:
La séance est ouverte. Bonjour à tous.
Il s'agit de la 139e séance du Comité permanent des comptes publics, en ce mardi 28 mai 2019. La séance d'aujourd'hui est télévisée. J'encourage donc gentiment nos amis dans la salle et tous les députés à mettre leurs téléphones cellulaires en mode vibration ou silencieux pour que nous soyons moins dérangés.
Nous sommes réunis aujourd'hui pour l'examen du Rapport 2 — Le traitement des demandes d'asile, des Rapports du printemps 2019 du vérificateur général du Canada.
Nous sommes ravis d'accueillir des représentants du Bureau du vérificateur général: le vérificateur général du Canada par intérim, M. Sylvain Ricard; et la directrice principale, Mme Carol McCalla.
Nous accueillons également des représentants du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration: la sous-ministre par intérim, Mme Lori MacDonald; et le directeur général de la Direction générale de l'orientation du programme d'immigration, M. Bruce Scoffield.
Des représentants de l'Agence des services frontaliers du Canada comparaissent devant nous également: le président, M. John Ossowski; et le vice-président de la Direction générale de renseignement et exécution de la loi, M. Jacques Cloutier.
Enfin, nous recevons aussi des représentants de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié: le président, M. Richard Wex; et le directeur général de Politiques, planification et affaires ministérielles, M. Greg Kipling.
Bienvenue à notre comité.
Nous allons entendre tout d'abord le vérificateur général. Allez-y, s'il vous plaît, monsieur Ricard.
:
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats de notre rapport d'audit sur le traitement des demandes d'asile. Je suis accompagné de Mme Carol McCalla, la directrice principale chargée de l'audit.
L'audit a porté sur le traitement des demandes d'asile par l'Agence des services frontaliers du Canada, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, soit les trois principales organisations responsables du système de détermination du statut de réfugié du Canada.
Nous avons constaté que le système n'avait pas pu s'adapter à la hausse importante du nombre de demandes et qu'il était encore confronté à un arriéré important. Les demandes ne sont pas traitées dans le délai de 60 jours ciblé par le gouvernement. L'arriéré et les temps d'attente dépassent à présent ceux de 2012, soit l'année où le système a été réformé.
Au moment de l'audit, nous avons estimé que l'arriéré aura plus que doublé d'ici cinq ans. Les familles et les particuliers qui présentent une demande peuvent donc s'attendre à un délai de cinq ans avant de savoir s'ils ont obtenu l'asile.
[Français]
Le problème fondamental est que le système reçoit un budget fixe pour traiter les demandes d'asile, alors que leur nombre fluctue chaque année. L'explosion des demandes d'asile présentées en 2017 a rapidement diminué la capacité du système de traiter les demandes d'asile dans le délai prescrit de 60 jours.
En février 2018, la Commission a fait savoir qu'elle se dispenserait du délai prescrit de 60 jours, comme elle est autorisée à le faire aux termes des règlements sur l'immigration. Elle a alors établi le calendrier de ses audiences en fonction de la date de dépôt des demandes d'asile. À la fin de décembre 2018, le délai d'attente prévu pour qu'une décision soit rendue était de deux ans.
Cette lacune est accentuée par un certain nombre de problèmes administratifs qui nuisent au traitement efficace des demandes d'asile. Par exemple, nous avons constaté que les trois organisations se servaient de systèmes informatiques différents dont la compatibilité était limitée, ce qui a entraîné des lacunes et des erreurs importantes dans les renseignements communiqués. De plus, aucune des organisations n'avait un programme d'assurance de la qualité déjà en place pour vérifier l'exactitude et l'exhaustivité des renseignements recueillis sur les demandeurs d'asile. Par conséquent, il y a eu un dédoublement d'efforts, des retards dans le traitement des demandes d'asile et une dépendance à l'égard des dossiers papier.
Nous avons constaté que près des deux tiers des audiences avaient été reportées au moins une fois. La majorité des reports ont été causés par des problèmes administratifs qui relevaient du contrôle du gouvernement, comme la non-disponibilité des commissaires ou des retards dans le contrôle de sécurité. De plus, comme la priorité a été donnée aux audiences pour de nouvelles demandes d'asile au détriment de celles dont l'audience avait été reportée, un seul report avait pour effet de retarder l'audience de cinq mois de plus, en moyenne.
[Traduction]
Enfin, seulement un petit nombre de demandes d'asile qui étaient admissibles à un traitement accéléré ont fait l'objet d'une réponse plus rapide. Le système de détermination du statut de réfugié permet de statuer sur certaines demandes sans tenir d'audience, c'est-à-dire sur simple étude du dossier. Toutefois, nous avons constaté que ce processus accéléré n'avait été utilisé que pour traiter le quart des demandes qui y étaient admissibles. Il a d'ailleurs rarement permis de statuer plus rapidement sur ces demandes. Les trois quarts restants des demandes admissibles ont été examinés au cours d'audiences normales, et 87 % d'entre elles ont été acceptées. Ainsi, des demandes qui auraient pu être traitées dans des délais plus courts ont plutôt contribué à engorger le système.
Nous avons formulé cinq recommandations. Toutes les organisations ont accepté l'ensemble de ces recommandations et nous ont présenté leurs plans d'action.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité. Merci.
:
Monsieur le président, je vous remercie une fois de plus de cette invitation à comparaître devant le Comité.
Aujourd'hui, je suis accompagnée de M. Richard Wex, président de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, qu'on appelle la CISR; et de M. John Ossowski, président de l'Agence des services frontaliers du Canada, ou l'ASFC. Ensemble, dans l'exercice de nos fonctions respectives, nous formons le Conseil de gestion du système d'octroi de l'asile, que je décrirai en détail sous peu.
Nous sommes ici aujourd'hui pour parler des recommandations relatives au traitement des demandes d'asile, qui relève de trois organisations, c'est-à-dire d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC, de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, ou CISR, et de l'Agence des services frontaliers du Canada.
À tour de rôle, nous ferons une brève déclaration préliminaire, puis nous serons heureux de répondre à vos questions.
Nous remercions le vérificateur général pour ses recommandations, qui nous aideront vraiment dans la poursuite de nos efforts d'amélioration du système d'octroi de l'asile au Canada. Comme l'indique le rapport du vérificateur général, le système canadien est mis à l'épreuve. Le nombre de demandes d'asile a considérablement augmenté depuis deux ans. Il s'agit de demandes d'asiles régulières, faites depuis le Canada, mais également de demandes irrégulières, provenant de migrants qui franchissent la frontière canado-américaine entre les points d'entrée officiels. Toutefois, le Canada n'est pas le seul pays dans cette situation. Nous assistons à des niveaux sans précédent de la migration mondiale. Environ 258 millions de personnes sont en déplacement et plus de 25,4 millions sont des réfugiés.
