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Bonjour, chers collègues.
Il s'agit de la 49e séance du Comité permanent des comptes publics, et nous sommes le lundi 20 mars 2017. Je tiens à rappeler à tout le monde que nos délibérations sont télévisées.
Avant de débuter, je veux aussi souhaiter la bienvenue à des membres du comité des comptes publics du Kenya, qui sont ici avec nous aujourd'hui. Nous avons hâte de vous rencontrer après la réunion, mais vous êtes certainement les bienvenus au Comité aujourd'hui. Vous êtes accompagnés par le premier conseiller du Haut-Commissariat, M. Afande. Nous sommes ravis de vous voir au Comité.
Nous examinons aujourd'hui le Rapport 2 des Rapports de l'automne 2016 du vérificateur général du Canada: les oppositions en matière d'impôt sur le revenu à l'Agence du revenu du Canada.
Je vous présente nos témoins. Nous entendrons aujourd'hui des représentants du Bureau du vérificateur général du Canada: Mme Nancy Cheng, vérificatrice générale adjointe, et M. Jean Goulet, directeur principal. Nous accueillons également des représentants de l'Agence du revenu du Canada: M. Bob Hamilton, commissaire du revenu et premier dirigeant, et Mireille Laroche, sous-commissaire adjointe à la Direction générale des appels.
Je crois comprendre que chaque groupe de témoins fera un exposé, puis les députés du Comité pourront leur poser des questions. J'invite maintenant Mme Cheng à faire son exposé.
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Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats de notre rapport sur les oppositions en matière d'impôt sur le revenu. Je suis accompagnée du directeur principal chargé de cet audit, M. Jean Goulet.
L'audit visait à déterminer si l'Agence du revenu du Canada gérait avec efficience les oppositions en matière d'impôt sur le revenu des particuliers et des sociétés.
Si un contribuable n'est pas d'accord sur la cotisation établie par l'Agence à la suite de sa déclaration de revenus, il peut présenter une opposition. L'Agence doit examiner l'opposition de façon impartiale et en temps opportun. Si le contribuable n'accepte pas la décision de l'Agence sur son opposition, il peut faire appel devant les tribunaux.
[Traduction]
Pendant l’année civile 2014, l’Agence a examiné environ 30 millions de déclarations, pour un montant d’impôt avoisinant 235 milliards de dollars. Pendant cette même année, les contribuables ont déposé environ 67 000 oppositions pour contester un montant d’impôt global de 4,8 milliards de dollars. Au 31 mars 2016, la liste des oppositions non réglées s'élevait à presque 172 000, totalisant plus de 18 milliards de dollars d’impôts.
Pour évaluer l’efficience du processus d’opposition, nous avons examiné combien de temps l’Agence mettait pour rendre ses décisions sur les oppositions. Nous avons aussi examiné les différentes étapes du traitement d’une opposition pour trouver la source des retards.
Dans le cadre de cet audit, nous avons constaté que l’Agence avait mis trop de temps pour décider du bien-fondé des oppositions déposées par les contribuables.
Nous avons constaté que l’Agence mettait environ cinq mois pour régler les oppositions simples, soit environ 60 % des dossiers. Pour les oppositions de complexité moyenne, l’Agence avait avisé les contribuables qu’ils pouvaient attendre jusqu’à un an avant qu’un agent des appels communique avec eux. Enfin, l’Agence a mis cinq ans ou plus pour régler 79 000 dossiers, pour un montant d’impôts de près de 4 milliards de dollars.
Pendant la période de cinq ans visée par l’audit, nous avons constaté que, dans 65 % des cas, l’Agence avait rendu une décision en faveur du contribuable, en tout ou en partie. Si le contribuable paye ses impôts immédiatement et que l’Agence met beaucoup de temps à lui donner raison, cela engage des coûts non seulement pour le contribuable, mais pour l’ensemble de l’économie.
[Français]
Nous avons aussi examiné les cibles de rendement établies par l'Agence du revenu du Canada pour le processus d'opposition. Nous avons constaté que l'Agence ne prenait pas en compte la notion de « temps opportun » du point de vue du contribuable. Par exemple, l'Agence n'avait pas compté les jours pris pour assigner les dossiers aux agents des appels. Cela signifie que le délai signalé par l'Agence pour rendre une décision sur une opposition était beaucoup plus court que le temps d'attente réel des contribuables.
