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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 45eréunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Cette réunion se déroule en format hybride conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022.
Avant que nous commencions la réunion, j'aimerais formuler quelques commentaires à l'intention des témoins et des députés.
Je vous prie d'attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro et mettez‑le en mode sourdine lorsque vous n'avez pas la parole. En ce qui concerne les services d'interprétation pour ceux qui participent par Zoom, vous avez le choix au bas de l'écran du parquet, de l'anglais ou du français. Pour ceux présents dans la salle, vous pouvez bien entendu utiliser l'écouteur et choisir le canal souhaité.
Veuillez adresser toutes vos observations par l'entremise de la présidence.
Enfin, je vous rappelle que les captures d'écran ou la prise de photos de votre écran ne sont pas autorisées. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes.
Conformément à la motion pour affaires courantes du Comité concernant les tests de connexion pour les témoins, j'informe le Comité que tous les témoins ont fait les tests de connexion requis avant la réunion. Un témoin ne s'est pas encore joint à nous et ce test sera effectué s'il se joint à nous.
Conformément au paragraphe 108(2) et à la motion adoptée le 4 octobre 2022, le Comité reprend son étude des répercussions de la crise climatique.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins. Du syndicat Fish, Food and Allied Workers, nous recevons Sherry Glynn, représentante côtière. De la Prince Edward Island Aquaculture Alliance, nous accueillons M. Peter Warris, directeur, Projets et liaison avec l'industrie.
Merci de prendre le temps de comparaître aujourd'hui. Vous disposerez chacun d'au plus cinq minutes pour faire une déclaration liminaire.
J'invite Mme Glynn à commencer, s'il vous plaît.
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Merci, monsieur le président.
Au nom de plus de 13 000 de nos membres de Terre-Neuve‑et‑Labrador, je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser aux honorables députés aujourd'hui.
Le Fish, Food and Allied Workers Union représente tous les pêcheurs côtiers de notre province, ce qui comprend environ 3 000 propriétaires-exploitants et leur équipage. Nous comptons également parmi nos membres des usines de transformation de poisson, des sociétés de transport maritime, des entreprises de transformation des métaux, des fournisseurs du secteur de l'accueil et des brasseries dans toute la province.
Le FFAW reconnaît et apprécie la visite du à Port aux Basques pour constater par lui-même l'ampleur des destructions causées par l'ouragan Fiona, et nous sommes heureux d'apprendre l'annonce d'un fonds de 300 millions de dollars pour venir en aide aux Canadiens de l'Atlantique touchés.
Ce fonds, qui sera distribué sur deux ans pour aider à reconstruire l'infrastructure fédérale et communautaire à l'Île‑du‑Prince-Édouard, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve‑et‑Labrador, sera rapidement épuisé compte tenu de l'ampleur des réparations et des remplacements requis dans les trois provinces.
En outre, comme les changements climatiques continuent de rendre les conditions océaniques et la nature des systèmes de tempête de plus en plus volatiles, l'infrastructure côtière doit non seulement être réparée, mais aussi améliorée pour résister aux futurs défis. En raison de la nature urgente de notre industrie, l'incertitude quant aux délais de réalisation de ces travaux est très préoccupante.
Dans les heures et les jours qui ont suivi l'ouragan Fiona, notre syndicat a commencé à recevoir des rapports de pêcheurs de Burgeo, La Poile, Rose Blanche, Fox Roost, Port aux Basques et toutes les autres communautés de la côte sud-ouest, à propos du niveau de destruction dans leur région. Nous avons commencé à discuter avec le ministère provincial de la Justice et de la Sécurité publique, Pêches et Océans Canada et l'Agence de promotion économique du Canada au sujet des plans d'indemnisation et des formulaires de demande.
Une semaine seulement après la tempête, nous étions sur le terrain dans les communautés touchées pour commencer le processus de documenter les pertes et de demander une indemnisation. Au total, nous aidons 37 pêcheurs dans le cadre du processus de demande du programme des accords d'aide financière en cas de catastrophe. Ces 37 pêcheurs ont perdu près de 40 chafauds, 30 quais, huit rampes de mise à l'eau et trois navires de pêche. Ces étapes étaient remplies de casiers à homards, de chaluts à flétan et morue, de filets, de surgélateurs, de génératrices, de grappins, de cordage, de flotteurs et de tout ce qui est nécessaire pour exploiter l'entreprise de pêche.
À quelques mois seulement de la saison de pêche, les pêcheurs se posent de sérieuses questions, notamment sur le fardeau financier de la reconstruction: D'où viendra l'argent? Arrivera‑t‑il à temps? Où et comment vont-ils reconstruire? L'infrastructure de pêche est naturellement le long du littoral, mais les pêcheurs se demandent comment reconstruire de manière à rendre leur infrastructure plus résiliente. Dans certains cas, les berges ont énormément changé, ce qui rend impossible la reconstruction au même endroit.
Les pêcheurs s'inquiètent de l'incidence que la tempête aura sur la pêche au homard la saison prochaine. Comme le MPO l'a souligné dans son fameux gazouillis, des homards ont été projetés sur les rives pendant la tempête. Les dommages causés au fond de l'océan par l'énergie des vagues et la sédimentation sont en grande partie inconnus à ce stade‑ci. Des centaines de casiers et de filets ont été emportés par la mer, et les pêcheurs s'inquiètent des répercussions de la tempête sur leurs activités. Les pêcheurs s'inquiètent de l'incidence des pertes d'équipement sur les ressources halieutiques.
Le FFAW exhorte le gouvernement fédéral à soutenir la province de Terre-Neuve‑et‑Labrador à recouvrer les dépenses admissibles liées aux dommages et à fournir une indemnisation propre au secteur de la pêche afin de garantir que les actifs professionnels soient restaurés pour la saison de 2023. Ces 37 détenteurs de permis et entreprises représentent des millions de dollars en revenus pour une région très rurale et dépendante des ressources de notre province.
