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Bonjour à tous. Nous sommes le jeudi 16 juin 2016 et nous nous réunissons pour la 21
e réunion du Comité permanent des comptes publics.
Je tiens à rappeler à tout le monde encore une fois que la séance d'aujourd'hui est télévisée. Je vous prierais d'éteindre ou de mettre en mode silencieux vos téléphones cellulaires, iPads ou tout appareil qui pourrait faire du bruit lorsque vous recevez un message. Ce serait formidable.
Aujourd'hui, nous tenons une séance sur VIA Rail Canada Inc., sur le Rapport d'examen spécial des Rapports du printemps 2016 du vérificateur général du Canada. Nous recevons aujourd'hui, du Bureau du vérificateur général du Canada, Maurice Laplante, vérificateur général adjoint, et René Béliveau, directeur principal.
De VIA Rail Canada, nous sommes ravis d'accueillir Yves Desjardins-Siciliano, président et chef de la direction, Patricia Jasmin, chef des services financiers, Jane Mowat, administratrice principale et présidente du Comité de la vérification et des finances, et Bruno Riendeau, directeur, Sécurité et environnement, Gestion des risques et sécurité corporative.
Nous entendrons également une déclaration liminaire du vérificateur général adjoint, M. Laplante, puis une autre du président et chef de la direction de VIA Rail.
Je signale également au Comité que nous allons réserver les 15 ou 20 dernières minutes pour discuter des travaux du Comité. Nous avons quelques questions à étudier qui ont été soulevées au Comité de direction qui s'est réuni hier.
Je signale à nos invités également que je dois déposer un rapport à la Chambre ce matin. Donc, lorsque je partirai, Mme Mendès assumera la présidence. Par courtoisie, je voulais que vous sachiez que je ne partirai pas à cause de ce que vous avez dit, mais bien parce que je dois déposer le rapport.
Tout d'abord, j'invite le vérificateur général adjoint, M. Laplante, à faire son exposé liminaire, s'il vous plaît.
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Je vous remercie, monsieur le président, de nous donner l'occasion de discuter de notre rapport d'examen spécial sur VIA Rail Canada Inc. Je suis accompagné aujourd'hui de M. René Béliveau, qui est directeur principal et responsable de cet audit.
L'examen spécial d'une société d'État ressemble à un audit de performance. Il vise particulièrement à déterminer si les moyens et les méthodes de la société d'État lui fournissent l'assurance raisonnable que ses actifs sont protégés et contrôlés, que ses ressources sont gérées avec efficience et économie et que ses activités sont menées avec efficacité
Notre examen, qui visait la période comprise entre novembre 2013 et septembre 2015, a permis de révéler que le secteur de la gouvernance de la société comportait un défaut grave. Nous avons constaté que, malgré les efforts de VIA pour définir une orientation stratégique à long terme, la société ne disposait toujours pas de plan ni d'orientation à long terme approuvés par le gouvernement.
En effet, depuis plusieurs années, le plan d'entreprise quinquennal et le financement de VIA ne sont approuvés qu'à court terme et souvent tard au cours de l'exercice financier. Dans ce contexte, VIA ne pouvait pas remplir son mandat avec l'économie, l'efficience et l'efficacité souhaitées. S'il persiste, ce défaut grave pourrait même compromettre la viabilité à moyen et à long terme de la société.
[Traduction]
Nous avons remarqué que la société avait amélioré ses pratiques dans plusieurs secteurs. Par exemple, dans le secteur de la planification stratégique, nous avons constaté que la société avait des éléments clés d'un cadre de gestion des risques, avait un processus de mesure du rendement qui permettait à VIA d'assurer le suivi de ses opérations, et communiquait les résultats de façon appropriée. Dans le secteur des opérations, nous avons remarqué que VIA avait des systèmes et des pratiques qui lui permettaient de répondre aux besoins de ses clients, d'atténuer les risques en matière de sécurité, d'assurer la fiabilité de ses opérations, de protéger et de gérer ses actifs, ainsi que d'assurer la qualité de ses services.
