:
Bonjour à tous. Je vous souhaite la bienvenue à la 135
e séance du Comité permanent des comptes publics.
Je ferai office de présidente aujourd'hui, donc c'est un peu nouveau pour moi.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins, qui sont ici pour s'exprimer sur le rapport 2 des rapports de l'automne 2018 du sur la conservation des biens patrimoniaux fédéraux.
Nous recevons aujourd'hui M. Jerome Berthelette et Mme Susan Gomez, qui est la directrice responsable de ces études.
Nous accueillons aussi des représentants de l'Agence Parcs Canada, soit M. Michael Nadler, directeur général par intérim; Mme Joëlle Montminy, vice-présidente à la Direction générale des Affaires autochtones et du patrimoine culturel; ainsi que Mme Genevieve Charrois, directrice des Politiques du patrimoine.
Nous recevons également la sous-ministre du ministère de la Défense nationale, Mme Thomas, ainsi que M. Rob Chambers, sous-ministre adjoint intérimaire, Infrastructure et environnement.
Enfin, nous accueillons M. Kevin Stringer, sous-ministre délégué au ministère des Pêches et des Océans, ainsi que M. Bill Varvaris, directeur général des Biens immobiliers et de la gestion de l'environnement.
Bienvenue à tous.
Nous commencerons par l'allocution du Bureau du vérificateur général.
M. Berthelette, la parole est à vous.
:
Madame la présidente, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats de notre rapport sur la conservation des biens patrimoniaux fédéraux. Dans le cadre de cet audit, nous avons examiné les biens matériels que le gouvernement préserve au nom des Canadiens. Il s'agit ici des lieux historiques nationaux et des édifices patrimoniaux du pays. Je suis accompagné de Mme Susan Gomez, qui est la directrice responsable de l'audit.
La conservation des biens patrimoniaux fédéraux pose problème depuis longtemps, et nous avons noté peu d'améliorations depuis nos audits menés en 2003 et en 2007.
[Traduction]
Nous avons constaté que Parcs Canada, Pêches et Océans Canada et la Défense nationale soit ne savaient pas combien d'édifices patrimoniaux ils possédaient, soit ne connaissaient pas l'état de ces édifices.
Par exemple, selon la base de données de Parcs Canada, l'Agence ne possédait que 186 édifices patrimoniaux. Comme cette information était inexacte, nous avons demandé à l'Agence de revoir ce nombre. L'Agence a mis plus de quatre semaines avant de nous donner une liste de ses 504 édifices patrimoniaux qui, selon elle, était complète.
Concernant l'état des édifices patrimoniaux, nous avons constaté que les données de la Défense nationale étaient fondées sur des évaluations menées pendant l'exercice 2009-2010, même si le Ministère avait récemment mis à jour les évaluations de la plupart de ses édifices patrimoniaux.
En 2017, Pêches et Océans Canada avait actualisé ses évaluations pour seulement 7 de ses 267 édifices patrimoniaux.
Par conséquent, l'information que ces organisations ont communiquée au Parlement et au public au sujet de ces biens était inexacte ou incomplète. Nous avons aussi constaté que les décisions liées à la conservation dépendaient des ressources disponibles et des besoins opérationnels, plutôt que de la valeur patrimoniale des biens. Les fonds requis pour entretenir les biens patrimoniaux fédéraux n'étaient pas toujours disponibles.
Par exemple, Parcs Canada nous a indiqué avoir investi 50,5 millions de dollars de 2015 à 2018 pour entretenir et conserver ses biens patrimoniaux. Cependant, l'entretien différé accumulé visant les biens patrimoniaux fédéraux de l'Agence représentait 1,2 milliard de dollars en 2017.
[Français]
Nous avons aussi noté qu'il y avait un décalage entre la désignation de nouveaux édifices patrimoniaux et leur conservation. Les besoins ont dépassé les efforts sur le plan de la conservation des biens patrimoniaux fédéraux, mais le nombre de ces biens continue d'augmenter. Comme une désignation patrimoniale nouvelle n'est pas assortie de fonds supplémentaires pour conserver les propriétés, davantage d'édifices risquent de se délabrer et de finir par disparaître de l'histoire du pays.