Ces dernières années, le ministère des Pêches et des Océans a investi des millions de dollars pour enlever les engins perdus et abandonnés dans tout le Canada atlantique. Notre syndicat a fièrement contribué à cette initiative. Nous recommandons que les investissements dans le retrait des débris marins et des engins de pêche soient augmentés pour retirer rapidement les engins perdus de l'écosystème marin.
De nombreuses incertitudes subsistent des mois après le passage de l'ouragan Fiona. Cependant, deux choses sont claires: premièrement, les programmes d'aide en cas de catastrophe doivent être prêts et répondre aux besoins de l'industrie de la pêche; deuxièmement, le gouvernement fédéral doit investir dans de nouvelles infrastructures résistantes aux tempêtes comme des brise-lames et des quais renforcés.
Il faut agir maintenant. Le FFAW est préparé à accélérer la consultation sur les programmes de soutien et à travailler avec le gouvernement pour faciliter l'octroi de l'aide financière.
Ne vous méprenez pas: sans un soutien économique concentré et immédiat de tous les ordres de gouvernement, l'industrie de la pêche sur la côte sud-ouest de l'île est compromise.
Je vous remercie du temps et de l'attention que vous accordez à cet enjeu très important cet après-midi.
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Merci, monsieur le président. Merci à vous tous de me donner l'occasion de comparaître aujourd'hui.
Je suis Peter Warris. Je suis le directeur des projets et de la liaison avec l'industrie du secteur de l'aquaculture de l'Île-du-Prince-Édouard.
En bref, l'industrie de l'aquaculture de l'Île-du-Prince-Édouard est une industrie d'élevage qui produit des fruits de mer. Ce n'est pas une pêcherie. C'est une différence fondamentale que je tiens à préciser. L'Île-du-Prince-Édouard est le plus grand producteur de moules en Amérique du Nord. C'est le plus grand producteur d'huîtres de la côte Est du Canada.
Nos pisciculteurs ont investi des milliers de dollars dans des infrastructures pour leurs baux, qui ne peuvent être enlevées avant ce type de tempête. Il y a des centaines de lignes et des milliers de cages ou de stocks dans une exploitation. Ils ne peuvent être coulés que pour les mettre à l'abri de ce type de tempête. Il est évident que les animaux qu'ils élèvent doivent rester dans l'eau pour survivre.
Les estimations des dommages causés à l'industrie de l'aquaculture de l'Île-du-Prince-Édouard comprennent les éléments suivants: la mortalité et la perte de mollusques et crustacés prêts à être commercialisés, qui vont entraîner des pénuries immédiates de produits, une réduction des exportations et une perte de revenus pour les pêcheurs; la perte de naissains de moules et d'huîtres, qui sont les animaux juvéniles qui constituent notre bétail pour les deux à quatre prochaines années, si bien que les répercussions vont être reportées et nuiront potentiellement aux parts du marché à l'avenir; et les infrastructures de location qui ont été endommagées ou emportées, y compris les cordes, les bouées, les ancres, les cages, etc.
Les infrastructures terrestres, y compris les bâtiments, les points de mise à l'eau et les quais, ont été endommagées. De même, pour nos piscicultures terrestres, d'importantes quantités de carburant ont dû être utilisées pour leurs génératrices de secours, sans lesquelles nous aurions enregistré des pertes de stocks beaucoup plus importantes.
À la lumière des commentaires que nous avons reçus jusqu'à présent, en partenariat avec la province et le MPO à l'échelle locale, nous estimons pour l'instant que les dommages s'élèvent à environ 74 millions de dollars. Cela va se poursuivre tout au long de l'hiver. Il faudra probablement des mois avant d'obtenir un chiffre définitif à ce sujet. En ce moment, beaucoup d'engins sont en train d'être coulés ou sont prêts pour l'arrivée des glaces. Nous ne verrons peut-être pas le niveau de mortalité avant le printemps.
De quoi le secteur de l'aquaculture a‑t‑il besoin dans l'immédiat?
Les petites exploitations seront, nous l'espérons, couvertes par le programme provincial existant d'aide financière en cas de catastrophe. Nous avons aidé nos membres à remplir la demande auprès de la Croix-Rouge. Cependant, ce programme est actuellement plafonné à 200 000 $. Pour beaucoup d'entre eux, ce n'est pas suffisant. Nous aimerions que ce plafond soit augmenté, peut-être jusqu'à 2 millions de dollars.
Les exploitants doivent savoir s'ils ont droit à une indemnisation, notamment pour le remplacement des engins et des infrastructures de location perdus ou endommagés, pour la perte de cultures et de semences commerciales, pour la main-d'œuvre nécessaire au nettoyage et pour le coût de la reconstruction.
Nous avons des entreprises de plus grande taille qui ne sont pas admissibles au programme existant, car elles comptent plus de 20 employés mais ont tout de même subi des dommages importants. Nous aimerions qu'un programme distinct soit élaboré, possiblement avec l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, ou APECA.
Si l'on se projette dans l'avenir, il n'existe pour l'instant aucun programme d'assurance raisonnable pour le secteur de l'aquaculture. Encore une fois, l'aquaculture est une industrie d'élevage. Nos membres ont besoin de soutien tout comme les autres agriculteurs canadiens. Nous aimerions que ce type de soutien soit dirigé par Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui comprend les besoins des agriculteurs. Certains programmes de soutien potentiellement appropriés, comme celui de la gestion des risques de l'entreprise, existent déjà dans le cadre du partenariat agricole canadien établi. Nous aimerions que l'aquaculture soit rendue admissible à ces types de programmes.
Un autre point concerne la planification future. Pour un grand nombre de quais et de ports pour petits bateaux qui ont été endommagés, il est difficile d'évaluer les besoins futurs en ce qui concerne ces types d'infrastructures lorsque les bâtiments d'aquaculture ne sont pas comptés ou considérés actuellement comme des ports pour petits bateaux. Ils ne sont pas considérés comme faisant partie de la flotte principale, même si, dans de nombreux cas, les bateaux de nos membres utilisent ces quais plus souvent et plus longtemps que les bateaux de pêche.
