:
Merci à vous, monsieur le président, de nous offrir cette occasion de discuter des activités scientifiques de Pêches et Océans Canada.
[Français]
Je suis le directeur général de la Direction des sciences des écosystèmes, laquelle chapeaute les activités scientifiques liées à l'environnement et aux écosystèmes, aux océans et au climat, ainsi qu'aux pêches et aux mammifères marins.
[Traduction]
Je suis accompagné de mes collègues du secteur des sciences représentant une grande étendue de l’expertise scientifique du ministère ainsi que notre empreinte géographique à travers le pays.
Je vous présente donc Andrew Thomson, directeur régional des Sciences dans la région du Pacifique, dont relève le programme scientifique en Colombie-Britannique et au Yukon; Matthew Hardy, directeur régional des Sciences dans la région du Golfe, dont relèvent les activités scientifiques du ministère dans le sud du golfe du Saint-Laurent; et Tana Worcester, directrice de la Planification scientifique stratégique et de l’Intégrité des programmes, dans la région des Maritimes du ministère, qui dirige les processus du Secrétariat canadien des avis scientifiques et la planification des activités scientifiques.
[Français]
Nous recevons aussi Mme Judith Leblanc, conseillère scientifique dans la région du Québec pour le ministère des Pêches et des Océans, ou MPO, qui travaille au sein du Groupe national consultatif sur les contaminants.
[Traduction]
Enfin, j'aimerais vous présenter Kristi Miller-Saunders, chercheuse scientifique dans la région du Pacifique du ministère, qui mène des recherches en génétique et en génomique sur le saumon de la Colombie-Britannique.
Pêches et Océans Canada peut compter sur un secteur des sciences robuste et dynamique. Chaque année, le secteur des sciences du MPO mobilise des équipes de chercheurs, de biologistes et de techniciens afin de réaliser des études sur le terrain et en laboratoire dans le cadre de centaine de projets portant sur les écosystèmes marins et d’eau douce. Nous accumulons ainsi un vaste savoir sur nos écosystèmes et les populations de poissons, ce qui nous permet d’appuyer les processus décisionnels. Le secteur des sciences du MPO possède une expertise dans de nombreux domaines, notamment ceux reliés à l’environnement marin et aux écosystèmes aquatiques, à l’hydrographie, à l’océanographie, aux pêches, à l’aquaculture et aux biotechnologies
Le secteur est composé de scientifiques professionnels situés dans des établissements de recherche, dans des laboratoires, dans des centres expérimentaux et dans différents bureaux partout au pays. Le personnel des Sciences recueille des données et mène des activités de recherche et de surveillance dont les résultats appuient les avis scientifiques utilisés pour répondre à certaines questions ou prendre des décisions.
Comme nous sommes un ministère axé sur la science, l’intégrité scientifique est cruciale dans les travaux menés par Pêches et Océans Canada et ses employés. Cette intégrité est indispensable aux processus décisionnels, du moment de la planification et de l’exécution de la recherche jusqu’à la formulation d’avis et à la prise en considération d’avis. Les scientifiques du ministère sont tenus de respecter le Code de valeurs et d’éthique du ministère ainsi que sa Politique en matière d’intégrité scientifique, ce qui renforce certains principes, notamment la transparence et l’excellence scientifique, et établit de robustes normes pour l’éthique en recherche.
Le ministère produit des avis scientifiques en toute transparence par l’entremise du Secrétariat canadien des avis scientifiques, ou SCAS, selon un principe d’avis fondés sur des preuves et révisés par les pairs. Les personnes qui participent aux examens par les pairs du SCAS agissent à titre d’experts indépendants qui étudient les éléments scientifiques présentés. Pour encadrer la participation aux examens, le ministère a publié la Politique sur la participation dans les réunions d’examen par les pairs du SCAS.
L’examen par les pairs est un aspect crucial de la fonction critique du secteur des sciences du MPO, et dans le cadre de ceux‑ci, on a fait appel à des experts scientifiques locaux et internationaux provenant des gouvernements, du secteur universitaire, des communautés autochtones, des organisations non gouvernementales de l’environnement et de l’industrie. L’objectif d’une réunion d’examen par les pairs du SCAS est de fournir des données et des avis scientifiques solides, objectifs et impartiaux.
