer pourquoi vous ignorez les demandes de rencontre visant à pourvoir ce poste capital.
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J'aimerais poursuivre dans la même veine que mon collègue, M. Melillo. Il a raison: il est temps que nous adoptions les lois nécessaires et que nous fassions les investissements qui s'imposent pour que les peuples autochtones partout au pays aient accès à de l'eau potable.
Dans ma province, la Nouvelle-Écosse, nous avons vu l'industrie faire d'innombrables déversements à proximité de la Première Nation de Pictou Landing, jusqu'à ce que la province ferme enfin les portes de l'usine. À maintes occasions, nous avons vu l'industrie faire preuve de ce que je dois appeler du racisme environnemental: elle ne s'est pas fait scrupule d'empoisonner une source d'eau des Premières Nations, les Micmacs. La même chose s'est produite ailleurs au pays, d'où l'importance capitale d'adopter des lois relatives à l'eau pour l'avenir.
Vu la passion que les conservateurs viennent d'exprimer à l'égard de l'eau pour les Premières Nations, je suis convaincu qu'ils seront prêts à appuyer à l'unanimité le projet de loi sur l'eau pour qu'il soit renvoyé au Comité, puis adopté durant le Mois national de l'histoire autochtone.
Madame la ministre, pouvez-vous me parler de ce que le projet de loi sur l'eau accomplira pour les Premières Nations du Canada? Selon vous, est‑ce possible qu'il y ait consentement unanime, peut-être dès la semaine prochaine, pour qu'il soit renvoyé au Comité afin que nous puissions l'étudier, puis l'adopter durant le Mois national de l'histoire autochtone?
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Je vous remercie pour la question, monsieur Battiste. Je vous remercie aussi pour les divers moyens par lesquels vous défendez le projet de loi .
Vos observations sur la Première Nation de Pictou Landing sont pertinentes. J'ai eu l'immense privilège de rencontrer l'ancienne cheffe Andrea Paul, ainsi que d'entendre l'histoire de Pictou Landing et de la bataille que cette communauté a menée en vue de protéger l'eau pour les prochaines générations. J'espère que je ne fais pas d'appropriation culturelle en utilisant cette expression, mais je lève les mains en l'honneur de la cheffe Paul. Elle m'inspire. Je l'ai d'ailleurs rencontrée au début de cette initiative. Elle est des voix qui ont dit qu'il fallait agir rapidement et qu'il fallait faire en sorte que les situations comme celle vécue par la Première Nation de Pictou Landing ne se reproduisent plus. Malheureusement, il y a beaucoup d'autres exemples de situations pareilles.
Les médias parlent à nouveau de la Première Nation de Grassy Narrows à cause de l'accumulation continue de mercure dans les poissons et de ses effets sur la population. Deux nations cries ont été touchées par d'horribles fuites provenant des sables bitumineux: La Première Nation crie Mikisew et la Première Nation d'Athabasca. Les Premières Nations de Bloodvein et de Dauphin River vivent aussi de terribles situations. L'eau de la Première Nation de Shoal Lake 40 a été contaminée. Des crises sévissent dans des communautés partout au pays. Le projet de loi a pour objectif de donner aux Premières Nations les droits et les outils nécessaires pour protéger leurs sources d'eau.
Pour répondre directement à votre question, je serais ravie que tous les partis conviennent de renvoyer le projet de loi au Comité. Pourquoi? Parce que plusieurs bonnes idées ont été avancées par les dirigeants des Premières Nations pour renforcer l'objectif et les dispositions du projet de loi.
Madame Idlout, je tiens à vous remercier pour tout le travail que vous avez fait en vue de proposer des amendements que le gouvernement pourra prendre en considération afin d'atteindre l'objectif de protéger l'eau pour les générations à venir.
Mon collègue, M. Melillo, a dit qu'il était temps que nous déposions le projet de loi. Nous savons que les conservateurs aiment faire de l'obstruction pour empêcher la Chambre d'adopter des mesures législatives. Ces tactiques retardent le dépôt de bons projets de loi demandés par les Premières Nations, des projets de loi qu'elles demandent de mettre en œuvre rapidement.
Je vous remercie pour votre vision, votre leadership et vos idées. Je m'en remets à mes collègues, car je ne peux pas répondre pour tous les députés.
:
Merci. C'est une question de données ouvertes. Ces données pourraient contribuer grandement à différentes recherches qui se font, notamment au Québec.
Je vais poursuivre sur le thème de la transparence et des données ouvertes.
Le Québec a adopté le projet de loi no 79, qui concerne notamment les recherches au sujet d'enfants autochtones disparus ou assassinés. Un rapport annuel sur l'application de la loi a été présenté dans des communautés autochtones, notamment à Pikogan, dans ma région, en présence du ministre Lafrenière et de représentants de l'ensemble des partis politiques.
Dans le cadre des recherches que fait l'association Awacak pour retrouver des enfants autochtones disparus, on rencontre des difficultés relatives aux données provenant d'établissements fédéraux. On sait que l'Abitibi‑Témiscamingue a une frontière avec l'Ontario, par laquelle il a pu y avoir beaucoup d'échanges.
Pouvez-vous vous engager, auprès de l'association Awacak, à rendre ces données fédérales accessibles? Cela pourrait aider des familles et des mères autochtones qui sont toujours vivantes à savoir ce qui est arrivé à leurs enfants et à connaître la vérité sur le traitement, souvent odieux, qu'ont connu ces enfants autochtones.
:
[
La députée s'exprime en inuktitut et l'interprétation en anglais de ses propos est traduite ainsi:]
Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, je vous remercie de vous joindre à nouveau à nous.
Voici ma première question. Des fonds ont été alloués aux familles et aux enfants des Premières Nations. En 2022, quand nous avons posé une question sur ces fonds, nous avons appris que les 4 milliards de dollars affectés à ce programme n'avaient pas été utilisés et que le gouvernement avait demandé que l'argent soit remboursé. Aujourd'hui, il y a des directives à suivre, comme le principe de Jordan. Pour les enfants inuits, 4,8 millions de dollars ont été mis de côté, mais seulement 48 % de cet argent a été utilisé. Les fonds inutilisés étaient donc considérables.
Nous accordons beaucoup d'importance à l'avenir de nos enfants. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi vos employés n'ont pas respecté les normes relatives à l'affectation ou à l'utilisation des fonds?
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Je vais répondre très rapidement.
Écoutez, je pense que vous êtes nombreux à m'avoir entendu dire que la situation dans laquelle nous nous trouvons est à la fois bonne et mauvaise. La bonne nouvelle, c'est que les individus et les groupes des Premières Nations demandent des fonds au titre du principe de Jordan et en reçoivent, ce qui veut dire qu'un plus grand nombre d'enfants reçoivent des soins. Ces soins comprennent des soins dentaires et des soins de la vue, du soutien à l'apprentissage, du soutien social, ainsi que du soutien pour les personnes atteintes de maladies graves qui ont besoin d'avoir accès à des services plus près de chez elle; c'est la raison d'être du principe de Jordan.
Le défi, comme vous le savez, c'est qu'étant donné la croissance exponentielle du nombre de demandes, le ministère doit maintenant trouver des moyens de réaliser des gains d'efficacité, premièrement, pour veiller à ce que les gens accèdent aux services en temps opportun et à ce que la distinction soit claire entre un service urgent et un service pouvant être fourni sur une plus longue période; et deuxièmement, pour assurer l'efficacité de la collaboration avec les fournisseurs de soins, dont certains envoient des factures au gouvernement du Canada pour des services comme l'orthophonie.
