Monsieur le président, je suis heureux de vous présenter mes rapports de l'automne 2015, qui ont été déposés à la Chambre des communes récemment. Les rapports réunissent les constatations de sept audits que nous avons achevés à l'automne 2015.
Les ministères et les organismes du gouvernement sont chargés de mettre en oeuvre des programmes et des services pour répondre aux besoins et aux questions qui importent à la population canadienne. Si les intentions sont bonnes au départ, pourquoi voyons-nous souvent, dans nos audits, des programmes gouvernementaux qui manquent la cible?
[Français]
Je vais d'abord parler de la création de la Régie de la santé des Premières Nations en Colombie-Britannique. L'étude et l'audit que nous avons menés ont montré que la Régie de la santé des Premières Nations est le produit d'une collaboration réussie, mais qu'elle doit maintenant mieux assumer l'engagement de rendre compte.
[Traduction]
Nos études ont démontré que grâce à leur collaboration soutenue, les Premières Nations et les partenaires fédéraux et provinciaux ont surmonté les obstacles structurels de longue date faisant entrave à la prestation de services aux Premières Nations que nous avions recensés en 2011, y compris les incertitudes liées au financement et à la mise en oeuvre des programmes. Ainsi, nous avons remarqué que la Régie profite d'une entente de financement sur 10 ans, alors que par le passé, le financement était habituellement alloué une année à la fois.
Par contre, le travail de vérification que nous avons mené a révélé que le cadre de reddition de comptes et de gouvernance de la Régie présente certaines faiblesses.
[Français]
Par exemple, nous avons constaté que la Régie n'avait pas toujours suivi de la même façon sa politique d'enquêter sur les allégations d'inconduite au travail. La Régie devra corriger ces faiblesses pour appuyer la prestation réussie des services de santé pour les Premières Nations en Colombie-Britannique.
Dans notre audit de la mise en oeuvre de l'Accord sur les revendications territoriales des Inuits du Labrador, nous avons constaté que le gouvernement fédéral avait réalisé des progrès pour mettre en oeuvre certaines de ses obligations aux termes de l'Accord. Par exemple, nous avons constaté que Parcs Canada avait géré le parc national des Monts-Torngat de façon à créer des emplois et des débouchés économiques pour les Inuits du Labrador.
Cependant, nous avons aussi constaté qu'en raison de différends persistants liés à l'interprétation des obligations prévues dans l'Accord, des défis demeurent dans certains domaines, notamment les pêches et le logement.
[Traduction]
Par exemple, Pêches et Océans Canada et le gouvernement nunatsiavut ne s'entendent pas sur l'accès à la pêche de la crevette nordique que doit recevoir le gouvernement nunatsiavut en vertu de l'Accord.
De plus, l'absence d'un programme fédéral de logement pour les Inuits a limité la capacité du gouvernement nunatsiavut de satisfaire les engagements en matière de logement qu'il a assumés.
Ces désaccords persistants compliquent la relation entre le gouvernement fédéral et le gouvernement nunatsiavut. Pourtant, le mécanisme de règlement des différends prévu dans l'accord sur les revendications territoriales n'a pas été invoqué pour tenter de régler ces enjeux.
Les conclusions de notre audit devraient être prises en compte par le nouveau comité de surveillance des sous-ministres sur la mise en oeuvre des traités modernes, dont la création a été annoncée à l'été 2015.
[Français]
Passons maintenant à notre audit des logements militaires. Cet audit fait ressortir des enjeux qui reviennent régulièrement dans nos audits qui portent sur la planification et l'exécution de programmes gouvernementaux.
La Défense nationale dépense des millions de dollars en logements militaires, mais elle n'a pas clairement cerné ses besoins. Nous avons constaté que le ministère n'avait pas déterminé qui, parmi les membres des Forces armées, devraient bénéficier de logement, ni sous quelle forme, ni à quel endroit.
[Traduction]
Nous avons également constaté que l'Agence de logement des Forces canadiennes, qui gère les logements militaires pour la Défense nationale, subit des contraintes qui limitent sa capacité d'utiliser efficacement les fonds affectés aux logements militaires pour répondre aux besoins actuels et futurs des membres des Forces canadiennes. Par exemple, en 2015, l'Agence a reçu 6 millions de dollars en financement de la Défense nationale, mais on lui a donné seulement deux mois pour les dépenser.