Les résultats de ceux‑ci et les analyses connexes sont publiés sur le site Web de Pêches et Océans Canada. Ces analyses scientifiques appuient les processus décisionnels du ministère et permettent aux Canadiens d’accéder aux analyses et aux avis scientifiques produits par le personnel scientifique. Le MPO appuie également la science ouverte, s’est doté d’un plan d’action à cet égard et publie des ensembles de données, notamment via le Portail des données ouvertes. Tous les rapports scientifiques du MPO sont ouverts et accessibles.
Les Sciences du MPO travaillent avec tout un éventail de partenaires pour mener des recherches. Nos chercheurs collaborent avec les scientifiques d’autres ministères, des universités, d’autres gouvernements, des communautés autochtones, des organisations environnementales et de l’industrie. Ces collaborateurs nous font bénéficier de leur expertise, de leur savoir, de leurs analyses, de leurs données, de leurs échantillons et de leurs plateformes.
Ces collaborations contribuent à l’excellence scientifique du ministère, élargissent l’expertise à laquelle nous avons accès, démontrent le leadership canadien sur la scène internationale et permettent d’établir des fondements scientifiques sains et crédibles aux fins décisionnelles.
Merci, monsieur le président.
:
Je vous remercie de la question.
J'ai effectivement signé la lettre à laquelle vous faites allusion. Cependant, ce n'était pas à titre de conseillère scientifique pour le ministère, mais bien en tant que déléguée syndicale et présidente de l'équipe de consultation représentant l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada.
Par respect à l'égard du processus qui a été entamé avec le ministère et parce que cela ne fait pas partie des responsabilités pour lesquelles j'ai été appelée à comparaître devant ce comité, à savoir celles de conseillère scientifique, je vais maintenir la confidentialité des échanges ayant lieu avec le ministère, comme le souhaitent l'Institut et ses représentants, afin de favoriser toute résolution de cette façon.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être avec nous aujourd'hui.
Il est important que les Canadiens et les Canadiennes aient confiance dans les sciences, mais c’est aussi notre rôle de poser des questions pour savoir comment se fait l'évaluation des stocks de poisson et comment se prennent les décisions.
Dans les deux dernières semaines, par exemple, le ministère a pris des décisions qui ont eu des répercussions dans ma région, c’est-à-dire la fermeture de la pêche au hareng de printemps, la fermeture de la pêche au maquereau et des diminutions importantes des quotas de crevettes.
Je vais commencer par parler du hareng. La pêche au hareng est fermée. L’industrie s’y attendait depuis plusieurs années, car on avait observé un déclin de cette ressource.
Je sais que M. Hardy est de la région du Golfe. Ma question s’adresse donc à lui et elle porte strictement sur le hareng.
Monsieur Hardy, comment prenez-vous la décision de fermer un type de pêche? Comment recueillez-vous des données? À quel moment décidez-vous qu’il faut fermer un type de pêche?
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Je vous remercie de la question.
Dans tous les cas, lorsque nous produisons des avis scientifiques, nous évaluons les causes qui expliquent la trajectoire des stocks de poisson, que ce soit attribuable à la pêche ou à d'autres causes. Nous observons souvent que la mortalité naturelle, pour toutes sortes de raisons, y compris la prédation, est un facteur prédominant par rapport à la mortalité due à la pêche.
Dans plusieurs cas, malgré l'augmentation de la population de certaines espèces de pinnipèdes à des niveaux presque historiques, on voit que ce n'est pas un facteur prédominant pour prévoir la trajectoire des stocks de poisson. Il y a aussi des contraintes logistiques associées au fait d'envisager des méthodes de gestion des populations de pinnipèdes.
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Merci, monsieur le président.
Un grand merci à tous ceux qui sont ici aujourd'hui, à tous les témoins et à tous les représentants du secteur des sciences. C'est formidable de vous avoir tous ici et d'en apprendre davantage sur votre travail, qui est au cœur de notre capacité à veiller à ce que des décisions éclairées soient prises.
