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Bonjour à tous et bienvenue à cette séance numéro 81 du Comité permanent des comptes publics en ce mardi 28 novembre 2017.
Je tiens à rappeler à tous les participants — et il y a beaucoup de gens ce matin — que la séance d'aujourd'hui est télévisée. Donc, je vous saurai gré de mettre en sourdine vos téléphones cellulaires ou appareils de communication ou de tout simplement les éteindre.
Nous étudions aujourd'hui le rapport 1, « Les problèmes liés au système de paye Phénix », des rapports de l'automne 2017 du vérificateur général du Canada.
Pour l'occasion, nous accueillons comme témoins Marie Lemay, sous-ministre, ainsi que Les Linklater, sous-ministre délégué, Services publics et Approvisionnement Canada; M. Michael Ferguson, vérificateur général du Canada, et Jean Goulet, directeur principal, Bureau du vérificateur général; Mme Yaprak Baltacioglu, secrétaire du Conseil du Trésor du Canada, et Céline Cléroux, sous-ministre adjointe, Secteur de la transformation de la gestion des ressources humaines, Bureau de la dirigeante principale des ressources humaines, Secrétariat du Conseil du Trésor.
Je vous souhaite la bienvenue.
Si j'ai bien compris, nous aurons droit à plusieurs exposés.
Nous commencerons par le vérificateur général.
:
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats de notre rapport sur les problèmes liés au système de paie Phénix.
[Traduction]
En 2009, le gouvernement du Canada a amorcé la transformation des processus d'administration de la paye de ses 290 000 employés. Services publics et Approvisionnement Canada était chargé de piloter cette initiative.
Cette initiative comportait deux projets: l'un pour centraliser les services de paye de 46 ministères et organismes employant près de 70 % des fonctionnaires fédéraux, et l'autre pour remplacer le système de paye datant de plus 40 ans qui était utilisé par 101 ministères et organismes par un nouveau système appelé Phénix.
Depuis la mise en service de Phénix en février 2016, le gouvernement fédéral n'arrive souvent pas à verser aux fonctionnaires fédéraux le montant exact de leur paye en temps opportun. Notre audit a examiné si Services publics et Approvisionnement Canada avait collaboré avec les ministères et organismes retenus pour régler les problèmes de paye liés à Phénix afin que les fonctionnaires reçoivent le montant exact de leur paye en temps opportun.
Cet audit est important, car les problèmes de paye du gouvernement ont eu des répercussions financières sur des dizaines de milliers de fonctionnaires et il faut corriger le système.
Nous avons constaté que le nombre de problèmes de paye avait continué d'augmenter pendant toute la période visée par notre audit. Un an et demi après le lancement du système de paye Phénix, il y avait plus de 150 000 fonctionnaires, dans les 46 ministères et organismes dont les services de paye avaient été centralisés, qui avaient une demande d'intervention de paye en attente.
Ces 150 000 employés attendaient le traitement d'environ 500 000 demandes. Ces chiffres ne comprennent pas les demandes d'intervention de paye en attente des employés des 55 ministères et organismes dont le service de paye n'ont pas été centralisés, ni les demandes en attente de traitement découlant des conventions collectives conclues récemment avec les syndicats de la fonction publique fédérale.
[Français]
Les problèmes se sont tellement aggravés que les erreurs non corrigées dans la paie dépassaient le demi-milliard de dollars à la fin de juin 2017. Ce montant comprenait les sommes dues à des fonctionnaires qui avaient été sous-payés, auxquelles s'ajoutaient les sommes dues à l'État par des fonctionnaires qui avaient été trop payés.
Les ministères et les organismes ont eu des difficultés à régler les problèmes causés par Phénix dès le début. Il aura cependant fallu quatre mois à Services publics et Approvisionnement Canada pour admettre que les problèmes signalés dépassaient le cadre de traitement normal de la paie. Depuis, le ministère ne fait que réagir aux problèmes. Il a mis en oeuvre peu de solutions permanentes. De fait, 16 mois après l'apparition des premiers problèmes, la mise en place d'une structure de gouvernance se fait encore attendre.
