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Bonjour, chers collègues.
Le Comité permanent des comptes publics tient aujourd'hui, en ce mardi 14 mai 2019, sa 137e séance. Nous sommes réunis d'abord pour étudier le crédit 1 sous la rubrique Bureau du vérificateur général du Budget principal des dépenses de 2019-2020 et, ensuite, le Rapport sur les plans et priorités 2019-2020 du Bureau du vérificateur général du Canada. Si le temps le permet, nous pourrions aussi, à la fin de la séance, discuter à huis clos, pendant 10 ou 15 minutes, de quelques points relevés en cours de réunion.
Avant de passer aux présentations, je tiens à préciser aux auditeurs et aux personnes présentes dans la salle que le Budget principal des dépenses énumère en détail les ressources dont ont besoin les ministères et les organismes pour le prochain exercice financier. Il précise les pouvoirs de dépenser, appelés crédits, et les montants à inclure dans les projets de loi de crédits ultérieurs que le Parlement sera invité à approuver. Les comités permanents de la Chambre des communes peuvent approuver, réduire ou rejeter les prévisions budgétaires qui leur sont soumises, mais non les augmenter.
Chaque comité a jusqu’au 31 mai pour faire rapport sur le Budget principal des dépenses, sinon il est réputé l’avoir fait. C'est ce que nous faisons aujourd'hui. Nous tenons une séance sur le Budget principal des dépenses. Le Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes a un rôle à jouer au nom du Parlement et des Canadiens, soit celui d’amener le Bureau du vérificateur général à rendre des comptes sur son rendement antérieur et ses plans d’avenir. Pour cette raison, il a pour pratique d’examiner le rapport sur le rendement et le plan ministériel du Bureau du vérificateur général en regard du Budget principal des dépenses. Essentiellement, nous oublions aujourd'hui le dernier audit effectué par le bureau pour nous concentrer plus particulièrement sur le Bureau du vérificateur général comme tel et les sommes qui lui sont allouées.
Pour répondre à nos questions, nous accueillons aujourd'hui M. Sylvain Ricard, vérificateur général du Canada par intérim; M. Andrew Hayes, sous-vérificateur général; Mme Lucie Cardinal, vérificatrice générale adjointe; M. Ronald Bergin, directeur principal; et Mme Kimberly Leblanc, directrice principale.
Soyez les bienvenus.
Vous avez maintenant la parole, monsieur.
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Merci, monsieur le président.
Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de discuter de notre rapport sur les résultats ministériels 2017-2018 et de notre plan ministériel 2019-2020. Je suis accompagné aujourd'hui d'Andrew Hayes, sous-vérificateur général; de Lucie Cardinal, vérificatrice générale adjointe responsable des Services corporatifs et dirigeante principale des finances; de Kim Leblanc, directrice principale des Ressources humaines; et de Ronald Bergin, directeur principal de la Planification stratégique.
Le Bureau du vérificateur général du Canada appuie les travaux du Parlement et des assemblées législatives des territoires en leur fournissant de l'information, une assurance et des avis objectifs et indépendants sur les états financiers des gouvernements et sur la gestion des programmes gouvernementaux.
La commissaire à l'environnement et au développement durable est responsable des questions liées à l'environnement et au développement durable qui relèvent du mandat du bureau.
Tous nos audits sont réalisés selon les Normes canadiennes d'audit. Nous soumettons nos audits et notre système de contrôle de la qualité à des revues des pratiques internes et à des examens externes indépendants pour donner une assurance quant à la qualité de nos travaux.
Nous participons aussi à l'avancement des méthodes d'audit législatif et des normes de comptabilité et d'audit. Nous menons des travaux sur la scène internationale afin de favoriser le renforcement des capacités d'audit et de promouvoir une meilleure gestion et une meilleure reddition de comptes au sein des institutions internationales.
[Français]
Permettez-moi de commencer par notre rapport sur les résultats de l'exercice 2017-2018.
