:
J'aimerais maintenant prendre quelques instants pour offrir nos condoléances et témoigner notre respect au personnel du Bureau du vérificateur général à la suite du décès de notre vérificateur général. C'est notre première séance après la tenue des funérailles; nous n'avons pas eu de rencontre la semaine dernière. J'aimerais souligner, comme M. Christopherson l'a si bien fait à la Chambre, que notre comité se réjouissait de l'excellente relation que nous avions avec notre vérificateur général et ami, Michael Ferguson. Nous savons tous que nous avons perdu le vérificateur du peuple, comme disait quelqu'un, et aussi un homme très honorable.
Avant de commencer la séance, nous allons nous recueillir un instant à sa mémoire.
[On observe un moment de silence.]
Merci.
Nous sommes ici aujourd'hui pour examiner le Rapport 6, « La surveillance dans la collectivité — Service correctionnel Canada », des Rapports de l'automne 2018 du vérificateur général du Canada.
Je vous rappelle que la séance est télévisée aujourd'hui, alors veuillez éteindre vos cellulaires.
Nous sommes ravis d'avoir avec nous aujourd'hui M. Andrew Hayes, sous-vérificateur général, et M. Nicholas Swales, directeur principal, tous deux du Bureau du vérificateur général.
Nous accueillons également notre commissaire, Mme Anne Kelly, ainsi que M. Larry Motiuk, commissaire adjoint aux politiques, et M. Alain Tousignant, sous-commissaire principal, de Service correctionnel du Canada.
Nous vous souhaitons tous la bienvenue parmi nous.
Monsieur Hayes, nous allons commencer par vous. Je vous cède la parole.
:
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats de notre rapport sur la surveillance dans la collectivité. Je suis accompagné du directeur principal chargé de l'audit, M. Nicholas Swales.
La plupart des délinquants deviennent admissibles à une libération conditionnelle avant la fin de leur peine et purgent une partie de celle-ci sous surveillance dans la collectivité. En avril 2018, près de 40 % de tous les délinquants sous responsabilité fédérale étaient sous surveillance dans la collectivité. Le nombre de délinquants dans la collectivité a beaucoup augmenté entre 2013 et 2018, et Service correctionnel Canada prévoit que ce chiffre continuera de monter.
L'audit visait à examiner les mesures de Service correctionnel Canada pour surveiller les délinquants dans la collectivité et leur donner des places d'hébergement, au besoin, afin de les aider à réintégrer la société comme citoyens respectueux des lois.
[Français]
Cet audit est important parce qu'une réinsertion sociale progressive des délinquants dans le cadre de laquelle ils font l'objet d'une surveillance donne de meilleurs résultats sur le plan de la sécurité publique.
Dans l'ensemble, nous avons constaté que Service correctionnel Canada n'avait plus de place pour accueillir des délinquants dans la collectivité. Nous avons aussi constaté qu'il n'avait pas bien géré les délinquants faisant l'objet d'une surveillance dans la collectivité.
En mars 2018, près du tiers des délinquants sous responsabilité fédérale qui avaient été libérés devaient habiter un logement supervisé comme condition de leur libération. Nous avons constaté que Service correctionnel Canada n'avait pas augmenté le nombre de places d'hébergement pour répondre à cette demande. Le temps d'attente avant d'avoir une place a donc été deux fois plus long, en moyenne, pour les délinquants dont la libération conditionnelle avait été approuvée en 2017-2018, comparativement à ceux libérés dans la collectivité quatre ans auparavant. Nous avons aussi constaté que, faute de place, certains délinquants n'étaient pas hébergés dans la collectivité où ils avaient demandé à l'être. Cela rendait plus difficile la réinsertion sociale de ces délinquants.
De plus, nous avons constaté que Service correctionnel Canada avait prévu une augmentation de ses besoins en places d'hébergement, mais qu'il n'avait pas de plan à long terme pour répondre à ces besoins. Cela signifie que la pénurie de places d'hébergement est susceptible de s'aggraver.
Concernant la surveillance des délinquants, nous avons constaté que Service correctionnel Canada n'avait pas donné aux agents de libération conditionnelle toute l'information sur la santé des délinquants dont ils avaient besoin afin d'établir les plans de libération pour ces derniers.