Pour connaître les besoins futurs du Canada en matière d'infrastructures maritimes, il faut inclure tout le monde dans ces consultations. Nous aimerions que les bâtiments d'aquaculture soient reconnus comme des utilisateurs officiels des ports pour petits bateaux.
Merci encore une fois du temps que vous m'accordez aujourd'hui.
Il se déroule raisonnablement bien. Comme je l'ai mentionné, nous avançons dans le processus des accords d'aide financière en cas de catastrophe, AAFCC. Je pense que d'ici la fin de semaine, nous aurons peut-être huit des 37 dossiers prêts à être soumis.
Si j'entre trop dans les détails, veuillez m'interrompre. La pierre d'achoppement ou la plus grande difficulté à laquelle nous sommes confrontés avec ce programme est de prouver la propriété de l'infrastructure qui se trouve dans cet espace de réserve marine, qui est, je crois, à 15 mètres de la limite des hautes eaux, et dont personnes n'est propriétaire. Si vous ne pouvez pas le posséder, vous ne pouvez pas assurer quoi que ce soit dans cet espace. Il n'y a pas non plus d'acte ou de titre de propriété, donc lorsqu'il s'agit de prouver la propriété pour obtenir ce financement, cela s'avère très difficile. C'est un problème sur lequel nous travaillons.
La province aide certainement en ce sens, mais il y a eu beaucoup d'obstacles à franchir, surtout pour les pêcheurs qui avaient une infrastructure de pêche dans des communautés réinstallées, disons, ou des communautés où les résidents ont été réinstallés il y a des années. Les gens ont essentiellement leur infrastructure de pêche là. Parfois, il y a une cabane. Il y a un quai, un chafaud et ce genre de choses. Cela a été très difficile, car il n'y a pas de conseil municipal en place qui puisse prouver ou fournir des documents justificatifs de la propriété de ces biens. Cela a donc été un combat.
L'autre limite que nous avons constatée avec ce programme est qu'il concerne les pertes non assurables. Les navires sont considérés comme assurables. Nous avons accusé trois pertes de navires dans cette région de la province, sur la côte sud-ouest. Ces personnes devaient passer par un programme différent, ce qui, je crois, était l'intention du financement de l'APECA comme une sorte de filet de sécurité pour les AAFCC. Nous attendons toujours les détails à ce sujet.
Ce sont là quelques-uns des défis auxquels nous sommes confrontés à l'heure actuelle.
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Merci, monsieur le président.
Je suis ravi de voir les témoins parmi nous. C'est toujours un plaisir de voir mes collègues.
Ma première question s'adresse à vous, madame Glynn. Je crois qu'il pourrait s'agir de notre dernière réunion pour cette étude précise. Nous nous sommes entretenus avec un large éventail d'intervenants, des représentants gouvernementaux aux ONG, sans oublier les pêcheurs et les transformateurs. Nous avons tous convenu que les ports pour petits bateaux ont tiré parti d'importants investissements, mais qu'il faut en faire bien plus, si on se fie à la dévastation de l'ouragan Fiona et aux futurs ouragans qui nous assailliront. Comme je suis en présence de personnes comme vous et notre autre témoin, je m'en voudrais de ne pas vous poser cette question: que signifient « se protéger pour l'avenir » et « rebâtir en mieux » pour des praticiens comme vous? Pouvez-vous nous donner votre avis? Si un montant, peu importe sa valeur, tombait du ciel demain, que feriez-vous en premier dans un port donné? Par où commenceriez-vous dans une usine de transformation près de l'eau?
Monsieur Warris, je vous poserai une question similaire.
Par où commenceriez-vous, madame Glynn? Analysons l'expression « se protéger pour l'avenir » pendant quelques instants. Du point de vue du groupe syndical Fish, Food and Allied Workers, quel sens prend l'expression pour les ports pour petits bateaux? Quel sens revêt-elle pour les pêcheurs côtiers? Pour les centres de transformation?
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Je vous remercie de la réponse.
Je ne suis pas un expert en protection pour l'avenir. Toutefois, vous discutez constamment avec vos membres de ce qui fonctionnerait et de ce qui ne fonctionnerait pas. Nous devons obtenir davantage de rétroaction de la part des praticiens sur le terrain afin de savoir comment se protéger pour l'avenir et mieux rebâtir.
Monsieur Warris, j'aimerais savoir si je peux vous poser le même type de question sur le plan de l'aquaculture. Vous nous en avez déjà glissé quelques mots.
Vous avez souligné que des pratiques exemplaires existent dans d'autres pays qui ont su mieux protéger l'aquaculture pour l'avenir et qui s'y sont pris de façon plus prudente et efficace. J'aimerais que nous discutions brièvement de la protection pour l'avenir dans votre milieu.
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Merci, monsieur le président.
Je vais poursuivre avec vous, monsieur Warris.
Vous avez parlé de la possibilité d'avoir pour votre secteur un programme comparable à celui qui existe en agriculture. Je suis assez favorable à cette idée. Je dois dire que j'ai siégé avec mon au comité d'urgence de l'agriculture qui a été mis en place lors de la pandémie, et nous nous sommes rendu compte que le programme avait beaucoup soutenu les agriculteurs pour d'autres raisons que les changements climatiques, bien que ceux-ci y soient probablement pour quelque chose dans la pandémie qui est survenue, mais cela, c'est un autre dossier. Quoi qu'il en soit, ce programme a bien aidé les agriculteurs à composer avec l'imprévisibilité. Cela leur a permis de sauver les meubles, comme on dit chez nous.
Pour ce qui est de la pêche d'élevage, il faut de l'équipement spécialisé. Est-ce qu'on pourrait mettre en place pour le secteur de la pêche un programme comme celui qui ressemble au programme en agriculture, c'est-à-dire un programme de gestion participative où le gouvernement, les pêcheurs et tous les intervenants du secteur de la pêche participeraient à la mise en place de fonds nécessaires?
