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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 27e séance du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 1er février 2022, le Comité reprend son étude des sciences au ministère des Pêches et des Océans. La séance d'aujourd'hui se déroule en format hybride, bien sûr,conformément à l'ordre pris par la Chambre le 25 novembre 2021.
Comme l'indique la directive du Bureau de régie interne, le port du masque... Ok, tout le monde est au courant de cela.
Pour ceux qui participent à la séance par vidéoconférence, quand vous êtes prêts à parler, cliquez sur l'icône pour activer votre micro, et veuillez parler lentement et clairement. Quand vous ne parlez pas, votre micro doit être éteint. Pour l'interprétation, vous avez le choix, en bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins d'aujourd'hui. Nous accueillons Mme Eda Roussel, conseillère aux pêches à l'Association des crevettiers acadiens du Golfe; M. Phil Morlock, directeur des affaires gouvernementales à l'Association canadienne de l'industrie de la pêche sportive; M. Martin Mallet, directeur général de l'Union des pêcheurs des Maritimes; M. Dave Brown, de la Public Fishery Alliance; M. Christopher Bos, président de la South Vancouver Island Anglers Coalition; et M. Jean Lanteigne, directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels. Enfin, nous recevons deux représentants du Sport Fishing Institute of British Columbia: M. Owen Bird, directeur général; et M. Martin Paish, directeur du développement des affaires.
Nous allons tout d'abord écouter les déclarations préliminaires des témoins, qui disposent d'un maximum de cinq minutes chacun.
C'est M. Morlock qui commence.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant le Comité dans le cadre de son examen de ce sujet important. J'espère que mes 35 années d'expérience professionnelle, en ce qui concerne l'évolution de l'influence des cadres supérieurs du MPO, les changements de politique et les relations avec de nombreux ministres des deux partis, vous seront utiles dans ce processus.
La gestion des ressources halieutiques et fauniques est une discipline scientifique régie par des normes professionnelles reconnues, tout comme la médecine, l'ingénierie ou la physique. Cent vingt-cinq ans de leadership de la part des pêcheurs et des chasseurs dans le déploiement et le financement d'efforts de protection du poisson et de la faune qui se fondent sur la science montrent que le modèle nord-américain de conservation a fait ses preuves. Ce modèle comprend sept éléments de base, et le Canada a joué un rôle essentiel dans sa création.
La richesse des populations saines et abondantes de poissons et d'espèces sauvages, de l'habitat, des parcs et des aires protégées que nous tenons pour acquis au Canada et aux États-Unis n'est pas le fruit du hasard. Ils existent tous aujourd'hui grâce à l'application réussie des composantes de ce modèle. Aucun autre continent au monde ne peut revendiquer une aussi grande diversité d'espèces ou une telle qualité de l'habitat. Les eaux côtières et intérieures et les voies migratoires communes ne sont que quelques exemples des raisons pour lesquelles une gestion réussie de l'utilisation des ressources durable sur le plan environnemental est une doctrine commune aux États-Unis et au Canada. Bien que certains problèmes et défis subsistent, il est prouvé que les solutions se trouvent dans les principes appliqués du modèle nord-américain de conservation.
Bien que les organismes responsables des ressources naturelles des provinces canadiennes, des États américains et du gouvernement fédéral américain continuent d'appliquer les éléments de ce modèle dans l'élaboration et l'application des politiques, le MPO ne le fait plus. D'après mon expérience, à une certaine époque, le MPO était un chef de file mondial en matière de gestion des pêches. Des professionnels exceptionnels comme Tom Bird, Terry Grnes et Bill Otway ont apporté une approche sensée pour collaborer avec les intervenants et respecter tous les principes du modèle nord-américain.
Malheureusement, depuis que Tom Bird a pris sa retraite, l'approche du MPO à l'égard des politiques et des intervenants a changé pour le pire. En fait, d'après mon expérience, la genèse de cette érosion des données scientifiques crédibles au MPO a commencé par le contournement de l'examen scientifique par les pairs au Service canadien de la faune il y a 20 ans. Avant de publier tout document officiel, le Service canadien de la faune avait pour politique qu'un examen par les pairs devait être mené par un groupe indépendant de neuf professionnels scientifiques universitaires et gouvernementaux très respectés. Cela permettait d'éviter les erreurs et de maintenir un haut niveau de crédibilité scientifique au sein de l'organisme et auprès du public. Cependant, en 2003, sans suivre le processus d'examen scientifique indépendant par les pairs, le Service canadien de la faune a rendu public un document de 40 pages que l'on prétendait être un examen scientifique des effets toxiques des lests et des turluttes en plomb sur la faune au Canada. Cela faisait suite à des années de pressions exercées par le Fonds mondial pour la nature visant à interdire les articles de pêche contenant du plomb au Canada.
