:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 10e séance du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 18 janvier 2022, le Comité reprend son étude sur la traçabilité du poisson et des produits de la mer.
La séance se déroule bien entendu en format hybride, conformément à l'ordre pris par la Chambre le 25 novembre 2021. Des services d'interprétation sont offerts pendant la séance. Si vous perdez l'interprétation, veuillez m'en informer immédiatement et nous veillerons à ce qu'elle soit rétablie avant de poursuivre.
Nous recevons un certain nombre de témoins, mais avant de les présenter, je dirai que la greffière m'a averti que le volume est très élevé dans la pièce. Il vaudrait beaucoup mieux que les députés désactivent leur micro et utilisent leur casque d'écoute, car la situation pourrait empêcher les interprètes de suivre la séance comme ils le voudraient.
Pour ce qui est des témoins, nous recevons M. Charlebois, professeur au Laboratoire des sciences analytiques en agroalimentaire de l'Université Dalhousie, qui témoigne à titre personnel; Laura Boivin, présidente-directrice générale de Fumoir Grizzly incorporé; et M. Scott Zimmerman, président-directeur général de Safe Quality Seafood Associates. Il y a deux noms avec « Zimmer » dedans. Voilà qui pourrait poser un problème.
Nous entendrons maintenant l'exposé de M. Charlebois, qui dispose de cinq minutes.
:
Je remercie le président, les membres du Comité, les autres témoins et les participants.
Je veux remercier le Comité de m'avoir invité à traiter de l'industrie des produits de la mer et de la traçabilité. Étant originaire de la Nouvelle-Écosse, où l'industrie du poisson et des produits de la mer joue un rôle de premier plan dans l'économie, je me sens privilégié de m'adresser à vous aujourd'hui.
Au fil des ans, de nombreux rapports publiés au Canada ont laissé entendre que les cas de fraude relatifs aux produits de la mer abondent ici. Nous pensons qu'entre 25 et 60 % des poissons et produits de la mer servis dans les restaurants canadiens sont mal étiquetés, ce pourcentage étant de 10 à 15 % pour les produits vendus au détail au Canada. Même si la fraude relative aux produits de la mer est un problème mondial, on sait que le Canada tire de l'arrière par rapport à d'autres pays sur le plan de la traçabilité.
Aujourd'hui, je voudrais présenter au Comité les principales grandes recommandations suivantes afin d'établir un programme plus fort de traçabilité des produits de la mer au Canada.
La première recommandation concerne le fait que les industries du poisson et des produits de la mer forment une entreprise mondiale. Toute approche exhaustive en matière de traçabilité doit donc tenir compte de ce fait. Le déficit actuel d'obligations normalisées en matière d'information dans le secteur nuit à l'interopérabilité et, par conséquent, à la transparence et à la traçabilité. Cela a des répercussions sur l'efficacité des entreprises et établit les conditions propices aux activités illicites. Il existe de nombreuses technologies, mais elles ne vont pas assez loin. Si nous pensons que la pêche durable est possible, des programmes comme le Marine Stewardship Council — un organisme sans but lucratif que le Comité a invité, je pense — peuvent permettre de discipliner l'ensemble de l'industrie tout en rassurant la population. Ce genre de modèle fait fi des frontières. Cette certification stricte de la chaîne d'approvisionnement, qui repose sur des tests d'ADN aléatoires, fait en sorte que les produits de la mer certifiés par le Marine Stewardship Council sont toujours étiquetés correctement et sont gardés séparément des produits non certifiés. C'est un modèle valable dont l'utilisation devrait être encouragée.
La deuxième recommandation concerne le fait que la traçabilité est un outil, qui a déjà fait ses preuves dans d'autres industries, comme celles des produits pharmaceutiques, des pièces automobiles, de la haute technologie et de l'aéronautique. Si les exigences réglementaires en matière de salubrité des aliments ont initialement favorisé l'adoption de systèmes et de pratiques de traçabilité, ce sont les avantages commerciaux et financiers relatifs à l'intégrité alimentaire qui en encourageront et en maintiendront l'utilisation. De nombreuses technologies existent déjà, mais fonctionnent principalement selon le principe de la traçabilité à un échelon en amont et à un échelon en aval. Dans les industries du poisson et des produits de la mer, cela ne suffit pas. De nos jours, l'intégrité des aliments et la menace de la fraude alimentaire constituent certainement un facteur de motivation, et nos recherches indiquent que l'intégrité des aliments a plus de poids sur le marché que la salubrité des aliments. En récompensant les entreprises qui adoptent de meilleures pratiques de traçabilité transversale, on ferait un pas en avant. Il serait aussi essentiel d'encourager le recours à des technologies comme la visionique, l'Internet des objets et des chaînes de blocs pour automatiser les processus et éviter les erreurs humaines et les tromperies.