Madame la présidente, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
:
Merci, madame la présidente. Vous avez déjà présenté mes collègues, mais je répéterai que vous trouvez ici réunis des représentants de Parcs Canada, du ministère de la Défense nationale et du ministère des Pêches et des Océans.
[Français]
J'aimerais commencer par remercier la présidente et les membres du Comité d'avoir invité Parcs Canada et nos collègues d'autres ministères à comparaître aujourd'hui.
C'est un privilège de témoigner devant le Comité et d'avoir la possibilité de discuter des résultats du récent rapport du vérificateur général sur la conservation des biens patrimoniaux fédéraux.
[Traduction]
Nous souhaitons également remercier le Bureau du vérificateur général pour sa collaboration dans la réalisation de cet audit et voulons exprimer nos plus sincères condoléances à nos collègues ici présents ainsi qu'à nos autres collègues du Bureau du vérificateur général suite au récent décès du vérificateur général Michael Ferguson.
Les lieux patrimoniaux naturels et culturels du Canada sont au coeur de notre identité canadienne. Parcs Canada s'est vu confier le mandat de protéger et de partager avec les Canadiens et le monde certains des plus grands exemples de notre patrimoine national, et nous prenons ce devoir très au sérieux.
Parcs Canada administre les programmes fédéraux de désignation et de conservation du patrimoine au nom du gouvernement du Canada. La préservation des lieux patrimoniaux met à contribution une vaste communauté d'intendants, y compris les ministères fédéraux gardiens comme ceux de nos collègues ici présents. Elle comprend également les organismes fédéraux et les sociétés d'État, de même que les provinces et les territoires, les municipalités, les peuples et communautés autochtones, ainsi que diverses organisations qui travaillent à la préservation de l'histoire et du patrimoine partout au pays.
Au fil des ans, le gouvernement a reconnu officiellement plus de 2 150 personnes, lieux et événements d'importance historique nationale. Il y a plus de 1 300 édifices fédéraux du patrimoine, ainsi que 164 gares ferroviaires patrimoniales et 39 rivières du patrimoine canadien. En outre, 19 sites canadiens ont été inscrits à la Liste du patrimoine mondial.
[Français]
Chacune de ces désignations porte sur des objectifs différents. Quelques-unes sont uniquement commémoratives, d'autres visent la protection et la conservation, et d'autres sont une combinaison des deux.
[Traduction]
En tant qu'intendant du patrimoine bâti, Parcs Canada protège 171 lieux historiques nationaux, 504 édifices fédéraux et 10 phares patrimoniaux. Soit dit en passant, nous sommes également responsables de plus de 10 000 sites archéologiques à travers le pays.
Certains de ces lieux, édifices et désignations se chevauchent. Par exemple, le canal Rideau, qui traverse le centre-ville d'Ottawa, est à la fois un lieu historique national, un site du patrimoine mondial et une rivière faisant partie du réseau des rivières du patrimoine canadien, en plus d'abriter 26 édifices fédéraux du patrimoine.
Parcs Canada supervise également le Bureau d'examen des édifices fédéraux du patrimoine, qui fournit des conseils aux autres gardiens fédéraux sur la conservation de leurs édifices patrimoniaux.
L'agence administre aussi un programme national de partage des frais pour les lieux patrimoniaux, qui fournit des fonds de contrepartie aux gardiens non fédéraux admissibles de lieux historiques nationaux, de phares et de gares ferroviaires, pour appuyer les projets de conservation et de mise en valeur du patrimoine.
[Français]
Nous sommes fiers du travail accompli par l'Agence et les autres ministères fédéraux, tout en reconnaissant que nous faisons face à plusieurs défis liés à la conservation de notre patrimoine culturel.
[Traduction]
Parcs Canada accueille favorablement le rapport du vérificateur général sur la conservation des biens patrimoniaux fédéraux dans le cadre de son engagement continu à protéger les lieux patrimoniaux du Canada. L'attention du vérificateur général reflète l'importance du patrimoine bâti du Canada pour le gouvernement et les Canadiens.