Comme le montrent nos états financiers, le coût de fonctionnement net du Bureau s'est chiffré à 94,2 millions de dollars, et nous avons employé 568 équivalents temps plein, ou ETP.
Grâce à ces ressources, nous avons réalisé 90 audits d'états financiers, 6 examens spéciaux et 19 audits de performance, en plus de présenter notre premier rapport sur les audits d'états financiers. La commissaire à l'environnement et au développement durable a piloté la publication d'un rapport collaboratif sur les changements climatiques, avec la participation des vérificateurs généraux des provinces. Elle a aussi présenté un examen sur les progrès réalisés par les ministères dans la mise en œuvre de leurs stratégies de développement durable, ainsi que le rapport annuel du Bureau sur les pétitions en matière d'environnement.
Ces rapports représentent tous les travaux d'audits qui étaient prévus, exception faite des audits de performance annulés sur les programmes scientifiques fédéraux et l'infrastructure dans les réserves. De plus, pour l'audit de performance sur les installations scientifiques fédérales, nous avons présenté une lettre contenant nos recommandations à la fin de l'audit au lieu d'un rapport.
Dans notre rapport sur les résultats, nous indiquons que les comités parlementaires ont examiné 88 % des rapports que nous avons présentés au Parlement au cours de l'exercice 2017-2018. Cela représente une hausse par rapport à l'exercice 2016-2017, où les comités parlementaires avaient examiné 72 % de nos rapports. En tout, nous avons participé à 52 audiences et séances d'information de comités parlementaires à propos de nos travaux d'audit.
Le Bureau du vérificateur général du Canada a pour mission de contribuer à la bonne gestion d'un gouvernement responsable dans l'intérêt des Canadiens. Pour évaluer nos résultats à cet égard, nous déterminons si nous avons exprimé des opinions sans réserve dans le cadre de tous nos audits d'états financiers et si nous n'avons détecté aucun défaut grave lors de nos examens spéciaux. Au cours de l'exercice 2017-2018, nous avons exprimé des opinions sans réserve sur tous les états financiers audités, sauf pour deux entités, soit 95 % de nos audits d'états financiers. Nous collaborons avec les deux organisations concernées en vue de régler les problèmes relevés. Nous pouvons vous indiquer que, pour une de ces entités, nous avons, depuis, été en mesure de formuler une opinion d'audit sans réserve.
[Traduction]
Nous avons relevé des défauts graves pour les six examens spéciaux réalisés au cours de l'exercice 2017-2018. En plus d'adresser des recommandations aux sociétés d'État, nous avons depuis publié notre premier rapport d'observations sur ces audits en vue de faire connaître nos préoccupations au Parlement. Avec l'aide du Comité, nous nous employons à renforcer les moyens, les méthodes et les contrôles de gestion de ces sociétés d'État, surtout dans les secteurs où l'appui du gouvernement est nécessaire pour régler les problèmes recensés.
L'évaluation de nos propres résultats organisationnels a généralement été positive et nous n'avons pas relevé de possibilités d'amélioration importantes. Plus particulièrement, lors de nos revues des pratiques internes, qui servent d'outils de contrôle clés pour la qualité de nos méthodes, les examinateurs ont constaté que nos rapports d'audit étaient appropriés et solidement étayés. Notre rapport sur les résultats 2017-2018 contient plusieurs indicateurs de mesure de l'incidence de nos travaux ainsi que des mesures pour évaluer notre rendement organisationnel. Vous trouverez ces renseignements dans une annexe que nous avons fournie avec la présente déclaration.
Passons maintenant à notre plan ministériel 2019-2020. Le Bureau du vérificateur général du Canada est financé grâce à divers crédits et paiements de transfert. Sous le crédit 1 du Budget principal des dépenses de l'exercice 2019-2020, les dépenses de programme du bureau, qui seront examinées par le Comité en vue d'en faire rapport à la Chambre, sont de 78 millions de dollars. Selon notre planification, l'effectif du bureau devrait être de 580 équivalents temps plein. Notre cadre stratégique contient un certain nombre d'objectifs concernant les relations avec les clients, les activités du bureau et la gestion des ressources humaines que nous visons pour gérer le bureau et guider nos mesures d'amélioration continue.
