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Je déclare la séance ouverte. Bon après-midi.
Bienvenue à la 32e séance du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
La séance d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 23 juin 2022. Les membres du Comité participent en personne dans la salle et à distance à l'aide de l'application Zoom.
J'aimerais énoncer quelques règles à suivre pour ceux qui participent à distance.
Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Des services d'interprétation sont offerts.
Je crois que ce sont uniquement des députés qui participent par Zoom. Puisqu'ils connaissent bien les fonctionnalités de Zoom, je pense, je ne m'y attarderai pas trop.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer. Le microphone des personnes qui sont dans la salle sera contrôlé par l'agent des délibérations et de la vérification, comme d'habitude.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être formulés par l'intermédiaire de la présidence. Lorsque vous avez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Autrement, veuillez mettre votre microphone en sourdine.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 20 janvier 2022, le Comité entreprend son étude sur la baleine noire de l'Atlantique Nord.
Nous accueillons aujourd'hui des témoins du ministère des Pêches et des Océans, soit M. Adam Burns, sous-ministre adjoint par intérim, Gestion des pêches et des ports. M. Burns est un habitué au Comité, bien entendu. Nous avons aussi M. Brett Gilchrist, directeur des programmes nationaux, Gestion des pêches et des ports.
Merci d'avoir pris le temps de comparaître. Vous aurez cinq minutes pour votre déclaration préliminaire, lorsque vous serez prêt.
J'aimerais également souhaiter la bienvenue à M. Bezan, un nouveau membre du Comité qui participe par Zoom, ainsi qu'à M. Drouin, qui se joint à nous en personne à titre de membre suppléant aujourd'hui.
Encore une fois, vous avez cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour aux membres du Comité.
Je tiens d'abord à prendre un moment pour reconnaître la situation très difficile dans laquelle le Canada atlantique se retrouve après le passage de l'ouragan Fiona. Le ministère travaille avec diligence pour réagir à cette crise le plus rapidement possible.
[Français]
En ce qui concerne le sujet d'aujourd'hui, toutes les espèces de baleines présentes au Canada, dont les baleines noires de l'Atlantique Nord, doivent faire face à des menaces directement attribuables à l'activité humaine.
[Traduction]
Au Canada, 19 populations ou espèces de baleines sont maintenant inscrites sur la liste de la Loi sur les espèces en péril, dont 8 sont évaluées comme étant en voie de disparition.
Des espèces comme la baleine noire de l'Atlantique Nord et d'autres espèces inscrites sur la liste de la Loi sur les espèces en péril sont confrontées à un ensemble complexe et interdépendant de menaces liées aux activités humaines qui affectent leur survie et leur rétablissement. Ces menaces comprennent l'empêtrement dans les engins de pêche, les perturbations dues aux navires et les interactions avec les navires, et la diminution de la disponibilité des proies.
Les menaces deviennent encore plus aiguës en raison du changement climatique et de son impact sur les écosystèmes océaniques et la distribution des baleines. Comme le Comité le sait, la baleine noire de l'Atlantique Nord a déplacé ses aires d'alimentation de la fin du printemps et de l'été vers le golfe du Saint-Laurent, où elle est exposée à un plus grand risque de collision avec des navires et d'empêtrement dans des engins de pêche.
Au cours des dernières années, Pêches et Océans Canada, Transports Canada, Environnement et Changement climatique Canada et Parcs Canada ont collaboré pour faire des investissements ciblés afin de contrer les menaces immédiates auxquelles sont confrontées la baleine noire de l'Atlantique Nord et d'autres espèces de baleines en voie de disparition, y compris 167,4 millions de dollars dans le cadre de l'Initiative des baleines annoncée dans le budget 2018.
L'Initiative des baleines était le premier Fonds national ciblé visant à protéger les principales espèces de baleines. Elle a été soutenue par des fonds supplémentaires trouvés dans les initiatives du Plan de protection des océans et du Patrimoine naturel. Ces investissements ont amorcé un changement dans la façon dont les pêches fonctionnent, en mettant l'accent sur des outils novateurs qui protègent la baleine noire de l'Atlantique Nord et d'autres espèces de baleines, tout en démontrant le rôle des pêches dans une économie bleue et le leadership du Canada en matière de produits de la mer durables.
