Monsieur le président, j'ai le plaisir de vous présenter mes rapports du printemps 2016, qui ont été déposés à la Chambre mardi dernier. Les rapports réunissent les constatations de cinq audits et de deux examens spéciaux.
Un thème relie plusieurs de ces audits. Il s'agit du fait que les données que collectent beaucoup d'organisations publiques ne sont pas utilisables, ou ne sont pas utilisées, ou ne déclenchent pas d'action.
Dans le premier de nos audits, nous avons examiné comment Finances Canada, la Banque de développement du Canada et Innovation, Sciences et Développement économique Canada ont conçu et mis en oeuvre le Plan d'action sur le capital de risque du gouvernement. Ce plan remonte à 2012, lorsque le gouvernement a annoncé son intention de consacrer 400 millions de dollars à renforcer l'investissement de capital de risque au Canada.
Aux termes de cet audit, on ignore quelle sera l'incidence du Plan d'action du gouvernement sur le capital de risque et l'innovation.
[Français]
Dans l'ensemble, nous avons constaté que les investisseurs avaient d'abord été réticents à participer au Plan d'action sur le capital de risque, et ce, pour des raisons diverses, y compris les frais de gestion élevés et les contraintes réglementaires. Par ailleurs, nous avons observé que le processus de sélection des gestionnaires de fonds avait manqué d'équité, d'ouverture et de transparence.
En ce qui concerne la surveillance et la présentation d'information, les activités qui ont découlé du Plan d'action sur le capital de risque ont été adéquatement suivies et des rapports internes ont été remis au gouvernement. Cependant, peu d'information a été rendue publique. Nous avons aussi constaté que peu d'indicateurs de rendement avaient été mis en place, de sorte qu'il est difficile d'évaluer les retombées éventuelles de ce plan d'action pour les Canadiens.
Parlons maintenant du Programme de citoyenneté. Dans cet audit, nous avons conclu que les efforts d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada visant à détecter et à prévenir la fraude liée à la citoyenneté ne sont pas adéquats.
[Traduction]
Certains contrôles importants, qui sont conçus pour aider les agents de la citoyenneté à repérer les risques de fraude, n'avaient pas été appliqués de manière systématique. Du fait de faiblesses dans la base de données du ministère, les agents ne disposaient pas toujours d'information exacte ou à jour sur des adresses associées à la fraude, ou soupçonnées de l'être. Par exemple, une même adresse a été utilisée par 50 personnes pour demander la citoyenneté, mais elle n'est pas ressortie comme étant problématique. Sept de ces personnes ont obtenu la citoyenneté canadienne. De plus, même lorsque l'information se trouvait dans le système, les agents n'ont pas toujours pris de mesures en conséquence. Le travail du ministère est aussi compliqué par le mauvais échange d'informations avec la Gendarmerie royale du Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada.
[Français]
Nous avons aussi constaté qu'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada n'avait pas en place tous les éléments qu'il lui faudrait pour bien gérer les risques de fraude dans le Programme de citoyenneté. Par exemple, le ministère n'avait pas de processus rigoureux pour cerner, comprendre et documenter la nature et la portée des risques de fraude liée à la citoyenneté. Il n'avait pas non plus moyen de confirmer si les mesures prises pour détecter et prévenir la fraude fonctionnaient comme prévu. À cause de ces lacunes, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada peut difficilement évaluer l'impact de ses efforts pour lutter contre la fraude liée à la citoyenneté ou s'assurer qu'il cible efficacement ces efforts.
[Traduction]
Dans le troisième des audits que nous présentons, nous avons examiné le processus utilisé pour nommer les présidents et autres membres de tribunaux administratifs. Ce processus s'appelle nomination par le gouverneur en conseil. Les tribunaux administratifs statuent sur des aspects précis de la loi, ou encore ils offrent aux gens un moyen d'en appeler des décisions du gouvernement dans des domaines comme le statut d'immigrant ou les revendications des Premières Nations.