Monsieur Castonguay, voulez-vous ajouter des détails? À ma connaissance, il n'y a pas de date limite. Je veux m'assurer que j'ai raison.
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C'est une question très importante.
Je me suis rendu dans les Territoires du Nord-Ouest un grand nombre de fois au cours des deux dernières années, et j'ai toujours apprécié mes déplacements dans cette région.
Je suis également ministre de CanNor, l'agence de développement économique régional pour le Nord et l'Arctique. Par l'intermédiaire de CanNor, notre gouvernement a soutenu plus de 145 projets dans les Territoires du Nord-Ouest depuis 2021. Nous avons consacré un investissement de plus de 55 millions de dollars qui permettra de construire, d'améliorer et de revitaliser les infrastructures communautaires, telles que les parcs, les centres de loisirs et les bâtiments multifonctionnels.
Plus de la moitié du financement prévu par CanNor est consacré à des projets dirigés par des Autochtones. Aujourd'hui même, j'ai annoncé l'octroi de près de 850 000 $ à la Première Nation de Łı́ı́dlı̨ı̨ Kų́ę́́ de Fort Simpson pour l'installation de deux systèmes de serres hydroponiques. Ces systèmes seront bientôt en mesure de fournir à la collectivité des produits frais à longueur d'année, ce qui contribuera à renforcer la sécurité alimentaire locale.
Nous avons également annoncé l'octroi de plus de 600 000 $ pour l'installation d'une unité de production et de stockage d'énergie solaire sur le site de la mine de Columac. Cette unité permettra de réduire considérablement les émissions de dioxyde de carbone au sein des sites miniers hors réseau.
Par ailleurs, le gouvernement s'apprête à déployer une stratégie sur les minéraux critiques du Nord. L'exploitation minière, bien entendu, représente un énorme moteur économique dans tout le Nord, et notamment au sein des Territoires du Nord-Ouest. Je travaille sur ce dossier avec le ministre de RNCan, le , qui est également responsable de la Stratégie canadienne sur les minéraux critiques. Il y a une exception pour le Nord. C'est un sujet de discussion récurrent avec les collectivités locales, et nous continuerons à travailler ensemble pour créer de bons emplois dans le Nord.
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C'est intéressant. Je vous encourage à continuer dans ce sens.
Monsieur le ministre, la question du pergélisol en tant que facteur ayant des répercussions sur les infrastructures du Nord a été soulevée à maintes reprises, notamment à ce comité, mais de plus en plus dans les médias également. On retrouve ce type de problème aussi au Nunavik, ce qui complique de plus en plus l'approvisionnement en nourriture et en eau potable.
Pouvez-vous nous expliquer ce que votre ministère a fait pour aider ces communautés au cours des deux derniers mois, particulièrement dans le contexte du Nunavik? Des gouvernements ont-ils consacré de l'argent à l'adaptation des infrastructures en lien avec le pergélisol?
On peut penser aux pistes des aéroports, aux prises d'eau potable, aux bâtiments ou à la réfection des routes. Il y a aussi le problème des routes de glace qui ne sont plus praticables en raison notamment de la fonte du pergélisol et des hivers qui sont différents.
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Je pense qu'il est important de noter que plusieurs résidants s'interrogent sur l'efficacité des systèmes de distribution d'eau potable et de collecte des eaux usées basés sur l'utilisation des camions-citernes. Le problème devient de plus en plus grave. Je vous encourage donc à créer un programme pour apporter une aide à ce chapitre.
J'aimerais aborder un dernier volet.
À une question précédente qui vous a été posée, vous avez mentionné que vous faisiez du travail avec le sur les minéraux critiques stratégiques. En ce sens, votre gouvernement a fait beaucoup d'annonces à propos d'investissements majeurs, à hauteur de plusieurs milliards de dollars. On parle d'investissements avec Stellantis, Volkswagen et, récemment, Honda.
Le problème, c'est que le Canada va acheter les minéraux critiques stratégiques en surenchère, avec la Chine notamment, au lieu de baser son expertise et la chaîne d'approvisionnement à partir de la mine et en collaboration avec les peuples autochtones.
Quel rôle de leadership pouvez-vous jouer afin de pouvoir aider à mettre en œuvre des projets miniers et des projets de transformation à proximité de la mine, au bénéfice des populations autochtones et des populations du Nord?
Depuis mon élection en 2021, une bonne partie des questions que je vous ai posées concernait le programme Nutrition Nord. En raison de votre manque de réponses, je continue à poser d'autres questions. Vous ne nous transmettez pas suffisamment de renseignements pour nous aider à comprendre la manière dont ce programme est censé réduire concrètement la pauvreté.
L'une des choses que j'ai dû faire, comme vous vous en souviendrez, a été de faire comparaître le PDG de la North West Company, M. Dan McConnell, devant le Comité. Il a d'abord refusé de nous dire quel était son salaire. C'est probablement parce qu'il tentait de minimiser sa cupidité. Cependant, lors de la même séance du Comité, nous avons appris que son salaire s'élevait effectivement à 3,91 millions de dollars. Plus tard, il a transmis au Comité une lettre précisant son salaire rajusté, un nombre beaucoup moins élevé, mais tout de même obscène. Le salaire de M. McConnell continue d'augmenter de près de 800 000 $ par an, et il a touché plus de 1 million de dollars de primes en un an.
Je vous donne des données précises parce que vous n'hésitez pas à souligner que le programme Nutrition Nord a reçu 145 millions de dollars l'an dernier, ou quelque chose du genre. La Northwest Company a enregistré un bénéfice brut de 205 millions de dollars. Depuis le temps que je demande des éclaircissements sur ce que nous allons faire pour réduire la pauvreté, votre dernière réponse a été, tout d'abord, de procéder à un audit interne, puis éventuellement à un audit externe.
Vous confirmez maintenant que vous allez procéder à un audit externe, et je voulais donc vous poser une question à ce sujet. Vous dites que vous voulez d'abord procéder à un audit interne. À quelle date votre ministère envisage-t‑il d'entamer un audit externe?
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Je vous remercie, madame Idlout. Ceci conclut cette série de questions.
Je tiens à remercier le ministre Vandal de s'être présenté à nouveau devant le Comité. J'ai cru comprendre que c'était sa troisième comparution depuis les trois dernières semaines. Je tiens également à remercier les fonctionnaires d'être présents pour répondre aux questions des députés sur le budget des dépenses.
Avant de suspendre la séance pour nous préparer à accueillir le prochain groupe de témoins, nous avons quelques affaires à régler, à savoir les votes sur le budget principal des dépenses. Chers collègues, si tout le monde est prêt, nous allons donc passer dès maintenant aux votes.
Les crédits sont-ils adoptés, moins le montant voté en crédits provisoires?
STATION CANADIENNE DE RECHERCHE DANS L'EXTRÊME-ARCTIQUE
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Crédit 1 — Dépenses de programme..........33 006 666 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
MINISTÈRE DES RELATIONS COURONNE-AUTOCHTONES ET DES AFFAIRES DU NORD
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Crédit 1 — Dépenses de fonctionnement..........1 972 347 839 $
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Crédit 5 — Dépenses en capital.......... 75 000 $
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Crédit 10 — Subventions et contributions..........8 908 436 755 $
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Crédit L15 — Prêts à des revendicateurs autochtones..........25 903 000 $
(Les crédits 1, 5, 10 et L15 sont adoptés avec dissidence.)