La population de baleines noires de l'Atlantique Nord est en déclin et on estime qu'elle compte environ 336 animaux. Au cours des dernières années, Pêches et Océans Canada a collaboré avec les pêcheurs afin de mettre en œuvre une série de mesures visant à mettre fin au déclin de cette espèce et à permettre ainsi à nos importantes pêcheries et communautés de pêcheurs de coexister avec elle. Notre priorité est de soutenir le rétablissement de cette population en prévenant les empêtrements.
Pour ce faire, nous avons modifié les dates d'ouverture et de fermeture saisonnières des pêcheries afin de prévenir les interactions avec les baleines noires. Cela comprend des opérations ciblées de déglaçage dans le golfe du Saint-Laurent pour aider les pêcheurs à sortir sur l'eau avant l'arrivée des baleines noires. Nous avons également mis en œuvre un des programmes de fermeture de zone les plus avancés au monde, qui fonctionne presque en temps réel, pour retirer les engins de pêche, comme les engins de pêche au homard et au crabe des neiges, aux moments et aux endroits où des baleines noires sont détectées au Canada atlantique et au Québec. Ces mesures comprennent des fermetures temporaires et saisonnières de zones de pêche, et elles sont soutenues par un régime de surveillance complet pour détecter la présence de baleines dans nos eaux, y compris des vols, des navires et une surveillance acoustique.
Pour réduire le risque de blessures graves en cas d'empêtrement d'une baleine, le ministère travaille avec l'industrie de la pêche et ses partenaires du Canada atlantique et du Québec pour mettre au point des engins de pêche sécuritaires pour les baleines. Il s'agit notamment de systèmes qui pêchent sans lignes verticales, ce qui empêche les baleines de s'empêtrer dans l'engin, ainsi que d'autres innovations qui intègrent des maillons à faible résistance à la rupture. Ces maillons sont conçus pour la pêche dans des conditions normales, mais ils se brisent lorsqu'une grande baleine s'y empêtre. Ce type d'engins est à l'essai depuis quelques années, et le Fonds d’adoption des équipements pour la protection des baleines de 20 millions de dollars du ministère appuie quelque 30 à 35 projets cette année. L'expertise acquise par les pêcheurs et les experts dans le cadre du Fonds d’adoption des équipements pour la protection des baleines a joué un rôle central dans l'élaboration de notre approche de mise en œuvre, prévue en 2023, des exigences relatives aux engins de pêche sécuritaires pour les baleines dans les pêcheries commerciales. Ces exigences sont axées sur la protection des baleines et la sécurité des pêcheurs, dans le respect des réalités opérationnelles de l'industrie des pêches.
De plus, depuis 2019, le ministère, par l'entremise de son Fonds pour les engins fantômes, a investi 16,7 millions de dollars dans le cadre d'accords de contribution pour aider les groupes autochtones, les pêcheurs, l'industrie de l'aquaculture, les organisations non gouvernementales et les collectivités à prendre des mesures concrètes dans la lutte contre les engins fantômes. Dans le budget 2022, le Fonds pour les engins fantômes a reçu 10 millions de dollars pour poursuivre les activités de récupération, soutenir l'élimination responsable et mettre à l'essai de nouvelles technologies pour réduire le nombre d’engins fantômes.
Le système de déclaration des engins de pêche a été élaboré et lancé en 2021. Il permet aux pêcheurs commerciaux d'entrer facilement une description de leurs engins perdus et de leur emplacement à l'aide de n'importe quel appareil connecté. Le Canada est récemment devenu le premier pays au monde à partager ses données sur les engins perdus et récupérés par l'entremise du portail mondial de données de l'Initiative mondiale de lutte contre les engins de pêche fantômes, le plus important dépôt de données sur les engins fantômes librement accessible au monde, ce qui présente encore une fois le Canada comme un chef de file mondial en matière de stratégies de conservation.