J'ai beaucoup de questions, mais il y en a surtout une que j'aimerais poser à Mme Miller-Saunders.
Je sais que Mme Miller-Saunders était au MPO avant que je sois élue députée, et l'information qui m'a été communiquée à ce moment‑là m'a beaucoup intéressée. Le rapport a été publié en mars, mais, comme on le sait, il a d'abord été rédigé en 2012 et portait sur l'orthoréovirus pisciaire trouvé dans les parcs de pisciculture en filets ouverts de la Colombie-Britannique. Maintenant qu'il est publié, serait‑il possible d'en savoir un peu plus sur l'importance de présenter ces connaissances en temps utile et, peut-être, sur ce qui s'est passé entretemps?
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Merci beaucoup, madame Miller-Saunders. Il me semble que ces renseignements sont vraiment essentiels pour comprendre la situation et pour prendre les meilleures décisions possible concernant l'avenir des piscicultures. Je vous en suis reconnaissante.
Vous venez de parler du processus. J'aimerais revenir sur ce que Bob Chamberlin a dit au sujet du processus du SCAS. Il a notamment expliqué que, à chaque étape, au sein du comité directeur, dans le mandat, dans le document de travail ou dans le processus d'examen par les pairs, le secteur privé exerce une influence indue, puisqu'il peut choisir ceux qui participent à l'examen par les pairs.
Je suis un peu perplexe et j'aimerais savoir si vous êtes d'accord ou non pour dire que le processus actuel peut nous empêcher d'avoir accès à l'information scientifique dont nous avons besoin, étant donné que le processus d'examen par les pairs est fortement influencé par le secteur privé et, peut-être, par ceux qui pourraient ultérieurement s'opposer aux décisions qui sont prises.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus discuter avec nous de l'étude que j'ai proposée au Comité. J'aimerais commencer par Mme Leblanc, si vous le permettez.
Madame Leblanc, vous avez soulevé plusieurs questions dans votre lettre au sous-ministre Timothy Sargent, en novembre dernier. Si je me souviens bien, vous avez donné des exemples d'avis scientifiques qui auraient été retouchés après l'étape de l'examen par les pairs.
Vous avez dit aujourd'hui que, comme représentante du MPO, vous ne pouvez pas vous prononcer à ce sujet. Je crois que vous avez été invitée à témoigner comme membre de l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada. Si on vous invitait de nouveau comme représentante de cette organisation, seriez-vous en mesure de vous exprimer et de répondre à des questions à ce sujet?
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Je vous remercie de la question.
L'incertitude traduit des données scientifiques incomplètes ou des études et des interprétations susceptibles d'être contradictoires. Lorsqu'il y a incertitude, on s'attend à ce que les politiques soient plus prudentes, surtout lorsqu'une ressource est en crise. Par conséquent, si on estime que le risque est minimal, mais qu'il est assorti d'un degré d'incertitude élevé, il y aurait lieu de combler le manque de connaissances et de réévaluer les risques dès réception de nouvelles données.
En attendant, c'est‑à‑dire jusqu'à ce que le degré d'incertitude soit jugé faible, les gestionnaires doivent faire preuve de prudence lorsqu'ils donnent suite à un jugement consensuel.
Bref, oui, il faut appliquer le principe de précaution lorsqu'il y a un degré d'incertitude élevé.
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Les résultats de cette étude étaient évidemment accessibles au sein du ministère. Les données scientifiques établies par mon groupe sont communiquées aux niveaux supérieurs de la chaîne hiérarchique lorsqu'elles risquent d'avoir une incidence sur les politiques ou la réglementation. Le ministère était évidemment au courant de ces conclusions dès 2012.
Les conclusions relatives à l'orthoréovirus pisciaire ont d'abord été rendues publiques par un autre groupe, en raison de la propriété intellectuelle. Je n'ai pas pu publier la première découverte de l'orthoréovirus pisciaire au Canada, pas plus que je n'ai pu effectuer beaucoup de nouvelles recherches dans ce domaine, et évidemment pas avec ces échantillons‑là.
