Je vous souhaite la bienvenue à la 23e séance du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 1er février 2022, le Comité reprend son étude des sciences au ministère des Pêches et des Océans. La séance d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre pris par la Chambre le 25 novembre 2021.
Je ne passerai pas en revue toutes les règles concernant la COVID et le port du masque.
Pour ceux qui participent à la séance par vidéoconférence, quand vous êtes prêts à parler, cliquez sur l'icône pour activer votre micro, et veuillez parler lentement et distinctement. Quand vous ne parlez pas, votre micro doit être coupé. Pour l'interprétation, vous avez le choix, en bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Je vous rappelle que les commentaires doivent être adressés au président.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins aujourd'hui, qui témoignent par Zoom. Nous accueillons Michael Dadswell, professeur de biologie à la retraite de l'Université Acadia, et Alexandra Morton, scientifique indépendante, qui témoignent tous les deux à titre personnel. Nous accueillons aussi Tasha Sutcliffe, conseillère principale en politiques, à Ecotrust Canada; Stan Proboszcz, scientifique chevronné, de la Watershed Watch Salmon Society; et Robert Chamberlin, président, de la First Nation Wild Salmon Alliance.
J'ai été avisé que M. Chamberlin doit quitter un peu plus tôt — environ 20 minutes avant la fin — pour prendre part à une autre réunion. Il serait bon que les députés qui ont des questions à lui poser le fassent en premier. Les témoins peuvent bien entendu faire parvenir des mémoires au Comité en les acheminant à la greffière.
Monsieur Cormier, vous avez la main levée.
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Oui, monsieur le président.
Si je peux me permettre... Je ne veux pas prendre trop de temps.
Au sujet de ce dont nous avons parlé concernant l'étude, je pense que les membres du Comité conviendront avec moi que nous devons entendre des témoins provenant de partout au Canada. Nous avons des questions pressantes à examiner. J'ai parlé avec M. Perkins, M. Small, M. Morrissey et M. Kelloway à propos de décisions qui ont été prises concernant par exemple la crevette, le maquereau et le hareng.
J'aimerais obtenir des clarifications de la greffière. Il faudrait s'assurer que certains groupes viennent témoigner à la prochaine séance, le 2 juin. Il serait bon, en particulier dans le cas de la crevette — dont les quotas ont chuté considérablement cette année — de pouvoir au moins entendre leur point de vue. Je pense, par exemple à la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels, qui se trouve dans ma circonscription, à la FFAW et à d'autres associations comme l'UPM, l'Union des pêcheurs des Maritimes.
Je me demande si tous les membres du Comité accepteraient d'entendre le point de vue de ces groupes lors de la prochaine séance. Je dis aux témoins qui sont avec nous aujourd'hui de ne pas se méprendre. Nous sommes heureux d'accueillir des témoins de la côte Ouest, mais il y a aussi des problèmes sur la côte Est, et j'aimerais beaucoup avoir la possibilité de poser quelques questions à ces groupes.
Je suis convaincu que mes collègues autour de la table — Mme Desbiens, M. Perkins, M. Small et mes autres collègues — voudront que cela se fasse au plus tôt. Je ne sais pas quand la greffière peut les convoquer, mais si c'était possible de le faire pour le 2 juin, je pense que mes collègues seraient d'accord avec cette idée.
C'est tout. S'il y a des commentaires, monsieur le président, je m'en remets à vous.
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[
Le témoin s'exprime en kwak'wala]
[Français]
J'ai salué en vous les gens bien informés et respectueux que vous êtes. Je m'appelle Galagame. C'est mon nom traditionnel. Je suis originaire de ce que vous connaissez sans doute sous le nom de l'archipel Broughton. Je m'exprime aujourd'hui du fond du cœur et au nom de très nombreuses Premières Nations de la Colombie-Britannique. Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui.
D'entrée de jeu, je veux mentionner que la First Nation Wild Salmon Alliance appuie sans réserve les témoignages d'Andrew Bateman et de Brian Riddell de la Fondation du saumon du Pacifique et de Gideon Mordecai de l'Université de la Colombie-Britannique que le Comité a entendus. Leurs témoignages résument très bien l'effet désastreux des décisions du Secrétariat canadien des avis scientifiques, le SCAS, au sujet des fermes piscicoles en parcs en filet.
Le SCAS, en tant que secrétariat de l'évaluation par les pairs, n'a aucune crédibilité auprès des membres des Premières Nations de la First Nation Wild Salmon Alliance. Quand on examine sa façon de procéder, ce n'est pas surprenant naturellement. Un prétendu examen scientifique par les pairs qui permet à un promoteur, soit une entreprise piscicole, l'industrie [difficultés techniques], et des intervenants, qui sont des associations industrielles, de prendre part au processus de bout en bout manque carrément et totalement d'objectivité ou de crédibilité. Au Canada, l'environnement, les poissons sauvages et les citoyens méritent beaucoup mieux que cela de la part du gouvernement.
Le SCAS est un exemple éloquent de la situation qui règne au sein du ministère des Pêches et des Océans, le MPO, et qui doit être analysée rigoureusement pour que le MPO revienne à son mandat initial, soit de protéger l'environnement et les poissons sauvages pour les Canadiens. Il vous serait très difficile de trouver ne serait‑ce qu'une seule Première Nation en Colombie-Britannique qui vous dirait que le MPO fait un bon travail pour gérer le saumon sauvage dans la province. Ce n'est pas étonnant, car à mon avis, il n'y a pas une seule remontée de saumon en Colombie-Britannique qu'on pourrait considérer comme étant abondante ou en santé.
On parle souvent des droits ancestraux des Premières Nations, qui sont reconnus au paragraphe 35(1) de la Loi constitutionnelle du Canada, dans l'arrêt Sparrow de la Cour suprême et dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones que le gouvernement s'est engagé à mettre en œuvre. Ces trois réalités juridiques concernent la sécurité alimentaire. On dit que 90 % des Premières Nations en Colombie-Britannique sont tributaires du saumon sauvage. Je répète: 90 % des 203 Premières Nations, ce qui veut dire que le saumon sauvage est beaucoup plus qu'un simple choix sur un menu. Il est au cœur de notre culture et de nos traditions, et il constitue, bien entendu, un aliment traditionnel de base qu'il est actuellement presque impossible de se procurer à ces fins.
La décision que la ministre du MPO prendra bientôt doit être solidement ancrée dans les réalités juridiques de la Cour suprême du Canada et la protection constitutionnelle des droits autochtones. Pour le dire simplement, il s'agit d'une question de droits et non du privilège associé à un permis.
Le MPO a mis en place des mesures d'entente en Colombie-Britannique avec des Premières Nations. Je pense que ces mesures perdront de leur crédibilité et de leur fonction si la transition des fermes piscicoles en parcs en filet, à laquelle s'est engagé le gouvernement et qui est soutenue par tous les partis, n'a pas lieu. Selon un récent sondage, les Britanno-Colombiens sont fortement en faveur de cette transition.
Dernièrement, j'ai pris part à une table ronde ministérielle sur la transition. Les questions-cadres destinées à orienter les discussions étaient très prévisibles et offensantes. Franchement, elles représentaient un saut de bison au résultat prédéterminé, et c'est là une opinion exprimée très clairement par tous les chefs des Premières Nations qui étaient présents, ce qui démontre encore plus la nécessité d'apporter des changements substantiels au sein du MPO et de séparer les sciences de la gestion afin que la ministre puisse bénéficier d'informations claires et de recommandations impartiales et ne pas continuer à voir la politique gouvernementale constamment sapée par le personnel du MPO.