Pour l'exercice 2019-2020, la plupart de nos efforts cibleront les trois objectifs suivants:
Premièrement, pour être une organisation bien gérée sur le plan financier, nous devons relever les défis financiers auxquels nous sommes confrontés. Même si un nouveau financement permanent a été accordé au bureau dans le budget fédéral de 2018, nous n'avons pas obtenu les nouveaux fonds que nous avions demandés dans le budget fédéral de 2019. Nous continuons à examiner les solutions qui s'offrent à nous pour nous assurer d'avoir le financement dont nous avons besoin et de rendre compte uniquement au Parlement. À court terme, nous n'avons pas d'autre choix que de réduire le nombre d'audits de performance que nous effectuons.
[Français]
Deuxièmement, pour former et conserver une main-d'œuvre qualifiée et engagée, nous devons mieux faire correspondre les besoins de nos services d'audit et de soutien ainsi que des ressources humaines dont nous disposons pour effectuer le travail. Nous continuerons de reporter certains travaux liés à des audits dans la mesure du possible. Nous reporterons aussi un certain nombre de projets au sein de nos services de soutien.
Troisièmement, pour voir à ce que la gestion de la gouvernance du Bureau soit efficace, efficiente et responsable, nous allons continuer à améliorer nos contrôles de sécurité informatique. Nous devons aussi renouveler notre infrastructure informatique pour appuyer la réalisation de nos audits. Nous avons donc commencé la mise en œuvre d'un plan pluriannuel en nous basant sur les ressources que nous avons. Pendant l'exercice 2019-2020, nous finirons de remplacer notre système de gestion des ressources humaines et commencerons le remplacement de notre logiciel de gestion des audits.
En conclusion, le Bureau du vérificateur général remercie le Comité permanent des comptes publics de l'appui et de l'intérêt constant qu'il accorde à ses travaux. Nous sommes heureux de continuer à vous servir au cours de ce nouvel exercice.
Nous répondrons avec plaisir aux questions des membres du Comité.
Quand le vérificateur général a remis son budget et son analyse de rentabilisation au en 2017, certains des mandats dont a parlé M. Ricard étaient envisagés, comme celui de la Banque de l'infrastructure du Canada.
Le travail sur le pipeline de la société Trans Mountain n'était pas envisagé à l'époque, et nous n'avons pas reçu de fonds supplémentaires pour ce mandat.
De même, le changement important entraîné, entre autres, par la modification de la Loi fédérale sur le développement durable, qui accroît la portée des responsabilités du commissaire à l’environnement et au développement durable de 26 entités à 96, n'était pas accompagné d'une augmentation budgétaire. Ses responsabilités sont beaucoup plus grandes qu'auparavant.
Sans fonds supplémentaires, ces nouveaux mandats sont problématiques.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le vérificateur général, merci beaucoup d'être de retour devant le Comité. C'est très apprécié.
J'aimerais discuter de cette histoire de budget. C'est extrêmement préoccupant.
Je siège ici depuis 15 ans, j'ai vu 5 législatures, et mes collègues savent comme moi que le président pose toujours la même question au vérificateur général avant de conclure une séance comme celle-ci, peu importe ce qui s'est dit jusque-là: « Disposez-vous des ressources suffisantes pour vous acquitter de votre mandat? » Et la réponse est inévitablement positive, quoique ce n'est pas toujours facile d'y parvenir.
Qu'on me corrige si je me trompe, mais je ne crois pas qu'un seul vérificateur général se soit jamais présenté devant le Comité et ait déclaré: « Je n'ai pas les ressources nécessaires pour faire le travail que je fais habituellement; je dois donc en faire moins. » C'est ce que je comprends ici.
