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Bonjour à vous tous, et bienvenue. Nous en sommes à la 78
e séance du Comité permanent des comptes publics, et nous sommes le jeudi 9 novembre 2017.
Je rappelle à tous les membres du Comité et à nos invités, ainsi qu'au public présent que notre séance d'aujourd'hui est télévisée. Je vous encourage par conséquent à désactiver le son de vos téléphones ou autres appareils de communication.
Aujourd'hui, nous étudions le Rapport 2, Les droits de douane, des Rapports du printemps 2017 du vérificateur général du Canada.
Nous avons aujourd'hui comme témoins, du Bureau du vérificateur général, M. Michael Ferguson, vérificateur général du Canada, et Richard Domingue, directeur principal.
Je sais que cela va le gêner, mais je dirai aussi que M. Domingue prendra sa retraite dans quelques semaines et que c'est aujourd'hui sa dernière visite au Comité. M. Domingue a amorcé sa carrière à la Bibliothèque du Parlement en 1988 comme analyste au Comité des finances de la Chambre des communes. Il a aussi travaillé comme analyste au Comité permanent des comptes publics au début des années 1990, et a fait son entrée au Bureau du vérificateur général du Canada en 1999. Les audits réalisés par M. Domingue portent principalement sur les aspects financiers et économiques, par exemple, la viabilité financière à long terme et les régimes de retraite du secteur public. Il a comparu plus de 20 fois devant divers comités de la Chambre des communes et du Sénat, au fil des années, notamment une douzaine de fois devant le Comité permanent des comptes publics. Nous vous remercions de votre présence aujourd'hui, et nous vous souhaitons beaucoup de succès dans vos projets à venir.
Nous recevons aussi, de l'Agence des services frontaliers du Canada, M. John Ossowski, président, et M. Brad Loynachan, directeur, Politique commerciale.
Du ministère des Finances, nous accueillons M. Rick Stewart, sous-ministre adjoint, Direction des finances et des échanges internationaux, et M. Scott Winter, chef, Division de la politique commerciale internationale, Politique commerciale et tarifaire, Direction des finances et des échanges commerciaux.
Enfin, nous avons avec nous, du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, M. Steve Verheul, sous-ministre adjoint, Politique et négociations commerciales.
Nous avons plusieurs déclarations liminaires à entendre, alors nous allons commencer immédiatement.
C'est M. Ferguson, vérificateur général, qui va commencer.
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Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l’occasion de discuter de notre rapport du printemps 2017 sur les droits de douane.
Notre audit visait à déterminer si le ministère des Finances Canada, Affaires mondiales Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada avaient tenu leurs rôles et leurs responsabilités dans la gestion des droits de douane sur les nombreuses marchandises importées au Canada chaque année.
Pendant l’exercice 2015-2016, les droits de douane ont généré plus de 5 milliards de dollars de recettes pour le gouvernement fédéral. Beaucoup de numéros tarifaires ont généré peu de recettes. Par exemple, en 2015, 1 973 numéros tarifaires ont généré seulement 26 millions de dollars, ce qui est moins de 0,5 % des recettes douanières. De plus, 57 % des recettes douanières provenaient de seulement trois catégories de biens de consommation: les vêtements, les chaussures, et les véhicules et pièces d’automobile.
[Français]
Nous avons constaté que l'Agence des services frontaliers du Canada ne pouvait pas calculer tous les droits de douane dus au gouvernement, parce que ses contrôles des importations ne fonctionnaient pas bien.
Les formulaires d'importation remplis par les importateurs et les courtiers en douane n'étaient pas toujours utiles à l'Agence. Ainsi, la description des produits sur les formulaires était souvent de mauvaise qualité. Près de 75 % des données examinées n'avaient pas de description nous permettant de déterminer si les importateurs avaient utilisé la bonne catégorie de tarif. Nous nous sommes donc demandé pourquoi l'Agence demandait aux importateurs de fournir une description des produits.