Cela est apparu très clairement dans la récente décision du tribunal relativement à l'entreprise Mowi à propos de la décision de la ministre Jordan concernant les îles Discovery, dans laquelle la directrice de l'aquaculture a déclaré, et je vais paraphraser, qu'elle n'avait aucune idée que l'on envisageait de ne pas délivrer les permis d'exploitation d'établissements piscicoles. C'est absurde, car je sais pertinemment que Mme Allison Webb a assisté à de nombreuses séances de consultation des Premières Nations des îles Discovery, auxquelles j'ai participé. Il a été question de la non-délivrance de ces permis à chaque séance de consultation.
Les rapports précédents du FOPO et les engagements des gouvernements fédéral et provincial envers la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones appellent à une plus grande participation des Premières Nations à la gestion du saumon sauvage en Colombie-Britannique, tout comme le rapport « Ce que nous avons entendu » de l'ancien secrétaire parlementaire du MPO, le député , au sujet de l'élaboration et la mise en œuvre du processus de transition des fermes piscicoles en parcs en filet dans les eaux de la Colombie-Britannique. Cela doit se faire.
Pour ce qui est du sujet d'aujourd'hui, le SCAS et les sciences, les Premières Nations peuvent jouer un rôle clair et objectif dans cet effort. L'un des résultats de la lettre d'accord concernant les fermes piscicoles dans la région de Broughton, que j'ai aidé à négocier — et c'est bien sûr la première fois que le Canada a été témoin de la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones — a été la construction d'un laboratoire de génomique dans l'écloserie de l'Alliance des Nations de l'Okanagan.
Les Premières Nations se préparent ainsi à obtenir des données scientifiques de pointe axées uniquement sur l'identification des maladies et des pathogènes qui menacent leur sécurité alimentaire protégée par la Constitution. Un financement véritablement indépendant pour ce laboratoire pourrait s'avérer inestimable pour sauvegarder les stocks de saumon sauvage gravement décimés et se dissocier du MPO qui agit comme un organisme de réglementation inféodé à l'industrie piscicole. L'environnement, le saumon sauvage, les Premières Nations et les citoyens du Canada méritent beaucoup mieux que ce que nous connaissons aujourd'hui.
Lorsque j'ai participé au processus de consultations pour les îles Discovery, la première question que j'ai posée à Jay Parsons portait sur le processus du SCAS en tant que tel. Je lui ai posé des questions sur les promoteurs des sciences, sur l'industrie et sur les intervenants. Cela m'a valu une non-réponse d'environ quatre minutes.
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Je travaille à des dossiers traitant de l’élevage des saumons depuis près de 16 ans pour le compte de Watershed Watch. Je crois que la présente étude de cas met en évidence la suppression non déclarée de données scientifiques de la part du MPO dans le but de protéger l’industrie de l’élevage des saumons, au risque de mettre en péril le saumon sauvage. Mon mémoire comporte des données probantes et des hyperliens et fournit du contexte; il se trouve sur le site www.watershedwatch.ca.
En 2012, la commission d’enquête indépendante Cohen a formulé des recommandations fermes et a renversé le fardeau de la preuve en imposant au MPO de démontrer que les fermes salmonicoles présentent un risque minime. Pour paraphraser les recommandations 18 et 19, on conclut que les fermes salmonicoles dans les îles Discovery peuvent présenter un risque pour le saumon rouge sauvage et, à moins que le MPO ne réussisse à démontrer que ces élevages sont peu risqués, ils devraient être éliminés d’ici au 30 septembre 2020, ou plus tôt, si des données probantes vont en ce sens. J’ai fait partie du comité directeur chargé des cinq premières évaluations du risque du SCAS.
Le MPO a‑t‑il changé le plan d’évaluation du risque à mi‑parcours pour éviter d’obtenir des résultats scientifiques gênants? On trouve au moins deux références à des sites Web du MPO qui affirment que plus de neuf évaluations du risque étaient prévues. Quand le MPO, y compris Jay Parsons, a tenu une conférence de presse le 28 septembre 2020, pour révéler ses preuves indiquant que le risque était minime, nous avons appris qu’il y avait seulement 9 évaluations du risque et que l’on n’effectuerait pas d’évaluations sur le pou du poisson ni sur les effets cumulatifs. Le MPO a‑t‑il changé le plan?
En juillet 2015, Dr Jones et Dr Garver du MPO ont lancé des études en laboratoire sur les effets du pou du saumon sur le saumon rouge ainsi que sur les interactions cumulatives avec le virus NHI. Ces travaux de recherche ont été publiés dans des revues scientifiques en 2019. Les deux études ont tiré des conclusions qui étaient pertinentes par rapport aux recommandations 18 et 19 du rapport Cohen. Ils ont conclu que l’infection par le L. salmonis a causé un impact physiologique majeur sur le saumon rouge et que le taux de survie moindre chez le saumon rouge co‑infecté est le résultat des conséquences sur le plan de l’osmorégulation des infections par le pou du poisson, qui se sont aggravées en raison de l’infection par le virus NHI.
Le MPO semble brouiller les cartes, sélectionner les données scientifiques qui lui plaisent et tenir la population canadienne et les médias loin des résultats scientifiques gênants et des mesures de précaution. Quand on se rend à la page du communiqué de presse du MPO daté du 28 septembre 2020, puis qu'on clique sur l’hyperlien « Travaux pour appuyer la recommandation 19 », puis sur « Recherche scientifique sur le pou du poisson », logiquement, ce serait l’endroit où l’on énumérerait de façon objective et transparente tous les travaux de recherche disponibles qui concluent que le pou du poisson présente un risque minime.
Examinons attentivement le lien proposé. Allons à la section « Pou du poisson chez le saumon sauvage ». Cette section semble se rapporter à des projets de recherche du MPO, mais aucune étude externe ne s’y trouve. Dans la section « Pou du poisson chez le saumon sauvage », on trouve habituellement un paragraphe qui traite d’un projet de recherche sur le saumon rouge et le pou du poisson. Toutefois, on en parle comme si les travaux étaient toujours en cours. Aucune conclusion n’est donnée dans le paragraphe. Si vous cliquez sur le lien du « résumé de recherche » sous le projet sur le saumon rouge qui semble être toujours en cours, une page traitant d’un autre projet apparaît. Le bon lien du MPO décrit un projet terminé en 2010 et ses conclusions, soit des répercussions négatives majeures sur le saumon rose, kéta et rouge associées au pou du poisson.
Une demande d'accès à l'information a permis d’obtenir une communication datant de janvier 2017 du Dr Ian Keith du MPO à l’intention d’Adrienne Paylor, qui demande comment il se fait que le secteur des sciences du MPO n’a pas avisé ses homologues chargés de la gestion de la santé qu’il disposait de données indiquant que le saumon rouge était l’espèce la plus sensible parmi les saumons du Pacifique?
Une autre demande d’accès à l'information datée du 1er octobre 2020 contient des questions d’un journaliste canadien à l’intention du MPO, dont Timothy Sargent. Le journaliste demande de voir l’information sur laquelle le MPO s’est basé pour conclure que le pou du poisson présente un risque minime. Le MPO répond à cette question en fournissant deux hyperliens, mais aucun ne dirige le journaliste vers les recherches de Jones et Garver sur le pou du poisson, le virus NHI et le saumon rouge.