Dave Ankney de l'Université Western Ontario, membre du comité de rédaction du Service canadien de la faune, et d'autres experts ont ouvertement contesté ce manquement sans précédent aux normes scientifiques au sein d'un organisme fédéral. M. Ankney a dit ceci:
Au cours de mes 30 années en tant que scientifique de la faune, j'ai vu des mauvaises données scientifiques et des cas de mauvaise utilisation de la science, mais jamais autant dans un seul document... Les responsables de cette tentative malhonnête d'induire les Canadiens en erreur devraient être renvoyés soit pour leur incompétence scientifique, soit pour leur mauvaise foi, ou pour les deux.
M. Ankney a indiqué qu'il avait demandé au directeur général du Service canadien de la faune de prendre des mesures pour corriger cette grave menace à la crédibilité de l'organisme et aux normes professionnelles. M. Ankney a déclaré que sa demande a été ignorée et que le directeur général du Service canadien de la faune l'a ensuite fait retirer du comité d'examen par les pairs.
Bon nombre des conclusions et des faussetés contenues dans le document ont été très contestées et discréditées par d'autres scientifiques, des professionnels des ressources et l'industrie de la pêche. Le document a attiré encore plus d'attention lorsque le National Post a présenté la publication du Service canadien de la faune dans un article intitulé Sinking science pendant sa Junk Science Week en 2005.
Par la suite, des hauts fonctionnaires du Service canadien de la faune ont accédé à une série de postes de direction au ministère des Pêches et des Océans où, comme par hasard, la tendance à remplacer les données scientifiques crédibles par d'autres programmes de groupes environnementaux étrangers et de leurs riches bienfaiteurs se poursuit encore aujourd'hui, au sein des deux organismes.
Lorsque le MPO et Environnement Canada ont cessé d'appliquer le modèle nord-américain éprouvé, les effets négatifs sur les principales populations de poissons de pêche sportive et commerciale ont augmenté de façon exponentielle sur les deux côtes. Aucune solution substantielle n'a été mise en œuvre, aucun résultat positif n'a été obtenu pour renverser cette tendance. Les dommages causés aux économies régionales et nationales ont été ignorés.
La collaboration, l'intégrité et le respect mutuel qui définissaient autrefois les relations avec la communauté de la pêche récréative ont été sapés par la collusion du MPO avec des entités étrangères déterminées à mettre fin à la pêche récréative d'un océan à l'autre. Les fermetures arbitraires de l'accès public en fonction d'objectifs en pourcentage sans fondement scientifique ni preuve de bénéfice sont devenues la politique officielle du MPO.
Merci, monsieur.
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous pour discuter des sciences au ministère des Pêches et des Océans en ce qui touche la pêche à la crevette dans le sud du golfe du Saint‑Laurent.
Je m'appelle Eda Roussel. Je suis conseillère en pêches au sein de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels, ou FRAPP, et responsable du dossier de la crevette. Je suis à l'emploi de la FRAPP depuis plus de 30 ans. En tant que représentante des crevettiers acadiens, j'assiste aux diverses évaluations par les pairs ainsi qu'au comité consultatif sur la crevette de l'estuaire et du sud du golfe du Saint‑Laurent.
Avant d'en venir aux principales questions qui accompagnaient votre invitation, il me semble important de vous dire qui nous sommes.
L'Association des crevettiers acadiens du golfe est une association de capitaines-propriétaires crevettiers acadiens semi-hauturiers basés dans la péninsule acadienne, d'où son nom. L'ACAG est membre de la FRAPP.
Nos crevettiers sont des pêcheurs semi-hauturiers de poissons de fond qui ont choisi de se diversifier en se spécialisant dans la pêche dirigée à la crevette. Les bateaux mesurent 65 pieds et plus et parcourent de longues distances pour se rendre aux bancs de pêche. Les pêcheurs détiennent des quotas individuels transférables et ils sont régis par plusieurs mesures de gestion. La pêche débute le 1er avril et se termine le 31 décembre.