Sans information complète et exacte sur le temps mis par l'Agence pour traiter une opposition, les contribuables ne peuvent pas déterminer combien de temps ils devront attendre pour obtenir une décision. De plus, l'Agence ne peut pas savoir si elle accomplit mieux ou moins bien son mandat visant à examiner les oppositions en temps opportun.
[Traduction]
L’annulation des décisions sur les cotisations dans le cadre du processus d’opposition ou d’appel devant les tribunaux peut indiquer des problèmes dans les cotisations initiales ou les examens postérieurs de l’Agence.
Nous avons constaté que l’Agence n’avait pas bien utilisé l’information découlant de ses propres décisions ou de celles de la cour de l’impôt pour se perfectionner et améliorer son rendement et ses processus.
Nous avons fait huit recommandations à l’Agence du revenu du Canada. L’Agence les a toutes acceptées et s’est engagée à adopter des mesures correctives.
Monsieur le président, voilà qui conclut mon exposé. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
C'est un honneur de comparaître devant le Comité à titre de commissaire de l'Agence du revenu du Canada. Je suis accompagné de Mme Mireille Laroche, qui est la sous-commissaire adjointe de la Direction générale des appels et la responsable du programme des oppositions.
[Traduction]
Au cours des sept premiers mois passés à l’Agence, j’ai visité tous nos bureaux régionaux et je peux témoigner de la fierté, du professionnalisme et de l’engagement des employés de l’Agence. Nous collaborons pour améliorer les services offerts aux Canadiens, lutter contre l’évasion fiscale et l’évitement fiscal et administrer de façon juste et équitable le régime d’impôt et de prestations du Canada. Ces responsabilités sont aussi ambitieuses qu’elles sont essentielles, et les Canadiens peuvent compter sur nous pour exécuter nos programmes de façon équitable et fiable.
Le Programme des oppositions revêt une grande importance pour ce qui est d’assurer l’équité de l’administration des lois fiscales du Canada. Au moyen d’examens impartiaux, il offre un processus de règlement aux contribuables lorsqu’ils sont en désaccord avec une décision rendue par l’Agence.
Monsieur le président, comme le vérificateur général l’a signalé dans son rapport de l’automne 2016, l’Agence a quelques difficultés à régler les oppositions en temps opportun. Nous prenons au sérieux les conclusions du vérificateur. Nous avons accueilli favorablement ses huit recommandations et avons déjà mis en oeuvre des solutions pour régler les problèmes soulevés.
[Français]
Avant de présenter notre stratégie relative au programme des oppositions et les résultats préliminaires, je tiens à souligner le rendement global de l'Agence à l'égard de l'administration des lois de l'impôt sur le revenu des particuliers et des entreprises.
Chaque année, l'Agence mène près de 66 millions d'activités de cotisation et d'observation, dont le traitement de 31 millions de déclarations de revenus de particuliers et de sociétés. Seulement 0,1 % de ces dossiers — soit environ 66 000 dossiers — font l'objet d'oppositions, et 8 % de ces oppositions concernent la possibilité d'une mauvaise application par l'Agence des lois, des faits ou des politiques. L'Agence est très fière de la qualité des décisions qu'elle rend et des services qu'elle offre aux Canadiens.
[Traduction]
Bien entendu, nous savons que nous pouvons faire encore mieux, particulièrement en ce qui concerne les délais de traitement et la nécessité de rendre des comptes aux Canadiens. Il s’agit d’ailleurs de notre priorité absolue.
Pour donner suite aux recommandations du vérificateur général et fournir un meilleur service aux Canadiens, nous avons axé notre stratégie sur quatre grands thèmes. Le premier vise les communications avec les contribuables. Nous avons ensuite la réduction de l’inventaire des dossiers et les normes de service et la nécessité de rendre des comptes. Enfin, il y a les leçons tirées des oppositions et des décisions d’appels.
Pour ce qui est de notre premier thème, nous avons récemment élaboré une stratégie globale pour nous assurer de communiquer clairement avec les contribuables au sujet de leurs obligations fiscales et du processus d’opposition. C'est un domaine dans lequel nous n'avons pas été à la hauteur de nos attentes.
