[Français]
Je vous souhaite la bienvenue à la sixième réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord.
[Traduction]
Avant d'entendre nos témoins, je tiens à m'excuser de notre retard. Nous avons dû voter.
Nous poursuivons notre étude sur les obstacles au développement économique autochtone. Nous accueillons aujourd'hui deux groupes de témoins. Dans le premier groupe, nous avons M. Darrell Beaulieu, directeur général de Denendeh Investments Incorporated, M. Christopher Googoo, chef des opérations d'Ulnooweg Development Group Inc., et le grand chef Jerry Daniels, de la Southern Chiefs' Organization Inc.
[Français]
Dans une heure, nous accueillerons notre deuxième groupe de témoins.
[Traduction]
Ensuite, nous accueillerons M. Thomas Benjœ, président-directeur général de File Hills Qu'Appelle Developments, M. Andy Moorhouse, vice-président du développement économique de la Société Makivik et Carlana Lindeman, directrice du programme d'études de l'Initiative de la famille Martin.
[Français]
Vous connaissez toutes les mesures sanitaires à respecter au cours de notre réunion. J'espère que vous allez tous les observer.
[Traduction]
Comme vous le savez maintenant, et je n'ai pas à le répéter, nous suivons un certain processus pour ces réunions. Je vous prie de lever la main si vous voulez parler et attendre que je vous donne la parole.
Madame la greffière, j'ai cru comprendre ce matin que nous n'aurions pas d'interprétation en inuktitut aujourd'hui. Est‑ce exact ou cela a‑t‑il été corrigé?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité permanent de m'avoir invité à comparaître.
Je m'adresse à vous aujourd'hui à titre de président-directeur général de Denendeh Investments Incorporated, qui est la branche commerciale des 27 Premières Nations des Territoires du Nord-Ouest, T.N.-O. Je vous parle aussi dans mon rôle de porte-parole de la coalition économique des dirigeants autochtones des Territoires du Nord-Ouest, qui représente tous les peuples autochtones des T.N.-O — les Dénés, les Inuvialuit et les Métis — qui ont uni leurs efforts pour améliorer les conditions économiques de nos communautés, et notamment le bien-être général des T.N.-O.
Je m'occupe de développement économique dans les Territoires du Nord-Ouest depuis plus de 30 ans. J'ai donc été témoin des obstacles qui entravent le développement économique des Autochtones. Je vais profiter de cette occasion pour suggérer quelques solutions.
Les sociétés et les entreprises autochtones des T.N.-O. veulent jouer un rôle de premier plan dans le développement de leurs ressources et de leurs infrastructures. Les programmes de financement actuels n'ont pas réussi à répondre aux besoins économiques du Nord. Pour apporter des changements efficaces, il faut du capital de risque facilement accessible afin de générer un financement qui sera géré par les institutions économiques autochtones établies dans le Nord. Ces institutions s'uniront en partenariats avec des gouvernements, avec des entreprises autochtones et avec des investisseurs privés.
Il faut une source de revenus stable et régulière, des capitaux accessibles et un mécanisme de flux de trésorerie pour l'investissement dans le développement économique autochtone dans le Nord qui remplacent les modèles de financement actuellement proposés et fondés sur des données qui ne sont pas fiables. Ces modèles ne fournissent pas la capacité et la stabilité requises pour tirer parti des débouchés. D'après notre expérience, les occasions qui se présentent sont en grande partie saisies par des entreprises du Sud qui ont déjà du capital disponible et qui tirent des avantages et des profits indirects du Territoire, laissant un vide récurrent dans leur sillage.
Les peuples autochtones des T.N-O reçoivent moins de financement que leurs homologues du Sud pour le développement économique, parce que notre financement passe par CanNor, l'Agence canadienne de développement économique du Nord, et par le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. De plus, le Nord n'est pas toujours admissible aux financements offerts par les organismes autochtones nationaux.
La plupart des programmes fédéraux et territoriaux ne financent pas les salaires, mais ils paient des consultants et des entrepreneurs. Cela ne contribue pas à renforcer la capacité locale. Cela produit plutôt une fuite économique dans les communautés.
Les paiements de transfert fédéraux représentent environ 85 % des recettes totales du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Pour avoir accès à ce financement de développement économique, les gouvernements autochtones, leurs sociétés et leurs entreprises doivent présenter des demandes au gouvernement territorial. Leurs projets et leurs initiatives ne reçoivent souvent aucun appui s'ils ne soutiennent pas le mandat du gouvernement territorial, même s'ils soutiennent les priorités autochtones.
À l'heure actuelle, les T.N.-O font face à un manque criant d'infrastructures dans les domaines de l'énergie, des communications et du transport. Cela ajoute au coût élevé de la vie. Sans cette infrastructure stratégique génératrice de richesse, les précieuses ressources du Nord sont inutiles.
Les rôles que jouent les Autochtones dans l'économie du Nord sont essentiels pour apporter des avantages dans le Nord, pour gagner la confiance des investisseurs, pour assurer la stabilité réglementaire. Ces rôles soutiennent la mise en œuvre des recommandations du Conseil national de développement économique des Autochtones, de la Commission royale sur les peuples autochtones et de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Ils appuient les discussions sur la réconciliation économique.
Le développement de corridors pour les économies nationales, provinciales et territoriales devrait être piloté, développé et conçu par des Autochtones. Les itinéraires devraient être choisis, détenus, exploités et entretenus par les peuples autochtones en partenariat avec les gouvernements et l'industrie.
En octobre 2021, les chefs d'entreprise et les dirigeants politiques des T.N.‑O représentant les Dénés, les Métis et les Inuvialuit ont ordonné qu'une lettre en leur nom soit envoyée au Trudeau pour demander 100 millions de dollars pour la coalition. Il a réagi très rapidement en demandant à ses ministres de collaborer avec nous. Malheureusement, les parties n'ont pas encore pris contact.
En ce qui concerne certaines des recommandations que j'aimerais aborder, les obstacles au développement économique des Autochtones...
:
[
Le témoin s'exprime en ojibwa ainsi qu'il suit:]
Boozhoo dinwemaaninwog, miigwetch gizhe manido nongom, Ogema Makwa ndo azhinkaas. Gino mashkode ndo onjibaa, Binesii ndodem, nimoshomis gewiin agaa shkoseg agii abi daa ngokom gewiin kina gwaya agii naagidowenimaan.
[Les propos en ojibwa sont traduits ainsi:]
Salutations, mes amis. Merci, mon Dieu, pour cette journée. Je m’appelle Ogema Makwa. Je suis de la Première Nation de Long Plain. Je fais partie du clan de l'oiseau-tonnerre. Mon grand-père aussi venait de la réserve, et ma grand-mère s'occupait de tout le monde.
[Traduction]
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître pour vous parler du grave problème qui entrave depuis très longtemps notre développement économique.
Je m'appelle Jerry Daniels. Je suis le président de la Southern Chiefs' Economic Development Corporation et le grand chef de la Southern Chiefs' Organization basée dans le Sud du Manitoba. La Southern Chiefs' Organization représente 34 Premières Nations, soit environ 81 000 citoyens, ou le 10 % de la population totale des Premières Nations du Canada. La Southern Chiefs' Economic Development Corporation a été fondée en 2018 pour améliorer et renforcer à long terme la base économique de ses 34 Premières Nations membres. La Southern Chiefs' Organization a été fondée en 1999 et, comme je l'ai dit, elle représente 34 Premières Nations d'origine anishinabe et dakota.
La Southern Chiefs' Economic Development Corporation, ou la Corporation, nous permet de participer à titre de partenaires égaux et à part entière au secteur de l'entreprise privée partout au Manitoba. C'est pour nous une occasion de passer de la pauvreté à la prospérité. La Corporation est essentielle pour créer de la richesse dans les communautés des Premières Nations du Sud du Manitoba.
Mon message est clair: le Sud doit être prêt à faire des affaires avec nous, car nous sommes absolument déterminés à le faire nous aussi. La création de la Corporation est une étape importante pour que nos communautés regagnent leur souveraineté économique. L'aigle qui figure sur son logo représente l'importance d'une économie solide qui génère l'espoir et la prospérité. La philosophie de la Corporation repose sur le fait que nous serons plus forts et plus efficaces si nous travaillons ensemble. Par conséquent, nous valorisons tous les éléments d'une bonne entreprise et de partenariats équitables, car en travaillant ensemble, nous pourrons bâtir une économie plus forte pour tous nos peuples.
À l'heure actuelle, les entreprises, les communautés et les habitants autochtones du Manitoba apportent chaque année plus de 9,3 milliards de dollars à l'économie du Manitoba. Je vous invite à jeter un coup d'œil sur le rapport intitulé Indigenous Contributions to the Manitoba Economy publié en janvier 2019. Ce rapport décrit l'importance des dépenses des communautés, des entreprises, des gouvernements et des ménages autochtones dans l'économie du Manitoba. Malgré cela, les peuples des Premières Nations, qui constituent la grande majorité de la population autochtone du Manitoba, participent moins que le reste de la population aux activités commerciales et industrielles qui créeraient de la richesse pour leurs citoyens.