La troisième recommandation concerne le fait que les entreprises de produits de la mer qui cherchent à offrir une valeur optimale aux consommateurs utilisent déjà des données pertinentes, fiables et facilement accessibles sur leurs produits afin d'avoir un avantage sur la concurrence et prendre de l'expansion. Même si des progrès ont été accomplis à l'échelle mondiale afin de réduire la pêche illicite, non déclarée ou non réglementée, des informations récentes donnent à penser que le fait de connaître les conséquences des activités illégales ne décourage pas les contrevenants. Les Canadiens ne sont peut-être pas au fait du problème. Il serait donc essentiel de sensibiliser la population à propos de la fraude alimentaire.
Je voudrais remercier le Comité de m'avoir écouté. Ce sont là mes principales recommandations. Je répondrai à toutes les questions que le Comité voudrait me poser.
Je vous remercie infiniment de me recevoir aujourd'hui. C'est un honneur pour moi de pouvoir m'adresser à vous.
Je suis Laura Boivin, présidente et coactionnaire de Fumoir Grizzly depuis maintenant 12 ans. Fumoir Grizzly est une PME située dans la province de Québec. Nous avons actuellement 95 employés et nous produisons plusieurs espèces de saumon ainsi que du thon, majoritairement du saumon fumé et des tartares qui sont distribués chez la plupart des détaillants et dans les restaurants, les hôtels et les institutions.
Nous transformons cinq espèces de poisson, soit du saumon sockeye sauvage, du saumon kéta sauvage, du saumon coho, du saumon atlantique, de la truite d'élevage et du thon.
Aujourd'hui, je voudrais vous signaler quelques éléments importants qui concernent Fumoir Grizzly en tant qu'entreprise de transformation du poisson. Je n'ai pas nécessairement une panoplie de recommandations à vous faire, mais j'aurai plutôt des demandes à vous présenter.
D'abord, ce qui prête à confusion pour le consommateur, c'est la provenance des poissons. Sur les emballages des produits d'importation, on va indiquer la provenance liée à la transformation, à l'élevage ou à la capture du poisson. Ce n'est pas clair et il y a beaucoup de confusion. J'ai vu moi-même plusieurs étiquettes sur des emballages en épicerie qui ne mentionnaient pas les bons renseignements, ce qui signifie que le consommateur final était mal informé.
Certaines étiquettes apposées sur les emballages contiennent aussi des allégations qui ne peuvent pas être vérifiées ou qui ne sont pas vérifiables. On peut donc dire à peu près n'importe quoi. Je pense simplement aux mentions « sans antibiotiques » ou « avec antibiotiques » qui se retrouvent parfois sur les emballages. À quel stade de la chaîne de valeur de l'entreprise a-t-on utilisé ou non des antibiotiques? Il n'y a pas de règles précises à ce sujet et, à mon sens, les règles peuvent créer de la confusion chez le consommateur final.
Ensuite, il y a aussi l'appellation des poissons à proprement parler. Dans notre secteur d'activité, nous avons le saumon atlantique. Il y a déjà eu des campagnes de publicité pour informer le consommateur final, mais le nom du saumon atlantique n'est pas lié à sa provenance, mais plutôt à une génétique différente qui est propre à l'espèce salmo salar. Il peut provenir de la Colombie‑Britannique, du Chili ou de la Norvège. Le consommateur final n'est pas au courant.
Quant à la génétique, il peut également y avoir de la confusion en ce qui concerne le saumon du Pacifique, puisqu'un saumon d'élevage pourrait avoir grandi dans l'océan Pacifique au Chili. Un saumon sauvage peut être du saumon sockeye, king ou kéta. L'emballage peut simplement indiquer qu'il s'agit de saumon sauvage du Pacifique, alors qu'il pourrait aussi bien s'agir d'un poisson que l'on retrouve en abondance dans l'océan que d'un poisson rare, dont les prix sont très différents.
J'aimerais aborder la question du saumon transgénique. Je ne sais pas si les membres du Comité en ont entendu parler. Nous avons pris connaissance de l'existence de ce saumon il y a quelques années. Il y a eu beaucoup de commentaires d'indignation de la part de chaînes d'épiceries qui ont refusé d'en vendre. La situation du saumon transgénique est particulière au Canada, puisqu'il n'y a pas d'obligation pour ce qui est de mentionner qu'il s'agit de saumon transgénique sur l'étiquette de l'emballage, que ce soit dans les restaurants, au comptoir des poissonneries ou à n'importe quel endroit où il sera consommé. Le consommateur final ne sait donc pas s'il consomme du saumon transgénique ou non.
Cela étant dit, aucun problème de santé n'est lié au saumon transgénique. Je n'ai pas de position formelle là-dessus, si ce n'est que de dire que ce n'est pas mentionné et que l'on devrait aborder cette question, dans un contexte où l'on veut accorder de l'importance à la traçabilité des poissons.