MINISTÈRE DES SERVICES AUX AUTOCHTONES
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Crédit 1 — Dépenses de fonctionnement..........2 583 434 729 $
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Crédit 5 — Dépenses en capital..........6 385 586 $
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Crédit 10 — Subventions et contributions..........18 337 731 120 $
(Les crédits 1, 5 et 10 sont adoptés avec dissidence.)
Le président: La présidence doit-elle faire rapport du budget principal des dépenses à la Chambre?
Des députés: Avec dissidence.
Le président: Voilà qui règle la question.
Chers collègues, nous allons suspendre brièvement la séance pour nous préparer à accueillir le prochain groupe de témoins.
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Nous reprenons nos travaux.
Je vous souhaite de nouveau la bienvenue à la 110e réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 10 avril 2024, le Comité reprend son étude des recettes fiscales des entreprises sur les territoires des Premières Nations.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Nous accueillons aujourd'hui Harold Calla, président exécutif du Conseil de gestion financière des Premières Nations, ainsi que Allan Claxton, président du Conseil de développement de l'Institut des infrastructures des Premières Nations. Nous avons également le plaisir d'accueillir trois représentants de la Commission de la fiscalité des premières nations: Derek Epp, chef; Clarence T. Jules, dit Manny, président; et David Paul, vice-président.
Les représentants de chaque organisation disposeront de cinq minutes pour faire leurs remarques préliminaires.
Nous allons commencer par M. Calla, président exécutif du Conseil de gestion financière des Premières Nations.
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Je souhaite tout d'abord vous remercier de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer aujourd'hui. Il s'agit d'une étude essentielle, et je suis ravi que le Comité entreprenne ce travail.
J'aimerais commencer par vous poser une question fondamentale: acceptez-vous que les bandes assujetties à la Loi sur les Indiens forment des gouvernements à part entière au sein de la fédération canadienne? Si la réponse est positive, alors les Premières Nations devraient être dotées des mêmes leviers et prérogatives en matière de perception des recettes fiscales que les autres ordres de gouvernement. Il s'agit là d'un élément central de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, la DNUDPA: l'autonomie gouvernementale.
Les Premières Nations ont déjà démontré qu'elles obtiennent de meilleurs résultats dans la fourniture de programmes et de services à leurs collectivités lorsqu'elles sont en mesure d'exercer leurs propres pouvoirs fiscaux, plutôt que de continuer à dépendre des subventions fédérales. Le système de paiement proportionnel dont nous dépendons aujourd'hui s'écarte considérablement des standards adoptés par tous les autres ordres de gouvernement. Ainsi, le statu quo empêche les populations autochtones de combler différents écarts socio-économiques, de réduire le coût de la pauvreté, et de réussir sur le plan économique.
Le Projet Harvard sur le développement économique a examiné dès 2003 les raisons pour lesquelles certaines nations s'affranchissent de la pauvreté, alors que d'autres n'y parviennent pas. Les chercheurs américains ont ainsi constaté que le succès d'une nation ne repose pas sur les ressources naturelles dont elle dispose, de son système d'éducation, ni même de sa situation géographique. La clef du succès d'une nation, c'est avant tout sa capacité d'exercer son droit à l'autonomie gouvernementale grâce à des institutions fortes.
C'est ce que font avec succès les institutions créées en vertu de la Loi sur la gestion financière des Premières Nations. Le Conseil de gestion financière des Premières Nations que je préside aide les Premières Nations à renforcer leurs capacités en matière d'administration, de gouvernance et de gestion financière afin de soutenir leurs juridictions par l'intermédiaire de la Commission de la fiscalité des premières nations.
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Je tiens d'abord à vous remercier de m'accueillir ici ce soir. C'est un honneur d'être ici pour vous faire cet exposé.
Je m'appelle Allan Claxton. Je suis membre de la Première Nation de Tsawout. J'ai été chef de ma communauté pendant 20 ans et conseiller municipal pendant environ 10 ans. J'ai donc passé beaucoup de temps au service de ma communauté.
Tsawout est située à environ 10 kilomètres au nord de Victoria, à côté d'une communauté connue sous le nom de Central Saanich. Récemment, j'ai dirigé la création de l'Institut des infrastructures des Premières Nations, l'IIPN, avec le commissaire en chef Manny Jules et la Commission de la fiscalité des premières nations, ainsi qu'une excellente équipe technique et un conseil de développement. Nous espérons que cet organisme entrera en service sous peu, car il y a une forte demande en matière d'infrastructures dans toutes les communautés des Premières Nations du pays.
C'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui pour parler en faveur de cette motion. Les pouvoirs fiscaux des Premières Nations sont importants pour Tsawout, et ils sont importants pour accroître la valeur potentielle de l'IIPN. Nous avons été la première communauté au sud du 60e parallèle à instaurer, en 2006, la taxe sur les produits et services des Premières Nations, ou TPSPN. L'histoire de la TPSPN est particulièrement pertinente pour le Comité et l'IIPN.
J'étais chef de ma communauté au tournant du siècle. Comme de nombreuses Premières Nations, nous n'avions pas les ressources nécessaires pour construire le genre d'installations communautaires de santé et de loisirs que d'autres Canadiens tiennent pour acquises. Notre communauté croit fermement que la santé et la réussite sont étroitement liées. Pendant toute la période où j'ai été chef, nous avons voulu offrir des possibilités d'activités récréatives et de sports d'équipe à tous les membres de notre communauté, mais surtout aux jeunes, qui représentent notre avenir.
Comme nous n'avions pas les ressources nécessaires pour procéder à une telle modernisation majeure des infrastructures, mon bon ami, M. Jules, a proposé que nous envisagions d'instaurer la taxe sur les produits et services des Premières Nations. Pendant 14 mois, nous avons tenu des réunions familiales et communautaires, dirigées par M. Jules et moi-même, pour discuter de la mise en œuvre de cette taxe. Ces réunions n'ont pas été faciles, mais pour ceux qui ne savent pas comment fonctionne cette taxe, voici un aperçu.
Premièrement, lorsqu'une Première Nation adopte une loi sur la TPSPN, la TPS cesse de s'appliquer sur ses terres. Deuxièmement, le gouvernement fédéral cède une partie de sa marge fiscale aux Premières Nations, mais ce n'est pas suffisant. J'y reviendrai dans un instant. Troisièmement, la TPSPN s'applique à toutes les personnes — membres et non membres, membres inscrits et non inscrits — qui consomment des biens et des services sur les terres des Premières Nations participantes.
Comme le Comité le sait bien, il n'est pas facile de convaincre qui que ce soit de payer des taxes. Nous avons donc jugé important d'expliquer les avantages aux membres de la communauté et de gagner leur confiance en leur assurant que nous allions tenir parole et obtenir des résultats, et c'est ce que nous avons fait. Nous avons reçu l'appui de la communauté, et c'est ainsi qu'en 2006, nous avons mis en œuvre la TPSPN. L'année suivante, le gouvernement fédéral a réduit le taux de la TPS, ce qui signifie que nous avons tiré moins de recettes de cette taxe. Beaucoup de membres étaient furieux contre moi. Comment osais‑je réduire le taux de la TPS sans leur en parler? Heureusement, j'ai survécu à la colère politique qui en a découlé.