Étant donné cette tendance dans la migration mondiale, comme c'est le cas dans d'autres pays, le système d'octroi de l'asile du Canada a connu une pression accrue, et l'augmentation de la migration mondiale suggère que cette tendance se poursuivra probablement. Monsieur le président, pour cette raison, il faut assurer une bonne gestion de nos frontières et de notre système d'octroi de l'asile et prévoir les ressources nécessaires afin d'être en mesure de traiter un nombre accru de demandes d'asile. Nous nous sommes engagés à défendre l'intégrité de notre frontière et de notre système d'octroi de l'asile, en tant que rouage de l'intégrité du système d'immigration dans son ensemble, qui repose sur des règles et une migration organisée.
Comme l'indique le rapport du vérificateur général, notre système d'octroi de l'asile exige des efforts soutenus pour s'assurer que le système est souple, qu'il fait bon usage de la technologie, et que cela entraîne une plus grande efficacité et moins de reports. Comme l'indique le rapport, le gouvernement reconnaît la nécessité de prendre des mesures, et il a commencé à le faire. Plus précisément, nous en sommes à améliorer la coordination entre les organismes qui administrent le système; nous modifions le processus de traitement des demandes pour le rendre plus efficace, sans en compromettre l'équité; et nous investissons dans l'augmentation de nos capacités, comme il était proposé dans le budget de 2019, pour que le système permette le traitement de 50 000 demandes par année.
Depuis 2018, le gouvernement prend des mesures concrètes pour gérer et décourager la migration clandestine. Parallèlement, il se concentre sur la nécessité, à long terme, d'améliorer la productivité et la gestion du système d'octroi de l'asile dans son ensemble. Nous avons pris des mesures respectant l'équilibre visé par le gouvernement fédéral, à savoir, faire du Canada une terre d'asile pour ceux qui ont réellement besoin d'une protection, tout en protégeant l'intégrité de notre système d'immigration et la sécurité de nos citoyens.
Monsieur le président, nous prenons aussi à coeur les recommandations de l'examen indépendant réalisé l'an dernier sur le système d'octroi de l'asile. Ces recommandations concernent essentiellement des manières d'améliorer le rendement de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié et du système d'octroi de l'asile dans son ensemble et de renforcer la gestion s'y rattachant.
L'une des recommandations clés de cet examen indépendant visait l'amélioration de la coordination entre les organismes administrant le système d'octroi de l'asile. Le Conseil de gestion du système d'octroi de l'asile a été créé, en partie, en réponse à ce besoin.
Ce conseil, dont la création a été annoncée publiquement en décembre, doit respecter les dispositions de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, et ses activités doivent se rattacher aux mandats de nos organisations et être menées d'une façon qui s'harmonise avec l'indépendance décisionnelle de la CISR. Le Conseil de gestion du système d'octroi de l'asile contribue à maximiser les gains d'efficacité en assurant la prise en main des problèmes opérationnels et en garantissant que chaque organisation a l'information dont elle a besoin pour administrer efficacement le système. Ce conseil nous aide à harmoniser nos priorités collectives: planification, attribution des ressources et production de rapports. De plus, il supervisera la mise en place de cibles de rendement actualisées. Ces dernières nous permettront de rendre compte du volume de demandes reçues, de nos capacités de traitement et de notre productivité à chaque étape du processus, de la réception d'une demande jusqu'à son acceptation ou son refus et au renvoi des demandeurs déboutés.
L'an dernier, le Conseil de gestion du système d'octroi de l'asile a lancé un projet pilote à Montréal appelé Centre intégré d'analyse des demandes d'asile, qui a mis à l'essai une nouvelle façon de trier et de traiter les demandes. Ce centre compte dans son équipe des employés d'IRCC et de l'ASFC; ainsi, nous pouvons nous concerter pour remettre aux décideurs de la CISR des dossiers prêts pour l'audience. Cette approche permet d'accélérer le traitement des demandes et d'assurer la prise de décisions justes. Grâce à ce projet pilote, nos trois organisations tentent d'éliminer la duplication d'efforts et de transmettre plus rapidement les demandes à la CISR.
Le Centre intégré d'analyse des demandes d'asile est si efficace que nous avons l'intention d'en ouvrir un à Toronto. Ce centre traitera la majorité des nouvelles demandes d'asile au pays. Le gouvernement en a fait l'annonce dans son dernier budget, et c'est l'un des principaux investissements en vue d'accroître les capacités du système d'octroi de l'asile.
Pour appuyer la création d'un autre centre intégré et pour améliorer l'exécution globale du programme, nous améliorons aussi nos systèmes de TI. Il sera désormais plus facile de soumettre de l'information par voie électronique et d'utiliser des outils numériques.
Les organisations pourront échanger de l'information de manière plus rapide et plus simple. Nous remplacerons ainsi les dossiers papier par des dossiers numériques, ce que le vérificateur général estime prioritaire dans son rapport. Par l'entremise du centre intégré, nous classerons les dossiers par ordre de priorité et effectuerons un suivi dans le cadre de chaque étape du processus d'octroi de l'asile.
Ensemble, nos organisations se sont engagées à mettre en oeuvre les recommandations figurant dans le rapport du vérificateur général. Pour ce faire, il faut trouver des moyens d'assouplir les modalités de financement, de réduire le temps nécessaire aux prises de décisions, d'utiliser plus efficacement les processus accélérés et d'être plus proactifs en matière d'échange de renseignements.
En plus de ces mesures, nos organisations bénéficieront de nouvelles capacités essentielles, entre autres grâce à des investissements relatifs au budget de 2019 permettant de réduire les pressions exercées sur tout le système d'octroi de l'asile. Une partie des fonds servira à la gestion des opérations à la frontière, mais ces investissements indiquent une reconnaissance de la nécessité de bénéficier de capacités permettant le traitement d'un plus grand volume de demandes d'asile. Dans le cadre du budget de 2019, le gouvernement investira 1,18 milliard de dollars sur cinq ans, en commençant en 2019-2020, et 55 millions par année par la suite, pour doubler les capacités du système d'octroi de l'asile et ainsi permettre le traitement de 50 000 demandes par année. Ces investissements visent aussi à mettre en oeuvre une stratégie de protection frontalière. Ces fonds nous permettront de traiter les volumes de demandes d'asile tant des migrants réguliers que des migrants irréguliers.