En novembre 2016, le site Web de l’Agence a été mis à jour pour expliquer ce que nous entendons par des oppositions de complexité faible, moyenne et élevée; la manière de régler des questions fiscales courantes, dont la façon d’envoyer des renseignements supplémentaires ou nouveaux ou de demander un redressement plutôt que de présenter un avis d’opposition; la façon de présenter un avis d’opposition et les circonstances dans lesquelles le faire; l’importance de fournir tous les documents à l’appui lorsqu’un contribuable présente un avis d’opposition afin d’en accélérer le règlement et l'état de l’attribution des dossiers selon leur niveau de complexité.
Dans le passé, l’Agence n’a pas communiqué ses délais de règlement des oppositions aux contribuables. Cependant, à compter du 1er avril 2017, elle publiera très bientôt sur son site Web une nouvelle norme de service visant les oppositions de faible complexité et le temps réel pour régler les oppositions de faible complexité. L’Agence modifiera aussi ses accusés de réception afin que les contribuables comprennent bien le délai prévu avant qu’ils reçoivent une décision.
Le deuxième thème est la réduction de l’inventaire des dossiers. Nous cherchons à réduire notre inventaire d’environ 166 000 oppositions. Cela inclut deux types d’oppositions. Le premier concerne les dossiers réguliers, c’est-à-dire les oppositions distinctes de particuliers ou d’entreprises. Le second concerne les dossiers de groupe, c’est-à-dire les oppositions qui ont parfois trait à des milliers de contribuables qui ont participé à des arrangements d’évitement fiscal ou qui contestent un enjeu commun.
Nous prenons très au sérieux la question de l'inventaire pendant que nous essayons de trouver des solutions pour offrir de meilleurs services, parce qu'actuellement chaque nouvelle opposition que nous recevons s'ajoute à l'inventaire. Nous devons trouver une manière non seulement de répondre aux personnes qui nous font parvenir de nouvelles oppositions, mais aussi de réduire l'inventaire au fil du temps.
Pour ce qui est des oppositions de groupe, un exemple de ce genre d’évitement fiscal est un arrangement relatif à des dons qui permet à des contribuables de recevoir un reçu à des fins fiscales pour un montant qui excède la valeur réelle du don. Les dossiers de groupe représentent 55 % de notre inventaire. En raison du nombre potentiel d’oppositions que cela peut représenter, ces dossiers peuvent avoir des répercussions importantes et soudaines sur notre inventaire.
Les dossiers de groupe sont aussi traités différemment des dossiers réguliers en raison de l’intervention des tribunaux, qui s’assurent que ces dossiers sont traités de façon efficace et uniforme. Les cas types sont ciblés, et les oppositions connexes sont mises en suspens dans l’attente de la décision définitive des tribunaux et de sa mise en application. Ce processus peut prendre des années. Lorsqu’une décision est rendue, l’Agence utilise un processus simplifié pour régler ces oppositions collectives, mais elle doit détourner des ressources des oppositions régulières pour y arriver. Il y a donc eu une incidence négative sur le rendement global de l’Agence.
L’Agence accorde la priorité à la réduction de son inventaire d’oppositions régulières, qui se composent de diverses difficultés et de divers enjeux. Alors que nous établissons nos plans d'action, nous consultons les ministères et les autres administrations fiscales qui ont été confrontés à des défis semblables en matière d’inventaire et nous essayons de tenir compte de leurs pratiques exemplaires.
Selon la recommandation du vérificateur général, nous menons aussi une série d’examens pour cerner les secteurs susceptibles de réduire les retards. Par exemple, le 1er avril 2017, nous lancerons un nouveau processus pour les oppositions de faible complexité, lesquelles représentent environ 60 % de notre arrivage annuel. Par le passé, nous communiquions avec les contribuables seulement après l’attribution d’une opposition à un agent des appels. S’il manquait des renseignements, il fallait encore plus de temps pour régler le dossier.
Grâce à ce nouveau processus, nous communiquerons avec les contribuables ou leurs représentants dans les 30 jours suivant la présentation d’une opposition pour leur demander tout renseignement manquant. Ainsi, les dossiers seront complets et pourront être traités une fois attribués à un agent, ce qui permettra d’avoir un processus de règlement plus rapide.