À notre avis, la solution pour régler les problèmes de paie causés par Phénix est divisée en deux volets. En priorité, il faut verser aux employés le montant exact de leur paie en temps opportun. Une fois que cela sera fait, il restera toutefois encore du travail à faire pour avoir un système efficace de traitement de la paie. La solution à long terme doit être permanente et aussi efficiente que possible.
Services publics et Approvisionnement Canada nous a indiqué qu'il allait élaborer un plan complet contenant des informations détaillées sur les coûts pour régler les problèmes de paie. Toutefois, ce plan n'était pas encore prêt à la fin de notre audit.
Pour mettre en oeuvre une solution viable aux problèmes de paie, le gouvernement doit déterminer les causes profondes des problèmes et s'y attaquer. Il doit aussi surveiller de près les mesures prises pour régler les problèmes et s'assurer que Services publics et Approvisionnement Canada, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada et les ministères et organismes concernés collaborent étroitement.
[Traduction]
À notre avis, il faudra des années pour régler les problèmes de paye causés par Phénix et plus que les 540 millions de dollars que les organismes publics ont jusqu'ici prévu de dépenser. Nous avons constaté que le ministère de la Santé de l'État du Queensland, en Australie, avait été aux prises avec une situation similaire. Or, il a dû consacrer plus de 1,2 milliard de dollars, sur huit ans, pour régler la plupart de ses problèmes de paye.
Nous avons formulé quatre ecommandations à Services publics et Approvisionnement Canada et deux recommandations au Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada. Ils ont tous les deux accepté les recommandations.
[Français]
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture.
Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Je vous remercie de votre invitation à comparaître devant vous ce matin, afin de parler du système de paie Phénix.
Comme secrétaire du Conseil du Trésor, j'appuie le Conseil dans son rôle d'employeur de l'administration publique centrale. Dans ce rôle, mon équipe et moi sommes engagées à faire notre part pour que les employés de la fonction publique soient payés correctement. La situation n'est pas acceptable, et elle a déjà touché beaucoup trop de nos employés.
J'aimerais remercier le vérificateur général de son analyse et de ses recommandations visant à stabiliser le système de paie. Son rapport est une contribution importante au travail déjà en cours.
[Traduction]
Ce matin, j'aimerais discuter en particulier de ces deux recommandations à l'intention du Conseil du Trésor.
La première était que le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada devrait établir, en collaboration avec Services publics et Approvisionnement Canada, des échéanciers que les ministères et organismes devraient respecter pour soumettre des informations exactes sur la paye et appuyer SPAC ainsi que les ministères et organismes dans l'élaboration de mesures du rendement en vue de vérifier si les employés reçoivent une paye exacte et en temps opportun, et faire rapport à cet égard. Nous acceptons cette recommandation. En fait, nous avons déjà entamé le travail dans le but de réaliser cet engagement.
En collaboration avec SPAC, nous établirons les délais normalisés pour les transactions des RH donnant lieu à une intervention de paye d'ici le 30 juin 2018. Nous travaillerons également avec les ministères et organismes pour établir et mettre en oeuvre une approche globale qui permettra de faire le pont entre le monde des RH et les processus de paye concrets. Afin d'améliorer notre capacité à assurer le suivi des interventions de paye et à en faire rapport, nous allons établir des mesures de rendement qui seront mises en place au cours de l'exercice 2018-2019. Enfin, nous collaborerons avec les ministères et organismes afin d'effectuer le suivi des principales données des RH, y compris la rapidité de la paye, et d'en faire rapport.
La deuxième recommandation du vérificateur général à l'intention du SCT porte sur les coûts. Il recommande que le Secrétariat, toujours avec l'appui de SPAC et des ministères et organismes, devrait faire un suivi et présenter des rapports sur le budget qui sera nécessaire pour régler les problèmes de paye et mettre en oeuvre une solution durable dans l'ensemble des ministères et organismes. Nous acceptons cette recommandation.
Le contrôleur général du Canada dirige un exercice pangouvernemental afin de mieux comprendre les coûts réels dans leur ensemble.
