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Je déclare la séance ouverte.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, j'ai besoin de votre attention, car nous allons commencer la séance d'aujourd'hui. La greffière m'a informé que nous avons le quorum et que les témoins qui comparaissent virtuellement ont effectué les tests de connexion requis, et tous ont été approuvés.
Il s'agit de la 127e réunion du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, ce qui signifie que des députés, ainsi que des témoins, comparaissent virtuellement.
J'aimerais faire quelques commentaires avant de commencer les délibérations.
Veuillez adresser toutes vos questions par l'entremise de la présidence. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole.
Pour attirer mon attention, si vous êtes dans la salle, veuillez lever la main. Les participants en ligne doivent cliquer sur l'icône « main levée » au bas de leur écran.
Vous pouvez participer dans la langue officielle de votre choix. Dans la salle, des services d'interprétation sont disponibles, à l'aide de votre casque d'écoute. Ceux qui comparaissent virtuellement peuvent cliquer sur l'icône du globe au bas de leur écran et choisir la langue de leur choix.
En cas d'interruption de l'interprétation, veuillez attirer mon attention. Je suspendrai la séance le temps de régler le problème.
De plus, voici un rappel à tous les participants dans la salle, et je serai le premier à le faire: veuillez éteindre les alarmes de vos appareils avant le début de la réunion et ne pas taper le micro. Cela provoque des bruits secs, qui peuvent être dangereux pour les interprètes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 8 février 2024, le Comité reprend son étude, intitulée Un Canada exempt d'obstacles d'ici 2040.
Avant que je ne présente les témoins, nous accueillons aujourd'hui de nouveaux députés: Mme Stubbs, M. Majumdar et Mme Bérubé. Bienvenue.
Nous accueillons, par vidéoconférence, Thea Kurdi, éducatrice en accessibilité et stratège politique, de Level Playing Field Incorporated.
Mme Amanda MacKenzie, directrice nationale, Affaires externes, de La Marche des dix sous du Canada, se joint à nous par vidéoconférence.
Également par vidéoconférence, nous entendrons Christopher Sutton, directeur général, de Wavefront Centre for Communication Accessibility.
Chacun d'entre vous disposera de cinq minutes pour faire une déclaration liminaire.
Nous commencerons par M. Sutton.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui au nom du Wavefront Centre for Communication Accessibility.
En tant que chef de file en matière d'accessibilité à la communication, nous représentons les intérêts et les besoins des personnes sourdes, sourdes-aveugles et malentendantes. Il est essentiel que toute vision d'un Canada exempt d'obstacles d'ici 2040 tienne compte des défis particuliers et des besoins uniques en matière d'accessibilité de cette communauté.
Je m'appelle Christopher Sutton. Je porte un complet sombre avec une chemise bleu ciel et une cravate bleu marine. J'ai une barbe courte, les cheveux foncés et des lunettes. Je suis le PDG du Wavefront Centre et j'ai eu l'honneur de m'adresser au Comité par le passé en tant qu'expert en matière d'accessibilité.
Tout au long de ma carrière, j'ai eu le privilège de travailler à l'avancement des droits et des possibilités pour les personnes handicapées dans le secteur des entreprises, des organismes sans but lucratif et du gouvernement. Ce travail me tient à cœur, car il découle de ma propre expérience, ayant grandi avec des obstacles, et de mon désir de m'assurer que d'autres ne soient pas confrontés aux mêmes difficultés.
Malgré mon éducation et ma réussite professionnelle, je continue d'affronter des difficultés quotidiennes en tant que personne vivant avec un handicap invisible. Cette réalité permanente motive mon engagement à créer une société plus inclusive et plus accessible pour tous.
J'ai déjà comparu devant le Comité lors de son examen du projet de loi , la Loi canadienne sur l'accessibilité. À l'époque, comme de nombreux autres membres de la communauté des personnes handicapées, j'ai exprimé mon soutien à l'adoption du projet de loi. Des recommandations ont été formulées pour la renforcer, mais la loi a été largement perçue comme une avancée importante vers la création d'un Canada accessible et exempt d'obstacles.
Aujourd'hui, plus de cinq ans après l'adoption de la Loi canadienne sur l'accessibilité, nous voyons son incidence se concrétiser grâce à l'élaboration et à l'adoption de normes. L'un des principaux résultats a été l'introduction de lois sur l'accessibilité dans d'autres administrations, comme la Colombie-Britannique, qui s'inspirent de la loi fédérale. Ces administrations ont sollicité le leadership et le soutien du gouvernement fédéral et des organismes établis en vertu de la loi pour créer leurs propres normes et règlements.
Dans ma collectivité, nous avons également constaté une augmentation de la demande d'interprétation en langue des signes, de sous-titrage et d'autres types d'accès à la communication. Je crois que cela est attribuable à la visibilité de ces services pendant la pandémie, qui en a fait une pratique courante dans les situations d'urgence et autre. Cette demande a été positive, mais a en même temps créé des goulots d'étranglement dans la prestation du niveau de services nécessaire pour répondre aux demandes et aux besoins globaux de la collectivité.
Bien que des progrès soient évidents, il reste encore beaucoup à faire pour concrétiser pleinement la vision d'un Canada accessible. La semaine dernière a eu lieu la Semaine internationale des sourds, une célébration mondiale pour montrer l'importance de la communauté des personnes sourdes. C'était vraiment grisant de voir le drapeau des sourds hissé à Ottawa et dans de nombreuses autres villes du Canada. C'est un puissant symbole de visibilité croissante et de reconnaissance nationale.
Nous savons tous que ma comparution devant le Comité a été annulée en raison d'obstacles à l'accessibilité. Voilà qui souligne la complexité de l'accès, mais reflète également les défis culturels nécessaires pour faire prendre conscience des problèmes potentiels et trouver des solutions afin de garantir un accès équitable à chacun.
Malgré les progrès réalisés, particulièrement depuis la mise en œuvre de la Loi canadienne sur l'accessibilité, nous avons encore un long chemin à parcourir pour parvenir à une société exempte d'obstacles d'ici 2040. Nos collectivités continuent de faire face à des défis qui nécessitent une attention, des ressources et des mesures considérables. Les événements malheureux de la semaine dernière nous rappellent que l'accessibilité est non pas seulement une aspiration, mais un droit fondamental, qui exige un engagement collectif pour éliminer les obstacles qui subsistent.
Permettez-moi de souligner certains éléments clés que nous croyons nécessaires pour les personnes sourdes, sourdes-aveugles et malentendantes afin qu'elles puissent participer pleinement à tous les aspects d'un Canada exempts d'obstacles.
La communication est un droit fondamental pour participer à la société. Pour les personnes sourdes et malentendantes, des obstacles à la communication peuvent nuire aux interactions quotidiennes, qu'il s'agisse d'accéder à des services, d'aller à l'école, d'aller chez le médecin ou de participer au marché du travail. Le Canada a fait d'importants progrès, mais l'accessibilité à l'emploi, à l'éducation et aux services publics demeure un défi quotidien.