Les pêcheurs sont-ils ouverts à l'idée qu'il y ait un programme d'aide financière qui permettrait d'avoir des fonds disponibles en situation de crise, par exemple lors de tempêtes qui surviennent en raison des changements climatiques? Il s'agirait d'un programme auquel participeraient à la fois les pêcheurs et le gouvernement.
Il ne faut pas attendre que le gouvernement réagisse après qu'une crise survient. Il faut plus de prévisibilité et il faut se donner des outils.
Ai-je bien compris ce que vous avez dit dans votre allocution?
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Merci, monsieur le président. Je suis heureuse de l'entendre.
Je remercie les témoins de leur présence. C'est un plaisir pour moi d'être de retour.
Madame Glynn, j'aimerais vous poser quelques questions sur des sujets que vous avez abordés dans votre discours préliminaire. Vous avez donné des précisions à mon collègue, M. Kelloway, également.
Vous parliez des infrastructures résilientes aux tempêtes. Je voulais m'assurer que nous comprenions bien quelle est la meilleure façon de procéder lorsque nous préparerons nos recommandations à l'intention du gouvernement.
Quelles devraient être les qualités et caractéristiques des infrastructures résilientes aux tempêtes? Dans quoi le gouvernement devrait‑il investir?
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Je vous remercie pour votre question, madame Barron.
Comme je l'ai dit plus tôt, nos membres nous ont fait quelques observations au sujet des quais et des débarcadères. Quelle hauteur doivent-ils avoir? Qu'est‑ce qu'on considère comme étant suffisamment haut? On m'a transmis des chiffres à ce sujet. À une certaine époque, un quai ou un débarcadère qui se situait à huit pieds au‑dessus de la limite des eaux hautes était suffisant. On a utilisé cette mesure pendant de nombreuses années sans problème. Il semble que cela ne soit plus suffisant. Dans l'une de nos collectivités, nous avions une structure patrimoniale en place depuis 140 ans. Elle avait résisté à 140 années de tempêtes sur la côte sud-ouest de Terre-Neuve, qui n'est pas un lieu très accueillant, même dans les circonstances les plus favorables. La tempête Fiona l'a détruite, en quelques heures.
Nous savons que nos structures ne suffisent plus; tout a été détruit. Le rivage a été complètement effacé. Il faut adopter une autre approche. Nous devons engager des experts en matière d'infrastructures marines et des ingénieurs pour mettre les nouvelles techniques et technologies en place.
La hauteur des quais et des débarcadères représente un facteur. Les pêcheurs nous parlent aussi constamment des brise-lames. Je crois que nous avons vu, dans certaines des présentations de la semaine dernière sur le Cap-Breton et l'Île-du-Prince-Édouard, que le dragage est très important dans certaines régions. Toutefois, étant donné le type de substrat que nous avons dans cette région de Terre-Neuve... Ce n'est pas tant le dragage qui est important; ce sont surtout les brise-glaces. Nous devons examiner les nouvelles techniques et technologies en matière de construction des brise-glaces, de sorte que les rivages et les infrastructures — les quais et les débarcadères — soient adéquatement protégés.
Cette information nous est importante, puisque nous devons nous assurer que les infrastructures qui seront reconstruites — et dans lesquelles nous investissons — seront durables, et qu'elles seront adaptées à chaque région, en fonction des éléments que vous venez de décrire. Cela nous est très utile.
Vous avez aussi parlé de l'équipement perdu et de l'importance de veiller à ce qu'il y ait en place des processus pour nous permettre d'être réceptifs et prêts à agir lorsqu'une catastrophe comme l'ouragan Fiona frappe. Pourriez-vous nous parler un peu de la prévention dans ce domaine?
Quelles mesures pourrions-nous prendre pour réduire les pertes d'équipement? Pourriez-vous nous dire ce que vous avez vu et ce que vous ont dit les pêcheurs à ce sujet?
Le changement le plus important serait la simplification du processus. Je crois que personne n'a été réellement surpris des événements catastrophiques et dévastateurs liés au climat, ou ne le sera lorsqu'un autre événement surviendra. En septembre, c'est l'est du Canada qui a été touché. Le mois prochain ou dans six mois, ce pourrait être le centre, l'ouest ou le nord.
C'est la réalité à laquelle nous devons faire face. Lorsque Fiona a frappé, d'une certaine façon, c'est comme si on recommençait à zéro et qu'on tentait de trouver des façons d'avoir recours à ces programmes — qui existaient déjà — pour l'industrie de la pêche. Nous savons que des événements de ce genre vont arriver, malheureusement, mais je crois que nous pourrions y être mieux préparés et avoir des processus en place pour y faire face.
Cela fait maintenant deux mois, ou neuf semaines que l'ouragan a frappé. Mon collègue et moi avons passé plusieurs semaines dans la région et avons beaucoup travaillé à ce dossier. Nous espérons enfin pouvoir transmettre certaines demandes au programme associé aux Accords d'aide financière en cas de catastrophe, et nous avons eu l'aide de la province pour répondre à certaines questions. Le processus est rapide, mais nous aimerions qu'il soit simplifié et qu'il assure une certaine prévisibilité. Je crois que c'est ce qui est difficile: les gens ne savent pas quels sont les éléments couverts; ils ne savent pas à quoi ressemblera l'indemnisation. Ils ne savent pas quelles sont les prochaines étapes.
Nous ne voulons pas minimiser l'importance d'une telle aide. Nous comprenons que nous dépensons l'argent des contribuables et que nous devons être redevables devant les Canadiens, mais si le processus de demande était un peu plus prévisible et plus simple, cela nous serait très utile.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de comparaître devant nous aujourd'hui et de nous transmettre ces renseignements très importants.
Monsieur Warris, mes questions s'adresseront surtout à vous. Je vous remercie de vous joindre à nous à partir de la magnifique Île-du-Prince-Édouard. J'ai eu le privilège de m'y rendre peu après l'ouragan Fiona. J'ai visité certains des quais qui ont été directement touchés — à Stanley Bridge, bien sûr, et à Rustico-Nord — et j'ai été témoin des effets directs sur votre communauté.