Ne s’agit‑il pas là d’une tentative de la part de certaines personnes du MPO pour brouiller les cartes, sélectionner seulement certaines études et tenir les gens à l’écart au détriment de la prise de mesures de précaution visant à conserver le saumon sauvage?
Je remercie beaucoup les membres du Comité.
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Je vous remercie beaucoup de m'accueillir aujourd'hui.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis actuellement une entrepreneure indépendante, et je suis ici dans le cadre de l'un de mes rôles de conseillère principale en matière de politiques sur les pêches auprès d'Ecotrust Canada.
J'ai passé 25 ans à chercher des façons d'avoir une pêche équitable, durable et prospère, et je crois que la pêche, en tant que ressource renouvelable, peut être bien gérée pour atteindre des objectifs environnementaux, économiques, culturels et sociaux.
Puisque nous sommes ici pour parler des sciences, je voudrais commencer par dire que, bien que j'aie pris part à de nombreuses activités scientifiques tout au long de ma carrière, je ne suis pas une scientifique de profession, et j'ai un profond respect pour ceux qui le sont. Aujourd'hui, je fais bande à part, car je me concentre sur le rôle des sciences sociales dans la gestion des pêches et sur le problème du manque d'intérêt pour ce domaine et du manque de capacité. Mon secteur de travail se situe sur la côte Ouest.
Le secteur des pêches dans la région Pacifique fait face à de nombreux défis: changements climatiques, concurrence pour l'espace et les espèces, espèces en péril, évolution du marché, etc. Les sciences jouent un rôle déterminant dans l'identification, le suivi et la résolution des problèmes qui découlent de cette complexité, mais comment hiérarchiser les activités scientifiques, investir dans ces priorités et tirer parti de nos conclusions? Nous devons d'abord disposer d'un cadre stratégique comprenant des objectifs clairs pour l'ensemble des priorités sociétales, puis d'un cadre scientifique qui les soutienne.
Les sciences naturelles sont, bien sûr, un élément essentiel et énorme de ce cadre, mais utilisées isolément, elles ne suffisent pas à nous mener là où nous voulons aller, tout comme le fait pour nos économistes de se concentrer uniquement sur les grandes mesures économiques comme le PIB ne nous mènera pas là où nous voulons aller.
Où voulons-nous aller? À l'aune de quoi mesurons-nous le succès?
La plupart du temps, le langage tourne actuellement autour de la prospérité économique et de la conservation, mais pour qui, à quelle échelle géographique et sur quelle échelle de temps? Avons-nous des objectifs cohérents en matière de résultats sociaux et culturels, de bien-être et de santé des communautés? Je dirais que nous pourrions faire beaucoup mieux pour définir cela, en particulier dans la région du Pacifique où nous n'avons pas de cadre stratégique global qui recense des objectifs clairs et nous n'avons que peu ou pas d'orientation à propos des résultats sociaux, culturels et économiquement pertinents localement à atteindre.
Nous avons un certain nombre de ressources qui définissent les considérations clés pour les pêches au Canada et beaucoup d'entre elles parlent de leur importance socio-économique et culturelle. Dans l'étude de 2019 réalisée par le Comité sur les pêches sur la côte Ouest, on a souligné que les priorités clés d'une pêche durable comprennent les aspects environnementaux, économiques et sociaux du développement durable et qu'il est nécessaire d'avoir des objectifs et des politiques socio-économiques explicites. De plus, cette étude recommandait que le MPO recueille des données socio-économiques pour éclairer la réglementation.
Plus récemment, dans le rapport intitulé Mobilisation au sujet de la stratégie relative à l'économie bleue du Canada - Ce que nous avons entendu , on a mentionné à maintes reprises que l'équité sociale, les considérations culturelles et économiques locales sont une priorité, y compris dans les pêches.
La dernière version de la Loi sur les pêches prévoit même que le ministre peut tenir compte, entre autres, des facteurs sociaux, économiques et culturels dans la gestion des pêches. Toutefois, comment le ministre peut‑il tenir compte des répercussions et des résultats socio-économiques si nous n'avons pas de données scientifiques à l'appui? Il doit y avoir un moyen d'obtenir des données provenant à la fois des sciences sociales et des sciences naturelles et de croiser les résultats au lieu de les cloisonner.
Il se trouve que nous avons un début de solution, puisque le Réseau canadien de recherche sur les pêches en a élaboré une. Les résultats des 6 années de recherche de cette équipe de 50 personnes ont été publiés dans deux grandes publications évaluées par des pairs. Le Réseau a reconnu que la durabilité reposait sur quatre piliers — écologique, économique, socioculturel et institutionnel ou de gouvernance — et a élaboré un cadre complet qui énonce la portée et les objectifs et valeurs possibles de ces quatre piliers. Il semble que ce soit un bon début.
Permettez-moi d'être claire. Il ne s'agit pas d'un argument visant à modifier les priorités scientifiques pour revoir à la baisse les résultats à atteindre en matière de conservation, bien au contraire. Il s'agit de s'assurer que lorsqu'une décision a le potentiel à la fois d'atteindre des résultats en matière de conservation et de maximiser les avantages pour la société, on puisse aller de l'avant. Dans le cas contraire, on aboutit à des politiques inutilement néfastes, dont les conséquences peuvent durer des décennies.
Prenons l'exemple des résultats de la politique d'octroi des permis de pêche au concombre de mer. Dans cette pêche lucrative, la part du lion de la valeur au débarquement ne va pas aux pêcheurs, mais est perdue au profit, dans de nombreux cas, de propriétaires de permis non locaux et de sociétés de pêche louant un permis, qui débarquent et vendent leurs produits et paient ensuite aux pêcheurs une fraction du prix équitable au débarquement. De plus, cette espèce peut avoir une valeur élevée sur le plan de la création d'emplois dans le secteur de la transformation et des marges de vente en gros, ce que perd également la communauté.
Les sciences peuvent étudier des questions de cette nature, comparer des scénarios de solutions pour prendre des décisions qui permettent à la fois d'atteindre les objectifs environnementaux et de maximiser les avantages pour la société. Nous vivons à une époque précaire. Nous avons besoin de nouvelles façons de faire des affaires et d'innover dans notre système économique afin de contribuer à une meilleure qualité de vie pour les générations actuelles et futures, et de promouvoir la résilience des systèmes naturels et sociaux dont nous dépendons.
Il s'agit d'un défi permanent face à des événements désastreux, tels que les pandémies et les effets des changements climatiques, qui peuvent mettre notre système actuel à genoux. Nous devons être capables de réagir rapidement et de nous adapter en temps de crise. Il est plus crucial que jamais de gérer nos ressources renouvelables dans ce but. Cela nécessite une approche scientifique globale à multiples facettes et une prise de décision éclairée, mais il en résultera une base beaucoup plus solide sur laquelle nous pourrons progresser sur la voie du développement durable.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous parler de mes idées et de mon expérience.
