Monsieur le président, j'ai le plaisir de présenter mes rapports de l'automne 2016 qui ont été déposés à la Chambre des communes mardi dernier. Ils font état de nos constats à la suite de sept audits et de trois examens spéciaux. Gordon Stock, Richard Domingue, Carol McCalla et Jean Goulet m'accompagnent.
Bon nombre des questions que nous soudes problèmes que nous soulevons aujourd'hui ont déjà été abordés. Certains programmes gouvernementaux ne sont pas faits pour aider ceux à qui ils semblent destinés. Ces programmes semblent conçus pour les fonctionnaires plutôt que pour les citoyens. Les délais de livraison sont longs, l'information est incomplète et les rapports publics ne montrent pas précisément ce que les ministères ont accompli. Ces problèmes récurrents fâchent les citoyens.
[Français]
Parlons d'abord de notre audit du plan d'action « Par-delà la frontière ». Dans cet audit, nous avons constaté que certains projets avaient donné peu de valeur, et que des obstacles pourraient limiter les retombées de certains autres.
Par exemple, plusieurs ministères ont consacré presque 80 millions de dollars à un système qui permet aux importateurs de présenter par voie électronique des renseignements requis pour les douanes. Ce système est en place depuis plus d'un an et il sert à traiter moins de 1 % des envois qui entrent au Canada.
[Traduction]
De même, l'Agence des services frontaliers du Canada a consacré 53 millions de dollars à un système destiné à consigner des renseignements sur les personnes qui arrivent au Canada et qui quittent le pays. Toutefois, l'agence n'est pas en mesure de l'exploiter pleinement parce que la loi ne lui permet pas de partager avec les États-Unis des renseignements qu'elle recueille.
Le gouvernement du Canada et celui des États-Unis ont lancé le plan d'action en 2011 pour augmenter la sécurité à la frontière et accélérer le temps d'attente aux frontières et faciliter les échanges. Le plan était ambitieux, avec 34 initiatives et une échéance initiale de trois ans.
[Français]
Nous avons constaté que les organisations chargées d'exécuter le plan d'action pouvaient montrer que les quelque 600 millions de dollars qu'elles avaient dépensés avaient permis de réaliser certains progrès. Par exemple, l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien utilisait une nouvelle technologie pour contrôler les bagages dans sept aéroports canadiens. Il reste toutefois beaucoup de travail à faire avant que le gouvernement ne retire une valeur du 1 milliard de dollars et plus qui était consacré à ce plan d'action.
Passons maintenant à notre audit des oppositions liées à l'impôt sur le revenu.
La Loi de l'impôt sur le revenu est complexe et les contribuables ne sont pas toujours d'accord sur l'interprétation qu'en fait l'Agence de revenu du Canada. Notre audit révélait que l'Agence prenait trop longtemps pour décider si les oppositions des contribuables étaient valables. Par exemple, l'Agence a mis plus de cinq ans pour régler 79 000 cas d'une valeur de près de 4 milliards de dollars.
[Traduction]
Nous avons constaté que l'agence tarde environ cinq mois à rendre une décision sur les dossiers simples. Pour ceux de complexité moyenne, l'agence a indiqué aux contribuables qu'ils doivent s'attendre à un délai d'environ un an avant qu'un agent ne les contacte.
De plus, les cibles de performance de l'agence n'ont pas pris en compte les délais selon le point de vue des contribuables. Par exemple, l'agence n'a pas compté les jours où l'on n'avait encore attitré personne au dossier.
Somme toute, nous constatons que dans 65 % des oppositions, l'agence a statué entièrement ou en partie en faveur du contribuable. Néanmoins, elle a rarement utilisé les résultats de ces oppositions pour améliorer les décisions futures.
Lors de la vérification du Service correctionnel du Canada, nous avons constaté que le nombre de contrevenants autochtones a augmenté et que le Service correctionnel ne peut pas leur fournir le programme de réhabilitation dont ils ont besoin au bon moment.