[Traduction]
Nous avons aussi constaté que les agents de libération conditionnelle n'avaient pas rencontré les délinquants aussi souvent qu'ils auraient dû, et qu'ils n'avaient pas toujours surveillé les conditions spéciales imposées par la Commission des libérations conditionnelles du Canada relativement aux conditions de libération d'un délinquant. En ne menant pas ces activités, les agents de libération conditionnelle n'ont pas toujours pu évaluer en temps voulu les progrès des délinquants par rapport à leur plan de libération, ni recenser tout changement dans leurs besoins ou dans les risques qu'ils posent pour la société.
Enfin, nous avons constaté que Service correctionnel Canada n'avait pas bien évalué dans quelle mesure il avait réussi à remplir son mandat de réinsérer les délinquants dans la société comme citoyens respectueux des lois. L'agence a seulement évalué les condamnations ayant abouti à un retour des délinquants sous responsabilité fédérale dans un établissement fédéral. Elle n'a pas inclus les données sur les infractions postsentencielles passibles d'emprisonnement des délinquants dans des établissements provinciaux ou territoriaux. Faute de données sur les condamnations recueillies par d'autres ordres de gouvernement, l'agence avait un tableau incomplet du taux de réinsertion sociale des délinquants sous responsabilité fédérale comme citoyens respectueux des lois.
Nous avons formulé cinq recommandations, que Service correctionnel Canada a toutes acceptées. L'agence nous a communiqué son plan d'action, qui indique les mesures pour donner suite aux recommandations ainsi que les échéanciers prévus.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration préliminaire. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité. Merci.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, merci de m'avoir invitée aujourd'hui à témoigner à propos des conclusions et des recommandations que le vérificateur général du Canada a présentées dans son rapport sur la surveillance dans la collectivité.
Je suis accompagnée aujourd'hui du sous-commissaire principal, M. Alain Tousignant, du commissaire adjoint aux politiques, M. Larry Motiuk, et de la commissaire adjointe aux services de santé, Mme Jennifer Wheatley.
Bien que j'aie déjà eu l'occasion de comparaître devant le Comité en tant que commissaire intérimaire de Service correctionnel du Canada, je suis très honorée de comparaître devant vous aujourd'hui à titre de commissaire, poste auquel j'ai été nommée à la fin de juillet 2018.
[Français]
J'aimerais prendre quelques instants pour souligner le décès récent du vérificateur général du Canada, M. Michael Ferguson, un fonctionnaire très respecté qui a consacré sa carrière aux Canadiens et aux Canadiennes. Nous sommes nombreux à être attristés par son décès.
[Traduction]
Les rapports du Bureau du vérificateur général, sous la direction de M. Ferguson, ont grandement contribué à notre mission continue visant à aider les délinquants dans leur réadaptation et à assurer la sécurité des Canadiens, et le rapport de l'automne 2018 ne fait pas exception. Ce dernier rapport visait à déterminer si le Service correctionnel du Canada surveille adéquatement les délinquants dans la collectivité et les aide à obtenir des services d'hébergement et de soins de santé qui facilitent et appuient le processus de réinsertion sociale.
[Français]
Comme le Comité le sait, le Service est responsable des délinquants condamnés à une peine de deux ans ou plus, et il est important de noter que la majorité des délinquants seront libérés dans une collectivité canadienne. Le Service assure la sécurité des Canadiens et des Canadiennes en veillant à la réadaptation efficace et à la réinsertion sociale réussie des délinquants.
[Traduction]
Dès la détermination de la peine, les agents de libération conditionnelle et d'autres membres du personnel des établissements travaillent en étroite collaboration avec les délinquants pour les préparer à leur éventuelle mise en liberté dans la collectivité. Pendant leur incarcération, on encourage les délinquants à participer à diverses interventions correctionnelles, comme les programmes correctionnels et d'éducation et la formation professionnelle, afin d'acquérir les compétences nécessaires pour les aider à retourner en toute sécurité dans la collectivité et à devenir des citoyens respectueux des lois.
[Français]
Il est important de noter que la réadaptation des délinquants ne prend pas fin une fois qu'ils sont mis en liberté dans la collectivité. Des recherches démontrent que la société est mieux protégée lorsque les délinquants sont remis en liberté graduellement dans le cadre d'une libération où ils font l'objet d'une surveillance que lorsqu'ils sont libérés à la fin de leur peine sans aucune mesure de contrôle ou de soutien.