Nous avons utilisé les recettes de la TPS pour le financement à long terme et, en 2010, nous avons achevé la construction d'un nouveau centre de santé, d'un gymnase et de terrains de sport praticables en tout temps. Ces installations sont une source de fierté et elles améliorent la santé des membres de notre communauté, mais nous devons en faire plus. Nous devons moderniser une grande partie de nos infrastructures pour soutenir la croissance économique et les services publics au sein de notre communauté et dans la région. Pour commencer, il faut corriger l'approche qui consiste à partager les recettes de la TPS des Premières Nations. Cette marge fiscale devrait être entièrement cédée aux Premières Nations.
Nous estimons à 5 millions de dollars les recettes annuelles brutes de la TPS perçue sur la vente des terres. Si nous appliquons la formule actuelle de partage des recettes, le gouvernement fédéral garde 1,5 million de dollars, et notre part des recettes annuelles de la TPS des Premières Nations revient à 3,5 millions de dollars.
Je ne sais pas ce que le gouvernement fédéral fait de ses recettes, mais avec ce montant supplémentaire de 1,5 million de dollars, nous pourrions financer 20 millions de dollars pour construire et améliorer les systèmes régionaux de traitement des eaux usées, moderniser nos routes et nos bâtiments, ou agrandir nos infrastructures pour favoriser plus d'investissements. Cela se traduirait par de meilleurs services environnementaux au sein de notre communauté et potentiellement une croissance économique régionale accrue, y compris des mises en chantier dont nous avons grandement besoin.
La question rhétorique que je pose au Comité est simple: vous avez tous appuyé la création de l'Institut des infrastructures des Premières Nations, ce dont nous vous sommes reconnaissants, mais ne pensez-vous pas qu'avec l'IIPN et plus de pouvoirs fiscaux, les Premières Nations seraient mieux à même de combler leur énorme déficit sur le plan des infrastructures?
Ma réponse à vos motions est tout aussi rhétorique.
Oui, nous devons accorder aux Premières Nations des pouvoirs leur permettant de percevoir des taxes d'accise sur le carburant, l'alcool et le tabac. Oui, il faut ajouter les taxes sur les ventes des casinos et des guichets automatiques aux taxes de vente sur le carburant, l'alcool, le cannabis et le tabac...
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Merci, et félicitations pour votre nouvelle nomination.
Bonjour. Je m'appelle Manny Jules et je suis commissaire en chef de la Commission de la fiscalité des premières nations.
En 1974, j'ai été élu conseiller de la bande indienne de Tk̓emlúps, et j'ai été chef de 1984 à 2000. Je fais donc ce travail depuis maintenant 50 ans.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le Comité.
Pourquoi nos pouvoirs fiscaux sont-ils si importants?
Il y a de nombreuses raisons, mais l'une d'entre elles est particulièrement importante. Depuis plus de 100 ans, le gouvernement nous a soumis à un régime fiscal conçu pour mettre en œuvre l'assimilation. Aujourd'hui, presque tout le monde en reconnaît le caractère répréhensible. Le Canada s'est engagé à favoriser l'autodétermination. Beaucoup de politiques ont changé en conséquence. Cependant, la plupart de nos arrangements en matière de gouvernance sont financés au moyen de la même architecture fiscale ayant servi à mettre en œuvre l'assimilation. Cela demeure un modèle de dépendance et d'intervention fédérale dans pratiquement toutes les activités de nos gouvernements.
Aujourd'hui, pour chaque dollar que nous percevons dans les réserves, les gouvernements fédéral et provinciaux en recueillent sept. Cela doit changer. J'entends par là un élargissement des pouvoirs fiscaux que les Premières Nations peuvent exercer de manière facultative et l'ajout de ces nouveaux pouvoirs à la Loi sur la gestion financière des premières nations.
Notre stratégie est simple. Pour ma part, je la dois à mon père. Il comprenait d'où venaient les taxes — les investissements dans notre économie — et il savait que nous devions rivaliser avec d'autres économies pour attirer des investissements. Il comprenait notre désavantage concurrentiel en raison de la Loi sur les Indiens et de l'extrême aversion pour le risque du ministère des Affaires indiennes et du ministère de la Justice.
S'il est vrai que les taxes représentent un sous-ensemble de notre économie et que plus notre économie est forte, plus nous pouvons générer des recettes fiscales, il n'en demeure pas moins que les taxes découlent des pouvoirs fiscaux d'un gouvernement. Certes, nous avions des pouvoirs fiscaux avant et pendant le contact avec les Européens: en effet, nous prélevions des taksis auprès des gens qui traversaient notre territoire et nous gardions une part des ressources qu'ils exploitaient, et nous en prélevions également auprès de nos membres pour financer des infrastructures comme des systèmes d'irrigation et pour faire valoir nos droits fonciers auprès du roi d'Angleterre et du pape en 1904.
En 1927, le gouvernement de Mackenzie King a adopté une modification à la Loi sur les Indiens, nous interdisant ainsi de générer des recettes pour les revendications territoriales. Je cite Peter Kelly, qui avait pris la parole pendant 15 minutes lors de cette audience: « Nous prendrons cette attitude‑ci: nous nous considérerons comme une population dépendante. Alors, nous devrions accepter de votre part [le gouvernement], à titre de pure générosité, tout ce que vous jugerez bon de nous donner. »
La perte de ces pouvoirs fiscaux a créé une dépendance et nous a privés de notre capacité et de notre motivation à soutenir la concurrence pour attirer des investissements. C'est ce qui engendre la pauvreté. Depuis 50 ans, je travaille à réparer ce tort en collaboration avec de nombreux dirigeants des Premières Nations, dont ceux que votre comité a invités à témoigner.
Nous devons avoir l'option d'élargir les pouvoirs liés aux taxes de vente sur le carburant, l'alcool, le cannabis et le tabac — pouvoirs annoncés dans le dernier budget fédéral — afin d'y inclure les taxes sur les ventes des casinos et des guichets automatiques. Nous devons également avoir l'option de percevoir des taxes d'accise sur ces produits vendus sur nos terres. Les Premières Nations ont versé des milliards de dollars en taxes d'accise au gouvernement fédéral au fil des ans, et il est temps que nous recevions notre part.
Nous devons éliminer les plafonds applicables aux recettes perçues sur nos terres. Notre compétence fiscale doit être basée sur notre géographie, sur nos terres traditionnelles. Les recettes doivent reposer sur notre infrastructure économique, et il faut générer plus de recettes fiscales pour tous les gouvernements et mettre en œuvre plus de compétences pour faciliter les investissements au rythme des affaires. Qui dit plus d'investissements dit plus de productivité et plus de richesse pour tous les Canadiens.
Nous devons aussi recevoir notre part des taxes sur le carbone. Nous les avons payées. Nos communautés sont les moins préparées à réduire les risques liés aux changements climatiques. Nous devons élaborer et mettre en œuvre la redevance sur les ressources des Premières Nations afin de pouvoir tirer des avantages fiscaux des ressources et des projets sur nos territoires, comme le font les autres Canadiens.
Bien que le gouvernement fédéral et, espérons‑le, les gouvernements provinciaux nous cèdent une marge fiscale, ils démontreraient ainsi un engagement concret à l'égard de la réconciliation économique. La meilleure voie à suivre pour les Premières Nations et le Canada est d'élargir la portée de la Loi sur la gestion financière des premières nations, ou LGFPN, en conférant plus de pouvoirs fiscaux, comme je l'ai recommandé, sans partage des recettes avec le fédéral et sans plafonds.