Un relevé de recherche est effectué annuellement depuis 1990 dans l'estuaire et dans le nord du golfe du Saint‑Laurent au mois d'août, à partir d'un navire du ministère des Pêches et des Océans. Ce relevé écosystémique vise à décrire la biodiversité des espèces présentes dans le golfe ainsi que les conditions océanographiques physiques et biologiques. Fait important, ce relevé de recherche est un relevé multiespèce, c'est-à-dire qu'il ne porte pas uniquement sur la crevette. De plus, le relevé est surtout fait de manière aléatoire, c'est-à-dire que les stations sont choisies au hasard, et il arrive parfois que les territoires de pêche à la crevette ne soient pas couverts. Des indices de biomasse sont calculés au moyen d'une méthode géostatistique. Le relevé permet de décrire la distribution de la crevette, l'estimation de l'abondance…
Le relevé permet de décrire la distribution de la crevette, d'estimer l'abondance des stocks et de connaître la dynamique de la population de crevette.
Ces dernières années, on observe une divergence entre les indices de la pêche et les données des relevés du ministère des Pêches et des Océans.
En 2012, la gestion de Pêches et Océans Canada, le Secteur des sciences du ministère ainsi que l'industrie de la pêche à la crevette ont collaboré à la mise en place d'une approche de précaution. Lors de la revue par les pairs de cette année, le Secteur des sciences a déterminé que l'approche de précaution ne tenait pas compte des conditions environnementales actuelles et qu'il fallait dès maintenant intégrer ce risque dans l'approche de précaution. Nous, les gens de l'industrie, avons pris connaissance du document du Secteur des sciences lors de cette revue par les pairs, et on nous demandait déjà de l'intégrer dans l'approche de précaution sans que nous ayons eu la chance de l'analyser et de le présenter à nos membres.
Lors d'une réunion du comité consultatif sur la crevette, l'industrie de la crevette a recommandé de suivre l'approche de précaution actuelle, excepté pour la zone de Sept‑Îles. Selon l'approche actuelle, le total autorisé des captures dans cette zone devait être augmenté de 22,5 %, cependant l'industrie a convenu que l'augmentation ne devrait être que de 15 % et a appuyé l'idée de revoir l'approche de précaution au cours de la présente année. Or, la n'a pas suivi cette recommandation de l'industrie et a diminué le total autorisé des captures en fonction des scénarios proposés par le Secteur des sciences, après que celui-ci a présenté son document lors de la revue par les pairs. C'est à se demander pourquoi on met en place une approche de précaution alors qu'on la rejette du revers de la main.
Le processus de revue par les pairs est une chose, mais l'expertise et les données des pêcheurs en sont une autre. Nous croyons que les données des pêcheurs méritent d'être prises en compte au même titre que les données scientifiques. Les pêcheurs sont les yeux sur l'eau. Ils sont sur l'eau à partir du 1er avril, parfois jusqu'en novembre, et même en décembre, alors que les relevés du ministère des Pêches et des Océans ne sont effectués que sur une période de 20 jours en août.
Manifestement, la confiance que se témoignent les pêcheurs, le Secteur des sciences et le ministère des Pêches et des Océans n'est pas au mieux présentement. Les pêcheurs sentent que la gestion du ministère et le Secteur des sciences ne font pas assez confiance à leurs données et à leur expertise. Pourtant, leur but n'est pas de détruire l'espèce, mais de gagner leur vie année après année. Ils sont conscients qu'il faut protéger la ressource pour la durabilité des pêches. Pour le pêcheur, toutes les décisions prises par le ministère des Pêches et des Océans en matière de pêches peuvent avoir des répercussions sur son entreprise de pêche.
Dans le document du Secrétariat canadien des avis scientifiques, on mentionne que les développements technologiques dans le domaine de la pêche, notamment l'utilisation de la cartographie des fonds, d'échosondeurs et de nouveaux chaluts, permettent aux pêcheurs d'être plus performants aujourd'hui que par le passé. Nos pêcheurs disent que cet énoncé est faux, car cela fait plus de 10 ans qu'ils ont les mêmes chaluts et près de 30 ans qu'ils utilisent des sondeurs. Ces technologies ne sont donc pas nouvelles pour les pêcheurs.
Il y a aussi la prédation par le sébaste qui a un effet important sur la crevette. Les scientifiques du ministère des Pêches et des Océans nous disent que le sébaste mange au-delà de 200 000 tonnes de crevettes, alors qu'ils quantifient la biomasse de la crevette à 52 000 tonnes. Ces données ne tiennent pas la route. Comment le sébaste peut-il manger 200 000 tonnes de crevettes alors que la biomasse de la crevette n'est que de 52 000 tonnes? Nous croyons que des consultations sérieuses doivent alors lieu en ce qui concerne les effets de la prédation du sébaste sur les populations de crevette, ainsi que sur l'avenir et l'importance de cette pêche.