[Français]
L'Agence est déterminée à combler les lacunes relevées par le vérificateur général concernant les bases de données de gestion des biens et l'incidence que ces dernières ont eue sur l'information qui a été communiquée aux Canadiens et Canadiennes et au Parlement.
[Traduction]
Nous sommes résolus à améliorer constamment la qualité des données de la base de données nationale de gestion de l'information sur les biens, particulièrement en ce qui concerne le patrimoine culturel, et nous surveillerons les résultats de ces corrections pour éviter que des erreurs ne se reproduisent à l'avenir. Une fois actualisées, les données seront tenues à jour.
Dans un esprit d’ouverture et de transparence, Parcs Canada s’efforcera également d’accroître l’accès du public à cette information. Comme c'est indiqué dans la deuxième recommandation du vérificateur général, Parcs Canada continuera d’examiner l’approche adoptée pour la désignation des édifices fédéraux du patrimoine et établira, avec ses partenaires, une norme de conservation du patrimoine pour l’administration fédérale.
Dans le cadre de l’Initiative de réinitialisation de l’ensemble des politiques du Secrétariat du Conseil du Trésor, Parcs Canada participera aux efforts destinés à renforcer le libellé des politiques concernant la gestion du cycle de vie des biens patrimoniaux, afin que ces biens soient gérés d’une manière qui témoigne d’une saine intendance et d’une optimisation des ressources, conformément aux priorités du gouvernement.
Parallèlement, en réponse aux recommandations contenues dans le rapport du Comité permanent de l’environnement et du développement durable sur la préservation et la protection des lieux patrimoniaux du Canada, Parcs Canada déploie actuellement un plan de recherche et mobilise les intervenants pour déterminer la bonne combinaison de mesures à privilégier pour renforcer la conservation des lieux patrimoniaux du Canada, y compris des mesures législatives et des outils financiers.
Pendant sa visite de plusieurs lieux patrimoniaux de Parcs Canada, le vérificateur général a constaté que certains d’entre eux étaient en mauvais état. Depuis ces visites, j’ai l’honneur d’annoncer que Parcs Canada a réalisé des progrès considérables pour améliorer l’état des biens patrimoniaux que nous administrons.
Bien qu’il reste de nombreux défis à relever, le gouvernement fédéral investit des centaines de millions de dollars en travaux de préservation, de remise à neuf et de restauration de lieux historiques nationaux comme la forteresse de Louisbourg, le canal Rideau, Province House ainsi que les lieux historiques nationaux de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais et du Klondike.
[Français]
Ces investissements nourrissent la remise en état d'un bon nombre de lieux et de bâtiments patrimoniaux partout au Canada. L'Agence travaille fort au développement de stratégies afin de pouvoir maintenir ces lieux importants dans le futur.
[Traduction]
Parcs Canada reconnaît la valeur inestimable du patrimoine naturel et culturel de notre pays. Nous accueillons favorablement le rapport du vérificateur général et nous sommes reconnaissants au Comité de nous donner l'occasion de discuter de notre travail en matière de préservation et de mise en valeur de certains des plus grands lieux historiques du Canada.
Nous vous remercions du temps que vous nous avez accordé.
Mes collègues et moi nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie tous nos témoins.
Avant de commencer à poser mes questions, je veux vous situer sur ce que je pense à ce sujet et vous expliquer pourquoi tout ce dossier m'importe. Je suis depuis longtemps amateur de plein air. Pour vous donner une idée de l'importance qu'ont pour moi le patrimoine canadien et, surtout, Parcs Canada, sachez que dans le cadre de notre voyage de noces, il y a plus de trois décennies, mon épouse et moi avons visité tous les parcs nationaux en un été, ce qui nous a pris plus de deux mois. Je connais donc bien ces parcs. Je connais bien les sites patrimoniaux. Je suis quelqu'un qui s'intéresse à l'histoire de façon générale, en amateur. Vous comprenez maintenant très bien ce que signifie ce dossier pour moi.
