Bienvenue à la 41e réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
Cette réunion se déroule en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022.
Avant de commencer, j'aimerais préciser quelques points à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro, et veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
En ce qui concerne l'interprétation, les personnes qui utilisent l'application Zoom peuvent sélectionner, au bas de l'écran, le parquet, l'anglais ou le français. Les personnes dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal désiré.
Veuillez adresser toutes vos interventions à la présidence.
Enfin, je rappelle à tous qu'il est interdit de prendre des captures d'écran ou des photos. Les délibérations seront publiées sur le site Web de la Chambre des communes.
Conformément à la motion de régie interne du Comité concernant les tests de connexion pour les témoins, j'informe le Comité que tous les témoins ont effectué les tests requis avant la réunion. Nous tentons de joindre un témoin qui n'est pas encore en ligne. Le test sera fait lorsqu'il communiquera avec nous ou lorsqu'il se joindra à la réunion.
Avant d'entendre nos témoins d'aujourd'hui, j'aimerais régler un point relatif aux travaux du Comité.
Hier, les membres ont reçu deux ébauches de budget à des fins d'examen, l'une pour l'étude sur la fermeture de la pêche au maquereau et l'autre pour l'étude des répercussions de la crise climatique.
Le Comité est‑il d'accord pour adopter les deux budgets proposés?
Des députés: D'accord.
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Ils vont prendre plus que cela.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 20 septembre 2022, le Comité reprend son étude sur la fermeture de la pêche au maquereau dans le Canada atlantique et le golfe du Saint-Laurent.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins.
Nous accueillons deux représentants de l'Union des pêcheurs des Maritimes: M. Louis Ferguson, directeur adjoint d'Homarus, et M. Martin Mallet, directeur général. Nous accueillons également des représentants de la Prince Edward Island Fishermen's Association: Mme Melanie Giffin, biologiste de la vie marine et planificatrice de programme industriel, et M. Nathan Cheverie, pêcheur et coprésident du Comité consultatif sur le maquereau.
Nous attendons encore l'arrivée de M. Hubley.
Je vous remercie d'avoir pris le temps de comparaître devant le Comité aujourd'hui. Vous disposerez chacun de cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire.
J'invite les représentants de l'Union des pêcheurs des Maritimes à commencer. Je ne sais pas si vous ferez chacun une partie de la déclaration, ou si ce sera une seule personne.
Vous avez la parole pour cinq minutes au plus.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité de nous permettre de témoigner aujourd'hui.
Je m'appelle Martin Mallet. Je vais partager mon temps de parole avec M. Louis Ferguson, directeur adjoint de notre groupe de recherche et développement, Homarus Inc.
Je vais parler en français.
[Français]
La décision de fermer complètement la pêche au maquereau a touché nos membres pêcheurs, que ce soit pour la pêche commerciale ou pour appât. Encore une fois, on a donné un très court préavis alors que nos pêcheurs se préparaient déjà pour la saison à venir.
Dans la dernière évaluation du stock de maquereau en 2020, selon le Secteur des sciences du MPO, au lieu d'un moratoire complet, une réduction du contingent de 4 000 tonnes pour 2022, soit une diminution de 50 % par rapport à l'année précédente, aurait quand même offert une possibilité de 79 % de croissance de la biomasse reproductive. Cette réduction aurait tout de même été importante, mais n'aurait pas été un moratoire. Cela aurait ainsi tenu compte de la valeur socioéconomique de cette ressource pour l'ensemble de la région atlantique.
Cette fermeture complète de la pêche au maquereau était une mesure extrême non justifiée. Elle a été annoncée à la dernière minute, sans aucun respect pour les pêcheurs qui avaient déjà engagé des dépenses afin d'être prêts pour le début de leur saison 2022. De plus, le stock de maquereau est partagé avec les États‑Unis. Encore à ce jour, il n'y a pas de plan de cogestion avec les Américains, qui continuent à pêcher le même stock de maquereau tandis que nous devons rester amarrés à quai à les regarder faire.
Voici quelques recommandations pour le Comité.
Premièrement, nous pensons qu'une entente de cogestion avec les États‑Unis aurait dû être développée avant de décréter une fermeture complète de la composante canadienne de cette pêche. Une telle entente est nécessaire pour la gestion durable de cette ressource dans toute son aire de répartition.
