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Bonjour à tous. La séance est ouverte.
Bienvenue à la 15e séance du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 20 janvier 2022, le Comité reprend son étude sur les déversements de conteneurs maritimes. Cette réunion se déroule de façon hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021.
Cette réunion sera interprétée. Veuillez me signaler immédiatement toute interruption de l'interprétation; nous veillerons à ce qu'elle soit rétablie avant de reprendre. Vous pourrez activer en tout temps la fonction « lever la main » au bas de l'écran si vous souhaitez parler ou attirer l'attention du président. Quand vous serez prêt à parler, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Veuillez parler lentement et clairement, sinon, veillez à garder votre micro en sourdine. Je vous rappelle que tous les commentaires des députés et des témoins doivent être adressés à la présidence.
Je veux également rappeler à tous les participants qu'il est interdit de prendre des captures ou des photos d'écran.
Je vais maintenant souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins. Du Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports, nous accueillons Kathleen Fox, présidente; André Lapointe, chef de l'exploitation; et Clifford Harvey, directeur des enquêtes maritimes. Nous allons inviter le porte-parole de ce groupe à s'exprimer.
Je souhaite la bienvenue à nos membres qui sont sur Zoom.
Je souhaite également à M. Perkins un prompt rétablissement après le diagnostic qu'il a récemment reçu. Je ne sais pas s'il tousse pour bien nous montrer qu'il est malade, ou se c'est une vraie quinte.
Nous allons maintenant passer à notre premier témoin qui disposera d'un maximum de cinq minutes. Allez-y, madame.
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Bonjour monsieur le président et distingués membres du Comité. Je vous remercie d'avoir invité le Bureau de la sécurité des transports du Canada à discuter du sujet important de la sécurité maritime et, plus particulièrement, des déversements de porte-conteneurs de marchandises.
[Français]
Notre mandat et notre seul objectif sont de promouvoir la sécurité du transport aérien, ferroviaire, maritime et pipelinier de compétence fédérale en menant des enquêtes indépendantes, en cernant les lacunes de sécurité, en déterminant les causes et les facteurs contributifs, en faisant des recommandations et en publiant nos rapports.
[Traduction]
L'enjeu au cœur des discussions du Comité aujourd'hui est celui de la perte de marchandises de conteneurs en mer. Au Canada, quatre événements mettant en cause la perte de conteneurs de marchandises maritimes ont été signalés au BST dans les 10 dernières années, dont celui du navire ZIM Kingston battant pavillon maltais. Le BST enquête actuellement sur l'incendie à bord de ce navire survenu en octobre 2021 près de Victoria, en Colombie-Britannique. Selon les constatations initiales, l'incendie s'est déclaré après que des conteneurs sur le pont qui contenaient des marchandises dangereuses eussent été endommagés. Comme il s'agit d'une enquête en cours, nous ne sommes pas en mesure de commenter les faits, sauf pour dire que l'enquête est à l'étape d'examen et d'analyse.
L'enjeu des pertes de conteneurs de marchandises suscite une grande attention à l'échelle internationale après quelques incidents importants. À titre d'exemple, deux enquêtes distinctes ont été lancées sur l'événement mettant en cause le MSC Zoe battant pavillon panaméen ayant perdu 342 conteneurs en janvier 2019 dans des conditions météorologiques très difficiles lors de la traversée de la mer des Wadden entre l'Allemagne et les Pays-Bas. À ce moment, le nombre de conteneurs perdus en mer a fait en sorte que cet événement, survenu dans des mauvaises conditions météorologiques, était le deuxième en importance; depuis, il s'agit du quatrième en importance, après que le One Apus battant pavillon japonais eut perdu 1 816 conteneurs en 2020 et que le Maersk Essen battant pavillon danois en eut perdu 750 en 2021. Ces deux événements sont survenus au milieu de l'océan Pacifique.
