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Je déclare ouverte la 18
e séance du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes.
Nous tenons aujourd'hui la dernière séance au cours de laquelle nous entendrons des témoins dans le cadre de notre étude. Notre séance se déroule une fois de plus en format hybride. Nous attendons de tous les participants qu'ils respectent des protocoles sanitaires.
Pour assurer le bon déroulement de la séance, je voudrais formuler quelques directives à l'intention des témoins et des membres du Comité. Veuillez attendre que je vous accorde la parole avant de parler. Les personnes qui participent à la séance par vidéoconférence doivent cliquer sur l'icône de microphone pour activer leur micro. C'est l'agent des délibérations et des vérifications qui contrôlera le microphone des personnes présentes dans la salle. Quand vous ne parlez pas, votre microphone devrait être désactivé.
Les membres du Comité et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix, des services d'interprétation étant offerts pendant la séance. Les personnes qui participent par vidéoconférence peuvent choisir, au bas de leur écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Les personnes dans la salle peuvent utiliser leur casque d'écoute pour choisir le canal désiré. Si vous perdez l'interprétation, veuillez m'en aviser immédiatement et nous veillerons à ce que le service soit rétabli.
Les membres qui participent par vidéoconférence doivent utiliser la fonction de main levée. Ceux et celles qui se trouvent dans la pièce doivent lever la main s'ils veulent prendre la parole. La greffière et moi-même gérerons l'ordre d'intervention de notre mieux. Je vous rappelle que toutes les questions doivent s'adresser à la présidence.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 3 février 2022, le Comité reprend son étude sur les pénuries de main-d'œuvre, les conditions de travail et l'économie des soins.
Je voudrais souhaiter la bienvenue à nos témoins. Pour commencer nos délibérations, nous entendrons des déclarations d'ouverture de cinq minutes.
J'annoncerai quelques changements, puisque nous n'avons pas pu joindre certains témoins. Nous recevons Georgina Black, associée directrice pour le gouvernement et les services publics, et Craig Alexander, économiste en chef et conseiller de direction, de Deloitte; Ivana Saula, directrice de recherche pour le Canada, de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l'aérospatiale; ainsi que Rocco Rossi, président-directeur général, qui s'est maintenant joint à nous, Michelle Eaton, vice-présidente aux affaires publiques, et Daniel Safayeni, vice-président aux politiques, de la Chambre de commerce de l'Ontario.
Nous commencerons avec des exposés de cinq minutes. Je demanderais aux témoins de s'en tenir à cinq minutes pour laisser aux membres du Comité le maximum de temps pour poser des questions.
Nous commencerons avec Deloitte. Je pense que c'est Craig Alexander qui parlera au nom de l'organisation.
Ai‑je raison ou est‑ce Georgina Black maintenant?
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Bonjour. Je vous remercie de m'offrir l'occasion de me joindre à vous tous aujourd'hui. Je m'appelle Georgina Black et je suis associée directrice, Gouvernement et services publics, chez Deloitte.
Comme vous l'avez indiqué, je suis accompagnée de mon collègue Craig Alexander, économiste en chef et conseiller de direction chez Deloitte.
Pour mettre les choses en contexte, sachez que Deloitte collabore avec des payeurs et des fournisseurs dans un écosystème public, privé et sans but lucratif au Canada et dans le monde. Notre groupe de réflexion interne, le Centre pour l'avenir du Canada, a publié une recherche sur la manière d'édifier un pays prospère.
Dans mon exposé, je reprendrai certaines des recommandations de notre rapport intitulé Catalyseur: Une vision pour un Canada prospère en 2030 et de livres blancs subséquents. Nous recommandons notamment d'apporter des réformes fondamentales à l'économie des soins du Canada afin de soutenir un programme de croissance. Selon nous, l'économie des soins englobe les personnes travaillant en santé, en éducation et dans les services sociaux, qu'elles soient rémunérées ou non.
Avant la pandémie, la demande à l'égard de l'économie des soins augmentait déjà. Les études démontrent depuis des années qu'il existe des pénuries de main-d'œuvre dans les secteurs de la garde d'enfants, des soins aux aînés, des soins de santé et des services sociaux. Ici, au Canada, la pandémie n'a pas seulement révélé la pénurie de main-d'œuvre dans l'économie des soins; elle a également contribué à aggraver la situation, car des travailleurs de tous les secteurs de l'économie sont partis pour une panoplie de raisons, comme l'accès instable aux services de garde d'enfants, la détérioration des conditions de travail, les problèmes de santé physique et mentale, et la réorientation vers des emplois moins risqués.
Quand nous réfléchissons à l'économie des soins, nous devons veiller à résoudre les problèmes non seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour les 30 prochaines années. Si nous devons manifestement trouver et former plus d'humains pour résoudre le problème, nous devons également envisager le problème tout autrement et innover dans un secteur qui fonctionne largement de la même manière depuis des décennies.
Il faut s'attaquer à plusieurs problèmes, et aujourd'hui, nous mettrons l'accent sur cinq d'entre eux. Le premier est l'écart entre la demande et l'offre, pas seulement aujourd'hui, mais aussi dans l'avenir. Nous n'avons pu trouver aucune source de vérité à l'échelle provinciale ou nationale sur l'état de la demande et de l'offre au sein de l'économie. Par conséquent, l'immigration, la formation des compétences et d'autres éléments ne correspondent pas aux besoins du marché.
Le deuxième problème est celui de la désuétude des règlements et des normes, si seulement il en existe. Divers obstacles nuisent au déploiement efficace du capital humain dans l'économie des soins, comme les règlements sous-optimaux et les normes de soins et de formation dépassés.
Le troisième problème est celui des modèles de soins désuets et du manque d'innovation numérique dans l'économie des soins. L'économie des soins de santé et des services sociaux de notre pays n'a pratiquement pas changé depuis des décennies, adoptant lentement, voire avec réticence, la technologie, les solutions numériques et les nouveaux modèles de soins.
Le quatrième problème est peut-être celui des valeurs canadiennes et du besoin de réfléchir aux questions de respect et de rémunération. Au Canada, le respect à l'égard des droits et de la dignité des enfants, des populations marginalisées et des aînés est quelque peu mésestimé, ce qui alimente une perception voulant que le travail soit moins valorisant dans l'économie des soins. La rémunération est inférieure dans cette économie que dans d'autres professions spécialisées. Pour les travailleurs pas ou peu qualifiés, les conditions de travail, la sécurité d'emploi et les salaires sont des problèmes bien connus.
Le cinquième et dernier problème est celui des aidants non rémunérés. Ces personnes jouent un rôle très important dans l'économie des soins. Il existe au pays une armée d'aidants non rémunérés — estimée à 8,1 millions de Canadiens — qui jonglent avec le travail, la prestation de soins et d'autres obligations. Malgré la valeur que les aidants non rémunérés offrent à l'économie des soins de santé et des services sociaux, nous devons admettre que cela a un coût estimé à 1,3 milliard de dollars en perte de productivité dans notre économie.