[Traduction]
La mise en liberté progressive des délinquants, sous surveillance, leur permet d'être évalués, suivis, orientés et encouragés à devenir des citoyens respectueux des lois. La contribution la plus importante que le Service puisse faire à la sécurité des collectivités canadiennes est d'aider les délinquants à devenir des citoyens respectueux des lois à leur mise en liberté.
Grâce au niveau approprié de surveillance structurée assurée par leur agent de libération conditionnelle dans la collectivité et au soutien de leur équipe de gestion de cas et des membres de la collectivité, les délinquants peuvent continuer d'appliquer les compétences qu'ils ont acquises en établissement et profiter des nouvelles possibilités qui s'offrent à eux dans la collectivité.
Service correctionnel du Canada est en train de changer la façon dont il gère sa population de délinquants et où il le fait, puisqu'une plus grande proportion de délinquants sous responsabilité fédérale purgent leur peine dans la collectivité. Par exemple, Service correctionnel du Canada a constaté une augmentation d'environ 1 500 délinquants gérés dans la collectivité au cours des cinq dernières années, le nombre de délinquants étant passé d'environ 7 600 à la fin de l'exercice 2012-2013 à plus de 9 100 en 2017-2018.
La population sous surveillance dans la collectivité continue de croître, ayant dépassé 9 400 à la fin de 2018. De plus, le nombre de délinquants autochtones et de délinquantes en liberté sous condition a augmenté considérablement au cours des cinq dernières années — une augmentation de 36 % pour les délinquants autochtones et de 50 % pour les délinquantes. En fait, il y a maintenant plus de femmes sous surveillance dans la collectivité qu'en incarcération. De plus, en 2017-2018, nous avons enregistré le nombre de mises en semi-liberté le plus élevé depuis 2012-2013, soit une augmentation de 43 %. Nous avons également enregistré le nombre de révocations le plus bas, soit une diminution de 27 %.
Ces résultats sont positifs pour Service correctionnel du Canada. Cependant, ils présentent également un défi, particulièrement en ce qui concerne le logement dans la collectivité. Il y a environ 200 établissements résidentiels communautaires au Canada, lesquels sont exploités par des partenaires de Service correctionnel du Canada et acceptent, à leur discrétion, des délinquants visés par des conditions d'assignation à résidence. Si un de ces établissements est incapable ou refuse d'offrir une résidence à un délinquant, Service correctionnel du Canada doit fournir un logement au délinquant dans l'un de ses 14 centres correctionnels communautaires.
Nos efforts pour gérer, surveiller et soutenir les délinquants au-delà des murs des établissements sont plus importants que jamais. La surveillance dans la collectivité est essentielle à notre capacité de contribuer à la réinsertion sociale réussie des délinquants tout en assurant la sécurité de tous.
[Français]
Comme vous le savez, le vérificateur général a formulé cinq recommandations pour régler les problèmes relevés en matière de surveillance dans les collectivités. Le Service accepte sans réserve les conclusions et les recommandations du vérificateur général. Des travaux sont déjà en cours pour mettre en oeuvre des mesures visant à donner suite à ces importantes constatations.
[Traduction]
En ce qui concerne l'approche à long terme en matière de logement, nous sommes en train de créer un plan national de logement à long terme dans la collectivité. Nous avons également commencé à élaborer une solution globale pour mieux gérer les places et le jumelage des délinquants avec les établissements communautaires, y compris la gestion des listes d'attente.
Quant à la recommandation du vérificateur général concernant la surveillance des délinquants, nous avons ajouté une responsabilité aux directeurs de district selon laquelle ils doivent vérifier chaque mois le respect de la fréquence des contacts et des conditions spéciales. De plus, Service correctionnel du Canada a mis l'accent sur l'importance de la documentation à remplir et le suivi connexe qui doit être effectué dans les cas où des exceptions sont justifiées en ce qui a trait à la fréquence des contacts.
[Français]
En ce qui concerne la recommandation visant à faciliter l'accès aux services de soins de santé, le Service est à examiner ses politiques relatives à la communication de l'information sur les soins de santé et à déterminer l'approche qui sera la plus efficace pour s'assurer que les agents de libération conditionnelle reçoivent, en temps opportun, les renseignements dont ils ont besoin.
Le Service continue aussi de collaborer avec les autorités provinciales et territoriales responsables des services de santé pour éliminer les obstacles dans le processus d'accès aux cartes d'assurance-maladie et pour s'assurer que les délinquants obtiennent les pièces d'identité appropriées avant leur mise en liberté.