Pour faciliter les échanges commerciaux, l'Agence ne comparait pas les marchandises avec l'information sur le formulaire d'importation ou la facture quand elles arrivaient à la frontière. Elle accordait la mainlevée pour que les marchandises soient livrées à destination. Dans les cinq jours suivant la mainlevée, l'Agence avait confirmé le montant des taxes et des droits de douane à payer. Nous pensons que le système d'autocotisation, faute de validation systématique, a permis à certains importateurs de violer les règles et règlements d'importation.
Les importateurs doivent s'assurer que l'information fournie est exacte, mais ils s'appuient souvent sur des courtiers en douane pour préparer leurs formulaires d'importation. Nous avons constaté que même si elle connaissait le problème de non-conformité aux règles d'importation, l'Agence n'avait pas suivi le rendement des courtiers en douane. Elle est habilitée à suspendre ou à annuler la licence d'un courtier, mais elle ne l'a pas souvent fait sur la base d'un motif de compétence.
[Traduction]
Nous avons constaté que l’Agence des services frontaliers du Canada et Affaires mondiales Canada n’avaient pas collaboré pour bien contrôler les limites des importations de marchandises contingentées arrivant au Canada pour les cinq marchandises importées que nous avons examinées, soit les produits laitiers, le poulet, le dindon, les œufs et le boeuf. Les quatre premières catégories sont soumises à la gestion de l’offre.
Le Canada applique des contingents tarifaires afin de contrôler la quantité de ces marchandises, qui peuvent être importées au Canada en franchise de droits ou à un taux de droit moins élevé. Une fois le contingent de ces marchandises atteint, les droits imposés sont plus élevés.
Pendant l’audit, nous avons noté un écart entre la quantité permise par Affaires mondiales Canada et la quantité déclarée à l’Agence des services frontaliers du Canada comme admissible à un taux de droit moins élevé. Nous avons noté qu’une vaste quantité de marchandises contingentées étaient entrées au Canada sans les licences requises. Nous avons estimé qu’en 2015, des produits laitiers, du poulet, du dindon, des oeufs et du boeuf d’une valeur de 131 millions de dollars avaient été importés sans licences. Si des droits avaient été appliqués aux quantités en excès, le gouvernement aurait évalué les droits de douane additionnels à 168 millions de dollars.
Nous avons aussi constaté que le Programme d’exonération des droits, qui est géré par l’Agence des services frontaliers du Canada, n’empêchait pas toujours l’écoulement de marchandises dans l’économie canadienne. Ce programme permet aux importateurs d’importer des marchandises sans payer des droits de douane si elles servent à ajouter de la valeur aux marchandises exportées plus tard.
En 2016, l’Agence a effectué six vérifications de la conformité d’importateurs à risque élevé, aux termes du Programme d’exonération des droits, et a constaté qu’aucun de ces importateurs ne respectait les exigences du Programme. Elle a par la suite suspendu leurs licences.
[Français]
Enfin, nous avons examiné le seuil minimal de 20 $ sous lequel les importations par la poste ou par messager ne sont pas soumises à des droits de douane. Ce montant n'a pas changé depuis 1992, mais la quantité et la valeur totale des colis importés ont beaucoup augmenté. L'Agence n'avait pas le personnel requis pour inspecter tous les colis importés, ce qui veut dire que les droits de douane et les taxes n'étaient pas toujours établis comme il se doit. L'Agence a déterminé que l'application des droits de douane aux marchandises de moins de 200 $ importées par la poste avait un coût net pour le gouvernement.
Dans l'ensemble, le gouvernement du Canada établit les droits de douane et contrôle les marchandises arrivant au pays en se servant de méthodes complexes et difficiles à appliquer. Le régime appliqué dans les faits diffère de celui sur papier.
[Traduction]
L’Agence des services frontaliers du Canada, Affaires mondiales Canada et le ministère des Finances Canada ont accepté nos recommandations.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration liminaire. Nous serons heureux de répondre à toutes les questions des membres du Comité.
Merci.
:
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je vous remercie de me donner l’occasion de m’adresser à vous aujourd’hui avec mes homologues.
Je suis accompagné par Brad Loynachan, directeur de la Politique commerciale, dans la Direction générale des programmes commerciaux et antidumping, qui pourra m’aider à répondre à vos questions.