L'Organisation maritime internationale suit plusieurs enjeux de sécurité maritime, et la perte de conteneurs maritimes est l'un d'entre eux. Le BST participe au groupe de travail visant les enquêtes sur les accidents, et nous nous attendons à pouvoir partager les leçons apprises avec ce groupe une fois notre enquête sur le ZIM Kingston terminée. Le BST participe aussi au Forum international des enquêteurs sur les accidents maritimes, un réseau d'organismes d'enquête qui aborde les leçons apprises au terme d'enquêtes sur des accidents. Nous avons reçu du soutien de la part d'organismes comme le nôtre très tôt dans notre enquête sur le ZIM Kingston.
[Français]
À plus grande échelle, la sécurité du transport maritime demeure prioritaire pour le BST. Nous sommes en train de mettre à jour la Liste de surveillance, qui contient les principales préoccupations en matière de sécurité auxquelles il faut remédier pour rendre le système de transport canadien encore plus sécuritaire.
La Liste de surveillance actuelle contient une préoccupation propre au secteur maritime: la sécurité de la pêche commerciale. Celle-ci figure sur la Liste de surveillance du BST depuis sa création, en 2010. Pourtant, chaque année, les mêmes lacunes de sécurité à bord des bateaux de pêche continuent de mettre en péril la vie de milliers de pêcheurs canadiens, ainsi que les moyens de subsistance de leur famille et de leur communauté. La pêche est toujours l'une des professions les plus dangereuses au Canada. En 2021, il y a eu huit pertes de vie liées à la pêche, ce qui est juste sous la moyenne quinquennale de 10 pertes de vie.
D'autres préoccupations touchant le secteur maritime figurent également sur la Liste de surveillance. Il s'agit de la gestion de la fatigue liée à l'exploitation des navires, de la gestion de la sécurité et de la surveillance réglementaire.
[Traduction]
Depuis la création du BST en 1990, le Bureau a émis 159 recommandations sur la sécurité du transport maritime aux organismes de réglementation et au secteur maritime. En date de septembre 2021, 86,8 % des réponses à ces recommandations avaient été considérées par le Bureau comme étant entièrement satisfaisantes, ce qui est la cote la plus élevée. Cependant, il y a encore du travail à faire pour améliorer la sécurité du transport maritime, notamment pour ce qui est des enjeux sur notre Liste de surveillance.
Nous sommes en train de terminer la réévaluation annuelle de nos recommandations actives. Les résultats seront publiés sur notre site Web dans les prochaines semaines et nous aideront à déterminer le contenu de notre prochaine Liste de surveillance qui sera émise plus tard cette année.
Merci, monsieur le président. Nous sommes maintenant prêts à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins. Nous sommes toujours très heureux qu'ils éclairent notre lanterne.
Les questions que je vais poser vont être plutôt larges, ce qui va permettre aux témoins de s'exprimer sur des éléments qui leur semblent plus importants.
Considérant les situations dangereuses que les navires, leurs conteneurs et leur équipage peuvent rencontrer, croyez-vous que la Garde côtière canadienne et Pêches et Océans Canada possèdent les ressources matérielles et humaines adéquates pour réagir à une situation d'urgence, à un déversement en mer?
Croyez-vous qu'on a tout en main pour faire des interventions d'urgence? Y a-t-il matière à amélioration dans certains cas?
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Monsieur le président, je peux répondre à cette question d'une manière générale.
Nous avons une politique de classification des événements, que vous trouverez sur notre site Web et que nous transmettons volontiers au Comité. Cette politique énonce les critères dont nous tenons compte. Notre rôle consiste précisément à promouvoir la sécurité des transports. J'ai les chiffres sous les yeux et je peux vous dire qu'en 2021, il y a eu 214 accidents maritimes et quelque 860 incidents maritimes. Nous parlons de près de 1 200 événements. Il nous est impossible d'entreprendre une enquête sur chacun de ces événements et chaque événement ne justifie pas que nous utilisions nos ressources limitées pour mener une enquête complète et déposer un rapport public.