Pour terminer, monsieur le président, nous approuvons les recommandations de ce rapport et nous poursuivrons le travail qui est déjà en cours avec la CISR et l'ASFC pour rendre le système d'octroi de l'asile plus efficace, sans sacrifier son équité.
Nous avons pris des mesures concrètes pour régler les questions soulevées dans le rapport en vue de parvenir à un système d'octroi de l'asile qui est rapide, juste et définitif. Nous l'avons fait sur trois fronts: grâce à la gouvernance et à une collaboration accrue; à l'augmentation de la capacité du système d'octroi de l'asile grâce à un financement accru; et à l'amélioration de l'efficacité et de la productivité du système d'octroi de l'asile.
Merci beaucoup, monsieur le président. Mes collègues et moi serons heureux de répondre aux questions du Comité.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis accompagné aujourd'hui de M. Greg Kipling, directeur général, Politiques, planification et affaires ministérielles, à la CISR.
J'aimerais tout d'abord remercier le Bureau du vérificateur général pour son rapport. C'est avec plaisir que nous avons appuyé l'équipe de l'audit dans le cadre de l'examen, et nous accueillons très favorablement les conclusions et les recommandations formulées dans le rapport.
Les recommandations du rapport sont à la fois opportunes et utiles, car les trois organisations responsables du traitement des demandes d'asile — soit IRCC, l'ASFC et la CISR — s'emploient activement à améliorer nos propres activités et, à vrai dire, le système dans son ensemble, compte tenu de l'évolution de notre contexte opérationnel. Avant de passer aux recommandations du vérificateur général, j'aimerais prendre une minute pour parler du contexte opérationnel de la CISR qui, comme l'indique clairement le rapport d'audit, a énormément changé au cours des dernières années.
Au cours des deux dernières années, la CISR a reçu le plus grand nombre de demandes d'asile de ses 30 années d'existence. Étant donné que le nombre de demandes reçues à la CISR a largement dépassé la capacité de traitement financée, les arriérés et les temps d'attente ont augmenté. En réponse à cette situation, un certain nombre de mesures ont été prises pendant la dernière année.
Tout d'abord, les budgets de 2018 et de 2019 ont affecté de nouvelles sommes importantes à la CISR pour l'embauche de décideurs et d'employés supplémentaires, ce qui permettra de mieux harmoniser la capacité de traitement de la CISR avec le nombre prévu de demandes d'asile.
La CISR a également mis en oeuvre de nouvelles mesures au cours de la dernière année pour améliorer la productivité; cela comprenait notamment le renforcement de la surveillance du rendement par rapport aux cibles de productivité — ce que nous avons fait chaque semaine au cours de l'année — et la modification de nos pratiques de mise au rôle et de gestion des cas, permettant ainsi à la CISR de donner priorité à certaines catégories de demandes et d'utiliser plus efficacement ses ressources.
Ces mesures combinées ont entraîné d'importants résultats. Plus particulièrement, aux fins de la discussion d'aujourd'hui, la CISR a dépassé sa cible financée visant à régler quelque 32 000 demandes d'asile au cours de l'exercice 2018-2019, ce qui représente une augmentation de 30 % par rapport au nombre de règlements de l'année précédente. Il s'agit aussi de l'année la plus productive depuis la réforme du système en 2012.
Même si l'arriéré continue d'augmenter — il se situe maintenant à 75 000 demandes d'asile —, ces récents investissements et ces mesures de productivité ont ralenti la croissance de l'arriéré de quelque 15 000 demandes d'asile par rapport au nombre qu'il aurait autrement atteint aujourd'hui, mais surtout, les temps d'attente pour les demandeurs d'asile, bien qu'encore trop élevés, sont maintenant de moins de deux ans, en moyenne, au lieu de quatre ans.
Pour l'avenir, nous continuons d'accorder la priorité à la croissance et au renforcement de notre capacité afin de respecter l'engagement pris dans le budget de 2019, soit statuer sur plus de 40 000 demandes d'asile au cours du présent exercice et sur 50 000 l'an prochain.
Par conséquent, la CISR a adopté un certain nombre d'initiatives stratégiques dans le cadre d'un plan pluriannuel fondé sur des examens du système d'octroi de l'asile réalisés par des tiers, notamment, le rapport de M. Yeates dont a parlé Mme MacDonald, de même que, aux fins de la discussion d'aujourd'hui, l'audit que le Bureau du vérificateur général vient de terminer.
Notre plan pluriannuel est axé sur trois objectifs: améliorer la productivité; améliorer la qualité et la cohérence de la prise de décisions; et renforcer la gestion en mettant l'accent sur une approche à l'échelle du système, en collaboration avec IRCC et l'ASFC.
Notre plan tient compte de la nécessité d'en faire davantage pour veiller à ce que la CISR — et, à vrai dire, le système dans son ensemble — traite les demandes d'asile de manière plus efficace et efficiente. Dans ce contexte, la CISR accueille très favorablement les cinq recommandations du Bureau du vérificateur général.
Premièrement, la CISR souscrit à la recommandation de l'audit selon laquelle les trois organisations devraient collaborer avec le gouvernement pour concevoir un modèle de financement plus souple qui leur permettrait d'accéder rapidement à des fonds supplémentaires à la suite de hausses soudaines du nombre de demandes d'asile. Cette recommandation, qui avait aussi été formulée dans le rapport Yeates de 2018, de même que le financement permanent et l'établissement d'un effectif temporaire, sont considérés par la CISR comme des facteurs de réussite essentiels pour prévenir le risque qu'il y ait de futurs arriérés des demandes d'asile.
Deuxièmement, l'audit a permis de constater qu'il existe des lacunes en matière d'échange d'information et que les processus manuels sur papier réduisent l'efficacité du traitement des demandes. La CISR convient que les trois organisations devraient travailler ensemble pour cerner l'information, la recueillir et la communiquer plus efficacement afin de traiter les demandes d'asile et de passer au traitement numérique.
Cette recommandation s'harmonise avec nos priorités stratégiques qui visent à améliorer la productivité et la qualité tout au long du processus décisionnel, notamment par l'adoption de processus électroniques pour communiquer l'information aux avocats et aux demandeurs d'asile et par la collaboration avec IRCC et l’ASFC pour cerner et mettre en œuvre des occasions d'améliorer la communication de l'information en tirant parti des investissements en technologies de l'information prévus dans le budget de 2019.
