Bienvenue à la 125e réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
La séance d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément au Règlement.
Avant de procéder, je veux faire quelques observations pour la gouverne des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Les personnes présentes dans la pièce peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal désiré. Veuillez adresser tous vos commentaires à la présidence.
Bien entendu, conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 8 février 2024, le Comité reprend son étude sur les bateaux délaissés et abandonnés.
Bienvenue à nos témoins du premier groupe.
Nous avons dans la pièce la cheffe Lenora Joe, de la nation shíshálh.
Sur Zoom, nous avons M. Gordon Edwards, conseiller de la Première Nation snaw-naw-as.
Nous accueillons également Paul Macedo, directeur des communications du Council for the Advancement of Native Development Officers.
Merci de prendre le temps de comparaître aujourd'hui. Vous aurez chacun cinq minutes pour faire votre déclaration liminaire.
Cheffe Joe, vous serez la première à prendre la parole, mais je crois que M. Arnold veut d'abord dire quelque chose.
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La témoin s'exprime en sechelt.]
Je souhaite remercier tout le monde, monsieur le président.
Mon nom traditionnel est Yalxwemult. Ma grand-mère et mon arrière-grand-mère avaient le même. Je suis cheffe de la nation sechelt, la première femme élue pour assumer ces fonctions. Voici un fait intéressant: lorsque nous avons dû renoncer à nos chefs héréditaires et suivre un processus électoral, ma grand-mère a été la première femme élue au poste de conseillère à l'époque. J'ai un certain héritage à honorer.
Merci de me permettre de venir vous parler aujourd'hui des bateaux délaissés partout au Canada. En Colombie-Britannique, la Sunshine Coast est la « terre entre deux eaux ». Notre communauté se situe entre l'océan et le bras de mer. Nous sommes entourés d'eau. Le peuple sechelt est connu comme le « peuple du saumon ». Le saumon et les ressources marines font partie intégrante de qui nous sommes. En tant que peuple sechelt, notre mode de vie est unique. La santé de notre environnement marin est essentielle. Au cours des dernières années, nous avons observé un effondrement des espèces de saumon ici, comme nous le voyons également partout ailleurs au Canada. La santé de notre environnement marin est affectée au point où nos ressources sont touchées par de nombreux problèmes, y compris les bateaux délaissés. Pendant de nombreuses années, nous avons cherché à nous attaquer à ce problème dans notre swiya. L'irresponsabilité d'autres personnes est triste pour notre communauté, qui a l'énorme responsabilité de remédier à la situation. C'est énorme.
En tant que gardiens de nos terres, nous avons toujours déployé des efforts pour protéger et plus récemment restaurer notre environnement. Nous sommes déterminés à assurer l'épanouissement de notre peuple. Nous cherchons des moyens de protéger nos forêts, nos eaux et nos terres. Notre dernier partenariat avec la Colombie-Britannique portait sur le plan de gestion de quai dans notre swiya. Nous avons eu beaucoup de succès. Le travail effectué en partenariat pour tenir compte de tous les éléments qui ont une incidence sur notre mode de vie a été un long processus.
La sécurité alimentaire est de la plus haute importance pour notre communauté. Le fait que nous ne pouvons pas recueillir d'aliments comme le faisaient nos ancêtres est très préoccupant et très grave. Nous essayons de travailler pour restaurer tout ce qui est touché. Les efforts déployés pour s'attaquer au problème des bateaux délaissés jouent un rôle important à cet égard. J'ai la grande chance de vivre en bordure de l'eau, mais quand je regarde par ma fenêtre le matin avec ma tasse de café, je vois tous les bateaux abandonnés. C'est très triste. Nous avons longuement parlé de la façon de s'attaquer au problème et de ce qui serait nécessaire pour nous aider à entamer le processus de restauration et retirer ces bateaux de nos eaux.
Je vous remercie, monsieur le président, de me donner l'occasion d'exprimer notre point de vue.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Gord Edwards. Je suis conseiller auprès de la Première Nation snaw‑naw‑as. Nous sommes sur l'île de Vancouver, au centre sur la côte ouest de l'île. Comme l'a dit l'intervenante précédente, la cheffe Lenora Joe — et bonjour, madame —, nos préoccupations sont compatibles.
Lorsqu'on m'a appelé pour me demander de parler des bateaux délaissés et abandonnés, des bateaux à la dérive — des bateaux utilisés pour les loisirs, le travail ou des activités industrielles —, j'ai dit que c'était évidemment une préoccupation. Nous avons eu notre part de bateaux abandonnés, des bateaux qui flottent jusqu'au bord de notre communauté, qui sont laissés derrière ou qui restent sur l'eau pendant des jours et des semaines. Il n'a fallu vivre qu'une seule expérience pour comprendre que cela pourrait devenir préoccupant. Il y a notamment le risque de fuites, le risque que de l'huile soit déversée sur notre bord de mer qui est déjà limité. Nous avons des huîtres, des palourdes, y compris des palourdes japonaises, des fruits de mer et des concombres de mer. Nous avons ces choses dont nous dépendons: c'est ce qui permet de nourrir notre communauté d'environ 200 personnes.
Il n'aura fallu que la seule expérience vécue lorsqu'un voilier abandonné se heurtait au brise-lame. Bien entendu, notre principale préoccupation était le risque de contamination. Puis la deuxième chose était évidemment le risque que ces choses se détachent et se retrouvent sur la côte de notre communauté. D'autres personnes ont des bateaux, et ces bateaux finissent par se heurter les uns les autres, par s'endommager. Nous sommes chanceux que rien de tout cela ne se soit produit, mais cela nous a fait réfléchir. Lorsque Mme Barron a parlé de la discussion sur les bateaux délaissés, ce sont les premières choses qui nous sont venues en tête.
Je vous transmets les salutations de notre chef, Brent Edwards. Il n'a pas pu participer aujourd'hui. Je suis heureux de comparaître en son nom et de faire ces commentaires sur nos préoccupations concernant la partie limitée du littoral que nous avons pour avoir accès aux produits de la mer.
J'attire également l'attention sur ce qui suit: à qui devons-nous nous adresser lorsqu'il y a un bateau délaissé? J'ai vu la photo d'un voilier abandonné sur la plage, et une partie de la voile était enterrée puisqu'il était là depuis longtemps. Cela peut endommager le bord de mer où nos enfants jouent, où j'ai moi-même joué quand j'étais jeune, tout comme mes grands-parents, mes tantes et mes oncles. Je ne veux pas voir cela le long de la zone que nous partageons avec beaucoup d'autres personnes venant du sud, par exemple de Lantzville et de Nanaimo, et du nord à Nanoose et Parksville. Nous n'avons peut-être pas autant de navires délaissés, abandonnés ou endommagés que des gens ou des entreprises laissent tout simplement là, ou qui se retrouvent là à cause du développement de la région, mais nous en avons eu.