Dans notre audit sur les activités de contrôle des exportations qu'exerce l'Agence des services frontaliers du Canada, nous avons constaté qu'il y avait des faiblesses dans les pouvoirs, l'information et les méthodes sur lesquelles se fonde cette agence pour évaluer les risques d'exportation, affecter ses ressources et donner suite à ses priorités. Par conséquent, l'ASFC a raté des occasions d'empêcher des marchandises non conformes aux lois de contrôle des exportations du Canada de quitter le pays.
[Français]
Par exemple, l'Agence des services frontaliers du Canada se servait des déclarations d'exportation pour repérer les envois à risque élevé qui devaient être examinés, mais elle n'était pas en mesure de revoir toutes les déclarations qu'elle reçoit. Par ailleurs, même quand l'Agence ciblait des envois à risque élevé, elle manquait d'en examiner environ un sur cinq.
[Traduction]
Nous avons aussi relevé des lacunes systématiques dans la couverture des exportations. Par exemple, à cause de difficultés liées à la dotation, l'ASFC n'avait examiné aucun des colis qui quittaient le Canada à partir d'un grand centre de traitement.
[Français]
Un autre de nos audits a examiné la question de l'analyse comparative entre les sexes, que nous avons auditée auparavant, soit en 2009. Dans notre audit de 2015, nous avons constaté que l'analyse comparative entre les sexes n'est toujours pas entièrement mise en oeuvre dans l'administration fédérale alors que cela fait 20 ans que le gouvernement s'est engagé à l'intégrer à ses décisions politiques.
[Traduction]
Même si nous avons constaté que Condition féminine Canada, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada et le Bureau du Conseil privé ont fait des progrès en ce qui concerne l'appui à la pratique de l'analyse comparative entre les sexes dans l'administration fédérale, nous avons aussi constaté que les analyses faites par les ministères et les organismes n'étaient pas toujours complètes, et que leur qualité était inégale.
Cela signifie que les impacts selon le sexe, y compris les obstacles à la pleine participation de divers groupes de femmes et d'hommes, ne sont pas toujours intégrés aux décisions du gouvernement. Nous avions conclu sensiblement la même chose en 2009.
Parlons maintenant de notre audit du Programme de prestations d'invalidité du Régime de pensions du Canada. Nous avons observé que l'arriéré des décisions en appel s'était accru depuis la création du Tribunal de la sécurité sociale du Canada. Pourtant, ce tribunal a été créé pour améliorer la rapidité et l'efficacité du processus d'appel.
[Français]
En 2014-2015, alors que des nouveaux appels venaient augmenter l'arriéré, le délai moyen pour obtenir une décision a dépassé les 800 jours, soit plus du double de temps que cela prenait trois ans auparavant. Près de trois ans après sa création, le Tribunal a encore du mal à rendre des décisions en temps opportun.
Pour tenter de réduire l'arriéré, Emploi et Développement social Canada a examiné de nouveau certains des dossiers en appel. Le ministère a alors déterminé qu'environ le tiers de ces dossiers satisfaisaient les conditions d'admissibilité aux prestations. Cela veut dire que, dans ces cas, les demandes auraient pu être approuvées plus tôt.
[Traduction]
Pour sa part, Emploi et Développement social Canada a respecté ses normes de service pour l'évaluation des demandes initiales de prestation et pour les révisions. Toutefois, pour les personnes qui présentent une demande, nous avons constaté que le processus est long et complexe. En effet, les requérants doivent remplir de nombreux formulaires, et le tout peut prendre plusieurs mois.
Dans le cadre de nos audits de l'automne 2015, nous avons également examiné les progrès réalisés par Services partagés Canada pour transformer les services de technologies de l'information du gouvernement fédéral. La transformation des services des TI du gouvernement a commencé en 2013 et devrait se terminer en 2020.
Selon nous, Services partagés Canada n'a pas mis en place les fondements nécessaires à une collaboration efficace avec ses partenaires.
[Français]
Nous avons constaté que le ministère n'avait pas établi d'attentes claires et concrètes quant aux services, au soutien et à l'information que les ministères pouvaient s'attendre à recevoir. À cause de ces faiblesses et d'autres que nous avons relevées dans notre audit, Services partagés Canada n'est pas en mesure de savoir, pour le moment, s'il atteint ses cibles de transformation. De plus, le ministère ne peut rendre compte avec exactitude des économies réalisées par la transformation des services de technologies de l'information du gouvernement.