Les questions que vous posez sont cruciales pour les Canadiens, car la gestion du saumon sauvage par le MPO n'a pas réussi à maintenir la santé du poisson ou des pêcheries. Le saumon sauvage doit atteindre la haute mer, et les fermes salmonicoles constituent un obstacle sur sa route migratoire. Le problème est le suivant: comme les fermes salmonicoles libèrent des niveaux et des types d'agents pathogènes anormaux, les saumons sauvages exposés à ces fermes les absorbent. Lorsque les agents pathogènes pénètrent par leurs branchies, ils entrent en contact direct avec leur sang. La plupart des saumons sauvages de la moitié sud de la Colombie-Britannique sont infectés par des pathogènes de l'aquaculture industrielle de Mowi, Cermaq et Grieg, dont ils deviennent porteurs.
Voici trois exemples où le MPO a expressément évité de réagir de façon appropriée à ce risque.
En 1990, le directeur général de la région du Pacifique du MPO, Pat Chamut, a écrit au directeur des Politiques commerciales pour lui dire que si l'on continue d'introduire à grande échelle des œufs de saumon de l'Atlantique, cela finira par engendrer des agents pathogènes exotiques dont l'impact potentiel sera préjudiciable sur le plan biologique et catastrophique sur le plan économique. Il avait raison. Le RVP norvégien se trouvait dans certains de ces 30 millions d'œufs.
En 2013, les représentants de Mowi ont déclaré à la Cour fédérale que l'entreprise serait « gravement touchée » si on lui interdisait de transférer des poissons infectés par le RVP dans leurs fermes, parce que leurs écloseries étaient infectées. Alors que partout dans le monde, excepté en Colombie-Britannique, on considère le RVP comme un agent pathogène, le MPO a caché les données scientifiques montrant que le RVP provoquait des défaillances organiques chez le saumon quinnat. C'est ainsi que ce virus sanguin norvégien a échappé à la réglementation du MPO et s'est répandu dans la rivière Skeena, le fleuve Fraser et tout ce qui se trouve entre les deux. Résultat: 95 % des saumons d'élevage dans les supermarchés de la Colombie-Britannique sont aujourd'hui infectés.
Au cours des consultations de 2020 entre le MPO et les sept Premières Nations des îles Discovery sur le renouvellement de 19 permis d'élevage de saumon, Mme Miller-Saunders a informé le directeur des Sciences du MPO que de jeunes saumons rouges du Fraser se faisaient infecter par la bactérie Tenacibaculum lorsqu'ils passaient devant les fermes salmonicoles des îles Discovery et semblaient mourir. Le directeur des Sciences a communiqué cette information à l'Association des salmoniculteurs de la Colombie-Britannique, mais pas à la ministre, même si la principale préoccupation des Premières Nations qu'elle consultait était les répercussions des fermes sur le saumon rouge du Fraser.
Dans le troisième cas, le personnel du MPO sait que le pou du poisson sur les saumons d'élevage est dangereux pour les jeunes saumons sauvages; c'est pourquoi il a fixé une limite au nombre de poux par poisson d'élevage dans les conditions de permis d'aquaculture. Or, les fermes Mowi, Cermaq et Grieg sont incapables de respecter cette limite.
En effet, le 24 janvier 2022, Mowi a écrit à Rebecca Reid, directrice générale de la région du Pacifique, pour lui faire savoir que les changements proposés aux conditions de permis « pourraient avoir d'importantes répercussions sur le rendement... financier de Mowi. » Parlant précisément du pou du poisson, il mentionne que le rythme « des modifications... réglementaires... dépassent les capacités de notre exploitation ». Deux semaines plus tard, le MPO leur a envoyé des conditions de permis énonçant une moindre exigence, soit de produire un plan pour faire diminuer le nombre de poux du poisson jusqu'à la limite fixée, sans toutefois exiger que le plan fonctionne. La lettre de Mowi prouve bien que la salmoniculture ne peut survivre à la réglementation qui protège le saumon sauvage; de même, il est évident que le saumon sauvage ne peut survivre sans cette réglementation.
Voici mes recommandations pour répondre à vos questions.
Établir des conditions de permis qui apportent un soulagement immédiat et significatif au saumon sauvage et des précisions à l'industrie de la salmoniculture. Voir mon mémoire pour les détails.
Former un conseil non gouvernemental de scientifiques pour surveiller la réponse du MPO aux données scientifiques.
Créer un poste de directeur régional du saumon sauvage, conformément à la recommandation 4 de la Commission Cohen. Doter la direction de scientifiques qui mettront au point de puissants outils génomiques permettant de répertorier les points d'étranglement qui tuent le saumon sauvage, afin que le MPO puisse inverser les courbes d'extinction de manière hautement stratégique.
Collaborer étroitement avec les Premières Nations, rendre ces données librement accessibles afin que les modélisateurs mathématiques qui nous ont montré la voie pendant la COVID‑19 informent la , à savoir, si nous faisons telle chose, nous nous attendons à tels résultats.
En terminant, je tiens à ce que vous sachiez que 36 fermes salmonicoles ont été ou seront fermées par les Premières Nations Namgis, Kwikwasut'inuxw, Mamalillikulla, Gwawanuek, Kwiakah, Klahoose et Homalco.
Je vous remercie.
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Il semble que je sois l'exception, étant un scientifique qui a déjà travaillé au MPO et qui assistait régulièrement aux réunions du SCCS, ou SCAS comme d'autres l'appellent.
Je suis un professeur de biologie à la retraite de l'Université Acadia à Wolfville et également la seule personne ici qui vienne de la côte Est, plutôt que de la côte Ouest. Je travaille depuis environ 55 ans sur le saumon de l'Atlantique, l'esturgeon, le homard, l'aquaculture du pétoncle, les répercussions des turbines marémotrices sur les poissons et l'écologie des eaux douces. J'ai travaillé pour le Service canadien de la faune, le Laboratoire maritime Huntsman, le ministère des Pêches et des Océans du Canada pendant neuf ans, puis j'ai passé environ 30 ans à l'Université Acadia. Au fil des ans, j'ai publié environ 255 articles, mémoires techniques et autres.
J'espère pouvoir ajouter quelques éléments au contexte de cette séance concernant le pou du poisson et le saumon. Il s'agit du saumon de l'Atlantique et de l'océan Atlantique, et non du Pacifique.
J'aimerais commencer par vous parler un peu de mon expérience au sein du SCCS, étant donné que j'ai travaillé pendant neuf ans au MPO et qu'on m'a demandé de travailler sur d'autres dossiers. J'ai une assez longue expérience avec le SCCS.
Je dirai essentiellement que le traitement des interprétations divergentes des preuves scientifiques et des incertitudes dans le processus du SCCS a été l'un de mes points irritants lorsque j'étais employé du MPO, puis plus tard comme chercheur scientifique dans une université, et enfin comme scientifique des pêches à la retraite. J'ai constaté que les opinions divergentes sur les données et les conclusions qui sont contraires à la politique du MPO et qui ne sont pas approuvées par le SCCS sont souvent mal accueillies et écartées. Je peux l'affirmer puisque j'ai participé à au moins 20 réunions du SCCS, sans doute, concernant différentes espèces, etc.
C'est en 1979 que j'ai participé à ma première réunion, alors que je venais d'être embauché par le MPO. J'ai participé à quelques réunions sur la chaussée de Canso et les répercussions qu'elle pouvait avoir sur les pêches sur la côte Est de la Nouvelle-Écosse, une situation totalement désastreuse à ce moment, car une bonne partie de la pêche au homard s'était effondrée. J'ai présenté des observations scientifiques intéressantes — ce que je pensais censer faire comme scientifique —, mais lorsque je les ai présentées, on m'a rabaissé. Ils m'ont dit qu'ils n'étaient pas d'accord. Il s'agissait d'information qui provenait de pêcheries de homard dans d'autres régions du monde, sur leur façon de procéder au recrutement, etc.