Nous avons également relevé qu'il y avait place à amélioration dans certains secteurs. Plus particulièrement, VIA doit améliorer ses mécanismes d'analyse du rendement, la documentation de son système de gestion de la sécurité et les mécanismes utilisés pour mesurer l'efficacité de ce système. VIA doit également mettre en oeuvre des améliorations planifiées à ses systèmes et pratiques en matière de gestion de projets, qui n'appuyaient pas adéquatement la mise en oeuvre de certains projets d'envergure du programme d'investissement des capitaux approuvé par le gouvernement en 2007 et en 2009.
Nous avons également découvert que VIA n'avait pas atteint ses objectifs stratégiques visant à diminuer les revenus de la clientèle pour assurer une viabilité à long terme. L'analyse des résultats de VIA a permis de relever qu'entre les exercices financiers de 2010 et de 2014, les revenus n'ont augmenté que de 5 millions de dollars, tandis que les coûts opérationnels totaux ont augmenté de 61 millions de dollars. Nous avons également noté que la clientèle a diminué d'environ 350 000 passagers au cours de la même période.
[Français]
De même, la ponctualité des trains s'est grandement détériorée depuis 2010, passant de 82 % à 76 %, en grande partie à cause de l'augmentation importante de la congestion ferroviaire sur le réseau que doit utiliser VIA.
De plus, VIA n'a pas réussi à accroître la fréquence de ses trains comme elle l'avait prévu au moment de négocier le renouvellement de sa principale entente de services avec les compagnies ferroviaires propriétaires de ces voies. Si la société veut assurer sa viabilité à long terme, elle devra trouver des solutions durables à ces problèmes.
[Traduction]
VIA Rail a approuvé toutes nos recommandations et a fait savoir qu'elle interviendrait rapidement pour répondre à nos préoccupations. Toutefois, depuis notre vérification en septembre 2015, je ne peux pas parler des mesures que nous avons prises depuis. Le Comité peut demander aux représentants de VIA de clarifier les mesures qui ont été prises pour donner suite à nos recommandations.
Monsieur le président, voilà qui met fin à ma déclaration liminaire. Nous nous ferons un plaisir de répondre aux questions du Comité.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Comme vous l'avez mentionné, je suis accompagné aujourd'hui de Mme Jane Mowat, administratrice principale et présidente du Comité de la vérification et des finances, de M. Bruno Riendeau, directeur de la sécurité et de la gestion des risques, et de Mme Patricia Jasmin, chef des services financiers.
Le mandat de VIA Rail est d'offrir des services ferroviaires sécuritaires, efficaces, fiables et respectueux de l'environnement qui répondent aux besoins des voyageurs canadiens d'un océan à l'autre. C'est le mandat que la direction de VIA Rail s'est donné au fil des ans et qui gouverne ses activités, puisque VIA Rail ne dispose pas d'une loi habilitante qui énonce expressément son mandat et que son conseil et son président et chef de la direction n'ont pas reçu de mandat du gouvernement.
J'ai le plaisir d'occuper le poste de président et chef de la direction de VIA Rail depuis mai 2014. Depuis mon entrée en fonction, je suis fier du chemin parcouru par mon équipe de direction pour revitaliser notre service et le recentrer vers les Canadiens, et plus particulièrement pour endiguer le déficit, la baisse de la clientèle et le mauvais rendement global de la société.
À cet égard, 2015 a été une année de grandes avancées pour VIA Rail. L'entreprise a amélioré ses services en mettant l'accent sur les clients et leurs besoins. Ce changement d'optique vers le client a eu comme résultat une augmentation de son achalandage et de ses revenus pour la première fois depuis de nombreuses années. Le mois de juin 2016 compris, nous avons connu 18 mois consécutifs de hausse des revenus.
Nous avons également eu une hausse de l'achalandage trois semestres sur quatre, ainsi qu'une augmentation des revenus globaux et des revenus moyens par client, ce qui n'avait jamais été accompli dans les 40 années d'existence de VIA Rail. Ce remarquable accomplissement nous a permis de réduire de près de 12 % le montant de la subvention versée par le gouvernement du Canada par rapport à l'an dernier, en 2015.
Les résultats son prometteurs à l'approche de 2017, qui marquera non seulement le 150e anniversaire de la Confédération, mais aussi les 40 ans de VIA Rail.
Outre nos plans ambitieux de modernisation du transport ferroviaire intervilles au Canada, sur lesquels je reviendrai dans quelques instants, nous nous montrons très optimistes quant à l'avenir de notre société d'État. C'est pourquoi nous sommes heureux d'être avec vous aujourd'hui pour répondre à vos questions sur la façon dont VIA Rail compte répondre au récent examen spécial du vérificateur général et à ses recommandations, que nous approuvons toutes.