De façon générale, je terminerai en vous disant que les fournisseurs et les transformateurs de poisson doivent se conformer à de nombreuses normes en matière de traçabilité. Fumoir Grizzly applique les normes liées à l'analyse des risques aux points critiques, ou HACCP, et l'entreprise est aussi certifiée par le programme Safe Quality Food, ou SQF, et par l'Aquaculture Stewardship Council, ou ASC. De plus, nos fournisseurs sont certifiés par le Marine Stewardship Council, ou MSC, et par le programme Best Aquaculture Practices, ou BAP. Il y a beaucoup de règles liées à la traçabilité, et cela nécessite des systèmes intégrés dans les usines de transformation.
Mon seul commentaire, ce matin, c'est qu'il ne faudrait pas ajouter aux coûts de transformation, qui sont déjà très élevés. L'ajout de règles quant à la traçabilité, compte tenu des systèmes de certification qui sont déjà en place, occasionnerait probablement des coûts et ne nous éviterait pas d'avoir besoin de ces certifications.
Fumoir Grizzly a présenté une demande de certification ASC la semaine dernière relativement à la traçabilité. Elle a fait l'objet d'audits, et la seule chose que nous avons dû changer dans notre processus, c'est la position du logo sur les caisses de notre fournisseur. La certification auprès de cet organisme va se traduire par des coûts supplémentaires représentant 0,05 % du volume des ventes. Au bout du compte, il a été constaté que la traçabilité était bien assurée chez Fumoir Grizzly.
Il faut tenir compte du fait que des organismes de certification existent déjà, et que nous y adhérons en tant qu'entreprise de transformation. Il faut éviter les coûts supplémentaires et, surtout, il faut faire en sorte que nos règlements et nos certifications actuelles soient appliqués à tous les produits, y compris ceux qui sont exportés vers le Canada.
Je vous remercie de votre attention. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
:
Bonjour à tous et merci de m'avoir invité à témoigner. C'est pour moi un honneur de m'adresser au gouvernement du Canada. Je vous remercie donc de prendre le temps de me recevoir.
Je m'appelle Scott Zimmerman. Je suis propriétaire d'une entreprise appelée Safe Quality Seafood Associates, laquelle propose des services de consultants. J'offre essentiellement des services externes d'assurance et de contrôle de la qualité. Je travaille pour l'industrie et la Food and Drug Administration, ou FDA, m'attaquant aux questions de conformité dans l'industrie des produits de la mer.
Aujourd'hui, je vous parlerai brièvement des règlements de la FDA et de la National Oceanic and Atmospheric Administration, ou NOAA, et des exigences de tierces parties en matière de traçabilité aux États-Unis.
Le premier sujet dont je veux traiter est une nouvelle règle que la FDA propose afin d'imposer des exigences en matière de traçabilité qui s'ajouteraient aux mesures de traçabilité à un échelon en amont et à un échelon en aval prévues dans la loi sur le bioterrorisme. Ce nouveau règlement fait partie de la Food Safety Modernization Act, qui est entrée en vigueur en 2011 et est encore en déploiement. Les nouvelles exigences en matière de traçabilité visent à réduire le temps nécessaire pour détecter les produits contaminés, particulièrement pendant des éclosions. Voilà qui réglera la question pour un des quatre éléments de base de la nouvelle ère plus intelligente de salubrité alimentaire de la FDA.
Outre la traçabilité à un échelon en amont et à un échelon en aval, il faudra fournir, pour tous les aliments figurant dans la liste de traçabilité des aliments — laquelle, dans le cas des produits de la mer, comprend pratiquement tous les genres de produits de la mer — des données clés, comme la température et les codes de traçabilité, qui seront recueillies à des moments cruciaux du processus de traçabilité. Ce sera notamment le cas quand le produit change de main pendant la chaîne de possession. Ces mesures sont de plus en plus nécessaires, en particulier pour les aliments prêts‑à‑manger qui n'ont pas d'étape d'élimination des micro-organismes avant que le consommateur ouvre l'emballage et mange le produit.
La FDA concentrera son attention en matière de traçabilité sur l'étape de l'élevage, ce qui inclut les entreprises d'aquaculture, ou de la réception, ce qui inclut le déchargement des poissons d'un bateau de pêche. La production d'aliments devra également faire l'objet de mesures de traçabilité. Divers types de données clés, comme la température, par exemple, devront être recueillies à cette étape. Toute étape à laquelle le produit cru est transformé exigera la collecte de données de traçabilité, y compris lors de l'expédition. La FDA s'attendra à ce que toutes ces données soient entrées dans un tableau triable, comme un document Excel, pour qu'elles soient jugées conformes.