Troisièmement, la CISR est d'accord avec le rapport du vérificateur général sur le fait qu'il faut trouver des moyens de réduire le nombre d’audiences relatives aux demandes d'asile qui sont remises.
Il convient de souligner, pour mettre les choses en contexte, qu'à la suite des réformes législatives de 2012, les agents d’IRCC et de l’ASFC chargés de renvoyer les demandeurs d'asile à la CISR étaient tenus d'inscrire une date d'audience précise dans le système de mise au rôle de la CISR. Cette date devait respecter le délai réglementaire de 60 jours — comme l'a mentionné M. Ricard —, sans tenir compte de la capacité de la CISR d’instruire l'affaire. Comme le système était débordé, la CISR n’avait tout simplement pas assez de commissaires pour instruire ces affaires dans les 60 jours suivant leur renvoi à la Commission. Par conséquent, la majorité des cas ont été reportés à une date ultérieure.
Par conséquent, en 2018, la CISR a évoqué son pouvoir de réglementation pour s'éloigner de la mise au rôle des audiences dans les 60 jours prescrits et a repris, avec l'accord de l’ASFC et d’IRCC, le contrôle de sa propre mise au rôle. Depuis, la CISR est mieux en mesure de mettre au rôle les audiences en fonction de la disponibilité des commissaires et de l'état de préparation des dossiers. L'organisme a aussi commencé à gérer son inventaire de façon stratégique. Par exemple, il est maintenant possible d'attribuer des cas à des commissaires qui ont acquis une expertise dans certains types de demandes d'asile, ce qui permet de réaliser d'importantes économies d'échelle et d'améliorer la productivité. Grâce à ces changements, ainsi qu'à l'embauche de nouveaux commissaires rendue possible au moyen du financement prévu dans le budget de 2018, le pourcentage de cas remis a diminué considérablement, passant de 65 % pendant l'audit à 36 % après l'audit.
Même si des progrès sont réalisés, il existe visiblement d'autres possibilités et la CISR est d'accord avec la recommandation du Bureau du vérificateur général selon laquelle nous devrions continuer de tenter de trouver des façons de réduire le taux de remise. La Commission a déjà commencé à revoir ses pratiques de mise au rôle et son programme d' interprétation et, en plus d'embaucher d'autres décideurs et de travailler avec IRCC et l’ASFC pour améliorer l'état de préparation des dossiers, elle s'est engagée à réduire encore davantage le taux de remise des audiences.
Quatrièmement, le rapport du vérificateur général a également conclu qu'il est possible d'exploiter davantage le pouvoir de la CISR de prendre une décision relativement aux demandes d'asile sur examen du dossier au lieu de tenir une audience complète. Il recommande également que nous utilisions mieux les outils à notre disposition, afin d'accélérer la prise de décisions pour les demandeurs d'asile admissibles. Nous sommes d'accord. En effet, plus tôt cette année, avant la publication du rapport de l'audit, j'ai publié de nouvelles instructions régissant l'examen des demandes d'asile moins complexes et j'ai mis sur pied une équipe spéciale composée de 25 commissaires chargés d'examiner l'ensemble de notre arriéré, afin de cerner les demandes d'asile qui se prêtent à un examen accéléré — soit le processus d'examen du dossier sans la tenue d'une audience ou le processus d’audience courte —, au titre des nouvelles instructions.
Je suis très heureux d'annoncer que, depuis janvier, plus de 5 000 demandes d'asile ont fait l'objet d'une décision à la suite de ces instructions et des efforts du groupe de travail. Le rapport du vérificateur général souligne l'importance de tirer parti de ce type d’outils et de poursuivre ces initiatives. Nous continuerons de catégoriser les demandes d'asile peu complexes en vue de procéder à des examens accélérés, qu'il s'agisse de celles qui font partie de l'arriéré actuel ou des nouvelles demandes d'asile renvoyées à la CISR sur une base continue.
Enfin, la CISR est d'accord avec la recommandation du Bureau du vérificateur général concernant les interventions ministérielles et elle s'est engagée à travailler avec IRCC et l’ASFC sur cette question.
En terminant, je tiens à remercier le Bureau du vérificateur général de son rapport. Les recommandations arrivent à point nommé, d'autant plus que mon équipe de gestion et moi-même sommes particulièrement concentrés sur l'optimisation de l’efficacité de la CISR et de l'ensemble du système d’octroi de l’asile. L’audit renforce l'importance d'un certain nombre de mesures qui sont déjà en cours et il met en évidence un certain nombre de questions supplémentaires qui nécessitent l'attention collective d’IRCC, de l’ASFC et de la CISR.
Merci, monsieur le président. Mes collègues et moi-même serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité après la déclaration de M. Ossowski.
:
Merci, monsieur le président. Je suis accompagné aujourd'hui de Jacques Cloutier, vice-président de la Direction générale des renseignements et de l'exécution de la loi à l’ASFC; il m'aidera à répondre aux questions des membres du Comité.
J'aimerais d'abord reconnaître les conclusions du rapport du printemps 2019 du vérificateur général du Canada concernant le système d'asile au Canada. Avant d'entrer dans les détails, je voudrais rapidement vous présenter quelques éléments contextuels, en particulier sur notre contexte opérationnel actuel.
Comme l'ont déjà mentionné mes collègues, le Canada connaît des volumes de demandeurs d'asile élevés depuis 2017. En effet, il y a en moyenne 50 000 demandes par année.
Toutes les personnes qui cherchent à entrer au Canada, y compris les migrants en situation irrégulière, doivent bénéficier d'une application régulière de la loi et démontrer qu'ils répondent aux critères d’admissibilité. L’ASFC veille à ce que les lois sur l'immigration et les douanes soient appliquées, tout en respectant les obligations internationales.
À la suite des constatations du vérificateur général, l’ASFC et IRCC ont entrepris un examen exhaustif des cas de risque pour la sécurité et de grande criminalité. Nous avons conclu que, dans les cas où il y avait des preuves de criminalité au moment où la personne a présenté une demande d'asile, les agents étaient au courant des renseignements et en avaient tenu compte dans leur décision. Nous pouvons confirmer qu'aucun de ces individus ne représentait une menace pour le Canada et les Canadiens.
Les personnes qui entrent illégalement au Canada sont arrêtées par la Gendarmerie royale du Canada ou par les organismes locaux d'application de la loi et ils sont emmenés vers le point d’entrée de l’ASFC le plus proche ou un bureau intérieur de l’ASFC ou d’IRCC pour l'interrogatoire relatif à l’immigration.