Plus du trois quart des contrevenants autochtones ont été placés dans des établissements à sécurité moyenne ou maximale. Dans ces établissements, la plupart de ces contrevenants n'avaient pas accès aux programmes dont ils avaient besoin pour la réhabilitation avant la date la plus rapprochée où ils devenaient éligibles à la libération conditionnelle. Il en résulte que le Service correctionnel ne prépare pas aussi bien les contrevenants autochtones aux audiences de libération conditionnelle que les contrevenants non autochtones.
[Français]
Nous avons constaté que les deux tiers des détenus autochtones libérés n'avaient jamais été libérés sous condition. La moitié d'entre eux ont été libérés d'un établissement à sécurité moyenne ou maximale directement dans la collectivité. Cela veut dire que ces détenus ont eu moins de temps pour bénéficier d'un retour progressif et structuré dans la collectivité.
Les délinquants autochtones sont dans un cercle vicieux. La plupart n'ont pas accès en temps opportun aux programmes dont ils ont besoin et, parce qu'ils n'ont pas terminé un programme correctionnel, ils ne sont pas mis en liberté conditionnelle aussi tôt qu'ils pourraient l'être.
Passons maintenant à un autre audit qui intéresse les Premières Nations. En 2007, le gouvernement fédéral a adopté un nouveau plan d'action appelé « La justice, enfin » pour tenter de régler les revendications particulières de longue date. Ces revendications portent souvent sur l'administration des terres de réserve.
Avec ce nouveau plan, le gouvernement voulait régler les revendications particulières de façon juste et transparente, de préférence par voie de négociations. Il voulait aussi régler les revendications plus rapidement par souci de justice pour les Premières Nations et de certitude pour le gouvernement, l'industrie et les Canadiens et Canadiennes. Toutefois, certaines réformes ont créé des obstacles qui ont empêché les Premières Nations et le gouvernement fédéral de régler les revendications.
[Traduction]
Par exemple, Affaires autochtones et du Nord Canada a changé ses pratiques de négociation sans consulter les Premières Nations. L'organisme a aussi réduit significativement ses subventions aux Premières Nations pour la recherche et la négociation de leurs demandes. Les changements ont fait que la résolution des demandes soit devenue plus compliquée. Le ministère était au fait de ces problèmes, mais ne les a pas réglés.
Le ministère a affirmé publiquement que les réformes de 2007 avaient été menées avec succès. Pourtant, selon nous, la plupart des cas utilisés pour appuyer cette assertion étaient soit résolus ou presque résolus avant que la procédure ne soit implantée. En effet, depuis 2008, le nombre de demandes non résolues équivalait presque au nombre de demandes non résolues.
Maintenant, je voudrais traiter de notre vérification de la sécurité des automobiles. Transport Canada joue un rôle primordial dans le maintien de la sécurité automobile grâce au Règlement sur la sécurité des véhicules automobiles, grâce à l'analyse des plaintes du public et l'analyse des rappels automobiles, et grâce à ses enquêtes lors de défauts présumés sur un véhicule. Toutefois, nous croyons que Transport Canada ne met pas le Règlement à jour, alors le ministère ne suit pas le rythme du développement technologique. Par exemple, le Règlement ne permet pas aux automobiles d'être équipés d'un logiciel de contrôle des phares, mais des voitures semi-autonomes contrôlées par des logiciels non réglementés sont présentement sur les routes canadiennes. On peut s'attendre à un délai de jusqu'à 10 ans pour une mise à jour des règles de Transports Canada.
[Français]
Étant donné l'approche prise par Transports Canada pour établir les normes visant les véhicules, les Canadiens et Canadiennes pourraient être privés de certaines technologies de sécurité routière qui existent ailleurs.
Nous avons aussi constaté que Transports Canada ne consultait généralement que les fabricants au sujet des règlements proposés. Le ministère ne sollicitait pas de renseignements provenant des enquêtes que les fabricants menaient sur les défauts de sécurité des véhicules.
Dans le premier de deux audits qui touchent la Défense nationale, nous avons examiné le recrutement et le maintien des effectifs dans les Forces armées canadiennes. Nous avons constaté que les Forces n'avaient pas le bon nombre de membres formés dans certains groupes professionnels pour permettre au Canada de respecter ses engagements militaires nationaux et internationaux.