[Français]
J'aimerais débuter en disant que nous sommes d'accord sur les cinq recommandations du vérificateur général du Canada à l'ASFC.
En réponse, nous avons élaboré et commencé à mettre en oeuvre un plan d'action détaillé. Le plan reflète le rôle essentiel de l'Agence pour assurer l'intégrité du régime canadien des droits de douane, de même que l'importance de ce régime pour la compétitivité et la prospérité du Canada.
[Traduction]
Je vais tout d’abord décrire brièvement le rôle que chacun de trois ministères présents aujourd’hui joue dans le régime des douanes. Ce régime est l’outil qui permet au gouvernement fédéral de percevoir des recettes et de protéger certains secteurs de l’économie, et il fait partie intégrante du mandat des trois ministères.
Finances Canada est responsable de l’élaboration et de la mise en oeuvre des politiques sur les échanges commerciaux et les droits de douane, y compris le Tarif des douanes. Ce ministère fournit aussi des analyses et des avis sur le programme du gouvernement visant les politiques en matière de commerce international et de finances.
Pour sa part, l’ASFC est chargée d’un mandat à deux volets: nous assurons la sécurité à la frontière tout en veillant à ce que les personnes et les marchandises passent la frontière le plus vite possible. Dans le cadre de ce rôle de facilitation, nous devons aussi établir le montant des droits et taxes qui sont dus au gouvernement du Canada. L’environnement commercial international dans lequel nous devons accomplir ce travail est de plus en plus complexe et le rythme des activités s’accélère: depuis 2012, le nombre d’importations a bondi de 30 %.
Optimiser les avantages du commerce pour les Canadiens et la prospérité du pays est au coeur du programme politique du gouvernement, et l’ASFC prend très au sérieux son rôle d’appui des échanges commerciaux.
Affaires mondiales Canada est responsable du contrôle de l’importation des produits pour lesquels le Canada exige une licence d’importation, comme le boeuf, le poulet et les produits laitiers. Ces produits sont inscrits sur la Liste des marchandises d’importation contrôlée qui a été établie en vertu de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation.
[Français]
Pour revenir à l'ASFC, je tiens à souligner la double nature de notre mandat. D'une part, nous empêchons l'entrée des voyageurs et des marchandises susceptibles de poser une menace pour le Canada. D'autre part, nous facilitons la libre circulation des marchandises et des voyageurs légitimes à la frontière.
[Traduction]
Comme je l’ai mentionné, nos agents évaluent les taxes et les droits exigibles sur les marchandises qui passent la frontière, pour un total de 71 millions de dollars en droits et en taxes chaque jour. Une grande partie de ce montant provient des importations commerciales, et c’est l'élément au coeur de notre discussion d’aujourd’hui.
L’évaluation des droits et des taxes est une responsabilité partagée par les importateurs et l’ASFC. Permettez-moi d’être clair: le régime des douanes est fondé sur l’observation volontaire des importateurs et la gestion des risques par l’ASFC. Tout comme les contribuables canadiens doivent déclarer et payer volontairement les impôts, en vertu de la Loi sur les douanes, il incombe aux importateurs d’évaluer et de payer les droits et les taxes exigibles sur les transactions commerciales. Les importateurs ou leurs courtiers sont tenus de fournir des déclarations exactes à l’ASFC. L’Agence procède ensuite à une évaluation des risques.
Dans le cas des importations qui pourraient représenter une menace à la sécurité du Canada, l’Agence examine l’expédition pour déterminer si elle devrait la libérer, en refuser l’entrée ou la confisquer. Une fois les marchandises libérées, l’Agence confirme le montant des droits et des taxes exigibles et accepte le paiement. L’ASFC est autorisée par la loi à mener des vérifications commerciales pour veiller à l’observation de toutes les exigences d’importation, y compris l’évaluation exacte des droits et des taxes et l’application de sanctions, s’il y a lieu.
C’est donc notre travail de protéger la santé et la sécurité des Canadiens, mais pour ce faire, nous devons utiliser des moyens qui facilitent les échanges commerciaux légitimes à la frontière, afin de ne pas nuire à l’économie. Nous tâchons sans cesse d’améliorer ce processus, ce qui m’amène à la réponse de l’Agence aux recommandations du rapport.