Une question importante me vient en tête lorsque je pense à ce que je dois dire ici: à qui devons-nous nous adresser? Au ministère des Pêches et des Océans, aux responsables de la municipalité locale? Devons-nous nous occuper nous-mêmes du problème? Pouvons-nous prendre les bateaux? Je ne me souviens pas de la façon dont les pirates percevaient la propriété à l'époque, mais quelles sont les règles qui s'appliquent? Quels sont les processus à suivre pour gérer les débris, la contamination et des dommages potentiels à nos élevages d'huîtres et de palourdes — nous en avons. Quelle est l'incidence sur la capacité de nos membres de se rendre sur la plage pour ensuite servir des fruits de mer au repas?
Huy ch q'u. Merci de me permettre de comparaître. J'ai hâte de voir ce que ce groupe de témoins nous donnera à considérer en tant que citoyens.
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Monsieur le président et distingués membres du comité permanent, bonjour. Merci de m'accueillir ici aujourd'hui. Je m'appelle Paul Macedo. Je suis directeur des communications au Council for the Advancement of Native Development Officers, qu'on appelle aussi le CANDO. Aujourd'hui, je prends la parole sur les territoires traditionnels non cédés des Musqueam, des Squamish et des Tsleil-Waututh à Vancouver. Merci de me donner l'occasion de participer à l'étude sur les bateaux délaissés et abandonnés.
Je vais donner un peu de contexte. Le CANDO est une organisation autochtone nationale qui a été établie en 1990 par des agents de développement économique des Premières Nations de partout au Canada. Sa mission consiste à renforcer la capacité pour les agents de développement économique et les communautés en offrant des services, des possibilités d'éducation, de la formation et une certification. Depuis 2020, le CANDO appuie un projet pilote pour la participation des Premières Nations avec la Garde côtière canadienne, Transports Canada ainsi que Services publics et Approvisionnement Canada. Ce projet porte sur les épaves et les navires abandonnés ou dangereux. Dans le cadre de ce projet pilote, huit Premières Nations du Sud de l'île de Vancouver collaborent avec des entreprises technologiques et le gouvernement du Canada. L'objectif est d'accroître les possibilités de participation autochtone dans la gestion des épaves et des navires abandonnés ou dangereux le long de la côte en appuyant la participation communautaire ainsi qu'en comprenant la capacité des communautés, et en les soutenant, afin qu'elles déterminent elles-mêmes comment elles participeront aux processus.
Le CANDO croit qu'il est essentiel d'avoir des communautés autochtones qui participent le plus tôt possible dans le processus de gestion des épaves et des navires abandonnés ou dangereux. Il faut d'abord veiller à ce que ces communautés, leurs gouvernements et leurs membres possèdent la formation, les compétences, les outils et les plateformes nécessaires pour être présents sur l'eau. De plus, en comprenant les processus décisionnels gouvernementaux et les exigences gouvernementales, les communautés autochtones pourront commencer à cogérer les bateaux sur leurs territoires.
Le CANDO a envisagé l'inclusion de connaissances traditionnelles, car il sait que les territoires et les sites ayant une importance culturelle sont un élément clé du processus d'évaluation. Ces connaissances, de pair avec des technologies de pointe comme l'unité à déploiement rapide de BRNKL et les plateformes d'apprentissage conçues par des Autochtones de RaceRocks 3D, permettent aux communautés de protéger leurs territoires tout en acquérant de nouvelles compétences et une nouvelle capacité. Le CANDO se sert des pratiques exemplaires pour l'Initiative de développement économique communautaire, ou IDEC, dont l'objectif est de trouver des solutions novatrices, en tant que base pour établir des partenariats plus forts. L'IDEC crée des occasions de nouer des relations positives entre les communautés autochtones et les gouvernements pour collaborer à la réalisation d'un projet mutuellement avantageux.
Je vais donner l'exemple du partenariat de l'IDEC entre les Premières Nations des Hupacasath et des Tseshaht et la Ville de Port Alberni. Elles participent à un effort commun pour améliorer l'infrastructure portuaire.
La nation haisla et le district de Kitimat font également partie des partenariats de l'IDEC, et on a reconnu leur travail en leur accordant un prix de la réconciliation en 2024.
Une des principales leçons à retenir est que les communautés autochtones sont les gardiennes de nos eaux depuis des temps immémoriaux et que ce sont elles qui ont le plus à perdre si les eaux territoriales ne sont pas bien gérées. La Première Nation locale est souvent la première à voir les bateaux, à signaler leur présence, à évaluer la situation et à déclencher les processus. Je donne l'exemple du MV Leviathan II près d'Ahousaht et du remorqueur Nathan E. Stewart à Heiltsuk.
Il est important d'élaborer des approches d'intendance régionale pour gérer les épaves et les bateaux abandonnés ou dangereux. À cette fin, il faut notamment protéger l'ensemble de l'écosystème, les sites culturellement fragiles, les sources de nourriture et la création de débouchés économiques. Le recours à un processus de participation facilitée comme le programme Plus forts ensemble dans le modèle de l'IDEC aide à établir des partenariats régionaux entre les collectivités autochtones et non autochtones et les différents ordres de gouvernement. L'élaboration de contrats ou de programmes de surveillance et d'évaluation souples pour les Premières Nations peut accroître l'efficacité des efforts locaux tout en assurant un signalement rapide et précis des épaves et des bateaux abandonnés ou dangereux. Cette approche réduira le coût de surveillance des bateaux et, au bout du compte, permettra de créer des partenariats solides et d'améliorer l'intendance environnementale. Les communautés peuvent offrir une capacité de communication directe avec les propriétaires des bateaux au moyen d'avis placés sur les bateaux qui peuvent avoir un effet considérable en encourageant les propriétaires à se conformer à la Loi sur les épaves et les bâtiments abandonnés ou dangereux.
La Garde côtière et Transports Canada n'ont pas assez de navires et d'équipages pour assurer cette communication d'un bout à l'autre de la côte. Les communautés autochtones peuvent cogérer l'inventaire d'épaves et de bateaux abandonnés ou dangereux en recueillant des données à jour qu'elles saisiront directement dans les systèmes du gouvernement du Canada, ce qui leur permettrait de participer au processus décisionnel dès le début.
Merci.
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Les répercussions sont énormes.
