Bienvenue à la réunion 98 du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Cette réunion se déroule dans un format hybride, conformément au Règlement.
Avant de poursuivre, je vais formuler quelques commentaires à l'intention des témoins et des députés. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas. Pour ce qui est de l'interprétation, les personnes qui participent sur Zoom ont le choix, en bas de leur écran, entre l'audio du parquet, l'anglais ou le français. Les personnes présentes dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal souhaité. Veuillez adresser vos commentaires à la présidence.
Avant de poursuivre, je tiens simplement à rappeler aux députés qu'ils doivent être très prudents lorsqu'ils manipulent les oreillettes, en particulier lorsque leur microphone ou celui de leur voisin est allumé. Les oreillettes placées trop près d'un microphone sont l'une des causes les plus fréquentes d'effet Larsen. Celui‑ci est extrêmement nocif pour les interprètes et cause de graves blessures.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 8 février 2024, le Comité entame son étude des mesures visant à prévenir la violence au cours de la saison de pêche à la civelle de 2024
Nous accueillons aujourd'hui des représentants du ministère des Pêches et des Océans du Canada. Je souhaite la bienvenue à Annette Gibbons, sous-ministre; Adam Burns, sous-ministre adjoint, Secteur des programmes; Brent Napier, directeur général par intérim, Conservation et Protection; et Doug Wentzell, directeur général régional, Région des Maritimes.
Je vous remercie d'avoir pris le temps de comparaître aujourd'hui. Je sais que ce n'est pas la première fois que vous vous présentez devant le Comité. Vous disposerez de cinq minutes au plus pour formuler vos observations liminaires.
J'invite Mme Gibbons à formuler ses observations dès qu'elle sera prête...
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J'ai un rappel au Règlement, monsieur le président.
J'aimerais simplement clarifier ce qui s'est passé ici. Nous ne voulons en aucun cas mettre fin à cette réunion. Il a fallu cinq minutes pour adopter cette motion. Tout ce que nous venons d'adopter était lié à une motion dont nous débattions lors de la dernière réunion, lorsque nous avons levé la séance. Nous voulons entendre les fonctionnaires.
Je pense que le commentaire de mon collègue M. Perkins était un peu déplacé, mais, monsieur le président, je pense que nous pouvons maintenant poursuivre cette réunion. Nous n'avons aucune intention d'empêcher la tenue de cette réunion. Le but était simplement de régler certains points que nous n'avions pas pu régler lors de la dernière réunion.
Encore une fois, je ne crois pas qu'il le fera, mais je pense que le député devrait s'excuser pour son commentaire.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Les fonctionnaires du ministère et moi‑même sommes heureux d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais commencer par dire que Pêches et Océans Canada s'est engagé à assurer la conservation de l'anguille d'Amérique, et que la durabilité et la gestion ordonnée sont des priorités pour la pêche à la civelle. Il s'agit d'une pêche extrêmement lucrative, la plus importante du Canada pour ce qui est de la valeur au poids, et c'est la raison pour laquelle elle fait l'objet d'une pêche illégale importante.
Cette situation se produit dans des centaines de rivières au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Ces personnes agissent souvent la nuit et dans des endroits isolés qui ne sont pas facilement accessibles. Il est donc très difficile de surveiller la pêche illégale de la civelle et de lutter contre celle‑ci. Il s'agit également d'une pêche facile à pratiquer, car il existe peu d'obstacles à l'entrée. Il suffit d'avoir une épuisette. Il n'y a pas de formation spécialisée, de bateaux ou d'équipement nécessaire.
De vastes chaînes d'approvisionnement complexes et lucratives suivent le point de récolte. Il s'agit donc d'une espèce extrêmement attrayante pour les personnes qui se livrent à cette activité illégale. Cette situation présente des risques importants et difficiles à gérer pour la conservation de l'espèce et la sécurité publique.
[Français]
Les inspections, les observations et les rapports adressés à Conservation et Protection indiquent que d'importantes quantités de civelles sont pêchées illégalement. On estime que le total des prises dépasse de beaucoup le total autorisé des captures, ce qui compromet les objectifs de conservation de l'anguille d'Amérique au Canada et menace la conservation et la protection de la population.