Nous sommes convaincus que pour établir la réconciliation économique à long terme, nous devons nous concentrer sur les composantes de la création de la richesse. L'un de ces éléments clés est la participation active et efficace d'entreprises durables et viables à l'économie. Nous ne pouvons plus être exclus des débouchés économiques d'où provient la richesse de notre pays, et nous ne pouvons plus accepter autre chose qu'un partenariat à long terme, à part entière et à parts égales dans les débouchés commerciaux actuels et futurs qui surgissent tout autour de nous. Ils sont importants et essentiels. Si nous n'accroissons pas la richesse des Premières Nations, nous n'améliorerons que très peu leur niveau de vie, qui continuera à s'écarter de manière inacceptable de celui du reste de la population.
Parlons maintenant des lacunes. Il y a plusieurs années, le ministère des Affaires indiennes a mené une étude nationale sur l'indice du développement humain. Les conclusions étaient claires et n'avaient rien d'étonnant. L'indice des Premières Nations du Canada était le plus faible de tous les groupes identifiables au pays, et celui des Premières Nations du Manitoba figurait parmi les plus faibles de toutes les autres Premières Nations du Canada. Malheureusement, au cours de ces 15 à 20 dernières années, on n'a presque rien entrepris pour améliorer la situation.
Afin d'encourager la création de richesse chez les Premières Nations, ce qui réduira les écarts qui règnent depuis si longtemps dans la société canadienne, je vais présenter brièvement quelques-uns des principaux obstacles à éliminer.
Le premier est la pauvreté et le manque d'équité. Bien que ces deux éléments ne soient pas nécessairement identiques, ils ont tendance à aller de pair. Il faut briser le cycle de la pauvreté en encourageant l'éducation, la formation, les occasions d'affaires et le logement adéquat. Ce sont là quelques-uns des éléments clés qui doivent changer.
Même en augmentant légèrement les occasions d'éducation, ces écarts existent toujours. Nous devons veiller à ce que les écoles des réserves soient parmi les mieux financées et dotées des meilleures ressources avec les meilleurs enseignants disponibles. Nous devons aussi nous attaquer à la pénurie de logements. Il faut aussi soutenir les occasions d'affaires à long terme dans l'industrie. Le gouvernement et les Premières Nations peuvent faire preuve de créativité pour remédier à ces pénuries le plus rapidement possible. Des garanties de prêts à long terme aux Premières Nations et aux entreprises de Premières Nations pour des projets d'immobilisations, et surtout de logement, pourraient contribuer à éliminer cette crise.
Bref, les normes de base que l'on applique à la majorité des Canadiens doivent aussi être les normes minimales appliquées aux Premières Nations. Si nous voulons collectivement nous attaquer aux problèmes fondamentaux et combler les lacunes, améliorons les infrastructures de base comme les soins de santé, les routes, les aéroports, l'eau potable et la pénurie de logements.
L'équité est importante parce que, sans elle, les particuliers, les communautés et les sociétés de développement de l'entreprise ont infiniment plus de peine à démarrer et à se maintenir sur une voie de création de la richesse grâce au développement économique.
L'accès au capital demeure un obstacle. De plus, il faut établir un fonds d'actions ordinaires pur. Il est toujours difficile d'accéder au capital — à des subventions et à des emprunts à faible intérêt — surtout pour les grandes initiatives économiques de diverses industries, comme l'énergie propre, l'exploitation minière, l'exploitation des ressources, la sécurité alimentaire, l'infrastructure et plus encore. Il est très difficile pour les Premières Nations de s'introduire dans l'économie de capital qui règne à l'heure actuelle. Nous accusons du retard depuis de nombreuses décennies, parce que l'on a empêché les Premières Nations de participer efficacement au secteur agricole. Les Premières Nations ont eu beaucoup de difficulté à s'introduire dans ces économies à forte intensité de capital à cause des fonds qu'il leur aurait fallu et de l'ingérence bureaucratique.
La conversion de nos terres en réserves en constitue un élément important. L'isolement et le manque d'infrastructures ont créé énormément d'obstacles.
Les occasions d'approvisionnement sont toujours épouvantables pour les Premières Nations. Quelle que soit l'orientation stratégique d'Ottawa, les Premières Nations n'en bénéficient pas toujours, car elles ont vraiment besoin qu'on leur donne l'occasion d'investir dans leurs communautés.
:
[
Le témoin s'exprime en micmac et fournit le texte suivant:]
Wela'lioq iknmuioq Kis luwistun. E am kiskuk teluisik Sipekne'katik District. Wutan Millbrook First Nation, Mi'kma'ki.
[Le témoin fournit un texte en anglais dont voici la traduction:]
Je vous remercie de me donner la parole. Aujourd'hui, je me trouve dans le district de Sipekne'katik, la communauté de la Première Nation de Millbrook, Mi'kma'ki.
[Traduction]
J'aimerais vous remercier de me permettre de vous parler aujourd'hui des obstacles au développement économique des Autochtones. Je suis chef des opérations d'Ulnooweg, une institution financière autochtone qui répond aux besoins des communautés autochtones de l'Atlantique.
La création du groupe Ulnooweg remonte à 1985. C'est l'une des premières sociétés de financement autochtones qui ait reçu des capitaux. Depuis plus de 35 ans, elle témoigne de la résilience et de l'innovation du développement économique des Autochtones. À ses débuts, au cours des premières années du développement communautaire, le groupe Ulnooweg avait un mandat très vaste. Il devait promouvoir le bien-être économique et social de ses membres, soutenir la formation, l'éducation et l'aide à la recherche pour accroître les possibilités d'emploi et fournir un soutien aux entreprises caritatives ainsi qu'aux organismes et aux sociétés qui s'occupaient du développement économique et social de nos membres.
Pendant ses 20 premières années, le Groupe s'est concentré sur la promotion du bien-être économique — que retenait une programmation gouvernementale dont le mandat se limitait à ce qu’on appelait les « prêts au développement », qui limitent encore aujourd’hui les montants de prêts en fonction du programme qui les accorde.
Le cheminement d'Ulnooweg vers l'innovation a commencé en 2004, lorsque le Groupe a constaté que les besoins en capital non comblés dépassaient les prêts accordés au développement tout en n'atteignant pas le niveau de tolérance au risque des institutions traditionnelles.
En 2007, notre président, le chef Terrance Paul, de Membertou, a déclaré dans son discours aux chefs de l'Atlantique que, pour rattraper l'économie canadienne, il nous fallait l'accès à des capitaux plus importants. Il nous fallait du financement pour les infrastructures communautaires et économiques, pour le logement, pour le développement de nos ressources halieutiques et forestières et pour la croissance de nos entreprises. À l'heure actuelle, nous n'avons tout simplement pas accès aux capitaux qu'il nous faut. Si nous n'agissons pas dès maintenant pour jeter les bases de nos propres institutions afin de tirer parti de notre pouvoir collectif de dépenser, nos communautés continueront de perdre des profits.
Le groupe Ulnooweg a mené une étude de faisabilité exhaustive avant d'établir sa propre structure financière dans les provinces de l'Atlantique pour combler cette lacune. Cette étude de la demande du marché nous a amenés à poursuivre notre recherche de façons novatrices afin de répondre aux besoins en capitaux des gouvernements des Premières Nations du Canada atlantique.
En 2005, la Loi sur la gestion financière et statistique des premières nations est entrée en vigueur. Elle permet de tirer des revenus sous forme d'impôts fonciers et de baux sur les terres de la réserve afin de garantir des prêts de l'AFPN. Les Premières Nations de l'Atlantique ont tout de suite reconnu leur manque d'impôts fonciers et de revenus de baux. Grâce aux résultats de notre étude approfondie de la demande du marché auprès de plus de la moitié des Premières Nations de l'Atlantique, nous avons pu aider l'AFPN à faire reconnaître les revenus autonomes, notamment ceux qui proviennent des jeux de hasard, des pêches et d'autres activités commerciales.
En 2007, en collaboration avec l'Atlantic Policy Congress of Chiefs, l'équipe de développement de l'industrie de la pêche a été créée et chargée de s'occuper du développement du secteur de la pêche autochtone dans le Canada atlantique. Le succès de cette équipe a entraîné la création de services semblables dans le Pacifique et sur la côte Nord.
En cherchant des façons novatrices de répondre aux besoins d'accès aux capitaux, nous avons appris à connaître les rouages du secteur philanthropique. Nous avons compris que notre examen et notre présentation des états financiers vérifiés des bandes aux chefs et aux conseillers locaux en vertu de ce que nous appelons maintenant « l'examen financier communautaire » peuvent être considérés comme un travail de bienfaisance. Cela a mené à l'établissement, en 2014, du centre Ulnooweg Financial Education Centre, un organisme de bienfaisance qui offre des services de littératie financière gouvernementale.