Afin de déterminer l'admissibilité des demandeurs, des mesures telles que des vérifications judiciaires, biographiques et biométriques, ainsi que des examens médicaux sont effectués.
De plus, le contrôle de sécurité préliminaire est obligatoire pour tous les demandeurs d'asile adultes. Il commence au point d'entrée et doit être terminé au moment de l'audience de la CISR. Divers facteurs, comme la complexité du cas, le niveau de détails fournis dans une demande et les réponses fournies par les partenaires de contrôle de sécurité de l’ASFC peuvent avoir une incidence sur le temps nécessaire pour achever ce processus.
Je tiens à souligner que la biométrie est principalement utilisée pour la gestion et la vérification de l'identité avec nos partenaires du Groupe des cinq, et pas seulement pour la criminalité. La criminalité peut être vérifiée de plusieurs façons — et elle est vérifiée —, notamment par des contrôles biométriques et biographiques.
Cela nous amène aux conclusions et aux recommandations du vérificateur général, que nous acceptons.
La première recommandation, qui suggère une plus grande souplesse pour mieux répondre aux volumes variables de demandes, est une approche avec laquelle nous sommes d'accord et que nous nous efforçons d'améliorer. L’ASFC, IRCC et la CISR continuent d'utiliser les mécanismes de financement existants et de travailler ensemble, afin d’explorer des approches souples potentielles en matière de financement pour répondre aux besoins actuels et prévus.
Compte tenu du doublement du nombre de réfugiés admis depuis 2016, l’ASFC, IRCC et la CISR ont adopté un certain nombre d'approches novatrices pour améliorer l'efficacité des systèmes d'octroi de l'asile au Canada.
Un exemple mentionné dans le rapport du vérificateur général est la réaffectation des ressources vers des endroits qui reçoivent un afflux plus important de demandeurs d'asile, ce qui améliore considérablement la rapidité de traitement du contrôle de sécurité.
Le gouvernement du Canada a également alloué des ressources supplémentaires pour accroître temporairement la capacité de réception de demandes d'asile et la capacité de rendre des décisions en matière de protection des réfugiés.
En ce qui concerne la deuxième recommandation, qui suggère un échange de renseignements plus proactif, je peux vous assurer que l’ASFC, IRCC et la CISR sont déterminés à concrétiser cela.
L’ASFC s'efforce d'aviser ses partenaires en temps opportun de son intention d'intervenir ou non dans une demande. L’ASFC demeure déterminée à communiquer aux pays partenaires, de façon proactive, des renseignements comme les demandes de visa antérieures et des données biométriques, et ce, dans le respect des lois sur la protection des renseignements personnels et des accords concernant l'échange de renseignements.
Le projet pilote du Centre intégré d'analyse des demandes d'asile illustre notre engagement à accélérer le traitement des demandes et fait état d'un échange de renseignements proactif à l'appui de l'intégrité du programme. Nous continuerons de mettre à l'essai des approches novatrices pour simplifier les procédures, afin d'éviter les chevauchements et de réduire les délais de traitement.
La troisième recommandation suggère que les trois organismes concernés collaborent pour trouver des moyens de recevoir et de partager les demandes d'asile de manière plus efficace et sécuritaire, en se concentrant sur l'aspect numérique. Encore une fois, nous sommes parfaitement d'accord avec cette recommandation.
L’ASFC continue de travailler avec IRCC et la CISR pour établir clairement quels sont les documents propres aux demandeurs à communiquer, à quel moment ils doivent être communiqués et de quelle façon. Nous mettons sur pied un programme d'assurance de la qualité pour déterminer les cas où il y a des retards ou des erreurs inutiles et nous surveillerons la conformité globale à cette approche. Les problèmes tels que les renseignements manquants, en retard, incomplets ou illisibles sur les demandeurs peuvent être cernés et résolus en temps opportun.
Le nouveau Conseil de gestion du système d'octroi de l'asile assurera une coordination efficace de la prestation du système d'octroi de l'asile. Nous nous efforcerons de mettre en place une approche de gestion horizontale et intégrée du système d'octroi de l'asile en général. De plus, nous travaillerons de concert avec des organismes centraux, afin de déterminer les solutions et les mécanismes qui pourraient renforcer les capacités des technologies de l'information en vue d'améliorer l'interopérabilité, l'échange de renseignements et le service à la clientèle. D'autres améliorations seront apportées aux interfaces numériques existantes pour permettre l'échange de renseignements en temps réel entre les organismes et pour appuyer le passage à un environnement de traitement numérique.
Monsieur le président, nous croyons fermement que les personnes qui demandent l'asile au Canada doivent être traitées avec compassion et bénéficier d'une application régulière de la loi. Nous continuerons à travailler dans cette optique, tout en utilisant les politiques et les procédures nécessaires pour renvoyer rapidement les demandeurs d'asile refusés, pour protéger nos frontières et pour respecter nos obligations nationales et internationales. Les ressources prévues dans le budget de 2019 aideront à traiter des demandes d'asile supplémentaires, à renforcer les processus à la frontière et à accélérer le traitement des demandes et des renvois.
En terminant, j'aimerais remercier le Bureau du vérificateur général d'avoir pris le temps d'examiner de près notre système actuel d'octroi de l'asile et pour avoir signalé les problèmes importants à régler, afin de mieux préserver l'intégrité de notre système d'immigration et la sécurité des Canadiens. L’ASFC s'engage à travailler en étroite collaboration avec ses partenaires pour améliorer ce processus.
Nous serons heureux de répondre à toutes les questions des membres du Comité.
Merci.
:
Je vous remercie de la question.
C'est tout à fait exact. Dans le cas des reports, le problème était à la fois lié au délai de 60 jours prévu au règlement et notre effectif disponible à l'époque pour tenir des audiences.
Voici comment cela fonctionnait avant que des changements soient apportés. IRCC ou l'ASFC recevait le dossier. Puis, aux termes du régime, l'organisme devait fixer une date d'audience dans les 60 jours, mais sans tenir compte, malheureusement, de la possibilité qu'un commissaire à la CISR puisse entendre l'affaire. Lorsque le nombre de demandes reçues surpassait considérablement notre capacité de traitement, il était naturel de mettre ces cas au rôle de la CISR, même si nous n'avions pas assez de commissaires pour la tenue d'audiences. Dans la communauté des conseils, on laissait entendre qu'il s'agissait de dates théoriques qui seraient ensuite reportées lorsque la CISR aurait été saisie des dossiers.