La pêche à la civelle est devenue le théâtre de comportements inacceptables: harcèlement, menaces et violence entre les pêcheurs et à l'égard des agents des pêches, un certain nombre d'affrontements et d'incidents violents constituant même une menace immédiate à la sécurité publique et à la gestion de cette pêche.
Conservation et Protection et ses partenaires chargés d'appliquer la loi ont reçu de nombreuses plaintes concernant des actes de violence, des intrusions, des dommages matériels, des infractions liées aux armes et au crime organisé, des séquestrations et d'autres risques importants pour la sécurité publique.
[Traduction]
Face à ces problèmes uniques et complexes en matière d'application de la loi, en 2023, mon ministère a consacré plus d'agents des pêches à la pêche commerciale de la civelle qu'à n'importe quelle autre pêche commerciale. Nous avons fait venir des agents d'autres régions du pays pour soutenir nos agents dans les Maritimes, ce qui n'est évidemment pas viable pour de nombreuses raisons.
Au bout du compte, pour la sécurité de nos agents des pêches et du public et pour la durabilité de l'espèce, la pêche à la civelle a été fermée en 2023 par un arrêté ministériel de gestion des pêches. C'est la deuxième fois que la pêche est fermée en quatre ans.
[Français]
Au cours des dernières années, les nombreuses discussions tenues entre le ministère, les titulaires de permis et d'autres intervenants ont démontré la nécessité de se doter de nouveaux outils et de nouvelles approches pour gérer et contrôler efficacement la pêche à la civelle. En l'absence de tels changements, il est très probable que la saison 2024 suivra la tendance inacceptable observée ces dernières années.
[Traduction]
Depuis la fermeture de l'année dernière, mon ministère travaille avec l'industrie, les Premières Nations et d'autres parties prenantes pour déterminer la voie à suivre.
[Français]
Au cours de cet examen, les changements à apporter sont apparus clairement, notamment l'amélioration de l'accès pour les communautés autochtones, un nouveau cadre de réglementation pour encadrer et autoriser la possession et l'exportation des civelles ainsi qu'une série de changements opérationnels dans la gestion de la pêche à la civelle. Bon nombre des changements nécessaires reposent sur l'adoption de nouveaux règlements, notamment la conception et la mise en œuvre de nouveaux systèmes de traçabilité permettant de suivre les mouvements des civelles.
[Traduction]
Bien que nous ayons réalisé des progrès considérables dans ces trois domaines, il reste encore beaucoup de travail à faire.
C'est pourquoi, plus tôt aujourd'hui, la a écrit aux détenteurs actuels de permis, y compris des organismes autochtones et des Premières Nations, pour leur faire part de son point de vue selon lequel il ne sera pas possible d'assurer une pêche à la civelle sûre et durable en 2024 et que la pêche ne devrait donc pas être ouverte. La ministre a également invité les détenteurs de permis à lui faire part de tout commentaire pertinent qu'ils pourraient formuler pour l'aider à prendre sa décision finale.
Le fait de ne pas ouvrir la pêche cette saison soutiendrait les objectifs d'application de la loi et de conservation à court terme et permettrait de concevoir et de mettre en œuvre des règlements, des mesures de gestion et des outils de traçabilité, afin de mieux contrôler la pêche illégale et non autorisée dans les années à venir. À l'issue de cette période de consultation de 10 jours et lorsque tous les commentaires auront été pris en compte, la prendra une décision au sujet de la pêche pour 2024.
Je suis optimiste quant aux résultats que nous pourrons obtenir grâce à la coopération de toutes les parties concernées par cette pêche, à l'accent mis sur la conservation de cette espèce, à la réconciliation et à l'engagement collectif en faveur d'une conduite sûre et ordonnée.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Il s'agit en effet d'un jour très triste pour la pêche. En huit ans, ce ministère et six ministres ont assuré la pire gestion de l'histoire de cette pêche. En l'an 2000, comme aujourd'hui, il y a eu une fermeture complète de la pêche à la civelle à cause du braconnage et de la pêche illégale. L'industrie nous a dit comment régler le problème, et ce ministère n'a rien fait depuis — absolument rien — pour remédier à ce problème.