Les personnes qui vivent de l'industrie de la pêche nous ont dit qu'après la tempête, de nombreux politiciens se sont dépêchés de faire des promesses d'aide de toutes sortes. Nous voulons faire tout en notre possible pour veiller à ce que l'aide se rende aux bonnes personnes, mais souvent, après un certain temps, lorsque les politiciens sont rentrés chez eux, les gens sont laissés à eux-mêmes pour nettoyer les dégâts et gérer la situation. La clé est de veiller à ce que l'aide soit offerte rapidement, étant donné l'urgence de la situation, et à ce qu'elle soit offerte de manière continue aux provinces, surtout pour réparer ou rebâtir les quais qui ont été endommagés ou détruits par l'ouragan Fiona, afin que les pêcheurs et les membres de l'industrie de l'aquaculture qui ont été gravement touchés puissent reprendre leurs activités.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? À votre avis, est‑ce que l'aide a été offerte rapidement? Est‑ce que les quais sont réparés rapidement? Croyez-vous que les pêcheurs pourront retourner sur l'eau et reprendre leurs activités bientôt?
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Je ne peux pas vous parler des quais de manière précise. Nos membres utilisent les quais pour petits bateaux et d'autres points de lancement gérés par le gouvernement provincial. Nous sommes heureux de savoir que des fonds sont consacrés au développement et à la protection des ports et des autres infrastructures.
En ce qui a trait au programme offert pour aider les petits employeurs à réparer les dégâts causés par la tempête, il y a eu beaucoup d'incertitude au sujet de ce qui allait être couvert. L'incertitude demeure, d'ailleurs, quant à l'avenir. La Croix-Rouge, qui gère le programme, a dit qu'elle allait aider nos membres à s'en sortir. Nous les aidons avec le processus de demande. L'aide ne sera pas immédiate et ne doit pas nécessairement l'être pour tout le monde. Comme je l'ai dit plus tôt, certains membres ne verront pas les dommages qui ont été causés avant que l'hiver ne soit plus avancé. Nous ne voulons donc pas qu'ils se dépêchent de présenter une demande pour ensuite constater qu'ils auront beaucoup plus de dépenses que ce qu'ils avaient prévu au départ.
À mon avis, il faudrait que les membres de l'industrie de l'aquaculture aient accès au PCA ou à un programme semblable, dès le départ. À l'heure actuelle, le programme provincial est général et s'adresse à tout le monde.
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Merci, monsieur le président.
Aux fins du compte rendu, un certain nombre de personnes ont comparu devant le Comité pour parler des ports pour petits bateaux et de la nécessité d'injecter des fonds de toute urgence, mais ils se sont aussi prononcés sur la tergiversation de certains politiciens. Dans le récent énoncé économique de l'automne, le gouvernement avait prévu 1 milliard de dollars — je le répète, 1 milliard — pour les urgences... et 300 millions de dollars pour les ports pour petits bateaux. L'opposition officielle a voté contre les deux, alors tant pis pour l'importance de la reconstruction après l'ouragan Fiona.
Je vais maintenant m'adresser à M. Warris.
Vous avez fait une déclaration, et j'aimerais que vous nous donniez plus de précisions. L'Île‑du‑Prince-Édouard est unique du point de vue de l'industrie des moules. Nous pouvons voir les dommages immédiats causés aux infrastructures, aux ports pour petits bateaux et aux régions avoisinantes. Nous avons entendu beaucoup de témoignages à ce sujet.
Nous ne pouvons pas voir les effets sur la mytiliculture, puisqu'elle se fait sous l'eau. Je veux que le Comité prenne la pleine mesure des dommages, qui se poursuivront pendant quelques années. Pouvez-vous expliquer au Comité pourquoi il faudra un certain nombre d'années pour que cette industrie se rétablisse, et quelles mesures devons-nous prendre pour l'aider entretemps?
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Je vous remercie de votre question.
Dans l'immédiat, en raison de la perte de produits — des produits prêts à être commercialisés —, il est évident que tout cela s'est volatilisé. Il y aura donc des conséquences sur les marchés. La majorité des mollusques et crustacés produits à l'Île‑du‑Prince-Édouard sont exportés; cela vaut certainement pour la province et, dans bien des cas, pour le pays. C'est un bon moteur économique pour la province. Les effets sont immédiats.
Les infrastructures qui ont été endommagées au point de ne plus être utilisables, ou qui ont été carrément détruites, auront pour effet de limiter la capacité de cultiver ces produits. Dans l'état actuel des choses, ces zones ne se prêtent plus à l'élevage; il faut donc reconstruire le tout. Dans de nombreux cas, les producteurs auront besoin d'un soutien financier pour y arriver, et il faudra le faire pendant l'hiver.
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J'aimerais formuler quelques commentaires à l'intention des nouveaux témoins.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez à la séance par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro et mettez‑le en mode sourdine lorsque vous n'avez pas la parole.
En ce qui concerne les services d'interprétation pour ceux qui participent par Zoom, vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Pour ceux présents dans la salle, vous pouvez évidemment — et vous y êtes sans doute bien habitués — utiliser l'écouteur et choisir le canal souhaité.
J'aimerais maintenant vous présenter nos témoins.
Nous recevons des représentants du ministère. Il y a, bien sûr, M. Adam Burns, sous-ministre adjoint par intérim, Gestion des pêches et des ports; Chris Henderson, sous-commissaire, Opérations; Stephanie Hopper, directrice générale, Programme des ports pour petits bateaux; Gary Ivany, commissaire adjoint, Région de l'Atlantique, Garde côtière canadienne; Mme Lori Cuddy, directrice de secteur, Île‑du‑Prince-Édouard, par vidéoconférence; et M. Doug Wentzell, directeur général régional, Région des Maritimes, également par vidéoconférence.
