Bienvenue à la 136e réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord de la Chambre des communes.
Comme d'habitude, je souligne tout d'abord que nous nous réunissons sur le territoire ancestral et non cédé des Algonquins anishinabeg, et j'exprime ma gratitude pour la possibilité qui nous est offerte de réaliser l'important travail du Comité sur les terres que ce peuple gère depuis des temps immémoriaux.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, à la motion adoptée par le Comité le mardi 1er février 2022 ainsi qu'à l'ordre de renvoi du mardi 19 novembre 2024, le Comité reprend son étude sur les obstacles au développement économique dans les communautés autochtones.
Je souhaite la bienvenue au premier groupe de témoins, formé de l'honorable Jean-Yves Duclos, ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, ainsi que de l'honorable Patty Hajdu, ministre des Services aux Autochtones.
Ils sont accompagnés de fonctionnaires du ministère des Services aux Autochtones, soit Mme Gina Wilson, sous-ministre; M. Keith Conn, sous-ministre adjoint, Terres et développement économique, ainsi que Mme Jessica Sultan, directrice générale, Élaboration des politiques économiques.
Nous recevons également Mme Arianne Reza et Mme Catherine Poulin, respectivement sous-ministre et sous-ministre adjointe, Direction générale de la surveillance ministérielle du ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux.
Monsieur et madame les ministres, soyez les bienvenus. Nous vous offrons 10 minutes chacun pour nous présenter vos déclarations liminaires, qui seront suivies de périodes de questions.
La parole ira d'abord au ministre Duclos.
:
Je croyais que vous alliez donner la parole à la meilleure en premier et que j'allais intervenir ensuite, mais c'est votre choix, monsieur le président. C'est vous qui décidez.
[Français]
J'aimerais tout d'abord vous remercier de nous avoir invités, la ministre Hajdu et moi, à discuter de l'importante question de l'approvisionnement autochtone.
J'aimerais commencer par reconnaître que le territoire sur lequel nous nous réunissons est le territoire traditionnel non cédé du peuple anishinabe algonquin.
Je suis accompagné par deux très hautes fonctionnaires de Services publics et Approvisionnement Canada, ou SPAC: la sous-ministre, Arianne Reza, ainsi que la sous-ministre adjointe à la Direction générale de la surveillance ministérielle, Catherine Poulin.
Le gouvernement canadien reconnaît évidemment les répercussions négatives, toujours ressenties, de la colonisation sur l'autodétermination et sur l'affirmation, entre autres économique, des peuples autochtones.
Mon ministère, SPAC, participe à l'effort de réconciliation avec les peuples autochtones et aide à ce que les compagnies et les entrepreneurs autochtones participent pleinement au processus d'approvisionnement du gouvernement canadien.
Depuis de nombreuses années, le programme de la Stratégie d'approvisionnement pour les entreprises autochtones est un outil important utilisé par le gouvernement à cet égard en vue de la réconciliation et de l'affirmation économique.
Voici quelques exemples de résultats tangibles.
Premièrement, notons le travail accompli par SPAC avec les peuples autochtones pour intégrer les thèmes, les arts et les matériaux autochtones dans les projets de la Cité parlementaire, comme l'édifice du Centre, le nouveau centre d'accueil du Parlement et le réaménagement de l'îlot 2 de la Cité parlementaire.
[Traduction]
Je pense aussi au Programme de formation du personnel navigant de l’avenir, une initiative financée à hauteur de 1,7 milliard de dollars pour moderniser la formation des pilotes et du personnel navigant de l’Aviation royale canadienne. Nous nous sommes clairement engagés à consacrer au moins 5 % de la valeur du contrat de cette initiative à la création d’emplois professionnels et qualifiés, autant des postes d’apprenti que de direction, pour les travailleurs autochtones.
Le nouveau Régime canadien de soins dentaires, qui a donné lieu à un partenariat de trois ans entre la Sun Life et la Tribal Wi-Chi-Way-Win Capital Corporation, créera plus de 175 emplois à Winnipeg. Pour y parvenir, le gouvernement se fie au Répertoire des entreprises autochtones pour exécuter la Stratégie, et je sais que Services aux Autochtones Canada travaille très efficacement et de façon soutenue avec ses partenaires, et explore de nouvelles façons d’améliorer les processus d'inscription et de vérification.
Dans la dernière année, le gouvernement a agi avec fermeté pour protéger l’intégrité de cet important système fédéral d’approvisionnement des actions d’acteurs malhonnêtes. Le traitement des cas de fraude doit être exempt de toute ingérence politique. C’est pourquoi SPAC a créé le Bureau de l’intégrité et de la conformité des fournisseurs, ou BICF, qui lui donne davantage de moyens pour répondre aux cas d’inconduite des fournisseurs.
Les activités du BICF sont à l’abri de l’ingérence politique, et l’organisme a déjà statué sur des cas où il y avait des preuves ou des préoccupations d’actes répréhensibles.
Nous avons aussi adopté la nouvelle Politique d’inadmissibilité et de suspension, qui permet au BICF de prendre diverses mesures contre une gamme beaucoup plus grande d’actes répréhensibles. Par exemple, les fournisseurs qui portent atteinte à l’intégrité du processus d’approvisionnement peuvent être suspendus et radiés, même sans accusation ou condamnation pénale.
Monsieur le président, le BSIC évalue les préoccupations de deux façons: soit un ministère ou un organisme exprime des préoccupations au sujet d’actes répréhensibles, soit le BSIC lui-même lance une évaluation d’après des informations reçues d’une source fiable.
Dans les deux cas, monsieur le président, il est essentiel que SPAC soit mis au courant des actes répréhensibles dès que possible pour qu’il puisse agir et rectifier la situation. Et je peux vous dire que les fonctionnaires de mon ministère travaillent activement avec d’autres organisations fédérales pour veiller à ce que les cas d’inconduite des fournisseurs soient rapidement soumis au BSIC.
Je termine en affirmant, monsieur le président, que SPAC va continuer à utiliser le pouvoir d’achat du gouvernement pour promouvoir la réconciliation économique. Le Canada, s’il veut rester prospère, ne peut pas se permettre d’exclure toutes les idées, compétences et expériences que les peuples et entreprises autochtones ont à offrir. Pour réaliser ce potentiel, nous devons préserver l’intégrité du système d’approvisionnement fédéral canadien et maintenir un bon rapport qualité-prix.
Je vous remercie, et je serai heureux de répondre aux questions du Comité.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Mon collègue a terminé à point nommé puisque je suis ici aujourd'hui pour souligner l'importance d'offrir aux Autochtones des débouchés économiques prometteurs par l'entremise de programmes comme la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, la SAEA.
Pendant des décennies, on a délibérément empêché les peuples autochtones de tirer profit de possibilités de développement de leur économie locale et de contribuer de façon plus générale à l'économie nationale. De manière délibérée ou par suite de politiques d'exclusion, les gouvernements précédents ont adopté des politiques à courte vue qui ont entravé l'essor des entreprises et des économies autochtones. Or, cette vision à courte vue a nui aux peuples et aux communautés autochtones autant qu'à l'économie canadienne. Quand on soutient des entrepreneurs autochtones qui créent des emplois et quand on facilite l'accès au capital pour les grands projets, c'est bon pour tout le monde, pour les communautés et pour l'ensemble de l'économie canadienne.
Quand on investit dans les communautés autochtones et qu'on favorise l'essor des entreprises et des entrepreneurs autochtones, tous les Canadiens sont gagnants. Selon la Stratégie économique nationale pour les Autochtones du Canada, publiée en 2022, la marginalisation économique continue des peuples autochtones coûte à notre économie 27,7 milliards de dollars chaque année. Le Conseil national de développement économique des Autochtones a conclu que si l'écart actuel en matière d'emplois était comblé, plus de 150 000 Autochtones pourraient sortir de la pauvreté. L'inaction coûte cher.
Les Autochtones représentent une ressource inexploitée dans le marché canadien. Depuis 2015, nous avons axé nos efforts sur le renforcement de l'autodétermination et des capacités afin que les Autochtones disposent des outils et des ressources nécessaires pour participer pleinement à l'économie, selon leurs propres règles. L'aide fédérale a des mesures comme le Programme d'entrepreneuriat autochtone, géré par l'Association nationale des sociétés autochtones de financement et les sociétés métisses de financement, permet d'élargir les possibilités pour les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis qui souhaitent établir ou développer une entreprise.
Diverses institutions financières autochtones ont été créées à la fin des années 1980. Depuis 35 ans, quelque 52 000 prêts totalisant 3,2 milliards de dollars ont été consentis à des entreprises par l'intermédiaire du programme. Le taux de remboursement de ces prêts dépasse 95 %. Chaque million de dollars prêté par les institutions financières autochtones contribue à raison de 3,6 millions de dollars au produit intérieur brut total du Canada. Les gouvernements successifs ont reconnu que l'accès au capital est essentiel pour favoriser la réconciliation, et on peut voir le fruit de ces investissements dans les communautés partout au pays.
Par exemple, l'Ulnooweg Development Group Inc., l'institution financière autochtone de l'Atlantique, a joué un rôle déterminant dans le soutien des entrepreneurs autochtones. À ce jour, le groupe a financé plus de 1 900 projets d'une valeur totale de 71 millions de dollars. Les entrepreneurs des secteurs de la pêche, de l'aquaculture et des services maritimes qui ont bénéficié de ce financement ont contribué à la création d'une forte industrie dirigée par des Premières Nations et à l'essor de l'économie locale.
L'investissement dans les communautés autochtones et le soutien au développement des entreprises autochtones profitent à toutes les régions du pays. C'est pourquoi le budget de 2024 comportait une annonce d'un octroi de 319,8 millions de dollars sur 5 ans visant à fournir du capital supplémentaire dont les institutions financières autochtones et les sociétés métisses de financement ont grandement besoin compte tenu des besoins croissants des entrepreneurs.