Aidez‑moi à comprendre comment cette décision ministérielle, et ce qui est probablement une recommandation du ministère, d'interdire aux personnes qui respectent la loi de pêcher dans les rivières va dissuader des milliers de pêcheurs illégaux étrangers financés par le crime de braconner et de détruire la pêche.
En quoi le fait d'interdire aux pêcheurs respectueux de la loi de se rendre sur la rivière contribue‑t‑il à mettre fin au braconnage ?
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Nous collaborons très étroitement avec nos partenaires d'application de la loi, que ce soit la GRC, l'ASFC, les services de police locaux et les organismes d'application de la loi provinciaux.
L'essentiel de notre collaboration comporte deux volets principaux. Le premier est la communication de renseignements. Nous transmettons toute information pouvant aider nos collègues et d'autres organismes d'application de la loi à assumer leur rôle et à remplir leur mandat. Le deuxième est la coordination des capacités. Lorsque nous avons besoin de soutien pour un incident qui, selon nous, coïncide avec le mandat ou relève des compétences de forces policières en particulier, nous communiquons les informations. Ce dialogue a lieu quotidiennement. Il y a aussi des tables structurelles qui échangent des informations sur une base régulière.
Je tiens à préciser que la Loi sur les pêches confère aux agents des pêches des pouvoirs qui leur permettent d'intervenir lors d'incidents jusqu'au premier point de vente. Dans les cas impliquant des violences et des intrusions et dans les cas tels que les terribles incidents survenus dans le secteur des pêches depuis un an, nous comptons énormément sur nos partenaires d'application de la loi, notamment la GRC et la police locale.
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Merci, monsieur le président. Je suis contente de vous voir de retour dans votre fauteuil.
Je remercie également les témoins d'être parmi nous, et nos collègues d'avoir proposé cette étude.
J'ai été informée de cette situation il y a presque deux ans déjà. Les gens que nous avions rencontrés à cette occasion étaient profondément affectés par ce qui se passait. Une trentaine d'années auparavant, ils avaient développé ce marché de la civelle, qui est, ma foi, peu connu, et travaillé fort par la suite pour tenter de le construire, réussissant éventuellement à en faire une entreprise un peu lucrative. En fin de compte, cependant, ils étaient venus nous dire qu'ils ne pouvaient plus pêcher, car ils avaient peur de le faire. En effet, c'est une pêche qui se pratique la nuit, mais ils ne pouvaient plus approcher des lieux parce qu'on les menaçait et qu'on les intimidait.
Il est donc question ici de gens qui ont mis sur pied une initiative importante. Comme le sait toute personne qui est dans les affaires, cela implique des efforts personnels et, souvent, des risques financiers. Ces gens sont maintenant aux prises avec cette situation.
Qu'est-ce qui importe le plus dans ce contexte: octroyer des permis, trouver une façon de faire disparaître cette tension ou augmenter la sécurité au maximum? Est-ce que toutes ces réponses sont bonnes? Je pose cette question à tous les témoins.
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L'annonce de la ministre, aujourd'hui, a été faite parce que nous voyons que les outils que nous avons utilisés jusqu'à maintenant ne réussissent plus à assurer la conservation de l'espèce ni la sécurité publique.
Il y a trois domaines dans lesquels nous sommes en train d'effectuer des changements.
Premièrement, il y a l'allocation pour les Premières Nations. C'est quelque chose qu'elles demandent. Nous avons fait des changements à cet égard ces deux dernières années et nous devons poursuivre les consultations avec les Premières Nations sur leur participation à cette pêcherie.
Deuxièmement, il y a le contrôle réglementaire des prises. Actuellement, le ministère a seulement le droit de réglementer ce qui se passe sur les rivières, c'est-à-dire la pêche comme telle. Cependant, nous n'avons pas l'autorité d'intervenir dans le commerce subséquent de ces prises. Alors, si nous voyons quelque chose, mais que nous ne pouvons pas déterminer d'où cela provient, il est difficile d'intervenir. Les règlements qui visent toute la chaîne de valeur sont donc très importants et permettraient de contrôler la position des civelles tout au long de la chaîne de valeur, jusqu'à l'exportation. Nous travaillons très fort sur ce point.