J'aimerais, en premier lieu, remercier officiellement le bureau du vérificateur pour sa collaboration tout au long de ce processus. Personne n'aime faire l'objet d'une vérification mais, le cas échéant, aussi bien que la vérification soit menée par le vérificateur général du Canada...
Des voix: Oh! oh!
M. Yves Desjardins-Siciliano: ... car il le fait avec tact.
Nous avons travaillé très étroitement avec le Bureau du vérificateur général en vertu de la Loi sur la gestion des finances publiques sur ce rapport spécial qui passait en revue les activités de VIA Rail entre novembre 2013 et septembre 2015. Par conséquent, plus de la moitié de cette période a fait l'objet d'une vérification, mais j'assume l'entière responsabilité de son résultat.
Nous considérons l'examen spécial comme l'occasion de mettre en lumière nos forces et les secteurs où nous pourrions nous améliorer, ce que, comme je l'ai dit, nous faisons chaque année avec la vérification annuelle menée par le vérificateur général. Nous avons, par exemple, mis en oeuvre un plan d'action détaillé pour mettre à niveau notre SGS, notre système de gestion de la sécurité, et l'intégrer à notre système de gestion des risques.
Le SGS de VIA Rail fournit un cadre pour mettre en oeuvre notre politique en matière de sécurité et pour respecter la Loi sur la sécurité ferroviaire et le Règlement sur le système de gestion de la sécurité ferroviaire. Chez VIA, l'objectif en matière de sécurité n'est pas de respecter les exigences réglementaires, mais de les dépasser pour mieux mener nos activités et pour améliorer la sécurité de nos opérations, de notre personnel, de nos passagers et du public en général.
Il sert également de référence pour l'établissement d'objectifs ainsi que pour la planification des activités et l'évaluation du rendement en matière de sécurité. En 2015, VIA Rail a mis en oeuvre les recommandations de Transports Canada rendues publiques dans son audit de SGS de 2014, s'est conformée au nouveau règlement à cet effet et a maintenu et favorisé une forte participation de tous les employés, et ce, en avance sur l'échéancier. De plus, nous avons fait appel à des experts externes afin qu'ils comparent notre SGS aux pratiques exemplaires tant au sein de l'industrie que dans d'autres domaines, conformément à notre engagement d'aller au-delà des exigences en matière de sécurité.
Je suis ravi de vous dire que nous sommes d'avis, à l'instar des experts externes, que VIA Rail montre la voie à suivre en matière de systèmes de gestion de la sécurité à la fine pointe de la technologie pour les chemins de fer au Canada à l'heure actuelle.
Nous avons respecté le délai du 1er octobre 2015 pour ce qui est de nous conformer à la nouvelle loi fédérale, et nous avons également pris des mesures pour mieux démontrer l'efficacité de ce nouveau système. En fait, je suis très heureux de signaler qu'à la fin de 2015, nous avons terminé une analyse des risques et des vulnérabilités, et le travail se poursuit afin de mettre en oeuvre les mesures d'atténuation d'ici là fin de l'année 2016. Nous progressons aussi sur d'autres enjeux mis au jour durant l'examen.
Nous avons renforcé la discipline de marché dans nos processus de gestion de projets, ce qui a eu pour effet d'optimiser nos activités et d'accroître les revenus. Nous avons mis en place une structure de gouvernance afin d'améliorer le suivi puisque VIA gère des centaines de projets chaque année, principalement des projets d'investissement de capitaux, que ce soit des projets de modernisation de l'infrastructure et des gares ou des projets de modification et de remise en état de l'équipement.
En 2015, nous avons créé un bureau centralisé chargé des projets. Ce bureau a déjà permis de normaliser les estimations et mesures pour l'évaluation des risques et des avantages, ce qui contribue à améliorer sensiblement la planification et la gestion des projets. Je suis heureux de signaler que depuis, un grand nombre de projets, comme la réparation de ponts et la rénovation des gares et d'autres installations, seront terminés à temps et sans dépassement de coûts.