Chez Wavefront, nous reconnaissons et voyons ces obstacles auxquels les personnes font face quotidiennement et leur incapacité de participer à leur collectivité ou de faire progresser leur carrière en raison du manque de mesures d'adaptation appropriées.
Pour y remédier, nous préconisons un investissement accru dans des technologies comme le sous-titrage, les services d'interprétation en langue des signes et les technologies d'accessibilité audio. Au‑delà des technologies, nous devons nous assurer que les fournisseurs de services, les employeurs et les institutions comprennent comment soutenir l'accès à la communication et en faire une priorité.
Pour les personnes sourdes-aveugles, les obstacles sont encore plus complexes. Un de mes collègues, qui va témoigner aujourd'hui, parlera plus en détail des défis de cette communauté. Vous apprendrez comment ces personnes font face à l'isolement, ce qui peut entraîner des défis importants dans le cas des services essentiels comme les soins de santé et le soutien social. Le chemin vers un Canada exempt d'obstacles doit inclure des stratégies ciblées pour soutenir la communauté sourde-aveugle au moyen de programmes qui offrent une formation spécialisée, des méthodes de communication tactile, des services d'interprètes tactiles et d'autres services de soutien personnalisés.
Je vais simplement souligner quelques éléments supplémentaires qui, selon nous, sont nécessaires pour parvenir à un Canada exempt d'obstacles d'ici 2040. J'ai transmis mes notes à l'avance, vous pourrez donc lire ces éléments plus en détail.
Nous préconisons et encourageons un financement accru pour les services d'interprétation en langue des signes et d'interprètes tactiles.
Nous voulons également que le financement soit accru pour la formation spécialisée et le perfectionnement professionnel des interprètes en langue des signes et des interprètes tactiles. Cela leur permettrait non seulement d'améliorer leurs compétences en matière d'interprétation dans ces domaines spécialisés, mais permettrait également aux personnes sourdes qui utilisent la langue des signes d'obtenir un emploi intéressant dans ces domaines de travail auxquels elles n'ont peut-être pas accès parce que des services d'interprétation spécialisés ne leur sont pas fournis.
Nous croyons également qu'il est important d'accroître le financement du développement des technologies et des infrastructures. Ainsi, Internet à large bande et d'autres services pourraient soutenir les services de relais vidéo et les plateformes d'interprétation à distance dans les collectivités éloignées ou dans les régions où la connectivité Internet demeure un défi.
Comme pour les services d'interprétation, nous avons également besoin d'un financement anticipé pour les programmes de formation au sous-titrage et à l'interprétation, car il existe très peu de programmes au pays à l'heure actuelle.
Nous croyons en une application plus rigoureuse des normes d'accessibilité dans les secteurs privé et public.
Nous voulons voir une conception inclusive dans l'éducation et l'emploi pour garantir que les personnes sourdes, sourdes-aveugles et malentendantes aient un accès équitable aux possibilités.
Enfin, l'Alliance pour la santé auditive du Canada a proposé une feuille de route. Nous exhortons le gouvernement du Canada à élaborer et à adopter une stratégie nationale globale en matière de soins de santé auditive. Cette stratégie garantira que la santé auditive est une priorité dans tout le pays et comblera les lacunes en matière de prestation de services, de sensibilisation et d'accessibilité.
En dernier lieu, nous demandons au Comité de veiller à ce que ce travail ne soit pas effectué en vase clos et de continuer à utiliser la philosophie « Rien sur nous, sans nous ». Nous vous encourageons à envisager les changements nécessaires et à reconnaître l'importance de la consultation continue avec les communautés touchées par les décisions que vous prenez. Il est essentiel que les voix de la communauté et des personnes handicapées soient entendues tout au long du processus afin de garantir que l'élaboration et la mise en œuvre de politiques tiennent compte des besoins.
Merci de nous avoir accordé du temps aujourd'hui et d'inclure les points de vue d'organisations comme le Wavefront Centre for Communication Accessibility dans cette importante discussion. Ensemble, nous pouvons œuvrer pour un Canada où personne n'est laissé pour compte en raison d'obstacles à la communication.
Je vous remercie encore une fois et je serai ravi de répondre à toutes vos questions.
Je sais que je ne suis pas dans la salle aujourd'hui, mais si vous pouviez bien poser vos téléphones, ce serait apprécié.
Je m'appelle Thea Kurdi — pronom elle — et je suis une femme d'âge moyen aux cheveux blancs courts. Je suis également de la première génération de colonisateurs d'origine europérenne et sud-asiatique, et comme plus de 8 millions de Canadiens, soit 27 %, je suis handicapée, avec plusieurs handicaps invisibles, dont une perte auditive, ce qui signifie qu'on ne peut pas le savoir simplement en me regardant. Je m'identifie en utilisant le langage centré sur l'identité, car mes handicaps font partie intégrante de qui je suis.
Je remercie la députée Bonita Zarrillo de m'avoir invitée à nouveau à m'adresser au Comité, cette fois pour partager mes 24 années d'expérience professionnelle en tant que spécialiste de l'accessibilité de l'environnement bâti et en tant que membre du conseil d'administration du Réseau de conception universelle du Canada.
Tout au long de ma carrière, j'ai tout vu et tout entendu. J'ai effectué des examens de plans d'accessibilité sur des projets de toutes tailles et de tous types, dont l'édifice de l'Ouest; j'ai mené d'innombrables audits de bâtiment, notamment sur la Colline du Parlement; et j'ai contribué à l'élaboration de lignes directrices sur la conception de l'accessibilité pour de grandes entreprises à tous les niveaux de gouvernement, y compris les normes d'accessibilité universelle pour la Cité parlementaire.
J'ai également élaboré des cours, comme celui d'Introduction à la conception accessible réussie pour l'Institut royal d'architecture du Canada, et j'ai rédigé des articles sur l'accessibilité dans l'urbanisme. Et comme je suis décidément paresseuse, j'ai également travaillé à temps partiel comme enseignante postsecondaire pendant 17 ans au sein du programme d'architecture du Collège Sheridan, et ensuite, pendant sept ans comme conférencière invitée dans de nombreuses universités et collèges, tout en faisant des exposés à l'occasion de conférences partout au Canada et dans le monde sur l'accessibilité dans la conception universelle.
Tout d'abord, veuillez noter que je souscris aux recommandations que vous avez reçues de l'Alliance pour la Loi sur l'accessibilité pour les personnes handicapées de l'Ontario.
L'accessibilité ne se limite pas aux bâtiments et aux espaces extérieurs. Nos bâtiments, nos villes et nos espaces extérieurs sont l'infrastructure physique qui soutient ou sabote l'ensemble des autres politiques et objectifs d'accessibilité.
Malheureusement, nous sommes déjà sur la mauvaise voie. À seulement 15 ans et 3 mois de l'échéance de 2040, nous devons prendre des mesures décisives et motivées pour éviter d'échouer aussi gravement que l'Ontario d'ici la fin de cette année.