Troisièmement, il y a la gestion de la pêche. Un système de traçabilité permettrait au ministère d'avoir plus de données et d'information sur les prises et sur ce qui se passe, afin de mieux protéger la ressource.
Nous avançons sur ces trois fronts en même temps.
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C'est bien ce que je compte faire. Merci, monsieur le président.
Comme je le disais, monsieur le président, malheureusement, le comportement du député est délétère pour l'environnement de travail de nos collègues et des membres du personnel, en particulier les interprètes qui doivent écouter des vociférations et des insultes. Je demande donc à mon collègue, et en même temps à mes collègues de prendre une grande respiration lorsqu'ils sentent la colère monter, surtout lorsqu'ils n'ont pas toutes les informations en main, et de trouver des manières de communiquer plus respectueuses.
Sur ce, merci de m'avoir permis de consacrer une partie de mon temps de parole à cette question.
J'aimerais obtenir des éclaircissements, madame Gibbons. J'essaie de comprendre. Voici le premier paragraphe de la lettre envoyée aux détenteurs de permis: « Je vous écris pour vous informer de mon intention de ne renouveler aucun permis de pêche à la civelle pour la saison 2024. » La déclaration diffusée par le MPO indiquait pourtant que des consultations avaient lieu.
De mon point de vue, ces informations sont contradictoires. Pourriez-vous éclairer ma lanterne?
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Examinons maintenant l'autre chaîne d'approvisionnement, celle de la justice.
Un an déjà s'est écoulé depuis la dernière pêche pratiquée hors de la portée de la loi. Des centaines, voire des milliers de pêcheurs y ont participé, mais seulement 60 accusations ont été portées, et aucune n'a fait l'objet d'un procès. Faut‑il affecter plus de ressources aux tribunaux? Faut‑il adopter une stratégie pour régler ce problème?
Devant des rivières où l'argent coule à flots, ni les mesures d'application de la loi ni même la menace de poursuites judiciaires n'ont beaucoup d'effet dissuasif. Les gens vont prendre le risque. Tout ce qui pourrait fonctionner, ce serait de procéder à des saisies de biens personnels ou de condamner des gens à des peines de prison. Un an s'est écoulé, et aucune mesure de la sorte n'a été prise.
Quelles mesures prenez-vous pour réunir tous les partenaires, pour coordonner leurs efforts et pour renforcer leur efficacité?
J'ai une autre question. Je vous demanderais de répondre aux deux. Les agents des pêches ont-ils peur d'appliquer la loi?
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Merci, monsieur le président.
Je vais prendre un peu de mon temps de parole pour donner avis d'une motion, en espérant la bonne foi de tous.
Compte tenu de la baisse importante de la biomasse de crevettes, de la faible allocation de sébaste accordée à la flottille de crevettiers, particulièrement la petite flottille, de la possible disparition de l'industrie de la crevette et de l'absence concrète d'alternative et de soutien concret, et des répercussions que subissent les pêcheurs, les aides-pêcheurs, les propriétaires et les employés d'usine de transformation, ainsi que les communautés côtières et les entreprises, compte tenu de toute cette urgence d'agir, je propose:
Que, conformément à l'article 108(2), le Comité entreprenne une étude sur les barèmes utilisés par le ministère des Pêches et des Océans (MPO) pour fixer les quotas de pêches au sébaste, notamment sur ceux qu'a annoncés la ministre le 26 janvier dernier, ce, afin d'évaluer l'ampleur des effets de ceux-ci sur l'industrie de la pêche à la crevette; que le Comité alloue un minimum de deux rencontres pour mener cette étude; que la rencontre du 27 février soit allouée pour entendre la ministre et les hauts fonctionnaires du MPO afin qu'il répondre aux questions du Comité pendant deux heures et que la rencontre du 29 février soit alloué aux témoins que le Comité jugera nécessaire d'entendre; que le Comité fasse rapport de ses observations et recommandations à la Chambre en urgence.
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Merci, monsieur le président.
Nous allons diffuser un communiqué aujourd'hui pour dire qu'il y aura des consultations pour la saison qui s'en vient. Je pense que les gens comprennent l'objectif du gouvernement d'en arriver à une réconciliation avec les peuples autochtones, on en parle depuis plusieurs années. Je pense que même les pêcheurs commerciaux non autochtones de n'importe quelle autre pêcherie comprennent aussi qu'il faut discuter des différentes préoccupations concernant les pêches.