Enfin, outre l'écart fiscal, j'exhorte le Comité à tenir compte de l'écart en matière d'exportations entre les Autochtones et les autres Canadiens. L'adoption de politiques visant à faciliter le commerce autochtone peut aider à combler cet écart économique entre les groupes autochtones et non autochtones. En plus d'avoir des pouvoirs fiscaux accrus, nous pouvons véritablement renforcer les économies autochtones, grâce au soutien des communautés des Premières Nations, en augmentant l'accès aux marchés pour les entreprises des Premières Nations, en réduisant les obstacles institutionnels à la participation économique et en mettant en place des incitatifs fiscaux ou des zones économiques spéciales qui profitent aux Premières Nations.
Aujourd'hui, près de 400 Premières Nations participent au régime de la LGFPN, parce que cela fonctionne. Je vous demande instamment de bonifier cette initiative législative dirigée par les Premières Nations — la plus réussie de l'histoire —, non pas parce que c'est avantageux pour les Premières Nations, mais bien parce que c'est avantageux pour tous les Canadiens.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Bonsoir à tous. Je suis le chef Derek Epp de la Première Nation de Tzeachten, située en Colombie-Britannique. J'occupe cette fonction depuis maintenant huit ans. Je suis également vice-président de l'Administration financière des Premières Nations, et je participe activement au travail de la Commission de la fiscalité des premières nations. Ce sont ces institutions qui ont permis à la communauté de Tzeachten d'arriver là où elle en est aujourd'hui.
C'est vraiment un plaisir et un honneur de participer à votre étude sur l'augmentation des recettes fiscales et la réconciliation économique. J'adore les taxes. J'adore parler de fiscalité et de la façon d'accroître nos pouvoirs fiscaux. Vous pouvez citer mes paroles. Je ne vous en tiendrai pas rigueur. Je pense qu'il s'agit d'un outil important qui aide tous les ordres de gouvernement, y compris le nôtre, à atteindre leurs objectifs, et c'est justement le cas de la Première Nation de Tzeachten.
J'adore expliquer à quel point les taxes sont la pierre angulaire de nos gouvernements. Heureusement pour moi, M. Jules œuvre dans ce domaine depuis 50 ans. Le fait que j'aime les taxes peut donc sembler un peu moins étrange maintenant qu'il fait ce travail depuis un demi-siècle. C'est grâce à lui que je suis ici aujourd'hui.
Vous comprendrez un peu mieux mon obsession pour les taxes après que je vous aurai parlé de ma communauté, la Première Nation de Tzeachten. Nous ne sommes pas une grande communauté. Notre assise territoriale n'est pas énorme. Nous comptons environ 750 membres et un peu moins de 900 acres de terres de réserve.
Comme beaucoup de Premières Nations dans les années 1990, nous nous sommes fortement appuyés sur les transferts fédéraux pour atteindre nos objectifs. Selon nos estimations, au cours de cette période, environ 85 % de nos recettes provenaient des transferts fédéraux et 15 %, de nos propres sources de revenus. Au début des années 1990, nous avons travaillé avec M. Jules pour mettre en œuvre notre régime d'impôt foncier, qui fonctionne très bien encore aujourd'hui.
Au tournant du siècle, nous avons suivi l'exemple de M. Jules et instauré la taxe sur le carburant, l'alcool et le tabac. En 2016, en collaboration avec la Commission de la fiscalité des premières nations, nous avons dirigé la conception, l'élaboration et la mise en œuvre de la taxe sur le transfert de propriété des Premières Nations, qui est depuis l'une de nos plus grandes sources de recettes. En 2020, nous avons créé un droit de permis pour les exploitants de cannabis situés sur nos terres. L'an dernier, nous avons instauré notre première taxe sur l'hébergement.
Nous avons utilisé tous les cadres institutionnels mis à la disposition des Premières Nations. En 2008, nous avons adhéré au régime de la Loi sur la gestion financière des premières nations, ou LGFPN. Nous avons utilisé tous les services offerts par la Commission de la fiscalité, le Conseil de gestion financière des Premières Nations et l'Administration financière des Premières Nations. Beaucoup d'entre vous m'ont probablement vu ici cette semaine, au nom de l'Administration financière des Premières Nations.
Nous avons adopté le plus grand nombre de lois, au titre de la LGFPN, de toutes les communautés au Canada. De plus, notre nation emploie un nombre important de diplômés des programmes universitaires du Tulo Centre of Indigenous Economics.
En 2006, nous avons adopté notre code foncier en vertu de l'accord-cadre de la Loi sur la gestion des terres des premières nations, et nous avons utilisé ce cadre pour mettre en œuvre nos compétences en matière de gouvernance des terres et de l'environnement. Nous nous en sommes servis pour créer plus de certitude pour nos membres et nos investisseurs et pour accélérer le rythme des affaires. Au cours des 12 dernières années, notre économie a progressé, en moyenne, trois fois plus rapidement que celle de n'importe quelle municipalité de la Colombie-Britannique.
En mars 2020, nous étions le gouvernement le mieux préparé dans le contexte de la pandémie au Canada. Notre plan d'urgence a fait en sorte que nous disposions de fonds de réserve pour soutenir nos membres, assurer la viabilité alimentaire et sanitaire et émettre des chèques à nos membres dans la semaine suivant l'annonce des confinements.
Par ailleurs, nous pouvons réagir rapidement aux fluctuations économiques. En 2021 et 2022, nous avons révisé et modifié nos lois foncières pour nous adapter à la conjoncture en appuyant les logements locatifs au sein de notre communauté. Ces projets ont été achevés en 2023 pour répondre à la hausse importante de la demande dans notre région. À l'heure actuelle, Tzeachten abrite plus de 8 à 9 % des résidants de la municipalité de Chilliwack, et nous le faisons parce que nous savons que nous le pouvons.
L'année dernière, nous avons réussi à inverser les statistiques des années 1990. Nous avons reçu 15 % en transferts fédéraux, et 85 % de nos recettes provenaient de nos propres sources de revenus. Voilà qui montre ce que nous pouvons faire en mettant en œuvre nos propres compétences fiscales et foncières avec l'appui des institutions.
Or, nous devons accélérer ce travail. Votre motion visant à accroître les pouvoirs fiscaux des Premières Nations n'est qu'un début, et je l'appuie sans réserve. Nous avons besoin de taxes d'accise sur le carburant, l'alcool, le cannabis et le tabac. Nous devons élargir la portée de la taxe de vente sur ces quatre produits pour y inclure les casinos et les guichets automatiques. Nous devons recevoir notre juste part des taxes sur le carbone. Qui plus est, nous devons mettre en œuvre la redevance sur les ressources des Premières Nations dans le cas des Premières Nations qui envisagent des projets de mise en valeur des ressources.
Votre motion est un premier pas, mais il reste beaucoup à faire. Nous devons éliminer tous les plafonds de recettes fiscales. Plus nous pouvons garder nos recettes, mieux c'est pour l'économie des Premières Nations et celle du Canada. J'ai mentionné que notre communauté n'est pas grande, mais nous injectons chaque année environ un demi-milliard de dollars dans l'économie locale.
Nous devons investir toutes ces recettes dans les relations financières découlant de la LGFPN afin de pouvoir déterminer la meilleure façon de stimuler nos économies et d'accroître nos recettes. Nous devons élargir la portée de la LGFPN et de l'accord-cadre pour favoriser un meilleur accès au financement à long terme, construire de meilleures infrastructures — ce que nous avons fait —, négocier des ententes de services équitables avec les gouvernements locaux des Premières Nations, créer un registre foncier moderne, construire plus de logements pour nos membres et pour d'autres, bien sûr, et instaurer un système permettant des ajouts plus rapides aux réserves.