Nous devions rédiger des articles pour le rapport du SCCS et les rapports techniques. Les biologistes et les gestionnaires du MPO s'opposaient directement à mon travail. Je travaillais en fait dans un groupe différent. Je ne travaillais pas dans le groupe de gestion. Lorsque je publiais un article dans un rapport technique, ils ajoutaient littéralement une page à la fin pour dire qu'ils se dissociaient de tout ce que j'avais écrit. Ce sont donc mes débuts avec le SCCS.
Le plus drôle c'est que les opinions scientifiques évoluent avec le temps. L'actuel groupe du MPO sur le homard accepte mon hypothèse initiale au sujet du détroit de Canso et de l'effondrement des pêcheries de homard, et ils l'utilisent pour prendre leurs décisions de gestion. Étonnant, n'est‑ce pas?
Une situation semblable s'est produite lorsque je travaillais sur le dossier de la production d'énergie marémotrice et que j'étais encore au MPO. C'était sans doute en 1979, 1980 ou 1981. J'avais un groupe de recherche qui examinait la situation sur la rivière Annapolis en Nouvelle-Écosse, sur laquelle on voulait installer une turbine marémotrice. Lorsque je me suis présenté aux réunions du SCCS... Permettez-moi de mentionner tout d'abord qu'à titre de scientifique, j'ai passé environ six mois à effectuer des recherches sur les répercussions des turbines hydroélectriques sur les poissons. Ce n'est pas réjouissant, car les taux de mortalité sont élevés.
Ils en étaient donc là. Ils allaient installer une immense turbine sur la rivière Annapolis River qui, selon moi, allait nuire à toutes les populations de poissons. Encore une fois, on a complètement rejeté mes recherches. J'étais sans doute le seul à savoir comment les turbines tuaient les poissons, etc., à ce moment. Que s'est‑il passé ensuite? Trente-cinq ans plus tard, ils ont finalement fermé la turbine d'Annapolis parce qu'elle tuait tous les poissons dans la rivière Annapolis. Devinez quoi? À l'époque, je leur disais à la réunion de ne pas l'installer, mais on ne semble pas m'écouter beaucoup.
Le dernier exemple que je veux vous donner est celui du saumon de l'Atlantique dans l'océan Atlantique. Je viens de terminer un article intitulé The Decline and Impending Collapse of the Atlantic Salmon Population in the North Atlantic, le déclin et l'effondrement imminent de la population de saumon de l'Atlantique dans l'Atlantique Nord. Voilà où nous en sommes.
La quasi-totalité des rivières importantes où se produisaient des remontées de plus de 100 000 saumons de l'Atlantique connaît un effondrement actuellement dans l'océan Atlantique. J'ai parlé du problème au ministre des Pêches de l'époque en 1998 et 2000 et je lui ai dit que selon moi, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée en était la cause, que le Japon, le Danemark et probablement d'autres pays pêchaient le saumon de l'Atlantique en haute mer avant qu'il puisse remonter dans les rivières de l'Atlantique.
Le problème n'est pas aussi grave dans l'océan Pacifique parce que vous avez un groupe de pêcheurs très bien organisé qui effectue de la surveillance et empêche jusqu'à un certain point les Japonais et d'autres, comme les Chinois, de s'approcher afin d'assurer une assez bonne remontée des poissons. En Alaska, par exemple, vous avez plus de problèmes qu'en Colombie-Britannique, et je comprends très bien cela.
Ce qui se passe dans l'océan Atlantique, c'est que des rivières comme la Miramichi, la rivière Foyle en Irlande, qui avaient une énorme remontée de saumons, et maintenant la rivière Tana dans le Nord de la Norvège, qui avait aussi une remontée de 100 000 à 200 000 poissons, se sont effondrées, et elles sont toutes fermées à la pêche, non seulement commerciale, mais aussi récréative.
En 2000, j'en ai parlé au ministre canadien des Pêches et des Océans, et le sujet a été abordé lors d'une réunion du SCCS. Je n'étais pas invité, mais à la fin, ils m'ont dit que j'avais tort, etc., et qu'ils n'étaient pas d'accord avec ma conclusion.
À titre d'exemple, en Nouvelle-Écosse, où j'habite, il y avait autrefois une centaine de cours d'eau où l'on pouvait pêcher le saumon de l'Atlantique. Maintenant, seuls trois sont ouverts à la pêche récréative et, bien sûr, la pêche commerciale a été fermée en 1984.
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Je remercie les témoins de leurs déclarations liminaires.
Nous passons maintenant, bien entendu, aux questions, mais avant de commencer, j'aimerais saluer Mme Elizabeth May, la députée de Saanich—Gulf Islands, qui vient de se joindre à nous par Zoom. Je vais faire une petite annonce pour elle. Je suis sûr que, si quelqu'un a quelques minutes de trop, elle aimerait poser quelques questions. Si elle était ici en personne, elle aurait la main levée pour le demander, alors j'ai pensé le faire pour elle.
Nous commençons par M. Perkins. Allez‑y, s'il vous plaît. Vous avez six minutes ou moins.
Je rappelle aux députés d'indiquer à qui s'adresse la question afin de ne pas perdre de temps à regarder l'écran.
Commencez quand vous êtes prêt, monsieur Perkins.
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Non, je ne crois pas que quiconque, y compris le MPO, surveille réellement cette situation.
En gros, ce qui s'est passé, c'est que, grâce à des négociations, ils ont été en mesure de fermer la pêche intérieure de l'ouest du Groenland, dans une grande mesure, et de lui attribuer un quota. Malheureusement, le même saumon qui remonte la côte de l'Ouest du Groenland et qui descend par le détroit du Labrador pour se retrouver dans la zone au large de Terre-Neuve, entre Terre-Neuve et le Groenland, se déplace à l'extérieur de la ZEE, c'est-à-dire des limites économiques, et l'OCSAN n'exerce absolument aucune surveillance.
En fait, l'Organisation pour la Conservation du Saumon de l'Atlantique Nord (OCSAN) est une blague. Ils n'ont pas fait un seul effort de surveillance depuis qu'ils ont pris le contrôle en 1984.
En gros, le problème qui se produisait au Groenland, où tous les scientifiques s'entendaient... La pêche au Groenland allait provoquer l'effondrement des stocks de saumon. Un peu plus loin vers le sud, tout le monde a recommencé à pêcher le saumon sans problème. Entre 1985 et 1990, les stocks de saumon de l'océan Atlantique ont chuté de 55 %. Depuis, cette diminution se poursuit. Je pense que ce qui se passe, c'est que... S'ils manquent de saumon dans cette zone, ils essaient d'en pêcher davantage au large de l'Est du Groenland, qui est au milieu de nulle part, comme tout le monde le sait. Personne ne vit là-bas, et n'importe qui peut faire à peu près ce qu'il veut. Les pêches INN se poursuivent avec acharnement à cet endroit.
La seule grande rivière où la migration du saumon était encore possible jusqu'en 2020 était la rivière Tana, dans le nord de la Norvège et de la Finlande. Elle vient d'être fermée à la pêche cette année en raison de l'effondrement des stocks de saumon sauvage. Avant longtemps, il n'y aura plus de stocks de saumon de l'Atlantique en bon état, un point c'est tout.