Nous cherchons d'abord à recueillir de l'information sur l'événement. Est-ce un problème qui figure déjà sur notre liste de surveillance? Est-ce un enjeu qui présente un intérêt international? Les dommages causés aux biens ou à l'environnement sont-ils élevés? Les enquêteurs chargés des enquêtes sur les quatre modes de transports s'appuient sur une série de critères pour déterminer quels événements, parmi les nombreux qui sont nous signalés, justifient une enquête complète. De plus, l'étape initiale consiste à définir l'ampleur de l'enquête afin de déterminer sur quoi portera notre analyse.
Le BTS était certes au courant que ce navire était en difficulté, puis de l'incendie subséquent, mais nous avons dû attendre que le navire soit sécuritaire avant de monter à bord. Il est clair que c'est un exemple d'incident justifiant la tenue d'une enquête approfondie et le dépôt d'un rapport public.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à nos témoins et à nos collègues.
J'ai deux questions. L'une porte sur l'intégration des connaissances autochtones dans les plans d'intervention. L'autre a trait au principe du pollueur-payeur. Je m'en tiendrai à cela, comme je l'ai fait la semaine dernière avec les témoins du dernier groupe.
La Garde côtière canadienne nous a dit qu'elle tire de nombreux avantages de la collaboration et de l'intégration du savoir autochtone dans son centre de commandement unifié. Je crois que les témoins nous ont dit que cette collaboration est importante. Grâce à votre expertise, le Bureau de la sécurité des transports a enquêté sur de nombreux incidents et accidents partout au Canada, et vous avez sans doute constaté que la collaboration avec les communautés autochtones produit souvent de meilleurs résultats.
Je me demande si vous pourriez — et ma question s'adresse à n'importe lequel d'entre vous — nous donner d'autres exemples où tous les ordres de gouvernement, y compris les gouvernements et les communautés autochtones, ont collaboré pour fournir la meilleure intervention possible lors d'un incident de fret maritime ou de tout autre incident de ce genre.
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Merci, monsieur le président.
Je peux parler des incidents. Il appartient peut-être à d'autres de juger de l'ampleur de l'intervention et de la participation de tous les ordres de gouvernement. Lors de la perte du traversier de la Colombie-Britannique Queen of the North en 2006, les membres de la communauté locale de Hartley Bay nous ont vraiment aidés à retirer de l'eau et aider les passagers qui avaient réussi à débarquer du traversier avant qu'il coule. Malheureusement, nous avons perdu deux personnes, et nous avons présumé qu'elles s'étaient noyées.
Puis il y a eu le Leviathan II au large de Tofino. Je me trompe peut-être, mais je crois que c'était en 2015. Il s'agissait d'un baleinier qu'une énorme vague avait fait chavirer. Cette fois aussi, les habitants de la région ont été les premiers à remarquer que le navire avait chaviré, et ils se sont précipités pour sauver un grand nombre de passagers et de membres de l'équipage naufragés.
Comme nous le savons, lorsque le Nathan E. Stewart s'est échoué, déversant 110 000 litres de diésel, la communauté locale de la Première Nation Heiltsuk a participé à l'intervention environnementale.
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Merci, monsieur le président.
En fait, nous nous questionnons sur l'enjeu de l'accident qui est arrivé du côté ouest du fleuve Saint‑Laurent. Vous savez, le fleuve est grand et il est très agité par de grands remous provenant de l'estuaire. Beaucoup de navires doivent se faire guider par des pilotes, parce qu'il y a évidemment danger à certains endroits, tout particulièrement là où j'habite, à L'Île‑aux‑Coudres, dans Charlevoix. Le passage y est très complexe pour les navires venant de l'extérieur qui ne connaissent pas bien la mer. Mon grand-père était capitaine de goélette et connaissait le fleuve comme le fond de sa poche, mais ce n'est pas le cas des navires étrangers. Ce qui nous préoccupe, c'est que l'accident arrivé à l'Ouest peut nous arriver à nous aussi.