Il est important d'investir dans les entreprises autochtones, mais il faut également que les bases soient solides. Assurer le développement des communautés en construisant et en rénovant des écoles, des centres de soins de santé, des usines de traitement des eaux, des routes toutes saisons et des habitations, c'est investir dans la productivité et l'économie globales du Canada. Selon un rapport récent de l'Assemblée des Premières Nations, l'APN, chaque dollar investi dans les infrastructures génère 1,82 $ en retombées économiques pour les communautés des Premières Nations. Depuis 2015, nos investissements dans l'éducation, la santé, les infrastructures et le logement ont augmenté de 1 100 %.
Nous travaillons avec nos partenaires pour favoriser la mise en place de solutions pilotées par les communautés, et nous faisons des progrès. Dans le cadre de la lutte contre la pénurie de logements, nous avons soutenu 5 300 projets dans 611 communautés des Premières Nations depuis avril 2015. De nouvelles écoles sont en construction pour que les élèves de la maternelle à la douzième année aient accès à une éducation de qualité sans avoir à quitter la maison. C'est le cas notamment dans les communautés de la Nation des Cris de Tataskweyak, dans le Nord du Manitoba, de la Première Nation d'Eabametoong, dans le Nord de l'Ontario, et de la Nation Piikani, en Alberta.
La force des communautés est garante de la force de leurs membres, parmi lesquels se trouvent les leaders qui façonneront les prochaines décennies.
L'approvisionnement constitue aussi une pierre angulaire du développement de l'économie autochtone. Dans la Stratégie économique nationale pour les Autochtones, mise au point par plus d'une vingtaine d'organismes autochtones, l'approvisionnement est reconnu comme un élément essentiel de l'accès au capital financier et de la capacité des peuples autochtones à assurer leur prospérité économique et sociale selon leurs propres règles.
La Stratégie recommande en outre d'obliger tous les échelons du gouvernement et de l'industrie à fixer des objectifs en matière d’approvisionnement auprès des entreprises autochtones. En 2021, le gouvernement fédéral a établi un objectif de 5 % pour l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones dans tous les ministères. Selon la directrice générale du Conseil canadien pour les entreprises autochtones, Mme Tabatha Bull — dont certains d'entre vous ont entendu parler —, nous nous trouvons à un moment charnière pour l'exploitation du potentiel de l'économie autochtone.
Depuis, la valeur des contrats octroyés à des entreprises autochtones a augmenté d'environ 1,6 milliard de dollars et les entreprises qui comptent pour la première fois le gouvernement du Canada dans leur clientèle ont profité d'avantages économiques tangibles. La participation au processus d'approvisionnement du gouvernement permet aux entreprises autochtones d'acquérir de l'expérience, de mieux connaître le système et d'élargir leurs débouchés et, en ce sens, elle peut avoir une incidence très importante sur leur chiffre d'affaires.
Maintenant que nous avons réussi à inclure des entreprises autochtones parmi les fournisseurs du gouvernement fédéral, nous collaborons avec des partenaires afin de revoir la stratégie d'approvisionnement. Il ne fait aucun doute qu'une refonte du programme s'impose et que les partenaires doivent en prendre les commandes. Ce transfert des responsabilités est conforme au principe de l'autodétermination et aux demandes des leaders autochtones.
Pour favoriser leur autodétermination et la réconciliation économique, les peuples autochtones doivent impérativement participer à la prise et à l'élaboration des décisions qui les touchent de près. C'est dans cette perspective que j'ai organisé deux tables rondes sur la réconciliation économique — d'autres sont prévues en 2025 — auxquelles ont participé des représentants du secteur privé et d'autres ministères, ainsi que des dirigeants autochtones. L'objectif de ces rencontres est de trouver et d'élaborer des solutions aux obstacles que peuvent poser le gouvernement ou les entreprises aux activités économiques autochtones. Les informations recueillies éclairent le travail réalisé avec les partenaires pour renouveler la politique économique fédérale visant à favoriser le développement économique des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
L'intérêt démontré par les membres du Comité me prouve que le gouvernement fédéral a une belle occasion de favoriser l'essor économique des Autochtones et qu'il a un rôle à jouer à cet égard, notamment en maintenant l'objectif d'approvisionnement minimum de 5 % auprès des entreprises autochtones. Tout programme qui vise à accroître l'activité économique dans l'ensemble du Canada relève du bon sens.
Comme je l'ai déjà dit, la marginalisation continue des Autochtones coûte 27,7 milliards par année à l'économie canadienne, et il serait totalement insensé de ne pas saisir les possibilités de développement de cette économie. Il faut travailler main dans la main pour abolir les obstacles au développement économique et soutenir les entreprises autochtones si nous voulons contribuer au bien-être et à la prospérité à long terme des communautés partout au Canada.
Je suis impatiente de répondre à vos questions et de poursuivre la discussion sur l'importance de la réconciliation économique.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur , je suis heureux de vous voir ici. Nous n'avons pas eu la chance de vous entendre très souvent devant ce comité, mais je vais néanmoins adresser mes questions à la ministre . Désolé.
Madame la ministre, nous avons eu de nombreuses discussions ici et en dehors du Comité, dans ma ville natale de Winnipeg notamment. Nous avons discuté des nombreux progrès réalisés de concert avec les communautés autochtones du Manitoba et du reste du Canada eu égard à leurs ambitions et à leurs objectifs cruciaux de développement et de réconciliation économiques.
Je pense entre autres à des projets comme le centre de santé du centre-ville, qui va être construit à Portage Place. Cette construction aurait été impossible si le fédéral n'avait pas investi des millions de dollars du fédéral au profit des Premières Nations dans ma ville natale de Winnipeg. Je pense aussi à l'édifice de la Baie d'Hudson, qui sera transformé en un très important immeuble à logements, et à d'autres infrastructures dont les Premières Nations du Manitoba ont besoin.
Je pense au programme national d'alimentation en milieu scolaire qui, à mes yeux d'ancien enseignant, revêt une importance capitale. J'ai visité beaucoup d'écoles. Même si mes collègues de l'opposition persistent à parler de « bureaucratie » et à alléguer qu'il n'y a pas eu de nourriture servie, je peux vous affirmer que c'est faux. De la nourriture est distribuée en ce moment même dans les écoles du Manitoba. J'y suis allé. J'ai vu des enfants manger cette nourriture. C'est un élément important pour les enfants des Premières Nations du Manitoba.
Je pense à la route Freedom qui, dès les premiers jours de notre gouvernement, a représenté un pas très important dans le processus de réconciliation. J'espère que mon collègue M. Melillo s'est réjoui de cette initiative puisqu'elle profite à la communauté des deux côtés de la frontière entre l'Ontario et le Manitoba. Cette route a énormément contribué au développement économique et à la réparation d'horribles torts historiques.
Je pense aux annonces concernant la construction d'écoles que vous avez faites il y a quelques jours à Winnipeg aux côtés de plusieurs communautés des Premières Nations. Une meilleure éducation de nos enfants leur garantira de meilleures perspectives en matière de développement économique.
Sur ce, madame la ministre, puis‑je vous demander de nous donner une vision plus globale des répercussions que les décisions du gouvernement du Canada — qu'elles concernent Winnipeg, le Manitoba ou l'ensemble du pays — ont eues sur le bien-être économique des Premières Nations et l'avancement de la réconciliation économique au cours des neuf dernières années?
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Les dirigeants d'entreprises autochtones doivent avoir un accès réel et direct aux possibilités découlant des processus d'approvisionnement du gouvernement fédéral, en tant que partenaires égaux, et non comme spectateurs marginalisés. Évidemment, on parle ici de véritables entreprises autochtones.
La priorité doit être de renforcer leurs capacités, de simplifier les processus d'attribution de contrats et de s'assurer d'un cadre de gouvernance économique qui les place au centre des décisions, et non en périphérie. Si nous voulons que la réconciliation économique soit plus qu'une simple expression, il faut agir dès maintenant.
Actuellement, le Conseil canadien pour l'entreprise autochtone, ou CCEA, nous donne l'impression d'outrepasser son mandat initial en agissant comme un compétiteur direct aux cinq institutions autochtones mandatées par l'Assemblée des Premières Nations, soit l'APN. Je parle bien sûr de l'Association nationale des sociétés autonomes de financement, ou ANSAF, de l'Administration financière des Premières Nations, ou AFPN, du Conseil de gestion financière des Premières Nations, ou CGF, du Counsil for the Advancement of Native Development Officers, ou CANDO, et de ce centre d'excellence et d'innovation en matière de gestion, de finance et de gouvernance autochtones qu'est AFOA Canada.
Ce qui est le plus inquiétant, c'est que le Conseil canadien pour l'entreprise autochtone tente de s'approprier l'administration du Répertoire des entreprises autochtones, rôle qui devrait revenir très légitimement à des organismes dirigés par et pour les Premières Nations, les Métis et les Inuits.
Ce comportement ne fait que fragiliser davantage les institutions autochtones et détourne les ressources qui devraient leur revenir. C'est d'ailleurs ce qui fait l'objet de la présente étude.
Madame la ministre, quand allez-vous intervenir pour faire respecter la motion adoptée par l'Assemblée des Premières Nations et garantir la pleine autonomie économique des institutions autochtones légitimes dirigées par et pour des détenteurs de droits?
:
Permettez-moi tout d'abord de vous confirmer que je vais collaborer avec vous et le Bureau de la traduction pour déterminer comment nous pouvons satisfaire en tout temps aux besoins que vous avez légitimement exprimés plus tôt. Nous reconnaissons qu'il est préférable que les gens puissent s'exprimer dans la langue de leur choix si nous voulons nous assurer que ceux que nous avons le privilège et la responsabilité de représenter aient une véritable voix.
Par ailleurs, je travaille en étroite collaboration avec la ministre Hajdu à bien des égards. Pour ce qui concerne le Répertoire des entreprises autochtones, nous aidons le ministère à élaborer des lignes directrices sur le soutien à la stratégie globale d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones. Il y a effectivement un lien étroit entre le Répertoire et la stratégie, bien évidemment.
Nous collaborons également avec le ministère pour coordonner les efforts de liaison externe et de sensibilisation des entreprises autochtones afin de favoriser leur participation pleine et entière au processus d'approvisionnement du gouvernement fédéral. Notamment, nous coordonnons les offres à commandes et les arrangements en matière d'approvisionnement susceptibles de stimuler la croissance des entreprises autochtones.