[Français]
Dans le rapport, le vérificateur général a constaté que l'Agence n'avait pas contrôlé adéquatement l'importation des produits soumis à la gestion de l'offre. Nous reconnaissons la gravité de cette constatation, compte tenu du ferme engagement de notre pays envers le système de gestion de l'offre.
[Traduction]
À la lumière de cette constatation, la quatrième recommandation du rapport nous invitait à collaborer avec Affaires mondiales Canada pour mieux faire respecter les contingents tarifaires en examinant le processus de vérification des licences. Pour donner suite à cette recommandation, l’ASFC a agi rapidement afin de renforcer les mesures de conformité déjà en place.
Nous avons notamment augmenté le nombre de vérifications de la conformité douanière visant les produits soumis à la gestion de l’offre afin de percevoir tous les droits et toutes les taxes supplémentaires exigibles en raison d’une non-conformité. Depuis avril 2016, ce changement a donné lieu à des recettes supplémentaires de 72 millions de dollars qui n’auraient autrement pas été perçues.
Nous avons également mené une vérification des participants au Programme d’exonération des droits, qui permet à certaines entreprises préautorisées d’importer des marchandises sans payer les droits de douane au moment de l’importation, à condition que ces produits soient par la suite exportés. Les vérifications de l’Agence se poursuivent et se sont soldées par la suspension ou la révocation de huit licences depuis mai 2016.
À l’avenir, nous continuerons d’augmenter les vérifications pour veiller à la détermination exacte des droits et des taxes et au respect des conditions du Programme afin de préserver l’intégrité du régime de gestion de l’offre du Canada.
Nous examinerons également le processus de vérification des licences délivrées par Affaires mondiales Canada pour les marchandises importées. Nous comblerons les lacunes du processus tout en étudiant divers moyens automatisés d’effectuer ces fonctions de manière plus efficace. Nous achèverons cet examen d’ici septembre 2018.
Selon la cinquième recommandation du vérificateur général, qui porte également sur le contrôle des marchandises, l’Agence devrait rendre les licences du Programme d’exonération des droits renouvelables et exiger un dépôt auprès des importateurs, proportionnel à la valeur des droits de douane exigibles qui sont à risque. Pour donner suite à l’engagement de l’Agence à renforcer la conformité, comme l’indiquent les quatrième et cinquième recommandations, nous effectuerons ce travail, de concert avec Affaires mondiales Canada et le ministère des Finances Canada, d’ici mars 2019.
[Français]
En ce qui a trait aux autres recommandations du vérificateur général, lesquelles portent sur l'établissement des droits de douane, nous sommes aussi préoccupés par la constatation que des erreurs de classement des marchandises importées avaient été faites.
[Traduction]
Par conséquent, nous suivrons la première recommandation, qui nous demande de revoir notre régime d’agrément des courtiers en douane, notamment en envisageant un processus d’agrément qui exigerait une évaluation périodique du dossier d’observation du courtier et le partage entre les courtiers en douane et les importateurs de la responsabilité à l’égard du respect de certaines exigences. Cet examen comportera des consultations avec les intervenants touchés, dont les courtiers en douane, et il sera achevé d’ici septembre 2018.
Pour donner suite à la deuxième recommandation, l’Agence reverra son régime de sanctions pécuniaires en vue de créer un plus grand effet dissuasif pour les importateurs qui ne respectent pas les dispositions législatives relatives aux recettes d'importation et les exigences des programmes commerciaux. Pour ce faire, nous envisagerons de resserrer les règles entourant certaines sanctions, notamment notre régime de sanctions administratives pécuniaires, ainsi que les règles portant sur les saisies et l’admissibilité aux programmes de privilèges de l’Agence, comme le Programme des négociants dignes de confiance. Une fois de plus, la consultation de nos intervenants sera un aspect important de l’examen.