[Français]
Le travail est en cours. C'est un processus rigoureux qui se base sur les meilleures pratiques internationales. Cela va nous permettre de déterminer les coûts engagés jusqu'à présent en plus d'encadrer les dépenses futures. Il y aura une consultation importante auprès des ministères et des organismes centraux afin d'assurer une bonne compréhension des données. Nous nous attendons à ce que cet exercice se termine en mai 2018.
[Traduction]
En terminant, j'aimerais répéter que les gens de mon ministère et l'équipe de la haute direction du SCT s'investissent, et se sont toujours investis, à fond dans ce dossier.
[Français]
Les recommandations du vérificateur général et nos efforts pour y donner suite vont contribuer de façon importante au travail déjà en cours.
Monsieur le président, je termine ici mes observations. Je me ferai un plaisir de répondre aux questions du Comité.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de me donner l’occasion de prendre la parole sur le rapport du vérificateur général concernant le système de paye Phénix.
J’ai le plaisir d’être accompagnée de mon collègue Les Linklater, qui dirige l’équipe intégrée chargée de stabiliser le système de paye.
Je tiens tout d’abord à souligner que, depuis mon arrivée à SPAC en avril 2016, j’accorde la priorité absolue à l’élimination des torts causés par la mise en oeuvre de la transformation de l’administration de la paye. C’est également la priorité absolue de mon ministère, et aussi celle de la , comme elle l’a indiqué.
Il ne fait aucun doute qu’il s’agit de l’enjeu le plus important dans la fonction publique. Plus de la moitié des employés sont aux prises avec un problème de paye. À mon ministère, nous voyons concrètement les répercussions que cette situation a sur les employés, notamment ceux qui attendent une paye manquante et ceux qui travaillent sans relâche pour résoudre cette situation. Je suis profondément désolée des difficultés que cette situation cause aux fonctionnaires et à leur famille.
Je veux remercier le vérificateur général de cette étude importante. Nous sommes d’accord avec les conclusions du rapport et en acceptons les recommandations. Le rapport vient confirmer les résultats d’examen antérieurs ainsi que la pertinence des mesures que nous prenons pour stabiliser le système de paye. Nous avons établi un plan d’action de la direction qui expose en détail des engagements précis et les jalons clés à franchir pour les respecter.
[Français]
J'en dirai plus long sur ces mesures dans quelques minutes, mais avant, si vous me le permettez, j'aimerais revenir brièvement sur les événements de la dernière année et demie.
Nous savons maintenant que toute la portée et la complexité de cette grande transformation n'ont pas été prises en compte dans la planification initiale du projet. Les liens cruciaux qui existent entre la paie, les processus d'administration des ressources humaines et les systèmes connexes à l'échelle du gouvernement ont été mal compris, ce qui a eu des implications énormes. Nous n'avons pas saisi immédiatement toute l'ampleur et l'incidence des problèmes de paie qui sont apparus après le déploiement de Phénix.
De plus, nous n'avions les ressources nécessaires ni pour bien déployer Phénix ni pour gérer efficacement les problèmes qui ont suivi. Au terme du déploiement de Phénix, en avril 2016, plus de 700 postes avaient été éliminés dans les services de rémunération des 46 ministères desservis par le Centre des services de paye. Même si les ministères qui ne font pas appel au Centre des services de paye avaient conservé leur personnel, nous ne disposions plus d'une expertise et d'une capacité précieuses dont nous avions pourtant cruellement besoin.
Au début, les erreurs de paie signalées étaient considérées comme des cas isolés, parce qu'il n'est pas rare de voir de tels cas lors du déploiement d'un grand projet de transformation et de technologie de l'information. Or, en juin, il est devenu évident qu'il y avait des problèmes graves. Le nombre grandissant de problèmes de paie a rapidement dépassé notre capacité de réaction.
[Traduction]
Il fallait plus de conseillers en rémunération de toute urgence. Or, le renforcement de la capacité d’une organisation est une lourde tâche, et nous partions de zéro. Nous devions non seulement trouver de nouveaux employés, mais aussi les accueillir et les former, ce qui nécessite beaucoup de temps et d’efforts.