Nous avons audité ce processus auparavant en 2009. Nous avions noté alors que certaines nominations avaient pris beaucoup de temps. Dans notre audit récent, nous avons constaté que le problème persistait dans certains cas, et que le délai associé à certaines nominations avait nui à la capacité des tribunaux de rendre des décisions en temps opportun.
[Français]
Par exemple, à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, le délai moyen pour traiter les appels de décisions d'immigration est passé de 10 mois en 2009 à 18 mois. Compte tenu de l'importance du travail que font les tribunaux administratifs, ces délais et les engorgements qu'ils provoquent sont préoccupants. Nous avons aussi observé que le processus de sélection des présidents et des membres à temps plein avait été ouvert et transparent, mais que plusieurs nominations à temps partiel n'étaient pas documentées. À notre avis, quand ce type de documentation manque, il devient difficile de démontrer que le processus a abouti à la nomination de candidats qui ont l'expertise et les compétences voulues.
Les résultats de notre dernier audit d'Anciens Combattants Canada figurent aussi parmi nos rapports du printemps. Cet audit a examiné comment le ministère gère les prestations pharmaceutiques qu'il verse aux vétérans.
Pour résumer en quelques mots, Anciens Combattants Canada n'a pas géré son programme de prestations pharmaceutiques de manière à tenir compte de l'incidence sur les vétérans. Les décisions d'Anciens Combattants Canada au sujet des médicaments remboursables n'étaient pas suffisamment documentées ou clairement fondées sur des éléments probants comme les besoins des vétérans, la recherche clinique ou la rentabilité. Lorsque des décisions étaient prises, il n'y avait pas d'échéancier pour les exécuter. Dans un cas, la décision de limiter l'accès à un narcotique n'était toujours pas mise en oeuvre deux ans après qu'elle ait été prise.
[Traduction]
Nous avons établi qu'Anciens Combattants Canada s'était servi de certaines stratégies de rentabilité pour gérer le coût de son programme de prestations pharmaceutiques. Par exemple, il a négocié la substitution de génériques aux médicaments de marque et une marge bénéficiaire réduite sur les frais d'ordonnance exigés par les pharmacies. Toutefois, le ministère n'a pas évalué si ces stratégies donnent les résultats attendus. Autrement dit, le ministère ne sait pas si les stratégies qu'il a retenues l'aident à bien gérer les fonds publics qui servent à payer les prestations pharmaceutiques pour les vétérans.
Nous avons aussi constaté que si le ministère surveillait certains médicaments à haut risque, il n'avait pas adéquatement surveillé les tendances importantes pour la santé des vétérans ou la gestion de son programme de prestations. Par exemple, le ministère rembourse le coût de la marijuana dispensée sur ordonnance à des fins médicales, mais il ne vérifie pas si les vétérans qui se servent de la marijuana à des fins médicales prennent aussi des médicaments prescrits pour soigner des maladies comme la dépression. La surveillance efficace de l'utilisation des médicaments peut contribuer à améliorer les résultats de santé pour les vétérans en faisant ressortir les cas d'utilisation de médicaments sur ordonnance où il y a un risque élevé.
Dans un autre audit lié au secteur militaire, nous avons conclu que le nombre de soldats de la Réserve diminuait et que, à cause de lacunes dans leur entraînement, les soldats de la Réserve n'étaient pas entièrement prêts à prendre part à des missions.
[Français]
Les soldats de la Réserve de l'armée canadienne représentent près de la moitié de l'effectif de l'armée canadienne et ils sont censés fournir jusqu'à 20 % des soldats appelés lors de grandes missions internationales. Nous avons constaté que la Réserve de l'armée n'avait pas de directives claires sur l'entraînement que devaient suivre ses soldats pour se préparer en vue de missions internationales. La Réserve n'avait pas le nombre de soldats dont elle a besoin et l'armée canadienne n'avait pas toute l'information voulue pour déterminer si les soldats de la Réserve étaient prêts à être déployés en cas de besoin.
[Traduction]
La Défense nationale n'a pas été en mesure de recruter et de garder dans les rangs le nombre de soldats dont la Réserve a besoin, et le nombre de soldats de la Réserve recule graduellement.