Étant donné la situation difficile que vit présentement cette flottille, il serait peut-être opportun pour le ministère des Pêches et des Océans d'apporter une contribution financière et de permettre aux crevettiers d'effectuer, en collaboration avec le Secteur des sciences, des recherches plus approfondies sur la crevette et l'effet de la prédation du sébaste sur cette dernière. Il pourrait y avoir des relevés de recherche propres à la crevette à un autre temps que le mois d'août, et ce, dans les différentes zones de pêche. Il va sans dire que la pêche commerciale au sébaste doit ouvrir. Autrement, dans la mesure où les données de consommation de crevettes par ce prédateur sont véridiques, la crevette survivra-t-elle ou subira-t-elle le même sort que la morue?
Le comité consultatif sur la crevette a pour mandat de conseiller le ou la ministre des Pêches et des Océans au sujet des mesures de gestion qui visent la conservation et l'exploitation durable des ressources. Il constitue le principal mécanisme de consultation de l'industrie. Cependant, l'industrie n'est pas du tout au courant des recommandations faites au ministre ou à la ministre ni des mesures qui lui sont suggérées. Il y a ici un manque flagrant de transparence.
La pêche à la crevette vit des moments...
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Merci, monsieur le président. Je remercie les membres du Comité de nous accueillir aujourd'hui dans le cadre de cette étude très importante.
L'Union des pêcheurs des Maritimes représente plus de 1 300 pêcheurs côtiers de différentes espèces au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Ce sont des pêcheurs propriétaires indépendants qui vivent dans les collectivités côtières rurales et y exploitent leurs petites et moyennes entreprises. Ce sont des personnes en chair et en os, qui habitent dans des collectivités réelles où tout le monde prospère lorsque les pêches sont en santé.
Il est donc dans l'intérêt des organisations comme la nôtre de travailler avec le MPO, d'autres intervenants et des groupes autochtones afin d'assurer et de maintenir des pêches viables pour nos membres et leurs collectivités qui en dépendent.
Par conséquent, toute décision concernant la gestion des ressources halieutiques devrait toujours tenir compte de ce que les organisations de pêche ont à dire sur les avis scientifiques fournis à la haute direction du MPO aux fins d'examen, ainsi que des répercussions socioéconomiques de ces décisions. Plus important encore, les solutions proposées par les organisations de pêche aux problèmes de ressources et de gestion doivent être entendues et sérieusement prises en compte.
J'ai trois recommandations à faire au Comité aujourd'hui.
La première, c'est de recourir à la collaboration scientifique. De nombreuses organisations investissent volontiers dans l'avancement de tout projet scientifique qui peut contribuer à améliorer la gestion et la viabilité à long terme de nos pêches.
Pour nous, à l'Union des pêcheurs des Maritimes, la création de notre propre division scientifique, Homarus Inc., en 2002, a changé la donne et a été une source majeure de collaboration scientifique avec le MPO dans la région du golfe. De plus, on oublie souvent un avantage très important de ces collaborations scientifiques: elles permettent aux pêcheurs qui jouent un rôle de leadership parmi nos membres de comprendre les mesures de gestion soutenues par la science qui sont nécessaires pour améliorer nos pêches et d'y adhérer — par exemple, dans le cas du homard et du crabe des neiges.
Elles permettent en outre aux scientifiques du MPO d'apprendre à connaître les pêcheurs et de discuter avec eux et ainsi de prendre connaissance de leurs observations au fil des jours, des ans et même des générations en matière de pêches. À de nombreuses reprises, des études scientifiques ont été lancées par suite de ces discussions pour confirmer les tendances observées. Finalement, ces collaborations sont toujours une occasion pour les parties d'échanger, de faire connaître certains enjeux et d'établir la confiance à l'égard d'un processus scientifique commun.
Là où cette formule a été utilisée, nous avons vu des réussites telles que dans la gestion des pêches au homard et au crabe des neiges dans le sud du golfe du Saint-Laurent. Par contre, pour d'autres ressources, comme le hareng et le maquereau, nous faisons face à des problèmes puisque cette collaboration n'est pas établie ou est limitée.
La deuxième recommandation est d'adapter les protocoles scientifiques d'évaluation des stocks du MPO en fonction d'un écosystème en changement et d'assurer un financement adéquat. Au cours des 20 dernières années, les pêcheurs ont été témoins de l'évolution rapide de l'écosystème causé par le changement climatique. Ce phénomène est en partie responsable d'une multitude de changements importants touchant l'écologie, la répartition et la biomasse de plusieurs espèces dans le sud du golfe du Saint-Laurent, ainsi que des changements au niveau de la prédation.