II y a quatre ans, il manquait à la Force régulière environ 2 000 membres formés par rapport au nombre dont elle avait besoin. À la fin de notre audit, nous avons constaté que cet écart était passé à 4 000.
En 2016, il y avait des pénuries importantes dans 21 groupes professionnels militaires et des taux d'attrition élevés dans 23. La Défense nationale doit comprendre les défis auxquels elle est confrontée pour adapter ses méthodes de recrutement et de maintien en poste selon les groupes professionnels.
[Traduction]
Nous constatons que le processus de recrutement des Forces armées canadiennes correspond aux besoins de l'organisme et non à ceux des candidats. En moyenne, une recrue doit attendre 200 jours pour être enrôlée. À quelques reprises, l'équipe de recrutement a fermé le dossier d'un candidat qui voulait toujours s'enrôler, ce qui signifie que les Forces armées canadiennes ont perdu des postulants qualifiés. Ce problème est survenu en 2002 et en 2006. Nous croyons que sans changement significatif au processus de recrutement, les chances d'atteindre l'objectif de 68 000 membres en 2018-2019 sont minces.
La deuxième vérification dans le domaine militaire nous montre que la Défense nationale doit toujours avoir accès à du matériel en bon état. Le coût d'opération et d'entretien du matériel militaire peut être plus de deux fois supérieur à celui nécessaire pour en acheter du nouveau, et si la Défense nationale ne gère pas bien les coûts de soutien, le matériel pourrait ne pas être accessible ou sa durée de vie pourrait être raccourcie.
Lorsque la Défense nationale décide d'acheter du nouvel équipement militaire majeur, la planification des coûts de soutien, de l'utilisation de l'équipement et du nombre d'employés nécessaires pour opérer et entretenir l'équipement est erronée. Cela signifie que la Défense nationale a payé pour des services qui n'ont pas été utilisés.
[Français]
De plus, la Défense nationale a supposé que le coût de soutien de l'équipement neuf ne dépasserait pas le coût de soutien de l'équipement qu'elle avait remplacé. Cependant, nous avons constaté que les coûts d'entretien du nouvel avion Hercules dépassaient de 7 000 $ pour chaque heure de vol les coûts d'entretien de l'avion qu'il avait remplacé.
La Défense nationale doit mieux aligner ses besoins de soutien sur sa planification de l'utilisation des équipements militaires pendant toute leur durée de vie, y compris les besoins en personnel, les coûts de fonctionnement et les ressources requises pour l'entretien.
Je vais passer maintenant aux rapports de nos trois examens spéciaux.
Dans le cas de l'Administration de pilotage du Pacifique, nous avons trouvé que l'Administration avait bien contrôlé ses ressources et ses activités. Nous avons formulé des recommandations dans sept domaines où nous jugeons que des améliorations sont nécessaires.
[Traduction]
Dans le cas du Centre de recherches pour le développement international, nous observons que la capacité de centre à faire des affaires est très à risque car il n'y a pas assez de commissaires. Ce problème persiste depuis au moins trois ans, mais les nominations récentes devraient aider à rétablir la situation.
On se penche maintenant sur l'Administration de pilotage de l'Atlantique. Elle a eu plusieurs problèmes majeurs, depuis un manque d'orientation stratégique à l'inaptitude à confirmer que ses pilotes et ses équipages d'embarcations ont toujours les compétences requises et sont au fait des nouvelles exigences de sécurité.
Pour conclure, je veux revenir sur mes remarques au sujet de la frustration des citoyens à propos des programmes gouvernementaux.
D'une manière ou d'une autre, toutes les actions prises par le gouvernement profite aux Canadiens. Les ministères devraient donc prioriser le bien individuel et collectif des citoyens du pays.
[Français]
Comme je l'ai mentionné, il n'y a rien de nouveau dans les enjeux signalés par ces récents audits. Nous avons déjà vu beaucoup de ces problèmes. Et dans certains cas, ils s'aggravent.
Les ministères mettent souvent trop longtemps à fournir les programmes ou services. C'est le cas de l'Agence du revenu du Canada lorsqu'elle tranche les oppositions en matière d'impôt.