Je vous cite:
Même si un nouveau financement permanent a été accordé au bureau dans le budget fédéral de 2018, nous n'avons pas obtenu les nouveaux fonds que nous avions demandés dans le budget fédéral de 2019. Nous continuons à examiner les solutions qui s'offrent à nous pour nous assurer d'avoir le financement dont nous avons besoin et de rendre compte uniquement au Parlement. À court terme, nous n'avons pas d'autre choix que de réduire le nombre d'audits de performance que nous effectuons.
Je veux être tout à fait clair. Vous avez demandé plus de ressources. On vous les a refusées et, en conséquence, vous allez faire moins d'audits. C'est exact?
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Oui, j'aimerais ajouter quelque chose.
L'ancien vérificateur général, M. Michael Ferguson, a commencé à parler des pressions sur les ressources lors du premier trimestre de 2017-2018, soit dans les états financiers trimestriels.
Il a mentionné:
Le paiement des coûts des audits et des services, qui augmentent, avec un budget qui reste le même, nécessitera une réduction de nos produits ou services, ou les deux, dans un proche avenir.
À l'été 2017, il a présenté sa demande initiale au . Nous avons passé par toutes les étapes du processus gouvernemental et avons obtenu environ huit millions de fonds supplémentaires dans le budget 2018, soit une partie seulement de ce qu'avait demandé M. Ferguson. Il y est retourné, a bien fait ses calculs et a demandé 10,4 millions dans le budget 2019, mais nous n'avons rien obtenu.
Ce que cela veut dire… Nous ne pouvons pas sabrer du côté du travail obligatoire que nous devons accomplir, soit les audits des états financiers, si bien que la marge de manœuvre que nous avons se trouve du côté des audits de performance. C'est ce sur quoi, bien sûr, le Comité se concentre.
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Les audits de performance sont essentiels. C'est ce que nous examinons, et c'est le principal mécanisme de reddition de comptes du gouvernement. Nous sommes le comité parlementaire de surveillance le plus important. S'il y a une chose, à mon avis, que nous ne pouvons pas accepter, peu importe le gouvernement en place, c'est de couper les fonds du vérificateur général. C'est ce que font les autocrates qui ne veulent pas avoir à rendre des comptes. J'espère que nous prenons la chose très au sérieux et que, peu importe la mesure que nous déciderons de prendre, la décision sera prise à la majorité, à l'unanimité, afin d'envoyer un signal clair, à savoir que peu importe que nous soyons membre du gouvernement ou non, lorsque nous arrivons dans cette salle, nous portons un autre chapeau, celui de la surveillance. Nous avons une responsabilité à l'égard de nos collègues et, à mon avis, c'est fondamental.
C'est tout comme le ministère qui dit: « Non, nous ne vous fournissons pas l'information. Nous refusons de le faire. » Ah oui? Eh bien, la loi dit que vous ne pouvez pas refuser, mais dans le cas du financement, c'est notre responsabilité à tous, et cette situation est inacceptable. J'espère que nous pourrons entamer les procédures nécessaires pour renverser la vapeur, parce que, pour faire un peu de politique, le présent gouvernement manque déjà à ses devoirs sur le front démocratique. Voilà un autre coup porté à la prétendue foi et au prétendu respect à l'égard de la démocratie et des valeurs démocratiques.
Monsieur le président, je suis furieux. C'est inacceptable. Je ne vais soulever aucun autre point parce qu’à mon avis… J'ai quelques questions, mais elles sont de peu d'importance par rapport à la question de savoir si…
Certains d'entre nous font ce travail sur la scène internationale. Vous avez voyagé un peu partout dans le monde. La a voyagé un peu partout dans le monde. C'est le genre de situation où on se dit: « Grand Dieu, vous n'êtes pas sérieux? Est-ce ainsi que votre système de reddition de comptes fonctionne? » On se trouve alors tellement chanceux de vivre au Canada où ce genre de situation ne se produit pas. Eh bien, c'est exactement ce qui est en train de se passer, et il est inacceptable qu'un gouvernement coupe les fonds demandés par le vérificateur général, le principal responsable de la reddition de comptes du gouvernement au Parlement, point final. Je ne peux qu'espérer, monsieur le président, que mes collègues soient d'accord avec moi et que nous pourrons convenir d'une mesure à prendre, quelle qu'elle soit, pour envoyer un signal au gouvernement que la situation est inacceptable pour assurer la surveillance.