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Je mentionne très rapidement que les poux du poisson sont très faciles à étudier, car la forme de leur corps change tous les quelques jours, ce qui nous permet de savoir où ils se trouvent sur les poissons. Je les étudie dans l'archipel de Broughton depuis 2001.
Étant donné que la ministre précédente, c'est-à-dire Bernadette Jordan, avait interdit la reconstitution des stocks des fermes des îles Discovery, en raison de l'emplacement des entreprises et de leur calendrier de production, toutes les fermes situées dans les chenaux étroits des îles Discovery, notamment les chenaux Okisollo et Nodales, étaient vides au printemps dernier.
Quand j'y suis allée, les niveaux de poux du poisson avaient assurément chuté. Au lieu d'observer jusqu'à neuf poux par poisson, il n'y avait, au total, que deux poux par 50 poissons, et l'état des poissons était remarquable. Ces petits saumons roses et kéta étaient parfaits. Leurs yeux étaient noirs. Leurs ventres étaient ronds. Ces saumons roses reviendront cette année, et je prédis qu'au sud des îles Discovery, certaines rivières vont récupérer de nombreux saumons roses, grâce aux actions de la ministre Bernadette Jordan.
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Je faisais partie de l'équipe de la Première Nation Homalco, de la Nation Tla'amin et de la Première Nation Klahoose, alors je peux parler de leur contribution au processus de consultation.
Il n'y avait absolument aucun soutien pour le renouvellement des permis de pisciculture. La compréhension et ensuite l'opinion du processus du Secrétariat canadien de consultation scientifique ont été à la base de cette position. Les neuf articles scientifiques issus du processus du Secrétariat canadien de consultation scientifique doivent être considérés comme étant la réponse du ministère des Pêches et des Océans aux recommandations 18 et 19 de la Commission Cohen. Or, après vérification, nous avons pu constater le manque évident d'objectivité quant à l'analyse et la livraison de ces neuf articles scientifiques.
La ministre Jordan a pris la bonne décision, car les préoccupations exprimées par les nations avec lesquelles je travaillais lors des consultations avec les Premières Nations du fleuve Fraser ont été très claires, puisque nous discutions du saumon en migration. Sachant que les fermes piscicoles des îles Discovery ont une incidence qui s'étend bien au‑delà de l'épine dorsale de la Colombie-Britannique, cela représente une violation des droits autochtones.
Si je comprends bien, les sept nations consultées étaient toutes opposées à l'exploitation de fermes piscicoles, mais depuis, quelques-unes ont changé d'avis. Je vous laisse deviner pourquoi cela s'est produit.
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C'est la deuxième option. D'accord.
Certains exemples de données socioéconomiques qui, selon moi, sont vraiment importantes pour éclairer la prise de décision pourraient être classés de différentes façons. Un exemple d'économie, dont on parle régulièrement, est la distribution équitable des avantages. C'est un indicateur crucial de la manière dont s'appliquent les avantages de l'économie et de ceux qui en profitent.
Sur le plan social, il y a la capacité d'accéder aux ressources, la diversité et l'occupation, les relations communautaires, les leaders culturels, les traditions et les connaissances, et la préservation des sites patrimoniaux. En matière de santé, par exemple, il existe des indicateurs relatifs à la santé physique et mentale. Au chapitre de la gouvernance, il y a la transparence, l'accès à l'information, l'engagement et la voix. En ce qui concerne les actifs physiques, il y a des choses qui gravitent autour de l'étendue des infrastructures communautaires.
Il existe de nombreuses façons différentes d'ordonner en réseau les sciences sociales selon toute une série de catégories. Très rapidement, lorsque vous commencez à examiner cet éventail plus large de résultats sociétaux et intentionnels, cela peut éclairer les prises de décision. Un autre exemple que je...
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Madame Sutcliffe, je suis désolée de vous interrompre, mais notre temps de parole est limité.
Je vous remercie de votre réponse. Cela nous donne une bonne idée de la situation.
Dans le même ordre d'idées, madame Morton, j'aimerais vous parler de prévisibilité.
Je vous donne un exemple. Dans l'est du pays, c'est-à-dire au Québec, on a décidé de faire cesser complètement la pêche au hareng et la pêche au maquereau. M. Robert nous a dit que c'était quelque chose de prévisible.
Comment est-il possible d'améliorer la prévisibilité compte tenu des décisions draconiennes qui sont prises par le ministère des Pêches et des Océans?
Y a-t-il une science ou des scientifiques qui pourraient apporter davantage de précisions pour que les pêcheurs, qui subissent présentement les affres de cette décision, puissent prévoir davantage les conséquences de telles mesures de manière à obtenir du soutien pour réorienter leur type de pêche?
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Merci de cette question.
Considérez qu'il n'y avait pas de rivières à saumon directement adjacentes aux fermes piscicoles des îles Discovery. Tout le processus de consultation concernait les répercussions occasionnées par les saumons migrateurs. Étant donné que c'est cela qui est la base et compte tenu de la décision de la Cour suprême au sujet des Haïdas et de la Première Nation Tlingit de Taku River, même la seule possibilité d'empiéter sur les droits autochtones cautionne l'obligation de consulter.
Sachant, et le ministère le reconnaît, que le saumon du fleuve Fraser — tous les stocks et pas seulement le saumon rouge — migre par les îles Discovery, et pour peu que l'on cherche en toute bonne conscience à respecter la loi de la Cour suprême et la constitution de ce pays, la devrait comprendre que la violation des droits autochtones par les fermes piscicoles s'étend bien au‑delà des sites proprement dits. Cela cautionne l'obligation de consulter, ce qui, à ma connaissance, le ministère n'a même jamais daigner envisager.
Je crois que c'est parce que la grande majorité des Premières Nations de la Colombie-Britannique — nous en avons recensé 102 — appuient le retrait des fermes piscicoles de l'océan. La de Pêches et Océans Canada et le gouvernement canadien doivent comprendre que cette violation des droits par l'exploitation de fermes piscicoles à enclos en filet ouverts s'étend à toute la Colombie-Britannique.
La lettre d'entente sur la ferme piscicole de l'archipel de Broughton que nous avons signée avec la province de la Colombie-Britannique était issue d'une recommandation conjointe et d'une prise de décision conjointe qui mettaient en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, ce que le gouvernement fédéral s'est bien sûr engagé à faire également.
L'un des résultats a été le laboratoire de génomique. Le ministère des Pêches et des Océans a créé beaucoup d'obstacles et de tracasseries lorsqu'est venu le temps pour nous d'effectuer les tests prévus dans l'entente au laboratoire de génomique de Nanaimo, à la Station biologique du Pacifique. Nous avons donc élaboré une proposition pour la construction d'un laboratoire de génomique où ce genre d'obstacles n'existerait pas et où nous allions pouvoir pousser nos recherches scientifiques en la matière. C'est ainsi que le laboratoire de génomique a été construit dans l'écloserie de l'Okanagan Nation Alliance. D'après ce que je comprends, la dernière année a été consacrée à la formation et à l'édification des capacités, car c'est beaucoup plus compliqué que de simplement soumettre un échantillon et d'appuyer sur le bouton vert.