Le prochain programme dont je veux traiter est le programme de surveillance des importations de produits de la mer de la NOAA. Il s'agit d'un programme relativement nouveau. La Magnuson-Stevens Fishery Conservation and Management Act en vigueur ici, aux États-Unis, exige une telle mesure pour lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée ou les produits de la mer mal identifiés d'entrer aux États-Unis et dans le commerce.
Les fonctionnaires de la NOAA doivent effectuer des audits auprès des importateurs en activité aux États-Unis et veiller à ce que des données essentielles soient recueillies à chaque déplacement ou à chaque étape de la chaîne de possession. Pour l'heure, ce programme de surveillance des importations de produits de la mer se limite à 13 groupes de poissons ou d'espèces de poissons importés. Ainsi, dans l'ensemble, la NOAA s'intéresse actuellement à 1 100 espèces uniques de poissons, mais des groupes exercent des pressions aux États-Unis pour ajouter d'autres espèces au programme de surveillance des importations des produits de la mer.
Le programme de surveillance des importations des produits de la mer et la NOAA reconnaissent que des groupes d'importateurs en activité aux États-Unis maintiennent des programmes conformes à la réglementation. Par conséquent, ils ont créé une liste d'importateurs américains ayant un bilan positif en matière de conformité.
Le dernier élément relatif à la traçabilité dont j'aimerais parler n'est pas lié à la réglementation; il est volontaire. Il s'agit de la certification par une tierce partie. Les propriétaires de normes sont nombreux. Il y a, par exemple, le Marine Stewardship Council, ou MSC; l'Aquaculture Stewardship Council, ou ASC; Best Aquaculture Practices, ou BAP; le British Retail Consortium, ou BRC; et Safe Quality Food, ou SQF, pour ne nommer que ceux‑là.
Notre étude est fascinante. Je pense que nous sommes tous d'accord là‑dessus. Nous en apprenons beaucoup sur la situation.
Comme les membres du Comité le savent, je me concentre surtout sur le côté du consommateur au point de vente. Je salue spécialement mon compatriote néo-écossais, le professeur Charlebois. Ma première question s'adresse à lui.
De nombreux témoins nous ont parlé du contrôle de l'exactitude de l'étiquetage des produits vendus au détail. Vous avez mentionné que 10 à 15 % des poissons et des produits de la mer vendus au détail sont mal étiquetés, et que ce pourcentage atteint 40 % pour les produits servis dans les restaurants. Nous avons entendu des faits semblables d'autres témoins, comme les représentants d'Oceana.
Concentrons-nous sur la vente au détail. Les exigences de l'ACIA en matière d'étiquetage sont minimales: les emballages doivent présenter trois informations de base. D'après vous, à quelles autres informations les consommateurs devraient-ils obligatoirement avoir accès sur les emballages?
:
Je pense que Mme Boivin a parlé de la provenance. C'est une information importante, surtout aujourd'hui. Beaucoup de personnes recherchent des produits locaux. Ce serait rassurant pour les consommateurs de savoir que les emballages et les étiquettes donnent des renseignements exacts quant à la provenance réelle des produits.
Par ailleurs, la question des espèces crée beaucoup de confusion. J'ai trouvé que le témoignage de Mme Boivin rendait très bien compte de la confusion qui règne chez les consommateurs. Il y a tellement d'espèces que c'est difficile de s'y retrouver, à la fois pour les consommateurs et les détaillants.
Mme Boivin a aussi parlé du saumon génétiquement modifié. De nombreux détaillants, y compris Sobeys et Loblaws, ont boycotté le saumon d'AquaBounty. Toutefois, cela ne signifie pas qu'ils n'en vendent pas: c'est possible que ce soit un des ingrédients d'autres produits qu'ils vendent au détail.
Voilà pourquoi je trouve tellement important de commencer par les consommateurs. Il faut déterminer exactement de quelles informations ils ont besoin au point de vente, puis remonter à la source pour s'assurer que les données sont transmises d'un bout à l'autre du processus.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être avec nous aujourd'hui.
Monsieur Charlebois, il est plaisant de vous voir en personne. Je lis religieusement vos opinions dans l'Acadie Nouvelle, au Nouveau‑Brunswick.
Vous m'avez facilité le travail, car je voulais vous demander quelles étaient vos recommandations pour le Comité et vous en avez fait trois.
J'aimerais que nous parlions davantage des règles mises en place et des nouvelles certifications. La fameuse cause des baleines noires qui sont victimes de collisions avec les navires dans le golfe du Saint-Laurent a eu un effet certain. Je ne dirais pas qu'il a été catastrophique, mais cela nous a obligés à nous adapter.
Vous avez parlé de la nouvelle norme MSC, qui est en place depuis plusieurs années. Les acteurs de l'industrie semblent dire qu'il est important de la conserver, mais qu'elle n'a pas eu d'effet.