[Traduction]
Comme cet audit examine en milieu de parcours les progrès réalisés par Services partagés Canada pour mettre en oeuvre les éléments clés de la transformation des services des TI du gouvernement, nos recommandations sont porteuses d'occasions concrètes de revoir ce qui a été fait jusqu'à présent, et de repérer les rectifications nécessaires.
Vous remarquerez que nous fournissons maintenant des exemplaires des rapports complets d'examens spéciaux remis récemment aux sociétés d'État, au lieu des rapports sommaires fournis précédemment. Nous voulions ainsi vous donner des renseignements plus complets sur les forces des sociétés d'État auditées ou sur les secteurs nécessitant des améliorations.
[Français]
En 2015, notre bureau a réalisé des examens spéciaux de la Commission canadienne du tourisme et de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien. Nous sommes satisfaits de voir que les moyens et méthodes que nous avons examinés au sein de ces deux organismes leur fournissaient l'assurance raisonnable que leurs ressources et activités étaient gérées de façon économique, efficiente et efficace.
Comme je l'ai mentionné au début de ma déclaration, ces audits font ressortir le fait que la qualité des programmes gouvernementaux est inégale, avec des cas où les résultats sont inférieurs aux intentions initiales et d'autres où ils s'avèrent plus prometteurs.
[Traduction]
Une initiative prometteuse est représentée par la création de la Régie de la santé des Premières Nations en Colombie-Britannique, où on a utilisé une nouvelle approche et l'information existante pour trouver une autre façon de surmonter les obstacles persistants. Au moment où d'autres gouvernements et Premières Nations ailleurs au pays se penchent sur les façons d'améliorer les programmes et les services aux Premières Nations, nous soulignons l'importance de tenir compte de ce qui a donné de bons résultats et de recenser les conditions gagnantes avant d'aller de l'avant.
[Français]
Par contre, du côté des résultats préoccupants, nous voyons par exemple le cas de l'analyse comparative entre les sexes, qui n'est toujours pas mise en oeuvre dans l'administration fédérale 20 ans après son lancement. Nous voyons aussi le cas de la création du Tribunal de la sécurité sociale, où une transition mal planifiée et des attentes imprécises ont accru les délais dans les dossiers d'appel, au lieu de les réduire.
[Traduction]
Ces audits laissent croire que les ministères ne se préoccupent pas toujours suffisamment d'amélioration et d'apprentissage continus, qu'ils ne songent pas à ce qui a fonctionné ou pas, et qu'ils n'utilisent pas toujours ce qu'ils ont appris pour jeter les fondements de meilleurs programmes et services pour les Canadiens et Canadiennes.
[Français]
Autrement dit, il se peut que les ministères laissent filer des occasions de travailler à améliorer la qualité de leurs programmes et services.
[Traduction]
Monsieur le président, c'est ce qui termine mon exposé.
[Français]
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Essentiellement, nous aimons être en mesure de vous fournir les renseignements nécessaires pour vous permettre de vous acquitter de votre responsabilité consistant à demander au gouvernement de rendre des comptes. On peut donc se demander quels sont les programmes importants et pertinents pour les Canadiens et le Parlement. C'est la prémisse sous-jacente à nos activités.
Nous avons cerné de 16 à 17 domaines qui, à notre avis, sont importants. Nous en avons mentionné quelques-uns. Par exemple, il y a la sécurité publique. C'est actuellement un domaine qui intéresse beaucoup de gens. La défense fait habituellement partie de ces domaines, car on parle de grosses dépenses militaires, de notre souveraineté, etc. D'autres domaines sont liés à la question des Autochtones et à celle du Nord. Nous avons également parlé un peu de la gestion et des processus gouvernementaux; la gestion financière et le contrôle financier sont donc des sujets importants. Pourquoi avons-nous audité Services partagés Canada? Les TI représentent un soutien essentiel pour n'importe quel type d'activités et il faut donc vérifier s'il y a des problèmes dans ce domaine.
Nous tentons également de déterminer comment nous pouvons ajouter une valeur au processus. S'il s'agit d'un sujet qui a été bien étudié, et que les comités l'ont examiné de façon approfondie, et que la communauté gouvernementale, par l'entremise de sa propre fonction de vérification, a également mené un examen approfondi, et qu'enfin de nombreuses évaluations ont été menées sur le sujet, nous examinons tout cela et nous proposons un compte rendu au vérificateur général. Nous lui disons que le sujet a été bien couvert. Le vérificateur général a tenté d'expliquer la notion de risque résiduel. Une fois tout cela accompli, que reste-t-il? Y a-t-il un élément que nous pouvons examiner et pouvons-nous ajouter une certaine valeur à l'ensemble? C'est la façon dont nous choisissons les sujets à examiner.