J'étais estomaqué et attristé de lire dans le rapport du vérificateur général qu'on n'était même pas capable d'établir la liste complète des biens patrimoniaux appartenant à chacun des ministères. J'ai entendu ce que vous venez de dire, monsieur Nadler et je sais que cette question vise trois institutions: Parcs Canada, la Défense nationale et Pêches et Océans Canada.
Pêches et Océans Canada peut-il nous donner aujourd'hui la liste complète des biens patrimoniaux qui lui appartiennent?
Ce rapport est très troublant, dès la page 1, puisqu'on y lit en introduction qu'en 2003, le vérificateur général a constaté que les biens patrimoniaux fédéraux étaient menacés. Vous y mentionnez ensuite divers problèmes. À l'époque, en 2003, Patrimoine canadien et Parcs Canada avaient accepté de renforcer le cadre juridique pour assurer la conservation des biens patrimoniaux. Ils avaient accepté de collaborer avec le Conseil du Trésor du Canada pour déterminer le type de renseignements à recueillir, ainsi que pour établir comment évaluer de manière appropriée l'état des biens patrimoniaux et en faire rapport.
Puis, quatre ans plus tard, en 2007, le vérificateur général a constaté que cela n'avait pas été fait. Douze ans plus tard, nous sommes toujours là à constater les mêmes lacunes.
Quand des ministères doivent comparaître devant nous à répétition sur ce genre de rapports, c'est troublant pour les Canadiens. Les ministères visés ici avaient accepté les constats du vérificateur général. Les Canadiens sont donc en droit de se demander comment ils peuvent leur faire confiance lorsqu'ils entendent les garanties qu'on leur donne aujourd'hui et croire que nous ne nous retrouverons pas dans 2, 3, 5 ou 10 ans pour entendre encore les mêmes préoccupations.
Monsieur Nadler, je vous prierais de m'expliquer pourquoi nous nous retrouvons en 2019 à entendre les mêmes problèmes encore et encore.
:
Permettez-moi de vous répondre au nom de Parcs Canada, après quoi mes collègues pourront vous répondre de la part de leurs propres ministères.
Vous avez tout à fait raison. Il y a eu plusieurs audits successifs qui font état de la nécessité, pour Parcs Canada, d'investir considérablement pour freiner le déclin du nombre de nos édifices et lieux historiques. En fait, nous savions, de par nos propres analyses, qu'un grand nombre de nos biens étaient en déclin, et je mentionne que notre agence administre 17 000 biens au pays, dont beaucoup sont des infrastructures de transport.
Depuis le budget de 2015, soit depuis l'exercice 2014-2015, puis de nouveau grâce au budget de 2017 et plus récemment, grâce à celui de 2019, le gouvernement nous aide à investir dans le rétablissement de ces biens.
Nous administrons actuellement un programme de travaux de l'ordre de 3,5 milliards de dollars pour la restauration de biens patrimoniaux et toutes sortes d'autres biens qui relèvent du portefeuille de l'agence. Ce travail est absolument essentiel pour la réalisation de notre mandat et le succès de notre agence à long terme.
Pour ce qui est des autres éléments de l'audit, nous avions déjà de l'information de grande qualité sur l'état de nos biens patrimoniaux à l'échelle locale. Ce qu'il nous manquait, c'était une liste nationale à jour. Nous nous affairons donc maintenant à régler le problème définitivement, et nous nous attendons à ce que cette liste soit accessible dès l'automne 2019.
:
À la Défense nationale, nous avons les données voulues. Nous ne pouvons pas toujours en dire autant de tous nos programmes, mais nous avons des données sur nos infrastructures.
Nous avons 20 000 bâtiments au pays, ainsi que 11 000 ouvrages (des jetées, des pistes et des routes), et la valeur totale de nos actifs est d'environ 26 milliards de dollars.
Pour notre part, nous avons surtout été critiqués en 2007 parce que nous ne faisions pas de la préservation de nos biens patrimoniaux une priorité, et c'était essentiellement une question de budget.