Deuxièmement, l'UPM a fait plusieurs recommandations par le passé afin de mieux protéger la ressource et optimiser la reproduction du maquereau, mais en vain. Selon nous et d'autres associations de pêcheurs côtiers, une grande partie du problème associé au déclin graduel de la ressource a été l'augmentation de la pêche à la senne, et non la pêche côtière à filet maillant et à la ligne à main. Ce type d'engin de pêche ne sélectionne pas le poisson en fonction de sa taille et ne permet pas aux petits poissons de s'échapper pour continuer à croître et ainsi atteindre la taille minimale pour la reproduction. Si nous voulons garder la pêche à la senne, il faudra ajuster les allocations de pêche en considérant le fait que cette méthode de capture n'est pas sélective. La réouverture de cette pêche devra se faire en accordant la priorité aux méthodes durables de capture du poisson.
Troisièmement, les changements climatiques provoquent des extrêmes et des variations de climat chaque année. Nos pêcheurs observent ces changements par les variations spatiales et temporelles des espèces qu'ils pêchent, auxquels ils doivent s'adapter pour capturer le poisson. Nous devons aussi ajuster le travail des sciences d'évaluation des stocks selon le calendrier des espèces que l'on veut étudier, et non celui des bureaucrates. Les changements climatiques transforment l'écosystème marin. Il est impératif de tenir compte de cette dynamique dans l'analyse scientifique et l'évaluation de stock de toutes nos espèces.
Quatrièmement, nous recommandons une étude approfondie de la relation prédateur-proie entre les diverses espèces de phoques et le maquereau. Par exemple, les études actuelles sur le contenu de l'estomac des phoques sont effectuées pendant l'hiver, alors que le maquereau n'est même plus dans le golfe du Saint‑Laurent. Toute information supplémentaire recueillie serait utile et permettrait de mieux comprendre la dynamique de la population du maquereau.
Cinquièmement, tout plan de rétablissement doit également intégrer le développement d'une chasse durable du phoque. La perte de la culture de la chasse au phoque et le manque de chasseurs au sein de nos communautés sont parmi les principaux obstacles à la résolution de ce problème. Il faut au moins atténuer les obstacles réglementaires, et soutenir et promouvoir la formation de nouveaux chasseurs commerciaux et récréatifs, de même que les produits du phoque au Canada. Cela donnerait une bonne occasion de faire participer les Premières Nations et de nouer des partenariats avec elles.
Sixièmement, les pêcheurs sont confrontés à des augmentations impressionnantes de leurs coûts d'exploitation en raison du phénomène d'inflation actuel. Ces augmentations sont également liées à l'inflation supplémentaire, qui est créée en raison de la fermeture de la pêche, en ce qui concerne leurs appâts traditionnels. Par exemple, le prix du maquereau acheté pour appât en provenance des marchés internationaux a augmenté de 32 % cette année. Nous demandons que la pêche pour appât effectuée à la ligne à main soit rétablie pour 2023. Cette pêche permettrait également de rétablir une partie de la science dépendante de la pêche qui a été perdue cette année à cause du moratoire.
Septièmement, enfin, de nombreux pêcheurs dépendent de la pêche pélagique pour leur subsistance et sont gravement touchés par ce moratoire. La mise en place d'un programme similaire au programme de mesures de durabilité pour l'industrie du homard de l'Atlantique, à savoir le Plan de gestion intégrée des pêches, qui a connu un succès important au début des années 2010, aiderait à la restructuration et à la rationalisation de ce secteur des pêches. Cela permettrait aussi de soutenir la science complémentaire pour une meilleure connaissance de l'espèce dans un contexte de changements climatiques, et de soutenir la création de solutions de rechange pour les appâts.
Je vous remercie de votre attention.
Nous répondrons avec plaisir à toutes vos questions sur le sujet.
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Merci beaucoup. Je vais faire la déclaration préliminaire et M. Cheverie sera heureux de répondre à vos questions.
Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie les membres du Comité de nous avoir invités à prendre la parole aujourd'hui.