Une fois par année, nous analysons notre liste et nous tentons de déterminer, parmi les sujets énumérés, lesquels soulèvent davantage de préoccupations au sein de la population. Le vérificateur général recense également les services offerts aux Canadiens. Nous n'examinons pas seulement ce que fait le gouvernement — il offre et exécute le programme —, mais nous examinons également la question du point de vue du bénéficiaire. Nous cernons les éléments qui préoccupent davantage les gens. Ensuite, nous déciderons peut-être de mener un audit pour trouver des renseignements utiles à communiquer au Parlement par l'entremise de nos rapports.
Nous tentons également de vous donner des conseils, sous la forme de recommandations au gouvernement. Comme vous le savez, nous formulons des recommandations aux ministères et aux organismes, mais ces recommandations n'ont aucun pouvoir réel. Elles doivent être étudiées par un comité qui, à son tour, rédige un rapport et formule une recommandation, ce qui oblige le gouvernement à répondre et à préciser s'il prendra des mesures. Encore une fois, nous tentons d'ajouter une valeur, afin de cerner les domaines où des améliorations peuvent être apportées, afin que le gouvernement puisse utiliser ces renseignements pour aller de l'avant.
Évidemment, on parle ici de deux différents gouvernements qui ont pris des engagements alors qu'ils étaient au pouvoir. Vingt ans, c'est extrêmement long. Tout a commencé en 1995, à la Conférence mondiale des Nations Unies. Le Canada a signé la Déclaration et Programme d'action de Beijing. Il a d'abord pris des engagements sur la scène internationale, et ensuite, ici au Canada. Dans un rapport datant de 2005-2006, le gouvernement était encore en train de répartir toutes les responsabilités en disant que nous allions procéder ainsi et que tout se passerait bien. Cela fait 10 ans.
En 2009 — et je me souviens quand ce rapport a été publié —, votre ministère avait effectué un audit. À l'époque, nous n'étions pas très avancés sur ce plan, et le gouvernement avait pris toutes sortes d'engagements. Je dois dire que c'est le genre de choses qui me déconcertent. Les résultats des audits antérieurs étaient les mêmes, et peu importe le parti qui était au pouvoir, le gouvernement de l'époque s'était engagé à donner suite aux recommandations du vérificateur général, mais rien n'a été fait. Nous en sommes toujours au même point. En 2009, une vérification très semblable a été menée et, encore une fois, le gouvernement n'a pas respecté ses engagements. Il a renouvelé ses engagements en 2009 et il en a même rajouté, et nous voilà en 2016, avec un autre rapport qui nous dit que cela n'a pas été fait.
Chers collègues, je pense que ces audits montrent clairement que la bureaucratie, pour quelque raison que ce soit, ne veut pas aller de l'avant dans ce dossier. C'est clair, parce qu'on parle ici du mandat de deux différents gouvernements. Je pourrais blâmer les deux partis en disant qu'ils ne se soucient pas de cet enjeu, mais je ne suis pas convaincu que c'est réellement ce qui est en cause. Il serait intéressant que les fonctionnaires nous expliquent — j'espère qu'ils vont témoigner — pourquoi deux décennies plus tard, nous avons toujours de la difficulté à obtenir l'égalité entre les hommes et les femmes, d'autant plus qu'elles sont majoritaires. Compte tenu de la situation, il serait très pertinent de convoquer les sous-ministres et les fonctionnaires responsables pour aller au fond des choses.
Sachez que nous avons modifié les règles il y a quelques années afin que les sous-ministres soient redevables. À l'époque, lorsqu'on convoquait un sous-ministre et qu'on lui posait une question, il nous répondait que ce n'était pas sa responsabilité, mais bien celle du ministre. Ensuite, nous faisions comparaître le ministre, ce qui n'était pas très fréquent, mais à son tour, il nous répondait que c'était des questions d'ordre administratif et que cette responsabilité relevait du sous-ministre. Chacun se renvoyait la balle. On tournait en rond pour savoir qui était le véritable responsable. Par conséquent, nous avons modifié la loi; les responsabilités des ministres sont clairement énoncées, et lorsque les sous-ministres comparaissent devant un comité comme celui des comptes publics, ils ne peuvent plus se défiler lorsqu'on leur pose une question. Ils ne peuvent pas dire que ce n'est pas de leur ressort.