De même, nos efforts de conservation futurs dépendront de nos budgets. Sur les 20 000 édifices que nous possédons, 292 sont des édifices patrimoniaux. Nous avons un plan pour les évaluer. Nous le faisons tous les cinq ans, selon un cycle de 20 % par année, et nous terminerons les 20 derniers pour cent du cycle en cours après l'audit de cette année.
La question qui demeure à la Défense nationale, depuis 2007 et encore à l'issue de cet audit, est celle de la priorisation et de l'investissement. Nous devons maintenir nos pistes en bon état de fonctionnement, garder nos jetées fonctionnelles pour les navires et investir dans les édifices qui sont utilisés. Ce devra être notre priorité. Le degré de priorité accordé à la conservation dépendra du budget, au cas par cas.
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Merci, madame la présidente. Laissez-moi vous dire une chose. Comme votre gouvernement est majoritaire, pourquoi n'adoptez-vous pas une loi interdisant les inondations? Nos routes s'en porteraient beaucoup mieux. Qu'attendez-vous pour agir?
Des voix: Ah, ah!
M. David Christopherson: Veuillez m'excuser. Les routes sont vraiment en piètre état, mais il y a des gens qui ont des problèmes bien plus graves. Je suis heureux d'être ici et je vous remercie.
Les conclusions de cet audit sont vraiment négatives. Je dois vous avouer qu'en examinant le programme de la semaine, je me suis dit que nous aurions surtout de la difficulté avec le dossier de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) dont nous avons traité l'autre jour. Je me disais aussi que ce serait plus agréable avec la question des biens patrimoniaux, que nous allions parler d'histoire et que tout se passerait bien. En fait, c'est tout le contraire. J'ai été très impressionné par les résultats de l'audit portant sur la SCHL et nous avons aujourd'hui sous les yeux un rapport tout à fait catastrophique.
Il n'y a pas vraiment ici de quoi être fier pour un gestionnaire. S'il y a des gens que l'on pourrait peut-être un tant soit peu féliciter, ce sont ceux de la Défense nationale, ce qui peut sembler assez incroyable compte tenu de toutes les fois où nous avons dû insister auprès d'eux pour qu'ils améliorent leur collecte des données. Ils ont saisi le message et ils l'ont fait cette fois-ci. C'est le seul et unique élément positif.
Comme mes collègues le savent très bien, rien ne m'offusque autant que de constater, audit après audit, que rien n'est fait après que des vérifications successives eurent mis au jour le même problème et formulé les mêmes recommandations auxquelles le gouvernement a répondu en faisant les mêmes promesses. Cela me met hors de moi. C'est exactement la situation dans ce dossier.
Des audits ont été menés précédemment en 2003 et en 2007. On peut lire au paragraphe 2.7 de ce rapport-ci: « Dans notre audit de 2007, nous avions conclu que les mesures prises depuis 2003 », l'année de l'audit précédent, « par Parcs Canada n'étaient pas suffisantes pour assurer la conservation des biens patrimoniaux qui étaient sous la garde des organisations fédérales. »
Allons voir tout de suite la note finale, si je puis m'exprimer ainsi. Voici la conclusion du vérificateur général telle qu'on peut la lire aux paragraphes 2.76 et 2.77 du rapport:
Nous avons conclu que Parcs Canada, la Défense nationale et Pêches et Océans Canada n'avaient pas pris de mesures suffisantes pour conserver la valeur patrimoniale des biens patrimoniaux fédéraux et pour protéger leur durée de vie. Les trois organisations ne disposaient pas d'un tableau complet de leurs biens patrimoniaux. Par exemple, l'information sur leur état n'avait pas été actualisée.
Nous avons aussi conclu que la durée de vie de certains biens immobiliers fédéraux était menacée, alors que ces biens sont censés profiter aux générations de Canadiens d'aujourd'hui et de demain.
Voici ma première question, avant même que nous nous intéressions aux détails. Certaines promesses ont été faites, non pas par vous-mêmes personnellement, mais bien par les organisations et les ministères que vous représentez. Il y a eu des promesses faites en 2003 qui n'ont pas été tenues, et d'autres en 2007 que l'on n'a pas tenues non plus. Pourquoi diable devrions-nous croire maintenant que vous allez vraiment donner suite aux promesses que vous nous faites aujourd'hui?