C'est une question difficile. Ce virus fait maintenant l'objet de beaucoup de recherches. Des études de laboratoire sont en cours. Il y a beaucoup d'études en milieu naturel. Le ministère fait un suivi à cet égard depuis plusieurs années, surtout parmi les poissons d'élevage, mais mon programme s'occupe des poissons sauvages.
Les preuves des impacts de l'orthoréovirus pisciaire s'accumulent. Il faut vraiment comprendre que, partout ailleurs dans le monde, on sait que ce virus est un agent pathogène et que toutes ses souches peuvent causer des maladies chez le saumon — chez le saumon du Pacifique comme chez le saumon de l'Atlantique. Les recherches effectuées dans mon laboratoire étayent le point de vue international.
Je ne sais pas... Il est difficile de revenir en arrière et de se faire une idée de ce qui se serait passé si les résultats avaient été rendus publics à ce moment‑là. Je pense cependant qu'on a fait beaucoup de progrès depuis.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens d'abord à remercier mon collègue, M. Arnold, d'avoir proposé cette étude. Elle est très importante. C'est une étude scientifique du ministère des Pêches et des Océans.
Pardonnez mon préambule, mais je prendrai quelques minutes.
Je voudrais rappeler un autre exemple, dont vous n'avez peut-être pas entendu parler. C'est un projet de brève ouverture de la pêche au saumon quinnat d'écloserie en Colombie-Britannique. Des données scientifiques modestes étayaient les propositions du Conseil consultatif de la pêche sportive, mais celles‑ci n'ont pas été approuvées en raison de préoccupations non divulguées. Ces préoccupations non divulguées étaient nouvelles et elles ont finalement été communiquées au Conseil consultatif de la pêche sportive après coup. Et ce, en raison des fermetures de l'an dernier et de l'espoir d'une ouverture cette année.
Des propositions ont été présentées pour répondre à ces nouvelles préoccupations dans le secteur 28 de la zone de gestion des pêches du Pacifique de la baie Howe et dans les secteurs 17, 18 et 19 de la ZGPP du Sud-Est de l'île de Vancouver. Ces propositions modifiées, déjà classées à faible risque, garantissent une meilleure protection des stocks locaux préoccupants et de ceux du fleuve Fraser. Jusqu'ici, au cours du processus de planification intégrée de la pêche, les cadres supérieurs de la région du Pacifique du MPO ont informé le Conseil consultatif de la pêche sportive qu'ils ne rouvriront pas le PGIP de 2021‑2022 pour le saumon.
Le Conseil consultatif de la pêche sportive a satisfait aux nouvelles exigences du ministère en matière d'information et a considérablement modifié ses propositions en fonction de ces nouvelles données. Cependant, même si la a promis de prendre connaissance du projet fondé sur des données scientifiques, nous avons récemment entendu dire qu'elle l'a complètement écarté.
Ma question s'adresse à Mmes Leblanc et Miller-Saunders. Êtes-vous surprises d'apprendre que la des Pêches et des Océans n'a pas tenu compte de données scientifiques solides? Veuillez répondre par oui ou par non.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Vigneault, dans votre exposé préliminaire, vous utilisez des mots comme « transparence » et « transparent ». L'examen par les pairs est un élément essentiel de l'importante fonction de remise en question que remplit le secteur des sciences du MPO, et vos examens font appel à des experts scientifiques canadiens et étrangers du milieu universitaire, de communautés autochtones, d'organisations non gouvernementales vouées à la protection de l'environnement et du secteur privé.
Monsieur Vigneault, les scientifiques du MPO ont-ils déjà pris de mauvaises décisions en se fondant sur les données dont dispose votre ministère? Je dis cela parce que diverses organisations de pêcheurs font appel à des scientifiques. Ils établissent leurs propres données. Comment interprétez-vous les données scientifiques qu'ils vous fournissent comparativement à celles que vous fournit la division scientifique du MPO?