On parle encore une fois de consultations. Or, quand vient le temps de parler de consultations, surtout avec les Premières Nations, on dit souvent que cela doit se faire de nation à nation. Pourtant, certains groupes se retrouvent en dehors de ces discussions. Par conséquent, ces consultations vont-elles être faites avec tous les groupes en même temps ou seulement avec un groupe à la fois, comme celui des Premières Nations, celui des pêcheurs commerciaux, et ainsi de suite?
Ne pourrions-nous pas, pour une fois, mettre tout le monde dans une salle et parler ensemble? C'est ce que représente pour moi le verbe « réconcilier ». Est-ce une chose que vous avez pensé faire, c'est-à-dire réunir tous ces groupes dans la même salle pour discuter de l'avenir de cette pêche, mais également de toutes les autres pêcheries au sujet desquelles on a un peu de difficulté quand vient le temps de parler de réconciliation avec les Premières Nations?
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Elles sont expédiées par une société qui appartient à un certain M. Mao, qui les exporte sous la bannière de l'ACIA.
En passant, j'aimerais qu'on inclue l'ACIA dans notre prochaine réunion.
Son beau-frère est le gérant de ChiCan, qui est dans ma circonscription et dont M. He, qui vit en Chine, est le propriétaire et qui séjourne à l'heure actuelle dans une prison chinoise pour avoir enfreint la loi chinoise sur l'importation illégale de fruits de mer. C'est de là que provient l'argent pour cette opération. Examinez-vous tout cela et allez-vous fermer Zheng Chao chez Atlantic ChiCan?
Allez-vous fermer cette entreprise de Toronto qui exporte illégalement des civelles et les faire payer?
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Vous pourrez le faire? Que Dieu bénisse les 60 à 90 qui entreprennent ce travail.
Ce qui est incroyable c'est que le MPO a ajouté 443 personnes aux RH, ce qui porte le nombre de personnes affectées aux ressources humaines à 800 pendant cette période. Les services ministériels, financiers et administratifs comptent aujourd'hui 1 200 personnes, une croissance considérable de la bureaucratie à Ottawa.
En revanche, en ce qui concerne la nécessité d'appliquer la loi, car cette dernière est la clé de toute pêche durable et, sans elle, vous ne pouvez pas maintenir une pêche durable. La priorité de la et de ce ministère, sous la direction des six derniers ministres et maintenant sous sa direction, est l'administration et non pas l'application de la loi. Pourquoi?
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Ce sera plutôt M. Kelloway si cela ne vous dérange pas.
En ce qui concerne la traçabilité, j'envisage la situation sous la forme d'une roue et il y a aussi les rayons. Les rayons sont les solutions ou les remèdes ou ce que vous voulez mettre en place pour empêcher les acteurs illégaux de récolter et d'exporter leur récolte. Nous avons parlé de traçabilité aujourd'hui, c'est un des rayons.
Au dernier tour de questions, j'ai pu poser ma question concernant le Maine, et je crois que c'est le moment.
Prenons, par exemple, ce qui se passe dans le Maine. Qu'ont-ils fait en matière de traçabilité, mais aussi quels sont les autres éléments qui constituent leur plan d'attaque pour faire respecter la loi et pour collaborer avec les Autochtones? Quel est aussi leur plan d'ensemble pour aller à l'encontre de ce qui se passe en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick? Que pouvons-nous apprendre d'eux et nous intéressons-nous réellement à la pratique exemplaire que cela représente?
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Je vous remercie de votre question.
Oui, nous avons travaillé de très près avec l'État du Maine et notre équipe de gestion des pêches a mis au point son approche en s'inspirant de la leur, pour ce qui est des mesures réglementaires et de la création d'un système de traçabilité. Le député a tout à fait raison, le Maine a dû interdire la pêche un certain nombre de fois au cours des dernières années et ils ont mis près de six ans à mettre au point le système qu'ils ont aujourd'hui. Dans le contexte canadien, nous avons quelques aspects plus compliqués à rajouter, en rapport avec le volume des pêches, les consultations avec les Autochtones et les différentes administrations.