Par exemple, en 2014-2015, l'Armée canadienne a financé environ 21 000 postes de soldats de la Réserve, mais seulement environ 14 000 soldats étaient entraînés et actifs. De plus, en 2015, seulement environ 3 600 soldats de la Réserve ont pris part aux grands exercices annuels d'entraînement collectif.
La Défense nationale a reconnu le besoin d'améliorer l'entraînement des soldats de la Réserve de l'Armée et de mieux intégrer les soldats à temps partiel avec leurs homologues de la force régulière.
[Français]
Je vais maintenant passer au dernier élément de nos rapports du printemps au Parlement, soit les rapports de nos examens spéciaux de PPP Canada Inc. et de VIA Rail Canada Inc. Ces rapports ont été transmis aux sociétés d'État en septembre 2015 et en mars 2016 respectivement. Dans le cas de PPP Canada, nous sommes satisfaits de rapporter que, pendant la période de notre audit, la société a appliqué les moyens et méthodes que nous avons examinés, de sorte qu'elle avait l'assurance raisonnable que ses ressources et ses activités étaient gérées de façon économique, efficiente et efficace.
[Traduction]
Dans le cas de VIA Rail, nous avons relevé des forces dans la façon dont la société avait géré ses opérations. Cependant, nous avons aussi relevé un défaut grave touchant la gouvernance de la société. Depuis plusieurs années, le plan d'entreprise et le financement de VIA Rail ne sont approuvés qu'à court terme et souvent tard dans l'exercice financier. Dans ces circonstances, il est difficile pour la société de mener ses activités avec économie, efficience et efficacité.
[Français]
Avant de vous laisser la parole, je veux revenir sur mes remarques préliminaires au sujet des données au sein du gouvernement. Les faiblesses dans la façon dont les ministères et organisations gouvernementales collectent des données, les utilisent et les mettent en commun ont une incidence directe et prononcée sur la capacité de la fonction publique à servir et protéger les Canadiens et Canadiennes.
[Traduction]
Autant dans ces derniers audits que dans d'autres qui remontent à plus loin, ce ne sont pas les exemples qui manquent pour justifier mon inquiétude au sujet de la manière dont les organisations publiques collectent et utilisent ou non les données. Ces audits montrent que les conséquences peuvent être graves quand les données que collecte le gouvernement ne sont pas utilisables, ou ne sont pas utilisées, ou ne déclenchent pas d'action. Dans le cas du programme de citoyenneté, on parle de faiblesses qui diminuent l'efficacité des efforts déployés pour combattre les risques de fraude.
Au sein de la Défense nationale, l'Armée canadienne n'a pas de données à jour sur les effectifs, et elle ne sait donc pas si les soldats de la Réserve sont entraînés et prêts à être déployés. Pourtant, l'Armée compte sur ces soldats pour remplir ses missions internationales.
[Français]
En ce qui concerne Anciens Combattants Canada, le ministère n'utilise pas les données qu'il recueille pour mieux comprendre comment ses clients utilisent les prestations pharmaceutiques. Cette occasion manquée est contraire à l'intérêt des vétérans. Les données sur l'utilisation des médicaments peuvent servir à appuyer les décisions du ministère sur les médicaments à rembourser dans des cas particuliers. Je crois que les ministères et organisations du gouvernement doivent se pencher de toute urgence sur cette question.
[Traduction]
Ils doivent travailler à obtenir les données dont ils ont vraiment besoin pour appuyer leurs activités. Ensuite, ils doivent s'assurer de les gérer correctement et de les tenir à jour. Enfin, ils doivent se servir de ces données non seulement pour informer les activités qui sont au coeur de leurs mandats, mais aussi pour alimenter la reddition de comptes et l'amélioration continue.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
La raison pour laquelle nous avons choisi le thème de ce rapport c'est que, tout d'abord, il revient dans bon nombre d'audits que nous publions au printemps. C'est un phénomène que j'ai remarqué au cours des quatre années et plus depuis que je suis dans mon poste. Il revient dans de nombreux audits que nous effectuons.