Nous collaborons également avec Services aux Autochtones Canada pour la rédaction et la mise à jour des clauses contractuelles selon ses directives.
Enfin, nous travaillons ensemble pour cerner, réduire et parfois éliminer les obstacles liés aux activités d'approvisionnement fédéral qui nuisent aux entreprises et aux travailleurs autochtones.
Je termine en répétant ce que la ministre Hajdu a dit — et que vous reconnaissez vous-même chaque fois que vous en avez l'occasion — au sujet de la réconciliation et de la nécessité d'admettre que ces obstacles et ces écarts résultent de trop longues années de colonialisme. Il y a des coûts sociaux et économiques, comme nous le savons, mais il y a aussi des coûts globaux pour le Canada. Il faut toujours en être conscients et essayer de les réduire dans la mesure du possible.
:
Merci beaucoup, chère collègue.
Avant de répondre à votre excellente question, je vais peut-être rappeler le cadre plus général.
On compte au Canada à peu près 60 000 entreprises autochtones, mais seulement 2 900 environ sont inscrites présentement au Répertoire des entreprises autochtones. Un effort considérable est donc fait pour inciter davantage d'entreprises autochtones à s'inscrire au Répertoire pour qu'elles puissent plus facilement et plus rapidement contribuer à répondre aux besoins du gouvernement canadien.
Comme l'a dit la ministre Hajdu un peu plus tôt, si on y travaille davantage, on aidera à créer de meilleurs emplois pour les Autochtones partout au Canada ainsi que de meilleures entreprises, en plus de réduire les coûts de la pauvreté. La ministre Hajdu ne l'a peut-être pas mentionné, mais, si on en arrivait à la pleine participation des entreprises autochtones au Canada, environ 150 000 Autochtones vivant présentement dans la pauvreté pourraient en sortir. De plus, il y aurait des avantages majeurs pour les familles et pour les communautés.
La ministre Hajdu a aussi dit qu'en travaillant davantage à l'atteinte de cette cible de 5 %, voire à son dépassement — en effet, c'est un minimum, et non un maximum —, on créera aussi des dizaines et des dizaines de milliards de dollars de revenus au Canada. On aura donc des rentrées fiscales plus importantes pour financer davantage les services en éducation, en santé et en infrastructure pour les peuples autochtones.
Maintenant, pour y arriver, il faut aussi que ce programme soit générateur de confiance. Cela prend de l'intégrité. Votre question est donc très pertinente: qu'est-ce que mon ministère peut faire pour aider à garantir l'intégrité de ce programme et la confiance des Canadiens en celui-ci?
Grâce au leadership des fonctionnaires de mon ministère, nous avons eu la chance de créer, il y a quelques mois à peine, en mai 2024, une nouvelle entité, soit le Bureau de l'intégrité et de la conformité des fournisseurs, ou BICF. Ce dernier appuie la ministre Hajdu et son équipe dans des contextes où l'on peut vouloir agir rapidement pour suspendre ou radier certaines entreprises en matière de contrats, qu'ils soient prospectifs ou existants. Par exemple, on peut agir plus rapidement maintenant pour la suspension ou la radiation d'entreprises quand il y a eu des infractions au Code criminel ou à la Loi sur la gestion des finances publiques, quand il y a eu une radiation par une autorité compétente autre que celle du gouvernement canadien ou même par une organisation internationale, quand il y a eu des infractions au Code de conduite pour l'approvisionnement, ou quand il y a des infractions reliées au travail forcé, à l'environnement ou au Code canadien du travail. Finalement, même s'il n'y a pas eu d'accusation criminelle ou de condamnation, lorsque le BICF évalue qu'il pourrait y avoir des risques à ce qu'une entreprise réponde aux besoins du gouvernement canadien, on peut aussi procéder à la suspension temporaire ou définitive ou à la radiation de cette entreprise.
:
Je vous remercie de la question.
Je vous communiquerai ces données par écrit, car je ne les ai pas pour tous les ministères, mais je peux vous dire, par exemple, qu'à Services aux Autochtones Canada, où nous avons un peu d'avance en ce qui concerne les relations avec les Autochtones, nous sommes à 18 %.
Ces chiffres sont importants. Ils génèrent de la richesse pour les communautés. C'est l'élément que l'on perd parfois de vue dans cette conversation. Il ne s'agit pas seulement d'un bon résultat, mais d'aider les communautés à acquérir une autodétermination économique.
Qu'est‑ce que cela veut dire? Cela veut dire que si le gouvernement du Canada finance une caserne de pompiers, par exemple, et que la communauté souhaite ajouter deux travées et deux camions, elle n'est pas obligée de travailler directement avec le ministère pour le faire. Elle a la liberté économique de le faire. Est‑ce que ce n'est pas notre objectif, la liberté économique?
Ces cibles en matière d'approvisionnement jouent un rôle très important en aidant le gouvernement du Canada à se tourner vers de nouveaux partenaires commerciaux pour l'exécution de certains de ses contrats. Elles ouvrent aussi des portes à de nouvelles entreprises qui n'auraient peut-être jamais pensé pouvoir décrocher un client comme le gouvernement du Canada.
Je peux vous dire que depuis neuf ans que je suis ici, qu'il s'agisse de subventions, de marchés publics ou d'autres types de relations avec le gouvernement du Canada qui génèrent des revenus pour une organisation ou une entreprise, ce sont souvent les relations qui sont déterminantes. Il y a évidemment des critères à respecter. Il y a des concours et des processus de passation de marchés, mais je pense qu'un partenaire de confiance est quelque chose de précieux. Quand les entreprises ont un pied dans la porte, elles peuvent commencer à établir leur fiabilité en tant qu'entreprises solides auprès desquelles s'approvisionner. Je ne veux pas perdre cela.
Il est très important à mes yeux que vous ayez posé cette question. Je vous remercie.
:
Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui.
Il est très encourageant d'avoir cette discussion. J'ai cependant du mal à suivre certaines questions. Je ne sais pas ce que les brise-glaces ont à voir avec les Autochtones. Nous n'avons pas vraiment de rôle dans ce projet. Nous ne recevons d'aucune façon ces fonds. Nous n'avons rien à voir avec les sacs de couchage des militaires.
Je fais partie des Rangers. Nous apportons nos propres sacs de couchage. Personne n'en achète pour nous, nous devrions donc peut-être en parler à un autre moment.
Je vis dans une communauté autochtone. J'ai observé cela toute ma vie. L'approvisionnement est pitoyable. C'est honteux en ce qui concerne les entreprises et les organismes autochtones. Dans le Nord, nous voyons construire les bâtiments de la GRC et d'autres projets d'infrastructure fédéraux. Personne dans la communauté ne participe aux travaux. En général, il faut être syndiqué ou nous n'arrivons pas à obtenir qu'une partie nous soit réservée parce que le processus est trop compliqué. Il prend trop de temps et nous laissons passer l'occasion.
À mesure que nous avançons, maintenant que nous avançons avec ce gouvernement, nous commençons à voir des changements. Si nous voulons progresser vers la réconciliation économique, nous devons faire en sorte que la boîte à outils soit pleine. Autrement dit, il ne faut plus fonctionner comme avant. Je sais que pendant des années, nous avons demandé au gouvernement conservateur fédéral d'apporter des changements. Il ne l'a pas fait. Nous le faisons maintenant, mais ce n'est pas suffisant.
Le financement doit aller directement aux gouvernements autochtones pour leurs propres projets d'infrastructure. Il faut que cela commence. Nous devons commencer à envisager une participation au capital. Dans certains de ces grands projets, les peuples autochtones doivent être copropriétaires. Ils doivent détenir des parts dans certains de ces grands projets qui s'annoncent.
Il y a la question du partage des recettes de l'exploitation des ressources. Les Territoires du Nord-Ouest font partie des rares endroits qui partagent les redevances sur les ressources avec les gouvernements autochtones, mais le gouvernement fédéral prélève toujours 50 % des redevances sur nos terres. Je dis cela parce que les gouvernements autochtones sont encore loin d'avoir réglé la question du régime foncier et des terres contestées. Des redevances sur les ressources sont générées. Elles vont principalement au gouvernement fédéral, ce qui doit changer.
La mobilité est un autre sujet dont nous devons parler si nous voulons parler de réconciliation économique. Il a été rapporté, il y a longtemps, au Comité que nous avons quelques centaines de milliers de chômeurs. Il y a des Autochtones dans des communautés de l'Ouest et du Nord qui n'arrivent pas à trouver d'emploi, même s'il y en a juste en face de chez eux, à cause de problèmes de mobilité.
Nous avons réussi à obtenir que 5 % de la valeur des contrats fédéraux soit réservée aux entreprises autochtones, mais ce n'est pas assez. C'est un bon commencement, mais il reste encore beaucoup à faire.
Ma question est pour la ministre Hajdu. Je suis tout à fait convaincu que ce sont les Autochtones qui doivent gérer ce répertoire. Il doit être géré par les Autochtones. Les ressources devraient probablement venir du gouvernement, mais il doit être géré par les Autochtones avec le soutien voulu.
Je sais qu'un engagement a déjà été pris. Mme Idlout a posé cette question, mais j'aimerais que vous parliez plus en détail de l'engagement à transférer aux Autochtones la gestion et le contrôle du répertoire des entreprises autochtones du gouvernement du Canada. Comment vous assurez-vous que les Premières Nations, les Inuits et les Métis participent à cette discussion?
Ce dont vous avez parlé est très important, selon moi, monsieur McLeod, parce que vous avez rappelé toutes les difficultés auxquelles se sont heurtées et se heurtent les entreprises autochtones au cours d'une histoire de colonialisme.
Je tiens à saluer votre commentaire sur la cible de 5 %, qui est le plancher. Nous espérons voir encore plus d'entreprises autochtones prospérer, en ayant non seulement le Canada pour client, mais aussi, j'ose espérer, d'autres ordres de gouvernement.