Le 17 juin, huit semaines après le déploiement complet du système, nous avons annoncé l’ouverture de notre premier bureau satellite. Depuis, nous avons embauché d’autres employés à Miramichi, nous avons ouvert d’autres bureaux satellites un peu partout au pays, nous avons ajouté à l’effectif plus de 250 conseillers en rémunération, et nous avons ouvert un centre d’appels qui traite les demandes d’aide des employés.
Ces mesures ont contribué à régler plusieurs problèmes pressants, tout en assurant le versement de la paye de 300 000 fonctionnaires toutes les deux semaines. Elles ont permis notamment de réduire les problèmes les plus graves, à savoir les employés qui ne recevaient aucun salaire. Elles nous ont aussi permis de réduire les délais d’attente pour les congés parentaux et les congés d’invalidité, auxquels les syndicats nous avaient demandé de donner la priorité.
Toutefois, des défis majeurs subsistaient. Une quantité importante de mouvements en attente s’était accumulée au Centre des services de paye, alors que le gouvernement concluait 20 conventions collectives. Les conseillers en rémunération ont traité les augmentations de salaire, les primes à la signature et les paiements rétroactifs d’environ 184 000 employés, ce qui s’est traduit par des paiements totalisant plus de 615 millions de dollars au cours de l’été.
[Français]
Ce surplus de travail s'est avéré beaucoup plus compliqué que prévu. Le calcul des paiements rétroactifs, dont certains remontaient à aussi loin que quatre ans, a nécessité l'extraction de données de l'ancien système de paie du gouvernement, maintenant hors service, ainsi que d'importants calculs manuels.
Le nombre de mouvements en attente ne diminue pas, puisque nous nous consacrons au traitement des importants paiements liés aux conventions collectives. En revanche, nous traitons au total plus de mouvements par mois que nous en recevons. Aussi, nous avons essentiellement triplé le volume que nous traitons depuis mai 2016.
Une fois que nous aurons mis en oeuvre les conventions collectives et que nous nous serons occupés de la prochaine période de production des déclarations de revenus, nous serons en mesure de consacrer une plus grande capacité à la réduction du nombre de mouvements en attente. Non seulement cherchons-nous à régler les problèmes de paie, mais nous portons aussi notre attention sur leurs causes profondes.
[Traduction]
Il en est ressorti deux réalités importantes. Premièrement, comme les processus d’administration des ressources humaines sont liés directement à la paye d’un employé, nous savons que nous devons adopter une approche qui intègre la paye et les ressources humaines pour régler les problèmes. Deuxièmement, il est évident que notre ministère ne peut pas, à lui seul, trouver des solutions et les mettre à exécution. Il nous faut une approche pangouvernementale. Nous avons donc commencé à mettre en oeuvre une série de mesures pour amener le système de paye à un état de stabilité. Ainsi, nous voulons dans l’immédiat réduire le nombre de mouvements en retard et les délais d’attente pour les payes manquantes.
Nos mesures se divisent en quatre grandes catégories: la prise de décisions responsables et éclairées, l’amélioration des processus et de la technologie, le renforcement de la capacité et de la prestation des services, ainsi que les partenariats et la mobilisation. Je vais vous en donner quelques exemples. Cela dit, vous trouverez plus de détails à leur sujet sur notre site Web.
Une équipe intégrée, qui est composée de cadres supérieurs de SPAC et du Secrétariat du Conseil du Trésor, dirige maintenant les efforts que nous déployons pour stabiliser le système de paye au Centre des services de paye et dans tout le gouvernement. Une structure de gouvernance solide, qui est représentative des opinions et des réalités de l’ensemble de la fonction publique, appuie le travail de l’équipe intégrée. Elle comprend un groupe de travail composé de ministres, des groupes de travail interministériels, ainsi qu’un comité de surveillance composé de sous-ministres, que je copréside avec mon collègue, le dirigeant principal des ressources humaines du Secrétariat du Conseil du Trésor.