Nous en sommes maintenant à un stade où les gens s'attendent à ce qu'il y ait des données utiles, des données qui peuvent être analysées, qui peuvent aider les gouvernements à repérer les tendances afin d'améliorer leurs programmes, mais nous constatons de nombreux problèmes dans la façon dont les données sont recueillies.
Là encore, il faut d'abord s'assurer que les ministères comprennent les données dont ils ont besoin, la raison pour laquelle il faut les recueillir et l'usage qu'ils en feront. Ensuite, ils doivent prévoir une approche qui leur permet de stocker et d'utiliser les données et qui en garantit l'exactitude, afin que l'on puisse utiliser les données aux fins prévues.
Il est clair que divers facteurs entrent en ligne de compte. Dans certains cas, le gouvernement ne recueille pas de données alors que c'est possible et que cela l'aiderait à analyser et à mieux comprendre les programmes. Ce que nous voulons souligner cependant, c'est tout simplement que les données que recueille déjà le gouvernement doivent au moins être gérées correctement.
Vient ensuite la question plus élargie qui consiste à savoir si l'on devrait recueillir davantage de données et avoir des systèmes plus sophistiqués. À la base toutefois, il faut s'assurer que les données recueillies maintenant sont d'une qualité suffisante qui permet leur utilisation.
De plus, il faut accorder l'importance qui convient à la communication des données, tout en respectant les exigences en matière de protection de la vie privée, cela va sans dire. Il faut néanmoins pouvoir communiquer les données entre les divers ministères et programmes dans les cas où les données peuvent servir à plusieurs programmes. Nous avons vu le problème d'absence de communication des renseignements entre la GRC, l'Agence des services frontaliers du Canada et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour ce qui est de la détection de demandes de citoyenneté frauduleuses.
Bref, c'est ainsi que je décrirais le problème.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur Ferguson, et votre équipe, pour le travail que vous accomplissez et pour votre présence aujourd'hui.
J'aimerais revenir sur les excellentes questions de ma collègue, Mme Shanahan, concernant les données. Il n'arrive pas souvent que vous fassiez un pas en arrière concernant votre rapport pour parler de ce genre de choses, et lorsque vous le faites, nous devons y porter une attention particulière.
Je me souviens de notre séance de l'autre jour. Pour reprendre ce que vous avez dit — et veuillez me corriger si je me trompe —, cela fait maintenant deux ou trois décennies que nous mettons en place des systèmes et des programmes très sophistiqués qui fonctionnent. Ils sont à la fine pointe de la technologie et sont une référence dans le monde. Or, si l'on n'y intègre pas toutes les données qu'il faut en temps opportun et de façon efficace, et si on ne les analyse pas de la bonne façon, en toute honnêteté, tous les efforts consacrés à ces excellents systèmes sophistiqués échouent. Je vous remercie beaucoup d'avoir soulevé cette question.
De plus, je pense qu'il est très important que vous ayez pris le temps de montrer aux Canadiens, dans votre rapport et vos commentaires publics, dans quelle mesure cela a des répercussions sur les gens. Autrement, la question risque de se perdre. Ce n'est pas très chic. On ne verra jamais un gros titre qui contient des données, en principe, mais nous savons que c'est la pièce maîtresse. Si cela ne fonctionne pas, le reste ne fonctionne pas du tout.
Encore une fois, en décrivant les répercussions sur le programme de citoyenneté que vous avez analysé, vous avez dit aujourd'hui qu'on « [...] parle de faiblesses qui diminuent l'efficacité des efforts déployés pour combattre les risques de fraude ». Rien n'est plus d'actualité ou n'est plus important que la sécurité.
Je vais dire ce que vous avez dit ensuite.
Au sein de la Défense nationale, l'Armée canadienne n'a pas de données à jour sur les effectifs, et elle ne sait donc pas si les soldats de la Réserve sont entraînés et prêts à être déployés. Pourtant, l'Armée compte sur ces soldats pour remplir ses missions internationales.