À cause de la contamination, notre peuple doit se déplacer beaucoup plus loin pour avoir accès aux ressources marines. Dans le bras de mer, lorsqu'il y a des bateaux délaissés, ils contaminent tout, ce qui a donc des répercussions sur toutes nos sources de nourriture. Pour les membres de notre communauté, l'accès aux ressources marines, y compris les palourdes, les huîtres et les zostères... Nous avons toujours puisé dans l'environnement marin pour déjeuner. C'est notre panier de provisions. Nous en sommes tributaires depuis de nombreuses années. Nous sommes arrivés à un point où nous ne pouvons pas profiter de la moindre source de nourriture dans l'eau. Nous ne pouvons pas prendre quoi que ce soit, ce qui a d'énormes conséquences pour nous.
Nous avons les bateaux dans notre bras de mer. La contamination est... c'est très difficile à voir. C'est sous nos yeux. Nous ne savons pas quoi faire. Par ailleurs, qui devons-nous contacter? On nous a dit que si nous voulons envisager de faire une sorte de nettoyage... Avons-nous le pouvoir nécessaire? C'est notre swiya. Avons-nous le droit d'aller sur l'eau et de retirer ces choses comme bon nous semble? Comment pouvons-nous procéder au nettoyage? Qu'est‑ce que cela va coûter?
Si ces bateaux restent là, les conséquences seront très graves. Certains sont là depuis des années. Plus récemment, un traversier a coulé dans notre swiya. Il a été acheté par un groupe de personnes qui pensaient que ce serait une excellente idée pour avoir un endroit où fabriquer leurs drogues. C'était un bateau de trafiquants. Ils fabriquaient toute la drogue à bord. Ils y faisaient la fête. Nous avons essayé de déterminer ce que nous pouvions faire pour mettre fin à cela, mais le bateau a coulé et il se trouve toujours là. Personne ne savait quoi faire. Nous ne savons pas quelles seront les répercussions dans cette zone. Nous ne savons pas quel genre de drogues se trouvaient sur le bateau et encore moins ce qu'il y a dans le bateau proprement dit. Quels sont les matériaux? Quelle sera l'incidence des seuls matériaux sur l'environnement? C'est énorme.
Nous n'avons tout simplement pas les ressources pour nous rendre sur place et tout nettoyer, et nous ne les avons pas plus pour restaurer les sources de nourriture dans les eaux pour que les membres de notre communauté y aient accès. En tant que Première Nation, il y a certaines choses qui comptent plus que tout pour nous. Nous préservons notre langue, car elle nous définit. C'est notre identité. Notre territoire fait également partie de nous, tout comme la nourriture que nous recueillons pour nourrir notre peuple conformément à notre mode de vie traditionnel. Nous nous battons pour garder nos traditions. Chaque jour, nous perdons quelque chose. Nous perdons une partie de nous. Une partie de nous disparaît dans le grand nuage, et nous nous battons pour la préserver.
La principale incidence est sur notre sécurité alimentaire. La sécurité alimentaire, tout comme le logement, est extrêmement importante pour nous. Sans endroit pour nous loger, nous n'avons nulle part pour cuisiner notre nourriture.
L'incidence sur notre peuple est énorme. La sécurité alimentaire est extrêmement importante, et nous essayons d'envisager toutes les avenues pour voir comment nous pouvons nous attaquer au problème et entamer la restauration de ces ressources pour notre peuple.
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Merci, monsieur le président.
Pour travailler avec la province sur la gestion des quais, nous avons notamment... Le plan de gestion des quais comptait beaucoup pour nous, parce que les nombreux quais dans notre swiya et notre anse avaient une grande incidence sur notre sécurité alimentaire. Nous avions accès à tellement de sortes de nourriture: des palourdes, des huîtres, des graminées marines et des œufs de hareng; je pourrais continuer longtemps. Nous avons perdu cet accès. Nous avons travaillé au plan de gestion des quais pendant plus de 40 ans, et ce n'était qu'une seule mesure.
Nous savions que nous devions résoudre la question des quais, mais aussi que nous devions aussi régler l'enjeu des bateaux délaissés. Ce n'est pas quelque chose qui s'est produit du jour au lendemain. Nos ancêtres et nos prédécesseurs ont planché là‑dessus et ont cherché à travailler avec les divers ordres de gouvernement pour trouver une solution. Essentiellement, nous avons laissé le gouvernement fédéral s'en charger. Nous avons exprimé nos inquiétudes et nos frustrations et parlé des incidences sur notre communauté, nos familles et notre sécurité alimentaire.
Nous en sommes à un point où nous voulons travailler avec vous. Comment pouvons‑nous régler ce problème?
Nous avons travaillé d'arrache‑pied avec la Colombie‑Britannique pour régler la gestion des quais. Nous pouvions voir qu'elle peinait à régler la question à elle seule, donc nous lui avons prêté main‑forte. En tant que peuples autochtones, notre rôle le plus important consiste à faire état de toutes les incidences environnementales qui touchent notre communauté, concernant l'eau, la terre, la forêt, l'océan, les lacs et les rivières. Dans tous les domaines, nous nous attachons à régler tous les problèmes qui entraînent des incidences.
Actuellement, une des principales incidences concerne les bateaux délaissés et touche notre sécurité alimentaire. Nous y travaillons avec diligence avec le MPO. Des membres de notre personnel travaillent avec lui pour trouver des solutions. Mais je pense que nous avons, si je puis dire, frappé un mur, et nous ne savons pas si nous pouvons progresser beaucoup encore.
Ce que nous vous disons, c'est que nous voulons travailler avec vous. Comment pourrions‑nous aider à régler cet enjeu?
Il faut savoir comment cela s'est produit, quelles sont les incidences, comment nous pouvons régler le problème et comment nous pouvons le prévenir à l'avenir?
Je dirais que c'est essentiel à se rappeler: la prévention. Nous devons mettre fin à ce qui se passe, mais nous devons aussi mettre une structure en place pour voir comment nous pouvons prévenir ce phénomène. Quelles mesures pourrions‑nous appliquer ensemble?
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Nous avions un programme de gardiens. Nous travaillions avec le MPO. Nous avions un programme dans nos anses.
Notre anse est l'une des plus profondes dans le monde et la plus profonde au Canada. Elle est très profonde et très longue. Dans notre programme des gardiens, nous travaillions en partenariat avec le MPO. Je ne suis pas sûre de ce qui lui est arrivé. Dans mes discussions avec nos prédécesseurs, j'ai appris que pour une raison ou une autre, on avait arrêté le financement. Nous en discutons abondamment. Nous avons indiqué qu'à ce point‑ci, nous croyions qu'il fallait en faire une priorité. Nous devons trouver une façon de financer ce programme. Pourrions‑nous procéder sans le MPO? Voilà la question. Je crois que nous ne le pouvons pas. Nous demandons au MPO de se réengager et de travailler en partenariat avec nous.