L’automatisation et la spécialisation du travail nous permettront de réaliser davantage de gains d’efficacité et d’optimiser les ressources, ce qui nous permettra d’offrir des services opportuns aux Canadiens. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais nous réalisons déjà des progrès dans la réduction de l’inventaire de dossiers et l’amélioration des délais de règlement de nouvelles oppositions. Grâce au financement provenant du budget de 2016 et à certaines améliorations apportées au traitement à l’interne, nous sommes sur la bonne voie pour régler plus d’oppositions en 2016-2017 que nous l’avions initialement prévu. Cependant, il reste encore beaucoup de pain sur la planche.
Notre troisième thème porte sur les normes de service et la nécessité de rendre des comptes. Comme je l’ai déjà mentionné, nous présentons une nouvelle norme de service concernant les oppositions de faible complexité qui consiste à les régler dans les 180 jours, et ce, dans 80 % des cas. Cette norme tient compte du fait que nous avons un inventaire vieillissant. À mesure que nous le réduirons, cette norme sera révisée pour avoir un processus de règlement plus rapide.
[Français]
Au cours du prochain exercice, le programme des oppositions mettra en oeuvre une nouvelle approche visant à mesurer le temps de travail potentiel qui inclura toute la période pendant laquelle le dossier d'opposition est sous le contrôle du gouvernement du Canada. Les membres du Comité peuvent avoir l'assurance que nos mesures correspondront mieux au délai réel requis pour examiner les oppositions des contribuables.
Notre quatrième et dernier thème concerne les leçons tirées des oppositions et des décisions d'appel. Bien que l'Agence respecte et maintienne son obligation de traiter les oppositions de manière impartiale, il est essentiel d'appliquer les leçons que nous avons tirées des oppositions et des appels réglés aux autres secteurs de l'Agence qui traitent des déclarations de revenus et qui effectuent des examens de crédit ainsi que des vérifications.
[Traduction]
Nous avons amélioré nos rapports trimestriels relatifs à la boucle de rétroaction pour fournir des renseignements sur les résultats des oppositions, y compris les raisons pour lesquelles une opposition a été admise en partie ou en totalité. Par exemple, nous avons obtenu de bons résultats dans le cadre de la boucle de rétroaction liée au crédit d’impôt pour personnes handicapées, ce qui a entraîné une baisse considérable du nombre d’oppositions présentées en 2016-2017 et une hausse du pourcentage des cotisations confirmées. La question de la boucle de rétroaction et les leçons tirées de ce qui s'est produit sont des éléments importants de notre plan d'action. Par le passé, nous ne nous sommes pas toujours bien assurés de tenir compte des leçons tirées d'un secteur à l'autre de l'Agence. Nous mettrons maintenant l'accent sur cet aspect.
En terminant, monsieur le président, j’ajouterais que, grâce à la combinaison de la transformation du Programme des oppositions et des autres améliorations apportées à la suite des investissements prévus dans le budget de 2016, nous pourrons régler les problèmes soulevés par le vérificateur général dans son rapport. L’Agence pourra ainsi offrir plus rapidement un service de meilleure qualité aux Canadiens.
Nous avons un plan d'action pour répondre à ces préoccupations. Nous sommes résolus à le mettre en oeuvre, et nous en tirerons aussi des leçons en cours de route en essayant de trouver des façons encore meilleures d'assurer la prestation d'un meilleur service aux Canadiens et un processus d'appel plus équitable.
Je suis ravi de répondre à vos questions.
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Les premières paroles à caractère général que je prononcerais seraient que le a confié à la ministre le mandat plutôt clair d’améliorer le service que l’Agence offre aux Canadiens.
Même s’il est arrivé dans le passé que certaines personnes aient l’impression que l’Agence était moins réceptive et raisonnable qu’elle aurait pu l’être, j’estime être très fier des employés de l’Agence dans la majorité des cas. Plus de 40 000 personnes travaillent à l’Agence. Ces nombreux employés essaient vraiment de servir les Canadiens de leur mieux, mais il est vrai qu'ils peuvent faire mieux. Voilà ce que je dirais d’abord, d’un point de vue général. Je reviendrai sur votre argument global.
Voici un exemple de la façon dont nous tentons de modifier le point de mire de nos actions. Lorsque nous mesurions le temps requis pour traiter une opposition, nous mettions le chronomètre en marche à un moment donné, puis nous l’arrêtions. Lorsque le cas quittait la Direction générale des appels, nous arrêtions le chronomètre, parce que la Direction n’avait plus d’emprise sur le cas à ce moment-là. En un sens, c’était logique.