Vos avis sont communiqués à la ministre, qui doit prendre des décisions sur les quotas, et c'est toujours intéressant. Quand on décide d'augmenter les quotas, tout le monde est d'accord avec les données scientifiques. Quand on recommande de réduire les quotas, c'est là que les opinions divergent.
Au sujet de l'information que vous communiquent les pêcheurs, vous avez utilisé... Je vous cite, mais pas directement. Vous fournissez les renseignements communiqués par les pêcheurs, et cela fait partie de l'information que vous transmettez à la ministre. Est‑ce que vous y joignez une opinion à ce sujet, ainsi que sur l'avis des pêcheurs ou sur les données qu'ils ont reçues?
:
Merci de la question. Elle est très vaste. Elle témoigne des changements que nous constatons dans l'environnement.
De façon générale, parmi l'ensemble des poissons pélagiques du Canada atlantique, et plus particulièrement parmi ceux de la région du golfe et dans le golfe du Saint-Laurent, on observe une accélération des changements dans l'environnement. Cela a des effets sur la productivité, le recrutement et la biomasse globale.
On doit évidemment s'attendre à des différences localisées dans l'ensemble de l'aire de répartition des diverses espèces pélagiques, du nord au sud et de l'autre côté de l'Atlantique. Quant à savoir en quoi c'est lié aux mesures de gestion appliquées au Canada et en Islande, je ne suis pas suffisamment informé pour faire des hypothèses concernant leur incidence sur les tendances globales.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à mes collègues et aux témoins. Merci beaucoup. Le travail que vous faites a des effets sur toutes nos collectivités, sur toutes nos collectivités rurales et sur les gens qui y travaillent. Je vous suis reconnaissant de vos efforts et de votre travail.
Nous avons beaucoup parlé aujourd'hui des processus d'examen technique par les pairs. Je pense que c'est important. Nous avons également parlé un peu de la consultation du secteur privé. J'ai trois questions, si nous en avons le temps. La première porte sur les moyens de veiller à ce que les connaissances des intervenants du secteur privé et des pêcheurs, autochtones et autres, soient intégrées aux avis scientifiques fournis à la .
Je vais d'abord m'adresser à M. Vigneault.
:
Merci beaucoup de la question.
En effet, nous nous en assurons à différentes étapes du processus. J'ai parlé tout à l'heure de la collaboration avec les intervenants du secteur privé. Il y a aussi beaucoup de collaboration, dès le départ, avec les organisations autochtones pour concevoir des activités de recherche ou pour participer à des relevés et à la collecte de données. Nous les invitons à participer au processus d'examen par les pairs, afin qu'ils puissent apporter leur expertise à la discussion et alimenter l'analyse des données. Tout entre en ligne de compte dans la décision fondée sur des données scientifiques.
Par ailleurs, la tient compte d'autres facteurs lorsqu'elle prend une décision. Il y a notamment la contribution directe des communautés autochtones, entre autres sous la forme de leur savoir traditionnel, mais aussi la contribution de l'industrie, comme nous l'avons dit tout à l'heure.
:
Je vous remercie de la question.
Je pense en effet qu'il est fondamental que les données scientifiques soient accessibles à tous, afin qu'ils puissent les examiner et y contribuer. À partir des examens par les pairs du SCAS, des centaines d'avis sont publiés chaque année en plus de plusieurs centaines de publications scientifiques.
Nous avons plus de 450 ensembles de données, dont des données étayant toute sortes de décisions — pas seulement au sujet de la pêche, mais aussi pour la mise en œuvre de la Loi sur l'évaluation d'impact et d'autres. Nous utilisons une technologie de pointe dans de nombreux domaines pour accroître la quantité de données.
Nous sommes en train de développer une expertise en données acoustiques, en données de télédétection et en données génomiques. Le tout est mis à la disposition de ceux qui contribuent au processus scientifique.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et bonjour à vous et à tous les membres du Comité.
Je tiens à remercier le Comité de m'avoir invitée aujourd'hui et je me réjouis de son intérêt pour la science.
[Français]
Je suis ravie de l'intérêt que vous portez à la science.