C'est très important pour les membres de notre nation de patrouiller dans les eaux, de les surveiller et de nous faire savoir si quelque chose se produit. C'est très difficile en ce moment. Notre anse est très longue. Pour ma part, je m'y rends sans doute deux ou trois fois par année. Chaque fois que j'y vais, je suis stupéfaite de voir ces navires délaissés et bien des choses illégales. Nous nous demandons comment nous pouvons surveiller et protéger notre anse.
Je pense que nous pourrions très bien le faire. Nous avons la capacité de faire ce travail dans notre nation. Nous voulons travailler avec le MPO à ce propos. C'est très, très important. Les membres de notre communauté sont passionnés et diligents. Ils veulent protéger notre terre et les eaux. Ils vont aller sur le terrain et s'assurer de bien faire les choses. C'est dans notre intérêt à tous de veiller à ce qu'on fasse ce travail.
Nous avons bien confiance de pouvoir travailler avec le MPO pour nous attaquer à nouveau à cet enjeu et remettre notre programme des gardiens sur les rails. Je suis les programmes des gardiens dans le Nord avec la nation haïda et d'autres nations, et ils ont beaucoup d'importance. Je suis si impressionnée par la façon dont on travaille avec le MPO aux programmes des gardiens. Nous accueillons favorablement l'occasion de fournir le même soutien.
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Je vous remercie de votre réponse, cheffe Joe.
Je vais maintenant m'adresser à M. Macedo.
Vous avez parlé du Conseil pour l'avancement des agents de développement autochtones, le CAADA, un organisme offrant une formation aux peuples des Premières Nations sur le développement économique.
Que manque-t-il à cet organisme pour qu'on apporte davantage d'expertise en matière de récupération des navires fantômes ou, à tout le moins, pour atténuer les répercussions liées à l'épanchement de matières dangereuses?
Que manque-t-il à cette équipe, à cette formation, pour arriver à s'investir davantage et à obtenir des résultats concrets, ce qui vous permettrait d'obtenir des résultats plus concluants de votre côté?
Manque-t-il d'argent? Manque-t-il de soutien de la Garde côtière canadienne? Faut-il plus de scientifiques du MPO, soit le ministère des Pêches et des Océans, ou avez-vous tout ce qu'il vous faut en main pour faire avancer les choses?
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Merci, monsieur le président.
Je veux simplement dire que je ne suis pas chef. Merci beaucoup. Je ne suis que le directeur des communications du CANDO. De quoi avons‑nous besoin?
Nous avons présentement le soutien de la Garde côtière canadienne pour créer un projet pilote dans le Sud de l'île de Vancouver. Nous bénéficions d'un assez bon soutien, mais c'est un petit projet pilote. Notre objectif consiste à tirer des leçons et à utiliser les processus que nous développons pour les amplifier et les élargir au milieu de l'île, dans le Nord de l'île et sur toutes les côtes, y compris dans le Saint‑Laurent, où les communautés signalent que c'est un problème et où l'on veut appliquer ces leçons et ces processus, mais aussi chercher des occasions en matière de sécurité alimentaire et de développement économique. Nous voulons prendre de l'expansion.
Avec la Garde côtière, nous nous sommes aperçus que notre formation et notre mobilisation des Premières Nations se faisaient plus vite que nos processus internes visant à gérer nos résultats et nos constats. Nous devons attendre que la Garde côtière et le gouvernement renforcent et accélèrent leurs processus pour qu'ils correspondent à la vitesse à laquelle les communautés veulent aller. C'est un enjeu important.
Je pense qu'il pourrait être utile de dispenser de la formation. Un des enjeux, c'est la sécurité sur les navires et sur l'eau. Il faut s'assurer que ceux qui participent à l'évaluation et à l'enlèvement éventuel de ces bateaux soient bien formés et puissent bien évaluer le risque pour que tout le monde reste en sécurité en menant certaines de ces tâches.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins qui sont ici aujourd'hui.
Bienvenue, cheffe Joe. C'est bon de vous entendre, ainsi que M. Macedo.
Je vais me concentrer sur le conseiller Edwards aujourd'hui. Nous aurons juste assez de temps pour que je vous pose mes questions avant votre départ, donc tout se déroule à merveille.
Monsieur le conseiller Edwards, et ancien chef Edwards, c'est un grand honneur de travailler avec vous et d'apprendre de vous. Je suis heureuse que vous soyez ici aujourd'hui pour nous parler d'informations importantes sur la Première Nation Snaw-naw‑as et tous ceux qui ont résidé dans votre nation depuis des temps immémoriaux, bien sûr.
Vous nous avez fourni des informations importantes. Tout d'abord, je voulais voir si vous pouviez nous parler davantage des élevages d'huîtres et de palourdes et de leurs retombées dans votre communauté.
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Ces élevages sont très importants pour nous. Nous avons un groupe de développement économique qui supervise notre gestion et l'élevage des huîtres, des palourdes japonaises et des palourdes jaunes. Nous voulons nous assurer que notre production améliore l'économie de la réserve, ainsi que rehausser notre niveau de priorité.
Ces élevages sont importants à deux égards. Tout d'abord, ils sont importants en matière de développement économique, mais aussi pour nos gens. Dans notre communauté, quand nous nommons un enfant, que nous pleurons un mort ou que nous tenons une commémoration, la nourriture offerte se compose de produits de la mer: des huîtres, des palourdes, des palourdes japonaises — des panopes du Pacifique en général. Nous nous rendons sur place, nous récoltons ces produits et nous nourrissons les gens qui viennent dans notre communauté pour participer à une cérémonie pour donner un nom ou une commémoration.
C'est très important pour nous que nos élevages d'huîtres et de palourdes ne soient pas contaminés. C'est important pour nous qu'il n'y ait pas de déversement majeur de pétrole. Nous avons eu deux frousses. J'ai parlé du bateau qui a fait naufrage sur la digue. Un navire du MDN a aussi perdu tout son carburant, son diésel ou quelque chose du genre. C'était très préoccupant. Si ce carburant avait dérivé jusqu'à notre baie, qu'on appelle souvent la baie de Nanoose sur les cartes, nous aurions été très inquiets, parce que nous aurions perdu notre accès.
Comme vous l'avez mentionné, ces ressources sont là pour nous depuis des temps immémoriaux. Nous les récoltons depuis aussi longtemps que je puisse me souvenir, que ma mère puisse se souvenir et que mon grand‑père puisse se souvenir. Nous mangeons ces aliments dans nos pratiques dans la communauté. Nous pouvons appuyer les autres membres de notre famille et consolider nos liens selon nos pratiques culturelles comme les maisons longues et les cérémonies de purification. Lorsque nous faisons une purification durant une commémoration, nous nourrissons nos aînés avec les produits de la mer que nous mettons sur la table.