[Français]
Pour améliorer les processus et la technologie, nous portons notre attention sur les pratiques, les processus et les systèmes communs pour l'administration des ressources humaines qui ne sont pas adaptés à Phénix et qui causent des retards. Notre solution doit être intégrée, de la mesure de dotation initiale à la réception de la paie, en passant par la demande de paie. En adoptant un point de vue global, nous nous assurerons que notre système de paie fonctionne efficacement du début à la fin.
Le Centre des services de paye s'apprête à former de petits groupes de conseillers en rémunération qui seront responsables de ministères et d'organismes précis, ce qui permettra de faire des gains d'efficience encore plus grands et d'offrir un soutien mieux adapté aux employés. Pour renforcer notre capacité et améliorer les services, nous avons embauché 680 conseillers en rémunération additionnels, ce qui représente effectivement plus du double de l'effectif de conseillers en rémunération qu'il y avait au lancement du système. Jusqu'à 300 autres devraient se joindre à eux au cours des prochains mois.
Conscients de la nécessité d'offrir un soutien plus utile aux employés, nous comptons aussi embaucher jusqu'à 100 employés à notre centre d'appel. Ainsi, les employés pourront obtenir des renseignements détaillés sur leur dossier de paie directement auprès des préposés du centre d'appel.
[Traduction]
La dernière catégorie est celle des partenariats et de la mobilisation. Les ministères sont mobilisés, et un comité de consultation patronale-syndicale se réunit régulièrement pour discuter des problèmes liés à Phénix et des solutions. De plus, les ministères et les organismes obtiendront des rapports et des analyses de données de meilleure qualité qui leur permettront de prendre des décisions plus éclairées.
Monsieur le président, nous savons qu’il n’y a pas de solution facile ni de raccourci. Nous devons continuer de payer environ 300 000 employés toutes les deux semaines et de traiter les mouvements en retard. Nous nous concentrons sur la stabilisation de Phénix, et les mesures que je viens de mentionner nous aideront à le faire. Plus d'information est disponible sur notre site Web. Ces mesures cadrent pleinement avec les recommandations du vérificateur général. Nous comptons publier en ligne des mises à jour sur ces mesures tous les trimestres.
De plus, nous étudions des options à plus long terme qui nous permettront d’accroître l’efficacité et la durabilité du système de paye. Dans l’immédiat, nous voulons aider les employés touchés, mais éventuellement, nous voudrions offrir un système de paye efficace et moderne que les fonctionnaires pourront utiliser facilement.
Il va de soi que, collectivement, nous avons sous-estimé la complexité de l’initiative de transformation de l’administration de la paye. L’examen de Goss Gilroy a révélé des leçons à tirer sur des aspects clés que nous appliquons maintenant pour corriger le système de paye. Le deuxième rapport du vérificateur général comprendra vraisemblablement des recommandations plus exhaustives. Il nous incombe de nous assurer que ces leçons seront appliquées aux autres projets de transformation du gouvernement.
[Français]
Avant de conclure, je tiens encore une fois à souligner la patience des fonctionnaires dévoués qui ont subi un préjudice sans que ce soit leur faute. Ils veulent simplement savoir quand ils seront payés. Bien que nous n'ayons pas d'échéancier précis, nous mettons tout en oeuvre pour mettre fin à cette situation frustrante le plus rapidement possible.
Je tiens également à remercier les employés dévoués de Services publics et Approvisionnement Canada et des autres ministères et organismes, qui travaillent sans relâche pour faire en sorte que leurs collègues obtiennent à temps la paie qui leur est due.
Je sais que les problèmes de paie sont une source de tension et de stress chez les employés. Lorsque des employés vivent une situation difficile, les soutenir est une priorité. Je veux vous assurer que, chaque fois que nous prenons connaissance d'une situation particulièrement difficile, les ministères et organismes y donnent suite rapidement.
Je serai heureuse de répondre maintenant à vos questions.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président. J'aimerais poursuivre par des renseignements tirés de divers rapports.
[Français]
Le 13 janvier 2016 avait lieu une rencontre de tous les directeurs financiers de plusieurs ministères. Cette rencontre visait à faire l'analyse de la situation relativement au système Phénix et à savoir où on en était à quelques semaines du lancement.