[Traduction]
La science aide les décideurs du gouvernement à recueillir des données, à analyser des données probantes et à évaluer différentes solutions stratégiques et leurs répercussions.
Permettez-moi de commencer par vous parler de mon bureau, de notre mandat et du travail que nous avons accompli depuis ma nomination en septembre 2017.
[Français]
Mon mandat consiste à fournir des conseils et des recommandations au gouvernement dans le but de favoriser l'atteinte de trois objectifs clés.
Premièrement, nous visons à ce que les travaux scientifiques du gouvernement soient entièrement accessibles au public et à ce que les scientifiques...
[Français]
Mon mandat consiste à fournir des conseils et des recommandations au gouvernement dans le but de favoriser l'atteinte de trois objectifs clés.
Premièrement, nous visons à ce que les travaux scientifiques soient entièrement accessibles au public et à ce que les scientifiques fédéraux puissent librement parler de leurs travaux.
Deuxièmement, nous cherchons à améliorer le rôle de conseil scientifique au sein du gouvernement fédéral pour veiller à ce que les analyses scientifiques soient prises en compte lorsque le gouvernement prend des décisions.
Troisièmement, nous recommandons des moyens qui permettent au gouvernement de favoriser davantage la qualité des travaux de recherche scientifique au sein du système fédéral.
[Traduction]
Au cours des dernières années, j'ai eu l'occasion d'observer l'interaction entre la science et l'élaboration des politiques. Par science, j'entends non seulement les sciences physiques et naturelles, mais aussi les sciences sociales et comportementales. Voici certaines de mes observations intéressant les travaux du Comité.
Premièrement, il est essentiel que les scientifiques du gouvernement fédéral fournissent des données de recherche de grande qualité alimentant directement les décisions législatives, réglementaires ou stratégiques. C'est pourquoi l'une des premières initiatives de mon bureau a été la création d'un modèle de politique en matière d'intégrité scientifique, qui a depuis été adoptée par plus de 20 ministères et organismes fédéraux, dont le MPO. Cette politique fournit un cadre définissant le rôle de chacun dans la conduite de travaux scientifiques de haute qualité et exempts d'influence indue. Les meilleurs avis scientifiques reposent sur des recherches transparentes et de grande qualité.
Deuxièmement, il est important que les ministères fédéraux disposent de mécanismes structurés pour faire participer et évaluer des experts externes. La raison en est qu'il existe beaucoup d'expertise scientifique utile à l'extérieur du gouvernement fédéral.
Troisièmement, il est essentiel que les scientifiques et les décideurs comprennent les impératifs les uns des autres. Les scientifiques doivent comprendre de quelles données probantes les décideurs ont besoin pour concrétiser leurs objectifs stratégiques, et les décideurs doivent comprendre à la fois les avantages et les limites des données scientifiques qui leur sont fournies. C'est pourquoi mon bureau, en collaboration avec Santé Canada, a élaboré un cours d'autoapprentissage en ligne portant sur les échanges efficaces en matière de politique scientifique. Ce cours sera bientôt offert par l'École de la fonction publique du Canada.
À titre de conseillère du premier ministre et du Cabinet, je peux être appelée à fournir des avis scientifiques officiels ou officieux. Par exemple, en 2018, la ministre des Pêches et des Océans m'a demandé de diriger un groupe d'experts indépendants pour formuler des recommandations sur l'utilisation judicieuse de preuves scientifiques dans le cadre du processus décisionnel appliqué à l'aquaculture. Mon bureau a réuni des experts du Canada et du monde entier pour la conseiller à ce sujet.
Notre rapport public contient un certain nombre de recommandations visant à améliorer les avis scientifiques, l'établissement des priorités scientifiques et les communications scientifiques. L'une d'elles était la nomination d'un conseiller scientifique au MPO. Cette recommandation a été appliquée, et je tiens à souligner le travail du conseiller scientifique du MPO, M. Paul Snelgrove. Je crois savoir que d'autres mesures suivront plusieurs autres recommandations du rapport du groupe d'experts.