Depuis 40 ans, après la modification de la Charte canadienne et du Code des droits de la personne, il n'y a pas de conception ou de conception accessible; juridiquement, il s'agit de choisir entre une bonne conception pour tous ou la discrimination. L'incapacité d'examiner adéquatement l'accessibilité est un manquement aux principes d'équité et de justice.
Notre incapacité et notre réticence à adopter rapidement des exigences spécifiques, modernes et fondées sur des données probantes en matière d'inclusion des personnes handicapées pour les personnes autres que les utilisateurs de fauteuils roulants manuels dans notre législation sur le bâtiment non seulement perpétuent l'iniquité, mais freinent également la croissance économique.
Selon le Conference Board du Canada, l'accessibilité permettrait de débloquer 16,8 milliards de dollars de PIB en augmentant la capacité de productivité de notre économie. L'accessibilité dans la conception ouvre des marchés comme le tourisme en plus d'attirer et de retenir une main-d'œuvre diversifiée et qualifiée et, bien sûr, des clients.
Cependant, nous valons tous plus que ce que notre économie peut mesurer. L'inaccessibilité nuit aux personnes, aux familles et aux collectivités chaque jour où nous laissons les obstacles persister et de nouveaux se créer. L'inclusion non seulement enrichit nos collectivités, mais renforce également notre tissu social.
Les exigences fragmentaires, désuètes et déficientes actuelles en matière d'accessibilité dans les codes du bâtiment et les marchés publics en disent long. Elles enferment trop de personnes dans une vie de pauvreté, avec des logements inadéquats ou inexistants. À ce jour, il n'y a toujours pas d'harmonisation entre notre code du bâtiment et les droits garantis par la Charte canadienne et le Code des droits de la personne. La refonte de notre code du bâtiment fera enfin de l'accessibilité un élément fondamental et intégré dès le départ.
À ce jour, le code du bâtiment exempte toujours la plupart des logements des exigences d'aménagement pour l'accessibilité et n'inclut pas celles liées à la visibilité ou au vieillissement chez soi. Aucune certification de bâtiment qui ne certifie rien ni aucune harmonisation des codes du bâtiment ne résoudra ces problèmes. Nous devons cesser les gestes symboliques et les changements superficiels. Des progrès réels signifient un budget pour nos programmes d'enseignement postsecondaire et de formation continue afin d'offrir un perfectionnement au corps professoral et de superviser la restructuration des programmes.
Il existe également trop de politiques et de programmes désuets et contradictoires auxquels la bureaucratie et les gardiens s'accrochent. Le personnel gouvernemental et les organismes assujettis semblent manquer de connaissances, de pouvoir ou de courage pour prendre des décisions qui traitent pleinement de l'accessibilité. Tant que la loi ne sera pas appliquée, les gens continueront de ne pas prendre cette loi au sérieux. Il y a une incompréhension générale parce que, faute d'harmonisation, ces codes, politiques et normes n'offrent qu'une accessibilité minimale — un plancher tout au plus, mais pas le plafond dont cette loi a besoin.
En outre, beaucoup utilisent la norme ASC B651 du Groupe CSA, le Code national du bâtiment et les normes de Normes d'accessibilité Canada uniquement comme des objectifs, sans aucune motivation pour faire mieux. Beaucoup utilisent les budgets et l'ingénierie de la valeur pour faire le strict minimum, traitant l'accessibilité dans l'environnement bâti comme une préoccupation budgétaire plutôt qu'une question des droits de la personne.
En conclusion, nous pensons qu'il est important d'entendre des personnes ayant du vécu en la matière, mais nous devons également tirer parti de l'expertise de spécialistes expérimentés de l'accessibilité dans tous les domaines couverts par la loi. Ils vous aideront à atteindre vos objectifs. Engagez-vous, s'il vous plaît, à prendre des mesures décisives dès maintenant pour vous assurer d'aider les gens le plus rapidement possible.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'avoir invité la Marche des dix sous du Canada à s'adresser au Comité aujourd'hui.
Je m'appelle Amanda MacKenzie. Je suis la directrice nationale des Affaires externes de la Marche des dix sous du Canada, ou MDSC, un organisme de bienfaisance national de premier plan et fournisseur de services pour les personnes handicapées. Je suis une femme blanche dans la quarantaine, je porte des lunettes et j'ai les cheveux bruns. Je porte une blouse bleue, une veste noire et un collier en argent.
C'est un plaisir d'être ici aujourd'hui et j'aimerais remercier la députée Falk d'avoir présenté la motion en vue d'entreprendre cette étude.
Il est certain que l'inclusion et l'accessibilité complètes constituent un défi de taille, et nous devons y parvenir. Il ne nous reste que trois mois avant que l'Ontario, conformément à la Loi sur l'accessibilité pour les personnes handicapées de l'Ontario, ou LAPHO, ne soit une province entièrement accessible et inclusive. Il y avait un horizon de 20 ans, et, comme Mme Kurdi vient de le souligner, l'Ontario est loin d'atteindre cet objectif. Le Canada ne peut pas faire les mêmes erreurs et doit tirer les leçons de l'expérience ontarienne, qui a fait peu d'améliorations en attendant des années avant d'obtenir des normes.
Aujourd'hui, je vais parler de deux priorités de la feuille de route jusqu'en 2040: l'environnement bâti du point de vue des logements, puis la conception et la prestation de programmes et de services accessibles.
La préoccupation principale de la MDSC en matière d'environnement bâti concerne les logements accessibles. Nous administrons avec succès le Programme d'adaptation des habitations et des véhicules financé par la province de l'Ontario depuis plus de 20 ans et nous avons récemment commencé à administrer le nouveau Programme d'adaptation de domicile pour les aînés du Manitoba. Ces programmes sont extrêmement efficaces car ils offrent des subventions directes, et non des crédits d'impôt, aux personnes handicapées à faible revenu pour qu'elles modifient leur logement, ce qui garantit l'accessibilité et l'indépendance dans leurs propres collectivités.
Le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer pour accroître l'offre de logements accessibles au moyen de normes et de politiques, notamment en veillant à ce que tous les logements figurant dans le Catalogue de conception de logements à paraître soient conçus de manière universelle. Il peut également fournir des subventions directes et ciblées pour les modifications des logements afin d'aider les personnes handicapées à rester chez elles, réduisant ainsi les pressions dans d'autres catégories de logements avant l'achèvement des normes nationales, ce qui pourrait prendre des années.
La deuxième priorité dont je veux parler est la conception et la prestation de programmes et de services accessibles.
Le meilleur exemple de la façon dont le gouvernement s'assure que les programmes et les services sont inaccessibles pour ceux qu'ils sont censés servir est l'utilisation du crédit d'impôt pour personnes handicapées afin que celles-ci aient accès à des programmes de sécurité financière comme le régime enregistré d'épargne-invalidité, ou REEI, le supplément pour personnes handicapées de l'Allocation canadienne pour les travailleurs et la nouvelle Prestation canadienne pour les personnes handicapées, ou PCPH. Pour dire les choses simplement, les objectifs de ces programmes ne seront pas atteints s'ils ne sont pas accessibles aux personnes pour lesquelles ils sont conçus.
