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Bonjour, tout le monde, soyez les bienvenus. Il s'agit de la séance 82 du Comité permanent des comptes publics, le mardi 30 novembre 2017.
Je rappelle à tous que notre séance est télévisée cette fois encore.
Nous essaierons de réserver un peu de temps ce matin pour les affaires du Comité. Il nous faudrait entre 15 et 20 minutes pour discuter d'une affaire, à la fin de notre emploi du temps d'aujourd'hui.
Aujourd'hui, nous étudions le « Rapport 2 — Les centres d'appels — Agence du revenu du Canada » des rapports de l'automne 2017 du vérificateur général du Canada. Comme témoins, nous accueillons du Bureau du vérificateur général, Michael Ferguson, vérificateur général du Canada et Martin Dompierre, directeur principal. De l'Agence du revenu du Canada, nous accueillons Bob Hamilton, commissaire du revenu et premier dirigeant; Frank Vermaeten, sous-commissaire, Direction générale de cotisation, de prestation et de service et Gillian Pranke, directrice générale, Direction des services aux centres d'appels, Direction générale de cotisation, de prestation et de service. Je vous remercie tous de votre présence.
Nous allons entendre les déclarations d'ouverture de nos témoins, et j'invite le vérificateur général à commencer.
[Français]
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter de notre rapport de l'automne 2017 sur les centres d'appels de l'Agence du revenu du Canada. Je suis accompagné de Martin Dompierre, le directeur principal qui était chargé de l'audit.
Chaque année, les contribuables ont des questions à poser sur leurs impôts. Les centres d'appels de l'Agence sont une source importante d'information sur l'impôt pour les membres du public, notamment ceux qui n'ont pas d'accès Internet, qui ne sont pas à l'aise avec un ordinateur ou qui ne trouvent pas de réponses sur le site Web de l'Agence.
Dans le cadre de notre audit, nous avons vérifié si les centres d'appels de l'Agence du revenu du Canada avaient donné aux Canadiens des renseignements exacts en temps opportun. Nous avons examiné les appels reçus sur trois des lignes téléphoniques de renseignements de l'Agence: celle des particuliers, celle des entreprises et celle concernant les prestations. Nous avons aussi examiné les méthodes de l'Agence pour évaluer le rendement des centres d'appels et en rendre compte.
Dans l'ensemble, nous avons constaté que l'Agence n'avait pas communiqué des renseignements exacts en temps opportun.
[Traduction]
Nous avons constaté que l’Agence avait bloqué 29 millions d’appels, soit plus de la moitié des appels reçus. L’Agence surveillait le temps d’attente d’un appelant qui souhaitait parler à un agent. Après une attente de près de deux minutes, l’Agence bloquait des appels, habituellement en activant une tonalité d’occupation, ou bien elle les transférait au système de libre-service automatisé.
L’Agence nous a dit que les appelants préféreraient entendre la tonalité d’occupation ou un message préenregistré plutôt que d’attendre plus de deux minutes pour parler avec un agent. Cependant, l’Agence n’avait pas sondé les appelants pour confirmer cette hypothèse. Les appelants devaient donc faire en moyenne trois ou quatre tentatives d’appels par semaine; et même après plusieurs tentatives, certains n’arrivaient pas à parler à un agent.
Nos tests ont révélé que le taux d’erreurs des agents était beaucoup plus élevé que ce que l’Agence avait estimé. Les agents des centres d’appels nous ont donné des renseignements inexacts près de 30 % du temps. Ce résultat se compare aux résultats d’autres évaluations, et il est beaucoup plus élevé que le taux d’erreur estimé par l’Agence du revenu du Canada.
Nous avons constaté que le système de contrôle qualité de l’Agence ne testait pas l’exactitude des réponses des agents de manière efficace ni indépendante. Les résultats des tests n’étaient donc pas fiables. Par exemple, dans la plupart des cas, les agents savaient que leurs appels étaient surveillés, ce qui peut les avoir incités à modifier leur comportement pour améliorer leur rendement.
Finalement, selon l’Agence, environ 90 % des appelants avaient pu joindre le libre-service automatisé ou un agent d’un centre d’appels. Cependant, nous avons constaté que ce pourcentage ne tenait pas compte des appels bloqués, soit plus de la moitié des appels reçus.
[Français]
Seulement 36 % de tous les appels passés aux centres d'appel de l'Agence ont été pris par un agent ou le libre-service automatisé et ont duré au moins une minute. De plus, en bloquant les appels ou en les dirigeant vers le libre-service, l'Agence a pu indiquer qu'elle avait respecté sa norme de service de deux minutes sur les délais de réponse des agents.
Nous sommes heureux d'indiquer que l'Agence du revenu du Canada a accepté nos quatre recommandations et qu'elle s'est engagée à prendre les mesures qui s'imposent.
[Traduction]
Monsieur le président, voilà qui conclut ma déclaration d’ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président, de me donner l'occasion de m'adresser au Comité aujourd'hui.
Comme vous l'avez mentionné, je suis accompagné de Frank Vermaeten et de Gillian Pranke de l'Agence, qui ont la responsabilité de surveiller les centres d'appels de l'ARC.
Après ma première année à titre de commissaire, je peux témoigner de l'engagement des employés de l'Agence envers l'amélioration des services offerts aux Canadiens, la lutte contre l'évasion fiscale et l'évitement fiscal abusif, et l'administration juste et équitable du régime fiscal et de prestations du Canada.
[Français]
Je suis ici aujourd'hui pour vous parler du rapport de l'automne 2017 du vérificateur général portant sur les centres d'appel de l'ARC.
Monsieur le président, le vérificateur général a recommandé que l'ARC prenne des mesures pour répondre aux normes de services offerts dans ses centres d'appel. À cette fin, il a fait les trois recommandations suivantes: améliorer l'accessibilité; rehausser la qualité du service et fournir des renseignements exacts; et améliorer les évaluations et les rapports sur les programmes.
[Traduction]
L'Agence est d'accord avec ces recommandations. Nous devons faire mieux.
Les services que l'Agence offre aux Canadiens sont au coeur de sa mission. Il s'agit aussi d'un élément fondamental du mandat de la ministre, comme l'a clairement défini le .
Comme il a été demandé, monsieur le président, les membres du Comité ont reçu à l'avance une copie de notre plan d'action pour qu'ils puissent l'examiner. Ce plan d'action définit comment l'Agence mettra en oeuvre les recommandations du vérificateur général. Il énumère aussi l'approche que prendra l'ARC pour appuyer le perfectionnement du personnel, pour introduire une nouvelle technologie et pour améliorer ses systèmes et processus opérationnels.