Notre travail a également souligné notre manque d'infrastructures pour accepter des fonds philanthropiques, car la loi n'a jamais reconnu les Premières Nations comme des organismes publics ou gouvernementaux, comme l'ont été les municipalités. Notre organisme de bienfaisance a continué à aider les communautés à obtenir le statut de donataire sans facturer les bandes pour ce service.
En nous efforçant de soutenir la croissance des entreprises autochtones, nous nous rendons compte que nous manquons terriblement de capacité technologique. En cherchant à participer à l'approvisionnement, par exemple, nous avons découvert que notre capacité de répondre aux demandes de proposition et à des offres d'emploi était très faible, voire inexistante. Nous avons alors commencé à explorer l'écosystème de l'innovation pour définir nos besoins, ce qui nous a entraînés à mener une initiative concertée d'études en STIM pour les jeunes Autochtones de la maternelle à la 12e année, inspirant ainsi la génération qui nous suit.
En établissant des liens avec la philanthropie, Ulnooweg a créé sa propre fondation caritative, la Ulnooweg Indigenous Communities Foundation.
En annonçant récemment la subvention de 15 millions de dollars sur cinq ans qu'elle a reçue de la Mastercard Foundation, la fondation Ulnooweg témoigne de l'approche novatrice qu'elle suit pour faire progresser le développement économique des Autochtones. En effet, conformément à son mandat initial, elle contribue non seulement au développement des entreprises et de l'économie, mais à celui des domaines de l'éducation, de la santé, des loisirs et du développement communautaire .
On constate aussi cela dans ses initiatives de développement institutionnel. Notre fondation a contribué à la croissance d'institutions essentielles en leur fournissant des services d'administration financière pour renforcer leur autonomie. Elle a établi notamment l'organisme Made-in-Nova Scotia Process, qui est devenu le Kwilmu'kw Maw-klusuaqn et qui s'occupe de la mise en œuvre des droits issus de traités. À l'heure actuelle, non seulement nous administrons les entreprises commerciales collectives des bandes des Premières Nations, mais nous élaborons une autorité sanitaire mi'kmaq en Nouvelle-Écosse pour appuyer la transformation du système de santé.
L'approche novatrice d'Ulnooweg a nécessité un soutien financier opérationnel accru, car l'effectif du Groupe est passé de 6 personnes à plus de 65, et il continue de croître. Le manque de soutien opérationnel pour le renforcement des capacités dans le cadre de la croissance institutionnelle est un problème courant auquel se heurtent les communautés autochtones de partout au pays, comme nous l'avons aussi constaté en créant des institutions nationales comme le CGFPN.
Merci.
:
L'éducation doit tenir compte de l'économie locale et des occasions qui y sont offertes. Ces occasions ne sont pas toujours présentes et ne sont pas toujours clairement reliées à la formation qui se donne dans la région. Les industries émergentes sont très importantes, mais les Premières Nations ont beaucoup de difficulté à s'introduire dans l'industrie ou à en devenir de véritables partenaires, parce qu'elles manquent de capitaux et d'expérience dans ces domaines.
Nous proposons la création d'un fonds d'investissement par les pairs à l'intention des Premières Nations et des sociétés de développement régional. Cela leur donnera l'accès à des capitaux qui les aideront à se lancer dans d'importants secteurs d'affaires, quels qu'ils soient, sans être assujetties aux multiples conditions des programmes du passé. Cela uniformiserait les règles du jeu, parce que depuis des décennies, les Premières Nations sont exclues de nombreuses industries. Elles n'ont pas pu développer ou accumuler une quantité importante de capitaux qui leur permettraient de diversifier leurs activités dans une large mesure.
Je pense que c'est ce qui a créé la pauvreté soutenue et les fossés croissants dans la région. Les paiements de transfert dans le cadre des programmes sociaux ont des limites. Bon nombre de nos communautés sont coincées dans la gestion de la pauvreté. Nous devons réorienter nos efforts vers la création d'occasions et de partenariats et vers l'établissement de relations avec le secteur privé. Il nous faut pour cela l'appui du Canada.
Le Canada doit être en mesure de créer la volonté et l'ouverture nécessaires pour inviter les Premières Nations non seulement à participer aux activités de ce domaine, mais à y contribuer réellement. L'investissement effectué ici au Manitoba dans l'usine de protéines aurait pu être fait dans une réserve des Premières Nations. Beaucoup de...
:
Merci beaucoup, monsieur McLeod.
Comme vous l'avez mentionné, nous œuvrons depuis de nombreuses années dans les services publics ainsi que dans le secteur pétrolier et gazier. Alors que l'industrie minière est le moteur de l'économie des Territoires du Nord‑Ouest, surtout dans les régions diamantifères, depuis un certain nombre d'années les groupes autochtones se sont vraiment concentrés sur la prestation de services aux mines et le renforcement de cette capacité. Dans les années 1990, une poignée d'entreprises autochtones procuraient ces approvisionnements et ces services. Il y en a maintenant près de 100, mais il faut savoir que le cycle de vie des mines est limité et qu'il tire à sa fin. Nous devons nous diversifier.
L'un des plus grands défis est le développement des infrastructures pour l'hydroélectricité, les lignes de transport, les corridors de transport, etc. Cela exigera beaucoup de capitaux. Il faudra une capacité technique et beaucoup de planification, et beaucoup de processus de préparation de projets de qualité qui coûtent énormément d'argent, notamment les études de faisabilité, les évaluations du marché, les analyses concurrentielles, l'ingénierie, les analyses juridiques, les études d'impact environnemental, les plans de financement structurés, les plans de transactions financières, les plans de mise en œuvre, etc.
Le simple fait d'examiner un projet exige beaucoup de capacité — financière, juridique, environnementale, etc. —, collaborer avec les gouvernements, les processus réglementaires, les banques et le capital-investissement au besoin. C'est là où je pense qu'il y a un réel manque de financement pour les entreprises autochtones dans le Nord, en fait non seulement dans le Nord, mais partout au pays.
Cela exigera beaucoup de travail, parce qu'en fin de compte, comme M. Daniels l'a mentionné, ce sont les emplois, les retombées directes des emplois dans les poches des gens de nos collectivités et de nos régions respectives qui amélioreront la vie des gens.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord remercier l'ensemble des témoins de leurs témoignages, qui nous donnent aujourd'hui des pistes de solution. J'ai trouvé tout ce qu'ils ont dit intéressant.
J'aimerais que nous nous éloignions de certaines questions dont on parle depuis le début, bien qu'elles soient extrêmement importantes, comme celle de l'accès aux capitaux.
M. Daniels a dit qu'il existait d'autres types de difficultés auxquelles faisaient face les Premières Nations, notamment sur le plan de l'éducation, du logement, de la santé et des infrastructures de base, nommément celles touchant l'eau potable.
J'aurais aimé que chacun des intervenants nous explique en quoi tout cela constitue une barrière à l'entrepreneuriat. Il y a la question du capital, mais il faut d'abord qu'il y ait des entrepreneurs, des gens qui veulent faire des affaires.
Comment cela nuit-il à l'entrepreneuriat, et quelles seraient les solutions?
On pourra certainement parler d'équité, à court terme, pour appuyer l'entrepreneuriat autochtone.
Beaucoup savent que nous faisons face à un problème de discrimination systémique au Canada au niveau des emplois et de l'embauche. Nos membres nous en parlent beaucoup. Ils se rendent à différents endroits dans le Nord du Manitoba et dans différentes régions à la recherche de travail.
Du côté de la solution, comment pouvons-nous changer cela? Comme je l'ai dit, nous avons besoin des meilleurs enseignants. Nous avons besoin d'un système d'éducation concurrentiel. Nous cherchons toujours ce qu'il y a de mieux en matière de pratiques exemplaires. Nous devons absolument offrir à nos entrepreneurs le soutien dont ils ont besoin pour accéder à différentes industries et y entrer, et c'est ce que nous constatons. Cependant, nous devons garder à l'esprit que des décennies d'obstacles, et même des blocus, pour les Premières Nations qui entrent dans l'industrie ont été extrêmement importants.
C'est progressif. Jusqu'à quel point le gouvernement est‑il prêt à accepter les changements? L'expansion progressive du développement économique, par opposition à la pauvreté que nous connaissons, va‑t‑elle changer quoi que ce soit de façon importante à l'amélioration du mieux-être et de la qualité de vie?
C'est le défi que doivent relever tous les dirigeants et tous ceux qui parlent de développement économique et qui essaient de créer des débouchés. En faisons-nous assez? Éliminons-nous suffisamment de formalités administratives? Créons-nous un accès suffisant au capital? Incluons-nous les groupes démographiques les plus marginalisés dans bon nombre des investissements provenant d'entreprises et de pays étrangers? Nous ne participons pas à ces tables. Nous intervenons au bas de l'échelle des contrats de sous-traitance et des avantages, et nous ne participons pas aux discussions principales concernant les investissements.