La P.E.I. Fishermen's Association, ou PEIFA, a été fondée dans les années 1950 afin que les pêcheurs puissent parler d'une seule voix avec le gouvernement fédéral. La PEIFA a évolué de concert avec le ministère des Pêches et des Océans et nous avons établi ensemble la bonne relation de travail que nous entretenons encore aujourd'hui.
Notre objectif aujourd'hui est de parler de la science sur le maquereau et des mesures de gestion qui s'appliquent à l'Île-du-Prince-Édouard.
La PEIFA aimerait d'abord remercier le ministère et le d'avoir pris des mesures pour tenter de reconstituer les stocks. Bien que nous ayons tous différents points de vue relativement à la démarche, nous sommes tous d'accord sur le fait que nous devons travailler ensemble pour assurer la durabilité des stocks pour les années à venir.
Au cours des dernières années, il a été clairement établi que la simple réduction du total de prises autorisées, le TPA, n'est pas une solution pour reconstituer les stocks. Il est temps de sortir des sentiers battus et d'adopter de nouvelles mesures de gestion qui permettent les activités de pêche tout en augmentant la biomasse. Plusieurs recommandations ont été présentées par de multiples organisations de pêcheurs aux réunions du Comité consultatif sur le maquereau de l'Atlantique, mais ces recommandations semblent toujours tomber dans l'oreille d'un sourd.
Au départ, la PEIFA a énoncé ses recommandations dans une lettre officielle transmise au président du Comité consultatif, mais elle a rapidement changé sa façon de faire. Elle transmet maintenant directement ses recommandations au ministre afin de s'assurer que tout ce qui est recommandé au Comité consultatif parvienne au ministre. Les membres du Comité consultatif ne démontrent aucune transparence relativement à ce qui est communiqué au ministre.
Je vais résumer certaines des principales recommandations qui ont été soumises au Comité consultatif par la PEIFA au cours des 10 dernières années.
En 2012, la PEIFA a recommandé d'établir un protocole sur les poissons de petite taille afin d'augmenter la taille minimale — en précisant que l'objectif était de protéger les générations futures — et de réduire le TPA.
En 2014, la PEIFA a recommandé de réduire le TPA, d'augmenter la taille minimale des poissons, de réduire la flottille de pêche à la senne, de former un groupe de travail sur le maquereau, de mener des recherches supplémentaires et de mettre en place un système de rapports.
En 2018, une augmentation de la taille minimale des poissons, une augmentation des vérifications à quai, le renforcement de l'application de la loi et une augmentation de la taille des mailles ont été incluses dans les recommandations.
En 2019, toutes les recommandations précédentes ont été présentées de nouveau, mais une meilleure compréhension de la relation prédateur-proie avec les phoques a été ajoutée à la liste des recommandations soumise au Comité consultatif par la PEIFA.
Comme l'a déclaré le MPO lors de la réunion du Comité consultatif du poisson de fond de la division 4RST, une réduction de plus de 65 % du nombre de phoques gris est nécessaire pour favoriser la reconstitution des stocks de morue, de merlu, de plie et d'autres poissons de fond dans le Sud du golfe du Saint-Laurent. Selon une analyse documentaire effectuée par la PEIF, il semble y avoir plusieurs biais dans les recherches réalisées sur le régime alimentaire des phoques. Certaines études sont menées pendant l'hiver, lorsque le maquereau a quitté le golfe. D'autres sont faites pendant les échouries, alors que les phoques ne s'alimentent pas.
Nous recommandons que ces biais soient considérés dans des études spatiales et temporelles pertinentes et d'inclure ces données dans l'évaluation des stocks de maquereau afin de mieux comprendre la relation prédateur-proie entre les phoques et le maquereau.
En 2020, toutes les recommandations précédentes ont été de nouveau soumises au Comité consultatif, mais après avoir pris connaissance d'un graphique du MPO, qui est inclus dans le document, la PEIFA a ajouté une recommandation portant sur l'adoption d'un moratoire sur la flottille de pêche à la senne jusqu'à ce que les stocks de maquereau repassent en zone saine.