Par conséquent, il devient de plus en plus urgent pour le MPO d'élaborer une stratégie de recherche holistique pour l'aider à mieux comprendre et prévoir l'impact de ces changements et d'adapter les protocoles actuels d'évaluation des stocks aux changements dans l'écologie et la répartition des poissons.
Enfin, le secteur scientifique du MPO est bien reconnu pour sa vaste expertise dans un large éventail de domaines, comme l'a déclaré à ce comité le directeur général de la Direction des sciences des écosystèmes du MPO, Bernard Vigneault. Le MPO a une grande expertise en ce qui concerne l'environnement marin et les écosystèmes aquatiques, l'hydrographie, l'océanographie, les pêches, l'aquaculture et la biotechnologie. Cependant, il y a un manque criant en matière de sciences socioéconomiques, domaine qui est plus que jamais nécessaire pour nous aider à mieux nous préparer et nous adapter à ces changements qui touchent nos pêches et les collectivités côtières qui en dépendent.
La troisième recommandation, c'est d'établir des comités spéciaux et des réseaux scientifiques. Des comités spéciaux devraient être mis en place lorsqu'il est nécessaire de résoudre des problèmes précis dans le secteur des pêches afin d'étudier ces problèmes sous tous les angles scientifiques — naturels et socioéconomiques —, de mener des consultations régionales avec les parties concernées et les groupes autochtones et d'explorer de nouvelles idées et approches. Ces comités devraient être composés de leaders de l'industrie, de chercheurs universitaires, de représentants de groupes autochtones, ainsi que de scientifiques et de membres de la direction du MPO. Ainsi, les recommandations émanant de ces comités seraient plus acceptables pour les groupes d'intervenants et seraient très utiles à la ministre dans les situations où des décisions difficiles doivent être prises.
L'ancien Conseil pour la conservation des ressources halieutiques, le CCRH, devrait être fortement envisagé à titre de modèle. L'un des objectifs du CCRH était de formuler d'importantes recommandations en matière de gestion des ressources en se fondant sur les meilleurs conseils des scientifiques et des intervenants, et ces recommandations étaient vues comme pleines de bon sens par tout le monde. À titre d'exemple, notre organisation s'est servie du rapport de 1995 du CCRH sur la conservation du homard pour convaincre ses membres du bien-fondé de nombreuses mesures de conservation qui ont depuis été appliquées avec beaucoup de succès.
Le Réseau canadien de recherche sur les pêches est un autre exemple de modèle de collaboration réussi — et je terminerai ma déclaration préliminaire là‑dessus — dans notre secteur. Ce réseau a favorisé de nouvelles recherches fondamentales sur les pêches naturelle et sociale avec l’aide de l’industrie, de groupes autochtones, de chercheurs universitaires et de scientifiques et membres de la direction du MPO. Nous recommandons fortement au Comité d’examiner ce modèle et ses excellents résultats. C'est peut-être une bonne idée pour l'avenir.
Merci.
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Je m'appelle Dave Brown. Je pêche dans le milieu marin et d'eau douce de la Colombie-Britannique depuis 1991. J'ai présidé le comité consultatif sur la pêche sportive de Squamish-Lillooet pendant plus de 20 ans. En 2017, j'ai reçu le prix national de la pêche récréative, l'un des seuls cinq prix remis cette année‑là par le ministre des Pêches. En tant qu'avide pêcheur à la ligne, je participe bénévolement à la collecte et à l'échantillonnage d'ADN dans l'océan, et j'ai aidé l'écloserie du ruisseau Tenderfoot à la collecte de son stock de géniteurs.
Aujourd'hui, je représente la Public Fishery Alliance, une société à but non lucratif regroupant près de mille pêcheurs à la ligne canadiens, des organisations de pêcheurs à la ligne, des entreprises dépendantes de la pêche à la ligne et des groupes de bénévoles de restauration du saumon et de l'habitat.
Le saumon quinnat est l'espèce la plus importante pour la pêche publique en Colombie-Britannique, et les pêcheurs à la ligne comprennent la nécessité de prendre des mesures de conservation lorsque des stocks sont en déclin. Depuis que le ministre Wilkinson a mis en œuvre la vaste politique de non-rétention du saumon quinnat en 2019 pour une grande partie des eaux du Sud de la Colombie-Britannique pendant l'importante saison de pêche d'avril à août, notre pêche publique au saumon a été pratiquement éliminée.