Voici les résultats. Service correctionnel Canada parle des travailleurs qui ont des quarts de travail. Les tests menés faisaient que 50 % des essais étaient fructueux. Cela signifie que 50 % des essais ne l'étaient pas. Cela représente un élément important.
[Traduction]
Il est écrit:
Il n'y avait aucun environnement avec de véritables données pour comprendre le système
Aucun rapport pour analyser les erreurs sur la feuille de paye
Formation à la dernière minute
[Français]
Plus loin, le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire a également conclu la même chose, soit que le taux de succès était de moins de 50 %. De plus, le ministère ne savait pas comment régler cette situation au moment de l'analyse.
Le ministère de l'Emploi et du Développement social signalait, après avoir mené 25 tests, que l'on pouvait remettre en question la pertinence et l'efficacité du système.
[Traduction]
De plus, la GRC dit: « Aucun registre des problèmes et des défauts. Le taux d'erreur grimpe. » C'est exactement la même histoire à Sécurité publique: « Problème quant aux résultats des essais: 30 % d'erreurs non satisfaisantes ». La GRC a également rapporté que les « essais concernant les promotions et les heures supplémentaires ont été un échec » et a demandé la façon dont sera corrigé le problème.
[Français]
Quant à elle, la Garde côtière parlait des conséquences que cela pourrait avoir si Phénix était retardé.
De plus, selon le ministère ministère de l'Emploi et du Développement social:
[Traduction]
« Au moment de la mise en service, ce sera chaotique. »
[Français]
Bref, monsieur le président, le rapport, auquel ont participé tous les directeurs d'administration des ministères rassemblés le 13 janvier, soit à quelques semaines à peine du déclenchement du système Phénix, démontrait qu'il y avait encore des lacunes majeures.
Tout à l'heure, madame la sous-ministre, vous avez dit que, dans le rapport précédent, certaines erreurs avaient été commises parce que chacun travaillait en vase clos. Or, dans le cas présent, une rencontre réunissait tous, ou la plupart, des directeurs des ministères qui allaient mettre en place le système Phénix lors du premier déploiement.
Pourquoi le ministère n'a-t-il pas pris en compte ces avertissements sévères lancés par ceux qui allaient devoir gérer les problèmes?
:
Merci, monsieur le président.
La semaine dernière, le vérificateur général nous a rappelé que les ministères fédéraux se concentrent trop sur leurs propres activités et pas assez sur le point de vue des gens que nous servons. Je tiens à remercier Mme Lemay d'avoir souligné les répercussions et les difficultés vécues par nos fonctionnaires à la suite du déploiement de Phénix. Je sympathise avec les dizaines de milliers d'employés qui n'ont pas reçu leurs justes payes, ce qui inclut des employés sous-payés, trop payés ou en attente d'autres types de changements relatifs à leur paye. Toutefois, ce ne sont pas les seules personnes qui sont outrées par ce qui se passe. Lorsque les Canadiens entendent le vérificateur général dire qu'il faudra au moins consacrer 540 millions de dollars pour réparer le système Phénix, ces gens méritent aussi des excuses.
Mon collègue, M. Arya, a souligné que des consultants doivent avoir évalué le système avant et pendant son déploiement pour offrir des conseils. Comme nous le savons, un tel examen a été réalisé par Gartner Incorporated, et le rapport incluait une dizaine de risques importants. Par exemple, des ministères n'avaient pas terminé les essais de bout en bout. Ils n'avaient pas non plus entièrement mis en oeuvre les programmes de formation nécessaires. Pire encore, comme l'a souligné mon collègue, M. Whalen, le rapport Gartner a seulement été remis à la ministre six mois plus tard.
Voici comment un article publié hier dans l'Ottawa Citizen décrit la situation:
Après un développement de près d'une décennie, Phénix a été victime de l'imperfection de l'élan effréné de la bureaucratie. Les directeurs du projet ne semblaient pas enclins à prêter vraiment attention aux conseils de dernière minute à moins que cela corresponde à ce qu'ils comptaient faire de toute manière.