Merci à tous de prendre le temps de comparaître devant le Comité aujourd'hui.
Vous disposez d'au plus cinq minutes pour faire une déclaration liminaire.
Je crois, monsieur Burns, que c'est vous qui allez au moins commencer. Je ne sais pas si vous comptez utiliser la totalité des cinq minutes ou non, mais la parole est à vous.
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Je vais voir ce que je peux faire. Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs les députés.
Pêches et Océans Canada est chargé de gérer de façon durable les ressources halieutiques et océaniques du Canada et de protéger nos eaux, tout en appuyant la croissance économique du secteur maritime et du secteur des pêches. Puisque le Canada a le plus long littoral au monde, les zones marines et côtières constituent un élément essentiel de notre pays, de notre économie et de nos moyens de subsistance.
Cependant, le climat continue de changer, tout comme nos eaux. L'élévation du niveau de la mer, la réduction de la glace de mer et l'augmentation de la fréquence et de la gravité des tempêtes et des ondes de tempête endommagent nos rivages et nos infrastructures côtières, en particulier les ports pour petits bateaux du Canada.
[Français]
Le Programme des ports pour petits bateaux est responsable d'approximativement 1 000 ports. Ensemble, ces ports représentent plus de 10 000 structures dont la valeur totale est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Plus de 5 000 bénévoles participent chaque année au Programme par l'intermédiaire d'administrations portuaires locales qui contribuent à maintenir ouverts les ports essentiels à l'industrie de la pêche, afin qu'ils puissent offrir aux pêcheurs commerciaux et aux autres utilisateurs des installations sécuritaires et accessibles.
[Traduction]
L'ouragan Fiona a eu de très lourdes répercussions, notamment la perte d'un nombre important d'engins de pêche dans diverses exploitations halieutiques et aquacoles actives et les dommages causés à plus de 140 ports pour petits bateaux dans le Canada atlantique et l'Est du Québec.
Afin de remédier à une partie de la dévastation causée par cette tempête, un montant de 300 millions de dollars a été annoncé au début octobre dans le cadre du Fonds de rétablissement de l’ouragan. De cette somme, 100 millions de dollars serviront à soutenir les travaux immédiats et urgents pour récupérer les engins de pêche perdus et réparer un grand nombre de nos ports pour petits bateaux.
Depuis cette tempête record, le personnel de notre Programme des ports pour petits bateaux a travaillé avec diligence avec les administrations portuaires locales pour faire en sorte que les ports soient nettoyés et que les réparations urgentes soient effectuées.
L’ouragan Fiona a également entraîné un besoin accru de dragage dans un certain nombre de ports en raison de l'érosion côtière importante. Les travaux de dragage se poursuivent dans les ports touchés en ce moment même.
Notre Programme des ports pour petits bateaux a continué et continuera de travailler et d'effectuer des évaluations approfondies des dommages afin de procéder à des réparations à plus long terme. Nous sommes convaincus que bon nombre des ports touchés seront opérationnels au printemps.
En plus des dommages causés à nos ports pour petits bateaux, l'ouragan Fiona a eu une incidence considérable sur une grande quantité d'engins de pêche. À ce jour, les pêcheurs estiment que des dizaines de milliers d'unités de divers engins de pêche ont été perdues en raison de la dérive des engins et des dommages causés aux infrastructures. Un financement a été accordé pour renforcer le Fonds pour les engins fantômes de Pêches et Océans Canada, qui soutient la prise de mesures concrètes pour prévenir, récupérer et éliminer de façon responsable les engins de pêche perdus. Pour l'instant, un montant supplémentaire de 1,5 million de dollars a été versé au Fonds pour les engins fantômes afin d'entreprendre des activités immédiates de nettoyage d'engins essentiels, et 28,4 millions de dollars ont été débloqués pour les propositions qui seront présentées. L'appel de propositions est déjà lancé, et les candidatures seront acceptées jusqu'au 28 décembre 2022.
Merci de nous avoir donné l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins.
Si je peux poursuivre sur le même sujet, monsieur Burns, d'après les témoignages que nous avons entendus, je crois comprendre qu'aucun contrat d'ingénierie n'a encore été attribué pour la conception de certains des quais qui doivent être réparés, surtout ceux qui ont été démolis. Je crois que, selon une estimation antérieure du ministère des Pêches et des Océans, une vingtaine de quais ont été démolis.
Bien entendu, il faut aussi se demander si on dispose des matériaux et de la main-d'œuvre nécessaires pour effectuer les travaux dans ce délai. Pouvez-vous peut-être nous expliquer un peu plus comment ces travaux seront réalisés d'ici le printemps?
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Merci, monsieur le président.
Encore une fois, mon intervention commence par une observation. Qu'il s'agisse de cent, de trois cents ou d'un milliard, nous discutons de ce qui est nécessaire pour améliorer l'infrastructure des ports pour petits bateaux. Quel que soit le montant, l'opposition officielle a voté contre l'octroi de fonds supplémentaires à la côte Est pour l'aider après l'ouragan Fiona.
Ce qui me préoccupe — et c'est un point sur lequel je suis d'accord avec les députés de l'opposition —, c'est le temps qu'il faut pour que les projets soient conçus, fassent l'objet d'un appel d'offres et que le travail commence. J'aimerais que les gens du ministère me disent s'il existe des moyens de simplifier et d'accélérer le processus qui mène à la réalisation des travaux.
Je vais commencer par M. Burns, puis je demanderai à Mme Cuddy de nous dire comment nous pouvons améliorer les délais d'approbation et de livraison des projets, en ce qui a trait aux ports pour petits bateaux.
Allez‑y, monsieur Burns.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence. Nous savons qu'ils ont énormément de choses à gérer, en cette situation de crise où tout le monde agite son drapeau en même temps. C'est un dossier assez complexe et je leur exprime toute ma sympathie.