J'ai terminé.
En ce moment, nous sommes en train de planifier le rapport de l'automne 2020. Nous avons dû planifier pour l'automne 2019 et le printemps 2020 en fonction du financement qui était déjà en place. Nous avons passé par toutes les étapes du processus gouvernemental, nous avons travaillé avec le et avec le Conseil du Trésor.
Nous avons obtenu les fonds qui nous ont été alloués dans le budget de 2018 en octobre 2018. Nous avons commencé à en utiliser une partie pour embaucher du personnel, mettre en place les contrats dont nous avons besoin au cours de la prochaine année, mais si nous recevons du financement supplémentaire à ce moment-ci, ce serait sans doute dans le budget de 2020, ce qui veut dire que nous devrons attendre que le processus d'affectation des fonds soit terminé.
Ce que le vérificateur général Michael Ferguson avait demandé est un mécanisme de financement budgétaire pour le Bureau du vérificateur général. Il en aurait étendu la portée aux autres agents du Parlement — en fait, c'est ce qu'il a indiqué au — dont le travail est en lien direct avec le travail que nous faisons. Dans le cas du vérificateur général, cela pourrait s'appliquer à l'ensemble des dépenses de programme du gouvernement. Sans avoir les fonds en main, toutefois, nous ne pouvons pas planifier les audits que nous aimerions faire.
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Je peux répondre à la question, si vous le permettez.
Nous avons continué d'effectuer les audits d'états financiers que nous devons faire. Nous avons continué d'effectuer tous les examens spéciaux des sociétés d'État que nous devons faire et qui s'inscrivent dans un cycle de 10 ans. Nous avons mené à bien tout cela.
Nous avons dû, bien sûr, faire un peu de rattrapage, car nous avons dû reporter quelques examens spéciaux pour procéder à l'audit des dépenses des sénateurs.
Ce qui va diminuer, c'est le nombre d'audits de performance que nous effectuons. Nous effectuons en moyenne environ 25 ou 26 audits de performance par année, ce qui comprend ceux que le vérificateur général présente au Parlement, ceux que la commissaire à l'environnement et au développement durable présente au Parlement et les trois rapports que nous préparons concernant les territoires du Nord, un pour le Yukon, un pour les Territoires du Nord-Ouest et un pour le Nunavut.
Le vérificateur général Michael Ferguson s'attendait qu'avec le financement dont nous disposons, nous allions probablement devoir réduire le nombre d'audits de performance à 14 par année, soit une diminution d'environ 10 par année
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Bien sûr, les dirigeants font toujours de leur mieux pour améliorer cela, mais nous avons des gens brillants au sein du Bureau et ils voient exactement les problèmes auxquels nous devons faire face.
Au sujet du nombre d'audits de performance qui diminue et de l'effectif qui diminue, si je peux me permettre d'aborder les choses sous un autre angle, il a fallu investir aussi au cours des années dans ce qu'on appelle la « connaissance des activités ». C'est une chose, quand on réduit les ressources et le financement, de continuer à produire des audits, de les produire l'un après l'autre, mais c'en est une autre quand un aspect qui en souffre, c'est la connaissance des activités, les analyses qu'on effectue au départ pour être en mesure d'établir les meilleurs audits et ensuite de les effectuer de façon efficiente pour qu'ils soient le plus utile et aient le plus de résonnance possible.
On peut continuer à travailler de cette façon pendant un bout de temps, mais il arrive la même chose qu'avec les systèmes de TI. On peut reporter pendant un certain temps, mais il arrive un moment où on prend conscience des risques. On voit venir les choses, mais on espère que tout ira pour le mieux. On demande du financement et on attend. On remet certains éléments à plus tard, mais on en arrive alors à un point où tout tombe en morceaux.