Finalement, monsieur le président, nous sommes également d’accord avec la troisième recommandation, soit de revoir la période durant laquelle des modifications peuvent être apportées rétroactivement aux renseignements donnés sur les formulaires de déclaration des importations, tout en veillant à ne pas compromettre notre capacité d’effectuer des vérifications de la conformité. À cette fin, de concert avec ses intervenants, l’Agence mène un examen des dispositions législatives actuelles qui sera terminé d’ici décembre 2019. Comme toujours, nous cherchons un équilibre optimal entre la capacité de l’Agence d’effectuer des vérifications de la conformité significatives et sa responsabilité de faciliter les échanges commerciaux.
Pour terminer, je répète que nous prenons les constatations de ce rapport très au sérieux, et nos efforts en témoignent. J’aimerais aussi réitérer que la facilitation des échanges commerciaux est essentielle à la prospérité du Canada, et l’Agence est déterminée à répondre aux besoins des secteurs de l’importation et de l’exportation pour contribuer à rehausser la compétitivité du Canada.
[Français]
Je souhaite remercier le vérificateur général de son rapport et de ses recommandations. Je le remercie également de nous aider à apporter des améliorations.
[Traduction]
Sur ce, je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Je vous remercie, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité. Bonjour à tous. Je suis reconnaissant de pouvoir être ici aujourd'hui.
[Français]
Le sous-ministre des Finances regrette de ne pas être disponible pour participer à la rencontre d'aujourd'hui.
Je commencerai par un aperçu du rôle de la Direction des finances et des échanges internationaux en ce qui a trait aux droits de douane, puis j'aborderai les constatations du vérificateur général et les mesures que nous prenons pour mettre en oeuvre sa récente recommandation au ministère d'examiner le régime tarifaire du Canada.
[Traduction]
Le ministre des Finances est responsable de la politique d’importation canadienne et des lois connexes, y compris le régime tarifaire du Canada, lequel est régi par le Tarif des douanes et par les décrets et règlements connexes. La Direction des finances et des échanges internationaux offre des analyses et des conseils sur les enjeux relatifs à la politique commerciale et tarifaire afin d’appuyer le ministre dans ces fonctions. La Direction participe également à la rédaction des lois, des décrets et des règlements connexes et appuie leur mise en oeuvre.
En ce qui a trait aux droits de douane, nos analyses et nos conseils sont guidés par des principes proactifs en matière de politique tarifaire en appui aux importants objectifs de la politique économique. Au cours des dernières années, cela a donné de nombreuses mesures visant à aider divers secteurs de l’économie, à appuyer les consommateurs et à veiller à ce que les programmes tarifaires pour les pays en développement correspondent aux réalités mondiales. Ces efforts s’ajoutent aux nombreux changements apportés aux dispositions législatives dans le sillage de la conclusion d’accords commerciaux, ainsi que pour en simplifier la structure et l’administration.
[Français]
Concernant les constatations de l'audit sur les droits de douane, on considère généralement que le ministère des Finances s'acquitte de manière efficace de ses responsabilités. Le rapport a conclu que, lorsque le ministère examinait les droits de douane, soit dans le contexte des négociations d'accords de libre-échange, soit en appui aux diverses autres priorités du gouvernement, l'analyse menée était robuste.
Le rapport recommande malgré tout que le ministère effectue un examen du Tarif des douanes afin de déterminer s'il y a des numéros tarifaires particuliers qui ne satisfont plus aux objectifs stratégiques et qui pourraient être modifiés.
[Traduction]
Comme nous l’avons indiqué dans notre réponse à cette recommandation, le ministère a accepté d’entreprendre un tel examen, compte tenu des objectifs de la politique tarifaire du Canada et de ses obligations internationales, entre autres facteurs. En fait, conformément aux échéanciers fournis dans notre plan d’action détaillé, nos agents mènent en ce moment même cet examen. Notre objectif pour cet examen est de relever tout numéro tarifaire particulier qui pourrait être modifié, ainsi que d’autres mesures de simplification technique de la structure tarifaire qui aideraient à réduire la paperasse et à alléger le fardeau administratif et les coûts de conformité pour les entreprises. Notre but est de fournir des recommandations à notre ministre dans les prochains mois et de mettre en oeuvre tout changement subséquent d’ici la fin de 2018.