Permettez-moi, monsieur le président, de vous assurer que les employés qui travaillent dans ces centres d'appels partout au pays, ainsi que leurs collègues responsables de la technologie de l'information et de l'établissement de rapports, s'engagent à mettre ce plan en oeuvre. Ils ont fait preuve d'intégrité et d'innovation dans le cadre de leur travail pour trouver des solutions afin d'améliorer les services offerts aux Canadiens. Je suis fier du travail que nos employés accomplissent chaque jour.
Un élément important du plan d'action est d'offrir une formation supplémentaire et des outils améliorés à tous les agents des centres d'appels pour qu'ils aient l'information et les outils dont ils ont besoin pour offrir les services sur lesquels les Canadiens comptent. Ces améliorations comprendront la mise en place d'outils pour mieux évaluer la compétence des agents et voir s'ils sont bien préparés.
L'Agence s'apprête aussi à adopter une nouvelle plateforme technologique de centre d'appels plus moderne qui lui permettra d'améliorer les services qu'elle offre aux Canadiens.
Le plan d'action définit aussi la manière dont l'Agence mettra à jour ses normes de service et l'établissement de ses rapports pour les centres d'appels. L'Agence s'est engagée à être plus transparente auprès des Canadiens et à veiller à ce qu'ils connaissent le niveau de service auquel ils peuvent s'attendre de sa part et comment elle répond à ces attentes.
[Français]
Avant de mettre en place cette nouvelle technologie, l'Agence a déjà pris un certain nombre de mesures, au cours de la dernière année, pour améliorer et moderniser les services offerts dans les centres d'appel.
[Traduction]
Nous avons embauché plus d'agents dans les centres d'appels et amélioré nos systèmes et processus actuels pour améliorer l'accès des Canadiens à nos centres d'appels.
Nous avons prolongé le temps d'attente, qui est passé de deux à cinq minutes, pour réduire le risque d'obtenir une tonalité de ligne occupée, conformément aux recommandations du vérificateur général.
Nous avons augmenté le nombre d'options offertes aux appelants au moyen de notre système de réponse vocale interactive qui offre aux appelants des options de libre-service s'ils ne peuvent pas parler immédiatement à un agent. Au moyen de ces options de libre-service, nous avons réduit la pression sur les agents des centres d'appels afin que ceux-ci puissent prendre le temps nécessaire pour aider les appelants ayant des questions plus complexes.
[Français]
Grâce à ces changements, le taux de succès est plus élevé, lorsque les Canadiens tentent d'accéder aux lignes téléphoniques des centres d'appels.
[Traduction]
Depuis que l'Agence a reçu des fonds du budget de 2016, la possibilité qu'une personne obtienne une tonalité de ligne occupée a diminué de moitié lorsque celle-ci appelle la ligne des demandes de renseignements sur l'impôt des particuliers. Les Canadiens appellent l'Agence en moyenne deux fois avant de pouvoir joindre un agent, plutôt que quatre fois, comme l'a mentionné le vérificateur général dans son rapport. Nous répondons maintenant à environ 50 % des appels.
Même si nous savons que nous pouvons toujours faire mieux, et que nous le ferons, cela représente un certain progrès qui se traduit par une satisfaction accrue de la clientèle, comme l'indiquent nos sondages auprès des appelants. Alors que nous élaborons des méthodes de plus en plus sophistiquées pour offrir de meilleurs services, les Canadiens peuvent compter sur l'ARC pour exécuter ses programmes de façon équitable et fiable.
L'an dernier, le vérificateur général a présenté le processus d'appels de l'Agence et a signalé les points à améliorer. Nous avons créé un plan d'action pour régler ces problèmes.
Je me présente devant le Comité pour discuter de ce plan. J'ai le plaisir d'annoncer que nous respectons ces engagements et que nous avons fait des progrès. Soyez assuré, monsieur le président, que l'ARC mettra en oeuvre le plan d'action concernant les centres d'appels avec le même engagement et la même détermination.
Je répondrai maintenant avec plaisir à toutes les questions que le Comité pourrait avoir concernant les réponses que nous avons données aux recommandations du vérificateur général ou concernant notre plan d'action. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Pour revenir à vos commentaires, la majorité des appels que nous recevons à nos bureaux, je dirais presque la moitié, portent sur la difficulté à joindre l'ARC. Lorsque ce rapport est sorti, j'ai bien peur qu'aucun député n'a été surpris que l'on reproche à l'ARC d'être difficile à joindre. Ce qui a été mis en évidence, toutefois, ce sont les raisons de cette situation, et l'état des lieux au moment où on se parle.
Ma plus grande inquiétude tourne autour de l'idée que répondre à seulement 30 % des appels constitue une pratique acceptable. À quel moment cela a-t-il commencé? J'ai exercé le droit fiscal. À l'époque, nous pouvions tout simplement nous rendre directement dans un bureau de l'ARC. Une fois sur place, nous pouvions rencontrer quelqu'un et nous entretenir avec cette personne. Nous pouvions téléphoner et obtenir rapidement une réponse. Cela remonte à 15 ou 20 ans, et aujourd'hui, c'est comme si nous faisions face à un mur. Un mur qui envoie le message suivant, « Vous ne pouvez pas nous parler ». Je demande à quel moment cette culture a commencé à se mettre en place. C'est extrêmement préoccupant aujourd'hui. Déclarer qu'un niveau de 30 % est acceptable, et que c'est essentiellement la norme en ce qui nous concerne.
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Pour répondre à votre question, je vais revenir un peu en arrière, parce que je crois qu'il est important de comprendre comment c'est apparu. Nous aimerions que davantage de gens puissent nous joindre. C'est un fait.
Cependant, nous utilisons une technologie qui nous empêche de faire un tas de choses, y compris indiquer aux appelants combien de temps d'attente pour leur appel. Nous avons adopté une norme de service selon laquelle, une fois que l'appelant a obtenu la communication, il sera mis en contact avec un agent dans un délai de deux minutes, et ce, 80 % du temps. Lorsque le système doit gérer une demande excessive, pour pouvoir respecter cet engagement, nous devons donner la tonalité d'une ligne occupée à certaines personnes. C'est un compromis que nous avons dû faire au moment de la conception du système. Dans d'autres pays, on a retenu une approche différente, et on laisse les appelants attendre en ligne aussi longtemps que nécessaire, même si cela doit prendre une demi-heure.