Les chercheurs et les experts internes de Deloitte ont cerné plusieurs domaines où le gouvernement et les entreprises pourraient intervenir afin de créer une économie plus durable et plus résiliente. Il faut d'abord élaborer une stratégie nationale ou pancanadienne en matière de ressources humaines pour les soignants, une stratégie qui miserait sur l'immigration, la formation et les titres de compétences pour créer une économie plus dynamique et plus cohérente.
Nous recommandons également de moderniser l'économie des soins, notamment au chapitre des règlements, des normes de soins, de la formation et des avantages sociaux offerts aux employés contractuels.
En ce qui concerne toujours la modernisation de l'économie des soins, nous recommandons aussi d'adopter des solutions numériques afin de libérer des ressources existantes, d'accélérer l'adoption de technologies de soins virtuels et de faire en sorte que les fournisseurs et les consommateurs disposent des compétences nécessaires pour se prévaloir des programmes et des services numériques.
Nous recommandons de plus d'instaurer des programmes pour soutenir l'armée d'aidants non rémunérés qui soutiennent l'économie des soins de santé et des services sociaux.
Nous recommandons enfin de continuer de soutenir les réseaux de garderies et d'éducation préscolaire afin de permettre une participation plus grande et plus équitable de la main-d'œuvre. La pandémie de COVID n'a pas seulement eu des répercussions substantielles sur l'économie et la société canadiennes; elle a également révélé des problèmes qui existaient avant la crise des soins de santé et des services sociaux. C'est particulièrement vrai dans l'économie des soins. Les pressions qui s'exercent sur ces secteurs, l'expérience vécue dans les établissements de soins de longue durée et l'importance primordiale de l'accès aux services de garde d'enfants pour permettre la participation au marché du travail sont toutes devenues très évidentes.
Nous avons l'occasion de faire de l'économie des soins une partie essentielle de l'économie canadienne et de considérer que le travail y est important et valorisé, tout en adoptant des innovations qui renforceront la résilience et l'efficacité, à l'avantage des travailleurs, des employeurs, des Canadiens et de l'économie.
Monsieur Alexander et moi-même répondrons avec plaisir à vos questions. Je vous remercie.
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Je vous remercie beaucoup.
Bonjour, honorables membres du Comité. Je m'appelle Ivana Saula et je suis directrice de recherche pour l'Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l'aérospatiale, ou AIMTA. Au nom de l'AIMTA et de ses membres, je voudrais vous remercier de m'offrir l'occasion de vous présenter nos opinions sur cet important sujet.
L'AIMTA représente des travailleurs d'un large éventail d'industries et a une empreinte croissante dans le secteur des soins de santé. La majorité de nos membres œuvrant dans ce secteur sont des préposés aux bénéficiaires, des infirmières et des conducteurs d'ambulance qui travaillent dans diverses installations de l'Ontario et de l'Alberta, où les attaques envers le secteur public et notamment le secteur des soins de santé ont été particulièrement agressives.
Le 3 mars 2022, votre comité a examiné la possibilité de recourir à l'automatisation pour contrer les pénuries de main-d'œuvre. Je m'appuierai donc sur les conclusions de notre rapport sur l'automatisation et l'intelligence artificielle, intitulé Tracer le changement, et parlerais d'une étude de cas pertinente. Je traiterai aussi brièvement du rôle du gouvernement et des employeurs dans l'atténuation des pénuries de main-d'œuvre, particulièrement dans le secteur des soins de santé.
Les employeurs, en particulier, ont fait de l'emploi précaire et atypique — qui, de façon générale, entraîne une dégradation des conditions de travail — la norme plutôt que l'exception sur le marché du travail. Ce modèle d'emploi, instauré parce qu'il convient aux employeurs, a aggravé les conditions de travail dans l'ensemble des secteurs et abaissé le niveau de vie de millions de Canadiens.
Les proposés aux bénéficiaires travaillent souvent pour plusieurs employeurs afin de cumuler suffisamment d'heures de travail pour gagner leur vie. Ainsi, un employeur leur offrira quatre heures par semaine, un autre, 12 heures, et un troisième, 10 heures. Les salaires des préposés aux bénéficiaires varient d'une région à l'autre du pays, le salaire de départ étant d'aussi peu que 12 $ l'heure dans certaines provinces. De plus, le travail des préposés aux bénéficiaires et de tous les travailleurs du secteur des soins de santé est exigeant physiquement, et est marqué par la violence en milieu de travail et des taux élevés de roulement et d'épuisement professionnel. Non seulement le travail est sous-valorisé, mais le cadre d'emploi favorise l'instabilité.
Dans certains cas, les préposés aux bénéficiaires travaillent pour des entreprises privées qui ont engrangé des profits records pendant la pandémie, tout en continuant d'offrir des salaires et des avantages sociaux médiocres. Un grand nombre d'études donnent les mêmes résultats à ce sujet: comparativement aux travailleurs occupant des emplois types, ceux qui ont des emplois atypiques tendent à avoir des salaires inférieurs, des durées d'emploi moindres, des taux de pauvreté supérieurs, moins d'éducation et moins d'avantages sociaux, comme des régimes de pension. De même, les taux de pauvreté des travailleurs occupant des emplois atypiques sont de deux à trois fois supérieurs à ceux des travailleurs ayant des emplois types. Ce cadre d'emplois précaires et atypiques constitue manifestement un des principaux problèmes qui nuisent au recrutement dans ce domaine.
La demande en services de soins dans le domaine des soins de santé devrait continuer d'augmenter, et le Bureau of Labor Statistics des États-Unis prévoit que les préposés aux bénéficiaires et les travailleurs offrant des services à domicile seront les deux professions qui connaîtront la croissance la plus rapide au cours des 10 prochaines années. Si ces emplois sont en demande et s'avèrent si importants dans notre économie, pourquoi les travailleurs de ces secteurs ne sont-ils pas mieux rémunérés? Nos membres trouvent leur travail gratifiant et sont fiers de ce qu'ils font. Ce n'est pas le travail comme tel, mais les faibles salaires et le manque de valorisation qui rendent le recrutement difficile.
Je vais maintenant traiter d'une étude de cas réalisée au Japon, un pays aux prises avec de graves problèmes de pénuries de main-d'œuvre dans le réseau de soins de santé. Ces pénuries sont particulièrement aiguës dans les maisons de retraite et les établissements de soins de longue durée, où ce sont des aînés qui prennent soin des aînés. Le Japon a réagi au problème en se tournant vers l'automatisation et est quatrième pays utilisateur de l'automatisation dans le monde. L'utilisation d'exosquelettes et de robots interactifs et à la mise à l'essai de robots adaptés à la culture est en train de devenir la norme, puisque le pays anticipe de graves pénuries de main-d'œuvre assorties d'une augmentation de la demande en travailleurs dans le secteur des soins de longue durée.