Avant de conclure, je tiens à remercier le vérificateur général de la rétroaction constructive qu’il a fournie dans le rapport. Nous attendons avec impatience de travailler à notre recommandation.
Encore une fois, je vous remercie du temps que vous nous avez consacré. Nous serons ravis de répondre à vos questions.
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Merci et bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je tiens pour commencer à vous remercier de m’avoir invité à témoigner aujourd’hui.
Au nom d’Affaires mondiales Canada, j’aimerais aussi remercier le vérificateur général du Canada pour le travail réalisé par son bureau en ce qui concerne cette importante question. Nous prenons note des conclusions et des recommandations du rapport et nous serons heureux de discuter des mesures prises pour donner suite à certaines d’entre elles. Tout d’abord, j’aimerais parler du rôle d’Affaires mondiales Canada en ce qui a trait au Tarif des douanes.
En vertu de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation, Affaires mondiales Canada est chargé d’administrer les contrôles à l’importation. En outre, il incombe au gouvernement d’examiner les demandes d’importation et de délivrer des licences pour les produits qui figurent sur la Liste des marchandises d’importation contrôlée. De nombreux types de marchandises sont visés, y compris différents produits agricoles, des produits textiles et des vêtements, certains produits de l’acier ainsi que des marchandises stratégiques et militaires. Le Tarif des douanes sert à identifier la plupart d’entre eux.
Conformément à certains engagements bilatéraux et multilatéraux, le Canada a établi des contingents tarifaires pour différents produits agricoles, y compris ceux qui sont soumis à la gestion de l’offre. Ces contingents permettent d’en importer une quantité préétablie à un taux de droit moindre. En règle générale, les importateurs qui souhaitent bénéficier de ce taux ont besoin d’une licence spécifique délivrée en vertu de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation. L’importation de ces marchandises sans licence spécifique n’est possible qu’à un taux de droit plus élevé, déterminé par le Tarif des douanes. Certaines exemptions s’appliquent cependant aux marchandises destinées à un usage personnel.
Affaires mondiales Canada collabore étroitement avec l’Agence des services frontaliers du Canada, chargée d’évaluer et contrôler les marchandises importées sur notre territoire. Chaque licence d’importation délivrée en vertu de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation lui est envoyée électroniquement pour faciliter la classification tarifaire et le contrôle à la frontière des marchandises importées. La communication de ces renseignements s’effectue au moyen du Système des contrôles à l’exportation et à l’importation d’Affaires mondiales Canada et du Système de soutien de la mainlevée accélérée des expéditions commerciales de l’Agence des services frontaliers du Canada. Par conséquent, la responsabilité de faire respecter les contingents tarifaires et de bien évaluer les marchandises soumises à la gestion de l’offre qui entrent au Canada relève à la fois d’Affaires mondiales Canada et de l’Agence des services frontaliers du Canada. Nous prenons au sérieux la responsabilité qui nous incombe d’administrer le volet relatif aux contrôles à l’importation du système de gestion de l’offre du Canada.
Au sujet de la gestion des droits de douane, l’une des principales conclusions du rapport du BVG est qu’une certaine quantité de marchandises contrôlées et contingentées est importée au Canada à un taux de droit moindre, sans la licence d’importation requise, ce qui est préjudiciable à l’intégrité du régime canadien de contingents tarifaires, en plus d’avoir des répercussions sur les droits payables au gouvernement du Canada. C’est ainsi que le BVG a recommandé à Affaires mondiales Canada et à l’Agence des services frontaliers du Canada de collaborer afin de mieux faire appliquer ces contingents.
En réponse aux conclusions et aux recommandations du BVG, le ministère a institué un processus par lequel les fonctionnaires de l’Agence des services frontaliers du Canada recevront régulièrement un rapport détaillé sur toutes les licences délivrées pour l’importation de marchandises agricoles contrôlées en vertu de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation. Il leur sera ainsi plus facile d’effectuer des vérifications après l’expédition et de faire appliquer les contingents tarifaires.