La PCPH nous offre une occasion exceptionnelle de concevoir et de mettre en œuvre des programmes entièrement accessibles dès le départ, sans avoir à deviner comment procéder. Le Comité consultatif des personnes handicapées de l'Agence du revenu du Canada, le rapport intitulé « Une prestation sans obstacle » de la MDSC et de Prospérité Canada, ainsi que l'expérience d'autres administrations et de personnes handicapées, ont fourni des conseils et des orientations, mais nous y revoilà!
Les normes nationales sont importantes et peuvent guider la prise de décisions relatives à la conception et à la mise en œuvre de futurs programmes et services. Étant donné que la norme nationale est actuellement en voie d'élaboration et qu'il est possible que des améliorations surgissent plus tard, cela ne veut pas dire qu'il faut tout arrêter et attendre que ces améliorations soient chose faite. Nous en savons suffisamment maintenant — et les personnes handicapées sensibilisent le gouvernement depuis des années — sur la façon de rendre les programmes publics accessibles. Il est temps que le gouvernement écoute vraiment et commence à concevoir avec les personnes handicapées des programmes et des services accessibles dès maintenant.
La dernière leçon à tirer est la suivante: pour se conformer à la Loi canadienne sur l'accessibilité, les entreprises et les industries sous réglementation fédérale se tournent vraiment vers des organisations comme la mienne pour faire examiner gratuitement leurs plans d'accessibilité et leurs rapports d'étape. Nous ne vivons plus dans un monde où les personnes handicapées et les organisations comme la mienne sont reconnaissantes simplement parce qu'elles sont incluses et consultées. À la MDSC, on nous le demande au moins une fois par semaine, mais nous n'avons pas la capacité de le faire sans rémunération. Les personnes handicapées et leurs organisations doivent être rémunérées pour l'examen des plans d'accessibilité et des rapports d'étape. C'est une façon de faire en sorte que le concept « Rien pour nous, sans nous » soit une réalité pour les secteurs sous réglementation fédérale. Idéalement, la Loi canadienne sur l'accessibilité sera modifiée de manière à exiger une rémunération, ce qui imposera aux entreprises la responsabilité de payer, car c'est leur travail de devenir accessibles et inclusives en tant que participantes à notre économie.
Enfin, je tiens à remercier la dirigeante principale de l'accessibilité du Canada, Stephanie Cadieux, M. Chabot et Mme Zarillo d'avoir ouvert la discussion au cours de cette étude la semaine dernière sur le changement de culture continu et la fin du capacitisme qui sont vraiment nécessaires pour faire place à une société inclusive et accessible.
Les questions que nous devrions nous poser ici — et partout — sont les suivantes: « Comment pouvons-nous le faire? » Comment pouvons-nous atteindre les personnes qui n'ont pas une expérience de handicap et les sensibiliser? Comment pouvons-nous être des alliés dans notre vie personnelle et professionnelle? Enfin, comment le gouvernement peut‑il agir comme un véritable allié, en utilisant tous les leviers à sa disposition pour faire avancer ce changement?
Je vous laisse avec ces questions et je serai heureuse de répondre aux vôtres.
Merci.
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Bonjour, chers collègues, et merci à nos témoins.
Je m'appelle Wayne Long. Je suis député depuis 2015 de la belle circonscription de Saint John—Rothesay, située dans le Sud du Nouveau-Brunswick. Je porte une veste bleue, une chemise bleue à pois blancs et j'ai les cheveux gris-brun en bataille ce matin, malheureusement.
Avant de commencer, je tiens à présenter mes excuses au nom du Comité à M. Sutton pour le problème survenu la semaine dernière. C'était inacceptable. Nous le savons tous et nous devons faire mieux, alors je m'en excuse.
J'ai juste quelques commentaires à faire. Ma circonscription de Saint John—Rothesay se trouve évidemment dans une vieille ville. C'est une vieille ville historique, qui compte de nombreux édifices, vieux et beaux. Beaucoup d'entreprises se trouvent dans ces édifices. Je me suis rendu compte qu'un grand pourcentage de ces édifices ne sont tout simplement pas accessibles. Lors de la dernière réunion, j'ai dit que nous avons un ami qui est en fauteuil roulant. Tout le monde veut bien faire, mais on n'y pense tout simplement pas. Nous avions prévu aller au restaurant avec lui, mais nous avons vraiment eu du mal à en trouver un dans le centre-ville de Saint John où il pourrait venir avec nous, car les restaurants n'étaient tout simplement pas accessibles.
Je suis fier d'être membre du Comité permanent des ressources humaines, du développement, des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées. Je travaille au sein du Comité depuis 2015. En 2019, les députés Falk et Chabot et moi-même faisions partie du groupe qui a présenté le projet de loi avec la ministre Qualtrough à l'époque. Nous sommes très fiers de cette loi, la Loi canadienne sur l'accessibilité. En ce qui concerne tous vos arguments sur l'élimination des obstacles d'ici 2040, nous sommes presque en 2025. Nous avons près de 15 ans pour y parvenir, et vous en avez tous parlé, mais je veux commencer par vous, madame Kurdi.
Tous les membres du Comité veulent y arriver. Nous savons que nous devons y arriver. M. Lepofsky a dit lors de la dernière réunion que nous avons beaucoup de travail préparatoire à faire pour y arriver.
Madame Kurdi, je ne dirai pas que nous devons corriger le tir, mais que pouvons-nous faire immédiatement pour nous assurer d'atteindre notre objectif de 2040? Donnez-moi trois choses que nous devons faire immédiatement, selon vous.
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Merci beaucoup de la question.
C'est un plaisir d'être de retour ici aujourd'hui.
Je pense que, pour être juste, il y a des coûts concrets. Je ne veux pas l'éviter, mais parce que nous considérons la conception inaccessible comme un simple choix plutôt qu'une discrimination, nous négligeons à tort d'avoir les bonnes conversations sur la taille appropriée des espaces et le coût de la conception.
Nous ne nous intéressons pas au coût du cycle de vie. Il pourrait être moins coûteux et cela prendrait peut-être moins de place de construire des logements de manière discriminatoire, mais à long terme, pour notre société et pour chacun, les coûts sont énormes au chapitre des soins de santé et de la rénovation. Nous ne pouvons pas continuer à prétendre que nous n'avons pas de crise du logement accessible.
Pour reprendre le point de Mme MacKenzie, nous savons exactement ce qu'il faut faire. Cela fait partie de nos normes, en coulisses. Nous avons des exigences importantes en matière d'accessibilité de l'environnement bâti, dont bon nombre, lorsque nos concepteurs et entrepreneurs seront formés pour les mettre en œuvre, n'ajouteront pas de coûts excessifs, voire aucun coût. Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire dès maintenant, aujourd'hui. N'oubliez pas que l'accessibilité ne se limite pas seulement aux utilisateurs de fauteuil roulant manuel. Il existe de nombreux autres types de handicaps que nous ne prenons pas en considération. Nous faisons un très mauvais travail en matière de déficience auditive, de perte de vision et pour les personnes souffrant d'hypersensibilité environnementale, d'autisme ou de démence.