Les chiffres que j'ai mentionnés dans mes propres observations montrent que ce programme est non seulement bon pour les communautés et les entreprises autochtones, pour les possibilités d'emploi et pour l'autodétermination dans toutes sortes de domaines, mais aussi très bon pour l'économie canadienne. Nous nous tirons une balle dans le pied si nous n'agissons pas plus rapidement pour faire en sorte que les entreprises et les populations inuites, métisses et des Premières Nations aient des possibilités de réussir.
Vous avez posé une question très précise sur les prochaines étapes. Depuis deux ans, nous rencontrons un comité consultatif composé de différents spécialistes des marchés publics, d'experts du monde des affaires, de toutes catégories, afin d'essayer d'arriver à cette réponse. À quoi ressemblerait un organisme indépendant chargé de la liste d'approvisionnement? À qui devrait revenir cette responsabilité? Très franchement, nous ne sommes pas vraiment parvenus à un consensus entre les différents groupes et organisations catégoriels avec lesquels nous travaillons.
Je pense que la prochaine étape consistera à réunir de nouveau les gens pour savoir s'ils souhaitent définir collectivement une méthode qui permette de retirer plus rapidement cette responsabilité au ministère pour la confier à un organisme indépendant. Il s'agirait de quelque chose qui non seulement pourrait être mis en place rapidement, mais qui offrirait aussi aux Autochtones l'espace voulu pour faire ce qui sera, à mon sens, une tâche difficile et laborieuse, c'est‑à‑dire définir l'identité autochtone.
L'identité, comme vous le savez, étant vous-même Autochtone, n'est pas aussi tranchée que certains opposants voudraient le faire croire. Il existe différentes façons de définir l'autochtonité. Les Autochtones eux-mêmes en ont différentes définitions. Le processus colonial du gouvernement du Canada qui pèse très lourd dans la détermination de qui a le statut d'Autochtone ou pas — par exemple, avec les Premières Nations — complique énormément cette conversation.
J'ai hâte de voir ce travail se faire bientôt. J'espère que nous aurons quelque chose à dire à ce sujet dans les mois qui viennent. Nous avançons très rapidement avec nos partenaires sur les prochaines étapes.
:
Oui, j'ai rencontré de nombreuses collectivités des Premières Nations pendant l'assemblée extraordinaire de l'Assemblée des Premières Nations, et l'eau a été évoquée dans de nombreuses conversations.
En fait, dans la circonscription de M. Melillo, il y a 42 Premières Nations. Pour autant que je sache, M. Melillo n'a pas visité un grand nombre de ces Premières Nations, et les gens sont déçus lorsque leurs députés ne visitent pas les collectivités de leur propre circonscription et ne défendent pas les priorités des Premières Nations.
Je dirais simplement qu'il y a là une occasion de faire amende honorable. Je comprends. Nous sommes tous très occupés. Certaines de ces circonscriptions sont vastes. Je suis sur le point de m'en rendre compte moi-même avec la révision des limites électorales. Je pense que je serai logée à la même enseigne que certains de mes collègues face à de nombreuses Premières Nations éloignées.
Il est important que nous ayons l'occasion, à la Chambre, de soutenir les priorités des Premières Nations, et le fait de ne pas avoir obtenu le consentement unanime la semaine dernière a été très décevant, y compris pour le chef Moonias, qui a déclaré que si ce projet de loi était adopté, il contribuerait à relever les normes, voire à établir des normes pour leur eau potable. Pour l'instant, il n'y a rien. Ils espéraient que le texte serait passé au Sénat aujourd'hui, et ils sont déçus.
Vous pouvez entendre qu'il y avait beaucoup d'espoir. Je sais que ce n'est pas notre dernière chance. Je sais que le Comité a travaillé très dur sur ce projet de loi et j'espère que le Sénat en sera saisi avant Noël afin qu'il puisse commencer son étude très importante du projet de loi.
:
Merci, monsieur le président.
Il est effectivement fascinant de voir des gens défendre une position dans différentes instances publiques, comme un comité parlementaire, et de constater qu'au moment de passer à l'action, à la Chambre, ils ne le font pas. C'est ce que nous avons vu la semaine dernière.
J'aimerais vous interpeller de nouveau sur le dossier de Yänonhchia'. Dans le contexte actuel, il s'agit d'une question fondamentale. Je vous pose la question une autre fois: le mémoire que vous devez soumettre à la est-il rédigé? Un document est-il prêt?
Les chiffres sont disponibles, nous les connaissons et nous pouvons vous aider de ce côté. J'ai envoyé une lettre à la ministre Freeland, le 21 novembre dernier, afin de parler de ce dossier. Vous en avez d'ailleurs reçu une copie conforme.
J'aimerais vous voir vous avancer plus concrètement et nous donner un engagement plus officiel. En date du 9 décembre, est-ce que vous vous engagez à envoyer cette lettre à la ministre Freeland dans les plus brefs délais, pour nous donner l'assurance que cela fera partie du prochain budget?
:
Nous reprenons nos travaux de la 136
e réunion du Comité.
Passant à notre groupe suivant, je tiens à souhaiter la bienvenue à nos invités d'aujourd'hui, à nos témoins.
Nous accueillons M. Gary Anandasangaree, ministre des Relations Couronne-Autochtones.
Nous accueillons aussi Mme Ginette Petitpas Taylor, ministre de l'Emploi, du Développement de la main-d'oeuvre et des Langues officielles, ainsi que ministre des Anciens Combattants, je crois.
Les ministres seront épaulés par leurs fonctionnaires. Du ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, nous avons Valerie Gideon, sous-ministre; Georgina Lloyd, sous-ministre adjointe, Affaires du Nord; Heather McLean, sous-ministre adjointe, Secteur de la mise en oeuvre; et Christopher Duschenes, directeur général, Institutions autochtones et modernisation de la gouvernance.
Du ministère de l'Emploi et du Développement social, nous avons Colette Kaminsky, sous-ministre adjointe principale, Direction générale des compétences et de l'emploi, et Wojo Zielonka, dirigeant principal des finances.
Mesdames et messieurs les ministres et les fonctionnaires, soyez les bienvenus.
Vous disposerez de 10 minutes chacun pour vos déclarations liminaires, après quoi nous passerons aux séries de questions.
Nous commencerons par M. Anandasangaree.
Vous disposez de 10 minutes au plus, monsieur, s'il vous plaît.
:
Kwe kwe. Ullukkut. Tansi. Bonjour.
Permettez-moi tout d'abord de reconnaître que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Monsieur le président, je suis heureux d'être de retour au sein de ce comité pour répondre à vos questions sur des sujets importants pour les peuples autochtones.
Je pense qu'il est essentiel de reconnaître la longue histoire des systèmes coloniaux qui ont empêché les peuples et les collectivités autochtones de participer pleinement à la société canadienne. Je me suis fixé comme priorité de travailler en partenariat avec les collectivités autochtones pour démanteler ces barrières et aller de l'avant vers l'autodétermination.
Nous sommes ici pour soutenir les collectivités autochtones dans leur cheminement vers l'autodétermination, conformément à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Monsieur le président, l'identité et l'autochtonité sont des notions profondément personnelles et complexes.
La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones stipule que « les peuples autochtones ont le droit de décider de leur propre identité ou appartenance conformément à leurs coutumes, [...] traditions, [et pratiques] ».
Notre travail consiste à soutenir les collectivités pour qu'elles fassent ce travail. La semaine dernière, lors de l'assemblée extraordinaire des chefs de l'Assemblée des Premières Nations et dans certaines réunions auxquelles j'ai assisté, ce même sujet a été soulevé.
[Français]
Les peuples autochtones savent qui sont leurs citoyens, et nous devrions les autoriser à en décider. Il est temps de rendre le pouvoir aux peuples autochtones comme il se doit.
[Traduction]
L'approvisionnement autochtone est crucial pour faire progresser la réconciliation économique et garantir des possibilités équitables pour tous. Cette stratégie a été essentielle pour soutenir les entrepreneurs autochtones et créer des emplois dans les entreprises dirigées par des Autochtones, mais nous sommes également en train de transformer la stratégie d'approvisionnement en améliorant les politiques, les garanties et les processus.
Les Autochtones nous ont dit ce qui fonctionnera et ce qui ne fonctionnera pas, et nous les écoutons. Nous devons apporter les changements nécessaires pour mieux faire. Nous travaillons avec des partenaires pour confier la responsabilité de la définition et de la vérification des entreprises autochtones aux collectivités elles-mêmes.
Sous l'administration précédente, avant que nous ne formions le gouvernement, les entreprises autochtones ne recevaient que 1 % des contrats fédéraux. Une fois que nous avons formé le gouvernement, les engagements avec les partenaires autochtones ont conduit notre gouvernement à mettre en oeuvre une exigence obligatoire pour les ministères et les agences fédérales de veiller à ce qu'un minimum de 5 % de la valeur totale des contrats soit détenu par des entreprises autochtones.
Depuis la mise en oeuvre de cette cible de 5 %, la valeur des contrats attribués aux entreprises autochtones a augmenté de 1,5 milliard de dollars. Ce sont donc 1,5 milliard de dollars qui reviennent aux populations et aux collectivités autochtones, ce qui se traduit par une meilleure réussite pour les populations autochtones dans leur ensemble.
Récemment, il y a eu rapport d'une utilisation abusive de cette stratégie. C'est pourquoi Services aux Autochtones Canada est chargé de vérifier l'admissibilité des entreprises qui obtiennent des contrats dans le cadre de la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones. Cette vérification a conduit à la suppression de plus de 1 100 entreprises autochtones du Répertoire des entreprises autochtones. Nous intervenons directement pour que les programmes rendent des comptes et empêchent tout usage abusif.
Pendant trop longtemps, les gouvernements précédents ont négligé les peuples autochtones. Depuis 2015, nous inversons cette tendance.
Un des principaux faits marquants est le nouveau registre foncier national dirigé par les Premières Nations. Ce registre est indispensable pour débloquer des possibilités économiques. Nous avons travaillé en partenariat avec le Conseil consultatif des terres des Premières Nations et la Land Title and Survey Authority de la Colombie-Britannique pour dresser ce registre. Celui‑ci permettra aux Premières Nations d'enregistrer les titres de propriété de leurs terres à la vitesse des affaires et d'améliorer les possibilités économiques pour tous.