L'un des exemples dont nous sommes particulièrement fiers est notre système interne GPS de localisation des trains, le premier de ce genre en Amérique du Nord. Le système GPS aide les mécaniciens de locomotive en les avisant des changements ou des restrictions de vitesse, des changements imminents à la réglementation et des différents repères à venir le long du trajet. VIA Rail a réalisé avec succès le premier essai en direct sur rail de son système GPS de sécurité ferroviaire afin de valider les capacités de base essentielles du système, son exactitude, la précision des données GPS fournies en temps réel et sa base de données des voies ferrées dans un environnement réel. Il s'agit d'une réalisation importante, et nous poursuivons la mise au point et la mise à l'essai du système.
De plus, en 2015, nous nous sommes efforcés de terminer la mise en oeuvre d'un nouveau système d'information sur la rentabilité par train. À partir de cette année, VIA Rail intégrera les informations issues de ce système au processus décisionnel fondé sur le système de gestion des revenus.
Un autre secteur où nous avons amélioré notre efficacité est celui des outils de planification des horaires des employés, qui sont désormais tous disponibles en ligne et offrent plus de flexibilité et de commodité à notre personnel, car nous planifions les horaires de notre effectif de 2 600 personnes.
Pour combler les besoins et les attentes des voyageurs canadiens modernes, nous avons aussi amélioré nos méthodes de gestion des relations avec la clientèle, lancé une application mobile et déployé un nouveau système d'alerte train par message texte.
En réponse aux recommandations du vérificateur général concernant la planification à long terme, nous convenons que notre efficacité opérationnelle serait grandement améliorée par l'obtention d'une approbation pluriannuelle de notre financement et de nos plans à long terme. En fait, nous avons travaillé avec Transports Canada en ce sens et obtenu une enveloppe de financement sur plusieurs années jusqu'en mars 2017. Nous continuerons de collaborer avec Transports Canada afin de déterminer le financement requis pour les cinq prochaines années afin de combler tous les besoins relatifs aux opérations et aux immobilisations.
Si aucune modification n'est apportée au mandat actuel de VIA, nous aurons besoin d'un financement de 850 millions de dollars pour l'exploitation et de 650 millions de dollars pour les immobilisations, ce qui représente une moyenne de 300 millions de dollars annuellement pour les cinq prochaines années. De plus, nous collaborons avec le gouvernement dans le but de valider la stratégie à long terme de VIA Rail.
En 2015, nous avons amorcé deux initiatives stratégiques à long terme qui visent à améliorer les services de VIA Rail, à assurer sa viabilité financière et à faire approuver son plan d'entreprise en temps opportun par les autorités gouvernementales.
La première initiative consiste à renouveler notre parc dans le corridor Québec-Windsor, qui représente 90 % de nos clients et 90 % de nos revenus. L'exploitation ferroviaire est un secteur d'activité qui nécessite d'importants apports en capital, et il faut de nombreuses années pour planifier ces opérations et assurer un entretien continue. Le rajeunissement du parc exige une planification et des engagements financiers à long terme.
Comme vous le savez peut-être, VIA Rail exploite les plus vieilles rames de trains en Amérique du Nord. L'âge moyen de notre matériel roulant est de plus de 40 ans. La durée de vie moyenne du matériel roulant pour le transport des passagers est d'entre 25 et 30 ans. Grâce à plusieurs éléments du financement au cours des 15 dernières années, VIA Rail a remis en état ce matériel roulant jusqu'à trois fois, mais la fin de son cycle de vie utile approche. En allongeant nos horizons de planification, nous serons mieux en mesure d'évaluer et de prévoir nos besoins futurs en ce qui a trait au renouvellement du parc.
La deuxième initiative à long terme sur laquelle nous travaillons vise à atténuer les problèmes découlant du partage des voies avec les trains de marchandises. Malgré le succès remporté au cours des 18 derniers mois, nous approuvons le constat du vérificateur général, à savoir que la congestion sur les voies partagées a nui à la capacité de VIA Rail de prospérer aux côtés des autres exploitants de trains de passagers et de banlieue au Canada.
[Français]
Nos voyageurs s'attendent à ce que notre service soit fiable, que notre horaire offre davantage de départs et que nos temps de parcours soient compétitifs. Or, puisque la société opère dans un environnement à double usage où les trains de marchandises et de passagers partagent un même réseau ferroviaire, notre performance liée à la ponctualité s'est détériorée compte tenu de la croissance substantielle du transport de marchandises au cours des dernières années.