En fait, nous avons établi tout un processus qui protège les sous-ministres lorsque ceux-ci ne sont pas d'accord avec leur ministre, parce que rien de tout ça n'était clair par le passé. Ceux d'entre nous qui ont été ministres, soit à l'échelle provinciale ou fédérale, savent que ce sont les sous-ministres qui formulent les recommandations au ministre, mais qu'au bout du compte, c'est le ministre qui prend la décision finale. Ils se présentent donc devant les comités, et ils patinent et font leur possible pour ne pas mettre leur ministre dans l'embarras, mais la vérité est qu'on n'a pas suivi leur recommandation. Nous avons désormais un système qui nous permet de régler ce problème. Nous pouvons séparer ces responsabilités en matière de prise de décisions et tenir les bonnes personnes responsables, que ce soit des élus ou des sous-ministres.
Je ne veux pas avoir l'air de faire un sermon, parce que ce n'est pas mon intention. Je veux simplement vous faire part de mon expérience des 10 dernières années dans un dossier que je considère important.
Il ne me reste probablement plus beaucoup de temps, mais sachez qu'il est rare...
:
Au paragraphe 1.58 du rapport, si je ne me trompe pas, nous avons défini les obstacles qui empêchaient les ministères et organismes d'intégrer l'analyse comparative entre les sexes à l'élaboration de leurs initiatives de politiques. En premier lieu, il y avait l'absence d'exigences établies par le gouvernement.
Même si les organismes centraux examinent les mémoires au Cabinet pour déterminer s'il y a des enjeux hommes-femmes dans leurs projets de politiques, il n'y a rien qui les oblige à procéder à ce type d'analyse. Les directives viennent de Condition féminine Canada, mais il n'y a aucune directive du Cabinet ni aucune politique du Conseil du Trésor qui rendent l'ACS obligatoire.
L'autre obstacle — et même s'il y avait des politiques, c'est quelque chose qui devrait être clarifié —, ce sont les délais très courts pour élaborer des initiatives de politiques. Le gouvernement dispose parfois de très peu de temps pour mettre en place une politique, alors il peut être difficile de procéder à toutes ces analyses dans des délais serrés. Il faut déterminer comment établir l'ordre de priorité et s'assurer de mener ces types d'analyse lorsque des décisions doivent être prises dans un court délai.
En outre, il y a la capacité limitée au sein des ministères de savoir exactement comment mener une analyse comparative entre les sexes. C'était le troisième obstacle.
Nous avons donc cerné les trois problèmes fondamentaux auxquels il faut remédier.
Si je peux revenir un peu à la dernière question, je pense que c'est souvent le cas... Dans ce cas-ci, nous avions effectué un audit en 2009 et nous avions relevé des lacunes. Nous avons plus tard constaté qu'il y avait encore des faiblesses dans la façon dont les mesures étaient mises en place. Entretemps, nous avions remarqué que les choses avaient un peu bougé. Condition féminine Canada avait pris les choses en main et avait fourni quelques directives. Il y a donc eu un peu de mouvement à ce chapitre.
Selon moi, ce qui est préoccupant, c'est que les mesures qui ont été prises ne donnent pas de meilleurs résultats. Elles ont donné lieu à de nouvelles politiques, à une formation accrue et à d'autres choses, mais elles n'ont pas nécessairement donné les résultats escomptés.
Il est important de surmonter ces obstacles, mais il ne faut pas perdre de vue l'objectif. Si on s'attaque à ces obstacles, est-ce que cela signifie qu'on obtiendra de meilleurs résultats et que ces analyses comparatives entre les sexes seront bien faites et prises en compte dans les décisions de politiques?
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie encore une fois, monsieur Ferguson.
Je vais revenir sur ce dernier point. Dans les démocraties émergentes, les personnes qui, comme moi, ont participé à des missions d'observation électorale, savent que, lorsqu'il y a des élections libres et justes qui reflètent la volonté du peuple, la première chose à faire ensuite, c'est d'établir un bureau de vérification générale, indépendant et entièrement financé, qui travaille en partenariat — pour reprendre le terme utilisé par le vérificateur général — avec un comité des comptes publics, qui connaît bien son mandat et qui ne s'adonne pas constamment à de la politique partisane. Comme vous pouvez le constater, nous n'avons pas beaucoup parlé de politique partisane, mais pourtant, nous discutons de ce qui occupe une part importante de la politique, c'est-à-dire la reddition de comptes et la transparence.