En outre, le gouvernement poursuit l'élaboration du Programme d'intervention auprès des mammifères marins, qui vise à aider les mammifères marins, y compris les baleines noires de l'Atlantique Nord et les tortues de mer en détresse. Dans le cadre du Programme d'intervention auprès des mammifères marins, le ministère soutient des réseaux d'intervention en cas d'incident impliquant des mammifères marins dans toutes les régions en collaboration avec des groupes de conservation et des organisations non gouvernementales.
Nos investissements dans le Programme d'intervention auprès des mammifères marins comprennent une contribution de 4,5 millions de dollars visant à renforcer la capacité d'intervention sûre et efficace auprès des mammifères marins dans l'ensemble du Canada, ainsi que 1 million de dollars par année pour le soutien opérationnel pour nos partenaires d'intervention.
Grâce à notre engagement continu et régulier auprès de divers groupes — pêcheurs, groupes de l'industrie, spécialistes des baleines noires de l'Atlantique Nord, homologues du gouvernement des États-Unis et autres intervenants —, nous avons constaté des signes encourageants. Par exemple, aucun décès de baleine noire de l'Atlantique Nord n'a été signalé dans les eaux canadiennes au cours des trois dernières années. En même temps, de nouveaux empêtrements de baleines noires ont été identifiés dans les eaux canadiennes et américaines, y compris quatre nouveaux empêtrements dans les eaux canadiennes cette année. Je souligne que tant que le ministère n'a pas mené une enquête complète sur un engin après sa récupération, l'origine de l'engin ne peut être déterminée, et pourrait donc être d'origine canadienne ou américaine.
La gestion des pêches continuera d'évoluer et de s'adapter pour protéger et maintenir les populations de baleines noires de l'Atlantique Nord, ainsi que d'autres populations en péril. Une analyse récente effectuée par l'un de nos partenaires de recherche, la Fédération canadienne de la faune, a démontré que nos fermetures temporaires pour protéger les baleines noires ont réduit le risque d’empêtrement de 65 %. Si l'on ajoute à cela d'autres mesures que nous avons mises en œuvre, notamment la récupération des engins de pêche perdus ou abandonnés, le risque d’empêtrement des baleines noires a été réduit de 82 %.
Nos mesures de gestion adaptative de classe mondiale, qui intègrent les meilleures données scientifiques disponibles, sont le fruit d'une étroite collaboration entre notre ministère, l'industrie de la pêche, les communautés autochtones et des scientifiques de premier plan. Elles visent à protéger et à rétablir les populations de baleines en voie de disparition tout en préservant la réputation du Canada en matière de produits de la mer de source durable.
Nous reconnaissons qu'il y a encore du travail à faire, et que ce n'est pas facile. Il convient de reconnaître le travail et l'innovation considérables réalisés à ce jour pour protéger les baleines noires en collaboration avec notre industrie de la pêche.
En même temps, nous ne verrons le rétablissement à long terme de la population que lorsqu'on ne recensera aucun empêtrement et décès sur plusieurs années. La force de la stratégie canadienne de protection des baleines noires réside dans notre capacité de nous adapter et d'évoluer en fonction des données scientifiques et en travaillant avec les pêcheurs et les experts.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aurais aimé être en personne avec vous aujourd'hui pour le début de cette étude, mais je suis content que vous soyez tous là.
Je veux, moi aussi, prendre quelques minutes pour saluer mes collègues de l'Atlantique et du Québec qui ont été éprouvés par le passage de l'ouragan. Nous sommes de tout cœur avec eux. Je viens moi-même de l'Atlantique et nous avons été un peu chanceux, dans ma circonscription, car l'ouragan est passé juste à côté. Encore une fois, nous sommes de tout cœur avec vous.
Messieurs Burns et Gilchrist, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui. J'ai beaucoup de questions, et sentez-vous libres d'y répondre en français ou en anglais.