Alors qu'il existe un besoin immédiat en main-d'œuvre, il semble que la compréhension de l'effet de l'automatisation sur la qualité des soins n'ait pas été suffisamment étudiée. En Amérique du Nord, on investit des ressources considérables afin d'étudier et de mettre au point des dispositifs qui remplacent l'aide humaine, comme des systèmes automatisés d'évaluation de la santé et de surveillance à domicile, des appareils intelligents d'aide à la marche et des biocapteurs, pour n'en nommer que quelques-uns. Ces technologies auront des répercussions directes sur les préposés aux bénéficiaires, les aide-soignants et d'autres employés de soutien. Les avancées technologiques dans le secteur des soins de santé vont au‑delà des accessoires fonctionnels, et un certain nombre de dispositifs sont mis à l'essai actuellement.
Même s'il est possible de combler le manque de main-d'œuvre, il est nécessaire d'évaluer pleinement la technologie. Nous ne comprenons pas encore entièrement les effets de la technologie et des plateformes numériques sur la qualité des soins et la qualité de vie des aînés et des clients qui vieillissent. La technologie peut être pratique, mais nous ne devrions pas nous tourner vers cette solution sans en comprendre pleinement les répercussions sur le réseau de soins de santé, les patients et les clients.
De façon générale, nous recommandons ce qui suit. D'abord, les gouvernements fédéral et provinciaux devraient réformer le droit du travail pour offrir de la protection aux travailleurs occupant des emplois précaires et atypiques. Il faut également protéger les travailleurs qui adhèrent à un syndicat et modifier l'accréditation syndicale pour répondre aux besoins des marchés du travail d'aujourd'hui. Nous voulons contrer la prolifération des emplois atypiques. Nous espérons aussi que les gouvernements travailleront avec divers acteurs pour les encourager à offrir des salaires suffisants au lieu du salaire minimum.
Nous espérons aussi qu'on pourra réaliser une étude exhaustive sur les tendances émergentes et les technologies qu'on pourrait utiliser dans les établissements de soins de longue durée. De façon générale, nous espérons ambitieusement que le secteur des soins de longue durée puisse être inclus dans la Loi canadienne sur la santé.
Nous sommes également favorables à une stratégie nationale sur les ressources humaines dans le domaine des soins de santé et — les dernières, mais non les moindres — de normes nationales dans le secteur des soins de longue durée.
Je vous remercie beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Nous sommes enchantés de témoigner.
Alors que nous nous rencontrons dans le cyberespace, je veux d'abord reconnaître que je témoigne depuis les territoires traditionnels des Mississaugas de Credit et des peuples anishinabe, haudenosaunee, chippewa et wendat. Bien entendu, nous nous trouvons tous à des endroits différents de l'île de la Tortue, où les Premières Nations, les Inuits et les Médis prennent soin des terres et des eaux depuis des générations. La meilleure manière de les en remercier consiste à réellement redoubler d'efforts sur le chemin de la vérité et de la réconciliation.
La Chambre de commerce de l'Ontario, mes collègues et moi-même représentons quelque 157 chambres de commerce de l'Ontario, lesquelles représentent à leur tour environ 60 000 entreprises et organisations, dont l'Association des médecins de l'Ontario et diverses organisations de l'économie des soins.
Je veux toutefois commencer en soulignant que le problème des pénuries de main-d'œuvre touche l'ensemble de l'économie. Même s'il s'est certainement accentué pendant la crise de la COVID, il est continuellement sur notre radar lors de sondages annuels que nous menons auprès de nos membres. Le dernier, réalisé aux fins du rapport économique de l'Ontario de cette année, indique qu'environ 62 % de nos membres sont aux prises avec des pénuries de main-d'œuvre, et ce, dans tous les secteurs.
Nous veillons tout particulièrement à ce que les groupes traditionnellement sous-représentés, notamment au chapitre des handicaps, reçoivent un soutien et une formation ciblés pour qu'aucun talent et aucun potentiel ne soit laissé pour compte alors que nous manquons cruellement de main‑d'œuvre.
En s'attaquant aux éléments qui relèvent du gouvernement fédéral, il faut commencer par l'immigration. Les deux dernières années se sont avérées extrêmement difficiles au chapitre du traitement. Sachez qu'en décembre 2021, il y avait plus de 1,8 million de demandes en attente. Particulièrement dans le domaine des travailleurs qualifiés, il faut s'attaquer à l'immense arriéré si nous voulons résoudre le problème.
L'Ontario éprouve d'autres problèmes qui lui sont propres sur le plan de l'immigration en général. D'abord, nous tenons beaucoup à ce que le quota d'immigrants que prévoit le Programme ontarien des candidats à l'immigration passe de 9 000 à au moins 18 000 immigrants, et à dire vrai, ce chiffre pourrait être beaucoup plus élevé. Nous demandons au gouvernement fédéral de collaborer avec le gouvernement de l'Ontario pour éliminer l'exigence relative à l'étude d'impact sur le marché du travail pour les participants à ce programme, particulièrement pour ceux qui sont embauchés dans des communautés de moins de 200 000 habitants, où il est bien plus difficile pour les employeurs d'attirer et de garder les travailleurs dont ils ont besoin pour combler les pénuries.
Nous recommandons d'augmenter la capacité d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada de traiter les demandes fédérales d'entrée express des travailleurs qualifiés au pays et à l'étranger, ainsi que les demandes de visas et de permis d'étude des étudiants étrangers dans les bureaux de missions du Canada, et recommandons de collaborer avec le gouvernement de l'Ontario pour élaborer une stratégie à long terme en matière d'immigration dans les régions rurales et du Nord de l'Ontario pour que les communautés puissent attirer et garder des immigrants.
Nous recommandons en outre de continuer de moderniser le Programme des travailleurs étrangers temporaires et d'y alléger les fardeaux administratifs. Nous avons été encouragés de voir le gouvernement fédéral annoncer récemment sa feuille de route comportant des solutions en matière de main-d'œuvre dans le cadre de ce programme, mais il faut agir et pas seulement regarder la feuille de route.
De plus, nous recommandons de réexaminer les codes de classification nationale des professions afin de créer des possibilités de résidence permanente pour les travailleurs et des exploitants.
Il existe encore d'énormes obstacles à la mobilité interprovinciale de la main-d'œuvre qui sont complètement aberrants dans un monde de plus en plus concurrentiel où la main-d'œuvre est une denrée précieuse qui ne se trouve pas nécessairement au bon endroit. L'incohérence de la certification, des normes de formation et de l'acceptation des titres de compétence au pays a exacerbé le problème.