Une décision a été prise au début des années 2000 et nous avons adopté cette norme de service. Pour la respecter, nous devons être en mesure de contrôler le nombre de personnes qui obtiennent la communication, et c'est ce qui déclenche la tonalité de ligne occupée. Il ne s'agit pas de dire que c'est une pratique acceptable de rejeter l'appel de ces personnes. C'est tout simplement la manière dont nous gérons le système. Et il est vrai que nous sommes impatients d'adopter une nouvelle technologie qui conférera un peu plus de souplesse à notre administration des centres d'appels, un peu plus comme le font nos collègues.
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Monsieur Hamilton, vous avez vous-même abordé le point de l'exactitude. En guise d'introduction, peu importe à quel point les résultats de la vérification sont mauvais, on éprouve toujours un sentiment de malaise, lorsque ces renseignements sont rendus publics, et non transmis en privé, mais ces conclusions sont brutales. Ce rapport est épouvantable.
Permettez-moi de vous dire que dans n'importe lequel des postes que j'ai occupés, et avec n'importe lequel de mes employés, si 84 % du temps, il devait fournir une réponse erronée, supposons que le 84 % en question comprend les fois où il a répondu « Je ne connais pas la réponse », même si c'est plutôt l'inverse, nous n'aurions pas fait long feu. Je peux vous affirmer sans l'ombre d'un doute que si la population de Barrie—Springwater—Oro-Medonte apprenait que, 84 % du temps, les réponses que je donne à une question quelconque, sont erronées, elle s'arrangerait pour que je disparaisse dans deux ans.
Je sais qu'il s'agit d'une valeur nettement aberrante, à l'extrémité du spectre des résultats de la vérification, mais aucun de ces résultats, pour dire franchement, n'inspire confiance dans les agissements de l'ARC. En me fondant sur les résultats de cette vérification, je me demande quels résultats vous obtenez aujourd'hui sur ce point. Est-ce que vous prenez les questions qui ont été posées par le vérificateur général, et est-ce que vous tentez ensuite de mesurer les résultats, dorénavant, avec exactement les mêmes questions, afin d'utiliser un processus d'évaluation à partir d'éléments semblables?
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Monsieur le président, pour répondre à cette question, évidemment, nous parlons de l'exactitude des réponses, et nous savons que nous devons améliorer la formation de nos agents qui répondent aux demandes de renseignements. Nous devons aussi faire en sorte que les questions posées soient dirigées vers les agents qui sont compétents pour y répondre.
Dans le premier cas, l'une des choses les plus importantes, à mon avis, est que la nouvelle technologie que nous adopterons l'an prochain nous permettra de surveiller plus étroitement le déroulement des appels. Actuellement, nous utilisons l'écoute côte à côte. C'est dans le rapport du vérificateur général. Nous disposons de divers moyens avec cette technologie de vérifier le contenu des appels, mais ce n'est pas parfait. Le vérificateur général a déclaré que lorsque l'écoute s'effectue à côté de la personne, c'est susceptible d'influencer son comportement au cours de l'appel.
Avec le nouveau système, nous aurons la possibilité d'enregistrer et de surveiller de façon plus indépendante. Je pense qu'ainsi nous serons mieux à même de cerner les problèmes et ce qu'il y a lieu de corriger, mais nous n'attendons pas l'arrivée de cette technologie. Nous avons déjà commencé à prendre des mesures. Nous avons analysé notre système de formation. Nous essayons de l'améliorer.
Tous nos agents reçoivent une formation de six semaines avant de commencer à répondre aux appels. Ils suivent des cours de recyclage chaque année en fonction des changements qui sont survenus en cours de route. Nous étudions la situation, et nous essayons de faire en sorte qu'ils disposent des meilleurs outils et de la meilleure formation possible; nous leur fournissons des documents de référence qui sont plus faciles à consulter...
« Quand l'Agence commencera-t-elle à facturer des intérêts? », voilà une question très simple à laquelle chaque agent de l'ARC devrait pouvoir répondre. Le fait qu'environ 1 sur 10, ou 2 sur 10 aient fourni une réponse erronée... Parmi les 80 % qui n'ont pas donné une réponse erronée, 20 % pourraient avoir répondu « Je ne connais pas la réponse ».
Ce sont des questions très simples. Je ne comprends pas comment nous en sommes arrivés là. Je ne comprends pas non plus pourquoi nous attendons que ce genre de situation se produise, pourquoi nous attendons la tenue de ces vérifications, avant de procéder à une transition vers une nouvelle technologie. Pourquoi faut-il attendre les résultats les plus négatifs de votre ministère pour que l'on commence à envisager ce type de changements? Qu'il s'agisse de formation, d'évaluation du rendement, ou du déroulement du processus proprement dit, je n'arrive pas à comprendre pourquoi il faut attendre si longtemps et que des circonstances aussi dramatiques se produisent avant de réagir. Vous dites n'être en poste que depuis un an, alors peut-être que cela ne dépend pas seulement de vous et du poste que vous occupez, mais vous représentez le ministère en ce qui concerne tout ce qui a été mentionné dans ce rapport de vérification.
Il faut qu'il y ait des changements à l'avenir et que le ministère se montre proactif en veillant à ce que l'on mesure les résultats avec exactitude, et à ce que l'on travaille en fonction des mêmes critères que ceux qui ont été utilisés par le vérificateur général. Ainsi, lorsque vous reviendrez dans un an, nous pourrons prendre un instantané de la situation, et déclarer, « Les résultats étaient de 84 %, et maintenant, ils se situent à 24 % », ce qui est encore assez élevé, mais qui montre que nous progressons dans la bonne direction. Pensez-vous être en mesure de faire cela pour nous d'ici un an?
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Je dois vous dire que cela me paraît plus être un baratin de vente qu'une réponse. Les choses ne vont pas bien. J'ignore qui vous a dit que c'était l'approche à adopter, mais avec un audit comme celui-là, la première chose que vous devriez faire, monsieur, c'est reconnaître la performance lamentable du ministère dont vous êtes responsable.
Je reviens aux remarques liminaires du vérificateur général dans sa présentation du rapport global. C'est un des chapitres. Le vérificateur général a dit la semaine dernière qu'il espérait parler d'autre chose que des résultats pour les citoyens. Il a déclaré qu'il continue à dire que le gouvernement ne comprend pas sa performance du point de vue des contribuables.
Ensuite, à la page 18 du rapport du vérificateur général, on peut lire vers le milieu du paragraphe 2.78: « Si l'Agence avait fait rapport sur l'accès aux services de ses centres d'appels [...] le point de vue des contribuables [...] ». Je suis curieux de savoir quelle partie du « point de vue des contribuables » vous ne comprenez pas. Vous continuez à me parler de toutes les évaluations que vous faites à l'interne, et de comment tout va bien aller, alors que le vérificateur général déclare que l'ensemble de ce gouvernement ne comprend pas que les services commencent par les citoyens. Ce rapport démontre clairement que votre ministère, votre agence, n'a pas fait cela.