Cette recommandation reposait sur les preuves présentées par le MPO et selon lequel: « Avant le début des années 2000, la majorité des prises canadiennes de maquereau étaient pêchées au filet maillant, à la turlutte et à la trappe. Depuis le milieu des années 2000, la majorité des prises sont pêchées par de petits [...] et de grands [...] senneurs, que l'on retrouve principalement à Terre-Neuve-et-Labrador. Entre 2002 et 2007, les débarquements des petits senneurs » variaient d'environ 11 000 tonnes à 30 000 tonnes, alors que ceux des grands senneurs variaient de 6 000 tonnes à 15 000 tonnes. Le MPO souligne également: « Au cours des dernières années, de petits senneurs [...] ont contribué à la majorité des prises de la pêche commerciale. »
Ce paragraphe identifie clairement le type d'engin pouvant atteindre les taux de prises les plus élevés et, donc, le point de départ pour apporter un changement réel dans cette pêche. Le graphique le montre clairement si vous examinez la version en couleur.
Il est important que les membres du Comité sachent que l'industrie fait chaque année depuis au moins 10 ans des recommandations visant la protection des stocks. Bien que les recommandations mentionnées soient celles de la PEIFA, d'autres ont également été présentées par différentes organisations pendant la même période.
Le dernier important enjeu sur lequel nous voulons attirer l'attention est l'incidence de la pêche américaine sur la biomasse canadienne.
Le contingent nord de maquereaux de l'Atlantique fraie dans le golfe avant de migrer ensuite vers les États-Unis pendant l'hiver, là où la pêche n'est assujettie à aucune taille minimale. Tant que cette pêche se déroule aux États-Unis, la réduction du TPA au Canada n'a aucun effet sur la reconstitution des stocks.
Pour ajouter l'insulte à ce scénario, les pêcheurs canadiens doivent ensuite acheter du maquereau de petite taille aux États-Unis pour l'utiliser comme appât dans leur propre pêche.
La PEIFA comprend bien qu'il s'agit d'enjeu complexe. Nous voulons travailler avec le MPO afin de trouver une solution, mais les acteurs de l'industrie du maquereau se demandent ce qu'ils doivent faire pour que la pêche reprenne, étant donné que les recommandations ne sont pas considérées.
Les membres de la PEIFA aimeraient que le ou le sous-ministre des Pêches participe à la prochaine réunion du Comité consultatif sur le maquereau afin d'entendre de vive voix les préoccupations exprimées par les pêcheurs.
Je vous remercie de votre attention.
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Bien sûr. En bref, je suppose qu'il y avait trois volets.
Le premier est qu'à l'époque, dans l'industrie du homard du sud du golfe, il y avait trop de participants à la pêche au homard pour la quantité de homard disponible, et il fallait donc réduire le nombre de participants actifs. Dans notre cas, au Nouveau‑Brunswick, par exemple, environ 20 % de nos pêcheurs ont été rachetés et ont pris leur retraite. Cela a également eu un effet sur le stock de homard actuel; cela a aidé à le repeupler.
Parallèlement, le programme comportait un autre élément, qui était d'examiner ce que nous pouvions faire d'autre comme mesures de conservation pour augmenter la reproduction des homards et ainsi augmenter le nombre de homards adultes pouvant être pêchés. Par exemple, nous avons examiné la taille minimale du homard qui, à l'époque, était d'environ 72 millimètres — 68 millimètres, en fait, avant 2000 — de sorte qu'environ 15 % seulement des homards pouvaient se reproduire au moins une fois avant d'être pêchés. Aujourd'hui, nous sommes passés à environ 85 %, ce qui représente une intensification considérable de la reproduction.
Enfin, il y a eu des fonds supplémentaires pour différents types de projets de recherche visant à mieux comprendre la pêche au homard, ainsi que l'espèce elle-même et son interaction avec les autres participants dans l'écosystème, les autres espèces.
Dans l'ensemble, ce programme a été une réussite. Comme le montrent les données d'aujourd'hui, notre industrie du homard dans le sud du golfe est une réussite. C'est le cas depuis cinq ou six ans, en grande partie grâce à ce programme.
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Je pense que nous pouvons revenir à une pêche d'appât à petite échelle pour le maquereau ou le hareng. L'effort est très limité par rapport à l'effort déployé par les senneurs, et il faut donc en rétablir une partie.
Il faudrait aussi avoir accès à une plus grande variété de solutions de rechange. Dans certains cas, il s'agit de poisson transformé. À terme, les abats de l'industrie du sébaste, lorsqu'elle commencera à fonctionner, constitueront une source importante d'appât pour le homard, par exemple.