Nous en sommes maintenant au point où le système est presque fonctionnel. En ce qui concerne la science objective, qui n'est manifestement pas présente au sein du Secrétariat canadien de consultation scientifique, de Pêches et Océans et de la voie choisie par le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial pour travailler avec les Premières Nations sur le saumon sauvage, il s'agit d'une occasion manifeste que le gouvernement doit saisir pour faire avancer bon nombre des engagements. Plus important encore, il s'agit d'une science objective qui peut ensuite guider la prise de décision.
En ce qui concerne la question qui a été posée à Alexandra Morton — que notre famille connaît sous le nom de Gwayum'dzi — au sujet d'un gestionnaire du saumon sauvage, nous en avons besoin. Nous avons besoin d'un rôle pour les Premières Nations en raison de nos droits protégés par la Constitution et de la place spéciale que nous occupons dans ce pays. Ce serait fondamental pour la réconciliation et un geste fondateur pour toute la Colombie-Britannique.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur présence. Nous avons entendu des témoignages fort intéressants tout au long de cette étude.
J'aimerais revenir sur la façon dont la motion pour cette étude a été formulée afin que nous nous focalisions sur les points sur lesquels devraient porter les témoignages et, subséquemment, le rapport définitif du Comité. La motion de l'étude portait sur la façon dont le ministère des Pêches et des Océans priorise, finance et élabore des études et des avis scientifiques pour le ministère, sur la façon dont les résultats de ces études scientifiques sont communiqués à la ministre et sur la façon dont la ministre applique ces conseils dans ses décisions.
Si c'est possible, j'aimerais commencer par M. Chamberlin. Pardonnez-moi si je ne prononce pas correctement votre nom traditionnel, Galagame'. C'est très agréable de l'entendre.
Monsieur Chamberlin, au cours des derniers mois, nous avons assisté à l'émergence de coalitions entre les exploitants de fermes salmonicoles et des partenaires autochtones. Ces coalitions soutiennent que les partenaires autochtones ont l'autorité nécessaire pour décider si les fermes de saumon devraient fonctionner ou non dans leurs communautés. Certains de vos témoignages d'aujourd'hui nous parlent également des effets qu'ont ces fermes sur le saumon sauvage, le poisson ou le saumon, tout au long de la route migratoire de ces derniers.
À votre avis, comment le gouvernement du Canada devrait‑il aborder le scénario où les droits autochtones de différentes Premières Nations semblent être en désaccord?
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Lorsque nous pensons aux Premières Nations, aux terres, à la prise de décision et au consentement dans le contexte où le gouvernement poursuit cette voie, ce serait merveilleux si les répercussions étaient limitées aux sites, mais ce n'est manifestement pas le cas. Étant donné cette réalité attachée au saumon sauvage migrateur, le gouvernement se trouve dans une position où il doit absolument entendre le point de vue des Premières Nations sur le consentement, mais il doit aussi tenir compte des répercussions que cela peut avoir et qui constituent une violation des droits des Autochtones dans la province.
À maintes reprises, lors des consultations, de nombreux dirigeants des Premières Nations ont entendu dire que le gouvernement avait pris une décision contraire à ce qui avait été présenté en consultation pour le plus grand bien de tous, pour le plus grand bien des Canadiens. Aussi triste que cela puisse être, cela doit être pris en compte dans le cadre de cette discussion, car les effets sur le saumon du fleuve Fraser — et pas seulement sur le saumon rouge — sont légion, et ils se produisent à la hauteur des piscicultures des îles Discovery.
À mon avis, la Couronne doit trouver un équilibre entre les répercussions et le nombre de droits des nations qui sont violés, d'une part, et les quelques emplois et le très petit nombre de Premières Nations qui appuient cette industrie, d'autre part. Ne perdons pas cela de vue.
Cette nouvelle coalition a commencé à 17, puis elle a déformé les propos d'un certain nombre d'autres nations, dont la mienne. Je crois qu'il n'y a plus que huit ou neuf Premières Nations qui appuient cette industrie.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je commencerai par une assertion. Pour avoir assisté aux séances sur les données scientifiques au MPO, je peux vous dire que les témoins sont cohérents. Je veux remercier tous les témoins. Les témoins que nous avons reçus le 5 mai étaient également cohérents. Ce que nous observons au MPO et dans l'industrie de l'aquaculture sur le plan de la science, ce n'est pas de l'incompétence ou de l'ignorance scientifique, mais des efforts délibérés et malhonnêtes de cacher des données scientifiques et de garder une ministre dans le noir pour avantager l'industrie.
Quand il a témoigné le 5 mai, j'ai demandé à M. Mordecai quel pourrait être le motif. Il a répondu que le MPO était en conflit d'intérêts, puisqu'il a la responsabilité d'aider l'industrie tout en devant la réglementer.
Je voulais poser la question suivante à Alex Morton. Au lieu d'ajouter des couches hiérarchiques, comme un directeur responsable du saumon sauvage — une proposition que j'appuie —, ne devrait‑on pas éliminer les pommes pourries s'il y en a? Ne voulons-nous pas comprendre comment on peut éliminer le conflit d'intérêts pour que nous ne soyons pas constamment en train de chercher les vraies données scientifiques pour les présenter à la ministre alors que son ministère devrait les lui fournir?
Je vous remercie, Alex Morton, de votre travail héroïque.
Je suis entièrement d'accord avec vous. Je sais où se trouvent les pommes pourries, car j'ai demandé des milliers de pages de conversation entre des employés du MPO, mais une bonne partie des pires acteurs sont partis. C'est d'ailleurs très intéressant. Après que la décision relative aux îles Discovery a été prise, par exemple, Allison Webb est partie, comme l'ont fait le vétérinaire en chef et le directeur scientifique.
Les responsables actuels du dossier sont les héritiers d'une longue histoire de duperie de la population de la Colombie-Britannique. Je considère qu'ils devraient être réaffectés afin de peut-être transférer l'industrie sur terre. Peut-être que si la Division de la gestion de l'aquaculture... Ces personnes craignent peut-être pour leur survie à l'heure actuelle. Je suis furieuse que les extraordinaires données scientifiques, que nous payons à titre de contribuables et que le MPO a colligées, soient restées enfermées dans une pièce et que les scientifiques aient été muselés. Que de torts cela a‑t‑il pu causer. J'imagine, par exemple, que si la directrice de l'aquaculture statuait maintenant que l'industrie doit abandonner l'élevage en parcs en filet pour utiliser désormais des réservoirs, ce serait d'une efficacité remarquable.
Le manque d'honnêteté a pris une telle ampleur au sein du ministère que je ne suis même pas sûre que les gens se rendent compte que nous savons ce qu'il se passe. Pour qu'ils assouplissent les conditions de permis alors que Mowi a un taux moyen de huit poux par poisson à Quatsino alors que la limite jugée sécuritaire est de trois poux pour le saumon sauvage, et quand la Division de la gestion de l'aquaculture veut laisser les choses continuer... Nous pouvons voir où les choses s'en vont, et si nous ne prenons pas le contrôle maintenant, le saumon sauvage disparaîtra.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'exprime aussi toute ma gratitude à Mme Desbiens. Je suis plus qu'heureuse d'utiliser son temps.
Je veux poser mes prochaines questions à Mme Morton.