Alors que nous traçons notre chemin vers la reprise, le gouvernement du Canada doit élaborer une stratégie pour fouetter la croissance économique à long terme en accélérant encore les efforts pour éliminer les obstacles à la mobilité interprovinciale de la main-d'œuvre. Nous pourrions créer une banque de données publique sur ces obstacles au Canada pour aider les décideurs à cibler ces efforts et à justifier le besoin de réforme.
Le soutien du secteur des soins de santé...
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Je vous remercie de cette question.
Je ne suis pas certaine que je préconiserais de combler les manques avec la technologie afin d'atténuer les pénuries de main-d'œuvre dans l'ensemble de l'économie, mais je pense qu'il est nécessaire de comprendre qu'il est possible de remplacer, certainement avec l'intelligence artificielle, des travailleurs dans un certain nombre d'industries, dont certaines peuvent être réellement surprenantes.
L'essentiel, avant de nous engager dans cette voie, est de vraiment bien comprendre où le recours à l'automatisation est pertinent. Il faut savoir non seulement où l'automatisation est préjudiciable aux travailleurs, mais aussi où son déploiement n'est pas économiquement viable à l'heure actuelle. Notre organisation demande essentiellement au gouvernement fédéral d'entreprendre une étude sur l'intelligence artificielle et les possibilités qui s'offrent dans divers secteurs afin de déterminer où cette technologie convient et ne convient pas.
Pour ce qui est de la réforme de la réglementation, nous préconisons de procéder par secteur plutôt que d'adopter une approche globale afin de protéger les travailleurs ou de permettre aux entreprises de déployer la technologie.
Je n'ai pas de réponse directe à votre question sur les réformes de la réglementation, mais nous voudrions que chaque secteur effectue la sienne.
Nous nous sommes notamment intéressés au Port de Seattle, qui constitue un exemple progressiste. L'autorité portuaire a élaboré un code d'éthique pour l'utilisation des outils biométriques et des diverses technologies utilisées dans les aéroports, pas seulement au Canada et aux États‑Unis, mais partout dans le monde. Ce code s'applique essentiellement à quiconque travaille à l'aérodrome et ne précise pas seulement le comportement attendu des employeurs ou des autorités aéroportuaires; il décrit les rôles et les responsabilités quant à la manière dont la technologie est utilisée et à l'incidence qu'elle a sur les passagers, les travailleurs et les transporteurs aériens. On y pose certaines questions d'ordre général.
Quand il est question de réformes, je pense qu'il importe d'examiner la question du point de vue des secteurs, mais aussi d'élaborer quelque chose qui fonctionne et qui n'empêche pas seulement les employeurs de déployer la technologie, comme cela pourrait s'avérer nécessaire. Nous voulons tout comprendre, mais aussi nous assurer que ces technologies n'ont pas de répercussions néfastes.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous les témoins. Je les remercie de leur présence, de leur participation et de leurs témoignages.
Ma première question s'adresse à Mme Saula, de l'AIMTA.
Bien que vous ayez parlé de l'économie des soins dans votre propos, j'aimerais que nous parlions de la réalité de la main-d'œuvre dans l'aérospatiale, étant donné que vous êtes le plus grand syndicat au monde dans ce secteur.
Lors de la dernière réunion du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, Mme Martel, directrice générale du Comité sectoriel de main-d'œuvre en aérospatiale, le CAMAQ, nous indiquait que le secteur souffrait d'un manque d'attractivité, notamment à cause de la pandémie, des nombreuses annonces de mises à pied et du manque de valorisation, en général, de ce secteur pourtant important pour l'économie. Vous savez que Montréal est le troisième pôle d'importance au monde en aérospatiale. Mme Martel disait aussi qu'en 2031, soit dans moins de 10 ans, 30 000 postes seraient à pourvoir, en raison de départs à la retraite et de changements de carrière.
Faites-vous le même constat?
J'ai trouvé assez troublant qu'un secteur aussi névralgique que l'aérospatiale se heurte à des problèmes de rareté et de rétention de la main-d'œuvre, ainsi que d'attractivité.
Que pourriez-vous nous dire là-dessus?
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C'est une excellente question.
Oui, le sous-secteur a été durement frappé par la pandémie, puisqu'il dépend des transports aériens. Nous connaissons les répercussions que la pandémie a eues sur les voyages aériens, tant au pays qu'à l'étranger.
Dans le cadre de notre étude, nous avons également déterminé que les pénuries de main-d'œuvre devraient être gravissimes dès 2025. Le manque de valorisation, particulièrement pour les métiers spécialisés de l'aérospatiale, nuit au recrutement. C'est un obstacle, auquel s'ajoute celui de l'offre de programmes de formation. Nous constatons qu'en raison de la faiblesse des inscriptions dans les collèges, quand des étudiants souhaitent s'inscrire à un programme donné, ce dernier est annulé et ils doivent bifurquer vers une autre spécialité. Par conséquent, il n'y a jamais assez de personnes formées pour travailler en aérospatiale, même si le travail y est gratifiant, enrichissant, stimulant, bien rémunéré et stable. Le problème, c'est que les personnes qui veulent entrer dans l'industrie en sont incapables. La formation n'est tout simplement pas là. Comme il s'agit d'une responsabilité provinciale, toutes les provinces pourraient se pencher davantage sur la question. Nous avons des recommandations sur ce qu'on pourrait faire.
Vous avez absolument raison: Montréal est le troisième écosystème de l'industrie aérospatiale. Le Canada est très concurrentiel sur la scène mondiale. C'est un sous-secteur d'importance nationale. Cependant, nous constatons que le Canada se laisse distancer par la concurrence étrangère. Il manque d'investissements sur tous les fronts, qu'il s'agisse de l'éducation et de la formation ou de l'aide aux PME. Le problème est donc plus vaste. Cependant, les pénuries de main-d'œuvre nuisent toutefois beaucoup à cette industrie, comme à bien d'autres.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous les invités d'aujourd'hui. J'aimerais adopter une approche un peu différente, en particulier avec deux des organismes invités, c'est‑à‑dire la Chambre de commerce de l'Ontario et Deloitte.
Il y a quelques semaines, la présidente de l'Association médicale canadienne a comparu devant le Comité et a déclaré que le système des soins de santé du Canada est en crise et qu'il est en fait — et je cite — « sous respirateur artificiel ». Aujourd'hui, nous avons entendu Mme Black, qui a déclaré que les soins de longue durée fonctionnent essentiellement de la même manière depuis des décennies.
Nous entendons beaucoup parler des besoins en matière d'innovation, de technologie et de toutes ces choses, mais ce dont nous n'entendons pas beaucoup parler, c'est de la question de savoir si notre système tout entier est structuré correctement. S'il ne repose pas sur une structure solide… Autrement dit, nous entendrons beaucoup les syndicats du secteur public et les amis de la médecine socialisée lorsque quelque chose ne tourne pas rond dans un établissement privé de soins de longue durée, mais selon mon expérience, le gouvernement n'est pas très efficace lorsqu'il s'agit d'innover et d'apporter des changements.