Il y a maintenant de meilleures solutions de rechange. Vous avez mentionné le crabe vert. C'est une autre espèce envahissante. Certains pêcheurs l'ont utilisé avec un certain succès, mais il y a aussi un énorme problème dans certaines régions du Canada. Vous avez demandé quelles étaient les espèces envahissantes dans les rivières et les lacs, et j'ai donné l'exemple de la carpe asiatique. Il y a une énorme quantité de ce poisson dans la nature. À l'heure actuelle, je suppose qu'il existe des obstacles réglementaires pour nous ici au Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments étant dans le tableau et rendant difficile l'utilisation de ce poisson au moins à titre expérimental, et si cela fonctionne, son utilisation à grande échelle. En fin de compte, cela réduirait notre problème actuel du coût inflationnaire des appâts.
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Nous préférerions absolument être en train de pêcher tous les jours de la semaine.
Le fait de ne pas avoir de travail tous les jours a été une rude épreuve pour moi, ma famille et mes pairs. C'est ainsi que nous avons passé nos étés et nos automnes depuis que j'ai acheté le bateau il y a sept saisons, et maintenant, je n'ai nulle part où aller; il n'y a plus rien dans l'industrie vers quoi me tourner, et c'est très décourageant.
Mon grand-père passait ses étés à pêcher le maquereau sur un doris. Ma version est un peu plus grande, mais ce n'est toujours rien comparé à ce que font les autres dans le secteur. Il n'y a aucun moyen de décrire ce que perdre cela signifie financièrement et ce que cela signifie émotionnellement.
Je préférerais pouvoir aller pêcher, même s'il n'y a pas assez de poisson pour que ce soit commercialement viable. Le simple fait de pouvoir aller sur l'eau pêcher mon poisson d'appât personnel serait une bonne chose, comme ça le serait pour tous les autres membres de la communauté aussi.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Todd Williams, et je suis directeur général de la Gestion des pêches et des ressources à Pêches et Océans Canada.
Je suis accompagné aujourd'hui par Marc LeCouffe, directeur régional de la Gestion des pêches et des ports, région du Golfe, et Jean-Yves Savaria, directeur régional des Sciences, région du Québec.
Le 30 mars de cette année, la a fait part de sa décision de fermer les pêches commerciales et pour appât du maquereau de l'Atlantique. Cette décision était fondée sur la plus récente et la meilleure évaluation scientifique du stock ayant été examinée par des pairs. Cette évaluation a déterminé que la biomasse du maquereau de l'Atlantique est à un niveau historiquement bas. Elle révèle également que la surpêche a conduit à un effondrement de la structure d'âge, la population restante se composant d'un nombre relativement petit de poissons productifs.
Il s'agit de la poursuite d'une tendance inquiétante, qui persiste depuis une décennie et qui confirme que les réductions du total autorisé des captures et que les améliorations apportées à la surveillance et à la déclaration, bien qu'importantes, ne suffisent pas pour ramener le stock de maquereau de l'Atlantique à des niveaux durables.
[Français]
Pour prendre cette décision, il a fallu trouver un juste équilibre entre l'importance économique et culturelle de la pêche au maquereau de l'Atlantique dans l'Est du Canada et la viabilité du stock et de la pêche qui en découle. Il s'agissait, bien entendu, d'une décision incroyablement difficile à prendre, compte tenu des moyens de subsistance directs et indirects impliqués. Il s'agissait également d'une décision fondée sur la science et prise dans la perspective d'une gestion responsable de la ressource.
[Traduction]
Le maquereau est principalement capturé dans le cadre de pêches commerciales et pour appât ouvertes et concurrentielles. Plusieurs méthodes sont employées dans l'Est du Canada, du filet maillant aux lignes à main en passant par le filet-trappe et la senne coulissante. En plus des pêches commerciales et pour appât, des poissons sont également capturés à des fins récréatives, comme prises accessoires dans d'autres pêches et dans le cadre des pêches pratiquées à des fins alimentaires, sociales et rituelles.