Êtes-vous d'accord avec les acteurs de l'industrie pour dire que l'abandon de cette certification n'aurait aucun effet pour ce qui est du crabe ou du homard ?
:
Cela demande quand même une certaine expertise. Dans notre usine, trois personnes travaillent à temps plein au contrôle de la qualité. Nous considérons que de telles certifications sont nécessaires pour accéder au marché. Par exemple, nous venons d'obtenir la certification ASC. Nous la demandions déjà à nos fournisseurs, mais elle est maintenant requise de certains de nos clients.
Le coût lié au maintien de toutes ces certifications est élevé. Cela s’ajoute au prix final que paie le consommateur, bien évidemment. Le fait de choisir un fournisseur responsable amène une certaine contrainte, par exemple pour ce qui est du coût lié au maintien des certifications.
Pour ce qui est de la certification ASC, je mentionnais qu’il fallait donner un pourcentage sur le volume des ventes. À mon avis, les certifications que nous avons actuellement sont nécessaires, bien qu’elles soient difficiles à maintenir.
Cela étant dit, je suis totalement d'accord sur les propos de M. Charlebois. Le problème relève de l’application des règles, et non des règles actuelles. Les entreprises comme la nôtre doivent maintenir les certifications.
:
À mon avis, une organisation responsable doit s'assurer que ce qu'elle fournit au consommateur final correspond à ce qu'elle prétend fournir.
Comme vous l'avez suggéré, les certifications existantes pourraient être regroupées, mais je pense qu'elles suffisent pour maintenir des normes de traçabilité satisfaisantes. Le fait d'en ajouter n'empêcherait pas les détaillants de demander une certification en particulier qu'ils jugent absolument nécessaire.
Toute nouvelle réglementation sur la traçabilité va nécessairement ajouter un fardeau au système en place. Ce qui importe, c'est d'assurer le respect de la réglementation en ce qui a trait aux produits importés. Bien souvent, la réglementation est plus sévère pour les produits locaux comparativement aux produits provenant de l'extérieur du pays. Les exemples que je vous donnais tout à l'heure ne concernaient pas nécessairement des entreprises canadiennes, mais plutôt celles qui font de l'importation.
Il faut plus d'inspecteurs ou de surveillance sur le terrain afin d'assurer que ce que les consommateurs achètent correspond à ce que les entreprises prétendent offrir. Les entreprises de transformation sont déjà assujetties à beaucoup de règles. Chaque règle représente un coût supplémentaire pour le consommateur final, parce qu'il y a une limite à ce que nous pouvons absorber lorsque la marge nette est de 5 %.
:
Je vous remercie de la question, madame Desbiens.
J'ai toujours été un admirateur de l'approche filière, qui a été adoptée en premier au Québec il y a plusieurs années. Cette approche permet à l'ensemble des joueurs de l'industrie de se concerter et de faire part des problèmes auxquels ils doivent faire face. À mon avis, la traçabilité concerne tout le monde.
Comme je l'ai dit plus tôt, on a d'abord associé la traçabilité à la salubrité et à l'innocuité des aliments. Au cours des années, on a présenté la traçabilité comme étant une valeur ajoutée, alors que ce n'en est pas une. C'est une façon de faire des affaires, une garantie qui est offerte à l'ensemble des joueurs de la filière, et pas seulement aux consommateurs.
L'intégrité de la chaîne est devenue d'une importance capitale et c'est pour cela que, lors de ma présentation, j'ai insisté sur la nécessité de récompenser ceux qui font du bon travail afin de protéger l'intégrité de la chaîne. À mon avis, au Canada, on ne le fait pas suffisamment.
:
Je n'ai pas de réponse générale à donner à cela. Je peux cependant vous dire, à titre d'exemple, que la certification obtenue récemment par Fumoir Grizzly représente un coût total de 100 000 $ par année sur nos produits, auquel s'ajoute un coût annuel de 10 000 $ à 20 000 $ pour couvrir les audits de maintien de la certification. Cela ne vaut que pour cette certification, et Fumoir Grizzly en a quelques-unes.
La dernière fois que nous avons calculé le coût lié à l'emballage pour un client en particulier en fonction du volume, il s'élevait à 0,8 ¢. Les certifications et le processus de traçabilité peuvent donc avoir une incidence assez importante sur le coût des produits.
Quelle est la valeur ajoutée pour le consommateur final, au bout du compte? Beaucoup prétendent qu'elle est vraiment importante. Par contre, l'une de nos certifications, soit Aliments du Québec, ne génère pas tant de valeur ajoutée pour le consommateur. Ce dernier est-il prêt à accepter le coût de cette valeur ajoutée compte tenu de l'augmentation actuelle du prix des aliments? Je ne le sais pas. Cependant, il apparaît souvent pour moi que la réponse du consommateur ne correspond pas nécessairement aux habitudes et aux tendances d'achat.