[Traduction]
Enfin, en ce qui concerne la collecte de données sur les résultats postsentenciels, Service correctionnel du Canada collabore avec le ministère de la Sécurité publique à des travaux sur les taux de récidive, y compris les renseignements détenus par les provinces et les territoires sur les nouvelles condamnations d'adultes.
Les constatations et les recommandations du vérificateur général nous ont beaucoup donné à réfléchir pour l'avenir. Soyez assurés que nous travaillons avec diligence pour donner suite aux recommandations de la vérification.
Pour terminer, je tiens à souligner que je me compte chanceuse d'avoir pu, durant ma carrière de plus de 35 ans au Service, être témoin de l'évolution de Service correctionnel du Canada et de son approche à l'égard des services correctionnels, ainsi que des progrès importants que nous avons réalisés en vue d'assurer la réadaptation efficace et la réinsertion sociale en toute sécurité des délinquants purgeant une peine de ressort fédéral.
Les contributions du Service à la création de collectivités sûres ne seraient pas possibles sans le dévouement et la passion des employés du Service correctionnel, de nos partenaires, de nos intervenants et de nos bénévoles. Merci à tous.
Sur ce, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous rencontrer aujourd'hui et je serais heureuse de répondre à vos questions.
:
J'ai commencé ma carrière comme agente de libération conditionnelle il y a 35 ans. J'ai travaillé tant au sein des établissements que dans la collectivité, et cela fait partie des meilleurs emplois que j'aie eus.
Comme l'a mentionné le vérificateur général, la fréquence des contacts de l'agent de libération conditionnelle qui travaille dans la collectivité est assurément un élément clé parmi les nombreux que comporte le cadre de surveillance dans la collectivité. L'agent détermine la fréquence des contacts au moment où le délinquant est remis en liberté dans la collectivité en se basant sur les risques et les besoins du délinquant. C'est ainsi qu'il détermine s'il rencontrera le délinquant huit fois, quatre fois, deux fois ou une fois par mois. Il arrive même que ce soit plus sporadique lorsque le délinquant se trouve dans la collectivité depuis un bon moment.
D'autres éléments font aussi partie de la surveillance dans la collectivité. Près de 3 000 délinquants vivent dans des établissements résidentiels communautaires. Lorsqu'un délinquant se trouve dans ce qu'on appelle une maison de transition, les gens qui travaillent dans cette maison le voient tous les jours. Le cadre comprend également d'autres éléments de surveillance dans la collectivité. Un délinquant doit normalement se rapporter à la police; un agent le rencontre donc aussi. La surveillance électronique fait également partie des outils de surveillance.
De plus, on s'attend alors des délinquants qu'ils participent aux programmes communautaires de maintien des acquis, ce qui veut dire qu'ils doivent rencontrer les agents de programme. Nous avons également beaucoup de délinquants qui doivent respecter une condition spéciale, celle de rencontrer un psychologue, ce qui veut dire qu'ils rencontrent également un professionnel de la santé. Nous avons aussi beaucoup de délinquants qui travaillent. Nous communiquons également avec leur famille. Dans certains cas, nous effectuons des tests d'urine et des vérifications des heures de rentrée. Comme vous pouvez le constater, la surveillance dans la collectivité comprend beaucoup d'éléments.
La fréquence des contacts est censée être documentée à un endroit précis dans le registre des interventions, et c'est ce que le vérificateur général a vérifié. Cela n'est pas toujours fait. J'avoue très sincèrement que nous devons faire mieux pour documenter l'information.
J'aimerais ajouter un autre point au sujet de la fréquence des contacts. Un délinquant fait l'objet d'une évaluation constante, si bien que la fréquence des contacts peut varier. Au moment de sa libération, l'agent de libération conditionnelle peut voir le délinquant quatre fois par mois, puis, selon les progrès accomplis, deux fois par mois. Il faut également que cela soit clairement documenté. Autrement, les vérificateurs vont vérifier s'il y a bien eu quatre contacts par mois, et non pas deux. C'est un autre élément que nous avons besoin de documenter.
Il arrive parfois qu'il soit impossible à l'agent de libération conditionnelle de voir un délinquant. Le vérificateur général a soulevé ce point, et il nous en a parlé. Par exemple, il y a eu un feu de forêt dans une collectivité, et l'agent de libération conditionnelle n'a pas été en mesure de parler au délinquant. Dans ce cas, l'agent l'a clairement indiqué dans le registre des interventions, ce qui a satisfait le Bureau du vérificateur général. Voilà le genre de choses que nous devons faire.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Hayes et madame la commissaire. Je vous suis reconnaissant à tous d'être des nôtres aujourd'hui.