On doit des millions d'acres aux Premières Nations juste dans le Sud du Manitoba. Ces acres représentent une richesse et un investissement dont nous ne faisons pas partie. On doit pouvoir disposer de capitaux propres pour être des partenaires significatifs, tirer parti de cette expérience et, espérons‑le, diversifier notre patrimoine.
Il y a deux niveaux, parce que nous devons travailler avec les municipalités, les provinces et le gouvernement fédéral, qui ont établi une relation de gouvernement qui excluait les Premières Nations et qui continue de le faire. Ce sont des difficultés réelles que nous avons.
Si nous voulons changer la qualité de vie, il faudra régler tous ces problèmes. Je pense qu'une solution liée uniquement aux capitaux propres aidera à rationaliser et à donner aux Premières Nations plus d'avantages et de possibilités de participer aux industries émergentes.
:
Je pourrais en parler toute la journée. Je pourrais parler de la façon dont les provinces aiment nous enlever notre taxe sur le tabac et essayer de nous dépouiller... et d'imposer leur compétence aux Premières Nations. On ne voit pas cela en Ontario.
Lorsque l'industrie du cannabis a été créée, elle aurait donné un coup de pouce aux Premières Nations. On nous a plutôt parlé après la mise en œuvre d'une stratégie. C'est une industrie qui aurait pu donner aux Premières Nations la possibilité de créer de la richesse et nous permettre de nous diversifier.
Les Premières Nations sont organisées de telle sorte que... dans certaines de nos organisations collectives, comme la SCEDC, par exemple, ou même les sociétés qui appartiennent à la collectivité, les revenus sont habituellement consacrés à l'éducation. Ils sont axés sur la pénurie de logements. Ils sont destinés aux loisirs. Ils visent à créer plus de possibilités dans nos collectivités. Il ne s'agit pas simplement de créer de la richesse au profit de la richesse ou de la richesse des particuliers. C'est un effort collectif pour créer une richesse et un bien-être collectifs.
C'est la différence dans une grande partie de l'approche des Premières Nations en matière de développement économique. J'espère que nous continuerons de voir de plus en plus de partenaires se mobiliser et exprimer une compréhension très complète des raisons pour lesquelles il est important pour nous de nous concentrer sur ces aspects et pour que les décideurs nous donnent plus d'occasions de nous attaquer à ce problème.
:
[
La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᓯᕗᓪᓕᕐᒥᑦ ᖁᔭᓕᒍᒪᕙᔅᓯ ᐅᖃᐅᓯᕆᔭᔅᓯᓐᓂ ᐱᒋᐊᕈᑎᖃᖅᖃᐅᒐᔅᓯ. ᐊᒃᓱᐊᓗᒃ ᐅᐱᒋᕙᔅᓯ.
[Les propos en inuktitut sont traduits ainsi:]
Merci. Je tiens tout d’abord à vous remercier pour les sujets que vous avez abordés en premier. Je vous félicite tous.
[Traduction]
Je tiens d'abord à remercier tous les témoins qui ont commencé à parler dans leur langue autochtone ou leur langue métisse. Je pense que c'est une façon très importante de vous présenter. J'essaie toujours de parler l'inuktitut chaque fois que je le peux, parce que je pense qu'il est important que tous les ordres de gouvernement sachent que nous sommes encore ici et que nous parlons encore nos langues. Je vous en suis très reconnaissante.
La deuxième chose que j'apprécie de la part de vous tous et de tous les témoins dans le cadre de cette étude, c'est que nous entendons constamment parler de l'histoire de la pauvreté et de l'histoire de la suppression. Je pense qu'il est important que nous continuions d'entendre ces témoignages. Ce sont des messages vraiment importants que nous devons continuer d'entendre comme parlementaires. Plus nous entendons parler de ces réalités, plus nous devons nous rendre compte de l'ampleur des changements pour lesquels nous devons nous battre. J'ai vraiment aimé que vous nous fassiez tous part de votre expertise dans ces domaines.
Ma première question s'adresse à tous les témoins. Les réponses pourraient peut-être suivre l'ordre de la liste des intervenants.
Avant le colonialisme, les Premières Nations, les Métis et les Inuits avaient une expertise, des compétences et leur propre forme d'économie. De quelle façon est‑ce que votre organisation ou votre organisme favorise et utilise les systèmes traditionnels pour appuyer l'expertise des Premières Nations, des Métis et des Inuits dans vos collectivités?
:
Je viens d'une famille qui interagit avec les Métis, les Dénés et les Inuits parce que notre territoire traditionnel s'étendait de Yellowknife jusqu'à la côte arctique. Sir John Franklin avait en fait pour guide notre célèbre chef Akaitcho tout le long de la côte, jusqu'à Fort Chipewyan, en Alberta.
Les organisations autochtones du Nord travaillent ensemble. Nous avons établi des partenariats avec les Inuits et les Inuvialuits. Nous avons en réalité un partenariat, The Northern Aboriginal Services Company, qui se compose de la Yukon Indian Development Corporation, de Nunasi, de la Société inuvialuit de développement et de Denendeh Investments, qui travaillent ensemble depuis 30 ans. Nous entretenons toutes les infrastructures de télécommunications dans le Nord.
Le pensionnat avait de mauvais côtés, mais aussi de bons côtés. Ceux d'entre nous qui ont survécu se sont engagés à être de très bons amis, non seulement en famille, mais aussi dans des relations d'affaires. Bon nombre des principes que nous avons appris sont tirés des enseignements de nos aînés, comme la façon dont nous devons nous traiter les uns les autres comme êtres humains et travailler au profit de nos amis, de nos parents et de nos familles.
:
Tout d'abord, je ne suis pas d'accord pour qu'on tente de présenter les pensionnats comme autre chose qu'une tentative de tuer l'Indien dans l'enfant. Je n'accepterai jamais les pensionnats pour quoi que ce soit d'autre.
Je vais m'arrêter là. Je dirai que ce que nous faisons, c'est donner une chance à nos jeunes qui font des études. Nous envoyons nos gens à l'école et, dans bien des cas, ils sont coincés dans les villes, et il n'y a pas beaucoup de possibilités dans la collectivité. Ce sont de simples paiements de transfert. Ce sont de simples programmes gouvernementaux qui sont sous-financés. Vous gérez donc la pauvreté, et beaucoup de gens viennent dans les collectivités. Nous avons des dépendances. Il n'y a pas d'investissement là‑bas, alors on ne leur donne pas la possibilité de travailler pour leur population ou pour leurs collectivités.
C'est la raison d'être de nos valeurs. Il s'agit de revenir et de pouvoir contribuer à votre collectivité et à la nation en général. Nous sommes un collectif de peuples Anishinabe. Nous avons 30 collectivités Anishinabe. Nous avons quatre collectivités Dakota, alors nous mettons vraiment l'accent sur les enseignements et les valeurs de base à cet égard. Une grande partie de ce que nous faisons est collective. Nous sommes une société de développement économique collective appartenant à toutes les collectivités.
En plus de faire croître l'organisation, il s'agit aussi de créer des possibilités de loisirs. Il s'agit d'investir dans nos collectivités, de soutenir le bien-être de la collectivité et de chercher à établir des partenariats avec les collectivités afin de créer plus de possibilités et d'établir des relations au sein du secteur privé pour créer plus de possibilités. C'est ce dont il s'agit pour nous. C'est une approche globale parce que nous essayons d'examiner toutes les possibilités.
C'est aussi une question d'équité. Nous avons toujours été justes. Le processus des traités était équitable. La survie de bon nombre des colons qui sont arrivés ici au début dépendait des Premières Nations. Nous étions les contributeurs sociaux. Nous avons contribué à la survie des colons sur nos territoires, de sorte que ce système de valeurs se poursuit aujourd'hui. C'est une question d'équité, et nous en avons fait partie.
L'équité est une question de justice. On ne peut pas dire qu'un enfant des Premières Nations né dans une collectivité des Premières Nations jouit de la même équité qu'une personne née dans la classe moyenne de Winnipeg. Ce n'est tout simplement pas la même chose. Vous ne vivez pas les mêmes décennies de pauvreté et toutes les autres choses qui l'accompagnent. C'est ce que nous avons fait pour assurer la continuité de nos valeurs culturelles dans le développement économique.
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C'est de bonne guerre. Je vais saisir cette occasion. Merci.
Je remercie tous les témoins de leur présence. Nous avons entendu d'excellents témoignages aujourd'hui, et je vous remercie d'avoir pris le temps de venir contribuer à notre discussion sur les obstacles aux entreprises autochtones.
Dans vos observations, vous avez tous fait allusion aux organisations visées par la Loi sur la gestion financière des premières nations. Vous avez parlé de l'accès au capital et d'un certain nombre de choses qui pourraient jouer un rôle à cet égard.
Si vous me le permettez, je vais commencer par le grand chef Daniels. En ce qui concerne la loi sur la gestion financière, vous représentez de nombreuses Premières Nations au sein de vos organisations. Je crois comprendre que l'une des limites à l'accès au financement par capitaux propres en vertu de la Loi sur la gestion financière des premières nations, c'est qu'il faut le faire au niveau de chaque Première Nation. Cela ne peut pas être fait par un conseil tribal ou par une grande organisation représentant de multiples Premières Nations.