Parlez-moi des remarques du vérificateur général selon lesquelles le gouvernement échoue à cet égard, et le fait qu'il a utilisé exactement les mots « point de vue des contribuables » dans cet audit lamentable de votre agence.
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Monsieur le président, nous estimons sans aucun doute devoir examiner les choses du point de vue des contribuables. Permettez-moi de vous donner deux exemples.
L'an dernier, j'ai parlé de notre fonction d'appel, et on nous avait accusés de ne pas faire rapport du temps que cela prend du point de vue du contribuable. Nous comptions ce temps du point de vue de la Direction générale des appels. Nous avons accepté cette critique, nous avons changé et nous faisons rapport maintenant du temps global, du début à la fin. C'est un des changements que nous allons apporter, et nous avons l'intention de faire preuve d'une grande transparence dans nos rapports sur tous les aspects.
Nous allons non seulement tenter de répondre aux appelants qui sont dans la ligne d'attente dans un délai raisonnable, que ce soit deux minutes ou cinq minutes, mais nous déclarerons aussi avec transparence le nombre d'appels recevant une tonalité d'occupation et d'appels restés sans réponse. De fait, c'est ce que nous avons déclaré avec plus de transparence dans le Rapport sur les résultats ministériels cette année; donc, il y a amélioration et nous continuerons à nous améliorer ainsi qu'à suivre la démarche selon laquelle nos actions et nos rapports sont examinés par le client, du point de vue des contribuables.
Parlant du Rapport sur les résultats ministériels, le fait que vous avez donné des renseignements pratiquement erronés aux contribuables est un énorme problème. Je reviendrai là-dessus dans un instant.
J'aimerais me pencher de plus près sur votre Programme national d'apprentissage de la qualité et de l'exactitude. Le vérificateur général a déclaré, au paragraphe 2.39 de la page 9:
À la lumière de nos tests, nous avons constaté que les agents des centres d'appels avaient donné des renseignements erronés aux appelants dans près de 30 % des cas. Nous avons aussi constaté que d'autres évaluations avaient révélé des taux d'erreur similaires au cours des cinq dernières années.
Quand on regarde le tableau de la pièce 2.4 à la page 10, on constate que votre agence et ce Programme national d'apprentissage de la qualité et de l'exactitude ont admis avoir un taux d'erreur de 6 %, alors que selon le vérificateur général, ce taux est plus proche de 30 %.
Je n'ai pas trouvé dans votre plan d'action la mention d'un remaniement important de ce service de mesure. Il y a un grand nombre d'analyses, mais ça donne quoi? Qu'est-ce que ce service de mesure qui est supposé présenter des renseignements précis, mais au travail duquel personne ne peut se fier? Que faites-vous à ce sujet? Je n'ai vu aucune trace de remaniement de ce service. Je suis profondément perturbé de constater que vous avez des agents d'assurance de la qualité qui examinent la situation et reviennent donner aux Canadiens cette assurance qui est tout à fait mal fondée. Il a fallu que ce soit le vérificateur général qui déclare que les renseignements étaient erronés. Autrement dit, ce n'est pas ce service qui est fourni, c'est en fait celui-ci. Qu'est-ce que cette histoire?
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Je vais répondre à une partie de votre question, puis je demanderai à mon collègue de parler plus en détail de la formation.
Sur le plan de l'assurance de la qualité, vous pouvez voir dans notre plan d'action que nous avons, ou nous avions, l'intention d'avoir dans notre plan d'action deux principales orientations de changement. Tout d'abord, nous allons remanier notre formation; nous allons dispenser une meilleure formation à nos agents et leur fournir de meilleurs outils. Nous commençons déjà à faire ça maintenant, mais nous pourrons faire un meilleur travail à ce sujet quand nous aurons la nouvelle technologie. Nous allons améliorer la formation, donner aux agents de meilleurs outils et, grâce à la nouvelle technologie, nous pourrons mieux acheminer les questions aux personnes les mieux placées pour y répondre. C'est donc une des choses que nous allons faire.
Deuxièmement, avec la nouvelle technologie — et il va nous falloir attendre pour ça —, nous pourrons mieux surveiller les appels et réagir à ce qui pourrait être un problème pour le corriger par de la formation et l'éducation des agents. Ce sont là les deux principales orientations, et je demanderai à Frank s'il veut bien parler des leçons du passé.
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Le fait que nous ayons l'écoute côte à côte plutôt que l'enregistrement des appels constitue un gros problème. Comme l'a signalé justement le vérificateur général, cela nous met dans la situation où nous ne pouvons pas voir une mesure exacte des taux d'erreur tout le temps. Nous avons procédé nous-mêmes à un audit interne et conclu que nous avions des taux d'erreur semblables à ceux déclarés par le vérificateur général. Nous avons donc mis au point un plan de formation, et nous avons un nouveau processus de formation appelé « entrée et imbrication », que je serais heureux de vous expliquer si nous avons le temps.
La nouvelle technologie changera radicalement les choses en permettant l'enregistrement des appels, de sorte qu'à l'administration centrale, nous serons en mesure de suivre les gens sur le terrain et déterminer leur taux d'exactitude. Dans le cas des erreurs systématiques, nous serons en mesure de rectifier le tir grâce à ces nouveaux renseignements.
Un autre aspect de la technologie sera très important, soit le routage par compétence. Autrement dit, les appels seront acheminés beaucoup plus rapidement aux bons agents et aux bons paliers, et ils recevront donc plus probablement la bonne réponse. À mon avis, au cours de la prochaine année, bien des choses contribueront à améliorer notre exactitude. Nous pourrons bien mieux mesurer notre exactitude et nous pourrons réagir au moyen d'une meilleure formation et grâce à l'enregistrement des appels et au routage par compétence.
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Sur ce plan, nous faisons toujours de notre mieux avec les ressources dont nous disposons. Nous n'avons pas des fonds illimités, et nous devons toujours pondérer nos choix.
Je vous dis ici que nous allons investir dans cette technologie, mais je ne veux pas vous donner l'impression qu'il s'agit seulement de la technologie. Celle-ci nous aidera énormément, mais nous prenions des mesures avant ça. Nous devons examiner nos systèmes. Nous devons examiner notre formation. Toutes ces choses seront des pressions continues.