[Français]
Le rapport sur les sciences de l'aquaculture fait partie des nombreux conseils scientifiques que mon bureau a transmis au gouvernement depuis le début de mon mandat. Plusieurs des conseils que mon bureau a transmis au gouvernement ces dernières années étaient liés à la pandémie. Celle-ci a révélé l'intérêt du public à l'égard de la science et des preuves scientifiques utilisées dans les prises de décision. La science ouverte et la transparence sont essentielles non seulement à la création de bonnes politiques, mais aussi au maintien et au renforcement de la confiance dans nos institutions publiques.
[Traduction]
J'espère que nous tirerons parti des leçons apprises au cours des deux dernières années pour favoriser l'avènement d'une société plus instruite sur le plan scientifique et d'institutions plus fortes et plus ouvertes.
Merci.
Je suis heureux d'apprendre que vous examinez la qualité des données scientifiques fournies aux décideurs et le processus qui les sous-tend. Compte tenu de toutes vos responsabilités scientifiques au gouvernement, je ne sais pas jusqu'à quel point vous — ou votre équipe — vous mêlez d'activités scientifiques comme celles du MPO.
Si vous le permettez, j'aimerais utiliser un exemple récent pour comprendre jusqu'où votre bureau peut aller dans le domaine scientifique. La ministre a récemment décidé de fermer la pêche au maquereau de l'Atlantique. La décision était évidemment fondée sur des données scientifiques et sur le nombre de prises. Seriez-vous surprise d'apprendre que les recherches scientifiques sur le frai que le MPO a effectuées dans le golfe du Saint-Laurent au cours de la dernière décennie ont été effectuées une semaine plus tôt au mois de juin, loin de la période de pointe du 24 juin?
Les périodes de frai et de migration de tous les poissons pélagiques dépendent de la température de l'eau. En général, si les recherches sont effectuées plus tôt, le MPO fait des relevés de la masse reproductrice lorsque l'eau est inférieure de deux degrés à celle qui favorise le frai du maquereau. Les relevés sont effectués à environ 8 °C au lieu de 10 à 13 °C. Les résultats rendent donc compte d'une biomasse de plus en plus faible.
C'est une sorte de prophétie autoréalisatrice. Si l'on fait abstraction des résultats de la dernière décennie d'échantillonnage effectué dans de l'eau plus froide que celle qui permet au maquereau de frayer normalement — quand on élimine ces données —, on constate que la biomasse des géniteurs est en fait à 48 % de son niveau le plus élevé, enregistré dans les années 1980. Et pourtant, le MPO fonde ses décisions sur les relevés effectués à cette température plus basse, de sorte que la biomasse enregistrée ne représente plus que 5 % de ce qu'elle était dans les années 1980 et que la ministre décide en fonction de l'idée que les ressources halieutiques sont faibles. Les recherches se font trop tôt, et on ne trouve pas de ressources au même endroit.
Votre bureau pourrait‑il examiner ce genre de choses et déterminer si la qualité des données scientifiques est ce qu'elle devrait être?
:
Je vous remercie de votre réponse.
Je voudrais maintenant parler des aires marines protégées. Je suis certain que vous avez participé à certaines des conférences internationales où le gouvernement fait la promotion de 25 % d'aires marines protégées d'ici 2025 et de 30 % d'ici 2030. Dans les derniers mois, j'ai assisté à une réunion de consultation avec des représentants du secteur de la pêche dans l'est de la Nouvelle-Écosse au sujet du refuge marin proposé au large du plateau néo-écossais.
Les scientifiques du MPO ont déclaré qu'ils faisaient cette proposition pour protéger un certain type de corail corné existant en bordure du plateau, là où se trouve une riche zone de pêche au flétan, ce qui pourrait signifier la fin de cette pêche.
Lorsque j'ai demandé aux scientifiques s'ils avaient des données précises concernant le rythme de développement des coraux dans cette zone, disons au cours de la dernière décennie, s'il avait augmenté ou diminué et, dans l'hypothèse où il aurait diminué et aurait été entravé, s'ils pouvaient faire un lien causal avec la pêche, les changements climatiques ou d'autres problèmes comme des tempêtes, ils m'ont renvoyé aux données scientifiques générales dont ils disposaient. Je les ai examinées, et il n'y avait strictement rien sur cette zone géographique. Il s'agissait de données générales sur le corail corné et les effets de la pêche au chalut, qui n'existe pas dans cette région, et ce genre de choses.