Je suis tout à fait d'accord avec M. Christopherson au sujet de l'importance du travail et du rôle du Comité. Certaines des réponses que nous avons eues à des questions aujourd'hui sont pour le moins troublantes.
Je veux revenir sur votre réponse à la question de M. Davidson au sujet des cinq audits qui ont été annulés... où qu'on considérait soit comme les moins importants, soit... je ne me souviens pas des mots que vous avez utilisés. Tous les rapports que j'ai vu passer au Comité depuis que j'en fais partie sont extrêmement pertinents et importants pour le fonctionnement des ministères, parce qu'ils nous révèlent des lacunes très importantes aux yeux de tout Canadien qui s'inquiète de la prestation des services par son gouvernement.
Si nous en étions au point où nous recevions des rapports qui semblaient un peu anodins, des rapports dans lesquels il n'y avait pas vraiment de préoccupations importantes, je pourrais accepter l'idée que vous puissiez en éliminer certains sans nuire à votre mandat général. Toutefois, je dois présumer que tout rapport que vous avez décidé de ne pas préparer ou tout audit que vous avez décidé de ne pas effectuer nous fait perdre un élément important de la reddition de comptes.
Le Bureau du vérificateur général n'est pas différent des autres ministères. Vous devez rendre compte des fonds que vous dépensez, et nous avons la responsabilité au sein de ce comité de vous demander de rendre compte de vos dépenses. C'est une réponse inquiétante à la question qui a été posée un peu plus tôt, et ce n'en est pas une que nous pourrons régler ici au sein du Comité.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les audits qui n'ont pas été menés en raison du manque de ressources?
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Tout d'abord, c'est une combinaison de choses. Il y a un peu des deux. Certains systèmes seront remplacés et d'autres seront achetés.
Je vais commencer par le dernier point, à titre d'exemple. Dans le cas des logiciels d'analyse de données, il s'agit d'avoir assez de gens pour pouvoir les utiliser à plein régime. Ces logiciels concernent directement les activités d'audit, même si nous nous en sommes également servis à l'interne pour analyser les bonnes pratiques de gestion de nos propres dépenses, entre autres, mais c'est surtout pour les activités d'audit. Nous avons certains logiciels qui se rapportent à l'apprentissage et au perfectionnement, comme les séances de formation au sein du Bureau. Je le répète, la plupart de nos employés s'occupent des activités d'audit. Nous parlons donc de répercussions sur les activités d'audit.
Lorsque nous travaillons avec une entité faisant l'objet d'un audit, nous devons échanger des renseignements — c'est-à-dire, obtenir des renseignements de sa part et les saisir de manière automatisée afin de les verser dans l'outil d'audit,ce qui rend le processus plus efficace et plus simple pour tout le monde. Il s'agit de pouvoir recueillir des données directement, par voie électronique, au lieu de faire une analyse sur support papier.
Ce sont là quelques exemples.
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Un des avantages d'être ici depuis longtemps et, par-dessus tout, de ne pas briguer de nouveau les suffrages, c'est qu'on n'éprouve ni le besoin ni l'envie de faire les manchettes. Je n'en dirai donc pas plus. J'ai eu quelques consultations avec la vice-présidente et le président du Comité, ainsi qu'avec les représentants du caucus de l'opposition officielle, et l'idée de demander une prolongation semble susciter un certain intérêt.
Dans la mesure du possible, il serait dans notre intérêt à tous d'éviter ce fiasco. Je me donnerai comme mission personnelle, d'ici à mon départ dans quelques mois, de crier sur tous les toits que le gouvernement tente d'empêcher la reddition de comptes, et cela commence dès maintenant.