Nous avons examiné cette question, et j'espère y revenir si j'en ai le temps.
Encore une fois, voici ce que vous avez dit:
En ce qui concerne Anciens Combattants Canada, le ministère n'utilise pas les données qu'il collecte pour mieux comprendre comment ses clients utilisent les prestations pharmaceutiques.
Voici l'essentiel:
Cette occasion manquée est contraire à l'intérêt des vétérans.
Combien d'autres signaux d'alarme faudra-t-il à la classe politique pour comprendre que c'est important?
Je veux également ajouter — et j'ai une question à poser — qu'au bout du compte, l'objectif du Comité des comptes publics n'est vraiment pas de prendre des gens en défaut, bien que certains observateurs pourraient le penser, concernant l'approche que nous adoptons à cet égard; en définitive, notre objectif, c'est de changer les comportements.
Certains trouveront cela étonnant, mais rien ne me rend plus heureux qu'un rapport qui indique qu'en général, tout baigne dans l'huile dans tel ministère. Cela m'enlève la possibilité de me plaindre comme un député de l'opposition, mais en tant que parlementaire... C'est comme lorsque je vous entends dire que les comptes annuels sont irréprochables. Cela me fait chaud au coeur. J'aime cela, peu importe quel parti forme le gouvernement. Notre objectif, c'est de changer les comportements de sorte que les sous-ministres et d'autres responsables ne se retrouvent pas ici à observer ce qui arrive à des hauts fonctionnaires qui ne suivent pas les choses comme ils le devraient.
Tout cela pour dire — et je vais en venir à quelque chose — que je me demande ce que nous pouvons faire. Je vous remercie d'avoir soulevé la question, monsieur. Nous faisons ce que nous pouvons dans cette arène publique, et cela fait partie des liens de coopération entre vos travaux et ceux du Comité. Or, que pouvons-nous mettre en place de façon permanente pour surveiller et évaluer, et nous assurer que les comportements changent — que les sous-ministres et les autres personnes responsables comprennent que c'est important et qu'à partir de maintenant, nous nous concentrerons sur cette question, entre autres choses?
Encore une fois, depuis mon arrivée ici, j'ai appris que si nous n'avons pas la capacité de mesurer quelque chose, nous ne pouvons pas vraiment déterminer si nous faisons des progrès.
Avez-vous des recommandations à nous faire sur les mesures que nous pourrions prendre pour vous aider à assurer qu'on s'occupe convenablement de ce volet important des travaux du gouvernement? Avez-vous des idées sur ce que nous pourrions faire à cet égard, monsieur?
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Merci, monsieur le président.
Je vais commencer par parler de deux ou trois choses.
Si j'ai utilisé cela comme thème, c'est que j'ai constaté qu'il revenait dans un certain nombre de nos audits et il me semblait qu'on ne le remarquait peut-être pas. Que ce soit dans une audience d'un comité ou ailleurs, on ne le remarque pas toujours et on ne pose pas nécessairement toutes les questions qu'on devrait poser aux ministères au sujet des données qu'ils devraient obtenir, même lorsque nous mentionnons qu'il y a des problèmes.
La première étape consistait à ce que je le soulève, et je suis ravi de constater que le Comité saisi l'importance de cette question. Tout d'abord, lorsque nous présentons un audit, et que l'on traite du fait que les données ne sont pas complètes ou qu'elles comportent certains problèmes, il faut poser des questions précises aux ministères pour savoir comment ils régleront le problème.
De plus, je crois qu'il serait utile que les membres du Comité n'oublient pas que parfois, lorsque nous examinons et évaluons un système, il se peut que nous constations que le niveau de qualité de certaines données ou informations est — je choisis un pourcentage au hasard — de 95 %. Bien des gens penseront que c'est un bon résultat, qui équivaut à recevoir une note de 95 % dans un examen scolaire, mais bien souvent, 95 %, ce n'est pas suffisant lorsqu'il s'agit de collecte de données. Il faut s'assurer que, lorsqu'on voit les résultats, on ne s'y fie pas sans réserve, et il faut que les membres du Comité réfléchissent et se disent que bien qu'il semble que ce soit un bon résultat, il y a lieu de se demander si c'est suffisant.