Voici la question que je vous pose tous les deux pour commencer. Avez-vous beaucoup travaillé sur la question de savoir — vous avez mentionné quelques études — si la structure de notre économie des soins de santé, comme nous l'appelons maintenant, est correcte, ou si nous devons chercher des moyens de fournir de meilleurs soins et cesser de nous contenter de faire toujours la même chose?
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Je répondrai en premier. Vous avez posé une question très difficile, et je tenterai de donner une réponse concise.
Je suis d'accord avec la présidente de l'Association médicale canadienne pour dire que le système de santé et de services sociaux du Canada subit de fortes pressions. Il a été conçu pour une autre époque. Nous devons également nous rappeler que nous avons 13 systèmes de soins de santé et de services sociaux pour une population qui, je crois, compte 36 millions d'habitants, ce qui entraîne des inefficacités intrinsèques. M. Rossi a parlé de certains des défis liés au simple déplacement de la main-d'œuvre des soins de santé entre les provinces pendant la pandémie de COVID‑19. L'occasion s'est présentée de fournir des soins virtuels — une méthode que le pays a adoptée assez rapidement, soit dit en passant — et certaines provinces n'avaient pas suffisamment de personnel infirmier et de personnes capables de fournir des soins virtuels. Il aurait été formidable de pouvoir utiliser la main-d'œuvre d'une province pour soutenir les soins virtuels dans une autre. Il y a donc certaines inefficacités intrinsèques.
Nous savons également, grâce aux évaluations de l'OCDE, que le Canada arrive à l’avant-dernier rang — les États-Unis sont au dernier rang — pour un certain nombre d'indicateurs, notamment le coût de notre système de soins de santé et les résultats. Le Royaume-Uni et l'Australie seraient des exemples de pays avec un meilleur rendement.
J'aimerais conclure en disant que nous croyons qu'il existe, pour le Canada, une occasion très importante d'envisager les soins de santé et les services sociaux comme formant une économie. Honnêtement, il s'agit déjà d'un écosystème très dynamique, avec des intervenants publics, privés et sans but lucratif dans un système financé par l'État. Lorsque nous commencerons à traiter ce système comme si c'était une économie, en tenant compte de l'offre et de la demande, nous adopterons plus rapidement un certain nombre d'innovations et de technologies qui fonctionnent dans d'autres pays.
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Je vous remercie de votre question.
Je me ferai certainement l'écho des paroles de Mme Black, et j'aimerais ajouter deux choses. Tout d'abord, au début de la pandémie, nous avons vu à quel point l'économie des soins et notre système de soins de santé sont importants et intrinsèquement liés au dynamisme de notre économie en général. En Ontario, nous avons dû pratiquement arrêter l'économie au tout début de la pandémie en raison des contraintes de capacité de notre système de soins de santé, mais nous avons également vu le gouvernement agir très rapidement dans le cadre de certaines initiatives en matière de santé, comme la campagne de vaccination, dans laquelle nous avons vu divers professionnels de la santé s'allier et diffuser des messages et des campagnes de santé publique pour faire augmenter les taux de vaccination de l'Ontario jusqu'à ce qu'ils soient parmi les meilleurs au pays. Je crois donc que nous avons constaté que nous pouvions aussi travailler efficacement.
Il y a deux volets à cela. Tout d'abord, il y a le volet du financement, et je pense que la pandémie a mis en évidence à quel point certaines équations de financement sont tendues pour le système de soins de santé ici, en Ontario. Nous demandons donc une augmentation des dépenses provinciales en matière de soins de santé de 22 % à 35 % en ce qui concerne le paiement de transfert.
Le deuxième volet — qui est aussi lié à votre question, je crois — concerne la façon dont cet argent est dépensé. Quelles réformes systémiques seront nécessaires pour offrir un système de soins de santé qui correspond à l'économie et aux besoins de la société actuelle? Je pense qu'il s'agit là d'une question plus vaste et plus délicate qui dépasse probablement le cadre de la réunion d'aujourd'hui, mais il est évident qu'elle doit être explorée de manière approfondie lorsque nous parlons des types de réformes et de changements dont nous avons besoin pour renforcer la capacité de notre système de soins de santé.
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Je vais d'abord tenter de répondre à la question et j'aimerais inviter Mme Eaton à intervenir si elle le souhaite.
Nous serions heureux de fournir au Comité notre dernier Rapport économique de l'Ontario, qui présente une ventilation par secteur des pénuries de main-d'œuvre dans la province, et plus précisément par région.
Malheureusement, ce n'est pas une réponse très précise, car ce que nous observons, c'est que certains des éléments habituels sont touchés de façon disproportionnée par les métiers spécialisés, comme les secteurs de la construction ou tout ce qui a nécessité un contact de main à main dans l'industrie des services, notamment les restaurants, les services alimentaires et l'hébergement. Ces industries sont touchées de manière disproportionnée. Nous avons un rapport à ce sujet et nous serions heureux de l'envoyer au Comité.
En ce qui concerne les solutions, je pense qu'il faut tout d'abord comprendre qu'il n'existe pas d'approche universelle, comme nous le constatons ici. Les stratégies en matière de main-d'œuvre qui seront utilisées pour résoudre ces enjeux devront être précisément adaptées à chaque secteur et être aussi, idéalement, axées sur les régions.
Un certain nombre de programmes de formation et de recyclage professionnel mis en place par le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral ont certainement été extrêmement utiles. Les crédits d'impôt pour la formation en cours d'emploi sont particulièrement utiles pour les petites entreprises qui ne sont peut-être pas en mesure de faire concurrence aux grandes multinationales pour attirer et retenir les talents.
En outre, nous devons être disposés à recevoir une rétroaction constante. En ce moment, plusieurs soutiens du gouvernement fédéral tirent à leur fin, et il est donc important que nous fassions le point sur les programmes qui ont été les plus utiles pour combler certaines de ces pénuries de talents et que nous les renforcions d'une manière réfléchie, de façon à répondre aux préoccupations uniques d'un secteur par rapport à un autre. En effet, la façon d'attirer les talents peut être très différente dans chaque secteur et, par conséquent, la solution sera très différente pour chacun d'eux.
[Français]
Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui.
Je commencerai en mentionnant que je me joins à vous depuis le territoire des Premières Nations de Musqueam et de Tsawwassen.
[Traduction]
Je veux également saluer le travail de nos travailleurs de l'économie des soins, à savoir les médecins, le personnel infirmier, les préposés au soutien à la personne et les éducateurs de la petite enfance, de même que les personnes qui s'occupent de nos proches à domicile. Ils ont travaillé sans relâche au cours des deux dernières années, en se mettant sans cesse à risque, pour prendre soin des autres. Nous ne pourrons jamais assez les remercier pour les heures qu'ils ont travaillées, les vies qu'ils ont sauvées et les personnes dont ils ont pris soin.