Comme vous le savez sans doute, j'ai été dans une vie antérieure ministre des Services correctionnels de l'Ontario pendant quelques années. Je constate parfois que cette expérience est bénéfique pour les témoins étant donné que je suis bien au fait des défis qui doivent être relevés et des enjeux auxquels on est confronté dans la pratique. En d'autres occasions, cela peut défavoriser nos invités, car mon expertise en la matière me permet d'y voir clair dans leurs boniments.
J'aurais quelques réflexions à vous soumettre avant de passer à mes questions.
Premièrement, madame la commissaire, vous connaissez bien vos dossiers, ce qui témoigne bien de vos 35 années d'expérience, mais je dois vous dire que je ne suis pas impressionné par vos déclarations écrites. Je préfère lorsque vous vous adressez à nous personnellement. Je ne vais pas vous blâmer pour cela, mais plutôt vous épargner un peu en pointant vos responsables des communications. C'est un peu comme les militaires. Ils ne semblent pas être capables d'avouer qu'ils ont failli à la tâche et qu'ils n'ont pas atteint les objectifs visés. Ce n'est pourtant plus un grand secret dès lors que le vérificateur général présente un rapport en ce sens. Il ne reste plus qu'à le reconnaître. Cela m'a vraiment enragé lors des deux dernières comparutions de représentants des forces armées devant notre comité. Ils avaient raté leur coup, cela ne faisait aucun doute. Pensez-vous qu'ils ont été capables de l'admettre? Cela nous a donné une réunion très malaisante du genre que l'on souhaiterait éviter.
J'ai donc un message pour vous et pour les autres gens des communications qui comparaissent devant nous. Cessez de nous servir tous ces beaux discours pour nous dire à quel point vous êtes merveilleux. Nous sommes au courant du bon travail que vous effectuez. N'hésitez pas à reconnaître que vous n'avez pas été à la hauteur et n'avez pas respecté les normes établies lorsqu'un rapport le confirme.
Je vous laisse réfléchir à tout cela.
Par ailleurs, madame la commissaire, on peut lire à la page 6 de vos notes d'allocution: « En fait, il y a maintenant plus de femmes sous surveillance dans la collectivité (51 %) qu'en incarcération (49 %). » Je veux seulement souligner qu'il n'est jamais vraiment avantageux pour la société, à quelques exceptions près, d'incarcérer des femmes, et plus particulièrement des mères, coupables de crimes non violents. Je me réjouis grandement de constater la transition qui s'opère en ce sens-là. Dans la mesure du possible, la peine imposée aux femmes et aux mères devrait être purgée dans la collectivité. Selon moi, c'est une simple affaire de gros bon sens.
Dans les observations préliminaires du vérificateur général, j'ai noté les expressions « n'avait pas bien géré », « n'avait pas de plan à long terme », « n'avait pas donné », « n'avaient pas rencontré » et « n'avait pas bien évalué dans quelle mesure ». Je vais m'arrêter là, mais j'ai relevé différents commentaires sur les éléments visés par la vérification en vue de déterminer si vous avez passé le test ou non. On peut affirmer que vous avez échoué. Pour la plupart des aspects examinés, des problèmes évidents ont été signalés.
Je voudrais maintenant approfondir quelques points.
À la page 1 du rapport du vérificateur général, on indique que 40 % de tous les délinquants sous responsabilité fédérale faisaient l'objet d'une surveillance dans la collectivité, mais que seulement 6 % du budget allait au Programme de surveillance dans la collectivité. Ne serait-il pas logique, ne serait-ce que d'un point de vue strictement économique, si ce n'est dans une perspective sociétale, d'injecter davantage de fonds dans ce programme? On parle de 40 % des délinquants, mais de seulement 6 % du budget.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
D'abord, je veux remercier tous les témoins d'être parmi nous.
Je suis un nouveau venu ici; c'est ma première réunion. Je vous prie donc à l'avance de m'excuser, car il est possible que mes questions ne soient pas pertinentes, étant donné que je ne possède pas les connaissances que mes collègues ont accumulées au fil du temps.
Avant de m'adresser à M. Hayes, je vais commencer par vous, madame Kelly.