Comme vous le savez, les baleines noires font partie de mon paysage depuis 2017. Dans ma circonscription, il y a une grande flotte de crabiers et de homardiers. Dans les dernières semaines, plusieurs groupes environnementaux, un des États‑Unis en particulier, ont dit que nos mesures concernant les baleines noires n'étaient pas adéquates et ils recommandaient carrément de ne plus acheter de crabes, de homards et d'autres poissons, si je ne m'abuse, provenant de nos régions.
Que dites-vous à vos collègues fonctionnaires américains ou même aux groupes environnementaux pour qu'ils connaissent les mesures que nous avons mises en place depuis 2017?
Quels sont vos canaux de communication? Comment expliquez-vous à tout ce beau monde à quel point nous sommes avant-gardistes, tant au gouvernement que dans toute l'industrie, et que nous faisons des pieds et des mains pour mettre en place des mesures depuis des années?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Tout d'abord, j'aimerais dire que l'étude que nous menons avec nos collègues de la côte Est tombe à point, étant donné le passage récent de l'ouragan Fiona dans cette région. Moi qui suis née et ai grandi à Terre-Neuve et qui suis maintenant une fière résidente de la côte Ouest, je tiens à dire que mes pensées accompagnent tous les gens de la côte Est.
Pour revenir au sujet à l'étude, je remercie les témoins de se joindre à nous aujourd'hui afin de faire le point sur ce dossier important.
Le tableau que j'ai sous les yeux présente des chiffres liés à la déclaration obligatoire des engins perdus au MPO. Cette déclaration est devenue obligatoire dans toutes les zones en 2020. J'espère que vous pourrez m'aider à comprendre certains chiffres. Prenons l'exemple de Terre-Neuve‑et‑Labrador: le nombre de rapports d'engins perdus déposés est 33, le nombre d'unités d'engins déclarées perdues est 263 et le nombre d'unités d'engins récupérées est 181.
J'aimerais que vous nous parliez du processus suivi par un pêcheur ou quiconque pour déposer un rapport, du processus suivi pour déclarer les engins perdus, ainsi que des obstacles qui nuisent à la récupération des engins perdus, car comme vous le voyez, les chiffres ne concordent pas.
Nous offrons aux pêcheurs un outil électronique qui leur permet de déclarer facilement et rapidement toute perte d'engin de pêche. Lorsqu'un pêcheur dépose un rapport, le ministère le reçoit et le traite le plus rapidement possible afin de déterminer si lui ou l'un de ses partenaires peut mener une activité de récupération dans un bref délai.
Comme mon collègue M. Adam Burns l'a mentionné, nous avons mis en place un programme de récupération des engins fantômes il y a deux ans. Un nouvel investissement de 10 millions de dollars a été annoncé pour récupérer plus d'engins avec l'aide de nos partenaires, y compris les pêcheurs autochtones, les pêcheurs commerciaux et les spécialistes de la récupération des engins. Une fois les rapports déposés, nous nous en servons pour récupérer les engins. Le problème, c'est que les engins ne peuvent pas toujours être récupérés. De plus, durant la saison, les pêcheurs récupèrent parfois eux-mêmes les engins. Par conséquent, le nombre d'engins déclarés perdus ne correspond pas toujours au nombre d'engins qu'il reste dans l'eau.
Bien entendu, notre objectif est de récupérer tous ces engins, car les engins perdus — et c'est une préoccupation que le Canada a aussi soulevée sur la scène internationale — sont une cause majeure d'impact pour les mammifères marins, y compris les espèces de baleines menacées. C'est pourquoi la collaboration avec l'industrie en vue de récupérer les engins perdus compte parmi nos priorités.
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Nous avons mis en place des mécanismes de reddition de comptes, mais le programme est relativement jeune. Le fait que le Canada est le premier pays au monde à rendre publics les rapports d'engins perdus montre que le programme n'en est qu'à ses débuts et que nous avons une longueur d'avance.
