:
Merci, monsieur le président. Nous sommes ravis d'avoir l'occasion de discuter de notre rapport de l'automne 2018 sur les comportements sexuels inappropriés dans les Forces armées canadiennes. Je suis accompagné de la directrice par intérim qui était chargée de cet audit, Mme Robyn Roy. En juillet 2014, le chef d'état-major de la Défense avait commandé un examen indépendant externe des politiques, procédures et programmes des Forces armées canadiennes portant sur les comportements sexuels inappropriés. L'ancienne juge de la Cour suprême du Canada, Marie Deschamps, avait mené l'examen et présenté ses constatations et ses recommandations dans un rapport en mars 2015.
En août 2015, le chef d'état-major de la Défense a lancé l'opération Honour, une opération militaire fondée sur une approche descendante et couvrant l'ensemble de l'organisation, qui visait à éliminer les comportements sexuels inappropriés. Il a, du même coup, informé tous les membres des Forces armées canadiennes que la haute direction des Forces et lui-même comptaient faire évoluer la culture de l'organisation et mettre fin à de tels comportements.
[Français]
Notre audit visait à déterminer si les Forces armées canadiennes avaient pris des mesures adéquates pour contrer les comportements sexuels inappropriés, afin d'intervenir auprès des victimes et de leur venir en aide, ainsi que pour comprendre et prévenir de tels comportements.
L'objectif de l'audit n'était pas de tirer une conclusion sur le succès de l'opération Honour, mais de fournir un examen indépendant des progrès réalisés par les Forces jusqu'ici, trois ans après la mise en oeuvre de l'opération.
Nous avons constaté que les Forces armées canadiennes avaient offert divers services de soutien aux militaires victimes de comportements sexuels inappropriés ou les avaient dirigés vers ces services, notamment le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle. Cependant, nous avons relevé des lacunes dans ces services. Ainsi, les Forces n'ont pas accordé la priorité au soutien aux victimes dans la conception et la mise en oeuvre de l'opération Honour. De plus, les services étaient mal coordonnés. Par conséquent, les victimes n'avaient pas toujours facilement accès à des services appropriés au bon moment.
Nous avons aussi constaté que les fournisseurs de services de soutien n'avaient pas tous suivi une formation suffisante pour venir en aide adéquatement aux victimes.
Nous avons également constaté que les Forces armées canadiennes n'avaient pas toujours traité les signalements de comportements sexuels inappropriés en temps opportun ni de manière uniforme et respectueuse. Par conséquent, certaines victimes ont choisi de ne pas signaler un incident ou de retirer leur plainte, car elles étaient peu convaincues que les enquêtes aboutiraient à des résultats concrets.
[Traduction]
Après la mise en oeuvre de l'opération Honour, le nombre de plaintes avait grimpé en flèche, passant d'environ 40 en 2015 à environ 300 en 2017. Selon les Forces, cette augmentation indiquait que les membres avaient confiance en l'organisation et en son efficacité pour contrer les comportements sexuels inappropriés. Cependant, nous avons constaté que certains membres des Forces ne se sentaient toujours pas en sécurité ni soutenus. Ainsi, le devoir de signaler tout comportement sexuel inapproprié avait eu des conséquences non voulues en forçant les victimes à signaler un incident alors qu'elles n'étaient pas prêtes à le faire ou qu'elles ne désiraient pas le faire. Cela a dissuadé certaines victimes de dénoncer des incidents. Le devoir de signaler au sein des Forces armées canadiennes n'a pas permis de concilier la responsabilité juridique de protéger la sécurité des membres et la nécessité de respecter la volonté d'une victime de ne pas porter plainte officiellement. Les commandants étaient aussi placés devant un dilemme éthique: ils devaient choisir entre s'acquitter de leur devoir de signaler, d'une part, et respecter les droits des victimes, d'autre part.
Nous avons également constaté que la sensibilisation et la formation sur les comportements sexuels inappropriés n'étaient pas adéquates. Même si les Forces armées canadiennes ont accru la sensibilisation auprès de leurs membres à l'égard des comportements sexuels inappropriés, elles n'ont pas fourni suffisamment d'information sur les causes et les effets de ces comportements ni sur la façon d'intervenir auprès des victimes et de leur venir en aide. En avril 2018, les Forces ont mis sur pied un atelier sur le respect dans les Forces armées canadiennes. Il s'agit d'une formation plus complète qui corrige les lacunes que nous avons relevées dans d'autres formations offertes au cours de la période d'audit.
Enfin, nous avons constaté que les Forces armées canadiennes n'avaient pas surveillé adéquatement l'efficacité de l'opération Honour dans le but d'éliminer les comportements sexuels inappropriés. Les Forces ne disposaient pas d'une source d'information indépendante et objective sur l'efficacité de l'opération. De plus, l'information recueillie par l'organisation sur les incidents liés à des comportements sexuels inappropriés était de mauvaise qualité. Les Forces ne disposaient pas non plus d'un cadre d'évaluation du rendement pour mesurer et surveiller les résultats de l'opération Honour dans l'ensemble de l'organisation.