Le rapport du vérificateur général souligne deux problèmes. Il y a d'abord le manque de logements, qui semble criant. Ensuite, selon le Bureau du vérificateur général, on a mal géré les délinquants libérés dans la collectivité qui font l'objet d'une surveillance.
Selon vous, à quel moment s'est-on rendu compte qu'il y aurait une augmentation vraiment fulgurante de mises en liberté de délinquants? À quel moment a-t-on commencé à tenir compte de ce problème afin d'y trouver une solution?
Notre comité porte sur la reddition de comptes. Nous étudions des rapports du vérificateur général, et nous demandons aux témoins de nous expliquer ce qui s'est produit dans leur ministère.
Je veux attirer votre attention sur un passage — c'est à la page 13 de la version anglaise du rapport — sous « Évaluation des résultats », où il est écrit que le vérificateur général a « constaté que les indicateurs de rendement de Service correctionnel Canada ne comportaient pas de données sur les infractions passibles d’emprisonnement dans des établissements provinciaux ou territoriaux. Les représentants de l’organisme nous ont fait savoir que ces condamnations n’étaient pas prises en compte parce qu’il était difficile de recueillir des données à ce sujet. »
Le vérificateur général a toutefois noté que les données sur ces condamnations pouvaient être consultées par le public.
Je suis relativement nouveau au Comité par rapport à certains des autres membres. Cependant, j'ai constaté à maintes reprises, auprès d'une multitude de ministères qui ont comparu devant notre comité, une mauvaise collecte de données, une conservation insuffisante de données, surtout quand elles proviennent de sources publiques. Est-ce si difficile à faire?
J'aimerais qu'on m'explique pourquoi une chose qui semble aussi évidente, à savoir le suivi des infractions qui font en sorte qu'une personne est à nouveau incarcérée dans un établissement provincial, ne fait pas partie de la surveillance des résultats.
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Nous nous penchons sur un plan de logement national à long terme, mais entretemps, nous avons eu beaucoup de discussions à ce sujet avec les sous-commissaires de chaque région. Je peux vous dire que, pour 2017-2018, le 30 novembre, 61 places avaient été créées. D'ici la fin de l'exercice, 77 places d'hébergement supplémentaires auront été créées, et il doit déjà y en avoir 120 pour 2019-2020 et peut-être d'autres qui seront disponibles.
Pour le moment, nous allons veiller à recueillir toute l'information des régions, et, comme je l'ai dit, à avoir une solution globale. Comme M. Tousignant l'a souligné, il n'est pas seulement question du nombre de places. Quand on regarde le nombre de places que nous avons et le nombre de délinquants qui doivent être hébergés, on constate que nous en avons assez. Il faut toutefois déterminer maintenant si ce sont les bonnes places d'hébergement, au bon endroit et au bon moment, car nous avons des délinquants qui ont besoin de places spécialisées. Nous avons des délinquants autochtones qui peuvent suivre des voies traditionnelles qui nécessitent un hébergement précis. Nous en avons d'autres qui ont des problèmes de santé mentale et qui doivent être placés dans un centre de traitement. C'est donc ce que nous voulons, à savoir une vision de la situation à l'échelle nationale et, comme je l'ai dit, les bonnes places d'hébergement.
Ce n'est pas partout que la disponibilité des places pose problème. Par exemple, dans la région de l'Atlantique, ce n'est pas un problème. Il y a assez de places pour le nombre de délinquants dans la collectivité.
Par contre, à certains endroits, par exemple en Ontario et surtout à Toronto, cela pose davantage problème, et beaucoup d'efforts sont déployés pour accroître le nombre de places, peut-être même en établissant un autre centre correctionnel communautaire dans la région.
Sur une note plus légère, je veux vous dire quelque chose. Mes collègues libéraux de l'Ontario connaissent peut-être Steve Mahoney. Il a été député provincial en Ontario pour ensuite devenir président-directeur général ou président de la Commission de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents du travail. C'est un des parlementaires les plus drôles avec qui j'ai siégé. Chris Stockwell et lui me faisaient mourir de rire.
Le jour où je suis entré dans la Chambre après avoir été nommé au Cabinet, l'un des pages m'a remis une note. Je l'ai ouverte. Elle était de Steve Mahoney, qui me félicitait de ma nomination au Cabinet et qui me disait que j'étais maintenant le bailleur d'une grande partie de sa famille. J'ai toujours trouvé cela joli.