Dans le dernier budget, nous avons fait progresser le Programme de garantie de prêts pour les Autochtones afin de faciliter la participation au capital des grands projets. Ce programme est conçu afin que les collectivités autochtones puissent partager les bénéfices des grands projets sur leurs territoires, et ce selon leurs propres conditions. Le Programme de garantie de prêts pour les Autochtones aidera ces derniers à partager les bénéfices des grands projets de ressources naturelles tout en générant des richesses pour les collectivités et en soutenant des solutions dirigées par les Autochtones.
[Français]
Un autre élément clé de la réconciliation économique est la compensation des terres perdues et d'autres préjudices par l'entremise de la procédure de revendication particulière.
[Traduction]
Nous avons accéléré la résolution des revendications particulières. En travaillant en partenariat avec les Premières Nations du 1er janvier 2016 au 30 novembre 2024, 321 revendications ont été résolues, pour une indemnisation totale de 12,6 milliards de dollars.
J'aimerais parler de deux exemples concrets. En juin, à l'occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, j'ai pu me joindre à mon collègue Jaime Battiste dans la collectivité de la Première Nation We'koqma'q pour annoncer la proposition de règlement de 125 millions de dollars. J'ai pu rencontrer le chef et le conseil, ainsi que des membres de la collectivité de tous âges, pour voir ce que ce règlement signifie pour eux et ce qu'il permettra de faire.
En octobre, je me suis rendu dans les territoires des Traités nos 5, 6 et 10 pour annoncer le règlement de neuf réclamations d'une valeur de près de 1,4 milliard de dollars. Ces règlements ont été conclus dans le cadre de la Stratégie de règlement accéléré des demandes de prestations agricoles. Cette stratégie accélérée garantit que les revendications sont réglées rapidement et que les Premières Nations sont indemnisées plus vite.
Comme vous pouvez le constater, monsieur le président, nous faisons des progrès. Au cours des cinq dernières années, nous avons réglé des revendications d'une valeur moyenne de 1,7 milliard de dollars par année avec les Premières Nations de tout le Canada, ce qui a permis de créer près de 7 000 emplois. Il s'agit d'un coup de pouce important à l'économie dirigée par les Premières Nations, et cela a un impact positif, un impact économique tangible sur les collectivités, non seulement pour aujourd'hui, mais pour les générations à venir.
Monsieur le président, en tant que gouvernement, nous ne devons jamais dire aux collectivités ce qu'elles doivent faire ou qui elles sont. Je sais que des membres du Comité et des Autochtones ont exprimé leurs préoccupations concernant l'approvisionnement et le répertoire des entreprises autochtones. Comme ce travail est dirigé par la , qui, je le sais, a comparu juste avant nous, je laisserai les paroles de mes collègues en dire davantage. Notre rôle est de soutenir les peuples autochtones et de leur emboîter le pas sur la voie de l'autodétermination et de la prospérité.
Je voudrais faire une réflexion avant de conclure.
Monsieur le président, j'ai consacré toute ma vie à la question de la représentation et à la raison pour laquelle la représentation est importante à tous les niveaux, non seulement au sens des élus, mais aussi dans les entreprises et dans les collectivités. À chaque table, il y a un besoin de représentation, en particulier pour ceux qui ont été sous-représentés. Dans ce cas particulier, les Autochtones sont gravement sous-représentés dans de nombreux domaines de notre société, mais surtout dans le domaine des affaires et de l'économie. La stratégie d'approvisionnement auprès des Autochtones visait à faire en sorte que le rôle du gouvernement fédéral envers la réconciliation économique garantisse au moins le maintien de cette représentation.
Je suis heureux d'en parler. Je pense que c'est une question d'importance cruciale pour nous tous et, au moins, nous pouvons convenir que nous devrions en faire plus, peut-être d'une manière plus éclairée.
Je suis prêt à répondre aux questions et observations de mes collègues ici présents.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aux membres du Comité de m'avoir invitée à me présenter devant vous ce soir.
J'aimerais également commencer par reconnaître que nous nous réunissons aujourd'hui sur le territoire non cédé du peuple algonquin.
Je me réjouis de pouvoir participer à une conversation sur des questions qui, à mon avis, peuvent et doivent être abordées collectivement, tous partis confondus.
Les travaux de ce comité contribuent à guider le Parlement sur la voie de la réconciliation.
Les travaux de ce contribuent à guider le Parlement sur la voie de la réconciliation.
[Français]
Nous souhaitons une véritable réconciliation, avec des relations renouvelées de nation à nation, de gouvernement à gouvernement, ainsi qu'entre la Couronne et les Premières Nations, les Métis et les Inuits, dans le cadre de laquelle nous renforcerons les partenariats avec les détenteurs de droits.
Au cœur du chemin à parcourir se trouve la réconciliation économique. Comment pouvons-nous travailler avec nos partenaires autochtones pour bâtir un Canada juste et équitable? Tous les ministères ont un rôle à jouer dans ce travail. À Emploi et Développement social Canada, nous travaillons à combler les écarts de compétences et d'opportunités, qui touchent beaucoup trop d'Autochtones.
Nous avons créé le Programme de formation pour les compétences et l'emploi destiné aux Autochtones, un cadre élaboré conjointement et conçu pour réduire les écarts de compétences et d'emploi entre les Autochtones et les non-Autochtones. Les organisations ont la flexibilité nécessaire pour prioriser la formation et le développement des compétences en fonction des besoins de leurs communautés.
[Traduction]
Le Fonds pour les compétences et les partenariats favorise le partenariat entre les organisations autochtones et les employeurs. Ce programme soutient des formations qui mettent directement des Autochtones en contact avec des emplois, améliorant ainsi l'accès à des possibilités économiques d'importance.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner, en ma qualité de ministre des Anciens Combattants, le travail continu que mon ministère accomplit pour améliorer les services et la reconnaissance des anciens combattants autochtones. Les Premières Nations, les Inuits et les Métis ont servi le Canada avec fierté, mais ils ont souvent été victimes de discrimination. L'équipe chargée de l'engagement des anciens combattants autochtones s'efforce de réduire les obstacles à l'accès, d'améliorer la sensibilisation et d'accroître l'offre de services culturellement adaptés.
Nous investissons également dans des initiatives dirigées par des Autochtones. Dans le cadre du Fonds pour le bien-être des vétérans et de leur famille, nous avons versé des fonds directement à des organisations comme l'Assemblée des Premières Nations, l'Organisation des chefs du Sud et d'autres, dont le travail vise à améliorer le bien-être des vétérans autochtones.
De manière plus générale, notre gouvernement a investi dans les prochaines étapes sur la voie de la réconciliation jusqu'au budget de 2024. Dans le budget de cette année, 918 millions de dollars sont dirigés vers le logement et les infrastructures communautaires autochtones. Cette somme s'ajoute aux 5 milliards de dollars déjà prévus pour les collectivités en 2024‑2025.
Un rapport récent de l'Assemblée des Premières Nations a révélé que chaque dollar investi dans l'infrastructure des Premières Nations génère 1,82 $ de production économique. Ces fonds supplémentaires permettront d'accélérer les travaux destinés à combler les lacunes en matière de logement et d'infrastructure dans les collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Plus précisément, 426 millions de dollars sont réservés aux Premières Nations vivant dans des réserves, 62 millions de dollars sont destinés aux Premières Nations autonomes et aux Premières Nations signataires de traités modernes, 370 millions de dollars iront aux collectivités inuites et 60 millions de dollars sont destinés aux collectivités métisses.
Un rapport récent de l'Assemblée des Premières Nations a révélé que chaque dollar investi dans l'infrastructure des Premières Nations génère 1,82 dollar de production économique. Ces fonds supplémentaires permettront d'accélérer les travaux visant à combler les lacunes en matière de logement et d'infrastructure dans les collectivités des Premières nations, des Inuits et des Métis. Plus précisément, 426 millions de dollars sont réservés aux Premières Nations vivant dans des réserves, 62 millions de dollars sont destinés aux Premières Nations autonomes et aux Premières Nations signataires de traités modernes, 370 millions de dollars iront aux collectivités inuites et 60 millions de dollars sont réservés aux collectivités métisses. Un investissement de 388 millions de dollars est également prévu pour soutenir l'entrepreneuriat et le tourisme autochtones, pour débloquer de nouvelles possibilités en matière d'énergie propre et pour soutenir l'initiative de partenariats stratégiques.
[Français]
La restauration et la promotion de la langue et de la culture constituent un élément important de la guérison, de la réconciliation et de la promotion d'un fort sentiment d'identité et de communauté.
Nous investissons 1,8 milliard de dollars pour aider les communautés autochtones à exercer leurs compétences en vertu de la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Le budget de 2024 a soutenu les cultures autochtones en investissant plus de 290 millions de dollars dans des efforts menés par les Autochtones pour récupérer, revitaliser et renforcer les cultures et les langues autochtones.
[Traduction]
Un investissement de 388 millions de dollars est également prévu pour soutenir l'entrepreneuriat et le tourisme autochtones, pour débloquer de nouveaux débouchés en matière d'énergie propre et pour soutenir l'initiative des partenariats stratégiques.
Ensemble, en tant que partenaires, nous devons créer des occasions et une plus grande prospérité pour les peuples autochtones de tout le Canada, afin qu'ils puissent réussir selon leurs propres conditions.
Ensemble, en tant que partenaires, nous devons créer des opportunités et une plus grande prospérité pour les peuples autochtones à travers le Canada, afin qu'ils puissent réussir selon leurs propres termes.
[Français]
J'espère que nous pourrons accomplir ce travail ensemble, et j'espère que nos conversations d'aujourd'hui contribueront à faire avancer cet objectif collectif.
Encore une fois, je tiens à remercier le Comité de son invitation. Je tiens également à remercier les fonctionnaires d'être ici. Nous avons hâte de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur Battiste, pour cette question.