Madame Morton, je ne peux imaginer à quel point il peut être frustrant de répéter continuellement les mêmes choses, en vous fondant sur la science, sur l'information et sur ce que vous voyez de vos propres yeux, et de témoigner ici pour fournir la même information. J'espère que nous pourrons enfin commencer à voir des gestes concrets, des changements et un mouvement positif dans ce dossier. Je vous remercie de votre persévérance et du travail que vous effectuez dans ce domaine.
J'espérais que vous pourriez nous parler brièvement de l'importance au saumon sauvage, mais pas seulement en tant qu'espèce importante en soi. Expliquez-nous son incidence sur l'ensemble de l'écosystème et dites-nous comment le saumon sauvage est essentiel parce qu'il fait partie de l'écosystème qui l'entoure et de notre environnement.
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Oui. Il a été très long et très frustrant de tenter de comprendre ce que le MPO faisait au sujet des élevages de saumon jusqu'à ce que j'ai accès aux courriels et puisse comprendre ce qu'il se passait.
Il y a de longues chaînes de courriels où les biologistes du MPO tentent de comprendre ce qu'il se passait quand des mortalités massives survenaient dans les piscicultures, notamment dans le bras de Clayoquot et la baie de Nootka, dans les élevages de la côte Ouest. L'industrie voulait faire croire que les poissons mouraient en raison d'une prolifération du plancton, mais quand on examine les échanges, on trouve des preuves la présence de nouveaux pathogènes, par exemple. Voilà qui a alarmé les scientifiques. Certains disaient vouloir visiter les piscicultures et soumettre les poissons à des tests, mais on a coupé court à ces échanges. Le rapport final indique que les poissons sont morts en raison d'une prolifération naturelle du plancton.
À l'heure actuelle, le MPO n'est pas autorisé à visiter des élevages en cas de mortalité. L'industrie affirme que c'est pour prévenir la propagation de maladies, mais ses propres employés vont et viennent dans les élevages. Le MPO doit pouvoir se rendre dans les piscicultures. La tâche ne peut être laissée à un groupe mandaté pour faire la promotion de l'aquaculture. Il faut écarter d'emblée cette possibilité.
À mon avis, la manière dont la Division de la gestion de l'aquaculture a géré les fermes salmonicoles a détruit non seulement les remontées du saumon sauvage, mais aussi l'industrie de l'aquaculture. Si la réglementation avait été conçue dès le départ pour protéger le saumon sauvage, nous aurions probablement la meilleure industrie d'aquaculture terrestre à l'heure actuelle. Nous aurions également nos stocks de saumon sauvage.
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Oui. Je suis d'accord avec vous, monsieur Chamberlin.
Je m'adresserai maintenant à vous, monsieur Dadswell, pour ma prochaine question. Comme vous vous trouvez à l'autre bout du pays, sur la côte Est, je suis ravi que vous témoigniez ce matin. La question que je vous poserai s'apparente à celle que j'ai posée à M. Chamberlin au sujet des projets d'aquaculture potentiels qui pourraient fonctionner avec un solide fondement scientifique.
Avec cette question en tête, j'ai observé différents pays, et avant même de... Je ne veux pas vous influencer avec mes observations. Existe‑t‑il des pays qui pratiquent l'aquaculture mieux que le Canada? Dans l'affirmative, quels sont-ils? Que font-ils de différent?
Je sais que c'est une longue réponse à donner en deux minutes et demie, mais faites de votre mieux, monsieur Dadswell.
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Merci pour votre question.
Étant donné que les gouvernements provinciaux et fédéral ont tous pris des engagements en faveur de la réconciliation et de la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, j'estime que cela s'inscrit dans l'évolution en ce sens. Nous ne devons pas attendre que le grand destrier blanc arrive en brandissant l'étendard de la réconciliation. Nous devons saisir les occasions qui se présentent pour amorcer de façon significative notre travail en vue de définir la forme que devrait prendre ce régime de gouvernance conjointe avec prise de décisions en commun.
Si nous profitons des possibilités qui s'offrent à nous, nous devrions selon moi pouvoir montrer aux Canadiens qu'ils n'ont pas à craindre de voir les Premières Nations participer à un modèle de codécision basé sur le consentement, et que nous pouvons, comme nous l'avons généralement démontré, lutter pour la protection de l'environnement et l'application de critères environnementaux plus rigoureux dans un large éventail d'industries.
Partout sur la planète, on réclame maintenant à grands cris une meilleure protection de l'environnement. Dans le contexte du saumon, si le gouvernement du Canada et les provinces devaient aller de l'avant avec des mesures concrètes, les choses seraient grandement facilitées si l'on parvenait à mobiliser à cette fin les Premières Nations, avec tout le respect et les connaissances qu'elles pourraient apporter à l'exercice. Avec pas moins de 203 Premières Nations, on se retrouve avec bien des dirigeants et bien des préoccupations locales différentes, mais il est possible d'intégrer le tout sous la responsabilité des gouvernements fédéral et provinciaux en confiant un rôle consultatif conséquent aux Premières Nations.
Je dirais que la situation est difficile à tous les points de vue. Le problème est vraiment systémique et découle dans une mesure non négligeable d'un manque de capacités et de ressources au sein du ministère. Même du côté des sciences naturelles, les critiques sont nombreux à faire valoir qu'il faudrait investir davantage dans des mesures comme l'évaluation des stocks.
J'estime bien sûr nécessaire de pouvoir compter sur les capacités et les ressources suffisantes pour mettre en place un cadre scientifique adéquat, comme celui que je vous ai décrit, et je sais que ce n'est jamais chose facile, mais j'estime que certaines approches et mentalités bien ancrées témoignent d'un problème de culture au sein du ministère, ou peut-être même d'une formation déficiente quant à la nature même de la science, si ce n'est de la science socioéconomique. D'excellents scientifiques très brillants à l'emploi du ministère m'ont déjà expliqué par exemple ce que le ministère considère être une analyse socioéconomique, en parlant d'un exercice que je qualifierais pour ma part d'analyse économique plutôt superficielle. On n'entre pas suffisamment dans les détails des paramètres économiques de base concernant notamment la répartition des avantages, les impacts sur les communautés côtières et les revenus. Je pense qu'il y a un besoin criant de vraiment refaçonner toute l'approche scientifique du ministère des Pêches et des Océans.
Je vais prendre le temps de bien réfléchir à cette question fort pertinente pour pouvoir formuler des recommandations plus claires dans mon mémoire écrit. Je peux en outre compter sur une équipe de spécialistes qui voudront sans doute apporter leur contribution.
Je me dois aussi de souligner la nécessité que ce processus se déroule dans un souci d'indépendance et de transparence.
Je veux parler du saumon de l'Atlantique, un sujet que vous avez abordé plus tôt.
Comme je le disais, j'adore pêcher à la ligne sur la rivière chaque fois que j'ai du temps libre. Comme vous le savez, nous avons de belles rivières au Nouveau‑Brunswick, dont Miramichi, Restigouche et Nepisiguit, qui est la rivière où je pêche.
Vous avez dit qu'il y avait un déclin important du saumon de l'Atlantique. Vous avez surtout parlé de la pêche au Groenland. Je sais que des ententes ont été négociées pour diminuer le nombre de tonnes de poissons que les gens pratiquant la pêche commerciale peuvent capturer.
Y a-t-il d'autres facteurs qui jouent un rôle dans le déclin du saumon de l'Atlantique?
Vous avez parlé de pêche illégale, mais, cela mis à part, y a-t-il d'autres facteurs qui empêchent le retour escompté du saumon dans nos rivières?