Je veux vous entendre à ce sujet.
:
À l'instar de la Défense nationale, nous n'étions pas concernés par l'audit de 2003, et nous ne l'étions pas non plus dans notre cas en 2007.
Il y a en fait trois éléments à considérer. Le présent audit nous a pointés du doigt au titre de l'un de ces éléments, à savoir le suivi nécessaire, et je peux vous parler de ce que nous avons fait à ce chapitre. Nous avons pour ainsi dire réglé le problème.
Il y a aussi la question des rapports sur l'état des biens, et nous avons indiqué que tous ces rapports seraient terminés d'ici 2021.
Il y a enfin l'entretien des édifices à proprement parler, l'élément qui risque selon moi d'être le plus problématique à long terme. C'est vraiment à mes yeux une question de budget. En outre, comme l'indiquait la sous-ministre de la Défense nationale, nous investissons en priorité dans nos actifs qui sont effectivement utilisés et qui sont nécessaires à l'accomplissement de notre mandat principal.
Lorsque vient le temps de composer avec des édifices patrimoniaux, nous connaissons les exigences qui s'appliquent et nous suivons les directives de Parcs Canada en la matière.
Il y a vraiment un manque de financement. J'en ai déjà parlé, mais je vais maintenant vous donner quelques chiffres. Notre budget d'exploitation est passé en 2017 de 48 millions de dollars à 110 millions de dollars pour la gestion immobilière de nos 6 600 sites ou actifs. Cette augmentation considérable nous a permis de réaliser quelques-unes des choses que le vérificateur général nous demande de faire dans cet audit en plus d'améliorer l'entretien de l'ensemble de nos édifices. Notre budget pour les immobilisations est passé quant à lui de 44 millions de dollars à 88 millions de dollars par année. C'est un financement permanent qui nous permet d'être beaucoup mieux aptes à régler ces questions et à gérer d'autres enjeux liés aux édifices patrimoniaux.
:
Merci, madame la présidente.
En fait, c'est une bonne transition vers le point que je voulais soulever, car je suis d'accord avec M. Arya; ce n'est pas viable. Nous nous faisons des illusions. À un moment donné, nous devons décider si nous allons verser l'argent et taxer les citoyens pour que ces édifices soient préservés comme le dit la politique ou bien en désigner moins. Mme Thomas a donné l'exemple des hangars. D'un point de vue pratique, il faut se demander si c'est une grande priorité. Même dans certains cas sur la Colline, nous l'avons constaté au fil des ans. Je suis d'accord pour dire que ce... et je pense que c'est peut-être ce que nous devons faire.
Je vais dire d'emblée que je suis d'accord: l'essentiel du problème, c'est l'argent. Je n'ai toutefois pas aimé me faire dire que cela représente tout le problème — je peux y revenir dans une minute —, car la gestion a été catastrophique. C'est la responsabilité des gens qui siègent ici, et de vos prédécesseurs. C'est à nous de régler la question de l'argent. Nous pouvons en faire une priorité pour être certains d'avoir assez d'argent, ou nous pouvons veiller à ce que les travaux que nous désignons soient financés. C'est l'un ou l'autre. Je conviens qu'à un moment donné, le gouvernement doit s'attaquer au problème et prendre des décisions difficiles en ce qui concerne la taxation et les dépenses pour préserver notre patrimoine. Je pense qu'il est peut-être judicieux de se tourner vers la Grande-Bretagne, qui a beaucoup plus d'expérience que nous. À un moment donné, c'est ce que nous devons faire.