Permettez-moi de dire que l'un des principaux problèmes que je rencontre lorsque je m'adresse à des dirigeants... et je dirais que la semaine dernière en a été un excellent exemple. J'ai parlé à un certain nombre d'assemblées, y compris l'assemblée extraordinaire de l'APN au Manitoba, ainsi qu'une assemblée en Nouvelle-Écosse. Une des questions qui revient le plus souvent est celle de savoir pourquoi le gouvernement fédéral s'emploie encore à définir l'identité, en particulier en ce qui concerne les Premières Nations.
Comme vous le savez, la Loi sur les Indiens est un projet de loi très troublant qui définit l'identité, et nous savons qu'au fil du temps, elle a eu des conséquences très négatives, en particulier pour les femmes qui sont sorties de leurs collectivités. Je pense que le maintien du statut pour leurs petits-enfants, ou la limite de la deuxième génération, est une question qui préoccupe beaucoup de monde.
L'engagement que j'ai pris est de voir à ce que cette conversation se poursuive. Les traités modernes sont un domaine dans lequel nous voulons vraiment nous assurer que la Loi sur les Indiens... Je préférerais que la Loi sur les Indiens n'existe pas, mais dans l'intervalle, il s'agit de veiller à ce que les questions relatives à la citoyenneté et à l'appartenance soient laissées à la discrétion des nations. Je crois qu'il y a eu en Ontario et ailleurs des conversations très constructives dans lesquelles nous avons fait avancer la question de l'appartenance, mais nous sommes encore loin du but.
Monsieur Battiste, les questions relatives à l'identité sont probablement les questions les plus frustrantes qui me sont adressées. Je suis sûr que vous l'avez également entendu.
Je ne reçois pas souvent des questions portant sur l'approvisionnement, mais quand j'en reçois, elles s'inscrivent dans le contexte des raisons pour lesquelles la répartition des contrats n'est pas suffisante ou adéquate pour les Autochtones. Comme je l'ai souligné dans ma déclaration liminaire, je m'inquiète souvent de la représentation des Autochtones dans tous les aspects de notre vie.
Dans mes conversations avec le légiste du Parlement, je précise qu'il n'y a pas, à mon avis, beaucoup de voix autochtones au sein du Bureau du légiste, que ce soit des analystes, des greffiers ou même des pages. Ce sont des conversations qui, je pense, vont dans le sens d'une plus grande représentation. Il existe évidemment un grand nombre d'obstacles, y compris des problèmes liés à la langue et à la manière dont nous évaluons les candidatures, mais je pense qu'il va de ma responsabilité de veiller à ce que la représentation est saine et qu'elle croît.
Je sais que de nombreuses écoles professionnelles, par exemple, sont sommées de faire cela, mais je pense qu'en tant que gouvernement — l'ensemble du gouvernement, et pas seulement notre ministère —, nous devons en faire plus pour garantir la présence d'un plus grand nombre de voix à la table.
Je crois comprendre que les amendements proposés ne coûteraient rien au gouvernement et permettraient aux collectivités des Premières Nations d'avoir une plus grande marge de manoeuvre dans les affaires. Tous les conseils que vous pouvez donner pour ce travail futur seraient fort appréciés.
Je vais maintenant m'adresser à Mme Petitpas Taylor.
Je vais vous lire un extrait d'un article concernant les propos de la ministre des Services à la famille du Nunavut, Margaret Nakashuk. Celle‑ci déclare que « les compressions du financement fédéral ont un impact sur la capacité de son ministère à mettre au point les programmes de formation professionnelle au Nunavut ».
Elle dit: « J'avais prévu de prendre la parole aujourd'hui pour souligner le travail que font les Services à la famille pour former les Nunavois à la préparation à l'emploi, au moyen des fonds du gouvernement fédéral provenant de l'Entente de transfert relative au marché du travail, mais je ne peux pas le faire parce que le gouvernement du Canada a réduit de 625 millions de dollars les transferts relatifs au marché du travail dans le budget 2024. »
Madame la ministre, vous vous souviendrez que je vous avais écrit au sujet des compressions, et je comprends que votre acquisition de ce portefeuille est encore récente. J'ai été assez déçue de la réponse que vous m'avez donnée concernant les compressions. Le gouvernement fédéral a réduit de 625 millions de dollars les transferts liés au marché du travail en 2024. La réduction de ces compressions a des répercussions importantes sur les Inuits et les jeunes de ma circonscription. C'est une perte de 890 000 $ pour la formation au Nunavut.
En effet, il s'agissait de la Redfish Arts Society, un programme qui aide les jeunes à risque à échapper au système de justice pénale pour apprendre leur langue et leur culture et acquérir de nouvelles compétences.
Madame la ministre, pouvez-vous expliquer à ma collectivité comment les compressions du gouvernement fédéral dans le financement de l'Entente de transfert relative au marché du travail ne perpétuent pas le chômage, le sous-emploi et le cycle de la pauvreté, et ne limitent pas le progrès des Nunavois vers une société plus équitable et plus prospère?
Merci aux deux ministres d'être venus.
Je remercie également tous les fonctionnaires d'être présents.
Monsieur Anandasangaree, je sais que vous vous intéressez particulièrement à la réconciliation économique. Vous y faites souvent référence, y compris à ce comité. Je réfléchissais à ce sujet, car il a été soulevé à de nombreuses reprises lors du forum intergouvernemental de la semaine dernière, alors qu'il y avait une forte présence du Yukon à l'occasion des Journées du Yukon. Nous avons accueilli de nombreux chefs à Ottawa, comme vous le savez, ainsi que des dirigeants des Premières Nations, le premier ministre et plusieurs ministres.
J'aimerais également souligner, dans l'optique de la réconciliation économique et du développement économique des Premières Nations, à quel point il est important que nous poursuivions la mise en œuvre des traités modernes. Bien sûr, comme vous le savez, 11 des traités modernes du Canada sont conclus avec les Premières Nations du Yukon.
On m'a également rappelé à quel point il est important de renouveler la relation financière entre le Canada et les Premières Nations autonomes, comme en témoigne la politique financière collaborative en partenariat, et à quel point il est important pour les Premières Nations du Yukon que cette collaboration soit menée à bien.
Je me demande si vous pouvez me préciser votre opinion sur l'état d'avancement de la politique financière collaborative, où nous en sommes et où vous pensez que nous devrions aller.
:
Merci, monsieur Hanley.
Presque toutes les Premières Nations du Yukon m'ont rappelé qu'il y a 11 traités modernes au Yukon. Je tiens à le souligner et, bien sûr, cela a également été souligné lors du forum intergouvernemental.
En ce qui concerne les questions relatives à la politique financière collaborative que nous avons établie, nous avons entrepris beaucoup de travail, en particulier avec les Premières Nations du Yukon. Je pense que nous avons fait des progrès considérables, et je m'engage certainement à faire en sorte qu'ils se concrétisent. Il est important qu'il y ait des ancrages fiscaux adéquats et des ressources disponibles pour que les nations signataires de traités modernes, en particulier dans le Nord, puissent entreprendre, entre autres, un travail très important en matière de réconciliation économique. C'est, à mon avis, l'un des points d'ancrage qui permettra l'autodétermination à long terme des Premières Nations.
Le Yukon est un excellent exemple d'un gouvernement territorial très engagé, et il a déployé beaucoup d'efforts pour garantir des revenus autonomes. Ce n'est pas tout; il y a d'autres domaines où des progrès importants ont été réalisés, et notamment ce qui, je l'espère, sera le premier accord moderne sur la justice que nous pourrons signer au Yukon.
Je pense que la question posée par les conservateurs est très pertinente. J'ai une amie, la députée Rachel Blaney, qui a toujours dit qu'elle était blanche et qui, dans un article de journal amusant, a introduit l'article en disant qu'elle était née blanche et qu'elle l'est toujours, mais qu'elle a été adoptée par une famille des Premières Nations. Elle est restée très simple. Elle a clairement indiqué qu'elle n'était pas autochtone. Elle n'a jamais utilisé le fait qu'elle a été adoptée par une famille des Premières Nations pour revendiquer un avantage culturel pour elle-même, alors pour moi, c'est très clair.
Mon ami Blake Desjarlais a également déclaré: « Quiconque revendique une ascendance autochtone devrait être clair et direct lorsqu'on lui pose la question, en particulier lorsqu'il tente de tirer profit de programmes conçus pour les entrepreneurs et les entreprises autochtones. »
Après avoir montré à quel point cela est simple, il est clair pour moi que la complaisance des libéraux sur cette question d'identité crée des obstacles économiques pour les peuples autochtones.
Ma question s'adresse à vous deux. Que ferez-vous pour éliminer ces obstacles économiques, éliminer ces obstacles au développement économique?
Qujannamiik.
:
Merci, monsieur le président.
Je n'ai pu m'empêcher de sourire en entendant plusieurs députés dire que l'appartenance à la communauté métisse était tout sauf complexe et simple.
Ma famille vivait dans les Territoires du Nord-Ouest et sur l'île Big en 1778 lorsque Peter Pond est arrivé. Ma famille vivait dans une communauté métisse bien avant l'établissement des Métis de la rivière Rouge en 1869, mais ma famille n'a pas le droit d'appartenir au Ralliement national des Métis ni à toute autre organisation nationale métisse.
J'ai trois frères et une sœur qui appartiennent à différentes organisations. Ma sœur appartient à la Nation métisse des Territoires du Nord-Ouest. L'un de mes frères appartient à l'Alliance métis North Slave. J'appartiens aux Premières Nations du Dehcho. Nous sommes tous frères et sœurs. Je vis sur un territoire visé par une revendication territoriale et ma sœur aussi, mais mon frère, qui est Métis de North Slave, n'est pas autorisé à régler une revendication territoriale et pourtant, nous sommes tous frères et sœurs.
C'est loin d'être facile et simple. Il faudra beaucoup de temps pour clarifier les définitions.
Pendant que j'en ai la possibilité, j'aimerais poser une question à la ministre Petitpas Taylor au sujet du comité des anciens combattants. Je veux l'interroger sur l'étude en cours qui porte sur le vécu des vétérans autochtones.
J'aimerais qu'elle nous fasse part de certaines observations. J'en parle parce qu'un de mes oncles a fait la guerre. Il a attelé son traîneau à chiens dans ma collectivité, traversé le Grand lac des Esclaves et pris un vol de Hay River à Fort Smith. Il s'est donné beaucoup de mal pour aller faire la guerre. Il a survécu, mais il n'en est jamais revenu.