Je vais commencer par M. Daniels, puis chacun d'entre vous pourra peut-être nous dire brièvement si c'est ce que vous avez constaté et si c'est un facteur limitatif pour vous.
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Je pense que nous voulons toujours faciliter la participation des Premières Nations, ce que nous n'avons absolument pas vu. On ne nous a pas donné cette possibilité, alors nous voulons l'avoir.
SCO représente les Premières Nations qui sont isolées et qui n'ont pas beaucoup de possibilités. Elle ne crée pas de réserves urbaines à Winnipeg. Ce sont tous des Anishinabe, mais nous avons trois, quatre ou cinq collectivités qui sont probablement à des décennies de voir un développement économique important dans l'un ou l'autre des marchés vraiment importants du Sud du Manitoba.
Notre approche consiste en fait à essayer d'appuyer ces collectivités, d'établir des partenariats et d'appuyer le travail qu'on devrait leur donner l'occasion de réaliser. C'est ce à quoi s'emploie SCO sur le plan du développement économique, parce que nous pensons aux 34. Ma collectivité, par exemple, de la Première Nation de Long Plain, se porte très bien ici, à Winnipeg, mais cela n'aide en rien les Premières Nations de Pauingassi, de la rivière Poplar ou de Little Grand Rapids qui, je le répète, sont les collectivités où il y a le plus grand nombre d'appréhensions d'enfants au Canada. Il s'agit d'un manque de possibilités, de développement économique et de soutien dans cette région.
Nous pensons à ces collectivités à SCO. Nous pensons aux collectivités qui sont en retard. Pour ce qui est des capitaux propres, il n'y a tout simplement pas de comparaison. Elles n'ont pas les mêmes possibilités, alors nous devons essayer d'appuyer les régions qui ne sont pas en mesure d'en tirer parti.
Lorsque je pense à la loi sur la gestion, je ne sais pas de quelle façon elle profitera aux collectivités comme celles‑là, mais SCO peut prendre l'approche et le leadership pour ces collectivités et, espérons‑le, nous renforcer tous en nous unissant. C'est l'approche que nous aimerions adopter.
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Quiconque travaille dans le secteur privé sait que c'est toujours très concurrentiel. Il faut avoir des relations pour savoir où acheter et où trouver la meilleure main-d'œuvre pour l'industrie dans laquelle on travaille. Le capital est un élément important qui vous permet de prendre position, que ce soit à titre d'associé ou de propriétaire. Beaucoup de possibilités auraient pu être offertes aux Premières Nations collectivement. L'industrie du cannabis a joué un rôle important à cet égard.
Les Premières Nations sont exclues d'un grand nombre des industries du Manitoba, et nous n'avons pas été en mesure de capitaliser au point où vous commencez à voir un changement au niveau de la qualité de vie ou au point où vous commencez à voir que la croissance de l'emploi dépasse la croissance démographique. La croissance de la pauvreté continue d'être la tendance ici au Manitoba, et elle entraîne un écart de 11 ans dans l'espérance de vie.
Il est important qu'il y ait des capitaux disponibles pour que nous puissions faire des achats dans différents grands projets d'infrastructure comme la ligne de transport qui a été construite. Nous aurions pu saisir cette occasion. Il y a de nombreuses expansions dans différentes banlieues partout au Manitoba, dans tout Winnipeg. Nous ne sommes pas propriétaires de ces terres.
Entretemps, on nous doit des millions d'acres, mais rien ne change pendant que nous continuons à négocier 20 ans après la signature de l'accord. Vingt-cinq ans plus tard, nous sommes toujours sans capitaux, sans terres, et on nous dit toujours d'attendre. J'espère qu'un jour nous pourrons récupérer ces terres, mais entretemps, l'industrie continue d'aller de l'avant, et les capitaux sont restrictifs, tout comme les formalités administratives. En ce qui concerne le cannabis, nous avons été exclus. Lorsque nous essayons de créer nos propres industries, la province nous impose des règlements et ferme nos portes.
C'est le défi pour nous. C'est un blocus économique, et nous devons continuer de nous y attaquer. Voilà pourquoi les Premières Nations vivent dans la pauvreté. Il n'y a pas beaucoup d'appui pour les investissements étrangers dans les collectivités des Premières Nations ou pour donner des garanties aux investissements étrangers dans les Premières Nations. Cela pourrait se faire près de terres ferroviaires. Cela pourrait se faire dans des marchés favorables à l'investissement. Ce sont les défis qu'il est important pour nous de comprendre et, espérons‑le, de relever.
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L'une des solutions importantes à ce dont vous parlez, c'est la connectivité dans nos collectivités et les possibilités de développement économique en ligne pour la formation, les universités, la certification et toutes ces choses. Ce ne sont évidemment pas les arts appliqués directement, parce qu'il est beaucoup plus difficile d'obtenir la formation sur le terrain, mais il y a des possibilités à cet égard.
C'est encore limité. Je pense donc qu'il est important pour nous, surtout pour les collectivités isolées, qu'on leur donne des possibilités dans les régions urbaines.
Je pense qu'ils ont adopté une approche très progressiste, parce qu'il y a un système d'éducation collectif ici pour les collectivités du Sud‑Est de Winnipeg. Il existe depuis longtemps. Il a été un succès. Modifie‑t‑il le statut socioéconomique? Cela se produit certainement — probablement un peu —, mais je ne pense pas que cela dépasse le rythme auquel nous connaissons des problèmes socioéconomiques.
Je pense que c'est difficile, mais il y a des solutions sur le plan de la connectivité. C'est un élément très important. Il s'agit aussi d'établir des relations avec les collectivités pour créer des possibilités.
Il n'y a pas d'organe assez agressif pour s'en prendre à de nombreux partenaires du secteur privé qui devraient également être tenus responsables d'inclure les Premières Nations et de leur donner des emplois, plutôt que de simplement produire des comptes d'une manière qui ne représente pas vraiment les citoyens des Premières Nations. Je pense donc qu'une grande partie de cela se passe également.
J'aimerais poser de nouveau une question aux trois témoins, et je vais peut-être changer l'ordre du dernier intervenant pour le plus récent.
Je suis frappée par l'expertise que vous possédez tous dans chacun de vos domaines et par l'expérience que vous avez acquise en tant qu'Autochtones, ainsi que par les obstacles auxquels vous avez dû faire face.
J'aimerais également réagir à ce que le grand chef Daniels a dit au sujet de la progression du développement économique des Premières Nations, des Métis et des Inuits. Je pense que cette progression est plus que ralentie. Je pense qu'elle est carrément contrecarrée. Je pense que les politiques gouvernementales visent délibérément à faire en sorte que les collectivités des Premières Nations, des Métis et des Inuits ne soient pas en mesure de faire aussi bien que les autres en matière de développement économique.
La question que je vous pose à tous les trois est la suivante: comment changeriez-vous les politiques fédérales pour ces économies traditionnelles, sur lesquelles je vous ai posé plus de questions, afin qu'elles soient mieux acceptées? À votre avis, quels types de politiques faudrait‑il modifier pour assurer une plus grande participation des entreprises des Premières Nations, métisses et inuites?
Je tiens à remercier nos trois témoins de cet après-midi, le chef Daniels, Darrell Beaulieu et Chris Googoo, d'avoir pris le temps de répondre à nos nombreuses questions. Nous vous en sommes très reconnaissants. Cela nous aidera dans notre étude.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, nous allons maintenant passer sans interruption, je l'espère, au deuxième groupe de témoins. Nous entendrons Thomas Benjoe, président-directeur général, File Hills Qu'Appelle Developments; Andy Moorhouse, vice-président du développement économique, Société Makivik; et Carlana Lindeman, directrice du programme études, Initiative de la famille Martin.
Nous allons commencer par écouter M. Benjoe.
Monsieur Benjoe, vous avez cinq minutes pour faire votre exposé.
Merci.
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Parfait. Merci beaucoup.
Bienvenue à tous. Pidamaya.
Je vous remercie de me donner l'occasion de parler au nom de FHQ Developments, qui représente le Conseil tribal de File Hills sur le territoire visé par le Traité no 4 en Saskatchewan. Je suis membre de la Première Nation de Muscowpetung.
Lorsque nous examinons certains des obstacles à la participation économique des communautés autochtones, nous devons tenir compte des débouchés économiques et socioéconomiques que nous devons exiger pour certains des projets qui sont exécutés sur nos territoires, et la façon dont nous gérons les affaires et créons ces relations d'affaires dans nos territoires.