Nous reconnaissons que ce secteur commercial constitue un moteur économique important pour plusieurs régions du pays, mais pour VIA Rail, qui est le seul transporteur national intercités au Canada, cette réalité a un effet direct et néfaste sur sa ponctualité.
En raison de ce trafic croissant, nous continuons à faire face à des défis liés à l'entretien des voies ferrées et à l'atteinte de nos cibles de ponctualité. De plus, nos temps de parcours sont plus longs aujourd'hui, à l'aube du 150e anniversaire du Canada, qu'ils l'étaient en 1967, alors qu'on célébrait le centenaire du Canada.
À titre de référence, VIA Rail est propriétaire de quelque 300 kilomètres de voies ferrées entre le Québec et l'Ontario. Lorsque VIA Rail circule sur sa propre infrastructure, elle atteint des vitesses supérieures et un taux de ponctualité de plus de 98 %. À notre avis, l'utilisation conjointe d'un même réseau pour des trains de passagers qui ont la capacité de rouler à 100 milles à l'heure et pour des trains de marchandises qui roulent en moyenne à 40 milles à l'heure est une entreprise impossible.
Voilà pourquoi notre équipe de direction a développé un plan visant à construire une infrastructure ferroviaire dédiée au rail destiné aux passagers, ce qui créera ainsi un nouveau réseau dédié dont l'étendue et l'établissement d'un circuit seront fonction de la décision du gouvernement et de l'intérêt possible de futurs investisseurs.
La première phase de ce grand projet vise à nous permettre d'opérer sur nos propres voies ferrées et de pouvoir ainsi accroître le nombre de départs, de réduire le temps de parcours et, ultimement, d'offrir un service plus fiable. En chiffres, il s'agit de tripler le nombre de départs quotidiens entre Québec-Montréal et Ottawa-Toronto, de tripler le nombre de passagers sur ces trains et d'éliminer le déficit d'exploitation annuel de VIA Rail à l'égard du gouvernement du Canada. Éventuellement, ce réseau pourrait être érigé pour l'ensemble de l'actuel corridor jusqu'à Windsor.
Une telle initiative comporte des bénéfices clairs d'un point de vue économique et écologique en raison des emplois qui seront créés et des gains de productivité de la main-d'oeuvre qui sont anticipés. Ainsi, le projet lui-même représente plus de 30 000 emplois pour la construction du réseau et la création de plus de 300 000 emplois dans cette grande région en fonction de la croissance économique.
De plus, notre plan se traduira par une diminution notoire des gaz à effet de serre. Plus de cinq millions de déplacements en voiture seront éliminés, ce qui contribuera à une réduction de plus de 11 millions de tonnes de carbone en l'espace de 30 ans et à l'élimination de plus de 350 000 tonnes par année de gaz à effet de serre.
Nous estimons qu'en offrant ce nouveau service plus moderne, notre achalandage augmenterait de plus de deux millions de passagers à plus de sept millions, et ce, annuellement. Cela se traduirait par une diminution de quelque cinq millions de voitures sur les routes chaque année.
Cet ambitieux projet, conçu et planifié par notre équipe de direction, vise expressément la recherche de solutions permanentes afin de mettre un terme à la récurrence de notre déficit d'exploitation et à aborder la question d'un achalandage qui a peine à croître.
[Traduction]
De plus, ce plan permettrait de réduire la dépendance de VIA Rail à l'égard du financement fédéral. Nous sommes encouragés par le soutien que nous avons reçu pour ce projet dans le cadre du budget fédéral de 2016 et nous avons l'intention de soumettre au gouvernement une proposition officielle à cet effet plus tard cette année.
Pour ce qui est des services longs parcours dans les régions de l'Ouest et de l'Est, ainsi que des services en régions éloignées, nous poursuivrons nos efforts auprès des propriétaires des chemins de fer afin d'améliorer la ponctualité des trains. Cependant, dans le contexte contractuel actuel et compte tenu des cadres financiers et d'exploitation très différents des services de transport ferroviaire de marchandises et de passagers, les possibilités d'amélioration sont limitées en ce moment.
VIA Rail a l'intention d'amorcer des pourparlers avec Transports Canada afin de trouver des solutions de rechange au cadre contractuel actuel où VIA n'a aucun poids dans les négociations avec les propriétaires des lignes ferroviaires de marchandises.