Cette étude m'intéresse beaucoup, car nous ne savons pas ce qu'il a fait. Nous ne connaissons pas son histoire. Nous ne savons pas quel poste il a occupé. Nous ne savons pas s'il a été blessé. Le jour du Souvenir, lorsqu'on nous demande de prendre la parole, je peux dire qu'un de mes oncles a fait la guerre, mais je ne sais rien de lui, parce qu'il n'en est jamais revenu. Il est revenu au Canada et est resté en Colombie-Britannique où le gouvernement lui a donné des terres.
Pouvez-vous nous en dire plus sur l'initiative à laquelle vous travaillez?
:
Oui. Merci beaucoup, M. McLeod, pour cette question.
Je crois que cette étude est due à l'initiative d'un député du Bloc Québécois qui souhaitait vraiment approfondir la question des vétérans autochtones et noirs. De nombreux témoins ont comparu devant le Comité et ont dit sans équivoque que bon nombre de nos vétérans autochtones et noirs ont été victimes de discrimination lorsqu'ils ont servi au cours de la Première et de la Seconde Guerre mondiale et qu'ils le sont encore aujourd'hui. De nombreux vétérans sont rentrés chez eux et n'ont pas eu accès aux services et aux prestations dont bénéficiaient leurs autres collègues.
C'est pourquoi le Comité s'est lancé dans cette étude. Je connais la position que le Comité présentera et que des témoins lui ont fait leurs recommandations. Entre autres, on nous a dit qu'il est vraiment important de veiller à inclure les vétérans autochtones dans les événements commémoratifs et à assurer une représentation autochtone dans des événements, tant au Canada qu'à l'étranger.
Cette année, à Montréal, nous avons organisé un sommet de deux jours, et je suis ravie de dire que 11 % des vétérans présents étaient autochtones et nous ont fait part de leurs points de vue et de leurs besoins.
Ils ont également fait savoir très clairement que les vétérans doivent être informés des services et des prestations auxquels ils ont droit. De nombreux vétérans autochtones vivent dans des collectivités isolées et éloignées et c'est pourquoi Anciens Combattants Canada a créé une équipe de mobilisation des vétérans. Nous nous rendons dans les collectivités isolées et éloignées 12 fois par an et nous nous assurons de pouvoir rencontrer les gens, les vétérans et de les informer des services et des prestations auxquels ils ont droit.
Nous avons également entendu parler d'une direction qui disposerait d'une liste de nos vétérans et qui veillerait à ce que nous n'oubliions pas leurs histoires et à ce que nous puissions également les identifier. Encore une fois, ce sont des héros dont nous devons nous souvenir et que nous devons célébrer et il est vraiment important de consacrer les investissements et les énergies nécessaires pour garantir que nous puissions les connaître.
J'ai eu le grand plaisir et l'honneur de rencontrer de nombreux vétérans autochtones et lorsqu'ils me racontent leur histoire, c'est parfois déchirant. Nous devons remédier à cette situation. En tant que ministère, nous avons vraiment à cœur d'entretenir un véritable dialogue et des relations constructives avec les communautés.
:
Vous avez raison. C'est un projet qui me tient à coeur, comme à tous les députés du Nouveau-Brunswick.
Il s'agit du Centre d'entreprise des sciences de l'Atlantique. Il représente un investissement important dans l'infrastructure, car grâce au Centre, cinq organismes seront réunis sous un même toit, soit Pêches et Océans, l'ACIA, Environnement Canada, l'Agence spatiale canadienne et le Conseil national de recherches. Il s'agira d'une installation ultramoderne où ils pourront mettre en commun leurs laboratoires et leurs ressources, et la liste est encore longue. Nous créerons 700 emplois bien rémunérés. Nous travaillerons en partenariat avec les universités locales.
Ce que j'ai trouvé vraiment intéressant, madame Gainey, c'est qu'il y a deux semaines, lors de la visite de la , nous avons tenu une conférence de presse sur la deuxième phase du projet. Noel Milliea, un Aîné autochtone de la Première Nation d'Elsipogtog, une collectivité située à environ une heure de Moncton était présent. À la conférence de presse, il m'a dit que le processus de consultation mené par SPAC était un véritable modèle du genre. Il a dit que souvent, dans le passé, il s'agissait peut-être simplement de cocher la case, mais qu'ici, il y a eu un dialogue constructif et sincère.
Je vais vous lire une citation, car j'espérais que la question serait posée aujourd'hui. Les médias lui ont posé une question et voici exactement ce qu'il leur a répondu:
« Je lui ai dit — c'est de moi qu'il parlait — à quel point il est important que nous fassions des progrès dans la construction et la reconstruction des relations. Quand nous parlons de vérité et de réconciliation, nous nous tendons en fait vers la reconnaissance de la vérité, la prise de conscience et l'utilisation de cette prise de conscience pour créer de meilleures relations en vue de la réconciliation. La réconciliation est encore un peu loin, mais pour l'instant, nous sommes en train de faire du très bon travail en ce sens et je dois également féliciter SPAC pour le travail qu'il a accompli au-delà de ce que l'on qualifierait normalement de consultation, car cela va plus loin maintenant, et il est maintenant davantage question de la façon dont nous allons établir des relations durables et constructives les uns avec les autres, et je pense que cela joue un rôle très important dans la réussite de ce projet .»
S'il s'est exprimé ainsi, c'est que les contrats qui ont été conclus avec des entreprises autochtones ont vraiment dépassé le seuil des 5 %. Cela ne signifie pas que le gouvernement fédéral n'a pas encore beaucoup de travail à faire, et nous avons entendu beaucoup de questions à ce sujet aujourd'hui, mais encore une fois, c'est un exemple de l'un de ces bons projets.
Quand l'Aîné Noel s'est exprimé ainsi, ça m'a vraiment frappée. On pouvait voir qu'il était sincèrement satisfait du travail accompli par SPAC et qu'il tenait à le souligner.
:
Quand je parle de réconciliation, le message que je veux transmettre ce soir, c'est que tous les ministères ont un rôle à jouer. Il s'agit d'une approche pangouvernementale et le ministère des Anciens Combattants n'est certainement pas le seul dans ce cas.
Au printemps dernier, en 2023, l'ancien ministre des Anciens Combattants, Lawrence MacAulay, a signé cette lettre d'entente avec l'APN. Quatre domaines prioritaires ont été retenus.
Le premier et le plus important est l'élargissement des services d'approche, comme je l'ai dit. Cette question fait partie de l'étude que mène actuellement le Comité des anciens combattants. Je le rappelle, nous voulons nous assurer que davantage de vétérans sont au courant des services et des prestations auxquels ils ont droit.
Une autre priorité pour eux est d'établir un point de contact clair pour les vétérans. S'ils sont vétérans et qu'ils ont besoin de services, on voulait qu'ils sachent comment s'y prendre pour les obtenir.
Une autre priorité est d'accroître la représentation autochtone dans les événements commémoratifs à travers le pays, à l'étranger et ici au Canada.
Enfin, ils ont clairement indiqué que l'établissement d'un dossier historique pour les vétérans des Premières Nations était une priorité pour eux.
Encore une fois, je suis heureuse que l'ancien ministre MacAulay et le président de l'époque aient signé cette lettre d'entente. Notre ministère continue de travailler en étroite collaboration avec l'APN et d'autres groupes autochtones pour veiller à ce que nous puissions établir ces relations de travail de manière constructive.
:
Merci, monsieur le président.
Chers ministres, soyez les bienvenus.
Monsieur le ministre Anandasangaree, c'est à vous que je vais poser mes questions.
J'ai eu l'occasion de discuter très récemment avec la ministre Hajdu, au sein du même comité, du sujet qui nous occupe ici, à savoir le développement économique autochtone.
Certains dossiers sur lesquels je sais que vous et moi avons travaillé en étroite collaboration et auxquels le gouvernement a été attentif au cours des neuf dernières années environ dans ma province du Manitoba ont été suffisamment positifs et ont fait une différence considérable pour la réalisation de l'objectif et de l'ambition collectifs de la réconciliation économique. Je pense au projet en cours dans le centre-ville de Winnipeg en vue de convertir Portage Place en un établissement de soins de santé de pointe. Bien sûr, cela ne se fait pas sans contributions fédérales.
Il y a le projet Bay pour lequel, comme vous le savez, nous travaillons en étroite collaboration avec la Southern Chiefs' Organization pour en faire une source très importante de logements et d'autres services culturels et historiques dans un immeuble emblématique du centre-ville de Winnipeg.
Il y a le programme national d'alimentation scolaire. Je sais que le et mes collègues d'en face ont qualifié ce programme de bureaucratie. Ils ont dit qu'aucun repas n'avait été servi. En fait, c'est faux. Je suis allé dans des salles de classe au Manitoba avec d'anciens collègues enseignants pour servir les repas qui étaient effectivement subventionnés et financés par le gouvernement fédéral.
Par ailleurs, je pense à des réussites incroyablement importantes comme Freedom Road, qui a aidé les habitants de la Première Nation de Shoal Lake 40 à la frontière entre le Manitoba et l'Ontario. L'initiative a contribué au développement économique de leur collectivité et de leurs voisines.
Je pense à certaines annonces récentes faites par vous-même, par la ministre Hajdu et par d'autres de contributions de plusieurs millions de dollars au Manitoba qui vont permettre la construction de nouvelles écoles.
Cela dit, monsieur le ministre, peut-être pourriez-vous nous faire part de vos propres réflexions sur l'excellent travail que nous avons pu accomplir au Manitoba et sur la contribution que ces initiatives apportent, selon vous, à notre objectif collectif d'assurer la réconciliation et le développement économiques au Manitoba.
Je vous remercie de votre attention.
:
Merci pour cette question. Permettez-moi de vous remercier pour le travail que vous accomplissez au Manitoba.
Je suis allé au Manitoba probablement près d'une douzaine de fois au cours de l'année et demie qui vient de s'écouler. J'ajouterai trois choses à votre liste.