Comme l'ont mentionné les deux témoins précédents, M. Macedo et cheffe Joe, c'est une pratique extrêmement importante pour nous sur le plan économique, mais aussi sur le plan personnel, spirituel et culturel avec les membres de notre communauté.
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Je pense que nous faisons ce que nous pouvons. Je parle ici de la structure de gouvernance formée par le chef et le conseil. Nous faisons de notre mieux pour établir des liens avec la communauté, avec nos membres, afin d'assurer l'accès nécessaire.
Aux échelons fédéral, provincial et local, des mécanismes sont toujours mis à la disposition de tous, mais je pense que lorsqu'il s'agit de s'asseoir et de rencontrer les gens, par exemple... C'est bien sûr un tout autre dossier, mais il y a toujours beaucoup de dialogue avec le MPO lorsque vient le temps d'élaborer un processus ou de créer un programme ou quoi que ce soit d'autre concernant les stocks de poissons. Pour ce qui est des navires abandonnés, bien des membres de notre communauté se demandent simplement ce qu'ils doivent faire.
Il y a un de nos membres, ou je devrais peut-être dire trois de nos membres, qui ont grimpé sur un bateau, ont mis du carburant dans le moteur, l'ont mis en marche et l'ont utilisé pour la pêche. Nous faisons ce que nous pouvons avec les capacités que nous avons localement.
La cheffe Joe a mentionné plus tôt — je suis désolé, c'était peut-être vous, monsieur Macedo; je ne sais plus trop — qu'il est toujours bon d'avoir une sorte de programme d'éducation local qui se concentre uniquement sur les navires abandonnés et la contamination qui peut se produire lorsque les gens relâchent le contenu de leurs installations sanitaires.
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Pour faire écho aux commentaires de M. Edwards sur les répercussions culturelles, je vous rappelle que notre nourriture fait partie de notre culture. La façon dont nous recueillons les aliments, la façon dont nous trouvons de quoi nous nourrir, la façon dont nous célébrons — pour tout ce que nous faisons, nous sommes tributaires des aliments que nous pouvons recueillir. Si nous pensons à tout ce que nous, Autochtones, avons perdu au cours des 150 dernières années, il nous reste très peu de choses auxquelles nous rattacher pour connaître notre identité et la protéger.
Notre langue, notre terre, notre culture et nos traditions sont tout ce que nous avons en tant qu'Autochtones, et une grande partie de cela s'articule autour de la collecte de nourriture et de la sécurité alimentaire, l'océan étant notre principale source d'approvisionnement.
Il y a tellement de types d'aliments différents que nous recueillons normalement sur une base régulière pour toutes sortes d'événements que nous organisons et pour notre survie au quotidien. Quand j'étais enfant, je le faisais avec mes grands-parents. Je suis sortie avec eux sur tout le territoire de notre swiya pour trouver de quoi nous alimenter. Ces différentes collectes s'inscrivaient dans les efforts que nous déployions pour nous assurer d'avoir assez de nourriture pour passer l'hiver.
En tant que jeune mère, j'ai fait la même chose. Nous vivons le long du bras de mer et, malheureusement, je peux regarder par ma fenêtre et voir tous ces bateaux abandonnés. Je ne peux plus nager devant ma maison; il y a ce bel océan, mais je ne peux pas y nager. L'eau est contaminée par tous les bateaux qui s'y trouvent. Je ne peux plus y cueillir de nourriture.
Mon fils sait que j'adore les coques; nous allons creuser tout au long de la swiya pour en faire la récolte. Il a décidé un jour d'aller faire cela devant notre maison, et il m'a rapporté un grand seau de coques qu'il voulait faire cuire. « Nettoyons-les, maman, cuisons-les et mangeons-les ensemble. » J'ai dû lui dire: « Nous ne pouvons pas; elles sont contaminées. » Nous avons dû retourner à pied les rejeter dans l'océan.
Comment puis‑je expliquer à mon fils de 10 ans que nous ne pouvons pas nous nourrir? Nous devons aller ailleurs. Nous devons remonter le bras de mer pour essayer de ramasser une partie de notre nourriture. C'est très difficile, et pas seulement pour nos aînés qui n'ont pas accès à la nourriture qu'ils consomment au quotidien. Nous n'y avons plus accès. Le risque est énorme pour que nos enfants, nos petits-enfants et mes arrière-petits-enfants n'aient pas cette possibilité ou ne sachent même pas de quoi il s'agit.
Nous sommes très préoccupés et très contrariés. Nous voulons y travailler, et nous faisons ce que nous pouvons. Nous avons retiré certains bateaux à nos frais parce que leur présence nous préoccupait. L'impact est gigantesque; nous n'avons pas le temps, le personnel et le financement nécessaires pour entreprendre la remise en état de tous ces secteurs. La situation est donc très difficile.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
'Uy' skweyul, tout le monde.
[Le témoin s'exprime en Hul'q'imi'num'.]
[Traduction]
Je m'appelle John White et je suis, comme vous l'avez dit, directeur de la division marine de la Première Nation Snuneymuxw.
La Première Nation Snuneymuxw vit au cœur de la mer des Salish, à l'est de l'île de Vancouver. Depuis des temps immémoriaux, les membres de la Première Nation Snuneymuxw résident sur leur territoire traditionnel et y assurent la durabilité de leurs terres, de leurs ressources, de leur culture et de leur spiritualité. Notre territoire englobe l'une des régions les plus riches en ressources au cœur de la mer des Salish. Je comprends qu'on m'a convoqué ici en tant que témoin. Toutefois, les Premières Nations du Canada doivent participer au processus législatif dans son ensemble. Je pense qu'il est important que j'en parle ici aujourd'hui.
La division marine de la Première Nation Snuneymuxw, la nation Snuneymuxw et les Canadiens sont confrontés à d'importants problèmes concernant la gestion des navires abandonnés sur notre territoire traditionnel. Les navires abandonnés compromettent la souveraineté alimentaire et le mode de vie traditionnel des Snuneymuxw. Les Snuneymuxw estiment que la gestion de leurs eaux et de leurs terres est leur plus grande priorité pour que leur peuple et les générations à venir puissent continuer à vivre comme leurs ancêtres et leurs aînés l'ont fait pendant des milliers de générations avant l'arrivée des Européens. Il devient essentiel que la division marine de la Première Nation Snuneymuxw intervienne pour protéger l'environnement et atténuer l'incidence des risques.