Les rapports publics laissent à désirer. lls sont parfois incomplets ou inexacts, comme nous l'avons vu dans le cas des audits du plan d'action « Par-delà la frontière » ou du règlement des revendications particulières des Premières Nations.
[Traduction]
Par ailleurs, il est évident que les ministères ne peuvent pas toujours justifier leurs dépenses, comme les contrats de soutien pour l'équipement militaire de la Défense nationale ou l'implantation d'initiatives sous le plan d'action Par-delà la frontière.
Il est très important que les ministères comprennent que leurs services doivent être conçus selon les besoins des citoyens et non selon les procédures. Alors que les ministères adoptent nos recommandations, je les encourage à prendre du recul et à trouver des façons de mieux servir les Canadiens.
[Français]
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le vérificateur général, j'aimerais vous féliciter, vous et votre équipe, votre beau travail. Ces rapports arrivent en temps opportun, je crois. Je tiens également à vous féliciter d'avoir pris le temps de faire votre propre rapport sur les cinq dernières années et de nous fournir vos observations sur la bureaucratie du gouvernement.
Je trouve intéressant, d'autant plus que je suis nouveau à la Chambre des communes, de voir vos suggestions et vos recommandations sur la façon dont la bureaucratie pourrait être améliorée. J'ai beaucoup aimé le fait que vous ne pointiez pas du doigt les gens qui travaillent avec nous, ici, mais que vous fassiez des suggestions concrètes. Encore là, je vous remercie.
Quelques rapports me contrarient beaucoup et vous ont contrarié également. J'aimerais que nous en parlions un peu. La Défense nationale et la situation des Autochtones sont des thèmes qui reviennent très souvent dans les rapports. Malheureusement, on ne voit pas d'amélioration d'année en année. Le fait que cela ne bouge pas devient presque offensant.
[Traduction]
À la page 4 — j'ai la version anglaise de votre rapport sous les yeux — il y a un message du vérificateur général qui fait mention des Autochtones du Canada. Nous y lisons que votre prédécesseure, Sheila Fraser, a résumé ses impressions après dix ans au poste de vérificatrice générale. Elle a émis des recommandations sur les problèmes des autochtones et les a qualifiés d'« inacceptables ».
Depuis votre arrivée, vous auditez régulièrement ces problèmes et vous présentez au moins un rapport par an sur les sujets qui affectent les Premières Nations comme la gestion des urgences, les services de police, l'accès aux services de santé sur les réserves et, récemment, les services correctionnels.
Si on ajoute les résultats de ces audits à ceux des rapports antérieurs, je ne peux qu'affirmer que la situation est tout à fait inacceptable. Elle était inacceptable auparavant, et maintenant, elle est encore pire.
J'aimerais connaître votre opinion. Au cours des 10 dernières années, nous avons observé un problème systémique dans la résolution de problèmes des Premières Nations. Je ne dis pas qu'avant cette décennie tout était parfait, mais nous analysons cette période. Puisque le comité examine la question, que pouvez-vous nous dire à propos de la façon de réussir à changer cette pensée et à résoudre les problèmes systémiques observés?
:
Merci pour cette réponse.
J'ai un employé à temps plein dans mon bureau de circonscription, et cette personne consacre probablement de 60 % à 70 % de son temps à travailler sur des interventions de l'ARC. Ceci se produit en raison des personnes qui se présentent à notre comptoir ou qui nous appellent pour essayer de régler un problème provenant de l'ARC. Même si je parle de ma situation, je crois que chaque membre du Parlement pourrait appuyer ce fait. Les comptes rendus de ces situations, dont je discute parfois avec un membre du personnel, soulèvent ce problème.
Je connais la problématique. Je sais qu'il est anecdotique de parler du député de Brantford, mais laissez-moi vous dire que c'est une situation que nous observons tous les jours. Nous le voyons. Mon personnel le voit. J'utilise le mot « client ». Si on se met dans la peau du client, le manque d'amabilité, les barrières qui se dressent sans raison valable, la multiplication de la charge de travail, tous les obstacles qui se multiplient au fil des démarches, le dossier qui se promène d'une main à l'autre, cela doit...