Je veux attirer votre attention, madame la présidente, sur le paragraphe 2.21, à la page 4. Je ne vais pas tout le lire, même si je m'apprêtais à le faire puisque cela vaut la peine. Je ne vais lire que la dernière phrase: « Nous avons toutefois constaté que les représentants régionaux rencontrés connaissaient le nombre et l'état des biens patrimoniaux dont ils avaient la charge. » Cela en dit long sur le personnel et le dévouement des gens dans le secteur public qui, dans l'ensemble, se préoccupent majoritairement de ce qu'ils font. Les gens qui contribuent à la protection du patrimoine se soucient de ces immeubles. Ils finissent par faire partie de leur famille élargie. Je suis reconnaissant que le vérificateur l'ait mentionné à cet endroit, car cela fait partie du filet de sécurité. La seule raison pour laquelle cela fonctionne, c'est grâce aux personnes sur le terrain, pas aux personnes qui prennent les décisions de gestion que nous voyons.
Je suis très heureux de voir que le vérificateur général va y revenir, car je pense que nous devons rester vigilants.
Les choses ne font qu'empirer, et il est donc très utile que vous leur demandiez des comptes et que nous sachions que vous allez y revenir.
Mon temps de parole est presque écoulé, madame la présidente, et je ne vais donc pas me rendre à la page, mais le paragraphe 2.35 parle des détails qui doivent être attestés. Vous me permettrez peut-être, en passant, de demander au vérificateur ce qu'il entend, exactement, lorsqu'il dit que l'information a été attestée. C'est une expression assez nouvelle pour moi dans ces rapports.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
J'ai l'impression, selon ce que nous avons entendu, que vos ministères déjà une grosse charge en matière d'infrastructures, que ce soit des monuments, des bâtiments, des lieux, des sites ou autres.
Pour les petites communautés, qu'elles soient urbaines ou rurales, il est relativement facile de faire désigner des monuments historiques, entre autres parce que les municipalités n'ont pas les moyens de s'en occuper. Aussitôt qu'elles peuvent les faire désigner patrimoine national, elles sont soulagées parce que c'est un autre organisme qui s'en occupera. C'est une impression que j'ai et elle est peut-être fausse. J'aimerais que vous m'en parliez.
En somme, le gouvernement est en train d'agrandir son parc d'infrastructures alors qu'il n'a peut-être pas les moyens d'entretenir celles qu'il a actuellement.
Je m'adresse aux gens de Parcs Canada.
Dans le cas des ministères représentés ici, il y a une véritable différence entre Parcs Canada, dont l'objectif est la préservation et la conservation de choses comme des édifices et des monuments, et les autres ministères. Pour les autres, c'est le sous-produit de la simple accumulation de biens au fil du temps et pas une chose calculée par un ministère. On se rend compte du jour au lendemain qu'on a un vieil immeuble désigné bien patrimonial.
Bien entendu, il y a aussi des ministères non représentés aujourd'hui. Nous avons ciblé Pêches et Océans et la Défense simplement à cause du nombre de biens, mais d'autres ministères non représentés aujourd'hui font face au même problème.
Je signale que le rapport dit, au paragraphe 2.49, qu'on a constaté que la Défense nationale et Pêches et Océans n'ont pas établi de distinction entre leurs biens patrimoniaux et leurs autres biens. Pouvez-vous en parler? Le but d'un bien patrimonial, c'est qu'il est plus compliqué de préserver l'édifice et que c'est une priorité, à vrai dire. Dans le cas d'un édifice sans valeur patrimoniale, on est libre d'en faire ce qu'on veut, mais il doit également être préservé. L'entretien différé d'un édifice ne fait qu'augmenter les coûts plus tard. Il suffit de regarder la Colline pour voir la conséquence de décennies de négligence.
Vous pourriez en parler. J'aimerais que les représentants de ces deux ministères me disent s'ils envisagent de faire une distinction, des entrées budgétaires distinctes. Ou allez-vous simplement continuer de traiter ces biens de la même façon et de mieux recueillir les données sur vos besoins?
:
Merci, madame la présidente.
Je serais prêt à avancer que la plupart des Canadiens seraient vraiment choqués d'entendre ce qui a été dit au Comité aujourd'hui et de lire le rapport du vérificateur général. La plupart des Canadiens ressentiraient beaucoup de fierté à savoir qu'il y a des sites d'importance nationale et des édifices patrimoniaux qui ont été relevés comme étant importants pour le Canada et pour les Canadiens, et ils seraient choqués d'entendre que ces sites et ces bâtiments ne sont pas conservés convenablement.