Cela m'amène à la question que je me pose aujourd'hui. Où nous en allons-nous et réparerons-nous ce gâchis? Je crois que cela traduit la pensée de chaque Canadien qui a entendu parler de ce dossier.
J'ai entendu aujourd'hui que 700 employés ont été embauchés. J'ai entendu des excuses. Arriverons-nous à trouver un juste équilibre? Le nombre de conseillers à la paye a diminué en 2014. Vous embauchez maintenant une panoplie de nouveaux employés pour essayer de rattraper le retard dans les mouvements qui n'ont pas encore été traités.
Au bout du compte, lorsqu'un train est en mouvement, qu'il avance rapidement et que des problèmes surviennent, je sais que vous pouvez ajouter des employés pour les régler. Toutefois, si vous n'arrêtez pas le train, que vous ne rebroussez pas chemin et que vous ne corrigez pas les problèmes, le train ne fera qu'accélérer. À mon avis, il s'agit d'un train qui continue de prendre de la vitesse. Si nous regardons les graphiques dans le rapport du vérificateur général, nous pouvons voir à quel point la situation s'est dégradée avec une hausse exponentielle du nombre de fonctionnaires ayant des demandes d'intervention de paye en attente et du nombre total de demandes d'intervention de paye en attente. Le problème nous apparaît comme un train fou.
Vous ne pourrez peut-être pas répondre à ma question, mais j'aimerais savoir la façon dont vous réussirez à trouver un juste équilibre en ce qui a trait à la formation et au nombre d'employés. Le montant de 540 millions de dollars est un point de départ. Nous avons entendu qu'en Australie cette situation avait coûté plus de 1 milliard de dollars.
Les Canadiens veulent vraiment le savoir.
:
Merci, monsieur le président.
Je ne répéterai pas les nombreuses observations fort pertinentes qui ont été formulées autour de la table. Je vais passer directement à l'un des sujets qui me préoccupent. Le vérificateur général a signalé que le gouvernement envisage de dépenser plus d'un demi-milliard de dollars pour corriger la situation. Si nous faisons une comparaison avec la situation en Australie, où il s'agissait d'un problème de plus petite ampleur qui touchait essentiellement un ministère doté de 78 000 employés, il a fallu sept ans aux autorités australiennes, qui ont dû dépenser plus d'argent que cela.
J'entends M. Linklater dire que nous en sommes toujours à l'étape du rapport d'analyse des causes profondes. Nous ne l'avons pas encore terminé; autrement dit, nous examinons toujours les causes profondes. Nous les avons plus ou moins recensées au cours de la dernière période, mais nous n'avons toujours pas mis la dernière main au rapport.
Nous avons parlé du plan d'action, ou plutôt de son absence. L'Australie a mis sept ans pour régler un problème assez simple. Disons que le problème était complexe, mais de moindre envergure. Je regarde votre plan d'action. Examinons le plan d'action de la direction, que vous nous avez remis. Pour faciliter les choses, je vais m'en tenir au numéro de référence 1.98 du rapport. Selon la description du résultat prévu, d'ici la fin de 2018, les « employés reçoivent une paye exacte et en temps opportun, conformément aux cibles, priorités et normes de service établies. Dans ce contexte, le nombre de demandes de paye en attente diminue et le traitement de la paye respecte de façon constante les normes de service du point de vue de l'exactitude et des délais. »
En gros, ce que vous nous dites aujourd'hui, d'après votre plan d'action, c'est que d'ici la fin de 2018, nous devrions être en bonne voie de tout remettre en état et de régler tous les problèmes. Nous nous serons attaqués aux causes profondes. Cela signifie que les besoins en matière de capacité auront été satisfaits.
Je suis très préoccupé. Si un pays comme l'Australie a mis sept ans pour comprendre un problème d'une ampleur bien plus petite que celui-ci — et probablement d'une complexité moindre en raison de toutes les conventions collectives dont nous devons nous occuper et de tout le travail que nous devons effectuer —, je peux comprendre pourquoi les Canadiens auraient, eux aussi, beaucoup de doutes au sujet de ce plan.
Monsieur Linklater, pouvez-vous nous expliquer cela?