Ma communauté a prouvé que les compétences dirigées par les Premières Nations et soutenues par leurs institutions donnent de bons résultats. À mon avis, pour forger un meilleur avenir commun, il faut plus de pouvoirs fiscaux, plus de compétences, plus d'institutions et plus de croissance économique pour les Premières Nations.
Je suis persuadé que si les Premières Nations travaillent ensemble et s'entraident, nous pourrons y arriver. Si vous apportez les modifications législatives qui s'imposent, nous y arriverons plus rapidement.
Je vous remercie de votre attention.
Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole devant le Comité. Je pense qu'il s'agit d'une étude importante, et je suis heureux que le Comité entreprenne ce travail.
Je vais commencer par poser une question fondamentale: le Canada accepte‑t‑il que les bandes régies par la Loi sur les Indiens constituent des gouvernements au sein de la fédération du Canada?
Si la réponse est oui, alors les Premières Nations, en tant que gouvernements, ont droit aux mêmes outils et pouvoirs destinés à générer des recettes que ceux dont disposent les autres ordres de gouvernement pour fournir des services à leurs collectivités. C'est l'élément central de l'autonomie gouvernementale et un principe de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Les Premières Nations ont déjà démontré qu'elles obtiennent de meilleurs résultats en matière de prestation de programmes et de services au sein de leurs communautés lorsqu'elles exercent des pouvoirs fiscaux pour générer des recettes, au lieu d'obtenir du financement dans le cadre de programmes fédéraux. Le système de financement par répartition dont nous dépendons aujourd'hui est très loin de ce que tout autre ordre de gouvernement accepterait. Le statu quo empêche les Autochtones de combler les écarts socioéconomiques, de réduire le coût de la pauvreté et de favoriser la réussite économique.
Le projet Harvard, en 2003, a révélé que le facteur essentiel n'est pas tant le lieu de résidence ou le niveau de scolarité. Ce qui favorise l'activité économique et le dynamisme communautaire, c'est la capacité d'exercer son droit à l'autonomie gouvernementale et de se gouverner par l'entremise d'institutions solides. C'est ce que visent les institutions créées aux termes de la Loi sur la gestion financière.
Nous avons tous les trois fourni ce service, et cela donne aux Premières Nations les mécanismes de surveillance nécessaires pour exercer leurs pouvoirs fiscaux avec confiance. Nos données montrent que les Premières Nations ayant opté pour le régime de la LGFPN ont des recettes autonomes plus élevées, des marges d'exploitation plus saines, des logements de meilleure qualité et des niveaux de scolarité plus élevés. Il est important de comprendre que ces résultats sont attribuables aux institutions des Premières Nations.
Tout cela a été possible parce qu'en 2005, les politiciens à Ottawa se sont rendu compte qu'il y avait une meilleure approche à adopter. L'année dernière, en juin, lorsque la modification législative a reçu la sanction royale en 78 jours, vous avez démontré une fois de plus votre engagement à assurer la réussite des Premières Nations. Comme M. Jules et d'autres le font valoir, le Canada doit comprendre que le fait de nous considérer comme des gouvernements signifie qu'il faut céder une marge fiscale aux Premières Nations. Cela signifie que les Premières Nations généreront des recettes directement plutôt que par la méthode indirecte qui est actuellement utilisée, c'est‑à‑dire au moyen de subventions, de programmes et de projets pilotes contrôlés par Ottawa.
Il convient de noter que les Premières Nations ont utilisé la LGFPN pour démontrer que nous pouvons rentabiliser, voire optimiser la marge fiscale qui nous est confiée. En outre, nous avons démontré que chaque dollar que nous investissons directement nous permet d'aller beaucoup plus loin que ce que nous pouvons faire au moyen de subventions et de contributions. Nous parvenons à améliorer les retombées économiques, les infrastructures, la sécurité et la réduction des méfaits, ainsi que la gestion des risques environnementaux.
Cet investissement améliore la vie des Autochtones et favorise le développement économique des Premières Nations et de l'ensemble du Canada. Nos communautés ont besoin de ces outils et de ces pouvoirs pour concrétiser les objectifs des Premières Nations et pour apporter de l'espoir à leurs membres, surtout aux jeunes. C'est cela, la vraie réconciliation.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins. C'est formidable d'être dans la même pièce que des leaders autochtones aussi puissants.
Chef Epp, j'ai toujours pensé que vous étiez un type formidable, sauf que vous avez commencé par dire que vous adorez les taxes. Je crois que vous m'avez un peu brisé le cœur. Vous m'avez blessé, mais je ne vous en veux pas.
Parlons de la Loi sur la gestion financière des Premières Nations, ou LGFPN. M. Calla en a parlé il y a une seconde. Vous avez également mentionné dans vos propos à quel point il est important que cela se fasse le plus rapidement possible. M. Claxton et vous-même avez également expliqué pourquoi les taxes sur les ventes des casinos et des guichets automatiques ainsi que les taxes sur les ventes de carburant, d’alcool, de cannabis et de tabac sont un bon point de départ et ce que nous devrions faire à partir de cela.
Je donne la parole à tous ceux qui veulent répondre.
Si vous voulez commencer, chef Epp.
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C'est une bonne question. Je vous remercie.
Vous avez soulevé un très bon point. Je pense que ce que vous avez vu avec la Première Nation de Tzeachten, c'est que la diversification des flux de rentrées fiscales et l'augmentation des recettes propres nous ont permis de nous éloigner de la dépendance — je déteste utiliser ce mot — à l'égard des transferts fédéraux.
En fin de compte, ce vers quoi nous tendons tous, c'est l'autosuffisance économique des communautés des Premières Nations. Cela signifie que nous avons l'autonomie nécessaire pour élaborer nos propres programmes, installer nos propres infrastructures et travailler en partenariat avec les gouvernements, plutôt que de dépendre d'eux.
Je pense que le grand changement que la Première Nation de Tzeachten a apporté, c'est que nous contribuons à tous les projets en cours qui nous concernent. Nous contribuons à tous les projets. Pour tout type de compétence que nous envisageons d'acquérir ou d'assumer, nous nous assurons d'avoir des revenus supplémentaires, parce que la triste réalité, c'est que nous avons encore beaucoup à faire sur le chemin de la guérison. Nous avons beaucoup de travail à faire pour répondre aux besoins d'une grande partie de notre communauté.
Ce que nous pouvons faire avec nos flux de rentrées durables est bien plus important que ce que nous pouvons faire avec les transferts gouvernementaux. Je pense que nous pouvons commencer à combler les lacunes en matière d'infrastructures, de logements et de programmes et vraiment amorcer la guérison des nôtres. Pour être tout à fait honnête, je crois que nous pouvons faire beaucoup mieux sans le gouvernement. Je pense qu'avec la diversification des flux de rentrées et l'augmentation des rentrées fiscales, nous pouvons faire le travail nécessaire dans nos communautés.
Merci.
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La taxe sur le carbone et la taxe d'accise sont des taxes indirectes que toutes les Premières Nations paient, sans égard pour les soi-disant exemptions.