Il y a les risques de dommages environnementaux et écologiques que les navires abandonnés posent pour les stocks de saumon du Pacifique et l'habitat de grossissement dans l'un des plus grands estuaires de la Colombie-Britannique, soit l'estuaire de la rivière Nanaimo. La Première Nation Snuneymuxw assiste au plus grand déclin des stocks de saumon du Pacifique de l'histoire, en particulier des montaisons de saumon rouge du Fraser. On parle de montaisons de plus de 100 millions de poissons, qui sont tombées à 500 000 depuis cette année. On constate donc une forte diminution du saumon rouge, de toutes les autres espèces de saumon dans notre région et des stocks de saumon chinook de l'unité désignable 21 dans la rivière Nanaimo. Tous les saumons du Pacifique qui vivent dans le réseau de la rivière Nanaimo sont en déclin, comme je l'ai mentionné. Les répercussions cumulatives d'origine humaine ont été préjudiciables à la survie de ces saumons du Pacifique.
En octobre 2021, on apprenait que près de 1 600 navires abandonnés avaient été découverts sur la côte de la Colombie-Britannique. En juillet 2019, le gouvernement canadien a promulgué la Loi sur les épaves et les bâtiments abandonnés ou dangereux. Avant que cette loi ne soit adoptée, les propriétaires de bateaux pouvaient légalement laisser des navires à l'abandon sur la côte de la Colombie-Britannique, ce qui arrivait couramment, de sorte que l'abandon des navires est un problème de longue date.
Depuis son adoption, la Loi sur les épaves et les bâtiments abandonnés ou dangereux a donné à la Garde côtière canadienne et à Transports Canada des outils pour agir à l'égard des navires abandonnés. Elle a transféré aux propriétaires la responsabilité liée aux épaves et aux bâtiments abandonnés ou dangereux, ce qui est une grande priorité pour nous en tant que membres des Premières Nations.
Cela étant dit, il devient de plus en plus évident que la Garde côtière canadienne et Transports Canada n'ont pas la capacité nécessaire et qu'ils ne peuvent pas intervenir rapidement. L'intervention des Premières Nations est devenue de plus en plus pertinente.
Bien que l'on crée des outils afin d'empêcher que d'autres navires abandonnés ne posent un risque environnemental pour nos côtes — par exemple, l'Élaboration conjointe de l'intervention communautaire, un programme de la Garde côtière canadienne —, il est nécessaire d'en faire davantage, tant à l'échelle fédérale que provinciale, notamment par un financement durable à long terme à l'appui du travail d'identification et de prévention.
Des navires ont jeté l'ancre puis ont été abandonnés sur le territoire de la Première Nation Snuneymuxw, ce qui pose un problème comportant plusieurs aspects à l'équipe d'intervention d'urgence de notre division marine. Lorsqu'un propriétaire laisse un navire sans surveillance, souvent, il peut sombrer et mettre en péril l'intégrité de l'environnement marin qui l'entoure. En réponse à de telles situations, la division marine prend la responsabilité d'évaluer les répercussions de l'abandon de ces navires et d'agir en conséquence.
La nation travaille activement avec BC Parks, les ports locaux, la Garde côtière canadienne, les habitants de la région et la collectivité des Snuneymuxw afin d'observer la situation et de répondre au programme des navires abandonnés. Lorsqu'elle trouve un navire abandonné, la division marine de la Première Nation Snuneymuxw utilise de l'équipement spécialisé pour en surveiller l'état et la détérioration au fil du temps. Des avis sont apposés sur le navire pour informer le propriétaire de la situation. Cependant, en réalité, dans de nombreux cas, le navire est laissé à l'abandon, ce qui peut poser des risques pour l'environnement.
[Le témoin s'exprime en Nuuh-chah-nulth.]
[Traduction]
Je m'appelle Ken Watts, waamiiš, et je suis conseiller en chef élu de la Première Nation des Tseshaht. Nous sommes sur la côte Ouest de l'île de Vancouver. Notre collectivité se trouve à Port Alberni et notre territoire s'étend sur le bras de mer Alberni, sur une grande partie de la baie Barkley et au large.
Notre nation compte environ 1 300 membres. Nous n'avons jamais cédé ou abandonné notre territoire. Cependant, nous avons la responsabilité sacrée de nous occuper de ce territoire que nous appelons notre ha'houlthee. Il s'agit d'un don du créateur à nos chefs héréditaires. Il est de la responsabilité de notre conseil et de notre collectivité de les soutenir dans leur travail lorsqu'il s'agit de s'occuper de ce que nous appelons Uu‑a‑thluke, en en prenant soin, et ce, avec iisaak, respect, et en reconnaissant que tout est un, que tout est relié, hish‑uk ts'a‑walk.
Merci.
Comme je n'ai pas beaucoup de temps, je vais essayer d'aller droit au but.
J'aimerais pouvoir vous montrer des photos. Je sais que cela ne fait pas partie du programme, mais j'aimerais pouvoir vous montrer certains des navires abandonnés sur notre territoire, en particulier dans le bras de mer Alberni et dans certaines parties de la baie Barkley. Or, j'aimerais aussi attirer votre attention sur les problèmes des maisons flottantes et des bateaux-logements et sur cette étrange question de compétence entre la province et le gouvernement fédéral concernant ce type particulier d'installation sur l'eau qu'on laisse souvent à l'abandon également.
Encore une fois, le problème pour la Première Nation des Tseshaht, c'est que souvent, ces bateaux abandonnés deviennent dangereux pour l'environnement et, évidemment, finissent par couler, ce qui provoque des déversements de pétrole sur notre territoire.
C'est pourquoi je pense qu'il faut se concentrer sur la prévention pour éviter que des bâtiments ne soient abandonnés. De plus, il faut s'en occuper, car ce que nous voyons actuellement ici, à Port Alberni, et sur notre territoire, c'est que lorsqu'un problème survient relativement à un bateau, il est laissé là, on attend que son propriétaire s'en occupe, puis le bateau coule. Pendant ce temps, d'autres personnes se tiennent prêtes à aider à retirer ces bateaux avant qu'ils ne deviennent un problème. Voilà pourquoi j'encourage vraiment le gouvernement fédéral à se concentrer sur la prévention.
C'est comme un accident de voiture. Lorsqu'un accident de voiture se produit, nous n'attendons pas que le propriétaire de la voiture ou son assureur intervienne. On s'en occupe. La facture leur sera envoyée plus tard. Il devrait en être de même pour les bateaux et le gouvernement devrait intervenir, aider à les retirer immédiatement et envoyer la facture au propriétaire du bateau, sans attendre que ce dernier et son assureur interviennent et règlent le problème.
Une fois de plus, je vous encourage à examiner des lois pour résoudre les problèmes avant qu'ils ne deviennent importants, comme cela s'est produit sur notre territoire.