Soulignons deux choses intéressantes qui se sont produites depuis la vérification.
Premièrement, la CISR, en collaboration avec le IRCC et l'ASFC, a pris le contrôle de son propre calendrier. Au lieu de fixer une date théorique, IRCC ou l'ASFC donne un avis de comparution au demandeur, puis nous établissons notre propre calendrier en fonction de la date proposée au demandeur, en fonction de la disponibilité des commissaires.
Deuxièmement, les investissements prévus dans le budget de 2018 nous ont permis d'embaucher plus de personnel, de sorte que nous avions un effectif accru pour entendre les causes.
Ces deux facteurs, jumelés à notre capacité de mettre au rôle les demandes les plus anciennes, jugées « plus prêtes pour l'audience », nous ont permis, comme je l'ai mentionné, de réduire le taux de report de 65 % à 36 % depuis la vérification. Au moment de la vérification, l'indisponibilité des membres était un facteur contributif pour 49 % des cas. Le pourcentage est en baisse et s'établit maintenant à 30 %. Au cours de la période de vérification, l'indisponibilité des membres représentait la moitié du taux de report de 65 %. Depuis la vérification, c'est 30 % de 36 %, ce qui signifie, concrètement, qu'aujourd'hui, une audience sur 10 ou 11 est reportée en raison d'un manque d'effectif. Ce chiffre est à la baisse, ce qui est positif.
Il reste encore du travail à faire, et nous avons déterminé les moyens que nous avons l'intention de prendre pour y parvenir dans le plan d'action de la direction.
:
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je tiens à remercier le vérificateur général d'avoir effectué cette vérification.
La surcharge du système d'octroi de l'asile suscite de nombreuses préoccupations. Le ministre a qualifié de xénophobes et peut-être même de racistes beaucoup de ceux qui ont exprimé ces préoccupations, alors que ce sont simplement des parlementaires qui font leur travail pour comprendre les actions du gouvernement et déterminer s'il a les ressources nécessaires pour régler le problème, s'il fait les bons choix pour régler le problème.
Je suis heureux que nous puissions avoir une discussion sérieuse sur le fonctionnement et les défaillances du système, car il comporte de toute évidence de nombreuses défaillances, comme l'indique ce rapport. Je vous remercie, monsieur Ricard, de ce rapport.
J'ai entendu les déclarations préliminaires de Mme MacDonald et de M. Wex. En fait, il me semble que les propos de M. Wex contredisent les conclusions du rapport, selon lequel nous nous dirigeons allégrement vers un retard de cinq ans d'ici 2024. Or, pendant un des exposés, j'ai noté que c'était en fait tout le contraire. Notre retard est de moins de deux ans et cela continue de diminuer.
J'ai entendu dire que vous acceptez les conclusions du vérificateur général, mais il affirme que nous nous dirigeons vers un retard de cinq ans d'ici cinq ans. J'aimerais avoir des explications à ce sujet, s'il vous plaît.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous d'être ici aujourd'hui. Je vous en suis reconnaissant. J'aimerais revenir sur la dernière discussion. J'ai noté certaines choses.
Pendant que je vous écoutais, la première chose qui m'est venue à l'esprit, concernant l'arriéré, c'est qu'essentiellement, vous avez un plan pour avoir un plan. Vous pensez que l'arriéré sera de 100 000 d'ici 2021. Vous avez ralenti la croissance et le système est géré. Ce ne sont que quelques-unes des choses que j'ai notées. Pour moi, cela ressemble au problème des eaux de crue. J'entends par là que vous gérez la catastrophe, mais on ne s'attaque pas à la cause, et encore moins au problème immédiat, l'arriéré.
Très franchement, c'est stupéfiant. Écoutez; c'est un plan conçu pour échouer, parce qu'il n'offre pas la capacité totale nécessaire tandis que l'arriéré ne cesse de croître. Je n'arrive même plus à savoir combien de trous on tente de boucher à la pièce. Franchement, il est ahurissant de constater que nous en sommes rendus là et même avec le rapport du vérificateur général qui nous a été présenté, je n'aime toujours pas ce que j'entends. C'est votre meilleure explication, votre meilleure façon de cerner l'enjeu.
Il y a des gens... J'aimerais, bien maladroitement, passer au fait que 10 % des reports sont dus au fait que les résultats du filtrage de sécurité n'avaient pas été reçus. Il faut faire quelque chose à cet égard.
Je comprends. Je suis un ancien ministre de la Justice et j'ai de meilleurs résultats en matière de contrôle de sécurité que la plupart des gens, mais j'ai aussi eu des électeurs qui sont venus me voir en pleurant — et je suis sûr que je ne suis pas le seul — parce qu'après avoir attendu si longtemps, ils avaient décidé de refaire leur vie ailleurs... Voilà ce qui me déconcerte par rapport aux contrôles de sécurité. Si ces gens ne représentent pas une menace, pourquoi les laisse-t-on dans l'incertitude pendant 10 ans? J'ai rencontré des gens qui ont attendu jusqu'à 10 ans, sans savoir quand ils allaient recevoir par courrier recommandé une lettre disant qu'ils devaient partir. De plus, si ces gens représentent une menace, pourquoi les laissons-nous aller où ils veulent pendant 10 ans, libres comme l'air? Il y a quelque chose qui cloche.
Encore une fois, quand j'examine la question d'un point de vue humain. Je suis du monde du travail et je comprends. Personne ne veut être celui qui confirme que ces gens ne représentent aucune menace et donne son approbation, pour ensuite se retrouver au coeur d'une enquête sur les motifs de la décision. La chose la plus facile à faire — et la plus sûre —, c'est de ne rien faire.
J'aimerais avoir votre opinion, s'il vous plaît, car c'est une expérience vécue, encore une fois. Un moment donné, on constate qu'on a accueilli trop de gens en pleurs au bureau, des gens qui ne savent pas quoi faire et qu'on ne peut aider, simplement parce que c'est à l'étape du contrôle de sécurité. Sachez que lorsque nous appelons, nous nous heurtons à un mur infranchissable. Même en tant que députés, tout ce qu'on nous dit, à titre confidentiel, c'est que « la sécurité s'en occupe », point.
J'aimerais simplement avoir quelques commentaires à ce sujet, s'il vous plaît, ainsi que sur ma petite diatribe du début.
:
Très bien. Je vais commencer.
Je vous remercie de ces commentaires. J'admire votre passion.