La première est le nombre d'ententes d'avantages agricoles que nous avons conclues au Manitoba. Il s'agit de règlements de revendications qui remontent à plus de 100 ans. Je pense que c'est tout à fait historique.
Par ailleurs, les excuses aux membres des Premières Nations Dakota et Lakota que nous avons présentées cet été, en juillet, se poursuivront. Nous devons faire plus d'efforts pour remédier à certaines disparités, mais il est certain que des améliorations se font sentir.
Nous avons également conclu l'accord d'autonomie gouvernementale de la Manitoba Metis Federation il y a environ deux semaines.
Nous avons un partenaire très important au Manitoba en la personne du premier ministre Wab Kinew. Je pense que je fais état d'histoires positives, mais aussi de la nécessité de faire ce qui s'impose.
Je pense que l'une des choses les plus difficiles que j'ai eu à faire en qualité de ministre concerne le site d'enfouissement de Prairie Green. En ce moment même, nous savons que des recherches sont en cours. C'est en grande partie grâce à notre partenariat et à notre réflexion avec le premier ministre Kinew.
En ce qui concerne la réconciliation, je pense qu'il ne devrait pas s'agir d'un enjeu partisan. C'est un enjeu sur lequel nous devons travailler au‑delà des clivages politiques. Comme vous le savez, les élections provinciales au Manitoba ont fait beaucoup de mal à beaucoup de gens, surtout aux familles des personnes dont on pense qu'elles se trouvent sur le site.
Je voudrais conclure en vous remerciant, vous et vos collègues du Manitoba, pour l'excellent travail que vous accomplissez et pour la promotion de vos dossiers.
:
Merci, monsieur le ministre.
En conclusion, peut-être pourriez-vous nous dire un mot sur le programme national d'alimentation scolaire.
Comme vous le savez, j'ai été éducateur pendant de nombreuses années. J'ai eu la chance d'être enseignant et directeur d'école. J'ai travaillé avec beaucoup d'enfants qui venaient de milieux difficiles, en particulier de collectivités autochtones du nord-ouest de la ville de Winnipeg.
Nos collègues ont qualifié ce programme de bureaucratie. Pouvez-vous nous faire part de vos commentaires, sur la base des discussions que vous avez eues et des visites que vous avez effectuées dans ma ville d'attache de Winnipeg, où des repas subventionnés par le gouvernement fédéral sont servis dans les classes?
Pourquoi pensez-vous que c'est important pour assurer la réussite des enfants autochtones en particulier, lorsqu'il s'agit de leur capacité à trouver ce type d'optimisme, d'espoir et de réussite? Cela inclut, bien sûr, le développement économique plus tard dans la vie s'ils bénéficient d'un bon départ à l'école.
Pourriez-vous nous faire part brièvement de vos observations à ce sujet?
:
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui.
Je m'appelle Andrea Sandmaier et je suis la présidente du gouvernement métis Otipemisiwak. Je suis heureuse d'être accompagnée de Garrett Tomlinson, notre directeur principal de l'autonomie gouvernementale.
C'est un honneur de vous parler du travail du gouvernement métis Otipemisiwak, anciennement la Métis Nation of Alberta et de souligner les progrès incroyables réalisés par notre gouvernement en matière de développement économique.
Notre nation est le plus ancien gouvernement métis ininterrompu du Canada, et le développement économique a toujours été un élément fondamental de notre travail. Avant la Confédération, les Métis étaient les principaux moteurs de l'économie du Nord-Ouest qui tournait autour de la traite des fourrures. Aujourd'hui, de nombreux Métis sont des entrepreneurs, des propriétaires d'entreprises et des acteurs importants de l'économie canadienne.
En Alberta, depuis près d'un siècle, notre gouvernement métis travaille d'arrache-pied pour continuer à promouvoir le développement économique. Notre initiative en matière de logement est un cas de figure dont nous sommes exceptionnellement fiers. Depuis sa création il y a plus de 40 ans, nous sommes devenus le plus grand promoteur immobilier autochtone du Canada. Exploités par deux sociétés, nous entretenons et gérons des logements locatifs qui fournissent in logement abordable à plus de 3 000 Albertains autochtones dans 14 centres urbains à travers l'Alberta. Qu'il s'agisse de logements supervisés pour les personnes âgées ou de programmes pour les jeunes familles, nos initiatives en matière de logement visent à garantir que personne n'est laissé pour compte alors que nous sommes en concurrence sur le marché libre où nous stimulons et soutenons les économies des collectivités dans lesquelles nous sommes présents.
Notre gouvernement sait que l'émancipation économique n'est possible que lorsque les citoyens métis disposent des outils dont ils ont besoin pour réussir. Le Rupertsland Institute, notre organisme affilié chargé de l'éducation se consacre à l'amélioration des possibilités d'éducation, d'emploi et de formation. Il met les citoyens métis en contact avec des possibilités d'emploi intéressantes et des ressources de formation professionnelle et de développement de carrière. De tels programmes aident les citoyens métis à s'orienter vers des secteurs à forte demande, à combler les lacunes du marché du travail et, en fin de compte, à améliorer les résultats économiques des familles métisses.
J'aimerais ajouter que le succès de notre gouvernement repose sur la force de nos citoyens et sur la validité de notre registre de citoyenneté de classe mondiale. Nous disposons du système de registre objectivement vérifié le plus solide au pays. En fait, notre registre de citoyenneté est le seul registre autochtone au Canada qui réponde aux exigences de l'Association canadienne de normalisation. Lorsqu'un citoyen du gouvernement métis d'Otipemisiwak brandit sa carte de citoyenneté, nous savons sans l'ombre d'un doute qu'il a prouvé, en fournissant des preuves documentaires, qu'il a des liens biologiques avec les familles métisses qui composent notre nation depuis des générations.
L'objectif de 5 % d'approvisionnement auprès d'entreprises autochtones fixé par le gouvernement fédéral est une avancée importante pour remédier à l'histoire sordide du pays à l'égard des populations autochtones, mais la réalisation de cet objectif nécessite l'application de normes tout aussi rigoureuses pour garantir qu'il profite réellement aux collectivités autochtones. Nous pensons que notre registre offre un modèle de la manière dont les gouvernements peuvent établir des critères clairs et applicables pour garantir que les marchés publics réservés aux Autochtones sont attribués à des entreprises métisses légitimes.
Comme je l'ai dit, notre registre garantit que la citoyenneté métisse est vérifiée au moyen d'un processus solide et transparent, et à ce jour, plus de 70 000 personnes sont passées par ce processus. En appliquant une norme de vérification similaire aux marchés réservés aux Autochtones, les gouvernements peuvent s'assurer que les occasions destinées aux collectivités autochtones ne sont pas détournées au profit d'entités dont les revendications sont ténues ou douteuses. L'auto-identification ne suffit tout simplement pas.
Un processus de vérification normalisé et rigoureux permettrait non seulement de protéger l'intégrité des marchés réservés aux Autochtones, mais de garantir qu'ils créent les retombées économiques promises.
Les Métis ont construit ce grand pays il y a 200 ans et nous sommes prêts à renforcer et à développer l'économie du Canada aujourd'hui.
Je suis impatiente de répondre à vos questions.
:
Bienvenue à nos témoins. Il est bon de voir une grande délégation d'Autochtones ici à Ottawa.
Lorsque l'affaire Daniels a été tranchée, je suis allé voir mon père, qui avait déjà près de 80 ans, et je lui ai dit: « Hé, le procès est terminé. Nous avons gagné. » Il m'a regardé et m'a dit: « Je m'en fous complètement. Je n'ai pas besoin que le gouvernement me dise qui je suis ». Ces mots sont restés gravés dans ma mémoire. J'y ai réfléchi pendant longtemps.
Il a parlé de la façon dont les gens étaient divisés, de la façon dont les Métis sont divisés dans tout le pays en différentes catégories et petites boîtes. Nombreux sont ceux qui pensent que c'est une stratégie du gouvernement pour maintenir les Métis dans un état de dépendance. Si toutes les familles travaillaient ensemble dans toutes les provinces et étaient autorisées à se réunir, nous serions une organisation très puissante.
Dans les Territoires du Nord-Ouest, on trouve différentes classifications. On les appelle les Métis autochtones. Ce sont des Métis qui peuvent retracer leur ascendance jusqu'à la signature du certificat de Métis ou du traité, parce que certains Métis ont accepté le statut prévu dans un traité. Il y a les Métis non autochtones qui sont venus d'une autre partie du pays. Il y a les Métis qui s'identifient simplement comme Métis. Il y a les Métis acceptés par la communauté. Ce sont des personnes qui ont vécu parmi les Métis et qui ont été acceptées par la communauté.
Dans ma vie, j'ai été un Sang-mêlé dans l'enfance. Je suis devenu Métis et j'ai été reconnu comme Autochtone. Aujourd'hui, je suis Autochtone, alors je ne sais pas si je gravis les échelons ou si c'est simplement une question de vocabulaire. Si vous voulez que le gouvernement vous reconnaisse, il n'est pas facile d'être reconnu en tant que Métis. Si vous êtes un Indien inscrit, il y a la liste de membres prévue dans la Loi sur les Indiens qui est tenue à jour. Les bébés naissent ou sont inscrits sur la liste. Les Métis n'ont pas ce genre de liste.
Je pourrais peut-être vous demander de nous parler un peu de ces différences. Est‑il difficile de savoir qui figure sur votre liste? Est‑il difficile d'inscrire des gens? Je sais que chez nous, nous devons procéder à des inscriptions. Il faut retrouver ses ancêtres. Nous devons déterrer nos arbres généalogiques. Nous devons remonter les générations pour nous assurer que toutes les personnes qui disent être qui elles sont le sont réellement. Ce n'est pas facile.
Dans certaines revendications territoriales, les négociations n'ont qu'un seul agent d'inscription. Il faut parfois 10 ans pour vérifier l'identité des personnes concernées. Dans l'intervalle, la moitié d'entre elles sont décédées, mais il faut continuer. Ce n'est pas un processus facile.
Pourriez-vous nous en dire plus sur le processus de vérification dont vous avez parlé, par rapport à ce que prévoit la Loi sur les Indiens?