Nous savons ce qu'il faut faire, donc ce n'est pas nécessairement une question de coût. Il peut y avoir une différence de 1 %, mais plus nos professionnels sont formés et expérimentés, plus nous constatons que ces coûts diminuent. C'est un meilleur investissement et un meilleur plan de durabilité si vous n'avez pas à construire quelque chose puis à le démolir pour le refaire.
Merci.
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C'est très intéressant, et je vous remercie de la question.
Tout d'abord, les entreprises du secteur privé qui créent des plans d'accessibilité et des rapports d'évolution ont cette attente qu'une organisation ou une personne va simplement leur offrir des services de consultation gratuitement. Nous connaissons très bien l'exigence de payer les services de consultation. Ce n'est pas sorcier pour les entreprises de penser qu'elles doivent peut-être payer les gens à qui elles demandent d'examiner leurs plans d'accessibilité.
En toute honnêteté, cela me surprend chaque fois, et je sais que ce ne devrait pas être le cas; je devrais maintenant être habituée. C'est un véritable problème culturel lorsque nous nous attendons à ce que les personnes handicapées dans des organisations comme la mienne, comme celle de Mme Kurdi et celle de M. Sutton, donnent des conseils gratuits sur des plans d'accessibilité et leurs rapports d'évolution.
Je pense que la solution à ce problème est une modification de la loi ou l'adoption d'un règlement pour obliger les personnes qui font ces plans et ces rapports à payer les services de consultation. Je crois comprendre que la Commission canadienne des droits de la personne a conçu un barème de ce que pourraient être ces paiements, et je pense que nous pourrions commencer à l'utiliser comme ligne directrice et probablement le mettre à jour pour 2025. Cela devrait être une exigence.
Nous payons tous pour les services de consultation, et je ne sais pas pourquoi cela devrait être différent. C'est vraiment démoralisant de dire, du point de vue culturel, que l'on pourrait penser qu'une personne handicapée ne devrait pas être rémunérée pour son expertise, parce que c'est de cela qu'il s'agit.
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Eh bien, je pense, comme David Lepofsky l'a dit plus tôt cette semaine, que vous disposez de nombreux leviers. Il y a certaines choses qui relèvent de cette loi que vous pourriez faire, et il y a d'autres moyens de travailler avec d'autres parties du gouvernement fédéral et d'autres programmes dont vous disposez.
Le manque d'harmonisation entre le code du bâtiment et la Charte canadienne et le Code des droits de la personne est l'un des plus grands problèmes que nous remarquons pour l'environnement bâti et la conception. Pourquoi est‑ce un droit de la personne? La Charte canadienne dit que les personnes handicapées sont des citoyens égaux, et le Code des droits de la personne dit que les immeubles et les espaces ne doivent pas être une source de discrimination, alors pourquoi nous, les consultants en accessibilité, avertissons-nous les gens du fait que le respect du code du bâtiment ne les amène pas à ce niveau et qu'il y a une lacune sur le plan de la responsabilité?
Si on l'exige dans ces textes de loi importants, le code du bâtiment devrait également le dire, et cela fait partie de la raison pour laquelle nous entendons autant de réticence ou de préoccupations, comme « Où est‑il dit dans le code du bâtiment que nous devons faire cela? Pourquoi est‑ce que ça figure dans le code des droits de la personne, mais pas dans le code du bâtiment? »
Encore une fois, comme je l'ai dit, une chose que le gouvernement pourrait faire... Il fournit des fonds à nos établissements d'enseignement pour une formation postsecondaire. Bien sûr, former les concepteurs est une partie essentielle de la compréhension de ce à quoi ressemble l'accessibilité. Les gens disent souvent à tort: « L'accessibilité, c'est laid, et c'est difficile et coûteux », mais c'est parce qu'ils s'en occupent trop tard et qu'ils n'ont pas passé du temps, surtout durant leurs années formatrices, à penser à quel point l'accessibilité peut être incroyable. Nous n'accédons pas à leurs compétences.
De plus, un point soulevé par David Lepofsky concernait le fait d'imposer des exigences de sorte qu'aucune somme provenant du fédéral ne soit dépensée pour créer de nouveaux obstacles. Que cela suppose d'intégrer des exigences dans nos politiques d'approvisionnement pendant que nous attendons que le code du bâtiment soit enfin mis à jour, ou que cela ait trait à la manière dont nous recourons aux consultants en accessibilité ou au fait de s'assurer que les exigences en matière d'accessibilité sont définies plus en amont, cela doit être fait dès le départ, ce qui est d'ailleurs ce que dit le projet de loi: « intégrer l'accessibilité dès le départ ». Si nous ne faisons pas ces choses, nous passons à côté de parties essentielles de la réponse qui, malheureusement, se répercuteront sur la formation et la réflexion.
Je m'appelle Karen Madho et je suis du Service ontarien de la surdicécité. Je tiens à vous remercier de m'avoir invitée ici aujourd'hui pour faire part de notre point de vue.
Pour commencer, je vais mentionner que les données de l'Enquête canadienne sur l'incapacité de 2022 de Statistique Canada confirme qu'un peu plus de 2 % des Canadiens âgés de 15 ans ou plus sont atteints de surdicécité. Cela représente un peu plus de 600 000 personnes.
Parmi les personnes qui sont sourdes et aveugles, 52 %, ou un peu plus de 300 000 personnes, sont âgées de 65 ans et plus. Cette partie de la population qui souffre d'une perte de vision et d'audition — une double perte sensorielle — est composée de personnes âgées qui subissent cette perte d'audition et de vision dans le cadre du processus de vieillissement.
Sur les 1,5 % — ou 120 000 — Canadiens estimés qui vivent avec des déficiences développementales, conformément aux données de l'Enquête canadienne sur l'incapacité, environ 0,2 %, ou 240, sont sourdes, malentendantes ou utilisent des formes de communication non traditionnelles.
Le Service ontarien de la surdicécité soutient les personnes qui sont sourdes et aveugles, ainsi que les personnes aux prises avec une déficience développementale qui sont sourdes ou malentendantes ou qui utilisent des formes de communication non traditionnelles. Nos services spécialisés sont adaptés aux besoins uniques de chaque personne, ainsi qu'à leurs méthodes de communication et leurs objectifs pour vivre leur meilleure vie possible. Nous sommes présents dans les collectivités éloignées et les centres urbains de la province de l'Ontario, avec des foyers de vie et des services communautaires. Nous nous appuyons sur nos 35 années d'expérience, ainsi que sur les pratiques fondées sur les données probantes, pour offrir la plus grande qualité de service aux gens que nous soutenons.
La surdicécité est une combinaison d'une perte d'audition et de vision qui est propre à chaque personne. Elle nuit à la capacité des gens d'accéder à l'information, à leur communication et à leur mobilité. Pour qu'une personne soit considérée comme légalement aveugle, son acuité visuelle doit être de 20 sur 200 dans les deux yeux. Une personne sourde au sens de la loi peut avoir une ouïe fonctionnelle faible ou nulle.