Une communauté en particulier, celle des Six Nations, paie plus de 350 millions de dollars par an en taxe d'accise. Chaque fois qu'un membre des Premières Nations achète des cigarettes, de l'alcool ou de l'essence dans la réserve, il paie une taxe d'accise, mais nous n'avons aucun contrôle sur la façon dont cet argent est dépensé.
En ce qui concerne la taxe sur le carbone, comme je l'ai mentionné dans ma présentation, nous nous sommes battus pour obtenir notre part de l'argent collecté auprès de nombreuses communautés, dont la mienne. Nous ne recevons rien. En fait, ma communauté paie plus de 970 millions de dollars par an aux gouvernements fédéral et provincial. Pour chaque dollar collecté, les gouvernements fédéral et provincial en reçoivent sept.
C'est l'objectif de cette étude: essayer d'inverser cette tendance afin de ne pas répéter la situation de 1927 et d'éviter ce dont M. Calla a parlé. La modification qui a été apportée en 1927 a tout changé pour nous, parce qu'elle nous a rendus à jamais dépendants du gouvernement fédéral. Cette mesure législative nous interdisait de collecter des fonds pour défendre nos droits fonciers, mais surtout pour construire nos propres infrastructures, nos propres bâtiments. Cette possibilité nous a été retirée et, à partir de ce moment‑là, nous sommes devenus dépendants.
J'adore ce qu'il a dit, parce que c'est quelque chose que l'on pourrait dire aujourd'hui: « rien d'autre qu'un acte de grâce, tout ce que vous avez jugé bon de nous donner ». Voilà ce qu'est la dépendance, et c'est ce à quoi nous voulons mettre fin.
Nous voulons y mettre un terme grâce à votre soutien et à votre bonne volonté, et pas seulement en parlant, mais aussi en légiférant, car en l'absence de mesures législatives de bonne tenue... C'est ce qui nous ramène à l'article 35 de la Constitution canadienne. Le gouvernement fédéral ouvre la porte, nous y entrons et nous pouvons avoir la certitude que la compétence est celle des Premières Nations et qu'elle est facultative. Ce n'est pas quelque chose qui peut être imposé à qui que ce soit.
Comme je l'ai mentionné à M. Obed l'autre jour, je pense que l'une des choses que le Canada doit envisager, c'est la façon dont les Premières Nations, les Inuits et les Métis peuvent travailler ensemble pour parvenir à une véritable réconciliation économique au sein de la fédération.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais commencer par une question à M. Paul.
Tout d'abord, je tiens à présenter mes condoléances à votre communauté de Tobique. Je sais que vous avez subi des pertes tragiques cette semaine, et je tiens avant tout à vous présenter mes condoléances et à vous dire mesge'g pour ce qui s'est passé, ce qui signifie « je suis désolé » en micmac.
J'ai entendu parler ici de dépendance, et nous avons vu à quel point cela pouvait être un problème lorsque le premier ministre Higgs a annulé les accords fiscaux conclus avec les chefs du Nouveau-Brunswick, des accords qui privaient le gouvernement de revenus de 60 à 70 millions de dollars par an. Au cours des conversations que j'ai eues par la suite, les chefs du Nouveau-Brunswick m'ont dit que, s'ils avaient la possibilité de créer leurs propres taxes sur le carburant, l'alcool, le cannabis et le tabac, ils seraient en mesure de compenser une partie de ces pertes.
Monsieur Paul, en tant que Néo-Brunswickois, pouvez-vous nous parler un peu des possibilités qui s'offrent à vous dans ce contexte et nous dire si vous pensez que cela puisse être une option que nous devrions envisager pour l'avenir?
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Merci, monsieur Battiste.
Je m'appelle David Paul. Je suis de la Première Nation de Tobique, au Nouveau-Brunswick. Je suis également commissaire en chef adjoint de la Commission de la fiscalité des Premières Nations.
En 1993, agissant au nom de ma communauté, la Première Nation de Tobique, j'ai négocié le premier accord fiscal, à savoir l'accord fiscal du Nouveau-Brunswick qui a été récemment abrogé par le gouvernement actuel. Les changements apportés à l'époque ont permis de donner du travail à des milliers de personnes, de générer des millions de dollars et d'obtenir des revenus autonomes, lesquels étaient inexistants jusqu'alors. Cela nous a permis de remédier à des pénuries ou à des déficiences au sein de nos communautés dans des domaines qui n'étaient pas couverts par les programmes gouvernementaux.
Le fait que cet accord ait fait l'objet d'un moratoire soulève la question que les autres intervenants ont mise de l'avant: la nécessité d'enchâsser ces choses dans la loi. Au Nouveau-Brunswick, l'accord n'était rien d'autre qu'un accord. Certes, il a tenu pendant 30 ans, mais c'était un accord. Il pouvait être annulé ou déchiré par l'une ou l'autre des parties dans un délai de 30 à 90 jours, selon qui avait signé et le moment où la signature avait eu lieu.
Avant l'entrée en vigueur du moratoire, ces sept communautés ont commencé à bénéficier de revenus propres, ce qui était tout nouveau pour elles. Elles dépendaient entièrement de l'aide de l'État, laquelle leur parvenait par l'intermédiaire de programmes gouvernementaux.
Or, ce que nous avons constaté, c'est que c'est à partir du moment où ces programmes ont été pris en main par nos communautés — et que la reddition de compte leur a été transférée — que nous avons observé des changements significatifs. Des entreprises ont été créées. Il faut savoir que 80 ¢ de chaque dollar quittent nos communautés dans les 24 heures. Nous n'avons pas de grandes entreprises manufacturières. Nous ne sommes pas impliqués dans l'approvisionnement en matières premières. Le niveau d'entrée dans l'économie canadienne a été simple — une station-service, un magasin de proximité, de petites entreprises. C'est ce qui arrive lorsqu'une compétence ou une marge de manœuvre fiscale est consentie.
J'insiste encore sur le fait qu'il est important que cela se fasse sous la forme de mesures législatives et non d'accords.
Pour que nous puissions accéder à tout ce que les Canadiens apprécient, nous devons avoir la mainmise sur toutes les facettes de l'espace fiscal qui nous est accordé afin que nous puissions examiner les possibilités et ainsi générer nos propres revenus. Pendant des décennies, nous avons été très bons dans la gestion de la pauvreté. Nous sommes devenus des experts en la matière. Nous voulons être des experts sur le plan des affaires et en ce qui concerne la gestion de nos propres gouvernements. Or, tant que nous n'aurons pas cette compétence, tant que nous n'aurons pas cette liberté sur le plan fiscal et les mesures législatives sous-jacentes, le statu quo se poursuivra, sauf pour ceux qui sont impliqués dans les autres institutions que nous avons en place au Canada.
Il faut savoir qu'il y a plus de 174 Premières Nations qui ont un régime d'imposition. Ce nombre pourrait être plus élevé. Des centaines de personnes sont impliquées dans d'autres aspects de nos autres institutions. Or, quand on considère toutes les communautés qui ont participé à ces institutions, on constate qu'elles ont réussi. Elles disposent de recettes propres pour pallier les déficiences. Comme je l'ai dit, si notre compétence est élargie et que nous disposons de tous les outils de la « boîte à outils fiscale », nous n'aurons plus besoin d'aucun programme.
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Je vais répondre à cette question.
L'essentiel de ce qui s'est passé, c'est que je n'ai pas pu être à Winnipeg, parce que je rendais visite à une communauté des Premières Nations sur la rivière Campbell qui est en train d'examiner les tenants et aboutissants d'un projet hydroélectrique de 14 milliards de dollars proposé par le chef.