Relativement aux rapports d'engins perdus, il va sans dire que les pêcheurs cherchent avant tout à éviter les pertes d'engins. L'outil de déclaration est relativement neuf, et les chiffres augmentent chaque année. Des facteurs encouragent les pêcheurs à déclarer leurs pertes d'engins de pêche. Les organisations du marché comme Seafood Watch et le Marine Stewardship Council en sont un parfait exemple. Ils surveillent étroitement les actions des pêcheurs et ils tiennent compte des rapports d'engins perdus et des répercussions sur leurs résultats et leur capacité de vendre leurs produits.
Une autre mesure incitative, c'est que les engins utilisés pour la pêche au homard et la pêche au crabe sont marqués. Ainsi, si un engin de pêche est perdu et quelqu'un tombe sur une baleine empêtrée, par exemple, l'engin porte la marque de la pêcherie à laquelle il appartient. Cette mesure a été mise en place pour nous permettre d'enregistrer les engins perdus, et les pêcheurs le savent; ils savent que les engins sont marqués. Ils veulent participer au système de déclaration des engins perdus. Je parle particulièrement des pêches au homard et au crabe et des autres pêches à engins fixes.
Les engins sont aussi marqués afin de différencier les engins canadiens des engins américains. Il n'est pas rare que les baleines empêtrées se déplacent d'un côté à l'autre de la frontière, et nous ne voulons pas être tenus responsables des baleines qui sont trouvées dans les eaux canadiennes, mais qui sont empêtrées dans des engins provenant d'ailleurs.
La pratique de marquer les engins aide aussi l'industrie à comprendre qu'elle devrait déclarer les pertes, et le nombre de rapports est à la hausse. Le programme n'est en place que depuis très peu de temps dans le monde des pêches, mais la participation augmente assez rapidement.
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Je ne vais pas expliquer la conclusion de cet organisme, avec laquelle nous ne concordons pas. Nous considérons que les mesures de protection que nous avons instaurées pour la pêche au crabe des neiges et au homard sont de calibre mondial et réussissent à offrir aux baleines noires de l'Atlantique Nord un niveau de protection de très grande qualité.
Je ne suis pas le seul à l'affirmer. Nos statistiques, qui montrent que nous avons considérablement réduit le nombre d'empêtrements et le taux de mortalité dans les eaux canadiennes, parlent d'elles-mêmes.
En outre, il m'est facile d'affirmer que le travail que nous avons effectué est excellent, mais d'autres groupes, comme le Pew Charitable Trust que j'ai mentionné précédemment, l'ont également fait. De nombreuses organisations non gouvernementales de l'environnement ont aussi déclaré, à titre indépendant, que les mesures du Canada sont effectivement exceptionnelles.
Nous ne sommes pas d'accord avec les conclusions de Seafood Watch et considérons que l'organisme a mis tout le monde dans le même panier. Par exemple, la pêche au homard diffère considérablement entre le Canada et les États-Unis sur le plan de la durée de la saison. La nôtre dure quelques semaines, alors qu'elle est beaucoup plus longue aux États-Unis. La quantité d'engins est différente et la pêche s'effectue à des endroits où on ne voit presque jamais de baleines noires de l'Atlantique Nord. Nous en observons à l'occasion et devons alors prendre des mesures pour les protéger si elles s'aventurent en eaux peu profondes.
Toutes ces caractéristiques sont extrêmement différentes de celles des États-Unis, et nous sommes d'avis que si ces différences avaient été bien comprises, le résultat aurait été autre. Je peux vous assurer que nous avons fait tout ce que nous pouvions pour que Seafood Watch le comprenne. Malheureusement, je pense que l'organisme s'est principalement intéressé aux caractéristiques des pêches américaines et les a apparemment appliquées à nous également.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Certaines de vos observations sur les organisations non gouvernementales de l'environnement, ou ONGE, et la fondation Pew, que vous avez évoquée à plusieurs reprises, soulèvent d'autres questions sur la manière dont le MPO collabore avec les ONGE. Par ailleurs, nous voulions que le MPO travaille avec les pêcheurs pour qu'ils participent au débat, mais il les ignore.