En 2021, la valeur totale des débarquements de maquereau de l'Atlantique au Canada était de 8,6 millions de dollars, 753 entreprises de pêche — sur un total de 10 000 — ont participé à la pêche du maquereau au Canada atlantique et au Québec. Pour ces 753 entreprises, le ministère a estimé qu'environ 15 % du total des recettes provenaient de la pêche au maquereau.
En cinq ans, de 2009 à 2013, les captures de maquereau de l'Atlantique sont passées d'environ 42 000 tonnes métriques à quelque 8 000 tonnes métriques. Le total autorisé des captures au début de cette période était de 75 000 tonnes et a été ramené à 36 000 tonnes en 2013. Les chiffres indiquaient clairement la difficulté d'exploiter la ressource.
De 2014 à 2021, le total autorisé des captures a varié entre 10 000 et 4 000 tonnes.
[Français]
Dans l'Est du Canada, ce poisson-fourrage pélagique joue un rôle vital dans l'écosystème et l'industrie de la pêche. Il constitue une source de nourriture importante pour d'autres espèces, notamment le thon et la morue franche, et une source traditionnelle d'appât dans certaines pêches commerciales, dont celles du homard et du crabe des neiges.
[Traduction]
La nécessité de déployer des efforts concertés pour reconstituer le stock de maquereau est clairement démontrée par une décennie d'évaluations qui constituent les meilleures données scientifiques disponibles. L'engagement du ministère envers une telle action est renforcé par les récentes modifications apportées à la Loi sur les pêches qui exigent l'établissement d'un plan de rétablissement pour les grands stocks tombant sous leur point de référence limite, également appelé zone critique, soit le niveau en dessous duquel la durabilité du stock est sérieusement compromise.
Cependant, les petits poissons pélagiques, comme le maquereau de l'Atlantique, sont de bons candidats au rétablissement. Ces espèces ont une croissance relativement rapide et arrivent à maturité jeunes. Le ministère a bon espoir que ce stock se rétablira si des mesures de gestion rigoureuses sont maintenues. L'augmentation de la biomasse du stock reproducteur et la protection des poissons jusqu'à l'atteinte de stades évolutifs plus avancés et généralement plus productifs devraient avoir un effet positif sur le recrutement et favoriser le rétablissement du stock.
Entretemps, nous continuons de travailler pour qu'à sa reprise, la pêche soit améliorée grâce à un meilleur suivi et gérée de manière à optimiser le potentiel de fraie.
Nous avons également collaboré avec nos collègues des États-Unis pour promouvoir des actions complémentaires qui servent les intérêts des pêcheurs des deux pays et bénéficient au stock transfrontalier de maquereau. Ces efforts, bien que pénibles pour le moment, visent à rétablir le rôle essentiel du maquereau dans l'écosystème.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence. Nous leur en sommes très reconnaissants.
J'aimerais revenir sur les témoignages que nous avons entendus il y a deux semaines, de la part de MM. Collin et Lelièvre. Ce dernier est un pêcheur qui a été directement touché par cette situation imprévue. Il a été réduit à ne rien faire alors que son bateau était prêt à partir pour le large. Bien sûr, pour ces pêcheurs, cette situation ne peut pas durer. Ils doivent réorienter leur carrière ou revoir toute leur vie de pêcheur. Ils demandent évidemment une compensation financière.
Qu'adviendra-t-il si l'on n'arrive pas à rétablir la ressource d'ici 2023 ou 2024 et que ces gens ne peuvent plus pêcher? Y a-t-il un moyen pour les soutenir?
Comme l'a répété Félix Leclerc, il vaut mieux apprendre à quelqu'un à pêcher que lui donner de l'argent. C'est un grand principe.
Avez-vous une solution pour ces gens?
Les témoignages que nous avons entendus il y a deux semaines étaient très bouleversants.
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Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
Effectivement, 89 pêcheurs de maquereau dépendent grandement de cette pêche, au vu des débarquements; essentiellement, 50 % ou plus de leurs débarquements sont liés à cette espèce.
C'est quelque chose que nous prenons très au sérieux. Lors de la réunion du Comité consultatif de cette année, j'ai très clairement souligné à tous les membres, à toutes les associations et à tous les participants que toutes les options étaient sur la table, y compris et jusqu'à la fermeture de la pêche commerciale et de la pêche pour appât. Nous l'avons nettement répété, et nous avons certainement tenté de faire en sorte que les gens ne soient pas pris au dépourvu. J'ai énormément d'empathie pour ces pêcheurs.