Il y a une autre chose intéressante que je n'ai pas mentionnée, et c'est le fait que le service est un outil beaucoup plus exhaustif que les centres d'appels seulement, et nous devons nous pencher sur les renseignements que nous offrons en général dans le domaine du service. Comment se présente notre site Web? Les gens peuvent-ils le consulter et obtenir les renseignements dont ils ont besoin, au point de ne plus avoir à appeler aussi souvent?
Nous examinons tous les aspects de la façon dont nous fournissons des renseignements aux Canadiens, mais nous parlons aujourd'hui des centres d'appels. La technologie sera un grand changement pour nous, mais aussi, comme je l'ai déjà dit, nous examinons notre formation et nos systèmes pour nous assurer de fournir à nos gens tous les outils dont ils ont besoin.
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Au lieu de fixer une nouvelle norme de service précise, nous faisons deux choses.
Nous tentons d'augmenter la transparence quant à ce qui se passe. J'ai mentionné que nous allons non seulement présenter un tableau plus complet de la façon dont nous répondons quand un appelant entre dans le système, mais aussi présenter un tableau du nombre de personnes qui entrent en communication. Nous nous concentrons sur cet aspect de la transparence. Nous avons fait le premier pas dans le Rapport sur les résultats ministériels. Nous espérons améliorer très bientôt — peut-être même le mois prochain — nos rapports à ce sujet sur le site Web. L'augmentation de la transparence constitue la première étape.
Nous avons procédé à une expérience, si j'ose m'exprimer ainsi, pour déterminer comment le fait de changer le temps d'attente — l'allonger un peu plus et laisser entrer un peu plus de personnes — influerait sur la satisfaction des clients. Jusqu'à présent, les résultats semblent quelque peu positifs. Nous continuerons probablement à avoir un peu plus de souplesse au niveau des temps d'attente à compter de maintenant.
En ce qui concerne une nouvelle norme de service, une fois que nous recevrons la nouvelle technologie et serons en mesure de préciser aux gens dès le départ quel sera leur temps d'attente, nous fonctionnerons un peu différemment. Je crois que cela entraînera une nouvelle sorte de norme de service. Nous verrons comment celle-ci se présentera.
À l'heure actuelle, je me préoccupe davantage de m'assurer que nous faisons de notre mieux et de faire preuve d'autant de transparence que possible pour ce qui est de dire aux Canadiens ce à quoi ils peuvent s'attendre et ce que nous pouvons faire. Ensuite, quand la nouvelle technologie arrivera en début d'année, nous réexaminerons...
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Je vous arrête là, monsieur Hamilton, parce que mon temps est limité. Votre réponse me dit qu'il n'y a essentiellement aucune norme de service semblable à celle que vous aviez fixée auparavant. Vous parlez de la nouvelle technologie. Vous parlez de la transparence. Pour moi, c'est assez transparent. Il y a ici un rapport qui vous dit très clairement ce qui ne va pas. Franchement, à mon sens, la chose la plus importante que vous pourriez faire serait de fixer une nouvelle norme de service et de vous efforcer de l'atteindre. À l'heure actuelle, la norme de service ne s'applique qu'aux appels qui entrent dans le système, mais il y a de nombreux appels qui n'atteignent même pas un agent. Le vérificateur général signale très clairement que, seul un tiers des appels atteignent un agent, d'après les renseignements qui étaient disponibles.
Vous avez parlé de la nouvelle technologie. D'après votre plan d'action ministériel, je peux voir que vous disposez de la technologie permettant d'acheminer les appels différemment et de permettre aux appelants d'être mieux informés de leur temps d'attente. Cependant, à dire franchement, je suis perplexe. Vous avez dit plus tôt que le rapport du vérificateur général ne vous surprenait pas et que vous n'attendez pas avant d'agir que le vérificateur général produise un rapport. Dans votre plan d'action, cependant, vous dites que vous ne lancerez « une nouvelle approche de formation et d'évaluation des agents » qu'au cours du premier trimestre de l'exercice, alors que vous disposiez déjà de ces renseignements et saviez quelles ont été les lacunes de service au cours des cinq dernières années. Cela était très clair dans le rapport du vérificateur général. À la rubrique 2.39, celui-ci précise: « Nous avons aussi constaté que d'autres évaluations avaient relevé des taux d'erreur similaires au cours des cinq dernières années. »
Ainsi donc, depuis cinq ans, vous savez que les appelants n'obtiennent pas les bons renseignements dans 30 % des cas en moyenne. Vous dites que vous n'êtes pas surpris et que vous n'attendez pas le rapport du vérificateur général, et pourtant vous ne commencez que maintenant une « nouvelle approche de formation ». Dans quelle mesure cela est-il logique?
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Du côté de l'accès, nous avons réglé notre système pour permettre à plus de gens d'entrer en communication. Cela signifie que ceux qui accèdent au système pourraient avoir à attendre un peu plus longtemps. Bien que les temps d'attente aient augmenté un peu, nous avons constaté qu'environ 50 % des appelants accèdent au système. Je ne dis pas que c'est parfait ou que ça finit là, mais ce sont de meilleurs résultats que ceux constatés lors de l'audit du vérificateur général. C'est une chose que nous faisons maintenant avant la technologie. Une fois la technologie en service, nous serons en mesure de donner aux appelants une idée du temps d'attente, et il n'y aura plus de tonalité d'occupation, ou très peu. Ce sera un contexte tout à fait différent, mais nous agissons maintenant.
Quant au système de formation, tous les agents reçoivent six semaines de formation. C'est une chose que nous surveillons constamment. Nous vérifions s'il y a des problèmes et s'il faut apporter des ajustements. Récemment, nous avons apporté d'importants changements que nous mettons en vigueur. Comme l'a dit Frank, nous avons un nouveau processus d'entrée pour la façon dont les agents répondent aux appels, ainsi qu'une nouvelle fonction d'imbrication, selon laquelle ils collaborent pour une amélioration. Nous apportons des améliorations maintenant, avant l'arrivée de la technologie. Ce n'est pas après le rapport du vérificateur général que nous avons décidé d'investir dans la nouvelle technologie; cette décision a été prise, est en cours d'exécution et le matériel arrivera l'an prochain.
C'est une chose que nous devons améliorer. Je ne crois pas que je pourrais être plus clair en disant au Comité ou dans notre plan d'action que nous devons nous améliorer, et nous estimons avoir un plan pour le faire.
Monsieur le président, il n'arrive pas souvent qu'il y ait un audit très négatif, que le ministère vienne, et que la perception du Ministère se détériore, mais c'est le cas ici. J'ai l'impression de regarder un épisode de Yes, Prime Minister ou Yes Minister, pour ceux qui savent de quoi je parle, et je retire l'impression que l'ARC a une attitude générale de laissez-faire: « Ça m'est égal », « C'est comme ça ».