Je regarde un certain nombre de projets financés par le gouvernement fédéral ou les provinces, des projets qui se déroulent sur le territoire. Revenons en arrière et essayons d'évaluer en quoi consistent la reddition de comptes et la transparence de ces projets sous l'angle de la participation des Autochtones. On nous dit qu'il y a des politiques d'approvisionnement autochtones en place et que les projets vont entraîner des dépenses de tant auprès d'entreprises autochtones et employer tel nombre d'Autochtones, mais d'après mon expérience de cinq ans à titre de PDG, il arrive souvent que les politiques dictent des relations parfois négatives, et que les organisations sont disposées à en faire juste assez pour obtenir un contrat ou pour respecter la prémisse des politiques d'approvisionnement auprès des Autochtones. Du côté de la main-d'œuvre, nous voyons de grands projets où il suffit de trouver un emploi à un Autochtone pendant un certain temps pour un projet, par opposition à la création et au développement d'une capacité pour notre peuple.
Ce sont des choses qui sont souvent très frustrantes pour nous lorsque nous voyons ces grands projets sur nos territoires. Les auteurs de ces projets continuent d'avancer et de parler de succès, mais ce succès n'est que transactionnel et ponctuel, plutôt que de reposer sur une relation entre ces entreprises, ces projets et les Premières Nations sur ces territoires.
Ce sont des aspects que nous avons observés dans bon nombre de projets. Compte tenu des types de politiques que nous voyons sur notre territoire, je sais que nous avons dû changer notre façon de faire comme organisation. Nous mettons impérativement l'accent sur les débouchés économiques et socioéconomiques. Cela signifie que nous devons non seulement bâtir un portefeuille d'entreprises qui est concurrentiel et qui peut soutenir la concurrence sur les marchés avec des entreprises non autochtones, mais que nous avons également la responsabilité du développement économique et de nous assurer de bâtir l'écosystème d'entreprises autochtones qui nous entoure. Comment pouvons-nous amener nos nations, nos entrepreneurs et nos citoyens à collaborer avec nous pour assurer la prospérité économique dans le cadre de ces projets?
Le troisième élément, c'est la façon dont nous formons les talents autochtones en tenant compte de ces débouchés. Nous avons donc une stratégie très précise qui met l'accent sur la participation des Autochtones. Cela signifie que nous prenons le temps de comprendre le travail et les carrières à bâtir. Nous ne sommes pas ici uniquement pour que les organisations puissent afficher des chiffres impressionnants. Nous sommes ici pour bâtir des carrières, alors notre équipe de spécialistes des RH autochtones travaille de concert avec les organisations pour élaborer des plans plus approfondis sur la façon dont nous allons voir les possibilités, les carrières, afin que nos jeunes...
Si nous travaillons avec une organisation et que, disons, dans 10 ans, elle aura besoin d'un certain type d'ingénieur ou d'un certain type de compétences, nous voulons commencer à offrir l'encadrement professionnel et le mentorat nécessaires aux organisations pour établir des relations entre ces organisations et nos nations, et entre nos entreprises et ces organisations, de sorte que lorsque nos jeunes cherchent des possibilités pour l'avenir, au moins, ils savent que nous les appuyons et que nous essayons de trouver des débouchés qui ne sont pas simplement un autre programme de formation pour le plaisir de la formation; nous les formons pour qu'ils puissent profiter des possibilités de carrière.
C'est un aspect très important de notre stratégie.
Lorsque nous regardons l'historique de notre organisation, nous sommes considérés comme un groupe un peu jeune. Notre organisation n'en est qu'à ses premiers balbutiements. Nous n'existons que depuis un peu plus de 10 ans, mais nous avons commencé avec très peu d'investissements de nos nations. Nous avons tiré parti des relations et de la stratégie, et nous avons utilisé les programmes gouvernementaux auxquels nous avons eu accès pour être en mesure d'élaborer le modèle d'affaires que nous appliquons maintenant comme organisation.
Nous avons également pris des mesures très sérieuses en travaillant avec nos partenaires dans les entreprises que nous créons, de manière à pouvoir renforcer réellement la capacité, à détenir une participation au capital et qu'il ne s'agisse pas seulement de coentreprises ou de relations d'affaires fondées sur des contrats; ce sont des entreprises que nous sommes en train de bâtir.
Nous nous concentrons sur...
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Merci beaucoup de me donner l'occasion de m'exprimer.
[Le témoin s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
ᓇᑯᕐᒦᖅᖄᕈᒪᔪᖓ ᐃᓕᑦᓯᓂ, ᐱᕕᖃᖅᑎᑕᐅᒐᑦᑕ ᑕᒡᕙᓂ ᐅᖃᕈᓐᓇᓐᓂᑦᑎᓐᓂ.
[Les propos en inuktitut sont traduits ainsi:]
Tout d’abord, je tiens à vous remercier de nous donner l’occasion de nous exprimer ici.
[Traduction]
Je m'adresse à vous à titre de vice-président de la Société Makivik, représentant les Inuits du Nunavik, mais aussi comme porte-parole de tous les Inuits du Nunavik.
J'aimerais simplement souligner la difficulté que nous pose le temps qui nous est alloué en ce qui concerne le développement économique des Autochtones.
Je dirais que le principal défi serait l'accès au capital ou au capital pour les infrastructures. Le fait d'habiter dans des collectivités accessibles uniquement par avion fait en sorte qu'il est extrêmement difficile pour bon nombre de nos collectivités de commencer à créer des entreprises qui, autrement, profiteraient aux collectivités où elles se trouvent.
Je peux vous donner des chiffres comparatifs, qui représentent la dernière comparaison entre les coûts de construction dans le Sud et dans le Nord. Les coûts par pied carré dans le Sud étaient estimés à environ 150 $. Je crois que c'était avant la COVID, mais les coûts ont explosé. Dans le Nord, les coûts peuvent atteindre 700 $ le pied carré, alors vous pouvez voir les différences et les défis que nous avons lorsqu'il s'agit de construire des infrastructures dans le Nord.
Ces coûts s'ajoutent aux problèmes déjà difficiles auxquels sont confrontées de nombreuses entreprises dans nos collectivités et dans l'ensemble du Nunavik inuit. Même l'entreprise la plus simple qui tenterait de démarrer aurait besoin de capitaux, qu'il s'agisse simplement d'un service de consultation nécessitant une infrastructure limitée, de l'équipement pour un restaurant ou même d'un fournisseur de services professionnels qui serait tenu d'investir massivement dans l'infrastructure.
Il faut tenir compte des coûts d'exploitation de ces infrastructures, qui sont exorbitants parce qu'il faut incorporer des coûts de transport dans les frais d'exploitation, comme le combustible pour le chauffage. Je peux vous dire qu'à l'heure actuelle, nous avons une température de ‑55 degrés, ce qui est assez difficile pour toutes nos infrastructures et fait augmenter les coûts d'exploitation pour bon nombre de nos collectivités et de nos entreprises.
J'ai également précisé que ces collectivités ne sont accessibles que par avion. Bon nombre de nos collectivités ne sont pas reliées au réseau routier principal, et ne profitent que de services limités, une fois par année, ce qui signifie que la saison de navigation est très courte, si bien que nous devons nous en remettre au transport aérien.
Seulement dans le Nord du Québec, 14 collectivités sont accessibles uniquement par avion. Comme nous ne sommes pas connectés au réseau principal d'électricité, nous n'avons pas d'infrastructures comme le réseau de fibre optique. Cela vient s'ajouter aux difficultés auxquelles sont confrontées plusieurs communautés inuites, sans compter qu'une fois que nous serons enfin en mesure d'ouvrir notre saison de navigation, de juillet à la fin d'octobre, nous n'avons que quatre mois pour gérer tous les besoins essentiels des communautés, pour le reste de l'année, jusqu'à la prochaine saison de navigation. En fin de compte, cela exige une planification et une gestion poussées de l'infrastructure et du capital, qui ne génèrent pas nécessairement de revenus.
Le dernier point que j'aimerais soulever a été repris par de nombreux témoins, et il s'agit essentiellement de la priorité des contrats. S'il y a des contrats qui font l'objet d'appels d'offres, il est essentiel que bon nombre de nos entreprises aient accès à ces contrats en priorité, si les soumissions se font dans leur collectivité ou dans leur région. Je crois que toutes les Premières Nations du Canada sont de cet avis. J'ai entendu le même message partout au Canada, puisque je suis également membre du conseil d'administration du Conseil national de développement économique des Autochtones.
Merci de m'avoir écouté.
Je vous remercie de m'avoir invitée à cet événement et de me donner l'occasion de vous parler de nos programmes.
Je me joins à vous de Shuniah Ontario, qui est le territoire traditionnel de la Première Nation de Fort William, signataire du Traité Robinson-Supérieur de 1850.
Dans mon exposé, j'aimerais vous présenter trois programmes que nous avons élaborés et qui mettent l'accent sur les affaires et l'entrepreneuriat pour les Autochtones. Comme nous l'avons entendu jusqu'à maintenant cet après-midi, il y a un certain nombre d'excellents exemples d'entreprises axées sur les Autochtones qui sont en cours dans tout le pays.
Prenons l'exemple de Pro Metal Industries, à Regina, qui appartient à la Première nation Pasqua. C'est le seul fournisseur de matériel militaire appartenant entièrement aux Premières Nations de notre pays.