À la question précise de savoir s'il y a de l'aide, je vous répondrai en deux mots que c'est mon mandat en tant que gestionnaire des pêches. J'ai un coffre d'outils bien garni: le cadre de pêche durable, l'approche de précaution, les dispositions sur les stocks de poissons. Malheureusement, rien dans mon coffre d'outils ne correspond au type d'aide aux pêcheurs que vous décrivez.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins de leur présence.
J'essaie de rassembler toute l'information que nous avons entendue jusqu'à maintenant. En fin de compte, mon objectif, quand j'écoute les témoignages, est d'essayer de déterminer quels éléments d'information sont les plus importants et pertinents à présenter comme recommandations, basées sur vos propos et ceux des autres témoins, concernant la ligne de conduite que le gouvernement devrait adopter dans les circonstances.
On ne peut nier qu'il y a des différences de point de vue sur la situation actuelle, selon la personne à qui on parle. J'essaie d'en comprendre la raison. Je ne suis pas un expert dans ce domaine.
Cependant, certains des écarts dans la communication et la consultation semblent présenter un fil conducteur. Il semble y avoir des informations très réelles pour une personne et tout autant réelles pour une autre personne, mais il semble aussi que le dialogue entre les personnes fait défaut — c'est du moins ma perception. Vous me corrigerez si je suis complètement dans l'erreur.
Je constate avec plaisir que vous avez parlé à la FFAW, une organisation qui est déjà venue témoigner et qui a assisté à une de nos rencontres sur cet enjeu. J'aimerais connaître l'issue de cette rencontre, parce que lors de la comparution de la FFAW, j'ai cité un extrait du magazine de la FFAW qui, à mes yeux, résume bien les observations des pêcheurs. Mme Erin Carruthers parlait de l'écart marqué qui existe entre les observations des pêcheurs et les observations du MPO sur l'abondance et la distribution du maquereau. Elle ajoutait:
il faut un engagement à long terme à documenter l'abondance, la distribution, l'étendue, la période de fréquentation et l'âge des stocks de maquereau dans les eaux de Terre-Neuve‑et‑Labrador. D'ici à ce qu'on obtienne davantage d'observations et de données de T.‑N.‑L. dans l'évaluation du stock de maquereau, je ne vois pas comment nous pouvons concilier ces évaluations très divergentes de la santé du stock.
Je n'aime pas le répéter dans un cadre où le temps nous est compté, mais je crois que cela met vraiment en évidence un problème. Je me demandais si vous pouviez réagir à cette citation et la commenter.
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Merci, monsieur le président.
Comme je le mentionnais plus tôt, dans le cadre de notre comité scientifique, nous avons régulièrement des échanges avec divers représentants de l'industrie, dont ceux de la Fish, Food and Allied Workers Union, la FFAW. Cela a d'ailleurs été mentionné d'entrée de jeu par M. Williams.
D'un point de vue scientifique, tout indique qu'il y a actuellement un problème très important lié aux stocks de maquereaux. Dans la zone critique, les relevés d'œufs que nous faisons sur une série temporelle sont très bas. Il y a aussi la modification de la structure d'âge qui indique une surpêche. Cette modification est associée à des périodes de grands débarquements.
En outre, nous travaillons avec nos collègues des États‑Unis, qui font également des évaluations des stocks. Nos évaluations se correspondent pour ce qui est des tendances des stocks.
Cela dit, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, nous souhaitons continuer à travailler sur le plan scientifique avec les différentes associations de l'industrie et à tenir en compte de leurs observations et de leurs travaux pour améliorer nos relevés, et ainsi fournir les meilleurs avis possible aux fins de la prise de décisions ministérielles.
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À la réunion du Comité consultatif du maquereau de l'Atlantique, j'ai certainement essayé de présenter la position du ministère, en me fondant sur les avis scientifiques et sur une approche halieutique que nous estimions appropriée, en tant que gestionnaires des pêches. Grâce aux données scientifiques dont nous disposions, toutes les options étaient en effet sur la table.