Notre équipe de professionnels que nous employons en première ligne, aide à la communication. Parmi eux se trouvent des intervenants, qui sont expressément formés pour fournir des informations visuelles et auditives aux personnes sourdes et aveugles afin de les aider à avoir un plus grand sentiment de connexion sociale dans leur vie.
Les personnes que nous soutenons qui vivent avec des déficiences développementales et sont sourdes, malentendantes ou utilisent des formes de communication non traditionnelles reçoivent du soutien des professionnels de soutien direct. Elles soutiennent cette personne et lui donnent les moyens d'apprendre des concepts et des compétences, de recueillir des renseignements et de renforcer la communication et le langage.
Pour les gens que nous soutenons, vivre leur meilleure vie possible peut signifier des choses différentes. Avec un intervenant ou un professionnel d'aide directe, il s'agit de recevoir des renseignements au sujet de l'environnement. Il s'agit de recevoir des renseignements contextuels et de comprendre ce qui les entoure. Si quelqu'un marche dans la rue avec son aide communicationnelle, est‑ce une rue achalandée? Quels sont ces sons qu'elle perçoit de son ouïe résiduelle? C'est peut-être de la musique provenant d'un restaurant à proximité. Les enfants qui courent dans la rue et en riant.
Tous ces éléments contextuels sont ce qu'un intervenant, par exemple, communiquerait à une personne qui est sourde et aveugle.
Par exemple, pour une personne que nous soutenons, tout est question d'indépendance. Cela signifie d'acquérir les compétences dont elle a besoin pour prendre l'autobus dans sa collectivité. C'est quelque chose qu'elle a défini comme un objectif. Cela signifie d'obtenir une passe d'autobus, de travailler avec son intervenant pour y arriver. Il s'agit de planifier des trajets, d'adopter de nouveaux trajets de pratique pour apprendre les itinéraires et de rechercher les attractions locales avec son intervenant afin qu'elle puisse être un peu plus indépendante.
Avec les divers degrés de perte sensorielle, chaque personne utilise son propre moyen de communication unique et individuel. Elle peut utiliser une ou plusieurs méthodes de communication.
Nous voulons communiquer quelques recommandations concernant la façon de promouvoir l'inclusion. Pour nous, cela signifie de vraiment reconnaître la surdicécité comme une incapacité distincte, dans la loi et les politiques.
Inclure la surdicécité dans les enquêtes de Statistique Canada, afin que les données puissent être recueillies et utilisées pour les politiques et les décisions liées au financement.
Offrir des services d'intervention partout au Canada. Peu importe l'endroit où vous vivez, vous ne devriez pas être limitée pour ce qui est de ces services très utiles.
Inclure les gens qui ont une expérience vécue dans tous les aspects de la société, dont la planification, les politiques et le financement. C'est essentiel, et cela signifierait que vous tenez également compte de leurs besoins en matière de communication. C'est très important.
Inclure les personnes âgées qui ont une double perte sensorielle dans tout cadre stratégique pancanadien de sorte qu'elles puissent participer à leurs collectivités de la façon la plus complète que possible.
S'assurer que tous les formats accessibles sont offerts aux gens que nous soutenons. Cela signifie de s'assurer que la personne peut accéder à l'information par toute méthode de communication qu'elle demande, avec l'aide, bien sûr, d'un intervenant spécialement formé ou d'un professionnel de soutien direct.
Bonjour monsieur le président et chers membres du Comité.
Je m'appelle Karen Moores. Je suis une femme blonde de 42 ans. Je comparais virtuellement. Il y a derrière moi un étagère avec quelques photos de famille, des livres et des magazines.
Aujourd'hui, je représente mes collègues de Timbres de Pâques Canada. Notre communauté comprend 150 000 Canadiens handicapés de toutes les régions du Canada.
J'aimerais juste signaler qu'en tant qu'organisme de bienfaisance, nous sommes vraiment une famille nationale. Je travaille à distance et je vis à St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador, et bon nombre de mes collègues vivant dans différentes parties de l'organisation vivent partout au pays, ce qui est un des magnifiques aspects de Timbres de Pâques.
Nous sommes un organisme de bienfaisance qui a célébré son 100e anniversaire il y a deux ans. Le 100e anniversaire de Timbres de Pâques a eu lieu en 2022. À 102 ans, Timbres de Pâques Canada est très fière d'avoir fourni des programmes et des services qui améliorent l'accessibilité et l'inclusion ainsi que la qualité de vie des personnes handicapées. Notre organisation fournit des programmes et des services aux personnes handicapées de tous âges, de nombreux programmes offerts partout au Canada, l'exemple étant le programme carte Accès 2 . Tout le monde au Canada peut obtenir une carte Accès 2.
À titre d'information, j'aimerais noter que Timbres de Pâques Canada est un modèle fédéré. Même si je représente aujourd'hui notre organisation nationale devant votre comité, nous avons dans de nombreuses collectivités canadiennes du pays un réseau incroyable d'organisations provinciales, et une organisation territoriale de Timbres de Pâques qui réalisent leur propre travail exceptionnel en tant que propre entité indépendante, mais font tout de même partie de la famille de Timbres de Pâques.
Nos membres provinciaux — et je les salue aujourd'hui — sont les dirigeants du programme de camp exceptionnel dont vous avez peut-être entendu parler dans vos circonscriptions d'origine. Ce programme de camp n'est qu'un exemple d'un Canada sans obstacles en action. C'est un campement et des loisirs où on crée des souvenirs, où l'on acquiert des compétences en leadership, et où s'unissent les sports, la vie saine et les loisirs. J'encourage tout le monde ici aujourd'hui à prendre le temps de découvrir l'histoire de réussite qu'est le programme de camp de Timbres de Pâques Canada. S'il y a un camp de Timbres de Pâques près de chez vous, je vous suggère de le visiter.
??Tant que votre comité explore ce à quoi pourrait ressembler un Canada sans obstacles d'ici 2040, je veux vous dire aujourd'hui que nous, à Timbres de Pâques, pensons qu'un pays sans obstacles suscite des changements à court terme. Nous croyons fermement en ce que nous pouvons faire dès maintenant et ce que nous pouvons changer aujourd'hui. Pour me faire l'écho d'un autre témoin, rien ne sera jamais parfait; nous pouvons forcer, mais faisons quelques changements progressifs aujourd'hui. En plus de ces investissements intergénérationnels à court terme, que pourrons-nous regarder dans 20, 30 ou 40 ans que nous aurons mis en œuvre aujourd'hui?
J'aimerais faire l'écho de ma collègue Amanda MacKenzie de la Marche des dix sous. Nous souscrivons à ces commentaires sur la Prestation canadienne pour personnes handicapées et les appuyons. Je ne vais pas en parler. Je pense que d'autres témoins l'ont très bien dit, cependant, Timbres de Pâques Canada appuie bien sûr cette position.