[Français]
Nous avons conclu que les mesures prises par les Forces armées canadiennes pour intervenir auprès des victimes d'un comportement sexuel inapproprié et les aider, ainsi que pour comprendre et prévenir ce type de comportement ne leur avaient pas encore permis d'atteindre pleinement l'objectif qu'elles s'étaient fixé.
Nous avons recommandé que les Forces accordent la priorité au soutien aux victimes, qu'elles offrent de meilleures séances de sensibilisation et de formation sur les causes et les effets des comportements sexuels inappropriés et qu'elles intègrent davantage les avis et les résultats d'examens externes indépendants pour avoir l'assurance qu'elles atteindront les objectifs de l'opération Honour.
La Défense nationale a accepté toutes nos recommandations et a préparé un plan d'action détaillé.
Je termine ainsi ma déclaration d'ouverture.
Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
:
Je vous remercie de m'avoir invitée à discuter des constatations du vérificateur général sur les comportements sexuels inappropriés dans les Forces armées canadiennes.
Comme l'a dit le président, je suis accompagnée du lieutenant-général Paul Wynnyk, vice-chef de l'état-major de la Défense; de Mme Denise Preston, directrice exécutive du Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle; et du lieutenant-général Charles Lamarre, chef du personnel militaire.
Comme le vérificateur général l'a dit, l'objectif de cet audit n'était pas de déterminer le succès de l'opération Honour; l'objectif était d'en accroître l'efficacité. Nous remercions le vérificateur général et son équipe de nous avoir aidés à cerner les éléments que nous pouvons améliorer. Nous souscrivons à toutes les recommandations et nous savons qu'elles aideront à orienter l'évolution de l'opération Honour.
Depuis le lancement de cette opération, nous avons vu l'équipe de la Défense — militaires et employés civils — s'unir pour mettre fin aux comportements sexuels inappropriés et soutenir toute personne touchée par ceux-ci.
[Français]
Comme l'a reconnu le vérificateur général dans son rapport, le succès de l'opération Honour dépend de la réalisation d'un changement culturel important à long terme.
[Traduction]
Nous avons fait des progrès, mais permettez-moi d'être claire: il s'agit d'une opération qui ne se terminera jamais. Ce n'est pas une réflexion sur le ministère ou les Forces; c'est une réflexion sur la société qui nous façonne tous et toutes. Tant qu'il y aura des comportements sexuels inappropriés dans notre société, nous demeurerons vigilants à l'égard de ceux-ci à la Défense nationale et dans les Forces armées canadiennes, et notre approche continuera d'évoluer à mesure que notre société évoluera.
[Français]
Lorsque l'opération Honour a été lancée, en 2015, elle l'a été avec les meilleures intentions du monde: éliminer l'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes. Certaines des mesures que nous avons mises en place pour atteindre cet objectif ont eu des conséquences imprévues. Nous corrigeons cela maintenant.
[Traduction]
Nous nous efforçons par-dessus tout d'offrir du soutien aux personnes touchées par des comportements sexuels inappropriés. Comme le recommande le vérificateur général, nous placerons ces personnes au coeur de notre réponse, et nous veillerons à ce que leurs besoins orientent nos actions. Cette réponse comprend notamment le fait de nous assurer que notre organisation est adéquatement structurée et de veiller à ce que chaque personne comprenne bien quel soutien est offert et comment y accéder.
Nous élargissons le rôle et le mandat du Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle afin qu'il devienne la voix officielle en ce qui concerne le soutien des victimes et la défense de leurs droits. Le Centre dirigera et coordonnera les efforts de soutien aux victimes dans l'ensemble des Forces armées canadiennes.
[Français]
Ce soutien est accessible en tout temps; il suffit de faire un appel ou d'envoyer un courriel.
Cela dit, nous reconnaissons que les gens peuvent aussi demander du soutien ailleurs, et nous les encourageons à choisir l'option qui convient le mieux à leurs besoins.
[Traduction]
Nous diffuserons ce message à grande échelle et avec clarté afin qu'il n'y ait plus de confusion au sujet des sources de soutien. Pour nous assurer que les rôles et les responsabilités sont bien compris de tous, nous établirons de nouveaux mandats d'ici le printemps pour le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle et l'Équipe d'intervention stratégique sur l'inconduite sexuelle. Cette clarté se reflétera aussi dans une stratégie nationale intégrée qui orientera notre soutien offert aux personnes touchées par des comportements sexuels inappropriés.
Le lieutenant-général Wynnyk est responsable de cette stratégie, et le Centre d'intervention l'appuiera étroitement dans ses efforts pour que la stratégie tienne compte d'abord et avant tout des intérêts des personnes touchées.
[Français]
Nous mettons aussi en place un service de gestion des cas, qui est accompagné d'un cadre de mesure du rendement. Les renseignements fournis par ces outils et ces services nous aideront à surveiller et à améliorer nos services de soutien.