Monsieur le président, quand vous jugerez le moment venu, j'aimerais proposer une motion pour reporter d'une semaine la discussion et le vote sur le Budget principal des dépenses afin de donner aux députés ministériels l'occasion — et je ne veux pas leur mettre des mots dans la bouche, mais si je comprends bien, il s'agit d'une occasion — de retourner consulter leur gouvernement et de poser certaines des questions qui ont été soulevées ici pour confirmer que c'est la bonne chose à faire ou pour nous aider à trouver une façon de modifier cela afin que nous puissions avancer.
Je ne ferai pas d'autres observations et, lorsque vous le jugerez approprié, j'aimerais reprendre la parole pour proposer une motion en vue de reporter d'une semaine le vote sur le Budget principal des dépenses.
Il serait peut-être utile de vous communiquer certaines des analyses que M. Ferguson a effectuées afin d'appuyer sa demande.
Au cours de l'été de 2018, M. Ferguson a écrit au afin de lui expliquer qu'en 2011, avant l'examen stratégique des opérations et les restrictions budgétaires auxquelles nous avons participé volontairement à la demande du ministre des Finances de l'époque, notre budget s'élevait à 74,5 millions de dollars, alors que les dépenses du gouvernement en matière de programmes s'élevaient à 244 milliards de dollars. Notre budget représentait effectivement 0,03 % des dépenses globales du gouvernement. Avec le temps, le vérificateur général s'est occupé des divers chiffres du milieu, mais ce qu'il disait, c'est que pour maintenir notre...
Permettez-moi de revenir un peu en arrière. Sans le financement supplémentaire qu'il demandait, et qui s'ajoutait aux 8 millions de dollars, la proportion de notre budget par rapport aux dépenses globales du gouvernement en matière de programmes aurait diminué, en passant à 0,023 % en 2020-2021, alors qu'en 2011, elle s'élevait à 0,03 %. En 2020-2021, cette proportion se serait établie à 0,023 %. Il a demandé ce financement supplémentaire pour ramener cette proportion à 0,027 %. Il n'a donc même pas demandé que la proportion revienne au même niveau qu'en 2011, mais plutôt qu'elle revienne à un niveau qui, selon lui, nous permet d'exercer nos activités comme nous devons le faire pour procéder aux audits que nous sommes censés effectuer.
En ce qui concerne les 21 millions de dollars qu'il a demandés initialement au nom du bureau, dans le cadre du budget de 2018, il a, en fait, abaissé le montant de sa demande. Nous avons obtenu les 8,3 millions de dollars. Il a fait passer le montant de sa demande de 21 à 17,7 millions de dollars. Il a donc demandé l'année dernière 10,4 millions de dollars de plus, et non la totalité des 21 millions de dollars.
J'espère que ces explications aident à clarifier les choses.
Je pense que nous allons probablement en rester là, mais je vais poser une question. Nous avons parlé assez longuement des cinq secteurs que vous jugez moins importants, et je pense que, lorsque les Canadiens examinent ces domaines que vous avez décidé de ne pas soumettre à des audits...
La cybercriminalité, que nous observons de plus en plus fréquemment. Si le Canada faisait l'objet d'une attaque et que votre rapport avait indiqué qu'il y avait une lacune dans un secteur ou un autre, je pense que cela inquiéterait tous les Canadiens et certainement tous les parlementaires, quel que soit le côté de la Chambre où ils siègent.
En ce qui concerne la protection du Nord canadien, notre voisin du Sud nous a posé de nombreuses questions à ce sujet la semaine dernière — au sujet de la souveraineté du Nord et, en effet, de sa protection. Cela fait partie des responsabilités qui entrent en jeu dans la souveraineté.
Ces domaines revêtent une grande importance aux yeux des Canadiens. Lorsque vous les jugez moins importants, est-ce parce que les vérifications internes effectuées dans le passé ont donné de très bons résultats et ont prouvé que ces secteurs n'étaient jamais problématiques? Vous avez donc examiné ces secteurs et déclaré que leur vérification interne était satisfaisante et que vous étiez certains de leur intégrité générale?