L'État du Maine gère la récolte, l'achat et la vente, tous ces éléments, et donc nous avons plusieurs composantes à rajouter et que nous devons régler. Mais nous ne cherchons pas à réinventer la roue. Nous avons beaucoup appris de l'État du Maine et nous leur en sommes très reconnaissants.
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Merci, monsieur le président.
Je m'interroge sur l'avenir des pêcheries en général. Au Québec, tout particulièrement, on mange une bonne claque, comme on dit par chez nous. On ferme une pêche parce qu'elle est trop illégale: c'est un peu ça, la situation. On a fermé la pêche au maquereau, on ferme presque la pêche aux crevettes et la compensation pour le sébaste n'est pas suffisante. On s'interroge sur la survie du sébaste à long et à moyen termes. En ce moment, un ensemble de problèmes font qu'on est à trois virgules de dire qu'on est en pleine crise des pêches. Devant cette perspective, les pêcheurs qui nous écoutent n'ont pas de solution de rechange et ils n'ont pas beaucoup de points d'ancrage pour rebondir sur le plan des affaires. En effet, ces gens sont dans les affaires, ils gagnent leur vie, et il y a des villages qui sont accrochés à ça.
Le cas de la civelle est un cas un peu particulier, où il y a beaucoup d'intimidation et de marchés « sombres ». Comment priorise-t-on la survie de l'économie des pêches quand on regarde ce portrait? Qu'est-ce qui devient l'urgence d'agir? Est-ce la nécessité de protéger la ressource? Est-ce la nécessité de garder les pêcheurs en place et de préserver une économie qui contribue au PIB du pays? Qu'est-ce qui devient la priorité? Est-ce que c'est la sécurité des gens? Je me mets à votre place et je me demande où vous en êtes.
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Nous sommes extrêmement conscients de l'importance des pêches pour les communautés côtières, c'est sûr. Nous savons très bien que c'est primordial pour l'économie de ces régions. C'est pour ça que, dans nos cadres politiques et dans la législation sur les pêches, nous prenons en considération les impacts socioéconomiques des pêches dans tout ce que nous faisons.
Il est certain qu'il y a beaucoup de pressions sur les espèces et les stocks. C'est dû, en partie, aux changements climatiques. On en parle beaucoup ces jours-ci, en particulier chez les pêcheurs. En général, il y a aussi d'autres pressions. Nous tentons de les atténuer dans toutes les politiques et mesures que nous adoptons, y compris dans la Politique du propriétaire-exploitant, laquelle vise à s'assurer que les bénéfices sont partagés dans les communautés.
La décision concernant le sébaste comprenait effectivement une partie pour soutenir les pêcheurs de crevettes, qui vivent une situation très difficile. Dans chacune de nos décisions et de nos politiques plus globales, nous pensons aux répercussions sur les communautés et sur leurs pêcheurs. Nous essayons de faire ce que nous pouvons par nos décisions.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Gibbons, vous pourriez peut-être répondre à ma question précédente sur les leçons tirées des conflits de 2019 dans le cadre de la pêche au homard.
Naiomi Metallic est professeure associée et titulaire de la Chaire du chancelier en droit et politiques autochtones à l'Université Dalhousie. Elle a récemment comparu devant le Comité pour parler de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, un sujet qui, bien entendu, est inextricablement lié aux questions que nous abordons aujourd'hui.
Dans son témoignage, elle nous a fait part de son inquiétude quant au caractère unilatéral de certaines discussions, qui assimilent souvent la pêche autochtone à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. Elle a souligné ce qui suit:
Une telle réflexion ne tient absolument pas compte du fait que nous parlons de droits protégés par la Constitution qui exigent le respect et la mise en œuvre par les gouvernements, d'autant plus que le Canada a adopté la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Pouvez-vous nous faire part de vos commentaires et de vos réflexions à ce sujet? Je serais également heureuse de recevoir d'autres renseignements par écrit plus tard.
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Il y a certainement de nombreuses leçons à tirer de situations très difficiles comme celle‑là.