Il a été question des états financiers du gouvernement. Nous donnons nos points de vue sur les états financiers depuis un certain nombre d'années. Je pense que cela fait 15 ou 16 années de suite que le Bureau du vérificateur général est en mesure de donner une opinion sans réserve sur les états financiers du gouvernement du Canada. Pendant 15 années consécutives, l'ensemble du gouvernement a été capable de tenir ses renseignements financiers de telle sorte que nous pouvons les consulter et dire qu'ils cadrent avec les états financiers — dans les limites de la matérialité, bien entendu. Ce n'est pas comme s'il avait eu des difficultés sur ce plan et qu'il l'avait fait récemment seulement.
Cela me ramène à ce que je disais, c'est-à-dire que nous avons dépassé le stade... Les ministères ne devraient pas avoir les types de problèmes que nous observons dans le cadre des audits concernant la collecte et la gestion des données.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Ferguson, nous avons eu quelques rencontres avec vous. Nous apprécions énormément votre travail. Vous nous dites que les différents ministères appliquent les règles. Cependant, vous ajoutez que si le Bureau du vérificateur général ne fait pas de vérification, les ministères se laissent aller jusqu'à ce que vous jetiez un oeil dans leurs livres pour vérifier la situation.
Dans les sept rapports que nous avons eus de votre part, la majorité des ministères vous remercient et acceptent vos recommandations. C'est le portrait de la situation. En fait, c'est comme si, après avoir commis une infraction, quelqu'un se faisait prendre la main dans le sac par la police qui mène des vérifications et se ferait dire de suivre leurs recommandations à la suite de ce geste. Il est certain que la personne accepterait de les suivre.
Comme députés, nous sommes responsables des deniers publics. Nous voulons maximiser leur utilisation. Plus tôt, vous avez parlé des solutions au chapitre de l'évaluation et de l'efficacité. Vous disiez qu'on ne doit pas se satisfaire d'un niveau de résultats de 95 %. Vous avez entièrement raison.
Je fais appel à votre expertise en tant que vérificateur général et à celle de l'équipe compétente qui vous entoure. Êtes-vous en mesure de nous donner une méthode pour que chacun des ministères soit responsable, qu'il s'autoévalue et qu'il n'attende pas une vérification de votre part à tous les 6 ans, les 10 ans, les 15 ans, les 20 ans ou les 30 ans avant d'agir?
Il faut responsabiliser les gens des ministères. J'aurais besoin de votre expertise pour nous permettre d'être encore plus efficaces et pour que chaque Canadien et Canadienne qui paie ses impôts à Ottawa puisse en avoir pleinement pour son argent.
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Très bien. Merci, monsieur le président. Je vous remercie de me donner l'occasion de continuer.
J'aimerais continuer de parler de la question des données. J'ai seulement quelques instants, mais je dois dire — et je dirais à mes collègues — que je constate qu'une occasion unique s'offre à nous, une occasion qui n'a peut-être pas été aussi évidente depuis longtemps — du moins selon mes souvenirs, car je fais partie de ce Comité depuis 12 ans —, et c'est l'occasion de démontrer la synergie de deux entités qui travaillent ensemble.
Nous avons le vérificateur général et le travail qu'il effectue avec son équipe et nous avons le Comité permanent des comptes publics, mais souvent, même dans le milieu politique, nous ne nous rendons pas compte que ces deux unités font partie d'un système général. Selon mon expérience, dans les démocraties émergentes, la première étape en vue d'obtenir la démocratie est d'organiser des élections relativement libres et justes qui permettent à la volonté politique de la population de s'exprimer. C'est la première étape, et c'est la raison pour laquelle un si grand nombre d'entre nous se rendent en Ukraine pour tenter d'aider la population à franchir cette première étape qui consiste à mettre en place ce type de gouvernement représentatif.