J'aimerais revenir sur quelques points, et bien franchement, je ne sais pas où commencer, car il y a trop de choses que je veux explorer.
Quand il est question, par exemple, des deux ministères où, comme mes collègues l'ont signalé, les décisions d'entretien étaient basées sur les besoins opérationnels, je peux très bien comprendre que si un édifice est utilisé, vous devez premièrement penser à la santé et à la sécurité des utilisateurs. Cela étant dit, j'ai l'impression qu'on laisse aux ministères la décision des montants à investir ou non dans la conservation des bâtiments patrimoniaux. J'ai l'impression qu'il y a une politique fédérale qui exige uniquement que les édifices patrimoniaux soient conservés par ces ministères particuliers s'ils sont nécessaires pour les opérations.
Est-ce que le bureau du vérificateur général peut me donner une idée plus précise de ceux qui sont responsables au bout du compte, ou de ceux à qui on a donné la responsabilité de veiller à la conservation des sites patrimoniaux qui sont identifiés comme tels? Pour moi, il est tout à fait insensé d'avoir un édifice patrimonial désigné ou un édifice d'importance nationale sans qu'on fasse quoi que ce soit pour le conserver. Pourquoi se donner le mal?
:
Merci, madame la présidente.
Premièrement, monsieur Stringer, j'apprécie vraiment vos réponses et votre passion pour votre dossier. Vous connaissez votre dossier. Vous résistez suffisamment quand nous allons un peu trop loin — moi en particulier — et que nos faits ne sont pas valides. C'est très respectueux de votre part, et très prospectif. Je vous sais gré de votre présence aujourd'hui. Vous avez fait de l'excellent travail.
Seulement 3 % des édifices ne sont pas utilisés du côté de la Défense nationale, et pour quelqu'un comme moi qui a une armurerie et qui en est très fier, je… Vous auriez très bien pu montrer un papier et dire: « Vous savez, nous venons de consacrer tel ou tel montant d'argent à Hamilton-Centre. » J'en ai probablement profité, et il y a probablement dans les dossiers des lettres que j'ai adressées et dans lesquelles je réclamais l'exécution de tels ou tels travaux, et cela relève plus du côté opérationnel que du côté patrimonial.
Je comprends tout cela, et c'est la raison pour laquelle je pense que nous devons réaliser cet examen plus vaste. J'ai deux questions vraiment brèves. L'une porte sur des faits. Est-ce qu'il y a une compétence, ou de l'argent consacré à la préservation du patrimoine autochtone? Est-ce plutôt laissé à l'autre ministère?
:
Merci. C'est une partie importante de notre histoire.
Ma dernière question est une question ouverte. En me fondant sur mon expérience… J'ai déjà vu cela. Que ce soit à l'échelle municipale, provinciale ou, maintenant, fédérale, c'est toujours la même chose. La collectivité veut les préserver; les citoyens veulent les préserver; et le gouvernement local ou le gouvernement — peu importe l'ordre de gouvernement — n'a tout simplement pas les moyens.
Est-ce qu'il serait sensé qu'un parti politique, n'importe lequel, ou tous les partis politiques proposent une plateforme permettant une forme de coordination, aux prochaines élections? Sauf le respect que je dois à la compétence provinciale et aux droits municipaux — et encore là, j'ai vu tout cela, et personne n'accepte cela comme je le fais —, les édifices dont nous parlons sont au même endroit, que nous parlions de l'administration municipale, du gouvernement provincial ou du gouvernement fédéral. L'édifice demeure au même endroit. C'est le même édifice.
Est-ce qu'il serait possible que nous ayons des efforts nationaux coordonnés — sans forcer personne, et dans le respect des droits — de sorte que les trois entités qui veulent préserver un édifice donné puissent s'associer à cette fin? Est-ce que cela existe en ce moment, sans que cela fonctionne bien, ou est-ce que ma suggestion n'est tout simplement pas pratique?