M. Wentzell s'est occupé de notre région au plus fort d'une période très tendue et il pourra peut‑être ajouter quelques commentaires importants. Lui et son équipe ont géré la situation en tentant de désamorcer les tensions, mais je pense qu'à plus long terme, nous nous sommes concentrés sur un certain nombre de choses.
La plus importante est de comprendre le type d'accès à la pêche que les collectivités autochtones souhaitent obtenir et de trouver des moyens de les appuyer à cet égard. Ces dernières années, nous avons beaucoup de progrès en matière de subsistance convenable par l'entremise d'accords sur les droits et la réconciliation, ainsi que par l'entremise de plans de pêche visant à assurer une subsistance convenable. Ces plans ne sont pas des accords officiels, mais plutôt des ententes qui définissent en quelque sorte les façons dont les membres d'une communauté aimeraient participer à une pêche et la façon dont le ministère peut les aider à atteindre ces objectifs. C'est donc un élément très important.
Nous reconnaissons qu'il y a un grand intérêt et que les changements qui sont apportés à la participation autochtone peuvent avoir des impacts sur les collectivités non autochtones. Nous avons des dialogues fréquents et nous reconnaissons que nous devons faire preuve de transparence au sujet des mesures que nous prenons et des raisons pour lesquelles nous les prenons. Nous devons prendre le temps d'organiser ces discussions.
Dans mes propres discussions avec les associations de pêcheurs dans les régions où s'applique la pêche visant à assurer une subsistance convenable — et cela peut s'appliquer à l'ensemble du pays dans le cadre de la réconciliation de manière plus générale —, j'ai observé que les gens souhaitent ardemment trouver un moyen d'arriver à la réconciliation et d'aider les collectivités autochtones à se rapprocher de leurs objectifs. Il existe un véritable soutien à cet égard. L'approche et la mise en place peuvent être différentes dans chaque cas, mais ce soutien existe.
Je m'entretiens souvent avec les dirigeants des associations de pêcheurs et ils font preuve d'une réelle volonté de trouver des solutions et de travailler avec leurs membres pour trouver un terrain d'entente.
Je pense que tout le monde se rend compte qu'il s'agit de groupes qui vivent et pêchent côte à côte. Ils travaillent ensemble sur les quais et ils souhaitent vraiment arriver à le faire en harmonie. Il y a de nombreux exemples de réussites des deux côtés, et il est très encourageant d'entendre ces récits.
Nous devons donc poursuivre ces efforts et ces dialogues dans le respect des deux groupes.
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D'accord. Je vais maintenant aborder la question sous un autre angle.
M. John Reynolds, le président du COSEPAC, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, a comparu devant notre comité l'année dernière et je lui ai posé une question sur les civelles. D'après ce que j'ai lu dans vos réponses à l'industrie, vous dites que nous devons être très prudents et que nous ne pouvons pas augmenter le total autorisé des captures pour élargir l'accès, car nous sommes dans un processus liés aux espèces en péril et à COSEPAC, même si les civelles sont énormes et abondantes sur la côte Est.
Je lui ai demandé s'il était possible de séparer, dans le cadre des processus de la Loi sur les espèces en péril et du COSEPAC, les civelles qui posent problème en Ontario et dans le Saint-Laurent en raison des barrages sur les lacs et d'autres raisons connexes, et les civelles de la côte Est, où ces problèmes ne se posent pas. Il a répondu que c'était possible pour deux raisons. Tout d'abord, les civelles sont plus abondantes et nous pouvons les séparer dans le processus. Deuxièmement, elles ont probablement de légères différences génétiques, bien qu'elles soient toutes nées au même endroit.
Comment se fait‑il que lorsque la ministre précédente m'a répondu à ce sujet, elle m'a dit que ce n'était pas possible?
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Chaque jour de l'année dernière... Voici un exemple.
L'industrie a envoyé un courriel à la ministre et à M. Kerr pour leur faire part de signalements précis de braconnage sur les rivières. Ces gens ont des caméras allumées en direct. Il ne s'agit pas des centaines de rivières sans permis qui ont été braconnées, mais bien de ces rivières.