Je tiens aussi à remercier notre collègue, Bonita Zarillo, d'avoir proposé cette motion et mis ce très important sujet à l'étude.
Notre gouvernement demeure inébranlable dans son engagement envers les soignants canadiens. Nous sommes déterminés à faire croître cette main-d'œuvre et à faire en sorte que les travailleurs aient les compétences requises, que les postes soient pourvus et que les Canadiens aient les meilleurs des soins.
Je sais que ce comité a entendu les dépositions de bien des témoins, et je salue son travail. Il me tarde de lire son rapport.
Aujourd'hui, je compte mettre l'accent sur l'économie des soins et sur les mesures globales que nous prenons pour mettre fin aux pénuries de main-d'œuvre.
À pareille date l'an dernier, ma priorité consistait à trouver des emplois pour les travailleurs. Ces derniers temps, il s'agit de trouver des travailleurs pour faire le travail. Le taux de chômage au Canada a atteint un plancher record, et dans de nombreux secteurs, la croissance excède la capacité des employeurs à trouver de la main-d'œuvre. Le secteur de la santé du Canada est l'un des nombreux secteurs confrontés à des pénuries.
Notre plan pour mettre un terme aux pénuries de main-d'œuvre comprend les actions suivantes: investir dans la prochaine génération de travailleurs canadiens; aider les travailleurs à perfectionner leurs compétences dans un marché du travail qui évolue constamment; optimiser la participation au marché du travail; accueillir les talents de partout dans le monde; répondre aux besoins de secteurs particuliers. Bien sûr, le secteur des soins de santé profitera de chacune de ces approches.
Investir dans la prochaine génération de travailleurs, c'est soutenir les étudiants et les apprentis, c'est créer les premières expériences de travail. En ce qui a trait à l'économie de soins tout particulièrement, nous savons que de nombreux jeunes médecins et membres du personnel infirmier terminent leurs études avec des prêts étudiants importants à rembourser. Nous savons aussi que les professionnels de la santé ont moins tendance à travailler dans les régions plus rurales et éloignées du Canada que dans nos centres urbains. Nous proposons donc dans le budget de 2022 d'injecter 26,2 millions de dollars sur cinq ans pour augmenter le montant de remise des médecins et du personnel infirmier qui décident de pratiquer dans les communautés rurales et éloignées.
En outre, le gouvernement va élargir la liste actuelle de professions admissibles au programme et réviser sa définition de communauté rurale. En 2019-2020, près de 5 500 médecins et membres du personnel infirmier ont profité du programme de la remise de montant. Élargir la liste ne fera qu'accroître ce chiffre.
En ce qui concerne la formation professionnelle, nous collaborons avec les employeurs, les syndicats, les provinces et les territoires afin de rendre la formation accessible à tous les travailleurs et de les aider à rester plus longtemps sur le marché du travail.
Chaque année, le gouvernement fédéral verse plus de 3 milliards de dollars aux provinces et aux territoires pour qu'ils puissent offrir de la formation et du soutien à l'emploi dans le cadre des ententes de transfert relatives au marché du travail. Ces fonds, reversés dans des programmes portant sur le perfectionnement des compétences jusqu'aux subventions salariales, en passant par l'orientation professionnelle et l'aide à la recherche d'emploi, aident chaque année plus d'un million de Canadiens à se préparer pour leur prochain emploi. Nous renouvellerons ces partenariats avec les provinces et les territoires de manière à pouvoir mieux répondre aux besoins des travailleurs, des entreprises et de l'économie.
[Français]
Dans le budget de 2022, nous proposons de modifier la partie II de la Loi sur l'assurance‑emploi pour que plus de travailleurs soient admissibles à de l'aide avant d'être au chômage, et pour que les employeurs reçoivent un soutien direct pour donner une nouvelle formation à leur main-d'œuvre.
Cela s'ajoute au travail déjà entamé. Pendant la pandémie, nous nous sommes associés à Collèges et instituts Canada pour offrir gratuitement des formations accélérées à 2 600 assistants en soins de soutien. Ce projet offre la possibilité de décrocher la certification pour devenir préposé aux services de soutien à la personne. De plus, il offre un soutien crucial au personnel en soins de longue durée, qui reçoit une formation sur le terrain.
[Traduction]
Optimiser la participation au marché du travail, c'est accéder à ces bassins de main-d'œuvre non exploités et éliminer les obstacles qui nuisent à la participation pour de nombreux groupes, qui de tout temps ont été marginalisés et désavantagés. Optimiser la participation, c'est diversifier notre main-d'œuvre et la rendre plus inclusive.
Citons d'ailleurs les personnes en situation de handicap: plus de six millions de Canadiens de 15 ans et plus déclarent avoir une incapacité. Ils représentent un énorme bassin non exploité. Même si nombre de ces personnes sont prêtes à travailler et désireuses de le faire, elles affichent un taux d'emploi beaucoup plus faible que le reste de la population canadienne: 59 % par rapport à 80 %. Nous voulons changer cela. Dans le budget de 2022, nous proposons de consacrer 272,6 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir la mise en œuvre de la Stratégie d'emploi pour les personnes en situation de handicap, par le biais du Fonds d'intégration pour les personnes handicapées.
Alors que nous puisons dans les bassins de talents du Canada, nous sommes également conscients qu'il est impératif d'inciter les travailleurs à venir au Canada, et de soutenir leur intégration efficace au marché du travail. Nous devons également nous assurer d'avoir un Programme des travailleurs étrangers temporaires qui soit équitable et équilibré.
Prenons l'exemple des professionnels de la santé formés à l'étranger. Trop souvent, ils ont du mal à faire reconnaître leurs titres au Canada. C'est pourquoi le gouvernement finance des projets qui les aideront à mettre leurs compétences et leur éducation à profit plus vite, et ainsi, à prendre soin des Canadiens. Dans le budget de 2022, nous proposons de consacrer 115 millions de dollars sur cinq ans, dont 30 millions de dollars par la suite, à l'élargissement du Programme de reconnaissance des titres de compétences étrangers. Nous aiderons ainsi chaque année jusqu'à 11 000 nouveaux arrivants qualifiés à faire reconnaître leurs titres de compétences et à trouver du travail dans leur domaine. Les efforts déployés dans le cadre de ce programme continueront d'avoir pour but d'aider les professionnels de la santé formés à l'étranger, permettant ainsi de bâtir une main-d'œuvre forte et résiliente pour le secteur canadien des soins de santé.
[Français]
Par ailleurs, nous modernisons le Programme des travailleurs étrangers temporaires. Nous l'avons récemment assoupli de manière à aider les employeurs à trouver plus rapidement des travailleurs et à répondre à leurs besoins. De plus, le budget de 2022 prévoit des fonds pour la mise en place d'un programme pour les employeurs de confiance et pour la création d'un nouveau volet consacré à l'agriculture et à la transformation des aliments.