Je vais parler aujourd'hui de l'emploi. Nous parlons beaucoup de l'emploi à Timbres de Pâques Canada. Dans un monde où les marchés de l'emploi, les besoins en perfectionnement des compétences et les technologies changent, et où l'intelligence artificielle change vraiment notre monde, nous devons nous assurer d'avoir un pays de chefs de file et d'innovateurs mondiaux dans la façon de rendre notre marché d'emploi vraiment inclusif. Cela s'applique à tout le monde et à tous les handicaps.
L'accessibilité à l'emploi signifie également de donner les mêmes possibilités aux personnes des régions rurales et des régions éloignées du Canada qu'à celles qui vivent dans les régions urbaines du Canada.
Comme je l'ai dit, je viens de St. John's. J'ai une passion toute particulière pour m'assurer que chaque partie de notre pays ait un accès égal à un pays vraiment inclusif. Bien que nous ayons réalisé des progrès, je pense que, dans notre monde en constante évolution, nous devons en faire plus pour nous assurer que notre économie est véritablement inclusive pour la main-d'œuvre de toutes les industries et collectivités à l'échelle du Canada, aux tables de conférence, dans nos métiers qualifiés, dans notre secteur technologique et dans nos économies émergentes et traditionnelles. Les 6,2 millions de Canadiens qui vivent avec un handicap sont sous-représentés dans notre économie, et nous devons tous changer cette situation.
Le deuxième point que j'aborderai porte sur le transport.
Lorsque nous imaginons un Canada sans obstacles, particulièrement pour l'emploi, nous savons qu'un transport amélioré, accessible et abordable doit faire partie de la solution. La capacité de se rendre en toute sécurité au travail et avec dignité doit faire partie d'incitatifs à atteindre un pays sans obstacles et une économie véritablement inclusive.
Nous voulons faire partie de ces solutions stratégiques novatrices, et je pense que nous y sommes déjà, mais nous voulons un transport et des transports en commun sûrs, accessibles et abordables pour les personnes handicapées et leur famille, et encore une fois, dans les régions rurales et éloignées, à bord des avions, des bateaux et des trains.
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Merci de votre question.
Je pense que c'est absolument le cas. Je n'ai pas de chiffres pour soutenir cette affirmation, mais je sais que dans l'une de nos séances précédentes, nous avions parlé des chiffres troublants de l'OASIS.
Notre Service ontarien de la surdicécité offre des chances de vivre avec du soutien, et je dirais que garantir l'accès sécuritaire à chacun de nos lieux d'activité nous coûte très cher. Dans certains lieux, les personnes vivant avec plus d'un handicap, en plus de leur surdicécité, sont à même de se déplacer, d'être indépendantes, et de s'adonner, de façon sécuritaire, aux activités quotidiennes que vous et moi tenons pour acquises. Évidemment, elles réalisent souvent ces activités avec l'aide d'un intervenant ou d'un professionnel du soutien direct.
Imaginez que vous habitez dans l'un de nos lieux. Lorsque vous rénovez ou achetez une maison, vous songez à y ajouter des éléments qui améliorent l'accessibilité, même si, pour le moment, vous n'en avez pas encore besoin. Bien entendu, cela peut coûter très cher. Toutefois, si vous n'avez pas besoin de rampes contre les murs pour vous guider le long du couloir, il se peut que dans cinq ans, en vieillissant, vous en ayez finalement besoin. Donc pourquoi repousser à plus tard l'ajout de cet outil de navigation, alors que vous pouvez le faire dès maintenant?
Je pense effectivement qu'il est très important d'en tenir compte dans ses plans, et de s'assurer qu'une maison, quelle qu'elle soit, est assez sûre pour qu'une personne y vive de façon indépendante et sécuritaire. La maison doit également lui permettre de vieillir sur place, afin qu'elle ne soit pas contrainte de vivre dans un autre logement dépourvu d'éléments d'accessibilité intégrés, qui sont nécessaires pour assurer une meilleure qualité de vie, et procurer un sentiment de sécurité. Ce type de maison permettrait également l'accès aux soutiens nécessaires, ce qui, dans le cas de notre organisation, signifie le recours à un intervenant ou à un professionnel du soutien direct.
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Bien sûr. Je vais commencer par citer l'exemple des compagnies aériennes du Canada.
Au printemps dernier, plusieurs des témoins ici présents, et moi‑même, avons assisté au tout premier sommet sur l'accessibilité du transport aérien. Nous avons eu l'occasion d'échanger avec les compagnies aériennes ainsi que plusieurs dirigeants des institutions gouvernementales sur l'accessibilité dans le secteur aérien.
Nous étions très chanceux. Les compagnies aériennes étaient très attentives. Tout le monde a encore beaucoup à faire, mais il ne s'agit que d'un exemple.
À mesure que nous réimaginons les aéroports du Canada, que nous les rénovons et les reconstruisons d'une génération à l'autre, nous devons tenir compte de ce problème. Il y a certaines choses dont nous pouvons nous occuper dès aujourd'hui, comme les services côté piste. Il y a énormément de travail dans ces secteurs. Mais je risque de prendre tout votre temps si je me mets à parler de ce sujet.
Tout ce que je vais dire, c'est que — je ne suis pas arrivée jusque-là dans mes notes — quel que soit le secteur, la collaboration et la communication sont essentielles à mon avis. Je m'exprime aujourd'hui par l'entremise de Zoom, mais il n'y a rien de mieux que de s'exprimer en personne. J'espère que la prochaine fois, j'aurai l'occasion de m'exprimer en personne. Les Canadiens ont l'habitude de collaborer — les industries sous réglementation fédérale, notre secteur, les dirigeants comme vous — doivent tous travailler ensemble pour faire changer les choses, absolument.
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Je peux intervenir, madame Madho. Je m'excuse du retard avec mon micro.
Le système MLS est un bon exemple de système accessible qui fonctionne partout, dans le pays. La Nouvelle-Écosse dispose maintenant d'un système MLS entièrement accessible. Nous encourageons les autres provinces à lui emboîter le pas. Le fait de rendre nos systèmes MLS provinciaux pleinement accessibles a d'énormes répercussions positives sur nos villes, nos villages, nos provinces et notre nation. C'est une partie de la solution.
Lorsqu'il est question des codes du bâtiment et de l'intersection des sphères de compétence, nous devons inclure plus de personnes qui vivent avec un handicap dans nos discussions. Le plus important, c'est que ces personnes soient incluses dans la discussion.
J'aimerais également aborder l'approvisionnement. Ce sujet figurait dans mes notes. Lorsqu'il s'agit d'approvisionnement, nous devons faire venir davantage de personnes qui vivent avec un handicap à la table de nos discussions. Qu'il s'agisse de baux de construction à l'échelle fédérale, provinciale, ou municipale, d'achats d'équipement pour bureaux, ou d'essais de nouvelles technologies, ces personnes doivent être présentes.
J'ajouterais également que nous devons nous approvisionner, en plus grandes quantités, auprès des entrepreneurs canadiens qui vivent avec un handicap. L'approvisionnement inclusif est le type d'approvisionnement le plus judicieux qui soit. Et, notre organisation espère que nous pourrons davantage en parler en 2025.