Les communautés avec lesquelles nous travaillons voient grand et sortent des sentiers battus. Ce que nous avons compris, c'est que nous devons travailler ensemble. Nous ne pouvons pas travailler isolément les uns des autres. Nous devons nous unir pour nous assurer qu'il existe des normes, des règles et des règlements, et que les investissements sont transparents. Nous devons disposer d'un institut des infrastructures pour nous aider à construire nos propres installations et bâtiments. Nous devons disposer d'une marge de manœuvre fiscale. Nous devons d'abord rendre des comptes à nos membres, ainsi qu'à ceux qui souhaitent investir avec nous. Il s'agit vraiment d'une mission économique.
Ce que nous voulons réaliser, c'est la réconciliation économique — les droits que nous croyons être intrinsèquement les nôtres en tant que premiers propriétaires de ces terres. Comme l'ont dit mes ancêtres, nous voulons travailler ensemble pour que chacun d'entre nous soit grand et bon. Le travail est incomplet et le nombre de lois fédérales et provinciales est énorme.
Le gouvernement fédéral doit faire les premiers pas décisifs et se garder d'entraver notre croissance sur le plan de la compétence fiscale. Il doit ouvrir les portes pour que nous puissions assumer davantage de responsabilités. Ouvrez les portes pour que nous puissions assumer une part toujours plus grande de cette compétence fiscale afin de nous permettre d'améliorer le développement économique et la croissance, ce qui profitera à tout le monde.
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Je pourrais peut-être poursuivre sur cette lancée, rapidement.
Je pense qu'il est important que vous examiniez les diverses organisations et institutions qui soutiennent réellement le développement économique et les capacités financières des communautés des Premières Nations. Il y a encore des obstacles à cela. Beaucoup de petites communautés peinent à obtenir leur certification du Conseil de gestion financière des Premières Nations. Je suis sûr que M. Calla est au courant de cela. C'est un obstacle. Cela crée un écart.
Il existe des moyens d'y remédier. Comme l'a dit M. Jules, des projets de ressources à grande échelle ou des projets de transition énergétique sont proposés sur bon nombre de nos territoires. Nous devons réfléchir différemment à la manière dont nous abordons ces questions. Cette semaine, j'ai parlé ici du programme de garantie de prêt et des façons dont nous allons permettre à l'Administration financière des Premières Nations d'utiliser sa capacité de prêt pour soutenir les petites communautés qui ne peuvent pas obtenir la certification du Conseil de gestion financière des Premières Nations. Les communautés plus modestes doivent être en mesure d'accéder à ces flux de rentrées afin d'avoir la capacité de travailler avec des personnes comme M. Calla et son équipe. Elles pourront ainsi renforcer leurs capacités, embaucher des directeurs financiers, embaucher des experts-comptables, etc. Elles pourront dès lors tirer parti de ces entrées fiscales pour combler leur déficit sur le plan des infrastructures et devenir des acteurs de cette économie.
Je pense qu'en fin de compte, tous ces organismes travaillent ensemble — le Conseil consultatif des terres des Premières Nations, l'Administration financière des Premières Nations, la Commission de la fiscalité des premières nations et, maintenant, l'Institut de l’infrastructure des Premières Nations — pour nous aider à mener à bien la création de plans de gestion des actifs pour les infrastructures mises en place grâce aux flux de rentrées fiscales dont nous disposons et à l'accès au capital. L'accès au capital n'est plus un problème. Il s'agit d'avoir les flux de rentrées nécessaires.
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En gros, disons que l'Administration financière des Premières Nations a généré plus de 2 milliards de dollars sur les marchés internationaux. Depuis sa création, la Commission de la fiscalité des premières nations a pour sa part généré plus de 1 milliard de dollars pour les communautés des Premières Nations. En termes de retombées économiques, c'est deux fois plus.
Quand on pense au développement économique et à la croissance auxquels toutes nos institutions ont participé, c'est un boom économique pour les communautés individuelles, certes, mais ce l'est aussi pour le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Ils tirent en effet sept fois plus de revenus de nos développements que nous, et nous sommes plus transparents et plus responsables qu'eux.
Je pense qu'il est essentiel que les gouvernements des Premières Nations acquièrent leurs propres compétences ainsi qu'une autorité fiscale inattaquable pour leur permettre d'exercer ces compétences. Nous devons mettre en œuvre nos compétences et nos pouvoirs fiscaux de manière à attirer les investissements de nos membres et d'autres intervenants afin qu'ils puissent participer à l'économie sur un pied d'égalité avec n'importe qui d'autre. C'est un principe qui est au cœur de ce que nous avons préconisé au sujet de la redevance sur les ressources des Premières Nations. Nous pensons que pour faciliter l'exploitation de ressources sur nos territoires traditionnels, nous devrions, le cas échéant, tirer un avantage de cette exploitation. Cela signifie que le gouvernement fédéral doit céder une marge de manœuvre fiscale. Idem pour les gouvernements provinciaux. J'entends par là l'indissociable État.
L'autre élément est lié à la question de M. Schmale — le taksis, comme je l'épelle, provient de la langue commerciale chinook du nord-ouest du Pacifique. Le taksis signifie quatre choses. Premièrement, que nous nous aidons les uns les autres. Deuxièmement, que nous prenons soin les uns des autres. Troisièmement, que nous ne sommes pas mesquins les uns envers les autres. Enfin, quatrièmement, que nous ne sommes pas jaloux les uns des autres. Cela signifie que nous devons avoir la responsabilité de commencer à nous occuper de nous-mêmes. C'est quelque chose qui a changé en 1927.
Vous, monsieur, en tant que député, êtes dans une position sans pareille pour nous prêter main-forte. Dans notre langue, nous appelons les Français les seme7úw'i, c'est‑à‑dire ceux qui sont arrivés les premiers sur notre territoire. Nous vous appelons les « vrais blancs ».
Des voix: Oh, oh!
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Oui, je serais heureux de le faire, et je vous remercie de votre demande.
Comme je l'ai indiqué, les bandes qui ont participé à la négociation d'accords fiscaux ont observé la création de milliers d'emplois.
Lorsque pour la première fois certaines de ces communautés ont lancé des entreprises, leur intention était de négocier une marge fiscale encore plus importante avec la province — même si, bien sûr, tout ne s'est pas passé parfaitement. La province était disposée à le faire, mais elle ne pouvait pas oublier que nous avions construit un casino dans la réserve et qu'elle voulait que cela fasse partie de l'accord. Il y a 20 ans, cette seule exploitation générait 14 millions de dollars par année, et ce, dans une région très rurale. Comme je l'ai déjà mentionné, 80 ¢ de chaque dollar quittent une réserve dans les 24 heures. Nous générions 14 millions de dollars au moyen d'une seule exploitation, et nous employions des centaines de travailleurs. Nous attirions des autobus venant d'aussi loin que le New Hampshire aux États-Unis, Sydney ou le Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, et la rive nord du Saint-Laurent, au Québec. Ils venaient dépenser de l'argent dans notre collectivité.
Il est important de noter également que, lorsque ce dollar quitte la réserve, notre communauté n'est pas la seule à en profiter. Les retombées économiques ont un effet d'entraînement, car nous quittons la réserve pour acheter nos produits de base et nos produits manufacturés, ce qui entraîne un partage des richesses. L'ensemble de la province bénéficie de la transformation de 15 collectivités économiquement déficientes en 15 collectivités prospères.