[Traduction]
Nous serons ainsi plus en mesure d'offrir un soutien constant de la première divulgation jusqu'au moment où les personnes touchées n'ont plus besoin de soutien. La collecte de ces renseignements est importante, mais nous garderons toujours à l'esprit que la raison d'être de cette collecte est d'aider nos gens. Si quelqu'un demande de l'aide à l'extérieur de la Défense nationale ou des Forces armées canadiennes, nous ne serons pas en mesure de recueillir des données de façon comparable, mais nous encouragerons toujours les gens à chercher du soutien auprès de la source qui répond le mieux à leurs besoins.
Le bien-être de notre personnel sera toujours plus important que l'intégrité de nos données, mais ne présumez pas que les données ne constituent pas un élément essentiel de l'opération, comme l'a souligné tout particulièrement le vérificateur général. C'est en fait le cas, et le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle collabore avec l'équipe d'analyse des données de la Défense pour améliorer la méthodologie et la structure des données afin de s'assurer que ce qui est recueilli est utile.
Malheureusement, nous n'avons pas toujours réussi à faire passer les besoins des gens en premier. Malgré tous nos efforts et nos bonnes intentions, le vérificateur général a cerné une conséquence importante, mais entièrement imprévue, du devoir de signaler. Nous abordons ce problème afin que les personnes touchées par un comportement sexuel inapproprié aient plus de contrôle sur le processus de signalement et les décisions qui auront une incidence sur elles. Nous reconnaissons que notre approche antérieure a empêché certaines personnes de signaler des expériences de comportement sexuel inapproprié.
Nous reconnaissons également que l'accent mis dès le début sur l'étape « d'arrêter et de signaler » n'a pas eu l'effet escompté. Il faut cependant dire qu'au moment de la création de l'opération Honour, les Forces armées canadiennes étaient en situation de crise. Depuis, nous avons appris.
Nous savons que certaines personnes ont subi des répercussions lorsque le système de signalement a lancé un processus qu'elles ne voulaient pas. Les Forces armées canadiennes examinent actuellement l'application de la réglementation à cet égard. Elles clarifieront les processus de signalement des incidents de comportement sexuel inapproprié afin que les préoccupations de la victime soient d'abord et avant tout prises en compte et respectées.
Cependant, nous prenons très au sérieux notre responsabilité à l'égard de la sécurité de notre personnel et le devoir de signaler demeure un aspect important de notre capacité à assurer la sécurité de notre personnel.
[Français]
Nous devons agir si le comportement signalé risque d'avoir un effet sur l'efficacité opérationnelle des Forces armées canadiennes ou sur la sécurité de ses militaires.
[Traduction]
Alors que nous continuons à mettre en oeuvre l'opération Honour, nous savons que nous n'avons pas toutes les réponses. Nous apprenons et nous nous améliorons au fur et à mesure que nous avançons, comme le reste du monde.
Le comportement sexuel inapproprié est un problème de société répandu. Nous sollicitons les conseils et les pratiques exemplaires des experts. En fait, nous nous attendons à faire de plus en plus appel à des experts externes en la matière pour cerner les conséquences imprévues potentielles avant qu'elles n'aient des répercussions sur quelqu'un.
Le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle relève de moi et mène ses activités en dehors de la chaîne de commandement militaire. Il tire parti de l'expertise d'un conseil de consultation externe. Le Centre a fait d'importants progrès en collaborant avec le conseil, dont les membres ont accepté de se rencontrer en personne trois ou quatre fois par an, au besoin. Nous avons travaillé ensemble à la préparation d'un mandat pour le conseil. Ses membres ont fait savoir la meilleure façon pour eux de nous conseiller et sur quels sujets leurs conseils porteraient.
Les membres du conseil ont également examiné la documentation sur le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle et l'opération Honour recueillie pendant trois ans. Ils comprennent où nous en étions, où nous en sommes maintenant et comment nous y sommes parvenus. Lorsqu'ils se rencontreront en mars, nous les renseignerons sur les changements proposés au mandat du Centre et à la politique du MDN et des Forces armées canadiennes sur l'inconduite sexuelle. Nous nous réjouissons à l'idée de recevoir leurs précieux conseils constructifs.
Par ailleurs, en décembre dernier, le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle a tenu avec nos partenaires du Groupe des cinq le premier forum sur la prévention et le traitement de l'inconduite sexuelle dans le cadre duquel nous avons échangé avec nos alliés et tiré des leçons d'eux. Plus nous apprendrons, plus nous serons aptes à prévenir l'inconduite sexuelle et à appuyer les personnes touchées.
Nous sommes d'accord avec le vérificateur général: nous devons mieux sensibiliser nos gens. La sensibilisation aidera nos gens à acquérir une compréhension qui se traduira par des changements d'attitude et de position. Nous examinons l'ensemble de notre formation existante pour veiller à ce qu'elle soutienne tout d'abord les victimes. Nous misons sur l'expertise du Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle afin de nous assurer que les Forces armées canadiennes fournissent la formation appropriée à cet égard. La formation sera offerte à l'échelle nationale d'une manière coordonnée et mesurée, notamment par l'intermédiaire de l'atelier sur le respect dans les forces armées.