Je profite de l'occasion pour m'adresser particulièrement aux nouveaux membres. Notre comité se déplace seulement une fois par année, contrairement à d'autres comités. Tous les ans, nous participons à la conférence annuelle des comités des comptes publics du Canada — fédéral, provinciaux et territoriaux. De leur côté, les vérificateurs généraux se rencontrent aussi annuellement. Chaque groupe tient ses propres réunions, mais nous tenons aussi des réunions conjointes afin de développer nos liens. Lorsque les choses fonctionnent bien, le Parlement respecte bien ses engagements envers la population pour ce qui est de la reddition de comptes, mais lorsqu'elles ne fonctionnent pas bien, ce qui n'est pas inhabituel — il est difficile de faire en sorte que tout fonctionne bien — le Parlement ne respecte pas ses engagements envers la population, et c'est souvent à cause de raisons partisanes.
Il ne me reste probablement plus de temps pour poser des questions, mais je vais me concentrer sur le rapport 4, qui porte sur les Services partagés en technologie de l'information. Services partagés Canada a affirmé qu'il économiserait 56 millions de dollars par année. Vous avez souligné dans votre rapport, monsieur Ferguson, qu'il avait confirmé ces économies avant de les avoir réellement réalisées.
Comment cela est-il géré habituellement? Aussi, puisque je n'ai pas beaucoup de temps, je vais vous demander pourquoi cela n'a pas été relevé dans le cadre d'une vérification interne, si la façon dont les choses ont été faites était problématique?
:
Oui, je vous ai vu à l'oeuvre. Vous êtes très doué.
Je voulais seulement mentionner que dans le passé — les comités sont tous maîtres de leur destinée —, nous avions une première série de questions, puis une deuxième, et c'est ce qui était considéré une rotation normale; deux tours pour une séance régulière.
Habituellement, nous avons la chance d'avoir un peu de temps. Dans ce cas-ci, nous n'avions qu'un seul témoin, alors nous avions du temps devant nous. Souvent, je ne peux pas utiliser mes trois minutes, et nous savions tous d'emblée que cela pouvait arriver. Mais dans une situation comme celle-ci, ce que nous faisions, c'était de faire une pause et, en ma qualité de président, je demandais au Comité ce qu'il souhaitait faire, s'il voulait continuer.
Parfois, un caucus veut vider un sujet et les deux autres ont posé toutes leurs questions. Il faut se rappeler que tous les rapports ne font pas la une des journaux. Certains sont en réalité de bons rapports, et le gouvernement reçoit des « oui, pas mal, très bien, excellent ». C'est celui-là que choisit le gouvernement, évidemment, et au bout du compte, on ne peut pas se rendre bien loin avec cela. On finit par manquer de questions.
Mais si quelqu'un veut poursuivre la discussion, et si tout le monde est d'accord, le président peut décider de donner à ce caucus cinq minutes supplémentaires avant de lever la séance. Ou encore, on peut décider de donner un tour supplémentaire à tout le monde. Ou il arrive que tout le monde a bien des choses à dire et qu'on se rende jusqu'à la fin de la séance. D'autres fois, on remercie les témoins pour pouvoir discuter des travaux du Comité. D'autres fois encore, on aura cinq minutes à passer sur un rapport préliminaire avant de lever la séance. Ou bien, ce sera dans l'intérêt de tous de discuter des travaux du Comité. Notre temps y passe.
Donc, bien que ce soit dans l'intérêt de l'opposition d'occuper chaque nanoseconde du temps de séance, pour des raisons évidentes de responsabilité, il est parfois dans l'intérêt de l'ensemble du Comité de mettre fin à la période de questions pour passer à l'étude des travaux ou consacrer notre temps à autre chose.
S'il me reste du temps pour poser une question, j'aimerais parler du Programme de prestations d'invalidité du Régime de pensions du Canada. L'arriéré des décisions coïncide avec la création du tribunal. Cela s'est poursuivi pendant plusieurs années; trois ans, je crois. Personne n'a sonné l'alarme?
Avant que cela ne se transforme en crise, n'y a-t-il pas eu de mécanisme pour signaler que le tribunal, qui devait rendre le processus plus efficace, prolongeait les délais de traitement? Ne devrait-il pas y avoir de mécanisme interne, surtout vu la création d'un nouveau tribunal et d'un nouveau processus, pour reconnaître qu'il y a un problème? On a plutôt laissé aller les choses jusqu'à ce qu'une crise éclate, alors qu'un système d'alarme aurait pu indiquer qu'il y avait des problèmes dès le début. N'est-ce pas?