Pour ma part, évidemment, je suis préoccupée davantage par la situation au Québec. J'ai proposé une étude sur les ports pour petits bateaux, que le Comité entreprendra bientôt, et je crois que l'ouragan Fiona aura mis en lumière l'urgence de procéder à cette étude.
En attendant, avez-vous une idée du nombre de ports en décrépitude au Québec qu'il faudra rapidement remettre à niveau?
Avez-vous évalué ce que cela va coûter pour le Québec? Faites-vous une évaluation pour chaque province?
Je suis allée aux Îles‑de‑la‑Madeleine avant l'ouragan Fiona, et la situation au quai de Cap‑aux‑Meules était déjà complexe, étant donné que celui-ci relève en partie de Transports Canada, supposément, et en partie de Pêches et Océans Canada. On a installé une espèce de chaland pour augmenter l'espace d'accostage. Cependant, cela ne fonctionne pas quand les bateaux arrivent chargés de poissons ou de homards. J'ai vu des pêcheurs qui devaient manœuvrer pour attacher leur bateau au chaland et permettre à leurs collègues de débarquer leur cargaison, parce que le chaland ne leur permettait pas de le faire. Or, Dieu sait que l'activité économique principale des Îles‑de‑la‑Madeleine est la pêche au homard, et tout cela complexifie la situation. L'ouragan Fiona s'est ajouté à cela et a mis en lumière les urgences vécues aux Îles‑de‑la‑Madeleine et dans différents ports des deux rives du Québec.
Y avait-il un plan avant Fiona et, le cas échéant, a-t-il été modifié? Vous en avez déjà fait beaucoup, comme on l'a vu, mais, s'il était urgent de faire une étude sur les ports pour petits bateaux, c'est parce qu'il y en avait encore beaucoup à faire.
Maintenant que l'ouragan Fiona est passé, êtes-vous en mesure de nous donner un ordre de grandeur des coûts additionnels qu'il aura entraînés, par rapport à ce que vous aviez prévu?
Est-ce que ma question est claire?
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Je vous remercie de cette question.
Je commencerai par souligner que pour nous, à la Garde côtière, le fait de répondre aux urgences est notre quotidien. C'est quelque chose que nous allons toujours faire. Malheureusement, je pense que nous devrons toujours répondre aux problèmes occasionnés par les événements météorologiques extrêmes.
Nous allons continuer d'essayer de bien faire les choses. Nous déployons beaucoup d'efforts pour nous assurer que nos nouvelles infrastructures sont résistantes aux conditions climatiques. Par exemple, nous avons construit de nouvelles stations de recherche et de sauvetage, certaines au Canada atlantique et d'autres en Colombie-Britannique. Ces stations ont été construites selon les meilleures normes connues et disponibles à l'heure actuelle.
En ce qui concerne la consultation, il est certain que, par le passé, nous n'avons pas toujours bien fait les choses. Or, il y a eu des changements et, désormais, nous menons des consultations, et je peux vous donner un exemple de cela. À Port Hardy, sur l'île de Vancouver, nous avons construit une station de recherche et de sauvetage sans consultations préalables, et cela nous a été reprochés. Nous avons ensuite construit un nouveau dépôt d'intervention environnementale en étroite consultation avec la Première Nation Kwakiutl, et ce fut une expérience très réussie. Il s'agit d'une installation robuste. Elle est construite en hauteur, hors de l'eau, et elle est très spacieuse. Elle s'adapte à la marée montante et elle a beaucoup de capacité excédentaire en prévision de l'avenir.
Nous adoptons ces façons de faire au fur et à mesure que nous avançons. Nous examinons rétroactivement les installations qui nécessitent des travaux supplémentaires. Dans le cadre du plan de renouvellement de la flotte, nous intégrons la notion de résistance aux changements climatiques dans nos nouveaux navires afin de nous doter de bâtiments qui tiennent mieux la mer, qui sont mieux conçus et qui polluent moins. Nous savons que nous construisons des navires qui peuvent aller plus loin et qui ont de meilleures capacités de recherche et de sauvetage. Nos canots de sauvetage de classe Bay, par exemple, peuvent aller plus loin; ils peuvent faire plus que les navires qu'ils remplacent. Nous pensons que nous serons mieux outillés pour faire face aux conséquences navrantes des conditions météorologiques extrêmes lorsque ces dernières nous tomberont dessus, inévitablement.
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Merci beaucoup de cette question.
La Garde côtière canadienne de la Région de l'Atlantique a malheureusement dû faire face à des phénomènes météorologiques violents au cours des dernières années. Nous avions déjà un très bon plan. Nous avons passé beaucoup de temps à nous préparer dans les jours qui ont précédé l'ouragan. Grâce à toute cette bonne planification et aux ressources que nous avons mises en place en prévision de cela, les infrastructures flottantes de la Garde côtière n'ont pas souffert outre mesure. Tous nos navires étaient bien positionnés en retrait de la tempête et prêts à intervenir.
Les navigateurs du Canada atlantique ont vraiment tenu compte des avertissements concernant cette tempête et sont restés à l'écart. Des navires de croisière se sont déplacés vers différents ports. Les pétroliers et les traversiers ont tous fait ce qu'il fallait en se plaçant aux bons endroits, loin de l'impact direct de la tempête.
Les répercussions directes sur la Garde côtière du Canada atlantique, sur les actifs flottants, ont été très modestes. Notre collège du Cap-Breton a bien subi quelques dommages, mais notre personnel, nos officiers et nos officiers en formation qui étaient sur place ont rapidement transformé cette situation négative en quelque chose de très positif. Ils ont ouvert le collège sur l'alimentation de secours et ils ont préparé de la nourriture pour les citoyens environnants qui avaient besoin d'aide; ils leur ont prêté main-forte.
Je vais essayer d'être bref.
Dans cet excellent rapport du Comité que, je pense, vous avez présidé en 2019, monsieur le président, Pêches et Océans Canada affirmait « qu'à cause des changements climatiques, il fallait non seulement faire des dragages plus fréquents, mais aussi des réparations plus importantes après des tempêtes violentes ». Le rapport fait ensuite état d'un quai du Nouveau-Brunswick mis à mal par les vagues. Évidemment, aucun travail n'a été fait, car c'est celui qui a été touché par Fiona.