Je m'inquiète du fait que le MPO propose de fermer de vastes zones de pêche commerciale pour atteindre cet objectif artificiel dans des aires marines protégées, sans tenir aucun compte de données scientifiques sur les effets de la pêche dans ces zones.
Merci, madame Nemer, de comparaître aujourd'hui.
Il fut un temps où ce bureau n'existait pas. C'est relativement nouveau, puisqu'il a été créé, ou du moins rétabli, en 2017 par le gouvernement libéral.
En général, depuis votre entrée en fonction, où avez-vous constaté des lacunes dans les données scientifiques étayant les politiques? Comment votre bureau a‑t‑il tenté de corriger la situation? Voilà peut-être l'occasion pour vous d'expliciter certaines de vos premières réflexions.
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Merci de ces questions.
Le Bureau a évidemment été très occupé au cours des cinq dernières années, et assurément au cours des deux dernières en raison de la pandémie. Cependant, nous avons estimé d'emblée que notre rôle était d'examiner les questions horizontales et de formuler des recommandations pour améliorer tous les avis scientifiques, ainsi que les activités scientifiques proprement dites. Cela étant, je ne peux pas dire que j'ai procédé à un audit d'un ministère en particulier. J'ai visité de nombreux laboratoires. J'ai parlé à des scientifiques. Nous avons examiné le déroulement des recherches et des activités scientifiques.
C'est pourquoi l'une de nos premières mesures a été de proposer une politique sur l'intégrité scientifique. Pour ceux qui ne le savent pas, c'est l'équivalent, en fait, d'une politique sur la conduite responsable de la recherche. Cela existe dans les établissements d'enseignement. En fait, les établissements et les chercheurs qui reçoivent du financement fédéral ont l'obligation de se conformer aux principes de la conduite responsable de la recherche.
La politique définit le rôle et la responsabilité de l'employeur et de l'employé à bien des égards. Elle propose des moyens de divulguer, par exemple, les conflits d'intérêts. Elle propose aussi des moyens permettant aux gens de parler de leurs recherches, de leurs activités scientifiques, et ce, sans influence indue. C'était très important.
La deuxième mesure que nous avons prise en suivi a été, bien sûr, de proposer une feuille de route pour la science ouverte. Nous avons tous pu nous rendre compte, pendant cette pandémie, de l'importance de la science ouverte, non seulement pour gagner la confiance de la population, mais aussi pour accélérer l'innovation et pour accélérer, en l'occurrence, la production de diagnostics et de mesures préventives.
Nous avons proposé cette feuille de route et nous avons travaillé avec les ministères pour la concrétiser afin que les résultats des travaux scientifiques menés par les scientifiques fédéraux soient facilement accessibles, que ce soit sous forme de rapports et de manuscrits publiés ou de données d'observation.
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Merci également de cette question.
Dans le cadre de notre analyse des données scientifiques sur l'aquaculture, nous avons examiné attentivement le processus du SCAS au MPO, et je dois dire que ce processus est une bonne chose pour synthétiser les données scientifiques. Nous avons cependant recommandé un certain nombre de mesures qui permettraient d'améliorer l'efficacité et la transparence du processus proprement dit, d'examiner comment les sujets et les participants — les experts — sont choisis et de vérifier où les résultats du processus du SCAS , qu'il s'agisse d'un rapport ou de la synthèse d'un symposium, sont conservés et à quelle vitesse.
J'ai été heureuse de constater qu'on a ajouté une disposition concernant les conflits d'intérêts, ce qui est extrêmement important. Ce n'est pas qu'il soit impossible de faire participer des représentants du secteur privé, d'autres pays ou d'autres ministères, voire du même ministère, mais les conflits d'intérêts, réels ou supposés, doivent être divulgués, et c'est une pratique exemplaire.