Avez-vous répertorié le nombre d'incidents et d'accidents qui sont arrivés dans les dernières années à partir du golfe Saint‑Laurent jusqu'à Québec, par exemple?
Y avez-vous répertorié des incidents majeurs?
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Merci, monsieur le président.
Comme l'a dit Mme Fox, le Bureau d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports n'a pas beaucoup enquêté sur les conteneurs perdus au cours des 10 dernières années. Cela dit, nous voulons en tirer des leçons et nous nous intéressons aux causes et aux facteurs contributifs circonscrits par les instances internationales.
Comme je l'ai déjà dit, il arrive souvent que les contraintes que subissent les mécanismes d'arrimage à bord de ces porte-conteneurs soient excessives. Il arrive que la stabilité du navire soit compromise, soit en raison du mauvais temps, soit en raison de la synchronisation avec la période de la houle ou avec le mouvement de roulis du navire, de sorte que le bâtiment risque de gîter et d'exercer des forces sur ces conteneurs.
On sait également que le chargement de ces conteneurs pourrait être en cause du côté de la pesée. Cette question est examinée par l'organisme international. Il y a aussi l'état ou l'entretien des dispositifs d'arrimage à bord du navire. Ce sont généralement des choses qui sont révélées par les enquêtes internationales.
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Bonjour, monsieur le président et distingués membres du Comité.
Je m'appelle Terry Dorward.
[Le témoin s'exprime en nuu-chah-nulth et fournit le texte suivant:]
Uu-claw-shish Seit-Cha E-stuck ShiKk Tla-o-qui-aht.
[Le témoin fournit la traduction suivante:]
Bonjour, je m'appelle Seit-cha, ce qui signifie celui-qui-nage-dans-l'eau. J'appartiens à la Nation Tla-o-qui-aht.
[Français]
Je vis sur la côte ouest de ce qu'on appelle aujourd'hui l'île de Vancouver. Les terres et les eaux du territoire tla-o-qui-aht sont exposées à la pollution marine en raison de leur localisation géographique et de leur composition géologique.
Avec l'industrialisation des eaux qui nous entourent, la dérive littorale — ou mouvement dominant de l'eau — laisse constamment des débris marins sur les côtes, et ces débris menacent les rivages aux fragiles sédiments meubles en raison de la pollution par le plastique, le métal et les hydrocarbures. On sait que ces polluants pénètrent dans ces sédiments, qui s'accumulent et menacent la vie marine pendant des années. On parle de « vie marine » ici, mais la plupart des gens associent cette vie au saumon, aux palourdes, au hareng, au crabe, etc.
Sur la côte ouest de l'île de Vancouver, il existe un modèle de collaboration dynamique et durable. Depuis 2017, la Première Nation Tla-o-qui-aht, en partenariat avec des ONG et des collectivités locales, travaille à renforcer la capacité collective à gérer les ressources communes et à surmonter les difficultés auxquelles nous sommes de plus en plus confrontés. Plus récemment, les Tla-o-qui-aht et les ONG locales ont travaillé en partenariat et en coordination avec le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial pour contrer ces menaces. Cela a permis de nettoyer plus de 400 kilomètres de littoral, de se débarrasser de 100 navires abandonnés et de démanteler des sites d'aquaculture abandonnés le long de la côte ouest de l'île de Vancouver. Ces travaux ont été au cœur de la revitalisation des milieux marins sur le territoire tla-o-qui-aht.
Ces mesures ont été particulièrement axées sur le renforcement de la capacité déjà incroyable de la Nation Tla-o-qui-aht et de ses communautés à relever ces défis. Ce faisant, nous avons approfondi l'analyse des changements climatiques et d'autres questions environnementales dans le cadre de discussions qui se déroulent déjà depuis longtemps dans nos communautés.