[Traduction]
Enfin, nous devons cultiver les talents dans les secteurs et les industries émergentes, et trouver de la main-d'œuvre spécialisée et des solutions aux pénuries.
En ce qui concerne le secteur de la santé tout particulièrement, nous avons récemment lancé un appel de propositions dans le cadre du Programme d'appui aux solutions sectorielles pour la main-d'œuvre. Investir dans le secteur de la santé était la priorité de cet appel et nous sommes impatients de pouvoir financer des projets qui permettront de surmonter les difficultés dans ce secteur, notamment la mobilité de la main-d'œuvre, les besoins en santé mentale des travailleurs et l'intégration des professionnels de la santé formés à l'étranger.
Monsieur le président, estimés collègues, nos efforts et nos fonds sont axés sur deux impératifs: procurer au secteur de la santé le soutien et les ressources humaines nécessaires pour le rendre pleinement efficace, et mettre un terme aux pénuries de main-d'œuvre à travers des investissements inédits en ressources humaines. Nous comptons poursuivre sur notre lancée.
Je vous remercie. Si vous avez des questions, je serai heureuse d'y répondre.
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Merci beaucoup, madame la ministre. C'est toujours un plaisir de vous voir.
Je souhaite la santé à votre famille. J'espère que tout le monde se rétablira bien vite. Ma famille a vécu la même chose pendant les vacances.
Je n'ai que deux ou trois choses à dire avant de passer à mes questions.
Je remercie Mme Zarrillo d'avoir présenté cette motion, mais j'aimerais également souligner que je crois que tous les partis de l'opposition étaient unis dans l'idée d'une étude sur la pénurie de main-d'œuvre.
[Français]
Cela inclut le Bloc québécois.
[Traduction]
Certes, Mme Zarrillo a ajouté la nuance de l'économie des soins, mais je pense que tout le monde souhaitait ardemment étudier la pénurie de main-d'œuvre.
Deuxièmement, en ce qui concerne votre commentaire sur le fait que l'année dernière, vous vous concentriez sur la recherche d'emplois, malheureusement, c'est en partie la raison pour laquelle nous nous trouvons actuellement en situation de pénurie de main-d'œuvre. Je crois, à l'instar de l'économiste de votre ministère, que l'augmentation du nombre d'emplois que nous avons observée (le gouvernement a parlé d'un million d'emplois) vient en fait de la reprise naturelle qui s'inscrit dans l'évolution de la pandémie, puisque les gens sont retournés au travail. Quoi qu'il en soit, c'est ce qui s'est produit, et c'est une bonne chose.
Cela nous ramène à la principale question du jour, à savoir la pénurie de main-d'œuvre. Bon nombre des éléments dont vous avez parlé dans votre déclaration préliminaire sont des éléments que vous avez mis en place dans le cadre du budget de 2022 et même avant. Pour vous en donner un exemple, il y a le nouveau programme des travailleurs étrangers temporaires pour l'agriculture et la transformation du poisson. Bien sûr, on ne peut pas le mentionner sans rappeler le rapport de la vérificatrice générale, qui déplorait que les conditions de travail des travailleurs étrangers temporaires dans l'agriculture et la transformation du poisson ne soient pas respectées. Malheureusement, nous n'avons pas vraiment eu l'occasion d'en discuter ici.
En outre, je pense que votre ajout relatif aux études d'impact sur le marché du travail augmente la validité des EIMT et est très judicieux. Vous avez également fait mention de la feuille de route des solutions en matière de main-d'œuvre du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Vous avez mentionné certaines solutions comme le fait de rendre permanente l'exemption à la limite saisonnière. J'ai déjà parlé de prolonger la validité des études d'impact sur le marché du travail et d'annuler la politique de refus de traitement en cas de taux de chômage égal ou supérieur à 6 %.
Je constate encore et encore — et il y a un témoin de la Chambre de commerce de l'Ontario qui l'a souligné aussi au cours de la dernière heure — que vous et votre ministère méritez assurément des félicitations pour ces initiatives de votre ministère... mais il ressort constamment que malgré l'augmentation des budgets et des programmes pour résoudre ces problèmes, on ne trouve pas de véritables solutions, et le problème dominant reste l'arriéré dans le traitement des demandes d'immigration.
Ma première question est la suivante: comment collaborez-vous avec le et l'encouragez-vous à s'attaquer à l'arriéré? J'ai l'impression que presque tous les programmes que vous avez mentionnés et qui sont mis en œuvre ou proposés pour résoudre la pénurie de main-d'œuvre se heurtent à l'arriéré dans le traitement des demandes d'immigration. Que faites-vous ensemble, s'il vous plaît, pour tenter de résoudre le problème? Vraiment, toutes vos propositions dépendent de notre aptitude à éliminer cet arriéré.
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Je vous remercie de la question.
[Traduction]
Nous avons une approche en trois volets, si je puis dire, pour soutenir les personnes handicapées dans l'emploi. Nous fournissons un financement ciblé, par la stratégie d'emploi qui a été annoncée récemment dans le budget. Il s'agit évidemment d'un pilier de notre plan d'action pour l'inclusion des personnes handicapées et de notre engagement de 272 millions de dollars, au moyen du Fonds d'intégration, à offrir des possibilités d'emploi ciblées et des mesures de soutien aux personnes handicapées.
Il faut également veiller à ce que les personnes handicapées aient accès à notre programme plus vaste de formation professionnelle et d'accessibilité à l'emploi, à ce que les personnes handicapées soient incluses dans ces programmes plus vastes. Le programme Compétences pour réussir en est un bon exemple, mais je pourrais en citer 10 autres. Nous veillons vraiment à ce que les personnes handicapées soient bien mentionnées dans ces programmes.
Ensuite, il y a des efforts plus généraux qui sont déployés pour éliminer les obstacles à la participation à la main-d'œuvre dans le monde, notamment grâce au Fonds pour l'accessibilité, qui vise à ce que les gens puissent entrer dans les bâtiments, pour pouvoir y travailler. Nous investissons dans des services de garde d'enfants inclusifs, afin que les enfants handicapés aient un endroit où aller et que les parents handicapés aient un endroit où aller, comme nous investissons dans le logement et le transport en commun.
Il s'agit en fait d'adopter une approche systémique des programmes, qui soit ciblée, globale et qui élimine les obstacles à la participation.
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Je dirais que c'est la même approche, là encore.
Bien sûr, vous m'avez tous entendu dire que les femmes ont été à la fois en première ligne et sur la touche pendant cette pandémie. Les femmes, dont l'emploi est généralement plus précaire, ont été les premières à perdre leur emploi. Elles étaient pourtant aussi en première ligne pour combattre la pandémie.