Monsieur Charlebois, vous en avez souvent parlé, je n'y reviendrai donc pas.
Il y a donc effectivement un coût, cela ne fait aucun doute. Toute entreprise responsable devrait avoir un système de traçabilité et assumer ce coût. Les certifications sont-elles nécessaires? Si l'on veut vendre aux grands détaillants, on n'a pas le choix d'en avoir et il y a un coût qui y est lié. Il y a une limite à ce que nous, les fournisseurs, sommes capables d'absorber. Il y a nécessairement un coût supplémentaire que le consommateur doit accepter de payer.
Je suis désolée de ne pas avoir de réponse plus précise pour ce qui est du coût final.
:
Je vous remercie, madame Barron. C'est une très bonne question.
Tout d'abord, pour ajouter à la réponse de Mme Boivin sur le prix, j'aimerais dire que dans le cas du poisson et des fruits de mer, l'élasticité de la demande est très grande. Les consommateurs ne sont pas aussi sensibles au prix de ces produits qu'ils le sont par rapport à d'autres produits vendus à l'épicerie. Je tenais à le mentionner parce que c'est un détail important. La compétitivité est importante, mais la sensibilité au prix n'est pas aussi considérable.
Pour répondre à votre question sur la sensibilisation, il y a environ 10 ans, quand j'ai commencé à parler de la fraude alimentaire durant mes causeries, je devais expliquer de quoi il s'agissait. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Je pense que beaucoup de gens savent qu'il y a un problème, mais ils ne comprennent pas de quoi il retourne. À mes yeux, la sensibilisation est essentielle, qu'elle soit faite par l'ACIA ou par un autre organisme. D'après moi, c'est l'ACIA qui devrait être chargée de sensibiliser la population à la fraude alimentaire.
Il y a plusieurs scénarios. La fraude alimentaire peut prendre différentes formes, mais je recommande de mettre l'accent sur trois types de fraudes: la substitution d'ingrédients, la contrefaçon et la mauvaise représentation. Selon moi, ce sont les trois catégories sur lesquelles la population devrait en savoir plus.
Durant mon exposé et dans mon mémoire, j'ai cité un rapport comparatif que nous avons produit il y a quelques années et qui porte spécifiquement sur la traçabilité. Nous avons comparé le Canada à d'autres pays partout dans le monde, y compris l'Europe et les États-Unis.
Le Canada tire de l'arrière, tandis que, selon moi, l'Union européenne a une avance considérable sur les autres au chapitre des normes de traçabilité, simplement parce que l'Europe est complexe et qu'elle a réussi, je dirais, à harmoniser les normes de plusieurs États. Je le répète, de par la nature du marché, la fraude alimentaire ou la traçabilité du poisson sont un problème mondial. Peut-être les membres du Comité le savent-ils déjà, mais 90 % des produits de la mer consommés au Canada sont importés, et le Canada exporte 90 % de ce qu'il produit. La situation est la même aux États-Unis, grosso modo.
C'est donc un problème mondial, et l'Union européenne a réalisé des progrès énormes en comprenant que les risques sont liés à la nature mondiale de l'industrie.
:
Merci, monsieur le président, et merci aux témoins. Ce sont des renseignements fantastiques que nous obtenons.
À titre d'information, monsieur le président, je présenterai un peu plus tard, quand nous nous pencherons sur les travaux du Comité, une motion visant à ajouter une journée à cette étude. Il y a des gens à qui nous devons parler.
Je veux me concentrer, comme M. Perkins, sur le consommateur final. Le consommateur final ne connaîtra pas le nom latin de l'espèce. Il ne se souciera peut-être pas beaucoup du type d'engin utilisé, ou de quoi que ce soit d'autre. Il y a des gens qui s'en soucient pour de bonnes raisons. Nous devons réfléchir à des moyens, peut-être par des recommandations, pour aider le consommateur final à savoir en un coup d'œil ce qu'il achète.
Je vais commencer par vous, professeur Charlebois. C'est professeur ou monsieur, ou l'un ou l'autre?
M. Sylvain Charlebois: C'est l'un ou l'autre.
M. Ken Hardie: D'accord.
Peut-être vais‑je commencer par Mme Boivin aussi.
Examinons le parcours du poisson depuis sa capture jusqu'au moment où il se retrouve dans l'assiette de quelqu'un. Qui tient le stylo en matière d'étiquetage? Qui a le pouvoir d'étiqueter ce poisson ou de modifier l'étiquette? Il y a les transformateurs, les grossistes, les détaillants et les restaurateurs. Y a‑t‑il d'autres personnes ou d'autres entités dans la chaîne qui ont le pouvoir d'influencer l'étiquetage?
Professeur Charlebois.