Voici une analogie pour nos amis à l'ARC. Vous n'arrêtez pas de dire « technologie », et c'est comme si vous conduisiez une voiture, avez un accident avec celle-ci et déclarez: « Eh bien, nous avions justement besoin d'une nouvelle voiture »; ce n'est pas ce dont on a besoin. Le conducteur doit être mieux formé. Il faut qu'il y ait une culture entièrement nouvelle. La technologie peut produire des gains d'efficience, elle peut être un produit, elle peut être un élément fondamental d'un processus, et c'est un secteur de notre économie, mais ce n'est pas une culture. Ce problème est un problème de culture.
Si ce n'était pas un problème de culture, nous n'aurions pas des tableaux dans ce rapport — et je sais que ceux-ci démontrent à quel point c'est grave —, et en plus la meilleure entrée de ces quatre tableaux est un pourcentage de 52 % de réponses erronées. Vous n'êtes même pas arrivés à 50 %. C'est aberrant que nous parlions maintenant de technologie. Je ne veux pas entendre parler de technologie. On en entendra suffisamment parler avec Phénix.
J'aimerais savoir quel changement de culture se fera dans ce ministère, dans l'ARC dans son ensemble.
Il n'y a pas de secret, c'est un désastre en quelque sorte, et j'aimerais savoir ce qui va changer pour que mes contribuables et les contribuables de tous les députés qui siègent ici ne continuent pas à venir se plaindre à nous de tous les problèmes que nous entendons tout le temps. Nous avons la responsabilité de vous faire comparaître devant nous. Quand vous venez ici, essayez de faire preuve de responsabilité et de transparence et dites « Nous allons faire preuve de transparence, nous allons acquérir la technologie et nous allons changer la formation », ça ne suffit pas.
Je n'arrive pas à croire que nous avons accès à ce rapport depuis maintenant deux semaines qu'il a été publié. J'ignore depuis combien de temps vous avez eu accès à ce rapport, mais ça ne suffit pas. Je n'ai même pas une question, parce que je ne pense pas que vous pourriez répondre à quoi que ce soit. C'est aussi grave que ça. Je ne comprends pas où nous allons avec ça. Je ne suis même pas sûr que nous allons vous demander de revenir dans un an, si ce n'est que pour vous demander: « Bon, votre taux d'erreur est-il maintenant à 50 % plutôt qu'à 84 % pour cette question? », ou « Est-il maintenant à 25 % au lieu de 52 %? » Je ne suis même pas sûr où on s'en va, parce que l'année prochaine, vous nous direz: « Eh bien, nous avons mis en place la technologie, mais ça prend entre six et 12 mois pour que tout soit installé dans le système. » Dans trois ans, nous aurons encore ces résultats pitoyables venant de l'ARC. Cette agence a besoin d'un changement mur à mur de sa culture et non pas d'un nouvel élément de technologie.
C'est tout ce que j'avais à dire.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je crains que je vais poursuivre dans la même lancée que mon collègue, mais j'aimerais plus savoir comment les choses ont changé, parce que, comme mon collègue M. Lefebvre, j'ai travaillé dans des services bancaires et fiscaux au cours des 20 à 25 dernières années. Il m'arrivait souvent de dire à mon client: « Eh bien, appelons simplement l'ARC pour aller au fond de ce problème », d'atteindre un agent très rapidement, d'obtenir une réponse, puis de pouvoir continuer.
De fait, à l'époque comme j'étais une Québécoise, j'avais la joie supplémentaire d'appeler Revenu Québec; à l'époque, c'était Revenu Québec qui avait des difficultés à répondre à nos questions en temps opportun. Or, il y a environ 10 ans, j'ai noté un renversement de la vapeur. Nous avions plus de difficultés à atteindre l'ARC. Revenu Québec avait amélioré son service considérablement.
Je demanderais au vérificateur général de bien vouloir me donner un peu une perspective historique, parce que je suis sûre que ce n'est pas la première fois que vous avez fait un audit de l'ARC, de la qualité de ses services et de ses temps de réponse. Donnez-nous une idée un peu de cela. Nous pourrions peut-être découvrir la cause profonde de ce changement de culture. Je conviens que ce doit être incroyablement frustrant pour les employés — qui, j'en suis sûre, font leur travail avec grande fierté — d'avoir à donner une réponse erronée pour mettre fin. Qu'est-ce qui a changé? Est-ce le rendement — et je poserai la question à M. Hamilton et à son équipe — et quels sont les indicateurs de rendement qui sont utilisés pour les employés? Ont-ils changé au fil des ans, de sorte que les employés sont maintenant motivés autrement quand ils reçoivent les appels du public?
Je demanderai au vérificateur général de répondre en premier, si vous voulez bien.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais reprendre là où Mme Shanahan était avant de passer à ma question principale.
À la rubrique 2.79, à la page 18, on peut lire:
Selon l'analyse interne de l'Agence, les appelants ont raccroché avant même d'entendre les options du menu principal dans, en moyenne, 75 % des cas d'appels réacheminés vers le système automatisé.
De plus, nos analyses ont montré que 69 % des appelants qui avaient joint le système avaient rappelé jusqu'à ce qu'ils puissent joindre un agent.
Là encore, vous avez acheminé les gens au système automatisé, et 75 % d'entre eux ont raccroché; pourtant, vous nous dites que vous êtes à l'écoute de ce que veulent les Canadiens. Il y a donc une énorme dichotomie entre ce que vous pensez que les Canadiens veulent et ce qu'ils veulent réellement.
À un moment donné, il vous faudra aller au-delà de cette danse artificielle dans laquelle vous sortez des choses de ne je sais trop où pour commencer à poser des questions aux Canadiens. Si vous l'aviez fait, vous n'auriez pas eu un système dans lequel 75 % des gens n'aiment pas ce que vous faites ni la façon dont vous fournissez ces renseignements. Vous n'écoutez tout simplement pas.
Cependant, j'aimerais passer à une chose qui m'inquiète beaucoup. Je reviens sur le sujet de votre Programme national d'apprentissage de la qualité et de l'exactitude, et le fait qu'à la page 17, à la rubrique 2.67...
Laissez-moi vous dire qu'un des plus gros péchés qu'un ministre peut commettre, c'est d'induire la Chambre en erreur. C'est une infraction passible de renvoi. Selon la rubrique 2.67, « Dans l'ensemble, nous avons constaté que l'Agence du revenu du Canada avait publié des résultats surestimés sur le rendement de ses centres d'appels. » De fait, dans votre Rapport sur les résultats ministériels de 2016-2017, vous vous êtes vantés d'un taux de réussite variant entre 87 et 90 %, et ça c'est faux.