Que ce soit clair: toutes les personnes qui s'enrôlent dans les Forces armées canadiennes suivent une formation qui les initie à l'opération Honour. Cette formation explique précisément en quoi consiste un comportement inapproprié et expose clairement les conséquences d'une telle conduite, pouvant aller jusqu'au renvoi.
[Français]
Nous savons qu'il faut du temps pour favoriser les changements que nous cherchons à apporter. Nous faisons toutefois des progrès, comme l'a reconnu le vérificateur général.
[Traduction]
Nous avons encore du travail à faire. Personne n'est aussi résolu à l'accomplir que les dirigeants de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes.
Merci.
:
C'est très aimable à vous. Merci.
Merci à tous de votre présence.
Premièrement, je souhaite remercier le vérificateur général et j'aimerais simplement souligner la chance que nous avons d'avoir un système qui nous permet en cours de route de voir notre progression en ce qui a trait à un aspect très important pour tout le monde. Je compare cela à atterrir sur un astéroïde. C'est une sorte de vérification difficile à réaliser, et nous devons la traiter différemment des autres. Ce système nous est très efficace. Je viens de visiter un autre pays et un autre continent, et je suis à même de voir à quel point nous faisons bien les choses et l'avantage que cela procure.
Je souhaite également dire très directement à la sous-ministre, aux officiers supérieurs et à tout le personnel du ministère qui est ici qu'il ne fait aucun doute dans mon esprit que vous, à l'instar de tous les membres du Comité et de leur personnel, vous préoccupez de cette question, que vous la considérez comme une priorité, que vous donneriez tout pour faire disparaître cette situation et que vous seriez prêts à tout pour y mettre fin.
Cependant, il faut se rendre à l'évidence; nous sommes encore loin de la coupe aux lèvres. Même avec toute la bonne volonté et toute la puissance, brute et absolue... Je n'exagère pas. Lorsque nous parlons de l'armée canadienne, nous parlons d'une puissance brute absolue, et nous avons tout de même manqué notre coup.
Chers collègues, j'ai passé environ quatre heures à éplucher ce rapport, et je suis certain que bon nombre d'entre vous en ont fait tout autant, voire plus. Dans mon cas, cela faisait trois heures et demie que j'examinais le rapport quand j'ai eu un déclic. Comme certains d'entre vous le savent, j'ai une certaine expérience dans le commandement et le contrôle, et j'arrive sensiblement à comprendre un peu mieux ces choses que beaucoup d'autres, par exemple. Voici l'aspect déterminant pour moi, et j'aimerais demander aux intervenants de réfléchir attentivement à la suite des choses en la matière. L'examen externe est le point de départ de tout cela, et c'était très clair dans l'examen externe, comme le souligne le vérificateur général à la page 7:
[...] l’une des recommandations de l’Examen externe, qui consistait à établir à l’extérieur des Forces un centre indépendant de soutien aux victimes, composé d’experts. Les victimes devaient pouvoir communiquer avec le centre en toute confidentialité pour obtenir des services de soutien, sans avoir l’obligation de faire un signalement officiel et sans crainte de représailles. L’Examen externe a également recommandé de confier au Centre la responsabilité de prévenir les comportements sexuels inappropriés, de coordonner et de surveiller la formation, de faire le suivi des obligations redditionnelles de chacun, de faire de la recherche et d’agir comme autorité centrale pour la collecte de données.
Soit dit en passant, vous faites de bonnes choses, et c'est important de le souligner. Nous le passons un peu sous silence, mais vous prenez de bonnes mesures et nous vous en sommes reconnaissants.
Si je prends les aspects où le vérificateur formulait des critiques, je constate que cela visait à prévenir les comportements sexuels inappropriés, à coordonner et à surveiller la formation, à faire le suivi des obligations redditionnelles et à agir comme autorité centrale pour la collecte de données. Bref, tous les aspects qui étaient problématiques sont des responsabilités qui avaient été confiées au Centre.
À la page 8, on peut lire au paragraphe 5.34:
Toutefois, nous avons constaté qu’au lieu de confier au Centre toutes les responsabilités recommandées dans l’Examen externe, les Forces l’avaient uniquement chargé de fournir par téléphone ou par courriel des services de soutien initiaux aux victimes et de donner des services d’orientation.
Le vérificateur général ajoute:
Nous avons demandé aux Forces d’expliquer cette répartition des responsabilités, compte tenu du fait qu’elles avaient accepté les recommandations de l’Examen externe. La haute direction nous a expliqué que les dirigeants des Forces devaient assumer les responsabilités recommandées par l’Examen externe; autrement, cela minerait la gouvernance et la reddition de comptes.
Sans surprise, on sonne l'alarme, et nous constatons que tous les aspects problématiques sont les domaines dont la responsabilité aurait dû être confiée au Centre, mais cela n'a pas été fait. L'armée a décidé qu'elle était la mieux placée pour ce faire et qu'elle le ferait à l'interne. C'est la pagaille dans chacun de ces domaines.
Quand je regarde le plan d'action, je constate qu'il y a au moins 12 ou 13 endroits où il est écrit que le Centre ou le CIIS fera... Cela concerne des activités. Monsieur le président, lorsque je vois cela, je me dis que le plan d'action aurait dû mentionner — et c'est seulement mon avis — que nous avons commis des erreurs, que nous n'avons pas mis en oeuvre ce que nous avions promis de faire en premier lieu et que nous le ferons maintenant.