J'en parle pour faire comprendre que cette approche coordonnée est à la fois applicable et adaptable à d'autres enjeux maritimes, notamment aux menaces liées aux déversements de conteneurs maritimes. Je veux que vous sachiez que nous avons déjà des systèmes en place et que nous avons pris soin d'élaborer ces méthodes au cours des dernières années et depuis longtemps dans les communautés tla-o-qui-aht.
Comme on le sait, les Tla-o-qui-aht ont l'habitude de l'intendance. Nos communautés détiennent des renseignements de base sur l'environnement. Des gardiens et des ONG surveillent le territoire et rendent compte de leurs observations. Nous avons également une connaissance locale multigénérationnelle de l'état, des conditions et des capacités du milieu marin pour faciliter la planification et la mise en œuvre des mesures à prendre.
L'intendance n'est pas une pratique nouvelle pour nous, mais de nouvelles méthodes industrielles ont été élaborées en partenariat avec des ONG et d'autres parties prenantes pour veiller à ce que notre territoire soit protégé. Cela signifie que nous avons un cadre d'assainissement de l'environnement prêt à l'emploi, qui s'appuie sur des objectifs d'intendance et sur des protocoles établis. Nous disposons de méthodes efficaces pour régler collectivement les problèmes environnementaux locaux, comme celui des débris marins ou des navires abandonnés, et nos mesures d'assainissement maritime peuvent être adaptées.
Nous avons formé et continuons de former une main-d'œuvre qualifiée grâce à une formation adaptée en environnement. Les membres de la Nation Tla-o-qui-aht et les Premières Nations côtières de la côte ouest de l'île de Vancouver ont reçu une formation sur l'assainissement des milieux marins, et des ONG ont profité des connaissances et des protocoles communs pour mener à bien des interventions faisant suite à des déversements en milieu marin de façon sécuritaire et adaptée. Grâce à ces connaissances, nous avons élaboré des protocoles SST personnalisés et une formation axée sur la sécurité en milieu marin.
Nous savons que cette approche fonctionne ici, sur la côte ouest de l'île de Vancouver. Nous savons également qu'elle fonctionne ailleurs dans le cadre d'interventions directes suite à des incidents maritimes. À l'instar des gens de la côte nord de Haida Gwaii, nous pouvons adopter une méthode commune et inclusive en matière d'intervention en cas d'incident maritime. Cette méthode comprend un processus décisionnel inclusif et équitable, ce qui signifie qu'il faut reconnaître et inclure toutes les frontières territoriales touchées et tous les gouvernements touchés. L'équilibre des pouvoirs est essentiel pour appuyer des décisions consensuelles en vue d'objectifs communs.
Nous avons des responsabilités communes en matière de ressources maritimes. C'est un problème humain. Ce n'est pas un problème propre à l'île de Vancouver, aux Tla-o-qui-aht ou à la Colombie-Britannique. Nous sommes tous responsables et dépendants de ces divers systèmes écologiques côtiers et marins en raison de nos modes de vie sociaux, culturels et commerciaux. Il faut s'en occuper et en faire une priorité.
Compte tenu de notre savoir et de nos pratiques, qui donnent des résultats depuis des temps immémoriaux, je demande que ces ressources et contributions soient égalées par le gouvernement fédéral et par le gouvernement provincial par deux moyens précis.
Premièrement, nous avons besoin de recherche directe, notamment pour la côte ouest, et d'un engagement à dresser un plan d'intervention en cas de catastrophe et d'une préparation aux situations d'urgence qui comprenne une évaluation des risques et des études de vulnérabilité propres aux collectivités côtières. Le tout doit être alimenté par le savoir de ceux qui connaissent et comprennent le mieux les eaux côtières, les écosystèmes vulnérables et les capacités des collectivités.