Le Conseil consultatif sur la pêche sportive a soumis une série de propositions très modestes de rétention du saumon quinnat en 2020 qui ont été conçues en collaboration avec le personnel de l'évaluation des pêches et des stocks du MPO en utilisant les données les plus récentes. Ces petites parties représentaient des possibilités vitales pour les pêcheurs de saumon et évitaient les stocks migrateurs préoccupants pendant que des mesures visant à protéger le saumon quinnat en déclin du Fraser étaient en place. Bien que selon un modèle de cadre de gestion, les propositions aient été jugées comme étant à faible risque ou sans risque au printemps de 2021, la ministre des Pêches de l'époque, Bernadette Jordan, les a rejetées. Le Conseil consultatif sur la pêche sportive et la communauté des pêcheurs à la ligne ont été anéantis par sa décision. À l'époque, aucune raison n'avait été avancée pour expliquer le refus des propositions.
Anticipant une occasion de modifier les propositions du Conseil consultatif pour protéger encore davantage le saumon quinnat du Fraser dans l'espoir qu'elles soient approuvées pour le printemps de 2022...
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Nous étions consternés d'apprendre que l'équipe du saumon du MPO a déclaré ouvertement qu'elle ne discuterait d'aucune proposition du Conseil consultatif sur la pêche sportive, CCPS, en lien avec la rétention du saumon quinnat en avril et en mai 2022.
Il incombe au MPO de s'efforcer d'offrir aux pêcheurs canadiens des possibilités de pêche durables, lorsqu'elles sont disponibles. En signant l'énoncé de vision sur la pêche récréative de 2010, le MPO a signalé son intention de travailler avec le Conseil consultatif sur la pêche sportive pour élaborer des plans de pêche pour la population canadienne. Ce n'est apparemment pas le cas dans la région du Pacifique.
La lettre de mandat du à l'intention de la ministre des Pêches déclare que la ministre doit « travailler pour favoriser la durabilité, la stabilité et la prospérité des pêches en assurant la mise en œuvre continue de la Loi sur les pêches actualisée », et « faire progresser des ententes cohérentes, durables et collaboratives sur les pêches avec les pêcheurs autochtones et non autochtones ».
Il semble qu'il y ait encore une fois du personnel partial au sein de l'équipe de la haute direction de la région du Pacifique au MPO qui continue de bloquer les possibilités de pêche publique au saumon quinnat pour aucune raison valable. Les raisons invoquées de ces décisions sont souvent controversées. Pour cette raison, nous craignons que les décisions en matière de pêche soient prises par la région du Pacifique en fonction de la politique et non de la science.
Quand la Public Fishery Alliance a appris que le MPO ne considérerait pas les propositions modifiées de rétention du quinnat en 2022, plusieurs membres de la PFA ont pressenti les députés libéraux locaux afin de demander de l'aide sur cette question importante. Par la suite, une réunion a été organisée avec le conseiller principal en politiques Neil Macisaac, qui a laissé entendre que deux parties de la série de propositions concernant la rétention du saumon quinnat du CCPS étaient potentiellement acceptables et presque approuvées en 2021.
Il y a eu notamment , député libéral de la circonscription de West Vancouver—Sunshine Coast—Sea to Sky Country, qui a soutenu ces propositions. Il semble que le personnel de la haute direction du MPO de la région du Pacifique a persuadé la de les rejeter également, et cette fois‑ci, pour des raisons de politique et non de bien-fondé, en déclarant qu'il ne rouvrirait pas le Plan de gestion intégrée du saumon atlantique de 2021‑2022. La raison de ce refus des possibilités de pêche d'une importance cruciale fondées sur des données n'a aucun sens.
En conséquence des mesures de gestion écrasantes de la côte Sud en place depuis 2019, et de la perte des possibilités de pêche d'avril et de mai 2022, la PFA a perdu toute confiance dans la haute direction de la région du Pacifique.
La deuxième question que je soulève aujourd'hui est le fait que le MPO n'a pas marqué tous les saumons quinnat d'écloserie dans la région du Pacifique. À l'heure actuelle, seulement 10 % des saumons quinnat sont marqués. Le public paie pour la production de poissons d'écloserie, mais parce que ces poissons ne sont pas marqués, le public n'y a pas accès. Le public mérite d'avoir accès aux poissons dont il paie la production. Le MPO a dépensé plus d'un million de dollars pour acheter des remorques de marquage. Grâce à ces remorques de marquage, il est possible de marquer jusqu'à 60 000 saumons coho ou quinnat par jour, comparativement à 10 000 manuellement.
En marquant tous les saumons quinnat d'écloserie, on pourrait procéder à une récolte sélective de quinnat par les Premières Nations, les pêcheurs récréatifs et les pêcheurs commerciaux qui pourraient identifier et relâcher le saumon quinnat sauvage et récolter le saumon quinnat d'écloserie. Cela permettrait de recueillir des données indispensables à partir des têtes de ces saumons qui ont été récupérées dans le cadre du Programme de récupération des têtes de salmonidés.