Ai-je raison de présumer que l'un des grands problèmes avec le changement de culture est que des recommandations provenant de l'externe présentaient la manière de s'y prendre et proposaient d'avoir recours à cet organisme externe, de lui confier ces responsabilités, de veiller à la mise sur pied du conseil consultatif et d'établir des liens avec vos dirigeants militaires?
C'est ce qui est ressorti de l'examen. L'armée a regardé le tout et elle a décidé qu'elle ferait tout cela. Lorsque la poussière est retombée, la première chose que l'armée a faite a été de décider de ne pas confier ces responsabilités au Centre. Ne nous racontons pas d'histoires. L'armée a dépouillé de sa substance le Centre. Il ne restait qu'un maigre cadre, et l'armée a expliqué aux dirigeants du Centre qu'ils ne pouvaient jouer qu'un rôle et que l'armée s'occuperait du reste. C'est le fouillis dans chacun de ces domaines.
Je souhaite qu'une personne m'indique l'endroit où je me trompe et me dise que l'un de nos défis n'est pas la culture militaire selon laquelle, lorsqu'une idée provient de l'extérieur, on monte immédiatement aux barricades pour défendre la façon de faire les choses.
Je comprends. C'est dans la nature humaine, mais le rôle des hauts dirigeants qui témoignent devant nous aujourd'hui est de contrer cette tendance. Madame la sous-ministre, si vous êtes en désaccord avec mon évaluation, je vais écouter très attentivement chacun de vos mots. Si vous êtes d'accord avec moi, j'aimerais entendre ce que nous ferons pour remédier à la situation. Je constate que vous avez apporté des correctifs ici, mais j'aimerais savoir ce que nous ferons à l'avenir pour éviter, lorsqu'il faudra apporter de tels changements au sein de l'armée, qu'il y ait des écarts entre ce que nous avons promis de faire et la manière dont nous avons dit que nous le ferions. C'était un échec. À mon avis, c'est ce qui a causé l'échec.
:
La sous-ministre a tout à fait raison. Un changement de culture s’est produit, mais ce n’est pas suffisant. Nous devons examiner le changement culturel, mais cela va bien au-delà des Forces canadiennes. Comme nous l’avons dit, c’est un problème qui touche l’ensemble de la société. Nous recrutons au sein de la société. Cela va prendre du temps.
Lorsque le général Vance a lancé l’opération Honour, la réaction a beaucoup ressemblé à une démarche disciplinaire. Tout d’abord, reconnaître le problème. Une fois le problème détecté, les mesures prises sont souvent très dures, et à raison, car ces comportements sont inacceptables, mais ce type de réaction n’aide pas nécessairement à changer les croyances et les attitudes. Elles modifient les réactions, mais quand les gens ne sont pas sur place, ils savent qu’ils ne sont pas surveillés; ils ne changent pas forcément leurs croyances et leurs attitudes.
Nous devons remédier à ce problème grâce à des séances de sensibilisation et de formation. Cela prendra du temps. Les sociologues vous diront qu’un changement culturel ne se produit pas en quelques jours ou en quelques semaines. Il faudra plutôt des mois et probablement des années.
Nous établirons une stratégie de changement culturel. Ce problème ne concerne pas seulement les Forces canadiennes. Nous travaillerons avec des experts de la société et avec nos partenaires du Groupe des cinq. Pour revenir à votre question, de nombreux autres changements culturels devront se produire pour, une fois encore, réaffirmer le fait que ces comportements sont totalement inacceptables.
Je répète qu’il s’agit d’une toute petite proportion de nos militaires.
:
Permettez-moi d'ajouter ceci. Certains ont peut-être l'impression que nous restons là à nous tourner les pouces pendant que cela se produit. Ce n'est pas le cas. Chaque année, les Forces armées canadiennes renouvellent environ de 7,2 à 7,8 % de son effectif. Entre la Force régulière et la Réserve, cela représente environ 9 000 personnes qui quittent les Forces armées canadiennes ou sont recrutées.
Je vais vous parler de la Force régulière uniquement. Une formation est également offerte aux membres de la Réserve, mais je vais vous parler spécifiquement des 5 350 jeunes, ou parfois moins jeunes, qui entrent dans notre école de recrues à Sain-Jean. Cette formation est évidemment suivie par des membres du rang et par des officiers. Sa durée est de 10 semaines pour les membres du rang et de 12 semaines pour les officiers. Pendant cette période, les membres du rang suivent, au total, six heures de formation étalées sur quatre semaines comptant chacune une période d'enseignement. Cette formation porte précisément sur les comportements dommageables et inappropriés, le harcèlement, sa prévention, ses conséquences, les responsabilités en matière d'éthique et les exigences à respecter pour faire partie des Forces armées canadiennes. Pour les officiers, cette formation dure 6,6 heures.