Je vais maintenant discuter d'une étude. La partie à laquelle il est fait référence est un rapport de Monterey Bay Aquarium Seafood Watch, imaginez-vous. Que disent nos collègues américains à ce sujet? Un site d'information indique qu'une ONGE américaine active en Californie, Monterey Bay Aquarium Seafood Watch, a accordé la cote rouge aux industries américaine et canadienne de la pêche au homard, affirmant qu'elles n'en font pas assez pour protéger la baleine noire de l'Atlantique Nord, comme nous en avons parlé.
Ce qui me préoccupe toujours, particulièrement au sujet des aires marines protégées, c'est la politisation du dossier, comme nous l'avons observé sur la côte Est. Que disent les Américains à propos de ce rapport? Voici un extrait d'un article publié dans Spectrum News il y a quelques semaines:
Les démocrates et les républicains du Maine ont rabroué Seafood Watch pour sa cote.
La gouverneure Janet Mills, une démocrate, a déclaré que Seafood Watch induit les consommateurs et les entreprises en erreur avec sa désignation. Des générations de pêcheurs au homard du Maine ont travaillé dur pour protéger la durabilité de la pêche au homard et ont pris des mesures sans précédent pour protéger les baleines noires, des efforts que le gouvernement fédéral et maintenant Seafood Watch ne reconnaissent pas.
Voilà qui rend compte de l'opinion d'une républicaine. Le gouvernement Paul LePage a pour sa part déclaré qu'à titre de gouverneur, il s'élèverait contre les organisations qui attaquent l'industrie du homard et les politiques de réglementation destructives de l'administration Binden visant à détruire le moyen de subsistance des pêcheurs en vertu d'une croyance erronée voulant qu'ils causent du tort aux baleines.
Cela ressemble étrangement à ce qui arrive à nos pêcheurs sur la côte Ouest au sujet du saumon. Nous savons que les saumons abondent dans nos eaux, mais le MPO impose tout de même des fermetures.
Qu'est‑ce que les Canadiens ont à dire à ce sujet? Voici un extrait d'un article intitulé « Il est injuste de blâmer l'industrie canadienne du homard pour les difficultés des baleines noires de l'Atlantique Nord », lequel indique que c'est un simple fait qu'aucun décès de baleine noire n'a été lié, preuve à l'appui, aux engins de pêche au homard récemment. Voilà qui cadre avec les propos de mes collègues.
Cet article indique également qu'il existe plusieurs raisons pour lesquelles la pêche au homard présente un moindre risque au Canada. C'est une pêche côtière qui s'effectue principalement en eaux peu profondes de moins de 20 brasses — une basse équivaut à six pieds, alors faites le calcul —, où les baleines noires sont rarement observées.
Il est question ici de 120 pieds environ. Vous y avez fait référence. Nous savons déjà qu'il n'y a pas de baleines là.
L'article poursuit en indiquant ce qui suit:
Pendant plus de 150 ans, la pêche au homard en Amérique du Nord s'est avérée être une des pêches les plus durables sur la planète. Pour nous tous qui, des deux côtés de la frontière canado-américaine, nous préoccupons profondément de l'avenir, la voie à suivre est claire.
Je rappellerai à ceux et celles qui écoutent aujourd'hui que des gens sont liés aux emplois qui disparaissent en raison du mauvais rapport scientifique publié par cette organisation. Des dizaines de familles de pêcheurs sont touchées. Je le répéterai. Comme l'article l'indique, des dizaines de familles de pêcheurs, de travailleurs d'usine et de communautés côtières attendent qu'on rétablisse les faits et gagne ce combat.
Cet article indique enfin qu'il faut s'élever contre ce que Seafood Watch représente: l'activisme sous un couvert scientifique.
Nous venons d'avoir une étude entière traitant exactement de la même chose.
L'article indique en outre ce qui suit:
L'organisme a mis toutes les pêches aux engins fixes dans le même panier, dans un mépris flagrant des faits et sans la validation d'un examen par des pairs. Ceux qui gardent la tête froide doivent l'emporter. Nous avons besoin de plus de données scientifiques et de moins de politiques, d'une plus grande collaboration binationale et de moins d'accusations. Les efforts visant à assurer l'avenir durable de la baleine noire — et à lutter contre ce qui la menace — transcendent les frontières et doivent être entrepris par les deux pays.