J'aimerais conclure en remerciant le Comité de nous avoir donné l'occasion d'expliquer comment VIA Rail entend répondre aux recommandations du vérificateur général. En votre qualité de députés et de membres de ce Comité, j'espère que vous avez l'impression d'être mieux informés. Je vous remercie de votre appui soutenu, car bon nombre d'entre vous sont des clients, et de votre soutien en tant que parlementaires.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions, et si je ne peux pas y répondre, je vais demander à mes collègues d'intervenir.
Merci.
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Je vous remercie de votre question.
L'arrivée du nouveau gouvernement et son budget de mars nous donnent beaucoup d'espoir. En très peu de temps, ce nouveau gouvernement et le nouveau ministre se sont rapidement mis au fait de la situation de VIA Rail.
D'abord, le gouvernement a dégagé des fonds pour le renouvellement de l'équipement. Nous sommes en train de compléter les travaux qui mèneront à une décision du gouvernement de financer un nouvel équipement pour le corridor aussi tôt que cet automne ou plus tard pour le budget de 2017. C'est un développement très positif pour VIA Rail.
Deuxièmement, le même budget fait référence au besoin de moderniser VIA Rail en disant que le projet de train à grande fréquence est peut-être la seule façon d'augmenter sa pertinence, sa ponctualité et son achalandage et, en même temps, de réduire son déficit.
Cette politique publique, qui reconnaît le besoin de moderniser notre société et de renouveler nos équipements, nous encourage. Il demeure cependant que les processus administratifs gouvernementaux sont lourds. Le vérificateur général en est venu à cette conclusion en se fondant sur la réalité. Malgré la décision budgétaire du gouvernement d'accorder des fonds à VIA Rail pour des travaux en matière d'infrastructures, la mécanique gouvernementale d'approbation du Parlement et du Conseil du Trésor fait en sorte que, souvent, VIA Rail n'a accès aux fonds que des mois plus tard, sinon à la fin de l'année où ils ont été accordés. De plus, ces fonds ont souvent une date limite d'utilisation. En fait, dans notre secteur, particulièrement quand il s'agit d'infrastructures, on ne peut construire qu'en été. Je vais vous donner un bon exemple à ce sujet.
Il y a deux ans, le gouvernement du Canada a annoncé une somme de 102 millions de dollars pour l'infrastructure de VIA Rail entre Montréal et Ottawa, soit le tronçon de Coteau, au Québec, en direction d'Ottawa. Cette annonce a été faite au mois de novembre de l'année précédente, mais les fonds n'ont été dégagés qu'à la mi-juillet de l'année suivante. À ce moment-là, il était trop tard pour commencer les travaux parce qu'il fallait lancer des appels d'offres, les publier pendant 43 jours et choisir le fournisseur. Cela nous a mené au mois d'octobre ou de novembre, soit près de la période hivernale. On a commencé à construire l'année suivante, mais la décision de novembre ne valait que pour deux ans. Quand on finit par avoir les fonds et être en mesure de construire, il ne restait que 12 mois.
C'est ce genre de processus qui ne fonctionne pas bien. S'il permettait de planifier à long terme et d'accorder des fonds sur cinq ans, cela ferait en sorte que, même si nous perdions six mois ou un an à cause de l'aspect administratif, nous aurions encore le temps de planifier les travaux et de les réaliser.
En Amérique du Nord, il y a une renaissance du chemin de fer, mais l'approvisionnement représente un problème. Qu'il s'agisse d'acier pour la voie ferrée, des systèmes de signalisation et des équipements roulants, les délais d'approvisionnement peuvent être de 6, de 12 ou de 18 mois parce qu'il y a beaucoup de chemins de fer qui se construisent à l'heure actuelle en Amérique du Nord, notamment pour les trains de passagers.
Il faut qu'il y ait une planification à long terme pour pouvoir passer outre aux problèmes administratifs gouvernementaux, qui ne disparaîtront pas demain matin. Il faut aussi s'assurer que les projets sont complètement déployés.
Au cours des 10 dernières années, plusieurs projets en matière d'infrastructures de VIA Rail ont souffert de ce manque de planification. Les projets commençaient, mais devaient être interrompus parce que les fonds n'étaient plus disponibles. On se retrouvait donc avec des petits bouts...