Par ailleurs, la Première Nation des Tseshaht a pu voir le soutien apporté par la WCMRC, soit la Western Canada Marine Response Corporation, le travail qu'elle a accompli, de même que l'équipe d'intervention en cas de déversement en milieu marin, ici, sur la côte Ouest. Les gens sont intervenus et se sont tenus prêts à s'occuper de ces bateaux abandonnés avant qu'ils ne deviennent un problème.
De plus, des groupes comme la Coastal Restoration Society, ici sur la côte Ouest, ont accompli un travail considérable de nettoyage sur nos territoires, en collaboration et en partenariat avec des Premières Nations comme celle des Tseshah.
Il y a également les questions de compétences fédérales et provinciales en ce qui concerne les emplacements. Pour la Première Nation des Tseshaht, il y a l'Administration portuaire de Port Alberni, le gouvernement provincial et la responsabilité de la zone intertidale sur notre territoire. Je pense que l'on s'embrouille souvent dans les questions de responsabilité.
Une autre recommandation que je formulerai plus tard porte sur la nécessité de veiller à ce que la responsabilité de consulter les Premières Nations et de travailler avec elles ne soit pas simplement transférée à l'administration portuaire, qui peut, parfois, ne jamais consulter les Premières Nations sur ce qui se passe dans leur propre cour. En fin de compte, la Couronne a toujours l'obligation de consulter, de prendre des mesures d'adaptation et d'obtenir le consentement de la Première Nation et, à l'heure actuelle, ce n'est pas ce qui se passe sur notre territoire.
Sur le territoire des Tseshaht, l'Administration portuaire de Port Alberni disposait d'un bail principal de la province de Colombie-Britannique, mais ce bail est venu à échéance.
À ce jour, peu de consultations ont eu lieu et peu d'engagements ont été pris au sujet des cours d'eau de notre territoire, qu'il s'agisse des lacs, des rivières, du bras de mer ou du port. Cependant, nous travaillons en collaboration avec certains de vos homologues de Parcs Canada, car la réserve de parc national Pacific Rim se trouve sur le territoire non cédé des Tseshaht.
Encore une fois, je pense qu'une partie des mesures devraient consister à améliorer les choses sur le plan des responsabilités fédérales et à veiller à ce que l'on ne se décharge pas simplement sur les administrations portuaires de la responsabilité de collaborer avec les Premières Nations. Le gouvernement fédéral a toujours la responsabilité sous-jacente.
Je vais passer directement à mes recommandations sur la voie à suivre.
Tout d'abord, il faut investir dans la prévention de l'abandon des bateaux. N'attendons pas que les choses tournent vraiment mal et que les bateaux coulent et deviennent des désastres environnementaux dans notre cour. Établissons plutôt un partenariat, comme l'ont mentionné d'autres témoins, avec le programme de gardiens des Premières Nations. Nous avons ici un programme de gardiens de plage qui est mis en œuvre depuis un certain nombre d'années en collaboration avec Parcs Canada. Nous avons des employés qui sont les premiers à se rendre sur place lorsque quelque chose ne va pas. Ce sont les premières personnes qui voient les visiteurs arriver sur nos côtes et ils sont évidemment en mesure d'apporter une aide essentielle en matière de communication et de formation.
Ensuite, il s'agit de donner une formation liée aux programmes de gardiens afin que l'on puisse s'occuper des bateaux laissés à l'abandon.
En outre, plus de fonds...
À l'heure actuelle, notre division marine comprend une division des interventions en cas d'urgence. Nous avons des programmes avec la Garde côtière et Transports Canada. Un financement durable et à long terme doit... Je sais que le financement du programme Élaboration conjointe de l'intervention communautaire tire à sa fin et nous ne savons pas ce qu'il adviendra de ce programme à long terme. C'est un travail important que nous avons entrepris avec la Garde côtière canadienne pour que la division marine de la Première Nation Snuneymuxw ait la capacité d'aller sur l'eau et de prendre des mesures contre les navires abandonnés.
Cela étant dit, un financement durable et à long terme nous permettant de poursuivre nos programmes est une priorité absolue.
En ce qui concerne notre partenariat continu avec la Garde côtière canadienne dans le cadre de l'Élaboration conjointe de l'intervention communautaire et du projet de portail de communication pour l'intervention intégrée en cas d'incident, nous sommes en train de mettre au point un portail de communication avec la Garde côtière canadienne afin d'élaborer un régime d'intervention qui permettra aux Premières Nations, au MPO et à la Garde côtière canadienne d'intervenir rapidement en cas d'incident le long de la côte et le long de la côte Est de l'île de Vancouver. La poursuite de ces partenariats et le renforcement des capacités...
Nous avons des bateaux, du matériel, des véhicules télécommandés, des drones et de l'équipement. Nous avons toute une liste d'équipements. Nous disposons d'une sonde de conductivité, de température et de profondeur et il y a la gestion de la qualité de l'eau. Nous pouvons ainsi examiner les microparticules qui pénètrent dans le système. Il s'agit simplement d'une question de durabilité pour créer les programmes et renforcer la capacité.
Nous collaborons depuis deux ans avec la Garde côtière canadienne dans le cadre de ces programmes, mais il s'agit de programmes de deux ans et d'un an. Nous ne savons pas si nous pouvons continuer à aider notre collectivité à progresser dans le cadre de ces programmes, et ce travail constitue une partie importante du processus.
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J'ai mis fin abruptement à ma déclaration. Je suis vraiment désolé. Comme je le disais, j'essayais de transmettre à toute vapeur un tas d'informations pertinentes. Je ne voulais oublier aucune information importante.
Je m'apprêtais à formuler des recommandations.
Une des recommandations serait d'établir un financement à long terme pour permettre aux Premières Nations de poursuivre ou d'entamer les travaux parce que nous sommes les résidants du territoire. Nous allons en mer et nous sommes habituellement les premiers intervenants lors des incidents. Nous sommes les premiers à arriver sur les lieux. Nous vivons à cet endroit et allons sur le terrain. Si un bateau sombre, nous le signalons, nous mettons une barrière flottante tout autour pour l'immobiliser et nous appelons la Garde côtière. Ils demandent à présent aux membres de la Première Nation Snuneymuxw d'envoyer des photos et des informations et de les tenir au courant de ce qui se passe.
Ce qui s'impose, c'est de trouver une solution au problème. Comme un autre témoin l'a indiqué, il faut mettre au point les différentes portions du processus, notamment la portion historique. Un des organismes de réglementation qui prélèvent de l'argent lorsque des incidents surviennent dans l'environnement marin est un organisme fédéral. Cette responsabilité revient traditionnellement au gouvernement fédéral, et c'est toujours le cas.
Une autre de mes recommandations serait de permettre aux Premières Nations de participer à l'élaboration des lois dans un esprit de collaboration de nation à nation afin de déterminer la voie à suivre. Après tout, ne devons-nous pas faire partie du processus? Aidons les autres Premières Nations qui ne sont pas rendues au même point que nous à s'y rendre.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins. Je suis heureuse de les entendre.