Je pense que l'essentiel à retenir, c'est que ce qui importe pour les personnes atteintes de surdicécité, ou même pour l'autre partie de la population que nous soutenons, c'est-à-dire, les personnes qui ont des troubles de développement, et qui sont sourdes, les personnes malentendantes, ou celles qui ont recours à des formes de communication non traditionnelles, c'est la communication. Pour que ces personnes communiquent avec le gouvernement fédéral, un prestataire de services ou autre, le plus important c'est la communication. Comme je l'ai mentionné, les personnes que nous soutenons peuvent utiliser une ou plusieurs formes de communication, mais parfois, la communication que le gouvernement fédéral met à leur disposition est, par exemple, restreinte.
Donc, plusieurs des mémoires que nous avons soumis au gouvernement, au cours des années précédentes, avaient pour objectif de lui faire comprendre qu'il ne suffit pas de communiquer en braille ou en gros caractères. Ces formes de communication ne sont pas utilisées par tout le monde. Il faut consulter les personnes concernées, et leur demander la forme de communication qui fonctionne pour elles, ainsi que leur méthode préférée de communication.
Parfois, les gens utilisent plus d'une forme de communication. L'essentiel, c'est de faire en sorte qu'il y ait un intervenant disponible pour les personnes sourdes, ou un professionnel de soutien direct pour les personnes qui vivent avec un trouble de développement et qui, de surcroît, sont sourdes ou malentendantes ou utilisent des formes de communication non traditionnelles.
Je souhaite réitérer l'importance de communiquer de la façon ou selon la méthode de communication que ces personnes préfèrent. Sinon, nous les excluons. Nous les excluons de nos politiques. Elles sont tenues à l'écart des décisions de financement. Nous ne les prenons pas en considération, même dans des circonstances où leur avis est pertinent, comme dans des consultations des parties prenantes.
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Merci de votre question.
Je ne peux pas parler des écoles qui enseignent la langue des signes, mais je peux parler des écoles d'intervenants qui fournissent une formation et une éducation d'intervenants.
En Ontario, un collège offre un programme très limité pour ce qui est du nombre de places réservées aux étudiants. Il y en a peut-être 15 par année, et cela ne tient certainement pas compte du nombre d'intervenants dont nous avons besoin dans l'ensemble du secteur des services d'intervention. Un certain nombre d'organisations fournissent des soutiens aux intervenants et reçoivent du financement pour fournir des mesures de soutien aux intervenants. Dans le cadre de notre financement provincial, nous devons faire la formation nous-mêmes, en utilisant les fonds existants.
Parce que l'intervenant est une personne si importante et une aide à une personne qui est sourde et aveugle, il doit y avoir un lien de confiance. Les intervenants doivent pouvoir travailler avec cette personne, établir ce lien de confiance et évaluer ses méthodes de préférence et la méthode ou les méthodes de communication qu'elle préfère.
Voyons les choses en face. Parce qu'il est possible de travailler avec plus d'une méthode de communication et d'en utiliser plus d'une, vous vous trouvez dans l'espace personnel de cette personne, alors cela soulève également le lien de confiance. Cette personne se retrouve alors dans une position très vulnérable, et vous avez besoin d'une personne très qualifiée et spécialisée pour pouvoir travailler avec une personne qui est sourde et aveugle et agir de facilitateur de la communication pour elle.
Encore une fois, nous n'avons pas un grand nombre de programmes offerts. Je peux certainement parler de l'Ontario. Si j'ai bien compris, c'est très limité au Canada également. Un intervenant est un professionnel spécialisé qui a réussi une qualification particulière, et il incombe aux fournisseurs de services de fournir cette information à l'interne.
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C'est une excellente question.
J'aimerais juste dire aux fins du compte rendu que Timbres de Pâques Canada, une entité nationale, ne reçoit aucun financement du gouvernement. Nos membres provinciaux, qui sont leurs propres entités légales, reçoivent peut-être quelques fonds, mais pas tous. La subvention du programme Emplois d'été Canada pour étudiants ou d'autres fonds varie selon les provinces. Cependant, à l'échelle fédérale, nous ne recevons aucun financement, mais nous en recevons des provinces. Parfois, les subventions provinciales ou les subventions canadiennes pour les emplois d'été pour étudiants aident, bien sûr, pour le camp.
Oui, nos concitoyens et notre communauté ont été durement touchés par la crise du coût de la vie, si l'on pense aux équipements médicaux, au transport et au logement.
Le coût de la vie se répercute également sur nos camps. Nos membres provinciaux fournissent des repas. Ils ont traversé une crise de la main-d'œuvre après la COVID. Nos équipes des camps travaillent très fort pour offrir cette expérience. Même si nos camps se portent toujours bien, cela représente un travail de plus en plus difficile pour nos membres provinciaux. Vous financez des infrastructures et embauchez les meilleures personnes pour faire partie de votre communauté des camps. C'est un défi.
Nous avons la chance de compter sur d'excellents donateurs. Toutefois, en même temps, dans cette économie, nous avons également besoin de tout le soutien possible, étant donné que le besoin de nos services n'a jamais été plus grand.
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Nous vous serions très reconnaissants de fournir ces renseignements au Comité.
Nous arrivons à la fin de l'étude que nous menons depuis les quelques dernières semaines. Je voulais souligner que, dans le cadre de l'étude, lorsque celle‑ci a été proposée pour la première fois en février dernier et que nous nous sommes tous entendus sur l'horaire en juin, nous avons convoqué la ministre de la Diversité, de l’Inclusion et des Personnes en situation de handicap à comparaître avant l'étude. Nous sommes maintenant au dernier jour de l'étude, et la ministre n'a pas comparu. Pour cette raison, j'aimerais proposer la motion suivante:
Que le Comité ne considère pas son étude sur un Canada sans obstacles d'ici 2040 comme terminée tant que la ministre de la Diversité, de l'Inclusion et des Personnes en situation de handicap n'aura pas comparu pendant une heure pour répondre aux préoccupations du Comité concernant les progrès réalisés vers l'objectif d'un Canada sans obstacles d'ici 2040, tel que convenu le 8 février 2024, et que le Comité alloue des ressources supplémentaires pour répondre à cette demande.
J'ai des copies à distribuer ici, et nous pouvons aussi l'envoyer par courriel. Elle correspond parfaitement à l'objet de l'étude, même si on n'en a pas donné avis plus tôt. Elle porte précisément sur l'étude. Il y a assez de flexibilité dans la formulation pour que nous puissions mettre cela à l'horaire. Nous ne voulons pas enlever du temps à d'autres études, alors la formulation est telle qu'il y aura une heure supplémentaire à un moment donné dès que les ressources seront disponibles.
Qu'il s'agisse d'une heure supplémentaire quelque part ou d'une heure qui est reportée sur une autre réunion, nous disposons d'une grande flexibilité pour pouvoir faire venir la ministre.
Encore une fois, la ministre est au courant de l'étude depuis des mois, alors celle-ci n'est pas une surprise. Pour s'acquitter de ce qui a été demandé et entendu au sein de l'étude, nous aimerions que la ministre vienne ici parler de l'étude.
Merci, monsieur le président.