On a mentionné plus tôt qu'on ne pointera personne du doigt, mais à un certain point, nous devons le faire. Pas nécessairement un individu spécifiquement, pas un des cadres supérieurs, mais nous devons pointer du doigt les procédures qu'ils suivent, car ces procédés frustrent les Canadiens jour après jour lorsqu'ils ont affaire à une agence.
J'ai dit lors d'une réunion précédente que si on faisait un sondage auprès des Canadiens qui ont eu recours à la bureaucratie gouvernementale, c'est-à-dire auprès des gens qui ont dû régler leurs problèmes auprès des fonctionnaires, pour mesurer leur degré de satisfaction de l'expérience, j'ai le pressentiment que la réponse serait négative. J'ai vu tellement de mécontentement au fil du temps. L'ARC en est une source. Il y en a d'autres, certes, et j'espère qu'on va toutes les regarder de près.
Revenons sur ce que vous nous avez indiqué dans votre rapport, c'est-à-dire vos constatations depuis que vous jouez ce rôle. Vous êtes environ à la moitié de votre mandat. Je vois ces constatations comme une belle occasion de cerner les problèmes. J'aimerais vous demander publiquement si vous voyez aussi cela comme une occasion de déterminer comment nous pourrions adopter des changements culturels, qui se transmettraient par une façon de fournir nos services plus adaptée au client, au citoyen?
:
Monsieur Ferguson et votre équipe, je vous remercie au nom des Canadiens pour le merveilleux travail réalisé par votre ministère.
Tout comme M. Lefebvre, j'aimerais prendre quelques minutes pour parler de votre message. Nous n'en recevons pas très souvent. Ça ne fait normalement pas partie de la procédure. J'ai trouvé ça intéressant, étant donné la portée du message final de votre prédécesseure, et vous en assurez la continuité avec brio. J'ajoute qu'en tant que personne qui était là avant que vous le soyez, c'est une véritable soie que de passer d'un vérificateur général merveilleux à un autre tout aussi fantastique.
Ce message a une réelle portée sur ce comité. Vous savez que vous en êtes à la moitié de votre mandat, et ce message reflète vos constatations. Le message tombe à point, parce qu'il y a un peu plus d'un an, nous avons élu un nouveau gouvernement majoritaire qui a publiquement promis de faire les choses différemment, donc vous y avez vu une belle occasion de revisiter le système.
J'ai trouvé intéressante la citation que vous avez utilisée. Vous avez affirmé qu'en matière d'audits et de tout ce qui se passe, selon les dires notoires de Yogi Berra qu'on vous a attribués aux nouvelles, mais en fait c'était vous qui les aviez attribués à... mais prenez le crédit alors que vous le pouvez, c'est du déjà vu.
C'est exactement ce que j'en comprends, spécifiquement parce que nous voyons les mêmes constatations revenir d'audit en audit. Nous en avons discuté maintes fois, mais nous avons obtenu des résultats plus concrets avec les études de cas que nous avons ici. C'est tout du premier coup, tant que les ministères peuvent passer à travers l'examen public immédiat quand vous lancez votre rapport, et lorsque vous procédez à une audience, ils sont vraisemblablement en eaux sûres. Notre objectif est de travailler avec vous pour assurer que cela n'arrive pas, et que nous prêtions une attention particulière à ces éléments.
Nous devons nous pencher encore sur la question de l'amélioration de nos services, même si vous l'avez déjà commentée et mentionnée maintes fois. J'aimerais que vous nous parliez davantage de votre opinion sur le fait que le gouvernement dépense trop d'énergie à évaluer le problème d'un point de vue interne, mais pas assez du point de vue du citoyen.
Je suis totalement d'accord avec M. McColeman. Toutes les situations qui impliquent une interaction entre l'Agence du revenu du Canada et le citoyen causent un grand mécontentement chez ce dernier. Les Canadiens se sentent peu importants. Ils sont perdus dans le système. Pour cette raison, les citoyens nous demandent s'il y a un moyen de contourner les procédures instaurées.