J'ai deux points à soulever concernant les arriérés et la question du plan pour avoir un plan. J'imagine que j'ai deux commentaires à faire en guise de réponse. Pour tout arriéré, il convient d'abord de freiner la croissance avant de penser à l'éliminer. Nous en sommes actuellement à cette étape.
Nous pourrons éventuellement demander des fonds pour réduire et éliminer l'arriéré, au fil du temps, comme la Commission l'a fait dans le passé, avec succès. Le Commission existe depuis 30 ans; il y a eu des arriérés, malheureusement, mais ils ont été réduits au fil du temps. Il s'agit d'abord de ralentir la croissance de l'arriéré, puis d'éliminer l'arriéré. Cela dit, je comprends le commentaire du député.
Concernant le contrôle de sécurité, j'aimerais simplement souligner que depuis la fin de la période de vérification, l'été dernier, aucune audience n'a été reportée pour des raisons de sécurité. Cela signifie que la priorité accrue accordée par l'ASFC au contrôle de sécurité et aux ressources et le fait que la CISR contrôle son propre calendrier nous permettent de choisir les dossiers prêts pour les audiences. Nous pouvons en effet examiner notre registre des dossiers en attente et prévoir des audiences pour ceux qui ont franchi l'étape du contrôle de sécurité préliminaire.
Je suis heureux de vous annoncer et de vous assurer que le taux de report attribuable au manque de disponibilité des commissaires a diminué, et qu'il en va de même du taux de report lié au contrôle de sécurité qui, en fait, est nul depuis septembre.
:
Eh bien, vous le savez sûrement de votre expérience du système judiciaire. Le fait est qu'on peut prévoir deux heures pour une audience, mais que pour des raisons de justice naturelle, l'audience se termine avant qu'on n'ait eu le temps de conclure, donc il devra y avoir une autre audience. Le commissaire dira alors que la période de deux heures prévue est terminée et qu'il faudra prévoir une autre audience.
La CISR a pour habitude de prévoir son horaire trois ou quatre mois à l'avance. Nous bloquons notre temps trois ou quatre mois à l'avance. On peut dire que 50 %, 60 % ou 30 % des audiences sont reportées, donc pourquoi ne laisserions-nous pas 30 % de notre horaire libre en prévision des reports? On nous critiquerait si 30 % de nos plages horaires des trois ou quatre prochains mois étaient inoccupées.
Nous sommes toujours confrontés à ce genre de difficulté de fonctionnement quand la demande excède notre capacité de traitement financée, comme c'était le cas pendant cet audit — mais moins maintenant. Ce que le vérificateur général a relevé, c'est que de nouvelles demandes arrivaient, et qu'elles passaient devant des affaires qui avaient déjà été reportées.
Nous travaillons avec notre équipe de gestion à chercher des solutions, et je peux vous dire que j'ai déjà assisté à beaucoup d'audiences. Ce qui se passe, quand on manque de temps, c'est que le commissaire appelle au bureau du greffier pour demander une autre audience au cours des semaines suivantes. Les avocats des demandeurs sont consultés, et on trouve un moment pour tenir une autre audience le plus vite possible.
Je peux vous expliquer pourquoi. Les commissaires se sont déjà préparés à entendre l'affaire. C'est dans leur intérêt. Ils en sont saisis, ils ont commencé à élaborer leur théorie, la preuve a été présentée. Ils veulent clore l'affaire le plus vite possible.
Nous travaillerons pendant l'été à élaborer un protocole pour déterminer quelle serait la meilleure façon de faire de la place pour les reports dans un horaire déjà chargé. Nous envisageons diverses stratégies, dont le temps supplémentaire et la surréservation.
:
Je vais tenter de vous répondre.
Nous sommes absolument d'accord avec la recommandation du BVG de passer du papier au numérique. L'une des difficultés, évidemment, c'est que les ministères sont tous indépendants les uns des autres et que leurs systèmes de TI ne sont pas tous compatibles. Je pense que c'est une simple réalité, puisque chaque ministère a ses propres priorités en matière de TI au fil du temps. L'une des difficultés, c'est que nos systèmes de TI ont évolué séparément les uns des autres, tout comme notre culture sur le plan technologique.
Ces audits nous permettent de regrouper les divers acteurs pour évaluer de quelle structure de gouvernance nous pourrions nous doter pour suivre cette recommandation. Je vous expliquerai un peu ce que nous faisons, parce que je pense que cela vous aidera à comprendre les problèmes auxquels nous sommes confrontés et l'orientation que nous prenons.
Le Conseil de gestion du système d'octroi de l'asile, dont je vous ai parlé dans mon exposé, est vraiment un bon outil de concertation. Nous nous réunissons aux six semaines, environ, pour parler des questions de gouvernance qui ont le plus d'incidence sur le système. La TI fait partie des thèmes abordés.
Nous avons reçu, dans le dernier budget, environ 120 millions de dollars à nous partager pour nos projets de TI. Dès que ce budget a été annoncé, ce conseil s'est réuni, et nous avons discuté des priorités à privilégier. Nous avons ensuite communiqué avec Services partagés et SPAC pour solliciter leur avis, afin de ne pas nager à contre-courant, et parce que ces ministères sont susceptibles de nous aider à faire de notre plan d'entrer dans l'ère du numérique une réalité.
Nous avons donc formé un groupe de travail composé de cadres supérieurs de nos trois organisations et de ces deux autres ministères pour peaufiner notre plan. Depuis, nous avons déjà établi les grands jalons visés d'ici la fin décembre. Nous avons établi les grandes étapes de notre plan. Il y a des personnes qui analysent quels sont nos plus grands besoins, par rapport à ce qui pourra être achevé ultérieurement, et comment nous pouvons répondre à la recommandation du BVG de déployer un plan technologique pour nous affranchir du papier et adopter un système numérique.
Nous sommes très confiants, compte tenu du travail réalisé à ce jour, que nous atteindrons cet objectif. Ce sont des systèmes très complexes, et parce que nous avons tous évolué séparément, chacun à notre façon, nos systèmes technologiques ne sont pas interconnectés.
:
Il y a quelques éléments importants à mentionner ici.
Quand il a déterminé comment investir son argent dans le cadre du dernier budget, le gouvernement a décidé de nous accorder une période de deux ans pour examiner ce qui se passe dans notre système.
Comme je l'ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, ainsi qu'en réponse à une autre question, si je ne me trompe pas, quand on regarde ce qui se passe un peu partout dans le monde en matière de migration et l'afflux de personnes dans notre pays, il y a lieu de creuser en profondeur pour comprendre ce que cette analyse nous apprend.