Deuxièmement, nous avons besoin de financement direct pour renforcer la capacité d'intervention des Premières Nations côtières et pour fournir de la formation et du matériel d'intervention d'urgence aux communautés autochtones qui sont les mieux placées pour être les premiers intervenants en cas de déversement. Comme on le sait, nous pouvons nous mobiliser de façon sécuritaire et efficace pour réduire les délais d'intervention et atténuer les difficultés liées à la participation d'organismes fédéraux d'intervention éloignés comme Transports Canada, la Garde côtière et des entrepreneurs externes.
J'ai déjà dit que ces demandes ne concernent pas seulement les Tla-o-qui-aht, l'île de Vancouver, les Premières Nations côtières ou la Colombie-Britannique. Les interventions en cas de déversement, les catastrophes marines et les pertes de vie nous touchent tous.
J'espère avoir éclairé la réalité d'aujourd'hui et donné espoir pour l'avenir compte tenu de ce que pourraient permettre une collaboration et des ressources suffisantes.
Je vais céder la parole à mon collègue, le capitaine Josh Temple.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur Dorward. Je peux effectivement répondre à cette question.
Bonjour, monsieur le président et distingués membres du Comité.
Comme vous le savez, je m'appelle Josh Temple. Je vous parle depuis les terres non cédées de la Nation Tk'emlúps te Secwépemc, dans la localité désormais connue sous le nom de Kamloops, en Colombie-Britannique.
Je comparais devant vous aujourd'hui à titre de coordonnateur de la durabilité environnementale pour la Nation Tla-o-qui-aht. J'ai également comparu devant le Comité en ma qualité de directeur général de la Coastal Restoration Society, qui est la plus grande organisation d'assainissement de l'environnement au Canada et dont l'objectif est d'aider les Premières Nations, le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral à atteindre leurs objectifs d'intendance environnementale. J'assume humblement ces deux rôles devant vous aujourd'hui.
Comme capitaine et comme marin professionnel, j'ai acquis, au cours de ma vie, une expérience mondiale des activités maritimes...
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Je vous remercie, madame Desbiens.
[Traduction]
Excusez-moi si j'ai mal prononcé votre nom. Le français n'est pas ma langue maternelle, mais j'aime essayer quand j'en ai l'occasion.
J'aimerais dire un mot.
Nous avons déjà eu le privilège de nous exprimer devant ce comité.
Comme capitaine et comme marin professionnel, j'ai acquis, au cours de ma vie, une expérience mondiale des activités industrielles maritimes. Dans le cadre de mes fonctions à la Coastal Restoration Society, j'ai par la suite compris les répercussions des activités des entreprises maritimes sur nos milieux marins communs.
La raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui, avec M. Dorward et la Nation Tla-o-qui-aht, est d'inviter le Comité et notre gouvernement à assumer la responsabilité de continuer à élargir cette possibilité de collaboration non seulement entre les nations, mais avec les ONG et les gouvernements de toutes les côtes du Canada, et pas seulement en Colombie-Britannique. Comme on le sait, nous avons le plus long littoral au monde. Nous pouvons en être extrêmement fiers, mais cela s'accompagne également d'une charge et d'une responsabilité considérables.
Nous savons, grâce à des dizaines de milliers d'années d'intendance traditionnelle de ces côtes par les Premières Nations, qu'une approche collaborative de la durabilité environnementale à long terme est possible. On nous a mis des bâtons dans les roues avec ces déversements anthropiques à grande échelle. Nous devons maintenant adopter une perspective plus occidentale pour nous débarrasser de ces débris anthropiques et des produits dérivés du pétrole et l'intégrer à l'intendance traditionnelle des Premières Nations, aux valeurs de collaboration et aux méthodes que nous avons héritées.