La deuxième étape, qui suit la première de très près — et si vous étudiez la création de notre pays, c'est l'une des premières choses qui se sont produites après la mise en oeuvre des éléments principaux de la Confédération —, c'est la création du Bureau du vérificateur général. Notre Comité a été créé environ deux ans plus tard.
On considère souvent qu'il s'agit de deux entités distinctes, mais il s'agit de la même chose, et elles collaborent. C'est pourquoi — et je serai bref — le FMI et la Banque mondiale, même lorsqu'il s'agit de l'Ukraine et de l'argent qu'ils souhaitent investir là-bas, ont envoyé un message à l'échelle mondiale pour affirmer qu'ils sont prêts à investir des millions de dollars là-bas, mais que ces pays n'ont pas mis en oeuvre les systèmes nécessaires pour garantir que l'argent ne sera pas volé avant qu'il soit versé dans le trésor public.
Ce qu'ils voulaient faire, et l'appel a été lancé, c'était d'aider à obtenir... La Banque mondiale et l'OMC encourageaient l'Ukraine à renforcer son système de vérification des comptes publics par le vérificateur général.
Je prends ce portrait d'ensemble et je le réduis à une échelle plus petite, c'est-à-dire que pour le reste de la législature en cours, nous avons l'occasion de suivre les conseils du vérificateur général, qui a non seulement souligné cet enjeu, mais qui est heureux, à son avis, que nous reprenions le flambeau et que nous poursuivions ses efforts. Nous lui sommes reconnaissants d'examiner la situation d'un point de vue général.
Pour le reste de la législature en cours, monsieur le président, pourrais-je suggérer que nous demandions à nos analystes de préparer quelque chose pour tenir compte de tout ce qui a été dit ici lorsque nous rédigeons un rapport? N'oubliez pas que le vérificateur général nous a donné tous les outils dont nous avons besoin. Par l'entremise des questions de Mme Shanahan, je pense — mais quelqu'un d'autre a aussi posé les bonnes questions —, on a précisé que StatCan était un bon exemple de ce qu'il faut faire de la façon dont il faut le faire.
Je demande donc à nos analystes, par votre entremise, monsieur le président, en utilisant cela comme référence, de nous préparer quelque chose que nous pouvons utiliser, par exemple un modèle dans lequel cette question serait une priorité. Nous exprimerons clairement à tous les députés du gouvernement et à tous les SMA que nous nous attaquons à ce problème, et que lorsqu'ils recevront un rapport du vérificateur général d'ici la fin de la législature actuelle, nous leur poserons des questions pointues.
Le vérificateur général soutient qu'à son avis, on n'a pas posé suffisamment de questions pointues. Il nous indique, gentiment et diplomatiquement, que les intervenants des ministères ne sont pas nécessairement interrogés de la façon dont ils devraient l'être, et que nous ne devrions pas accepter sans discuter certains des problèmes liés à la collecte des données et les éléments considérés comme étant acceptables — par exemple, les pourcentages, etc. — et ceux qui ne le sont pas. Nous devons comprendre que ce n'est pas comme si le gouvernement devait créer quelque chose de nouveau, car pour produire ces audits sans problème dont je me vantais il y a quelque temps, il faut qu'ils mettent en place les instruments appropriés qui leur permettent de gérer les données.
Nous avons vraiment l'occasion, monsieur le président, de mettre en oeuvre un modèle qui indique qu'au cours de la législature actuelle et des années à venir, cet enjeu sera une priorité pour nous. Il s'agira d'un processus de haut niveau qui traitera tous les intrants. Je crois qu'en faisant cela, monsieur le président, nous pouvons également diffuser ce message lors de notre conférence nationale, car c'est une toute nouvelle évidence, si vous me permettez l'expression. Nous avons le travail du VG et les travaux de notre Comité et, ensemble, ces travaux nous permettront de régler ce problème de façon générale et de réussir, au bout du compte, ce que nous tentons d'accomplir, c'est-à-dire de modifier les comportements.
Merci, monsieur le président.