Dans chacun de nos cours sur le leadership, lorsque l'on parle de changement institutionnel et culturel, on insiste également pour que l'on intègre une formation sur les CSDI et l'opération Honour, précisément pour que les participants sachent de quoi il s'agit. Nous offrons énormément de formation à l'intention des témoins pour que les gens comprennent qu'ils ont le devoir d'intervenir et de participer aux formations ou aux activités réalisées.
Tout cela a un effet cumulatif, et les personnes se familiarisent avec cet enjeu. Nous réalisons aussi des sondages à un niveau moins élevé auprès de petits groupes, d'environ 3 000 personnes ou moins, dans lesquels nous leur posons des questions pour mesurer la confiance qu'ils ressentent, notamment à l'égard de leur chaîne de commandement. Nous avons pu déterminer que, ces deux dernières années, le taux de confiance dans le fait que la chaîne de commande prendrait des mesures adaptées était supérieur à 85 %. Ces données sont disponibles.
Ce qui est intéressant, c'est que bien qu'il y ait un temps pour apporter des changements, et nous devons le faire, nous prenons actuellement des mesures qui instaurent le changement culturel dont vous parlez. Il serait difficile de trouver quelqu'un au sein des Forces armées canadiennes qui ne connaisse pas l'opération Honour et ses objectifs. N'oubliez pas non plus ce dont parlait le vice-chef d'état-major concernant la façon de s'assurer que les choses se sachent et ne soient pas cachées. Chaque incident qui survient doit être signalé au chef d'état-major ainsi qu'à nos centres de soutien.
En conséquence, on a pris des mesures et des démarches pour changer cette culture, notamment par l'intermédiaire de formations et autres. Les gens savent que c'est important pour s'assurer que chacun connaît ses responsabilités.
Merci.
:
Je vais permettre au général Lamarre de formuler un commentaire à la fin. Il a parlé de la formation initiale que nous offrons aux recrues et aux élèves-officiers. Pour répondre au point que vous avez soulevé, il s'agit de formation qu'on offre à tous les échelons, à commencer par le mien. Je vais rapidement passer en revue une partie de la formation que nous offrons. Vous me direz si j'entre trop dans les détails.
Les membres de la police militaire reçoivent maintenant une formation spéciale pour enquêter sur les cas d'inconduite sexuelle. Ils ont fait beaucoup de formation réciproque avec les États-Unis et ont travaillé en partenariat avec le Collège de police de l’Ontario au cours destiné aux enquêtes sur les agressions sexuelles.
Après l'entraînement de base, on doit réussir un cours à chaque grade de sa carrière. Les cours sur l'inconduite sexuelle et dans le cadre de l'Opération Honour ont tous un objectif de rendement, si bien que le cours de recyclage auquel vous avez fait allusion est constamment offert à chaque échelon au fur et à mesure que les gens avancent dans leur carrière. Encore une fois, au dernier échelon, nous offrons un cours aux colonels pour les préparer à être généraux et officiers généraux; il y a aussi une section là-dessus. Nous insistons sur ce point à notre centre de formation aux opérations de maintien et de soutien de la paix, notamment sur l'applicabilité de l'inconduite et de la violence sexuelles à l'étranger, la façon de les signaler et celle de s'assurer que nous en sommes informés et que les gens sont préparés à gérer les cas qui se présentent.
Je pense que la formation sur l'intervention d'un témoin a généralement très bien fonctionné. Nous avons formé 70 000 membres des Forces armées canadiennes, tant de la réserve que de la force régulière, donc la grande majorité d'entre eux. Nous élargissons l'atelier sur le respect dans les Forces armées canadiennes, qui est très axé sur les dirigeants; c'est un cours très interactif dans lequel vous devez réfléchir et contribuer au fur et à mesure que vous avancez. Nous aimerions l'élargir encore plus. J'ignore si nous en arriverons au point de l'offrir à l'ensemble des Forces canadiennes. Encore une fois, la formation est vraiment axée sur le rôle de leadership et de dialogue. Dans chaque équipe qui assume des fonctions de commandement, le commandant d'unité et le sous-officier supérieur qui le seconde doivent suivre cet atelier dès le départ.
Général Lamarre, souhaitez-vous ajouter quelque chose? Je sais que vous avez parlé de la formation initiale.
:
Merci, monsieur le président.
Les femmes ont commencé à se joindre aux Forces armées canadiennes en 1941. Ensuite, dans les années 1980, on a encouragé davantage les femmes à s'enrôler. Depuis à peu près cette époque, nous parlons continuellement du traitement des femmes au sein des forces et de la façon d'en accroître l'enrôlement ou de faire en sorte que celles qui souhaitent servir soient plus attirées par les Forces armées canadiennes.
Il est clair que les femmes qui servent au sein des Forces armées canadiennes ont profité de leur chance et vraiment saisi les occasions qui s'offraient à elles. Elles ont fait preuve d'une bravoure extraordinaire, et il leur a fallu énormément de courage pour faire l'effort de servir notre pays. C'est un acte incroyablement altruiste et digne qui mérite les plus grands honneurs.