Le fait de ne pas marquer le saumon quinnat d'élevage réduira considérablement ou empêchera les pêches sélectives et sera préjudiciable aux stocks sauvages. Même les gestionnaires d'écloseries seront incapables de faire la différence entre le quinnat sauvage et le quinnat d'élevage pendant la capture des géniteurs. Quel serait l'incitatif à utiliser des techniques de pêche sélective si les pêcheurs sportifs, autochtones et commerciaux ne peuvent pas faire la différence entre un poisson d'écloserie et un poisson sauvage?
Le fleuve Fraser et la rivière Skeena sont gravement touchés par la pêche non sélective au filet maillant, où des filets sont utilisés pour attraper tous les types de saumon et de truite arc‑en‑ciel, ce qui entraîne la mortalité de ces stocks préoccupants. Le gouvernement doit prendre des mesures pour retirer les filets maillants et utiliser des technologies de pêche sélective, comme les pièges à poissons, qui peuvent être utilisés pour attraper les saumons sans blesser ou tuer ceux que l'on veut relâcher.
Nous avons vu la quasi-extinction de la truite arc‑en‑ciel des rivières Chilcotin et Thompson à cause des filets maillants, et nous sommes témoins des mêmes répercussions sur la rivière Skeena. Il faut agir de toute urgence pour sauver ces populations, éliminer les filets maillants et s'attaquer aux pinnipèdes qui se nourrissent de saumoneaux en migration et d'adultes en remonte. La Colombie‑Britannique...
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité permanent.
Je vis à Victoria, en Colombie-Britannique, depuis 22 ans. La proximité de l'océan et les excellentes possibilités de pêche constituent des facteurs importants qui m'ont incité à y vivre.
Je suis le président du comité de Victoria pour le Conseil consultatif sur la pêche sportive et j'ai occupé des postes à tous les niveaux du processus au cours de mes 19 années de participation. Je suis également l'ancien président de la Victoria Fish and Game Protective Association et j'ai siégé à titre de président au comité des pêches pour la B.C. Wildlife Federation. En outre, je suis actuellement le directeur de la Public Fishery Alliance. Je comparais aujourd'hui en ma qualité de président de la South Vancouver Island Anglers Coalition.
Je vais soulever deux principales préoccupations.
La première est le manque de soutien suffisant pour la mise en valeur stratégique du saumon dans la région du Pacifique. Au cours des six dernières années, la South Vancouver Island Anglers Coalition a servi d'administrateur et d'organisme de coordination pour une importante et fructueuse initiative de mise en valeur du saumon quinnat menée par des citoyens, des bénévoles et la communauté de Sooke, en Colombie-Britannique.
Depuis sa création, le programme a permis d'élever et de relâcher 3,5 millions de saumoneaux quinnat en bonne santé dans le bassin Sooke, le tout grâce à des fonds privés. L'objectif du projet est d'augmenter l'abondance des grands saumons quinnat adultes de retour afin de fournir des proies de prédilection supplémentaires aux épaulards résidents du sud en voie de disparition au moment où ils se nourrissent avant l'hiver. Parmi les autres avantages, citons notamment l'augmentation du nombre de géniteurs naturels dans la rivière Sooke, des possibilités de pêche au saumon quinnat à des fins alimentaires, sociales et cérémonielles pour les Premières Nations, ainsi qu'une excellente pêche au saumon quinnat entre juillet et le début septembre dans le détroit de Juan de Fuca chaque année. L'initiative de mise en valeur du saumon quinnat de Sooke est éminemment adaptable et peut facilement être une réussite à d'autres endroits.
C'est particulièrement décevant, car les programmes en cages historiques étaient exploités sur les mêmes sites. De plus, plusieurs Premières Nations et intervenants locaux appuyaient fermement ces programmes potentiels et souhaitaient collaborer pour les remettre sur pied. Essentiellement, le ministère n'a pas permis à d'autres projets comme celui de Sooke de se poursuivre.
La mise en valeur stratégique et la restauration de l'habitat sont de bons exemples de la manière de donner une chance aux stocks menacés. En introduisant des pêches sélectives des poissons marqués, la pêche publique peut survivre pendant que les stocks menacés se rétablissent. La microgestion de la pêche publique au saumon n'est qu'une question d'optique et ne constitue pas un plan de rétablissement. Le programme de mise en valeur du saumon en Colombie-Britannique est tenu en haute estime par les Canadiens et a très bien rempli son rôle au cours des 40 dernières années. Il est grand temps que le Programme de mise en valeur des salmonidés reçoive des fonds suffisants pour le moderniser et l'améliorer afin qu'il redevienne une initiative de classe mondiale.