Encore une fois, nous avons des programmes ciblés, comme notre programme de préparation à l'emploi pour les femmes, qui aide les femmes et leur fournit un soutien spécialement axé sur leurs besoins, afin de réduire les obstacles à l'emploi et de leur permettre d'acquérir les compétences et de leur offrir les possibilités dont elles ont besoin. Nous offrons également des mesures de soutien générales. Si vous regardez notre programme de solutions sectorielles en matière de main-d'œuvre, par exemple, si une organisation reçoit de l'argent pour la formation, elle doit fournir un soutien global aux femmes. Cela peut inclure de l'hébergement, du transport et des services de garde d'enfants.
Enfin, il faut s'attaquer aux obstacles structurels, sociaux et plus systémiques, dont le plus important est la garde d'enfants. Grâce aux ententes sur la garde d'enfants conclues avec l'ensemble des provinces et des territoires, les femmes ont maintenant un véritable choix pour effectuer un retour au travail. Cela libère le potentiel économique de la moitié de notre population. Encore une fois, c'est l'approche en trois volets: ciblé, global et systémique.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame la ministre, pour tous les programmes que vous avez énumérés et qui répondent aux besoins des travailleurs.
Voyons maintenant les mesures de soutien du revenu des six millions de Canadiens qui, vous l'avez dit, ont un handicap. Ils n'ont pas vu dans le budget la prestation d'invalidité du Canada.
Vous le savez, nous sommes en pleine inflation. Elle touche l'alimentation et les biens. Les fonds de placement dans l'immobilier obligent beaucoup de locataires à partir, en raison de la financiarisation du logement. Beaucoup de coopératives disparaissent, ce qui cause une forte surindexation pour les personnes handicapées qui y vivent. Actuellement, pour les personnes handicapées, il se pose, relativement aux mesures de soutien du revenu, un certain nombre de questions vraiment urgentes.
On a déposé un certain nombre de projets de loi sur des mesures financières, mais rien sur la prestation d'invalidité du Canada. Il y aura bientôt un an que le projet de loi a été déposé, et l'ensemble des personnes handicapées ne peut plus attendre. Elles ont besoin de connaître la date à laquelle ça se fera. Le Sénat et la Chambre sont prêts.
Les personnes handicapées voudraient savoir quand ce projet de loi sera déposé.
Voici deux ou trois observations. D'abord, par le passé, dans leur stratégie de l'emploi, les gouvernements se sont focalisés sur l'appui aux travailleurs et aux organisations qui appuient les personnes handicapées à la recherche d'un emploi. Nous savons que, en fait, nous devons appuyer les employeurs et les sensibiliser davantage à l'obligation d'adapter les lieux et à la rentabilité d'embaucher des personnes handicapées. Nous devons investir davantage dans des entreprises dirigées par des personnes handicapées.
Notre stratégie de l'emploi, que nous mettons de l'avant, ratisse beaucoup plus large pour, non seulement assurer l'embauche et des occasions de poser sa candidature à des emplois, mais, également, mettre en place des conditions de travail plus souples, plus respectueuses de la dignité. Une partie de ce travail est vraiment excitante.
Les 20 millions de dollars prévus dans le budget pour le programme Prêts, disponibles et capables, sont vraiment un bon exemple d'un programme qui, après comparaison de ce qu'une personne peut faire et de ce que l'employeur a besoin de faire, aboutit à un résultat fonctionnel. Il peut falloir un peu d'éléments de trois descriptions de tâches pour dessiner un rôle vraiment robuste, significatif et utile pour une personne handicapée qui soit à la hauteur des atouts qu'elle possède. L'employeur en tire exactement ce dont il a besoin.
Oui, c'est absolument une priorité pour moi, bien sûr.
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Merci pour la question.
Je réfléchis beaucoup à l'utilité, pour nous, du vécu et des connaissances de tous les Néo-Canadiens et, bien sûr, à l'utilité pour eux, de leur point de vue, de vraiment employer leurs talents, après tous les efforts pénibles qu'ils ont faits dans d'autres pays.
Le programme de reconnaissance des titres de compétence étrangers appuie leur intégration dans le marché du travail. Nous finançons les organismes de réglementation des provinces et des territoires. Nous finançons des organisations pour aider à améliorer cette reconnaissance. Nous octroyons des prêts et des services de soutien pour aider ces nouveaux talents à s'y retrouver dans ces dédales complexes de l'administration et nous appuyons également l'emploi.
Récemment, j'ai visité un organisme qui m'a révélé l'importance de la première expérience de travail. C'est vraiment l'obtention d'un premier emploi au Canada dans un domaine de compétence qu'on possède qui change vraiment tout.
Récemment, nous avons annoncé le financement, à hauteur de 26,5 millions de dollars, de 11 projets, partout dans le pays, qui appuient de cette manière l'emploi et les talents ainsi que le travail vraiment important de collaboration avec les provinces et territoires, sur le plan réglementaire, pour rationaliser et simplifier le processus de reconnaissance. Nous possédons une foule de points pour faciliter le processus, donner l'occasion d'un premier emploi ou celle de valoriser ses titres de compétence.
Ensuite, pour accorder aux nouveaux arrivants des prêts, parfois petits mais dignes de ce nom, il importe vraiment de parvenir au bout du processus et de faire reconnaître leurs titres de compétence ou de les faire valoriser. C'est connu, beaucoup d'emplois en pénurie dans l'économie des soins peuvent être comblés par de nouveaux arrivants. C'est donc vraiment un élément important de solution de ce problème épineux.
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Je vais commencer par la question sur les données.
À l'heure actuelle, le meilleur outil à notre disposition est l'Enquête sur la population active de Statistique Canada. Dans le passé, elle a permis de recueillir des données de bonne qualité, mais pas des données désagrégées. Son utilité était donc limitée, ou l'on n'en tirait certainement pas pleinement profit. Au cours de la dernière année — je suis désolée, monsieur Coteau, mais je ne me rappelle pas exactement quand —, nous avons commencé à utiliser l'Enquête sur la population active pour recueillir des données fondées sur la race.
Nous avons aussi commencé récemment à recueillir des données désagrégées sur les personnes handicapées. Ces données nous aident à bâtir nos programmes et nos politiques; elles nous montrent où se trouvent les îlots de talents inexploités, qui sont ces personnes et dans quelles régions du pays elles habitent. Grâce à elles, nous pouvons créer des programmes ciblés, comme les programmes axés sur les femmes et sur les personnes handicapées dont j'ai déjà parlé. Elles nous permettent aussi de faire en sorte que nos programmes généraux soient adaptés aux réalités du marché du travail et aux obstacles que les gens ont à surmonter à l'échelle locale ou régionale.
Cependant, au‑delà des taux de chômage et des possibilités offertes, ce que les données ne montrent pas, c'est que si l'on ne met pas fin à la discrimination systémique, les gens n'obtiendront pas les emplois. Nous devons renforcer la lutte contre la discrimination systémique qui empêche les groupes en question d'entrer sur le marché du travail. C'est ce que tous les gouvernements doivent faire et c'est ce que nous nous efforçons de faire.