Sur ce, je crois que ces femmes devraient pouvoir se joindre aux Forces armées canadiennes et s'attendre à ce que l'institution à travers laquelle elles se sont engagées à servir leur pays leur fournisse un milieu de travail où elles sont traitées avec honneur, respect et dignité. Il en est aussi question dans le rapport du vérificateur général.
J'ai eu de nombreuses conversations avec des femmes qui ont quitté les Forces armées canadiennes et qui ont eu le malheur d'être mal traitées au sein de cette institution. Malheureusement, leurs récits sont tristes, décevants et préoccupants.
Les avocats du gouvernement ont eu l'occasion de répondre à quelques cas d'inconduite sexuelle dont ils ont été saisis. L'un d'eux a déposé une défense dans laquelle il faisait valoir que la Défense nationale « n'est pas tenue de protéger les membres des Forces armées canadiennes contre le harcèlement et les agressions sexuels ».
Cette citation est assez connue et comprise en général, mais je me demande si vous voulez profiter de votre passage ici pour en clarifier la signification. Je crois que les Forces armées canadiennes ont la responsabilité de créer un milieu où ces femmes bénéficient de soins et où elles peuvent s'attendre à être traitées avec dignité, honneur et respect. En fait, c'est le type de service pour lequel elles se sont enrôlées. Je me demande simplement pourquoi ce ne serait pas la responsabilité des Forces armées canadiennes. Avec une déclaration comme celle-là, ce n'est pas étonnant que nous ayons reçu un rapport du vérificateur général qui montre que le ministère ne respecte pas efficacement cette exigence.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, lorsque vous avez demandé à mon collègue, M. Massé, de poser ses questions, il a semblé légèrement mal préparé. Nous devons l'excuser, car il s'apprête à quitter le Comité afin d'assumer le rôle de secrétaire parlementaire du . Je pense qu'il a déjà fait un pas dans cette direction.
J'aimerais reconnaître la valeur des observations formulées par Mme Thomas. J'ai écouté son témoignage, et je l'ai trouvé très rafraîchissant et franc. Par exemple, elle a déclaré qu'ils n'avaient pas toujours réussi à faire passer les besoins des gens en premier. Malgré tous leurs efforts et leurs meilleures intentions, le vérificateur général a cerné une conséquence importante, mais entièrement imprévue, de l'obligation de signaler.
Mme Thomas a également admis qu'ils avaient appris depuis et qu'ils savaient que certaines personnes avaient subi des répercussions quand le système de déclaration avait lancé un processus qu'elles ne souhaitaient pas déclencher. Dans le même ordre d'idées, elle a indiqué que plus ils auraient de connaissances, plus ils seraient en mesure de prévenir l'inconduite sexuelle et d'appuyer les gens touchés par cette inconduite.
Je pense que cela me donne l'assurance qu'à l'avenir, cet enjeu particulier sera géré promptement.
Maintenant, ma question concerne l'une des recommandations du vérificateur général, à savoir que les membres aient accès à des services et un soutien spécialisé uniformes, peu importe l'endroit où ils sont déployés. La question que j'adresse à Mme Thomas — et peut-être aussi à Mme Preston — est liée à la divulgation et au traitement des plaintes. Cette divulgation et ce traitement des plaintes seront-ils plus difficiles lorsque la victime est située à l'étranger, ou dans un endroit comme un navire ou un sous-marin?
:
Je vous remercie de vos aimables commentaires.
Selon l'endroit où vous vous trouvez, il peut être difficile de signaler un incident. Au moment où nous nous parlons, Mme Preston travaille à la résolution de ce problème avec les chefs d'état-major des armées.
Si vous êtes sur un navire, il se peut que vous ayez du mal à signaler un incident au centre si vous n'avez pas accès à une connexion ou si vous n'êtes pas prêt à signaler le problème à votre chaîne de commandement. Alors, comment pouvons-nous apporter ce changement? Cela a assurément une incidence sur le fonctionnement des forces armées. Nous devons donc trouver des moyens de contourner le problème, et nous nous employons à le faire.
Je crois que nous avons réglé le problème des membres qui sont déployés à l'étranger. Ils ont maintenant accès au centre. En général, c'est lorsque les membres sont en mer que nous faisons face aux plus grandes difficultés, lesquelles sont liées à l'accès, à la largeur de bande et aux données. Nous travaillons donc à combler ces lacunes.
En même temps, la chaîne de commandement doit comprendre qu'elle a la responsabilité de protéger les membres touchés. Par conséquent, oui, le CIIS est là pour prodiguer des conseils, pour écouter les personnes qui ont été touchées par un comportement inapproprié et pour prendre leur défense. La chaîne de commandement doit également prendre part à ce processus.
:
Je pourrais peut-être formuler quelques observations supplémentaires pour insister sur les paroles que la sous-ministre vient de prononcer. Non seulement la chaîne de commandement a la responsabilité de prendre part à ce processus, mais cela lui tient à coeur, en plus d'être dans son intérêt. Et, c'est là un point qu'on ne peut pas perdre de vue.