Avez-vous une évaluation de l'état de tous les quais des ports pour petits bateaux dans le Canada atlantique et savez-vous s'ils sont aptes à résister à ce genre de tempêtes?
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Merci, monsieur le président.
Je sais que l'ouragan Fiona a été un peu plus dévastateur dans d'autres provinces que le Nouveau‑Brunswick, mais je sais aussi que, dans le Sud‑Est du Nouveau‑Brunswick, certains quais ont été lourdement endommagés.
Ma première question concerne les quais dans le Nord‑Est du Nouveau‑Brunswick, plus particulièrement ceux situés dans ma circonscription, Acadie—Bathurst. Même si l'ouragan Fiona n'y a pas été aussi violent que dans d'autres régions, il y a eu des dommages. Certains quais ont été endommagés. De plus, il y a eu des problèmes d'ensablement à l'entrée de certains quais. Par conséquent, les pêcheurs vont certainement avoir de la misère à aller pêcher en mer lors de la prochaine saison.
Avez-vous fait une évaluation des dommages causés dans les ports du Nord‑Est du Nouveau‑Brunswick, y compris les problèmes d'ensablement vécus par certains d'entre eux?
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Merci, monsieur le président.
J'ai envie de vous demander quel est le principal obstacle empêchant qu'il y ait un peu plus de prévisibilité. Je rejoins l'opinion de mon collègue M. Cormier sur ce point. Sur le terrain, il y a de toute évidence des problèmes récurrents, saison après saison. Je le vis à L'Isle‑aux‑Coudres: chaque année, le quai s'ensable et l'équipe de dragage intervient. Le problème est parfois exacerbé par les tempêtes et il faut alors évaluer le volume de sable à draguer, mais on sait néanmoins que le problème de l'ensablement revient chaque année.
Comment peut-on faire pour instaurer plus de prévisibilité face à ce type de problèmes récurrents? Bien des choses sont imprévisibles dans les changements climatiques, mais certaines choses peuvent être prévues et pourraient être gérées plus efficacement et de façon plus fonctionnelle pour les gens sur le terrain. Cela les rassurerait. Les pêcheurs sauraient que les travaux sont faits.
Je ne vous critique pas; je veux juste savoir ce qui peut être fait pour augmenter la prévisibilité de ces activités récurrentes.
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D'accord. L'heure avance. Merci.
J'aimerais revenir un peu sur ma dernière question, qui portait sur la gravité des dommages subis par les quais plus anciens. Les responsables des ports pour petits bateaux de ma région m'ont dit que dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, ils ont besoin de 600 millions de dollars. Nous sommes loin de ce montant.
Les responsables des ports pour petits bateaux envisagent-ils de construire de façon différente — je n'aime pas l'expression « reconstruire en mieux » — pour essayer de bâtir des infrastructures plus solides, plus résilientes, à l'aide de types de structures plus solides que nos structures traditionnelles en bois? Je vois que sur la côte Ouest, on utilise beaucoup de pylônes en acier et de ponts flottants en béton, etc.
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Merci, monsieur le président.
En ce qui concerne les dommages causés, de nombreux témoins nous ont dit que les structures en place depuis un certain temps ont été submergées par les conditions météorologiques de l'ouragan Fiona. Je me demande simplement si vous avez formulé des observations, si votre personnel en a formulé, ou si vous disposez de données océanographiques, pour savoir si le mauvais temps nous frappe d'une direction différente maintenant. Faisons-nous face à des modifications des courants, par exemple, qui poussent vers d'autres zones certaines des espèces que les pêcheurs pêchent?
Je me demande simplement si, dans le cadre de votre évaluation et de la reconstruction de certains ports pour petits bateaux, vous devrez procéder de manière sensiblement différente parce que, comme je l'ai dit, les courants et les conditions météorologiques changent.
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Merci, monsieur Hardie.
Il ne vous reste que quatre secondes, ce qui ne vous laisse pas beaucoup de temps pour poser une question. Si je vous le permettais, vous tenteriez probablement d'en glisser une en douce, juste avant que je vous signale que votre temps est écoulé.
Je tiens à remercier les fonctionnaires d'avoir comparu devant le Comité aujourd'hui, en personne ou par vidéoconférence, d'avoir partagé leurs connaissances et d'avoir répondu aux nombreuses questions. Je pense que certains d'entre vous seront de retour vendredi, lorsque la comparaîtra devant le Comité au sujet du Budget supplémentaire des dépenses, alors nous vous accueillerons de nouveau.
Je vais dire quelque chose à Mme Hopper au sujet du dragage, parce qu'elle l'a mentionné dans son témoignage. Sur la côte Est, ou dans la partie Est de Terre-Neuve, on lance généralement une offre à commandes qui couvre toute la partie est de la province. Un seul entrepreneur obtient le contrat, mais il doit être en mesure de fournir ce service. Il se déplacera d'un port à l'autre, en fonction des besoins, afin de procéder au dragage. Ce travail est géré au moyen d'une offre à commandes. Je pense que ce pourrait être... l'offre comporte une limite. La valeur du contrat pourrait s'élever à 240 000 $ au total, mais l'entrepreneur fera tout le dragage demandé jusqu'à ce que ce montant soit épuisé. Ensuite, il leur appartient de décider s'ils veulent réattribuer le travail ou non. Cela semble fonctionner assez bien, car vous avez la garantie que le dragage sera effectué quand cela sera nécessaire ou avant le début de la saison de pêche.
J'ai pensé une fois de plus que je devais ajouter cette information. Je pense que c'est Travaux publics Canada qui s'occupe du processus d'appel d'offres, si je ne me trompe pas.
Je remercie encore une fois tous les participants d'avoir pris part à une autre réunion exceptionnelle.
Vous avez la parole, madame Desbiens.