Selon vous, comment devrait se dérouler le recentrage que vous croyez nécessaire? Je suppose que la solution débute par les ministres et les sous-ministres, puis elle descend dans la hiérarchie. Cependant, quels seraient nos rôles dans le changement culturel, pour que la réussite soit directement en corrélation avec le service offert aux citoyens plutôt qu'avec la façon dont nous remplissons nos tâches à l'interne?
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Merci au vérificateur général et à ses collaborateurs de leur présence aujourd'hui.
Je voudrais parler des oppositions en matière d'impôt sur le revenu et de votre rapport sur l'Agence du revenu du Canada. J'aimerais mettre en relief des aspects que j'ai relevés et ensuite poser une question sur ce que vous avez examiné lors de votre audit sur les oppositions.
Je sais à quel point c'est difficile pour les gens. Des gens de ma circonscription m'ont appris qu'ils ont dû attendre des mois, mais dans votre rapport, vous soulignez que certains Canadiens attendent non seulement des mois, mais des années entières, voire plus d'une décennie pour résoudre une opposition donnée. Il est très décourageant d'entendre parler de ce manque de service envers nos contribuables, surtout lorsque nous avons une Charte des droits du contribuable qui accorde aux Canadiens 16 droits portant sur l'exactitude, le professionnalisme, la courtoisie et l'équité.
Quand un contribuable dépose une opposition et n'obtient pas gain de cause, il finira par devoir verser des intérêts, parfois des centaines de dollars. Au cours de la dernière décennie, nous avons vu que ces oppositions ont plus que doublé, voire triplé.
Dans votre rapport, vous dites que les oppositions ne sont pas traitées en temps opportun. Vous dites expressément que l'ARC « n’avait pas adéquatement analysé ou examiné les décisions relatives aux oppositions et aux appels en matière d’impôt sur le revenu » et en même temps « l’information sur les résultats des oppositions et les décisions des tribunaux n’avait pas été suffisamment communiquée aux différents intervenants au sein de l’Agence ».
Dans tout ministère, bien sûr, il y a la politique, la procédure et la pratique. À la page 1 du rapport 2, vous décrivez le processus d'opposition et la manière dont l'ARC gère ce processus par l'entremise de la Direction générale des appels.
Je sais que les contribuables peuvent également déposer des plaintes au sujet du service, et ils peuvent le faire d'abord auprès de l'ARC, puis, s'ils ne sont pas satisfaits du résultat de cette plainte, ils peuvent s'adresser à l'ombudsman des contribuables.
Avez-vous eu l'occasion d'examiner avec l'ombudsman ce qui se passe à ce niveau et dans quelle mesure l'Agence s'est montrée efficace ou non pour aider les contribuables à régler leurs problèmes de façon opportune, juste et précise? Je sais qu'on en a parlé. J'ai déjà siégé au comité d'immigration et mes collègues m'ont appris qu'il avait été question d'avoir un ombudsman de l'immigration. Je me demande si vous avez eu l'occasion de voir comment cela fonctionne au sein de l'ARC et si c'est utile ou non.
Je soupçonne que bon nombre des objectifs d'un ombudsman seraient semblables aux types de questions que vous posez sur le fonctionnement de l'Agence et sur la façon dont elle sert les Canadiens.
:
Si vos notes sont éparpillées, c'est peut-être parce que mes commentaires l'étaient, eux aussi.
Pour ce qui est des indicateurs de rendement, je pense que j'étudierais l'audit que nous avons effectué sur le Plan d'action par-delà la frontière, qui englobait une série de 34 initiatives.
Les ministères ont dépensé 600 millions de dollars et le montant total qu'ils consacrent au plan d'action s'élève à plus d'un milliard. Mais à l'heure de faire rapport, ils signalent simplement ce qu'ils ont accompli, le cas échéant. Ont-ils réussi à bâtir tout un système?
Le plan d'action visait à améliorer la sécurité frontalière et à accélérer les déplacements et le commerce à la frontière. Si un ministère nous apprend qu'il a construit un nouveau système, ça ne veut pas dire que la sécurité frontalière est meilleure ou que les gens et les marchandises se déplacent plus rapidement à travers la frontière.