Si nous arrivons collectivement à élaborer une structure de collaboration qui place les Premières Nations à l'avant-garde de ces mesures d'intervention, de remise en état et de traitement, nous pourrons revenir à une méthodologie en vigueur depuis des dizaines de milliers d'années. Soit dit en passant, elle a été très efficace du point de vue des valeurs de gérance environnementale communes.
Je suis heureux de continuer de soutenir M. Dorward et la Nation Tla-o-qui-aht dans ce travail. Comme directeur de la Coastal Restoration Society, je dirais que notre collaboration globale avec les Premières Nations côtières, sur la côte du Pacifique comme sur la côte de l'Atlantique, et les projets que nous avons réalisés au fil des ans, sont la preuve que cette structure fonctionne très bien et qu'elle pourrait être appliquée à beaucoup plus grande échelle.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie M. Dorward et le capitaine Temple d'être ici aujourd'hui. Je suis très heureuse que vous soyez ici pour nous faire part de vos réflexions sur les pertes de conteneurs en mer.
Monsieur Dorward, je vous remercie d'avoir dit qu'il s'agit d'un problème humain. C'est une très bonne façon de voir les choses. Il ne s'agit pas d'un problème propre aux collectivités de la côte ouest, mais, comme l'a fait voir l'incident du Zim Kingston, d'un problème humain qui touche l'ensemble du Canada et du monde.
Comme vous êtes avec nous aujourd'hui, monsieur Dorward, j'en profite pour vous demander de faire un peu de lumière sur ce que vous avez vécu en tant que membre des Tla-o-qui-aht lorsque l'incident du Zim Kingston est survenu. Avez-vous été contacté en temps opportun? À quoi la situation ressemblait-elle? Vous pourriez peut-être nous en dire un peu sur les communications qui ont eu lieu à la suite de l'incident.
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Si je formule ainsi ma question, c'est que nous venons de terminer une étude sur l'intervention en réponse aux inondations dans la vallée du Fraser. Au cours de cette intervention, il y a eu une foule de bénévoles, qui ont utilisé leurs propres bateaux, acheté leur propre essence, pour vraiment aider à combler les lacunes. En réalité, l'intervention a essentiellement été le travail de bénévoles, qui n'ont pas été indemnisés ni reçu quelque autre aide.
Pour revenir à ma question, lorsque nous avons demandé aux gens du ministère des Pêches et des Océans à qui revenait la responsabilité, ils ont en quelque sorte haussé les épaules et répondu: « Eh bien, nous avons délivré un tas de permis. » C'est tout ce qu'ils ont fait. Pour eux, concrètement, il s'agissait de se mettre partiellement en retrait pour ne pas gêner ceux qui faisaient le travail.
Si la responsabilité est effectivement celle du gouvernement fédéral, je suppose que j'ai raison de m'inquiéter des réponses aux questions que mon collègue, M. Arnold, vous a posées. Si vous n'avez pas été indemnisés pour certains de vos efforts de nettoyage, cela nous amène à nous demander s'il y a un plan. Cela suscite des doutes quant à l'existence d'un plan, car j'aurais supposé que vous auriez été un élément du plan d'intervention dans votre région. Je pensais que, en cas de perte de conteneurs en mer, on vous aurait consultés et demandé de participer à l'intervention.
Savez-vous s'il existe un tel plan dans votre collectivité?
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Dorward et capitaine Temple, de votre participation aujourd'hui et de votre témoignage des plus intéressants.
J'ai quelques questions, surtout pour vous, monsieur Dorward, mais n'hésitez pas à laisser la parole à M. Temple si cela vous semble nécessaire.
Vous parlez de l'arrivée constante de débris sur la côte, et je me demande combien de ces débris peuvent être attribués à un incident particulier et combien sont, forcément, de source inconnue. Autrement dit, vous pourriez peut-être nous expliquer à quel point l'arrivée des débris est constante et dans quelle mesure elle est liée à des incidents précis.
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Je peux intervenir rapidement, monsieur Dorward, pour vous donner quelques chiffres supplémentaires.