Je suppose que je veux vous poser la question suivante: pourquoi le MPO travaillerait‑il avec les ONGE, comme celles que nous avons mentionnées et auxquelles vous avez fait référence, plutôt qu'avec les pêcheurs eux-mêmes?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Il a été question tantôt de tout ce qu'il fallait faire pour avoir des mesures assez fortes nous permettant de freiner la mortalité des baleines et de ne pas nuire à nos marchés et à nos relations avec les Américains.
En 2018, la première année, à partir du 28 avril, une zone statique au complet allait être fermée à la pêche. En 2019, on a assoupli les mesures et réduit la zone statique de 63 %. En 2020, il n'y avait plus de zone statique, et il y a eu des zones dynamiques par la suite. En 2021, il y avait encore une fois un peu de changements ici et là.
Qu'est-ce qui vous fait dire que l'on ne peut pas encore assouplir les mesures d'une façon très responsable? Si mes collègues autour de la table prenaient connaissance du document d'information que nous avons reçu hier de la Bibliothèque du Parlement et regardaient la carte de cette année, ils verraient que le golfe du Saint‑Laurent était pratiquement fermé au complet à la pêche.
Je sais que les quotas de crabes ont été atteints en grande majorité, mais, ce qui rend la situation très difficile, c'est toute cette incertitude que cela suscite, au début et pendant la saison, tant chez les pêcheurs et les employés d'usine que dans les communautés.
Qu'est-ce qui vous fait dire que l'on ne pourrait pas assouplir encore davantage les mesures pour donner un peu de répit à ces gens et avoir une saison un peu plus normale, tout en protégeant les baleines noires?
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais remercier les gens de l'industrie, les groupes de pêcheurs et tous les pêcheurs qui nous écoutent en ce moment d'avoir fait des efforts surhumains au cours des dernières années pour assurer la protection des baleines.
Je précise que ce ne sont pas tous les groupes environnementaux qui sont contre les mesures que nous avons prises. Plusieurs groupes environnementaux dans ma région travaillent main dans la main avec l'industrie. Nous aurons probablement la chance de les entendre au Comité. Ils font un travail extraordinaire.
Je pense que tout le monde a compris qu'il faut travailler ensemble. Les pêcheurs font certainement partie de la solution à cet égard. Ils peuvent nous aider à protéger les baleines, à avoir des pêcheries responsables et à faire en sorte que nous puissions continuer à pratiquer ce merveilleux métier dans les années à venir.
[Traduction]
Messieurs Burns ou Gilchrist, je ne veux pas revenir sur ces mesures ou outils que nous utilisons — nous y reviendrons certainement à un moment donné —, mais une chose qui posera problème dans un avenir rapproché, comme vous l'avez dit, c'est que nous utilisons des pièges sans corde à l'heure actuelle. C'est un outil formidable que nous sommes encore en train d'élaborer. Il y a encore des ratés ici et là, mais je pense que nous y arriverons.
Toutefois, il y a une politique relative aux cordes à faible résistance que nous voulons mettre en place pour la prochaine saison. Je pense que vous savez — et j'espère que vous le savez — que certains groupes testent ces cordes, et presque tout le monde a dit que nous ne sommes pas prêts pour ces cordes. Nous ne sommes pas prêts à les utiliser. Si nous les utilisons, elles vont se rompre et nous aurons un plus grand nombre de cordes dans l'eau. Où en êtes-vous avec cette situation en ce moment?
Mon point de vue, et celui de l'industrie et des groupes environnementaux, c'est que nous devrions faire une pause et nous assurer que nous avons de bonnes cordes qui ne se rompront pas, au lieu d'avoir quelque chose qui causera peut-être plus d'empêtrements et de dommages, et alors nous verrons plus souvent ce que nous voyons des États-Unis qui disent que nous n'avons pas de bonnes mesures en place.
Qu'entendez-vous dire à ce sujet, et qu'en pensez-vous?