C'est ce genre de choses que nous voulons dire en parlant d'indicateurs de rendement. Si on décide d'investir 1 milliard de dollars dans la construction de plusieurs systèmes et initiatives dans le but concret d'accroître la sécurité frontalière ou d'accélérer les déplacements et le commerce à la frontière, comment peut-on savoir si ces initiatives ont réellement accompli la mission?
Je comprends que c'est difficile. C'est toute une lutte dans notre propre bureau pour mesurer la valeur d'une vérification. Ce n'est pas chose facile. Ce que nous voulons en faisant un audit, c'est apporter de la valeur au Parlement et au gouvernement. Nous y penserons à dix fois au besoin, plutôt que de mesurer combien de temps ou combien d'argent il faut pour l'audit, histoire d'avoir des paramètres. Ce qui compte, c'est la valeur qui découle de l'audit.
Dans cet ordre de choses, il ne suffit pas de dire qu'on mesure si tel ou tel jalon a été atteint ou non. Les ministères doivent pouvoir expliquer comment ils ont dépensé 80 millions de dollars sur un nouveau système à guichet unique pour suivre ce qui arrive au pays et savoir quelles marchandises sont importées, alors que moins de 1 % des importateurs l'utilisent.
On nous a dit qu'on comptait améliorer ce taux en annulant tous les systèmes et en rendant celui-ci obligatoire. Eh bien, rendre un système obligatoire va augmenter le nombre d'importateurs qui l'utilisent, mais cela ne signifie pas nécessairement qu'il va faire leur bonheur. Comment savoir que c'est la bonne mesure à prendre sous prétexte que c'est un bon système?
Ce sont ce genre de choses qui nous déçoivent sur le plan de la mesure du rendement.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais aborder un aspect et je suis heureux que vous ayez soulevé cette recommandation et la réponse correspondante... Nous essayons fondamentalement de faire valoir que les Forces armées canadiennes comptent 4 000 militaires de moins que le nombre de personnel formé dont ils ont besoin. En fait, le problème s'est aggravé depuis les deux dernières années. Il manquait quelque 2 300 personnes, et voilà qu'il en manque 4 300 ou quelque chose autour de cela. Ce sont les chiffres que la défense elle-même a cités pour décrire ses besoins.
Lorsque les trois milieux — l'armée, la marine et les forces aériennes — se rencontrent, ils déterminent le nombre de personnes dont ils ont besoin et transmettent l'information aux recruteurs. Mais les recruteurs disent qu'ils n'ont pas la capacité de satisfaire les besoins et ils recrutent un nombre inférieur.
Nous avons formulé une recommandation — qui porte sur la nécessité de viser les divers métiers et professions, comme toutes nos recommandations — et nous obtenons ce genre de réponse de la Défense nationale. Comme vous le dites, en lisant cette réponse, on a l'impression qu'elle nous dit que le système est déjà en place. C'est fort bien. La défense croit avoir quelque chose en place. Mais encore, comment est-ce que cela va l'amener à avoir le nombre de militaires formés dont elle a besoin?
Le ministère peut examiner notre recommandation et nous répondre en disant ce qu'il a l'intention de faire ou ce qu'il fait déjà, mais rien ne nous apprend si tout cela servira à atteindre la cible.
Le temps d'attente, si je vous ai bien compris, c'est le laps de temps au beau milieu d'un programme de formation qu'une personne doit attendre pour recevoir le reste de sa formation.
Est-ce là la question? C'est en tout cas celle que nous soulevons en ce qui concerne l'attente: une nouvelle recrue arrive et son instruction va éventuellement commencer. Ensuite, elle doit attendre, parfois des mois durant, parce que la prochaine étape n'est pas prête. Pendant ce temps, les Forces armées canadiennes lui trouvent une autre occupation. Il peut s'agir d'une formation en secourisme ou autre discipline de ce genre qui ne l'amènera pas à être formée et prête à exercer sa véritable profession.
Encore une fois, la défense doit trouver les moyens de rendre la formation plus efficace et de diminuer le temps d'attente des nouvelles recrues.