Depuis 2017, la Coastal Restoration Society, en partenariat avec la Nation des Tla-o-qui-aht, a retiré plus de trois millions de livres de débris anthropiques seulement des eaux de la baie Clayoquot. D'année en année, la quantité augmente de façon exponentielle, puisque nous sommes l'endroit où aboutissent les courants qui transportent la plupart des débris à travers Pacifique.
Depuis l'incident du Zim Kingston, nous avons constaté un afflux constant de débris — glacières Yeti, tapis de yoga, équipement d'exercice, casques de vélo pour enfants —, que nous signalons quotidiennement à la Garde côtière. Des enquêtes sont en cours, de même que des efforts de récupération, mais le volume de débris qui est assurément attribuable au Zim Kingston ne cesse d'augmenter.
Jusqu'à présent, les efforts de récupération et d'évaluation que nous avons entrepris en partenariat avec la Nation des Tla-o-qui-aht et d'autres nations de la baie Clayoquot n'ont pas été soutenus par Danaos, le propriétaire du Zim Kingston, ni par Amix Group, l'entrepreneur embauché par Danaos pour soutenir les travaux de récupération.
Nous avons vraiment besoin d'une intervention concertée et d'un plan à long terme pour récupérer les débris provenant de plus de 100 conteneurs qui manquent toujours et qu'on suppose submergés au large de la côte ouest de l'île de Vancouver, la plupart desquels ne semblent pas très loin, comme l'indique le volume de débris qui échouent sur le littoral du territoire des Tla-o-qui-aht, dans la baie Clayoquot.
C'est l'un des points que nous aimerions que le Comité retienne de l'exposé d'aujourd'hui, à savoir qu'il faut inciter l'armateur et l'entrepreneur, Amix Group, à consacrer beaucoup plus de ressources et de fonds aux activités d'évaluation et de récupération le long de la côte ouest de l'île de Vancouver.
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C'est une excellente question. Il va sans dire que ces conteneurs sont pleins de produits commerciaux, dont la plupart sont fabriqués avec des dérivés du pétrole. Lorsque ces conteneurs tombent du navire et coulent au fond, l'action des marées ou des vagues a tôt fait de les abîmer. La corrosion s'y met; leurs portes se dégradent, commencent à céder et à libérer le contenu. Comme il s'agit, pour la plupart, d'articles faits de dérivés du pétrole, ils flottent et, du fait de notre emplacement géographique sur la côte ouest de l'île de Vancouver, dérivent jusqu'à nos côtes.
Quiconque s'est rendu à Tofino ou à Long Beach, d'où nous parle M. Dorward aujourd'hui, peut témoigner de la force des vagues dans le voisinage des côtes. Lorsque ces produits en plastique, transportés par les courants marins et les vents, atteignent le rivage, le déferlement des vagues contre les roches, les billots et tout ce qui se trouve dans le milieu littoral commence à les désagréger en microplastiques.
Les objets plus grands présentent des risques d'emmêlement, des risques de collision pour les bateaux ou des risques de rester pris pour animaux marins, surtout les baleines et autres cétacés ou les pinnipèdes. Lorsqu'ils commencent à se décomposer en microplastiques dans le milieu littoral, ils sont ingérés par une multitude d'espèces.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'avoir comparu aujourd'hui devant le Comité dans le cadre de cette très importante étude
Le 29 mars, le Comité a entendu M. Henderson, sous-commissaire des opérations de la Garde côtière canadienne. Il nous a alors dit qu'un élément fondamental du plan d'intervention de la Garde côtière est la communication directe et immédiate avec les Premières Nations touchées.
Monsieur Dorward, ma collègue, Mme Barron, vient de vous demander dans quel délai les Premières nations avaient été appelées à participer au processus. Ai-je bien compris que vous avez été avisé un mois plus tard, ou quelque chose du genre? Est-ce bien ce que vous avez dit?