Ces renseignements sont communiqués conformément aux pouvoirs conférés en matière de communication de l’information. Nous sommes convaincus que l’un des principaux points forts du régime canadien de contrôle des importations réside dans une coopération interministérielle solide. Je peux vous assurer qu’Affaires mondiales Canada est pleinement déterminé à intensifier ses efforts dans ce domaine important.
C’est avec plaisir que je répondrai maintenant aux questions à ce sujet ou sur d’autres aspects. Merci.
:
Encore une fois, merci de votre présence aujourd'hui.
J'aimerais qu'on m'explique quelque chose avant que je pose des questions.
Monsieur Ossowski, vous avez dit que le système que nous avons avec l'ASFC est fondé sur l'observation volontaire des importateurs et la gestion des risques par l'ASFC, tout comme les contribuables canadiens doivent déclarer leurs revenus et payer volontairement les impôts. Nous devons tout mettre, là-dedans. Sinon, l'ARC nous réévalue afin de déterminer ce que nous devons en impôt réellement.
Cependant, nous avons un système pour vérifier cela, et c'est la cotisation fondée sur l'avoir net. Si vous indiquez que vous n'avez aucun revenu pendant des années, l'ARC va essentiellement vous dire: « Eh bien, selon la cotisation fondée sur l'avoir net, nous pensons que vous valez en fait ceci, et devez par conséquent payer des impôts d'un montant x.
Est-ce le même système pour les importateurs? Au bout du compte, avec la conformité volontaire, d'après ce que nous voyons ici, si vous n'avez pas fait une déclaration adéquate, il n'y a pas de solides freins et contrepoids pour contrer cela. Est-ce qu'il y a un système parallèle? Vous comparez cela à un système d'observation volontaire par les contribuables, mais existe-t-il un système semblable pour les importateurs?
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Merci à tous de témoigner aujourd'hui.
Ne vous y trompez pas: il s'agit d'un audit vraiment dévastateur, un de ces rapports où ma colère monte à chaque page.
Commençons par l'objectif principal de l'audit, au paragraphe 2.9 de la page 2:
Le présent audit visait à déterminer si le ministère des Finances Canada, Affaires mondiales Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada avaient géré adéquatement les droits de douane, dans le respect de leurs rôles et responsabilités respectifs.
Sous la rubrique « Conclusion », à la page 17, au paragraphe 2.86, le vérificateur général indique ce qui suit:
Nous avons conclu que l’Agence des services frontaliers du Canada ne pouvait pas garantir que tous les droits de douane exigibles avaient été établis. Nous avons aussi conclu qu’Affaires mondiales Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada ne pouvaient pas garantir que les contingents tarifaires avaient été respectés. L’Agence a permis à certains produits soumis à la gestion de l’offre d’entrer sur le marché canadien sans le paiement des droits appropriés.
2.87 De plus, nous avons conclu que le ministère des Finances Canada s’était acquitté correctement de ses responsabilités relatives aux droits de douane, mais qu’il devait mener un examen plus poussé de la pertinence des numéros tarifaires pour s’assurer qu’ils permettent d’atteindre les objectifs du gouvernement.
Je veux revenir à la page 7, au paragraphe 2.83.
J'ai lu ces passages pour montrer que vous avez échoué sur le plan de la surveillance. La vérification avait pour objectif principal d'examiner les points que j'ai énumérés, et vous avez échoué lamentablement.
C'est une honte. Dans des cas comme celui-ci, je voudrais disposer de sept heures plutôt que de sept minutes, car je dois vous dire que vous vous acquittez incroyablement mal de vos tâches.
J'aimerais m'attarder à un point. Monsieur le vérificateur général, aidez-moi à comprendre comment cela fonctionne exactement. Apparemment, quand des marchandises arrivent au pays, les importateurs évaluent eux-mêmes les droits. Puis, d'après votre rapport, ils disposent d'une période de quatre ans pour apporter des correctifs à leurs documents, ce qu'ils ont apparemment fait. En 2014-2015, il s'est fait quelque 200 000 modifications qui se sont traduites par des remboursements de 136 millions de dollars. Par contre, il n'y a eu que 20 000 modifications ayant permis d'encaisser 55 millions de dollars, ce qui n'a rien d'étonnant.