L'entreprise Clearwater est un autre exemple. Elle appartient maintenant à 50 % à une coalition de Premières nations, en particulier les Micmacs du Canada atlantique.
Le projet géothermique de Clarke Lake de la Première Nation de Fort Nelson est l'une des premières installations d'électricité géothermique au Canada.
Les énormes parcs éoliens du Nord-Est de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick et du Québec en sont un autre exemple.
Enfin, il y a l'immense projet de transport d'énergie ici, dans le Nord-Ouest de l'Ontario, qui relie 17 communautés des Premières Nations.
Ces exemples illustrent clairement les répercussions économiques actuelles et potentielles des peuples autochtones dans notre pays. Nous savons à quel point ils sont avantageux, non seulement pour les Autochtones, mais pour l'ensemble des Canadiens.
L'Initiative de la famille Martin part du principe selon lequel les Canadiens doivent veiller à ce que les enfants, les jeunes et les adultes autochtones reçoivent l'éducation dont ils ont besoin, car ils constituent un élément essentiel du présent et de l'avenir du Canada.
Nous estimons que l'éducation est un moyen clé d'éliminer les obstacles au développement économique. Nous ne pouvons pas bâtir un pays fort si nous tournons le dos au segment de notre population qui est le plus jeune et qui croît le plus rapidement. Nous devons tous travailler ensemble pour veiller à ce que les Autochtones aient les connaissances et les compétences dont ils ont besoin pour participer à ces entreprises exemplaires, à d'autres et à celles de l'avenir.
À cette fin, l'IFM — le sigle de notre organisation — a élaboré une série de programmes visant à présenter l'enseignement des affaires aux élèves des écoles primaires des Premières Nations, aux élèves autochtones du secondaire et aux adultes autochtones partout au Canada.
Je vais prendre un peu de temps pour vous décrire les trois programmes.
Le premier a été lancé en 2006 à l'école secondaire Dennis Franklin Cromarty, à Thunder Bay. Il s'agit du Programme d'entrepreneuriat pour les jeunes Autochtones, qui est un programme de deux crédits de 110 heures chacun à obtenir pendant les deux dernières années d'études secondaires. Il présente aux étudiants autochtones un large éventail de possibilités d'affaires offertes dans l'économie canadienne.
Le programme enseigne à ces élèves comment ils peuvent s'inspirer de modèles autochtones et réussir dans leur communauté et dans l'économie canadienne en général. Les cours aident ces étudiants à réussir à l'école secondaire, au travail, dans les études postsecondaires et dans la vie en général. Ils sont conçus pour améliorer la maîtrise des mathématiques commerciales, de l'anglais, de la littératie financière, de la comptabilité, du marketing d'entreprise et des technologies de l'information et des communications, tout en favorisant l'acquisition de compétences en leadership et en communication. Depuis son lancement, près de 6 300 étudiants du secondaire de partout au pays se sont inscrits au programme, avec un taux d'achèvement d'environ 75 %. Certaines années, ce taux a atteint 80 %.
Le deuxième programme a été créé à la demande de dirigeants du Manitoba. Ils connaissaient très bien le programme de l'école secondaire, mais ils ont dit qu'ils avaient besoin d'un programme pour les apprenants adultes autochtones. Nous avons donc créé un programme de 60 heures appelé « cours d'entrepreneuriat autochtone », qui comprend les éléments clés du programme d'études secondaires. Ce programme a aussi connu beaucoup de succès. Nous faisons beaucoup d'évaluations et nous recevons de nombreux commentaires des formateurs et des étudiants dans tous nos programmes, et nous nous en servons pour l'améliorer continuellement.
Notre troisième programme est en cours et est mis à l'essai dans des écoles des Premières Nations en Alberta et en Saskatchewan. Avec le soutien de NGen, la supergrappe manufacturière canadienne, nous avons élaboré deux cours pour les élèves de 6e, 7e et 8e année qui fréquentent des écoles primaires des Premières Nations. Le premier est intitulé « Introduction à la littératie financière » et le deuxième, « Introduction à l'entrepreneuriat ». Une fois que le projet pilote aura pris fin et que nous aurons modifié les cours en fonction des commentaires des représentants des écoles, des enseignants, des parents, des aînés et des gardiens du savoir, notre objectif consistera à étendre le programme à l'ensemble du pays.
Pour appuyer ces trois programmes, nous avons élaboré une série de manuels et de guides d'outils pour les enseignants. Nous incorporons des exemples autochtones, des études de cas, des outils d'enseignement, comme la roue médicinale et les modèles autochtones, et nous utilisons les sept enseignements sacrés comme fondement éthique des affaires. Des coordonnateurs dévoués offrent de la formation et un soutien continu aux écoles.
Nous avons également mis au point un certain nombre d'outils supplémentaires. Par exemple, nous avons élaboré du matériel sur l'alimentation et le tourisme à l'intention des étudiants qui s'intéressent aux activités d'entrepreneuriat dans ces domaines. Nous sommes en train de créer une application qui, selon nous, est la première application sur les affaires pour les écoles secondaires au pays et qui sera offerte gratuitement aux étudiants. Nous disposons également d'études de cas sur les entrepreneurs autochtones et de documents connexes. En collaboration avec NGen, nous élaborons une série de documents pour appuyer le secteur manufacturier au Canada en mettant l'accent sur le développement d'un produit pour les étudiants. Nous avons aussi un site Google Chat — qui a vraiment pris de l'ampleur au cours des deux dernières années — sur lequel nous publions des ressources documentaires et vidéo que les enseignants et les étudiants peuvent utiliser pour appuyer le programme.
Je serais très heureuse de discuter de l'un ou l'autre de ces programmes avec vous et de parler de nos expériences jusqu'à maintenant.
Merci beaucoup.
:
Nos programmes sont axés sur les entreprises.
Pour ce qui est de la décolonisation, nous offrons une formation obligatoire aux enseignants et au directeur avec qui nous travaillons, ainsi qu'un soutien continu. Dans le cadre de cette formation, nous demandons aux enseignants de vraiment tendre la main à la collectivité, parce qu'il s'agit d'un programme communautaire que les écoles ne peuvent pas offrir à elles seules aux adultes ou aux jeunes.
Nous comptons sur les aînés, les gardiens du savoir, les propriétaires d'entreprises autochtones et les mentors pour venir en classe et parler de leurs expériences, comme l'ont fait les témoins d'aujourd'hui, en plus de nous donner des conseils éclairés. Nous expliquons souvent aux écoles qu'il ne s'agit pas d'un programme de formation traditionnel — dont les activités ont eu lieu en ligne au cours des deux dernières années —, mais plutôt d'un programme communautaire axé sur les étudiants autochtones. Le programme s'adresse aux étudiants autochtones et reçoit le soutien de la communauté autochtone en général.
J'espère que cela répond à votre question.
Vous parlez des coûts élevés, voire prohibitifs, en matière d'infrastructure. On pense aussi à toutes ces infrastructures qui permettent de générer plus d'indépendance et de croissance économique à long terme. On peut penser à l'éducation, aux écoles, et ainsi de suite.
La semaine dernière, lors d'une réunion de ce comité, des intervenants suggéraient la mise en place de nouveaux fonds de capital, lesquels pourraient être gérés davantage par les communautés, ce qui donnerait plus d'autonomie aux Premières Nations pour non seulement choisir les projets, mais choisir ceux qu'ils considèrent plus rentables pour la communauté.
Avez-vous réfléchi à des avenues comme celle-là? Avez-vous des propositions qui s'apparenteraient à celle-là?
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[
La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
ᖁᔭᓐᓇᒥᒃ, ᓯᕗᓪᓕᕐᒧᑦ, ᓯᕗᓪᓕᕐᒥᓐ ᐃᓛ ᐋᓐᑎᒧᑦ ᐊᐱᕆᓂᐊᕋᒪ, ᐅᖃᓪᓚᓚᐅᕐᓗᖓ ᐊᒃᓱᐊᓗᒃ ᖁᔭᓕᒋᑦ ᐃᓄᒃᑎᑑᖅᖃᐅᒐᕕᑦ. ᓱᓇᐅᕝᕙ ᓯᐅᑏᒃᑲ ᖁᕕᐊᑦᑐᖕᓈᓪᓚᖕᓂᕐᒪᑕ ᐃᓄᒃᑑᖃᑕᐅᔪᒥᑦ ᑐᓴᖅᖢᓂ.
[Les propos en inuktitut sont traduits ainsi:]
Merci. J'ai une question pour M. Moorhouse. Tout d'abord, merci de vous être exprimé en inuktitut. C’est une joie pour mes oreilles d'entendre quelqu'un parler en inuktitut.
[Traduction]
Ma première question s'adresse à Andy Moorhouse. Je tiens à souligner que c'était merveilleux de vous entendre parler en inuktitut. Je ne savais pas qu'il pourrait me faire autant plaisir d'entendre cette langue. J'ai beaucoup apprécié votre entrée en matière. Vous avez très bien décrit les inégalités qui existent dans les collectivités du Nord.