Les dénonciateurs n'ont jamais reçu de réponse du MPO ou de ses organismes d'application de la loi. Aucune des personnes en question n'a été arrêtée, y compris dans l'affaire dont j'ai parlé la semaine dernière, où le verveux a été volé par les pêcheurs à la civelle. Le vol a été signalé au MPO, et aucune accusation n'a été portée contre l'individu responsable, même si le dispositif était muni d'un dispositif de repérage par GPS et d'un permis du MPO. Pourquoi n'applique‑t‑on pas la loi lorsque l'industrie se plaint?
L'une de ces rivières, la rivière Sackville, se trouve à deux minutes de votre bureau d'application de la loi. Pourtant, personne n'est jamais venu.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Vous semblez tous tellement calmes, tandis que nous sommes tous tellement frustrés ici parce que nous voyons ce qui nous mènera tout droit à simplement répéter la situation qui s'est envenimée au cours des dernières années.
La réglementation et les lois sont ce qu'elles sont, mais il y a tellement d'argent en jeu ici que les gens n'en tiennent pas compte. J'aimerais que vous nous aidiez à brosser le tableau d'une mesure d'application de la loi.
Une personne pêche sur la rivière. Elle n'a pas de permis. Le responsable de l'application de la loi se pointe — que ce soit le MPO ou la GRC, ou les deux. Que se passe‑t‑il? Quelles sont les options en matière d'application de la loi à la disposition des agents lorsqu'ils appréhendent une personne qui pêche sans permis?
J'ai mentionné que les agents qui sont vus... Le public est témoin de certaines des mesures d'application de la loi, mais pas de toutes. Il y a des mesures tant dans les installations qu'aux points de sortie, et il y a aussi des renseignements recueillis. Il y a toute une série de mesures. Il ne s'agit pas seulement des agents qui se rendent sur l'eau, mais aussi de ceux qui recueillent des renseignements et qui essaient de comprendre où vont les civelles, ce qui est un élément important. L'effet dissuasif consiste à mettre fin à la pratique en cours de route.
À la source, compte tenu du nombre de cours d'eau, il est beaucoup plus difficile de mettre fin à la pratique. C'est pourquoi nous avons déployé stratégiquement des ressources tout au long de la chaîne pour essayer de perturber cette activité en cours de route.
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Merci, monsieur le président.
Mes propos vont aller dans le même sens que ceux de M. Hardie. Nous voulons bien croire que la réglementation va permettre de changer les choses, mais nous avons tous suffisamment d'expérience pour savoir qu'il n'y a rien de plus facile à contourner qu'un règlement.
Personnellement, j'ai peur que les personnes les plus honnêtes, celles qui ne font pas fi des règlements et qui ont développé la pêche à la sueur de leur front, soient celles qui sont pénalisées. Comme je l'ai dit tantôt, c'est aussi le cas dans d'autres types de pêche. C'est toujours elles qui sont pénalisées: on ferme leur pêche et on leur retire leurs permis, alors que ces gens ont souvent un comportement exemplaire. Je trouve ça effrayant, parce que, au bout du compte, il y aura des frustrations, de la colère et de l'intimidation. On va se retrouver dans une impasse irréversible.
Dans ce contexte et dans un État de droit comme le nôtre, qu'est-ce qui vous permet de croire qu'on peut changer les choses à plus ou moins court terme?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Ma question s'adresse à Mme Gibbons. Elle est peut-être un peu répétitive, mais vous pourriez préciser un peu les choses pour moi.
Il est clair que Pêches et Océans ne répond pas à tous les rapports qui sont présentés au sujet du braconnage, d'après les renseignements que nous recevons. Comment décide‑t‑on à quels rapports il faut répondre?
Pouvez-vous m'expliquer le processus de réception d'un rapport, les mesures qui sont prises, ou l'absence de mesures ultérieures?
En fait, j'ai deux questions très brèves...
Le président: Vous pouvez en poser une.
M. Mike Kelloway: J'ai une brève question concernant la stratégie cette année. Je sais que nous ne voulons pas divulguer nos actions à ceux qui songent à pêcher illégalement. À quel moment les gens auront-ils une idée de la stratégie sur l'eau et sur la terre ferme?
En deuxième lieu, quand pensez-vous que l'ensemble des possibilités — les solutions pour l'an prochain, évidemment — seront communiquées?