Évidemment, comme je représente le Bloc québécois, je m'intéresse davantage à la côte Est, au fleuve Saint‑Laurent et au golfe Saint‑Laurent. Des représentants de la Garde côtière canadienne et d'autres témoins qui sont venus précédemment nous ont appris qu'il y avait, dans le fleuve Saint‑Laurent, quelques problèmes aussi criants que les vôtres. Il y a un manque d'expertise, de toute évidence.
Le fleuve Saint‑Laurent est un fleuve extrêmement profond avec énormément d'écueils et des courants contraires très complexes, ce qui fait qu'il y a pas mal de naufrages dans le golfe. Il y a donc des navires involontairement abandonnés en raison des naufrages. De notre côté, nous ne comprenons pas pourquoi la Garde côtière canadienne n'arrive pas à mettre en place des mécanismes pour repérer ces bateaux, dont certains sont dans des parties extrêmement profondes du fleuve Saint‑Laurent. On ne sait pas non plus ce qu'ils contiennent.
Avez-vous aussi ces problèmes sur la côte Ouest, monsieur White, ou vos défis sont-ils différents? Est-ce l'accumulation des bateaux abandonnés qui pose problème, plutôt que la complexité liée à leur repérage?
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C'est une excellente question. Oh, oh!
Des voix: Oh, oh!
M. John White: C'est en effet un mystère.
Le chef Watts a parlé des équipements impressionnants de la Western Canada Marine Response Corporation. Cette entreprise a les reins assez solides pour acheter de gros navires et des équipements très performants qui lui permettent d'aller récupérer les bâtiments préoccupants. Elle est financée par les gros joueurs de l'industrie. Je vous invite à réfléchir au lien entre la grande industrie et la responsabilité à assumer pour les navires qui coulent.
Nous travaillons en partenariat avec WCMRC, qui elle, exécute du travail en sous-traitance pour une personne ou une entreprise. WCMRC doit obtenir un bon de commande avant de répondre à un signalement de bâtiment préoccupant. Elle ne fait pas partie du plan du gouvernement. Elle ne travaille pas pour le gouvernement — quoiqu'elle le pourrait — lorsqu'elle envoie ses employés et ses équipements en mer. Voilà un parfait exemple de ce que vous avez évoqué dans votre question. Ils ont les fonds, les systèmes et la structure. Bref, ils ont tout ce qu'il nous faut pour répondre à ce genre de situation.
L'argent est là. Une bonne part du financement que j'utilise en ce moment pour gérer nos programmes provient des mesures d'accommodement de TMX, plus particulièrement du programme de préparation en vue de déversements importants d'hydrocarbures. Quelque chose se fait sur le plan de la prévention. Des fonds sont affectés à la préparation en vue des déversements qui arriveront un jour ou l'autre.
Des possibilités de financement existent.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie chaleureusement les témoins de leur présence aujourd'hui.
Monsieur le président, je vais consacrer les 20 premières secondes de mon temps de parole pour présenter oralement une motion dont nous pourrons débattre lors d'une prochaine réunion. La greffière va vous en remettre un exemplaire à l'instant.
Je vous lis la motion:
Que, étant donné que les services de restauration et de traiteur de l'Administration de la Chambre des communes ne servent que du saumon d'élevage, que les piscicultures à enclos à filet ouvert polluent nos eaux et propagent des maladies dans l'écosystème marin environnant et que le gouvernement s'est engagé à éliminer les élevages de saumon en enclos en filet, le Comité écrive une lettre au Président de la Chambre des communes pour demander à l'Administration de la Chambre des communes de cesser d'acheter du saumon d'élevage provenant de piscicultures à enclos à filet ouvert.
Sur ce, je vais passer à mes questions.
Je remercie encore une fois les témoins. C'est un grand plaisir de vous voir. Vous avez livré des témoignages très importants.
Ma première question s'adresse à vous, monsieur White.
Je me suis sentie honorée de monter à bord d'un bateau de la division marine de la Première Nation Snuneymuxw et de constater de visu les bateaux qui ont sombré le long des côtes dans le territoire de cette nation.
Vous avez mentionné le grand nombre de bâtiments abandonnés le long des côtes de la Colombie-Britannique. Pourriez-vous nous décrire ce que nous voyons lorsque nous allons en mer le long de la côte du territoire de la Première Nation Snuneymuxw? Combien de bateaux sont abandonnés là? Combien de bateaux ont fini par couler? Je voudrais que tous se fassent une image de la situation.
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L'autre jour, nous avons répondu à deux incidents — en une seule semaine, pour vous donner une idée. Il y avait eu une tempête de vent.
Le territoire de la nation Snuneymuxw compte probablement trois principaux sites de mouillage, où des gens — je pourrais parler de la tangente marquée que prend le logement en ce moment, mais ce sera pour une autre fois — vivent à bord de leur embarcation. De nombreuses personnes habitent dans un bateau en face du parc provincial Saysutshun. Toutefois, elles l'abandonnent dès que celui‑ci ne répond plus à leurs besoins, qu'il est trop délabré, qu'il s'incline dangereusement d'un côté ou qu'il prend l'eau.
Probablement quatre ou cinq bateaux se trouvent en ce moment dans l'estran du parc provincial. Ils sont là, échoués, dans un endroit visité par des milliers de touristes chaque année.
Une des choses que nous faisons, c'est de convaincre les gens d'éviter l'ancrage. La loi permet l'ancrage pour une période limitée dans ce site de mouillage. Les propriétaires de bateau se déplacent donc d'un site à l'autre à l'intérieur de notre territoire.
Lorsque vous êtes allée en mer avec nous... Un autre de ces sites de mouillage occupe une partie de la réserve indienne no 5 sur l'île Gabriola. Trois bateaux s'y trouvaient. L'an dernier, un de ces bateaux s'est démantelé et ses débris se sont échoués à un site visé par un de nos baux de culture commerciale de palourdes. Environ trois baux sont détenus par différentes personnes dans ces gisements commerciaux de palourdes.
Ce problème a une incidence non seulement sur l'environnement, mais aussi sur l'économie. Selon mes estimations — au cours des trois années que j'ai passées à la division marine —, nous avons répondu à environ 40 ou 50 incidents impliquant des bâtiments préoccupants. Ce taux est très inquiétant. Nous avons posé des barrages. Nous avons eu des déversements majeurs d'hydrocarbures. Nous avons enlevé des microparticules, comme je l'ai dit, dans l'estuaire de la rivière Nanaimo.
Notre territoire est aux prises avec un problème considérable.