Nous avons remis le chronomètre en marche et, du point de vue du contribuable, nous comprenons que peu lui importe que le cas soit entre les mains de la Direction générale des appels ou d’un autre organisme gouvernemental. Dorénavant, le chronomètre restera en marche tant que le cas relèvera du gouvernement.
Si nous communiquons de nouveau avec le contribuable pour obtenir des renseignements supplémentaires, il conviendra d’arrêter le chronomètre dans ce but. Dans le cadre de nos services, nous nous efforçons maintenant de penser davantage à ce qui convient au contribuable, au lieu de penser simplement à ce qui nous convient. Il faut que nos procédures tiennent compte des deux points de vue.
Pour en revenir à votre argument général, nous tentons d’adopter cette approche dans tous les secteurs où nous offrons des services. Nous avons accompli de grandes choses en ce qui a trait aux services électroniques que nous offrons. Nous avons adopté de nouvelles technologies pour mieux servir les Canadiens, mais, dans certains secteurs, nous devons simplement faire mieux. Nous devons songer davantage à la façon dont les Canadiens envisagent le système fiscal, ainsi qu’à la façon dont nous communiquons avec eux.
Le système fiscal est un monstre compliqué et, parfois, nous ne faisons pas tout ce que nous pouvons pour l’expliquer efficacement aux gens qui ne le comprennent peut-être pas aussi bien que nous. Nous nous attaquons à tous ces aspects, et nous nous employons à améliorer notre correspondance afin d’utiliser un langage plus simple et de rendre nos communications un peu plus claires. En tant que contribuable, je peux confirmer que des améliorations ont été apportées récemment à l’avis de cotisation que j’ai reçu. Voilà le genre de mesures sur lesquelles nous concentrons nos efforts.
À l’Agence, nous nous efforçons d’envisager nos services du point de vue de nos clients. Cependant, je dois émettre la réserve suivante: au bout du compte, nous devons percevoir l’impôt que les contribuables doivent et, parfois, les conversations à ce sujet peuvent être délicates. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’elles ne peuvent pas pour autant se dérouler d’une manière raisonnable, et nous tâcherons d'atteindre cet objectif.
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Comme vous pouvez l’imaginer, je ne serai pas en mesure de formuler des observations à propos de chaque cas que vous venez de soulever.
Je reçois moi aussi des lettres dans lesquelles les contribuables me font part de leurs commentaires. En toute honnêteté, je dois admettre que ces lettres sont plus souvent négatives que positives. Je suppose que je répondrais que nous nous efforçons d’offrir un meilleur service. Quelques-uns des scénarios auxquels vous avez fait allusion sont des situations que nous essayons de mieux gérer, et je dis cela sans aborder les cas en question, car ils pourraient comporter des faits dont je ne suis pas informé.
Nous essayons de veiller à utiliser tous les renseignements dont nous disposons. Il est certainement arrivé dans le passé qu’un membre de l’organisation, qui s’occupait d’un contribuable, n’ait pas accès aux renseignements que quelqu’un d’autre possédait dans un autre secteur de l’organisation. Nous nous efforçons de régler ce problème. Nous essayons de relier les silos et d’envisager l’Agence comme un ensemble intégré. Voilà un exemple de situations où nous pourrions tenter de mieux faire en sorte de disposer de l’information appropriée.
Deuxièmement, nous voulons nous assurer que, lorsque nous correspondons avec un contribuable, la correspondance est respectueuse et que, d’une façon ou d’une autre, elle aide le contribuable à comprendre la raison pour laquelle nous prenons ces mesures. J’espère que nous ne commettrons pas d’erreurs. Mais, si c’est le cas, elles pourraient être décelées d’une façon constructive et productive. Nous nous efforçons d’examiner notre correspondance et la façon dont nous formons notre personnel.
Au nom des 40 000 personnes qui travaillent à l’Agence, je dirais que, dans la majorité des cas, nous pouvons, en fait, aider les contribuables. J’ai écouté des appels où les contribuables à l’autre bout de la ligne étaient très stressés parce que la situation fiscale était difficile. Nos agents ont été en mesure de les aider à traverser cette épreuve, de leur expliquer qu’il y a des façons de contourner le problème s’ils ont des difficultés financières, ou de leur expliquer pourquoi ils doivent de l’argent.