Je me demande quel accueil le gouvernement fédéral a réservé aux demandes de soutien que vous avez mentionnées. Cela a‑t‑il mené à une augmentation des mesures de soutien dont vous avez besoin dans les collectivités du Nord?
Qujannamiik.
:
[
Le témoin s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
ᓇᑯᕐᒦᒃ, ᓇᑯᕐᒦᒡᓗ ᐅᐱᒋᕙᒋᑦ ᓘᕇ ᑕᒫᓃᖃᑕᐅᒋᐊᖅᐱᑦ.
[Les propos en inuktitut sont traduits ainsi:]
Merci, et merci aussi à vous, madame Idlout. Je suis honoré que vous soyez ici avec nous.
[Traduction]
En ce qui concerne les problèmes que nous avons eus pour ce qui est de l'accès aux programmes fédéraux, l'un d'eux concerne la bureaucratie difficile avec laquelle nous devons composer pour accéder à certaines sommes de financement pour nos entreprises locales ou pour être en mesure d'offrir des programmes susceptibles de servir la population.
Il y a aussi le défi de l'échéancier que nous devons respecter pour profiter de la courte saison d'expédition. Nous devons nous préparer pour profiter du calendrier d'expédition de l'été prochain.
Il s'agit donc de choisir le bon moment et d'accéder aux meilleurs programmes disponibles ou, à tout le moins, de dédier des programmes à des régions inuites particulières, par exemple.
:
Nos neuf grands programmes comprennent trois programmes d'entrepreneuriat.
L'un de nos autres grands programmes est ce que nous considérons comme l'une des plus grandes bibliothèques virtuelles au monde, qui s'appelle Les pratiques exemplaires en éducation autochtone. Il s'agit de travaux de recherche, de ressources, d'un programme scolaire, d'idées d'enseignement et d'exposés, si vous voulez, concernant les pensionnats, ainsi que la vérité et la réconciliation. Le programme est axé sur les éducateurs, les décideurs, les parents, les étudiants, les étudiants enseignants et les universités, ainsi que sur les élèves de la maternelle à la 12e année et de l'éducation préscolaire.
Nous avons ajouté toute une section sur la COVID‑19, au début de la pandémie, afin d'aider les écoles à élaborer des stratégies de soutien pour elles-mêmes et leurs collectivités, en particulier les écoles dans les réserves et les écoles du Nord.
Nous nous occupons également des enjeux d'actualité et des médias. Le programme est gratuit et largement utilisé. La majeure partie du matériel est canadien; environ le tiers est en français. Nous avons aussi du matériel provenant de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et des États-Unis, mais surtout du matériel canadien, et nous sommes toujours à la recherche de nouvelles ressources. Nous procédons à des ajouts pour tout ce qui concerne le programme scolaire ou l'actualité, et nous demandons constamment aux gens comment améliorer notre site.
Merci de me permettre d'en parler, même si cela ne faisait pas partie des sujets que nous avions l'intention d'aborder. Nous avons également des sections sur le soutien aux entreprises autochtones du point de vue des étudiants.
Pour vous donner un exemple de l'un des modèles d'affaires plus particuliers que nous avons actuellement en tant qu'organisation — et nous sommes sur le point d'avoir accès, nous l'espérons, à de grands projets d'énergie renouvelable en Saskatchewan —, nous avons élaboré un modèle de partenariat limité qui nous permet à nous, FHQ Developments, d'aider à diriger les négociations avec nos partenaires. Nos partenaires sont prêts à renoncer à 50 % des avoirs propres dans ces grands projets, dont la valeur est de 500 millions de dollars et 750 millions de dollars, respectivement. Par ailleurs, cela signifie que nous devons passer beaucoup de temps à discuter avec la Banque de l'infrastructure du Canada et Ressources naturelles Canada et à nous occuper de tous les autres aspects de ces programmes qui sont propres à nous.
Nous avons négocié avec nos partenaires pour accéder à d'autres capitaux propres, et le but visé est que nous ayons voix au chapitre. Une fois cela fait, nous pourrons dicter des politiques comme organe exécutif et nous serons en mesure de dire quelles sont les répercussions économiques que nous voulons voir pour ces projets, comment nous percevons l'emploi, ce que nous anticipons au chapitre des réinvestissements et comment nous voulons que les dépenses profitent aux entreprises autochtones — des dépenses réelles — et nous assurer d'établir les politiques sur la façon de le faire.
Ce n'est qu'en ayant une participation importante dans ces grands actifs que nous pourrons dicter les règles du jeu. Ainsi, les collectivités autochtones auront plus de pouvoir pour s'assurer qu'il y ait une plus grande incidence économique et que nous participons un peu plus aux projets, que nous renforçons notre capacité et que nous gérons le maintien de ces actifs, de sorte que nous n'ayons pas affaire à un seul grand projet, qui nous fera miroiter des avantages énormes, avant de disparaître.
Nous voulons que ce succès et le maintien de ces actifs se poursuivent. La participation à ce type de projets, en particulier les grandes immobilisations, représente une richesse multigénérationnelle. Pour un actif lié à une éolienne ou à un projet solaire, on parle de 25 à 40 ans. Cela pourrait donc représenter jusqu'à 40 ans de création de richesse sous forme de flux de trésorerie qui retourneront dans nos collectivités comme revenus autonomes qui pourront être utilisés pour investir davantage dans ce dont nous avons besoin.
Ce n'est qu'un exemple de la façon dont nous avons déployé un nouveau modèle d'affaires pour nous aider à accéder au capital et à disposer d'un patrimoine multigénérationnel. Nous nous croisons les doigts en attendant d'avoir accès à certains de ces projets et nous espérons qu'ils seront approuvés pour nous.
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Je veux poser une question à Mme Lindeman parce que nous sommes tous les deux à Thunder Bay, mais auparavant, je tiens à dire que je remarque les œuvres d'art en arrière-plan de plusieurs personnes, et notamment M. Benjoe et M. Garon. J'ai aussi remarqué la sculpture inuite qui se trouve juste au‑dessus de M. Moorhouse.
De nos jours, alors que de nombreux artistes dans le monde luttent pour leur survie, les artistes inuits sont extrêmement bien connus et appartiennent aux rares communautés qui, à mon avis, peuvent compter un aussi grand nombre d'artistes qui ont réussi et qui vivent bien grâce à leur art. Il y a peut-être des leçons à tirer de cela au chapitre de la prospérité économique, à savoir que celle‑ci ne vient pas toujours de sources traditionnelles.
Cela dit, permettez-moi de m'adresser rapidement à Mme Lindeman. Vous avez parlé de l'école Cromarty. Il est certain qu'au sein des conseils scolaires publics et catholiques, il y a beaucoup d'élèves autochtones. Pourriez-vous me parler un peu de la façon dont, selon vous, nous pourrions faire mieux à Thunder Bay pour ce qui est d'améliorer la vie de la population étudiante autochtone? Nous convenons tous deux de l'importance de l'éducation et de cet objectif.
Si vous réussissez à répondre assez rapidement, nous aurons peut-être le temps de poser des questions à M. Moorhouse au sujet de l'art inuit. Merci.
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Je suis une ancienne enseignante et directrice d'école, et j'ai été inspectrice à l'école secondaire Dennis Franklin Cromarty. Je connais bien cette école.
Je pense que de nombreux conseils scolaires et de nombreuses écoles mettent vraiment l'accent sur le soutien aux élèves autochtones, ce qui n'était certainement pas le cas il y a des décennies. Je pense que le fait que nous ayons des données, que nous demandions aux élèves ce qu'ils veulent, ce qui serait le mieux pour eux et quels sont les soutiens dont ils ont besoin, signifie que nous ne prenons pas de décisions en leur nom, mais que nous les intégrons dans l'équipe et que nous faisons mieux participer les familles, les parents et la famille élargie.
Je pense que toutes ces choses sont très importantes, surtout avec ce qui se passe à Mattawa et au Northern Nishnawbe Education Council, ainsi qu'avec KiHS, l'école secondaire sur Internet, et les conseils scolaires. Je pense que les relations y sont très positives et que tous ont un objectif commun. Nous voulons que ces enfants, que ces élèves, réussissent.
Merci.
Merci beaucoup, Thomas Benjoe, Andy Moorhouse et Carlana Lindeman, de vos exposés très instructifs et de vos réponses à toutes nos questions. Vous avez parlé de certains obstacles et défis, mais aussi de certaines possibilités, et cela va exactement dans le sens de notre étude. Nous vous sommes donc très reconnaissants d'avoir pris le temps de venir nous rencontrer aujourd'hui.
Nous vous souhaitons la meilleure des chances et nous poursuivrons nos travaux jusqu'à la publication de notre rapport. Merci beaucoup de votre contribution.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, nous devons avoir terminé dans environ sept minutes, mais il y a certains travaux du Comité dont nous devons nous occuper. Nous devons décider si nous adoptons le rapport du sous-comité, ce qui nous permettra de commencer notre deuxième étude.
Y a‑t‑il une motion à ce sujet?