Dans ma première question — et j'aimerais une courte réponse là-dessus —, je vous demande si dans votre prochain rapport vous allez reconnaître que vous aviez des renseignements erronés dans le rapport de l'année précédente.
C'est une question importante pour moi. En effet, j'ai l'impression que le gouvernement fédéral compte dans l'ensemble du pays un très grand nombre de centres d'appel et que le nombre de fonctionnaires qui y travaillent est très élevé. C'est pourquoi j'aimerais savoir dans quelle mesure l'Agence du Revenu collabore avec les autres ministères, notamment avec les sous-ministres, afin de déterminer s'il y a moyen de tirer profit des services offerts par d'autres centres d'appel. J'ai l'impression que, pour diverses raisons, on travaille trop souvent de façon isolée, chacun dans son propre ministère.
Par exemple, lorsqu'on reçoit un rapport comme celui du vérificateur général, on réagit en disant qu'on a besoin de nouvelles technologies et de ressources additionnelles pour répondre à l'ensemble des besoins. Or il faudrait plutôt avoir une meilleure vue d'ensemble et vérifier quels ministères offrent des services dans des centres d'appel. Ici, je pense naturellement au service 1 800 O-Canada. C'est tout de même un centre d'appel important. Bref, je me demande s'il y a moyen de tirer profit d'autres centres d'appel.
Cet exercice a-t-il été fait, sinon va-t-on le faire?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Dans votre introduction, tout à l'heure, vous avez dit quelque chose de tout à fait juste. D'ailleurs, je suis persuadé que les 337 autres députés de la Chambre des communes partagent votre opinion.
Nous avons reçu beaucoup d'appels de citoyens qui étaient outrés de cette situation. Ces citoyens ne sont pas des millionnaires ou des gens qui embauchent un comptable pour remplir leur déclaration de revenus. Ce sont des citoyens humbles et dont le revenu est modeste. Dans la plupart des cas, ce sont des personnes âgées. Huit fois sur dix, ou dans 84 % des cas, ces gens n'ont pas été capables de parler à un agent ou, pire encore, n'ont pas obtenu la bonne information.
Ces gens ont-ils payé trop d'impôt ou pas assez? La question se pose, et c'est évidemment la première qui leur vient à l'esprit.
La mauvaise information qu'ils ont obtenue a-t-elle fait qu'ils ont payé trop d'impôt?
Monsieur Hamilton, quel est le recours de ces gens?
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Je ne suis pas certain de bien comprendre votre question.
C'est important que ces personnes reçoivent la bonne information.
En fait, la question qui porte sur l'imposition et qui vise à déterminer s'ils ont payé trop d'impôt ou pas assez est intéressante.
Selon moi, il est important de donner une information conforme à la loi. C'est la raison pour laquelle nous allons faire beaucoup de choses pour améliorer la formation et nous assurer que la bonne personne va donner la bonne réponse à ces gens, particulièrement en ce qui concerne les personnes vulnérables, vous avez raison.
Il est important d'avoir un bon site Web où l'on trouve les bonnes informations. Par ailleurs, plusieurs personnes préfèrent parler à un agent de l'Agence. Cette question est importante pour nous et nous allons nous améliorer.
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Monsieur le président, c'est une question intéressante. J'ai le plaisir d'annoncer que le moral est excellent dans ce secteur.
Prenons l'exemple de l'audit du processus d'appel réalisé l'an dernier. Il n'a pas été facile pour nous d'accepter les conclusions de l'audit qui soulevaient un certain nombre de problèmes de retard dans notre processus d'appel. On nous reprochait de ne pas fournir aux contribuables, et de la manière souhaitée, les informations qu'ils demandaient. Par la suite, quand j'ai communiqué avec le personnel de la section des appels, je les ai trouvés dynamisés. Le personnel de ce secteur comprend les problèmes inhérents au système. Le plan d'action motivé que nous avons mis en place pour apporter les correctifs leur a donné un surplus d'énergie.
J'ai posé la question. Comme je l'ai dit, j'ai transmis le message au sujet du rapport, de l'importance qu'il avait pour nous, de l'importance d'améliorer le système. J'ai demandé aux représentants des centres d'appel comment les gens se sentaient. Ils m'ont dit qu'ils se sentaient bien. Ils considèrent que c'est l'occasion pour nous de nous améliorer vraiment et de nous assurer que nous leur fournissons les bons outils. La technologie sera bientôt disponible, mais ce qui est important, c'est la priorité que nous accordons aux actions que moi-même, Frank et Gillian entreprenons. Les gens veulent saisir l'occasion de s'améliorer.
Nous devons obtenir des résultats. Le Comité et le vérificateur général voudront certainement s'en assurer. Allons-nous nous engager vis-à-vis des améliorations que nous avons désignées dans notre plan d'action? J'en suis convaincu. Nos employés s'y attendent et ne nous lâcheront pas.
Pour le moment, je dois dire que les employés se sentent motivés et décidés à améliorer le système.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Merci à tous d'être ici.
Je vais poursuivre dans la même ligne que mes collègues, MM. Christopherson et Deltell qui ont souligné que les contribuables sont des citoyens. Les contribuables s'attendent à ce que le gouvernement leur fournisse des services exacts et en temps opportun.
Quand un contribuable communique avec un centre d'appel pour demander des renseignements en matière fiscale et qu'il obtient une réponse erronée, il est amené presque automatiquement, mais en toute bonne foi, à présenter une déclaration de revenus erronée. Ce contribuable est amené à présenter une déclaration erronée à cause des mauvais renseignements qu'il a obtenus. M. Deltell a demandé quel était le recours dont disposaient les contribuables. De façon quasi automatique, l'agence révise les calculs et indique les chiffres appropriés. Cependant, lorsque nous devons de l'argent, l'agence facture des intérêts. Par contre, lorsque l'agence nous doit de l'argent, elle ne paye pas un sou d'intérêt. Pour certains contribuables, cela pose problème. Ça représente beaucoup d'argent. Pourtant, c'est en toute bonne foi qu'ils ont rempli leur déclaration de revenus.
Pourquoi continuons-nous à fournir des renseignements erronés aux contribuables? Si l'employé ne connaît pas la réponse, il devrait tout simplement le dire et aiguiller le citoyen vers la personne qui peut lui donner la bonne réponse. Il est extrêmement dommageable de fournir des renseignements erronés. Je ne parviens pas à comprendre comment il est possible de continuer depuis des années — cela dure depuis longtemps et ce n'est pas un incident ponctuel — à soutenir un service qui fournit des renseignements erronés aux citoyens.