Maintenant, sur une note différente, je veux parler des cartes santé.
Je siège à ce comité depuis maintenant 15 ans, et rien ne me fâche plus que de constater que des ministères ou des organismes n'ont pas donné suite aux recommandations qu'on leur a présentées. On fait ensuite un autre audit et on voit les mêmes recommandations et les mêmes promesses, mais ils ne passent toujours pas à l'action.
À la page 11, nous avons un problème semblable. Un audit interne mené en 2012 a permis de cerner un problème concernant les cartes santé. Le SCC a constaté le même problème, comme l'enquêteur correctionnel du Canada en 2014, c'est-à-dire il y a cinq ans.
Veuillez m'expliquer comment il est possible d'avoir au moins deux, voire trois grands audits qui attirent l'attention sur un problème lié aux soins de santé offerts aux gens qui retournent dans la collectivité sans que le système correctionnel n'intervienne une seule fois. Et nous sommes encore une fois saisis de la question.
Veuillez m'expliquer comment nous en sommes arrivés là et ce qui sera différent cette fois-ci.
:
Je vous remercie encore une fois de tout ce que vous avez dit à propos des agents de probation et de libération conditionnelle. Je vous en suis très reconnaissante.
Nous nous penchons depuis longtemps sur la question des cartes d'identité. La première chose que l'on fait, lorsque des délinquants sont admis dans un établissement fédéral, c'est qu'un agent de libération conditionnelle s'assoit avec les délinquants et vérifie le type de cartes qu'ils ont, et s'il leur manque des cartes, il les aide à les obtenir.
Nous avons communiqué avec les provinces et les territoires pour veiller à ce qu'un processus soit en place dans des centres de détention provisoire pour conserver, suivre, stocker et transférer les pièces d'identité du délinquant lorsqu'il arrive dans un établissement fédéral. Le commissaire adjoint a même envoyé des lettres de suivi à ses homologues provinciaux pour demander de l'aide soutenue.
Comme je l'ai dit, une fois qu'un délinquant est admis dans un établissement fédéral, un agent de libération conditionnelle s'assoit avec lui et détermine les pièces d'identité qu'il lui manque.
Mme Wheatley sera en mesure de vous parler davantage de la carte d'assurance-maladie, mais la direction régionale travaille avec divers intervenants, y compris les autorités sanitaires provinciales et Service Ontario pour réduire les obstacles afin d'accéder à des cartes provinciales. Comme vous le savez, dans de nombreuses provinces, vous ne pouvez pas demander une carte d'assurance-maladie avant la libération.
L'autre élément qui me réjouit, et cela fait fond sur le succès dans la région des Prairies, c'est que nous avons un nouveau partenariat — qui se présentera sous la forme d'un protocole d'entente que nous sommes sur le point de signer avec Services aux Autochtones Canada — dans le cadre duquel le personnel de Services aux Autochtones Canada se rendra à divers établissements et aidera les délinquants autochtones à faire une demande pour obtenir leur carte de statut.
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Merci, monsieur le président.
J'ai un point à soulever concernant le logement et deux questions complémentaires.
Vous avez signalé qu'il y avait suffisamment de logements de façon générale. Si on regarde ce rapport et le fait que certaines personnes doivent attendre deux ans et que vous avez toutes sortes d'installations ailleurs, mais nulle part pour la personne qui attend deux ans de plus que... Il y a une exigence obligatoire, mais ces gens doivent aller quelque part. Vous les garder en détention, ce qui n'est pas avantageux pour eux, n'est pas bénéfique à la société et coûte aux contribuables plus d'argent qu'il ne devrait.
Vous saviez d'avance que cela allait se produire. J'ai beaucoup de difficulté avec le fait que vous disiez que nous avons toutes sortes de logements et que c'est seulement un problème mineur ici. Ce problème mineur est l'équivalent de ne pas avoir suffisamment de logements. S'il n'y a pas de logement pour le cas qui nous occupe, à quoi servent les autres logements disponibles?
Cet embellissement de la situation que l'on constate parfois est frustrant. C'est frustrant quand cela va à l'encontre du rapport que nous avons sous les yeux.
Je regarde la recommandation 4 de votre plan d'action. On peut lire « Modifier la directive du commissaire ». Les dates sont indiquées différemment. Je vois « 2019-12-01 ». J'aimerais penser que c'était le 12 janvier, mais je présume que c'est le 1er décembre.