Si j'étais à la tête de n'importe quel ministère, le fait de savoir qu'un audit approche représenterait une mesure de responsabilisation à laquelle je me préparerais toujours. Comme je l'ai indiqué dans le passé, un audit provoque un certain sentiment de crainte chez la plupart des Canadiens, mais un ministère s'attend à faire l'objet de vérifications. C'est une mesure de responsabilisation.
Quels critères avez-vous utilisés pour déterminer les secteurs « les moins importants »?
Je vais en rester là. Je vais causer un choc à M. Christopherson, parce qu'il a déjà déclaré qu'à la fin de la séance, vous pouviez vous attendre à ce que le président pose la question suivante: « Avez-vous suffisamment d'argent pour remplir votre mandat? » Toutefois, je ne vais pas poser cette question. Je pense que, malheureusement, vous y avez déjà répondu. Je crois que, de tous les côtés, nous allons examiner cette question un peu plus attentivement.
Je vous suis reconnaissant de votre présence parmi nous aujourd'hui.
Monsieur Christopherson, je m'en remets à vous, parce qu'on me dit que nous n'avons pas besoin d'une motion. Nous pouvons simplement réexaminer automatiquement la question, parce que cette étude est ouverte. Je pense qu'il y a un genre de consensus en ce moment quant à ce que nous allons faire. Nous allons probablement discuter de nouveau de cette question. Je vais demander à la greffière d'ajouter cela à l'ordre du jour de la semaine prochaine.
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Je suis désolé de vous interrompre, monsieur le président. Je m'excuse, mais il nous reste un peu de temps.
Je tiens simplement à faire valoir un argument. En réalité, il est tout à fait pertinent, et c'est que les exemples que Mme Mendès a mentionnés... Voilà comment cela s'est passé, mais j'étais ici et la différence, c'est que, lorsque l'on a demandé au vérificateur général s'il pourrait encore s'acquitter de son travail, il a répondu oui. Lorsque nous sommes passés de trois rapports annuels à deux... compte tenu de ces deux exemples, je craignais vraiment — et c'est évident étant donné que je fais valoir le même point aujourd'hui — que certaines vérifications soient éliminées. Que se passe-t-il? Ce n'est pas une bonne chose.
Toutefois, le vérificateur général disait que vous pouviez vous débrouiller, que ce serait difficile, mais que vous pourriez y arriver, dans le cadre des efforts que vous déployiez, à l'époque, pour apporter votre contribution. La distinction et la raison pour laquelle je suis comme je suis, c'est que, dans le passé, les employés du vérificateur général, étant de bons équipiers et de bons membres du gouvernement, absorbaient le travail qu'ils pouvaient, et c'est à cette époque que le financement a été réduit. Toutefois, c'est parce qu'ils prétendaient pouvoir continuer de réduire leurs coûts et de faire leur travail. C'est inscrit dans les Hansards. J'ai posé des questions très précises à ce sujet.
Maintenant, lorsque nous posons ces questions, la réponse que nous obtenons est non, nous ne pouvons pas effectuer tous les audits. Tous les audits devraient être effectués, mais nous n'avons pas d'autre choix que celui de réduire le nombre d'audits. Cette histoire de secteurs « moins importants » est simplement un mauvais choix de qualificatifs, parce que, comme vous l'avez signalé, nous parlons de sujets comme la cybersécurité.
Je tiens simplement à souligner la différence. Lorsque le financement a été réduit dans le passé, le vérificateur général nous disait au cours de son témoignage que ses employés pouvaient se débrouiller avec le budget accordé, et que cela n'aurait pas d'incidence sur le travail qu'ils souhaitaient accomplir et qui devait être accompli, selon eux. La différence, c'est que, maintenant, le vérificateur général indique très clairement qu'en raison du refus de leurs demandes de financement, leur capacité d'accomplir le travail qu'ils souhaitent accomplir et qui doit être accompli, selon eux, est compromise. Cet énoncé est nouveau.