Fait intéressant, à la suite de cette recommandation prônant la fixation d'un TAC, certaines associations de pêcheurs ont immédiatement réagi en demandant dans certains cas une hausse considérable du TAC par rapport à celui de l'année précédente, ce qui m'a amené à me demander si mon message était assez succinct. Cependant, il l'était. Je peux vous fournir mes notes d'allocution, que j'ai lues textuellement, alors j'ignore au juste pourquoi cette réunion en particulier a débouché sur des divergences de vues.
Nous encourageons en tout temps les conversations informelles, et en fait nous rencontrons fréquemment les principales associations de pêcheurs. Il y a ce type de communication. Des travaux sont en cours sur le plan scientifique, et lorsqu'il est possible de trouver d'autres façons de collaborer, nous avons des outils à cette fin. Qu'il s'agisse de l'article 10 de la Loi sur les pêches ou de certains des programmes d'échantillonnage menés par les services scientifiques, nous avons des outils qui nous permettent de vraiment collaborer avec l'industrie. Il y a clairement une collaboration continue.
La prochaine réunion du Comité consultatif du maquereau de l'Atlantique aura lieu au premier trimestre de 2023. J'espère vraiment que l'industrie proposera des idées. Advenant que cette pêche ne soit pas rouverte, est‑ce que l'industrie a des idées concernant une plus grande collaboration en matière scientifique et dans ce genre de choses?
Il est possible que nous soyons dans cette situation. Encore une fois, je ne veux pas me prononcer à l'avance. Nous n'avons pas encore vu l'évaluation scientifique ni mené de consultations, mais c'est possible.
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C'est d'un intérêt certain pour nous. Comme je l'ai mentionné à maintes reprises dans mon témoignage, une collaboration s'est établie depuis le début avec l'industrie pour voir les observations et valider les éléments.
Il y a aussi des collaborations qui se font avec les Américains. Nous travaillons ensemble en partageant des données, notamment. Il faut savoir que les stocks de maquereau du Nord vont dans les eaux du Sud. Les échanges de données et les évaluations touchant plusieurs intrants utilisés dans nos modèles nous sont très utiles.
En raison du mélange des stocks entre les contingents Nord et Sud, des analyses génétiques sont faites actuellement pour voir les répercussions que peut avoir la pêche aux États‑Unis durant la période hivernale où le contingent Nord se dirige vers le sud. C'est le genre de choses que nous observons.
Évidemment, toute la collaboration avec les pêcheurs, mise en place au cours de la dernière année, doit se poursuivre. Nous allons continuer l'échantillonnage pour poursuivre notre travail scientifique. Tout ce qui se fait, actuellement, le travail de fond pour les relevés de même que les séries d'historiques de données que nous avons, va se poursuivre.
Selon les priorités établies en collaboration avec les Américains et l'industrie, la recherche pourrait être financée sur une base ad hoc. Cela sera fait selon l'importance et la nécessité d'obtenir les résultats des travaux de recherche pour bonifier nos analyses scientifiques et fournir de meilleurs avis à nos collègues de la gestion de la ressource.
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Merci d'avoir soulevé ce point, madame Barron. Je commenterai cette question après le départ des témoins, peut-être, ou à la prochaine réunion.
Je tiens à remercier les fonctionnaires du ministère de leur présence aujourd'hui et d'avoir contribué à cette étude particulière entreprise par le Comité. Ils ont toujours fait preuve de collaboration, quelle que soit la division où ils travaillent. Il n'est jamais difficile de faire venir témoigner les fonctionnaires du ministère devant ce comité. Encore une fois, nous vous en remercions.
La prochaine réunion aura bien sûr lieu vendredi. Nous tiendrons notre première rencontre concernant l'étude des impacts de la crise climatique et nous entendrons des témoins à ce sujet. Nous prendrons également le temps de discuter des instructions de rédaction de la lettre à la pour l'étude sur le maquereau.
En outre, M. Fergus s'est joint à nous aujourd'hui en remplacement de M. Cormier, et je vous en remercie, monsieur Fergus. J'espère que nous vous reverrons un jour. Peut-être serez-vous présent dans la salle la prochaine fois et nous pourrons vous souhaiter officiellement la bienvenue.
Encore une fois, comme je n'entends aucun argument contraire, la séance est levée.