:
En fait, l'information liée à l'étiquetage peut être transmise à n'importe quelle étape dans la chaîne alimentaire. Cela peut être affiché sur le tableau noir d'un restaurant, par exemple, où l'on indiquerait la provenance de la truite qui sera servie, ou encore par le truchement d'un petit panneau installé devant le comptoir de poissonnerie à l'épicerie.
Cela étant dit, il existe divers organismes de vérification. Par exemple, au Québec, il y a le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ou MAPAQ. Tout dépend du type de certification obtenue par une organisation, à savoir si la certification relève de la réglementation fédérale ou non. Le MAPAQ, par exemple, peut s'assurer du fait que la représentation indiquée est la bonne. Si l'on installe un fumoir dans une épicerie, les normes seront différentes. Il y a beaucoup de variations d'un endroit à l'autre.
Est-ce que les normes fédérales pourraient s'appliquer à l'inscription sur le tableau noir d'un restaurant? Qui va faire respecter ces normes?
Malgré toute la bonne volonté possible, je doute que l'on puisse faire respecter ces normes, puisque, en ce moment, on ne peut même pas faire respecter la réglementation canadienne actuelle et que ce qui y est contraire est tout à fait visible sur les étagères des supermarchés.
Je comprends que l'on veuille se doter de normes très larges, mais je ne pense pas qu'il soit possible de les faire appliquer, compte tenu des ressources dont nous disposons actuellement.
:
Je vous remercie, madame Desbiens.
La question de M. Hardie est un peu complexe. Il faut faire la part des choses entre le monde de la vente au détail et celui du service alimentaire. Le problème de la fraude ne s'y pose pas de la même façon.
En ce qui concerne la vente au détail, ce sont vraiment les distributeurs qui contrôlent à la fois la chaîne, les règles et l'intégrité de l'étiquetage.
Du côté des services alimentaires, c'est le far west, si je peux m'exprimer ainsi. Il y a toutes sortes de pratiques, et il est très difficile de surveiller tout cela. Le Comité a récemment reçu des représentants du groupe Oceana, alors j'imagine qu'ils vous ont parlé des résultats de leurs recherches, travaux auxquels j'ai d'ailleurs participé.
:
C'est une bonne question.
Je m'attendais à cette question, mais je ne sais pas si j'ai une bonne réponse à vous fournir. Je vous avoue franchement que le fardeau fiscal pour certaines entreprises est quand même imposant. Nous pourrions nous pencher sur cet aspect.
Nous pourrions aussi promouvoir les vertus des certifications. Je vous donne un exemple. Au comptoir de fruits de mer d'une épicerie, où des produits comportaient une indication de certification du programme Ocean Wise SeaFood et de certification MSC, j'ai demandé au préposé ce que cela voulait dire. Le préposé ne le savait pas. De toute évidence, il y a un manque d'information. J'étais le premier client en quatre ans à poser cette question. Les programmes de certification ne sont pas expliqués au grand public.
La sensibilisation du public pourrait contribuer à aider le marché, à mon avis. On pourrait expliquer en quoi consistent les programmes de certification. Cela pourrait rassurer le consommateur.
:
Ce que j'ai à dire sur la chaîne de blocs et les codes QR, c'est que les temps sont durs. Oui, certains des plus grands fournisseurs peuvent prendre des engagements financiers pour adopter ces technologies, mais, dans l'ensemble, cela ne se fera pas du jour au lendemain. Il existe une grande variété d'étiquettes RFID.
Ici, aux États-Unis, nous avons eu du mal à trouver une solution de traçabilité qui ne soit pas trop technique. Il existe une grande variété d'étiquettes, de codes et de techniques de traçabilité, en plus de l'Internet des objets, pour suivre les produits tout le long de la chaîne de traçabilité. Ces outils ne sont pas difficiles à trouver.
Je disais « non » à une idée que vous avez soulevée, soit que le gouvernement appuie la certification par des tiers. C'est un jeu très dangereux. Je le dis parce que j'ai vu des installations auditées par une tierce partie se faire reprocher ensuite par le gouvernement de ne pas avoir de systèmes de base comme des programmes HACCP. C'est très contradictoire qu'elles puissent être certifiées, alors que ces programmes de salubrité alimentaire sont un élément essentiel de la certification, puis qu'elles soient sanctionnées par le gouvernement parce qu'elles n'ont même pas ce genre de programme. Je voulais le souligner.
Je vais passer à Mme Boivin.
Vous avez fait quelques observations sur la traçabilité. Je m'y connais un peu en traçabilité en agriculture et j'ai pu voir à quel point cela peut être efficace. Nous avons parlé du terme « biologique ». C'est un terme qu'on retrouve sur des autocollants apposés partout, semble‑t‑il, mais il existe maintenant une norme. Il a fallu convenir d'une norme sur ce que signifie réellement le terme « biologique », et il y a différents seuils à cela.