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Merci, monsieur le président.
Pour en finir avec la question de l'exactitude, nous en avons déjà parlé par le passé à propos des rapports ministériels sur les résultats. Il faudra peut-être y revenir périodiquement afin d'en tirer un au hasard pour l'examiner. Nous avons pu constater que certaines mesures correctives ont été prises, mais comme M. Nuttall vient tout juste de le démontrer... Une telle attitude à l'égard des Canadiens est inacceptable. Je suis d'accord avec lui pour dire que ces chiffres paraissent artificiels. C'est pourquoi cela me choque au plus haut point.
Si nos travaux sont télévisés, c'est pour que les Canadiens puissent savoir, et aussi pour que l'ensemble du gouvernement soit au courant. J'espère que les ministères et les sous-ministres comprennent que la manipulation des résultats ministériels afin de leur permettre de faire bonne figure viendra un jour les hanter. Ils n'y échapperont pas.
Si vous le permettez, monsieur le président, j'aimerais revenir à une question qui me préoccupe. Le Programme national d'apprentissage de la qualité et de l'exactitude...
Mes questions s'adressent à M. Ferguson. Par exemple, une des méthodes utilisées par l'agence elle-même me paraît plutôt naïve. Il s'agit bien d'un organisme professionnel qui se penche sur ses propres activités. La méthode consistait à avoir un écoutant accrédité assis à côté d'un agent pour évaluer son travail. Évidemment, l'agent qui se sait écouté va modifier son comportement si la personne qui le surveille est assise à côté de lui. C'est le caractère superficiel du processus qui me préoccupe.
Une autre méthode consistait à demander à certains membres du personnel d'appeler de façon anonyme d'autres agents afin de leur poser des questions qui ne visaient pas le compte d'un contribuable donné... Lors de ces appels, les gens reconnaissaient souvent la voix de l'appelant puisqu'il s'agissait d'un de leurs collègues. Par ailleurs, il arrivait souvent que le système téléphonique indique que l'appel provenait d'une ligne utilisée pour les tests.
Monsieur Ferguson, aidez-moi à comprendre à quoi rime cette mascarade. Peut-on s'étonner d'avoir tant de problèmes quand on prend conscience de l'inanité de ces méthodes de formation?
Monsieur Ferguson, votre réflexion sera peut-être plus posée que la mienne.
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Bien sûr. C'est évident. Il ne faut pas un doctorat pour comprendre ça. Tout cela manque beaucoup de bon sens.
J'aimerais revenir à quelque chose que j'ai évoqué un peu plus tôt. Il s'agit du Bureau de l'ombudsman des contribuables. Je me pose des questions à propos du budget de 2,3 millions de dollars provenant des deniers publics qui est consacré à ce bureau. Je tiens à rappeler à mes collègues que l'on peut lire ceci dans le rapport du bureau: « Notre rôle n'est pas celui d'un défenseur, ni des contribuables, ni de l'ARC. » Et, trois paragraphes plus loin, « Nous sommes au service des contribuables ». Franchement!
Ce rapport indique que le bureau de l'ombudsman reçoit 2,3 millions de dollars par an. Entre parenthèses, cette ombudsman n'est pas un agent du Parlement. Elle relève de la ministre. Je ne suis même pas sûr que le titre d'ombudsman soit approprié, mais voici ce qu'on peut lire dans le rapport:
Au cours des dernières années, notre bureau a reçu de nombreuses plaintes de la part des contribuables et de représentants qui affirmaient qu'il était très difficile de joindre les lignes de demande de renseignements généraux de l'ARC.
Vraiment?
Une plainte souvent exprimée par les contribuables était que les lignes étaient occupées, peu importe le moment de la journée, ce qui les obligeait à effectuer des appels multiples.
Étant donné l'annonce de financement pour améliorer l'accès téléphonique et les initiatives en cours à l'ARC, notre bureau ne mènera pas d'examen pour le moment, mais nous continuerons de surveiller cet enjeu.
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Merci beaucoup d'être venus témoigner aujourd'hui.
En terminant, j'aimerais revenir à ce que j'ai dit un peu plus tôt au sujet du nombre d'appels. Dans les régions rurales de l'Alberta, il y a une expression que l'on utilise quand on tente de trouver la lumière au bout du tunnel. Je ne sais pas si elle est politiquement correcte, mais dans les milieux agricoles, on dit parfois que cela revient alors à essayer de faire une bourse en soie avec une oreille de cochon. C'est une mauvaise analogie et je ne sais pas si je peux me permettre de parler de la sorte au Parlement, mais cela veut dire que l'on cherche à rendre plus beau quelque chose qui ne l'est pas. Tel est mon objectif. Je vous remercie d'être venus témoigner.
Compte tenu de tout le travail qui nous attend dans nos circonscriptions, je tiens à souligner que les bureaux des députés apprécient les communications qu'ils peuvent avoir avec l'ARC. D'après ce que me dit mon personnel, les électeurs appellent notre bureau parce qu'ils sont vraiment insatisfaits des réponses qu'ils obtiennent de l'ARC. Ils sont au bout du rouleau. Notre personnel est en mesure de communiquer avec des agents de l'ARC et peut obtenir des réponses et parfois même de bonnes réponses. Merci pour cela.
Pour que l'ensemble de la population bénéficie d'un tel soutien, comme le souhaitent véritablement tous les partis, nous avons vraiment besoin de votre aide. C'est un peu comme les gens qui arrivent à la frontière en revenant des États-Unis. Ils sont heureux quand ils ont affaire à un agent sympathique et accueillant à la frontière canadienne. Par contre, lorsque l'agent des services frontaliers canadiens est de mauvaise humeur dès le départ, j'en entends parler. Les gens nous appellent dans nos bureaux pour nous demander qui sont ces agents mal commodes qui nous représentent à la frontière.
C'est la même chose pour l'ARC. Qui représente l'ARC au téléphone? Ce n'est pas M. Hamilton, ni M. Vermaeten, c'est la personne qui répond au téléphone. Voilà le véritable visage de l'ARC. C'est la raison pour laquelle beaucoup de nos électeurs sont mécontents.
Vous pouvez vous attendre à être rappelés; je peux vous le garantir, même sans venir au Comité. Vous recevrez d'autres appels, en espérant qu'entre-temps, des progrès auront été accomplis.
Merci beaucoup.
Nous allons maintenant vous demander de quitter les lieux aussi rapidement que possible, étant donné que le Comité doit poursuivre ses travaux. Les 10 dernières minutes se dérouleront à huis clos et nos délibérations demeureront confidentielles.
[La séance se poursuit à huis clos.]