En fin de compte, que vous soyez sur un navire, déployé où que ce soit dans le monde ou simplement au Canada, l'efficacité de votre unité dépend de la capacité de chaque membre de votre équipe de sentir qu'il fait partie de l'équipe. Vous pouvez donc être certain que tous les membres de la chaîne de commandement souhaitent s'assurer que ces situations sont réglées de façon appropriée. S'il y a des scélérats dans l'équipe, ils en seront extirpés. Je pense que c'est un aspect qu'il est important de souligner.
Même lorsque vous êtes déployé, si vous disparaissez pour une raison ou une autre, votre chaîne de commandement n'est pas le seul groupe qui sera en mesure de vous aider. Il y a les divers échelons dont nous avons parlé plus tôt, les diverses chaînes de commandement, qui incluent les aumôniers, les adjoints aux médecins et les médecins militaires. De plus, la police militaire est souvent déployée dans le cadre des opérations.
Une personne touchée peut obtenir de l'aide de plusieurs façons si, par malheur, elle ne peut pas communiquer immédiatement avec l'organisation de Mme Preston. Toutefois, je précise de nouveau que, compte tenu de la connexion établie dans le cadre des opérations, les membres déployés sont désormais capables de communiquer avec le centre. Fait intéressant, les victimes potentielles et les personnes touchées ne sont pas les seules à appeler l'organisation de Mme Preston. De nombreux membres de la chaîne de commandement le font aussi afin d'obtenir des conseils auprès de nos spécialistes. Je l'ai fait moi-même à deux reprises depuis que le centre est ouvert, et j'ai trouvé ses services utiles dans les deux situations. Dans l'un des cas en particulier, qui était lié à un événement survenu il y a longtemps, les conseils ont permis de corriger une situation qui s'était produite il y a plus de 25 ans, et la personne touchée détient maintenant le grade de colonel dans la force régulière.
Nous utilisons donc ce centre comme une ressource, une ressource offerte aux gens d'ici et aux gens déployés partout dans le monde.
:
Merci, monsieur le président.
La première chose que je veux faire, c'est faire écho aux propos de M. Arya, et c'est un point que je voulais aborder avant qu'il n'intervienne. Je pense qu'il importe que la sous-ministre entende non seulement les membres du gouvernement, dont on pourrait dire qu'ils servent leurs propres intérêts en appuyant les personnes qu'ils ont nommées, mais aussi la tierce partie, qui est aussi éloignée du vrai pouvoir qu'on puisse l'être.
Madame la sous-ministre, je veux dire que sur le plan de la reddition de comptes au Parlement qui nous occupe aujourd'hui, ce n'est pas à nous que vous rendez des comptes. Nous formons le principal comité de surveillance du Parlement, et quand les gens témoignent devant nous, c'est au Parlement qu'ils rendent des comptes. Madame la sous-ministre, vous avez un dossier très difficile; vous avez géré des dossiers difficiles par le passé et j'ai toujours trouvé que vous faisiez preuve d'une grande franchise, sans tourner autour du pot. Quand on vous interroge, vous répondez honnêtement et sérieusement, et vous assurez le suivi. Je suis ravi d'entendre que vous prendrez les données au sérieux.
Les propos que vous avez tenus ici sont bons, et je suis convaincu que vous vous êtes suffisamment investie personnellement dans ce plan d'action pour le mener à bien. Je veux joindre ma voix à celle de M. Arya pour vous remercier, madame la sous-ministre. Vous accomplissez un excellent travail. Vous vous approchez de l'étalon d'or en ce qui concerne ce que j'attends d'une sous-ministre, ce qui n'est pas un mince accomplissement, comme vous le savez. J'ai foi en votre engagement personnel à concrétiser ce plan. Je crois en vous.
Général, dans votre cas, je ne suis pas aussi certain. En disant cela, je suis sincère. Vous avez indiqué que vous n'étiez pas certain de comprendre de quelles critiques je parlais. Or, une lecture rapide du rapport révèle l'existence de problèmes réels au chapitre des données. Les lacunes observées au sujet des services étaient les mêmes. La formation n'a pas été offerte de manière coordonnée. Le devoir de signalement a causé un problème qui n'aurait pas existé si les recommandations initiales avaient été suivies. Ce n'est que le début de l'affaire. Si vous voulez approfondir les choses, vous comprendrez peut-être pourquoi la sous-ministre approche le Comité comme elle le fait.
Allons au point 5.109 de la page 25 du rapport du vérificateur général, intitulé « Ce que nous avons examiné ».
Je vous laisse libre, monsieur, de répondre ou non. C'est une question rhétorique à laquelle vous pouvez répondre ou non, et si vous voulez y répondre, j'aimerais beaucoup connaître votre réponse.
Voici ce qu'indique le rapport:
Ce que nous avons examiné — Nous avons examiné si les Forces armées canadiennes avaient fait un suivi adéquat de l’Opération HONOUR en vue de déterminer si celle-ci fonctionnait comme prévu et si elle faisait l’objet d’une amélioration continue.
Passons maintenant au point 5.110 de la page 25, qui indique ce qui suit:
Suivi externe indépendant. En 2016, le chef d'état-major de la défense...
C'est votre patron, n'est-ce pas?