Nous pouvons faire mieux, et cela fait partie du mandat que nous tentons d’appuyer pour satisfaire notre . Nous pouvons essayer de réduire au minimum le nombre d’erreurs que nous commettons. Malheureusement, dans une grande organisation où nous traitons un tel nombre de déclarations de revenus, il y aura probablement toujours quelques cas d’erreurs. Toutefois, nous nous employons activement à améliorer le service que nous offrons, à utiliser les meilleurs outils possible, c’est-à-dire le renseignement et la technologie, et à communiquer avec tact.
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Oui. Je vous remercie de la question. Comme je suis économiste et que j'ai passé la plus grande partie de ma carrière au ministère des Finances, j'aime les données plus que quiconque. Je vous remercie donc d'aborder le sujet.
Il s'agit effectivement d'une des principales critiques du vérificateur général et d'un problème au sujet duquel nous avons adopté un plan d'action énergique pour tenter de rectifier la situation et de corriger certaines des lacunes les plus criantes que vous avez soulevées.
Sachez que l'Agence dispose d'une somme colossale de données. Il arrive que nous ne puissions les communiquer, puisqu'il s'agit de renseignements confidentiels des contribuables, mais à bien des égards, nous accomplissons beaucoup d'excellent travail avec ces données.
Nous devons toutefois améliorer nos données. Je peux vous affirmer que nous avons apporté des améliorations considérables en peu de temps en prenant ce que je qualifierais de mesures relativement simples. Vous avez énuméré certains des problèmes qui se posent.
D'une part, je suis encouragé par le fait que la qualité des données se soit améliorée de 41 %, mais de l'autre, je suis préoccupé par ce chiffre, car il témoigne de tout le chemin que nous avons dû faire et qu'il nous reste encore à parcourir.
Vous pouvez être certain qu'avec Mireille et ses collègues, qui effectuent beaucoup de travail au sein de l'Agence — puisque c'est une autre question pour laquelle il faut que tout le personnel de l'organisme apporte une contribution efficace au chapitre de l'ensemble de données —, nous disposerons de meilleures données et nous les communiquerons mieux aux Canadiens quand nous sommes autorisés à le faire. Je pense que votre remarque est fondée, et c'est un problème auquel nous nous intéressons beaucoup.
Puisque je viens du milieu de l'éducation, je veux m'attarder au quatrième thème soulevé par le commissaire, à savoir les leçons tirées des oppositions et des décisions d'appels.
M. Hamilton a dit qu'il y a 166 000 oppositions en suspens, dont 55 % sont des dossiers de groupe sur des différends tels que les mécanismes d'évitement fiscal, y compris les arrangements relatifs à des dons utilisés comme abris fiscaux.
Je suis tombé sur un article de 2014 publié par CTV News qui porte sur les milliers de Canadiens victimes de stratagèmes fiscaux utilisés par des promoteurs qui encouragent les gens à faire un don. Souvent, ces programmes sont présentés aux Canadiens d'une façon qui les mène à croire qu'ils font quelque chose de bien, comme contribuer à l'achat de médicaments pour les habitants de pays pauvres.
L'article dit que toutes ces manoeuvres sont camouflées sous le couvert de la philanthropie, mais qu'à ce jour, les fonctionnaires de Revenu Canada ont refusé près de 6 milliards de dollars de dons semblables. L'article indique également que, selon l'ARC, aucun abri fiscal fondé sur les dons n'a été jugé conforme à la Loi de l'impôt sur le revenu jusqu'à maintenant.
Même si certains des donateurs ont peut-être pris un risque calculé en participant à ces programmes, je constate que nombreux sont les Canadiens qui y adhèrent parce qu'ils ont été bernés. On leur a fait croire qu'ils faisaient quelque chose de bien pour les personnes dans le besoin.
J'admets que le rapport du vérificateur général s'attarde à la façon de régler les oppositions en temps opportun, mais j'aimerais vraiment établir un parallèle.