Le vérificateur général conclut au paragraphe 2.40 qu'« À notre avis, cette situation permettait aux importateurs d’éviter d’avoir à payer les droits requis. »
Monsieur le vérificateur général, aidez-moi à m'assurer que je comprends bien les faits. Pourriez-vous, dans vos propres mots, décrire exactement ce qui est problématique? À ce que je comprends, en raison de l'autocotisation, l'agence ne peut pas revenir en arrière pour déterminer, des années plus tard, si la modification correspond à la réalité, parce que tout est fait par la même personne.
Monsieur, je vous serais reconnaissant de bien vouloir m'expliquer cela en des termes plus techniques.
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Merci, monsieur le président.
Je pense qu'en ce qui concerne la question que vous posez, c'est plus ou moins une affaire de processus. Dans un certain nombre de cas, mais pas dans tous, les importateurs ont jusqu'à quatre ans pour modifier la classification initiale des marchandises.
Comme vous l'avez souligné, cela s'est produit 200 000 fois en l'espace d'un an, et ces modifications ont donné lieu à des remboursements. Le problème, c'est que lorsqu'un importateur indique qu'il a importé autre chose que ce qu'il avait affirmé avoir importé il y a quatre ans, les marchandises sont bien souvent déjà sur le marché, ont été utilisées ou n'existent peut-être même plus. Il est donc difficile pour le ministère de vérifier ce qu'il en est.
Dans le rapport, nous avons fait remarquer que l'Agence a elle-même indiqué que plus il s'écoule de temps avant que quelqu'un apporte une modification, plus il est probable que cette dernière ne soit pas tout à fait juste.
Je tiens toutefois à préciser également qu'il y a eu 136 millions de dollars en remboursements. L'importateur a dit qu'il avait importé autre chose que ce qu'il avait indiqué au départ et que les droits étaient moins élevés pour ces marchandises. Il réclamait donc un remboursement.
Il est également arrivé que l'importateur déclare qu'il a importé une marchandise dont les droits de douane sont plus élevés; il devait donc de l'argent au gouvernement. Pour me montrer parfaitement cynique, ce qui va de pair avec mon métier, je suppose, il se peut que l'importateur s'arrange en fait pour gérer son fonds de caisse.
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Merci, monsieur le président.
Comme mes collègues, j'ai été particulièrement renversé par le rapport de vérification du vérificateur général. Je n'ai pas passé une bonne nuit. Je ne sais pas si je peux utiliser un tel langage au sein du Comité, mais je suis en maudit.
Je suis en maudit pour la raison suivante. Il y a deux ans, des producteurs et des agriculteurs ont manifesté dans ma circonscription. Ils étaient 200 agriculteurs à manifester à Matane. Des hommes qui mesuraient 6 pieds avaient les larmes aux yeux en me disant qu'ils ne comprenaient pas ce qui se passait, qu'ils perdaient des revenus parce qu'ils jugeaient que des produits laitiers passaient la frontière sans licences. Je leur ai répondu que c'était impossible, que nos fonctionnaires et notre gouvernement prenaient toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que nous avions les contrôles adéquats aux frontières. J'ai défendu ma position pendant des semaines, voire des mois.
Aujourd'hui, je me rends compte de certaines choses en lisant le rapport du vérificateur général.
Par exemple, dans la présentation du vérificateur général, on dit ceci:
Nous avons noté qu’une vaste quantité de marchandises contingentées étaient entrées au Canada sans les licences requises. Nous avons estimé qu’en 2015, des produits laitiers, du poulet, du dindon, des œufs et du bœuf d’une valeur de 131 millions de dollars avaient été importés sans licences.
C'est renversant.
J'ai été fonctionnaire au sein de la fonction publique fédérale pendant 17 ans. J'ai été responsable d'opérations et de programmes et c'était ma responsabilité de m'assurer que les programmes et services que je gérais fonctionnaient dans le cadre qui m'avait été octroyé.
J'avoue que je ne sais même pas quoi dire.
Monsieur Ossowski, que répondez-vous aux agriculteurs qui constatent probablement qu'ils avaient raison de manifester?