Il y a notamment notre conseil de gestion qui nous aide beaucoup, je le répète, parce que nous voulons nous assurer de parler tous le même langage et de comprendre les pressions qui pèsent sur chacun. Cela nous permet de déterminer où nous pourrions réaliser des gains en efficience et réduire les dédoublements, puis de réfléchir aux mesures que nous pourrions prendre pour accroître la robustesse du système.
Cela nous aidera, au cours des deux prochaines années, dans notre travail avec le Conseil du Trésor, pour trouver le modèle de financement qui sera le plus adapté. Nous ne savons pas si le seuil restera fixé à 50 000. Nous ne savons pas s'il baissera à 45 000 ou s'il augmentera à 55 000. Par conséquent, ces deux années nous permettront d'obtenir des renseignements de qualité, d'analyser les tendances, d'accroître notre propre efficacité, de réduire les dédoublements et d'intégrer davantage la technologie à nos activités pour mieux comprendre ce que ce chiffre signifie vraiment.
Ce sont les meilleures estimations que nous puissions faire pour l'instant, d'après l'information dont nous disposons, mais je pense que l'analyse des tendances nous aidera à mieux nous situer.
Je vais vous donner un exemple. La migration clandestine est élevée depuis deux ans, mais en ce moment, nous constatons une diminution du phénomène de 46 % depuis le 1er janvier. Un tel déclin aura des conséquences sur l'équipe de M. Wex, à la CISR, et le nombre de dossiers qu'elle devra examiner. Plus l'équipe de M. Ossowski renvoie de demandeurs à l'issue de son travail, plus on en observera les effets à l'autre bout du spectre.
Ce que nous faisons ensemble ressemble à un casse-tête. Nous rassemblons toutes les pièces, recueillons toute l'information possible pour déterminer à combien de demandes nous attendre et en même temps, nous apprenons des choses de ces exercices. Nous devenons de plus en plus efficaces. Prenons le projet pilote qui sera déployé à Toronto à partir de septembre, par exemple, qui permettra déjà d'améliorer notre efficacité beaucoup plus rapidement.
À terme, je ne sais pas si les prévisions seront de 50 000 ou de 70 000, mais nous saurons que nous travaillons ensemble et que chacune des pièces du casse-tête nous aidera à parvenir à un résultat et à avoir une idée de ce à quoi nous attendre. Tout ce travail nous aidera à prendre des décisions plus tard.
:
Je pense que cela nous ramène à l'une des principales constatations que fait le vérificateur général dans son rapport. Cela va également dans le sens de ce qu'ont révélé d'autres audits effectués précédemment. Il nous faut un mécanisme flexible pour le financement.
Qu'est-ce que cela signifie? Dans l'état actuel des choses, nous avons du financement pour le traitement de plus de 40 000 demandes au cours de l'année à venir, et 50 000 l'année suivante. Supposons toutefois que le Conseil de gestion du système d'octroi de l'asile dont Mme MacDonald a parlé constate à l'issue du premier trimestre de l'année que nous n'avons pas reçu 15 000 demandes, mais plutôt 20 000 ou 22 000. Avec un mécanisme flexible, nous pourrions à la lumière de ce constat informer les organismes centraux, y compris le Conseil du Trésor, que nos prévisions étaient erronées. Nous pourrions alors avoir accès à des fonds supplémentaires du fait que le nombre de demandes à traiter est supérieur à ce que l'on avait prévu.
Les choses se passent tout autrement avec le système actuel. Même dans les cas où nous pouvons observer une telle tendance à la hausse, nous devons attendre jusqu'à la fin de l'année pour constater que nous avons reçu 70 000 demandes, plutôt que les 45 000 prévues. Il nous faut alors formuler une demande de financement que le gouvernement doit étudier dans le cadre de son budget annuel. Toutes les propositions budgétaires sont ensuite analysées, et nous pouvons obtenir ou non les fonds demandés.
Si nous obtenons effectivement des fonds, ce ne sera pas nécessairement le montant que nous avons demandé et ils seront réservés expressément aux fins prescrites. Nous recevons ce financement plus tard au printemps et pendant l'été, et nous devons alors accélérer le rythme. À ce moment-là, 18 mois se sont déjà écoulés. Nous devons recruter du personnel et le former. Avant que nous en arrivions à un niveau de productivité acceptable, deux années ont passé et nous avons un véritable arriéré sur les bras.
Pour notre système de détermination du statut de réfugié, c'est un scénario qui s'est répété à intervalles réguliers au cours des 30 dernières années. Un mécanisme flexible de financement, tel que recommandé par le vérificateur général, nous aiderait beaucoup à empêcher l'accumulation d'un arriéré.
:
Merci, monsieur le président.
Merci de vos réponses et de votre présence, mesdames et messieurs.
Je n'ai pas l'expérience de M. Christopherson ou de Mme Mendès dans les questions qui nous préoccupent aujourd'hui. Cependant, je peux vous dire que, au cours de mon premier mandat, toutes les fois où j'ai dû parler d'immigration ou de réfugiés dans ma circonscription, les intervenants de longue date nous ont dit avoir l'impression que ces agences finissaient par devenir des labyrinthes sans porte de sortie au gré des gouvernements en poste, qu'il s'agisse du gouvernement actuel ou du précédent.
On dit que les gouvernements précédents n'avaient pas investi ou avaient effectué des compressions. Le gouvernement actuel a pour sa part beaucoup investi ces deux dernières années dans le budget, mais je suis convaincu que l'argent n'est pas une panacée et qu'il ne suffit pas à lui seul à régler tous les problèmes.
Dès le départ, nous avons entendu les représentants du Bureau du vérificateur général nous dire que la majorité des retards sont causés non par un manque de fonds, mais par des problèmes administratifs: systèmes informatiques déficients et non concordants entre les trois organismes, sous-utilisation de l'information numérisée pour privilégier une vieille paperasse manuscrite, dédoublement des tâches entre les organismes, et ainsi de suite. Tout cela se résume à un seul mot: bureaucratie — dans son sens le plus péjoratif —, ou lourdeur administrative.
Madame MacDonald et monsieur Wex, j'aimerais vous poser la question suivante. Avant même que le Bureau du vérificateur général ne vous appelle et ne vienne faire son enquête chez vous, aviez-vous discuté ensemble du problème concret auquel vous deviez faire face, c'est-à-dire un nombre excessif de demandes d'asile, pour voir comment régler vos problèmes ou cette lourdeur administrative dans vos organismes respectifs?
Nous pouvons commencer par vous, madame MacDonald.