Nous parlons ici des leçons tirées des oppositions et des décisions d'appels. Serait-il possible de faire mieux? Ne pourrions-nous pas mieux sensibiliser les Canadiens sur le genre de stratagèmes qui donnent lieu à des oppositions et à des appels? Pourrions-nous tuer le problème dans l'oeuf plutôt que de laisser souvent ce genre de cause aboutir devant les tribunaux, comme vous l'avez dit, ce qui peut prendre des années, et qui engorge nos procédures et les ressources de votre ministère? Ne pourrions-nous pas faire un meilleur travail en amont, et sensibiliser les Canadiens pour éviter qu'ils n'embarquent dans des stratagèmes qui, nous le savons bien, ne fonctionneront pas, à la lumière de notre expérience?
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Je vais continuer en français, pour qu'il y ait un peu de français dans cette rencontre.
Tout d'abord, j'aimerais souligner le fait que c'est moins de 1 % de toutes les déclarations d'impôt soumises dans tout le Canada qui font l'objet d'une vérification ou d'un appel. On ne parle donc pas d'un problème majeur ni généralisé. Il n'en demeure pas moins que le citoyen garde souvent en mémoire la relation amère qu'il peut avoir avec l'Agence du revenu du Canada, et c'est ce qui forge la réputation des agents de Revenu Canada et de l'Agence elle-même auprès des citoyens.
Au cours des débats à la Chambre ces dernières semaines, on a entendu dire à répétition que les Canadiens avaient cette perception selon laquelle l'Agence se préoccupe beaucoup plus du petit contribuable que de celui qui fait de l'évitement fiscal, c'est-à-dire qui fait tout pour esquiver son obligation légale de payer sa juste part d'impôt.
Je sais que la ministre met beaucoup d'énergie dans la lutte contre l'évasion fiscale. Vous avez reçu des fonds octroyés précisément pour lutter contre l'évasion fiscale. Toutefois, un défi demeure dans cette lutte. Nous l'avons constaté lors de notre rencontre avec le comité des comptes publics de la Grande-Bretagne, en décembre dernier. Les membres de ce comité s'étaient beaucoup concentrés sur la question de l'évasion fiscale, qui est légale en Grande-Bretagne. De fait, ce n'est pas illégal. Cependant, cela pose un problème majeur pour ce qui est de la façon dont la population canadienne perçoit qui est visé par le marteau de Revenu Canada.
Comment peut-on contrer cette perception selon laquelle c'est toujours le petit contribuable, le citoyen qui paie régulièrement ses impôts qui se fait ramasser, alors que tant d'autres personnes réussissent, au moyen de l'évasion fiscale, à se soustraire à leurs obligations fiscales et à ne pas payer leur juste part?
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Je vais d'abord parler de la fonction d'appels.
De toute évidence, le vérificateur général nous en a donné un aperçu. Nous étions d'accord sur les recommandations qui ont été soumises, et nous avons des choses à faire.
J'ai décrit les activités que nous allons entreprendre à l'échelle de l'Agence. Nous allons améliorer nos procédures, nous attaquer à notre arriéré et tirer des leçons de ce que nous faisons.
L'autre chose dont je n'ai pas vraiment parlé, mais qui est importante, c'est que Mireille a réorganisé sa direction pour que son équipe et elle soient prêtes à relever le défi. Voilà qui fait partie de la solution. Encore une fois, je dois dire que lorsque j'ai rencontré les employés de la direction des appels d'un bout à l'autre du pays, j'ai constaté qu'ils étaient prêts à passer à l'action. Ils veulent offrir un service de qualité aux Canadiens, et j'espère que nous leur avons donné la structure organisationnelle dont ils ont besoin pour y arriver. Nous leur donnerons les outils nécessaires à cette fin. Nous allons aussi recueillir de meilleures données afin de pouvoir évaluer notre rendement. Enfin, nous allons communiquer avec les Canadiens, puisque les gens vont nous talonner.
Je pense que tout est en place pour y arriver, mais je suis d'accord avec vous. J'ai dirigé suffisamment d'organisations pour savoir que c'est une tâche colossale et que nous devrons garder le cap.
Il nous faudra probablement un peu plus de temps que nous l'aimerions pour y arriver, mais nous ferons preuve d'une détermination à toute épreuve. Le Conseil de direction de l'ARC exerce lui aussi des pressions à ce chapitre, de sorte qu'il y a plus de gens qu'il n'en faut pour nous surveiller dans ce dossier.
Je suis convaincu que nous pourrons améliorer les choses. Si les gens ont des attentes réalistes quant à la vitesse à laquelle nous pouvons agir, je pense que nous pourrons remettre l'ARC sur le droit chemin.