Vous avez dit que vous ne vouliez pas de règlements ni de pratiques supplémentaires qui feraient augmenter les coûts, entre autres. Si vous pensez que les normes sont une bonne chose, qui vient vous mettre au défi de prouver que ces normes sont respectées? Qui vient regarder par-dessus votre épaule pour s'assurer que ce que vous dites est exact?
:
Merci, monsieur le président. Bonjour à mes collègues.
Je remercie les témoins ici présents de leurs témoignages et, très franchement, merci à tous les témoins qui sont venus jusqu'ici. C'est toute une expérience d'apprentissage que d'examiner les forces, les faiblesses et les lacunes qui nous sont exposées.
Je tiens également à remercier Mme Desbiens d'avoir proposé cette étude. Je sais qu'un autre député, M. Morrissey, s'est intéressé à la question au cours de la dernière législature. C'est exceptionnellement important pour les Canadiens.
Ma question s'adresse à M. Charlebois.
Comme je l'ai mentionné, de nombreux témoins ont parlé de la nécessité d'agir pour nous attaquer aux problèmes liés aux produits de la mer au Canada. Vous en avez parlé un peu ici, et d'autres témoins aussi, mais je me demande si nous pourrions examiner de plus près ce que font les autres pays à cet égard. Je crois que nous pourrions en apprendre beaucoup de ce qu'ils font en matière de traçabilité.
Je vais commencer par M. Charlebois sur cette question. Connaissez-vous d'autres pays qui se sont dotés d'un programme de traçabilité du bateau à l'assiette, et quels systèmes, programmes et mécanismes ces pays ont-ils mis en place pour lutter contre la fraude liée aux produits de la mer? Pouvons-nous commencer par cela, puis creuser un peu plus en profondeur les modèles de ces pays? Qu'est‑ce qui fonctionne, qu'est‑ce qui ne fonctionne pas et quelles leçons pouvons-nous en tirer, en termes clairs?
Nous avons eu de nombreuses discussions avec le Center for Food Integrity, au Royaume-Uni. J'ai pu constater au fil des ans combien ils prennent la fraude alimentaire au sérieux.
Jusqu'à présent, l'ACIA a reçu un budget de 25 millions de dollars sur cinq ans pour se pencher sur la fraude alimentaire. Je travaille avec l'ACIA depuis plus de 15 ans. Au départ, la fraude alimentaire n'a jamais été considérée comme une priorité par l'agence fédérale. Maintenant, cela semble le devenir, mais l'agence ne peut pas vraiment faire grand-chose avec 25 millions de dollars.
Au Royaume-Uni et en Europe, en particulier, nous constatons un certain mouvement, de la collaboration avec l'industrie, de la sensibilisation des consommateurs de manière générale. Je dirais que le système de traçabilité du bateau à l'assiette se résume vraiment au programme de certification qu'on utilise pour sécuriser et rassurer le public. Je constate que les agences de l'UE font beaucoup d'efforts de sensibilisation du public. La pression publique est tangible.
Pendant la pandémie, il y a eu cinq rapports de l'UE sur la fraude alimentaire. Au Canada, je n'en ai encore jamais vu.
:
C'est intéressant, en effet.
Quand j'enseignais à l'Université de Calgary, dans le programme de formation continue, je posais toujours cette question sur n'importe quel sujet ou défi. Cela revient à ce que vous dites ici. S'il y avait trois choses que nous devions faire en tant que gouvernement aujourd'hui, monsieur Charlebois, quelles seraient-elles?
Ce pourrait être ce que vous venez de mentionner, et voilà l'occasion pour vous d'en parler davantage. J'aime bien l'idée de la sensibilisation et d'une approche très intégrée de la diffusion d'information.
En matière de systèmes, de communication et d'éducation, quelles sont les trois choses dont nous pourrions parler à nos collègues et au gouvernement en sortant de cette salle aujourd'hui, pour nous assurer de faire avancer les choses dans la bonne direction?
:
Il faut d'abord examiner les motions.
Je vous demande si nous devrions mettre fin aux questions ici pour avoir assez de temps, juste au cas où. Je demanderais la permission du Comité pour cela.
En gros, cette partie de la réunion se terminerait ici.
Je tiens à remercier tous les témoins qui ont comparu aujourd'hui. Ce fut une discussion très instructive sur un sujet auquel la plupart des gens ne prêtent pas beaucoup attention. Comme on le dit à Terre-Neuve, we don't pay much heed to it.
Je n'essaie pas de faire de l'opposition, comme dirait ma mère, en interrompant la discussion ici. M. Small saura de quoi je parle, mais je ne sais pas si les autres comprendront.
Encore une fois, merci à tous des précieuses informations que vous nous avez fournies aujourd'hui.
[La séance se poursuit à huis clos.]