Le MPO devrait également financer les groupes et associations bénévoles qui cherchent à améliorer les populations de saumon là où la pêche profitera à tous les Canadiens, comme l'initiative de mise en valeur du saumon quinnat de Sooke. Pour relever les défis paralysants que pose le déclin du saumon quinnat dans le fleuve Fraser, une nouvelle écloserie devrait également être construite sur le cours supérieur du fleuve Fraser.
Le gouvernement a également acheté et payé deux systèmes mobiles automatisés hautement spécialisés de marquage des poissons. Étant donné que l'argent des contribuables canadiens soutient le système d'écloseries du ministère en Colombie-Britannique, il serait beaucoup plus logique que tous les poissons d'écloserie soient marqués afin d'offrir des possibilités de pêche aux Canadiens qui les paient.
La deuxième préoccupation dont je vous fais part aujourd'hui est le manque d'accès à des possibilités viables de pêche au saumon quinnat. Le saumon quinnat est, sans aucun doute, l'espèce la plus importante pour les pêcheurs en mer de la Colombie-Britannique. La grande majorité d'entre eux pêchent dans l'océan pour attraper du saumon et le rapporter à la maison pour la table familiale. Par conséquent, la pêche avec remise à l'eau du saumon quinnat ne fonctionne tout simplement pas.
Cette année, il y a une abondance de saumons quinnat dans les eaux entourant le sud de l'île de Vancouver — peut-être la plus importante, vue par les pêcheurs depuis des décennies. À l'heure actuelle, il y a une abondance de saumons quinnat marqués par les écloseries, principalement d'origine américaine, mais les pêcheurs ne peuvent en garder aucun, car ils ne peuvent que pratiquer la remise à l'eau des prises pour le moment.
Plus tôt cette année, les gestionnaires des pêches du MPO n'ont pas voulu examiner les propositions de pêche au saumon quinnat pour les mois d'avril et de mai. De plus, deux propositions de rétention de saumon quinnat à risque extrêmement faible, approuvées par le CCPS, ont été rejetées par la .
Depuis avril 2019, date à laquelle le ministre des Pêches Wilkinson a mis en place des règlements de non-rétention du saumon quinnat pour quatre mois clés de l'année, la participation à la pêche s'est effondrée. Si, à première vue, cela aide les stocks de saumon quinnat du fleuve Fraser en difficulté, cela nuit également à de nombreuses entreprises de soutien à la pêche. Les restrictions excessives de la pêche utilisées comme une stratégie de rétablissement unique ont rarement fonctionné.
Malheureusement, le régime de réglementation du saumon quinnat en 2019 a entraîné la fermeture d'une pêche hybride sélective par marquage existante et bien gérée, mise en oeuvre à l'origine en 2008 qui, ironiquement, satisfait et dépasse toujours les critères de base pour une pêche sélective par marquage approuvée par le MPO, mais il n'y en a pas.
Le programme des passionnés de pêche, qui est la quintessence de la science, ne fonctionne pratiquement pas dans le sud de l'île de Vancouver parce que ces pêcheurs, ne pouvant pas garder un poisson, ne vont pas pêcher.
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Je vous remercie de nous donner l'occasion de comparaître devant le Comité.
Par le passé, M. Bird et moi avons tenté de partager notre temps de parole, mais cette fois‑ci, nous avons décidé qu'il vaudrait mieux qu'un seul d'entre nous s'occupe des remarques liminaires, et ce sera moi. Cela dit, nous sommes tous deux disposés à répondre à vos questions, en fonction de nos diverses sphères d'expertise.
Le SFI est une association sans but lucratif qui représente les intérêts de 250 000 pêcheurs détenteurs de permis dans les eaux de marée en Colombie-Britannique, ainsi que les milliers d'entreprises et de communautés qui les soutiennent. Le secteur génère des ventes annuelles de 1,1 milliard de dollars et représente 9 000 emplois, principalement dans les petites communautés côtières et riveraines. La pêche sportive est le plus important moteur économique du milieu des pêches britanno-colombien, même si les pêcheurs ne récoltent que 15 % des prises annuelles de flétan et une portion tout aussi faible des prises de saumon.
La Colombie-Britannique est la seule province au Canada à avoir une pêche récréative dynamique depuis plus de 100 ans. Elle fait partie intégrante de l'économie côtière et des traditions culturelles de la province. Voilà pourquoi les pêcheurs sont favorables à l'idée que des pêcheurs récréatifs dans les eaux de marée participent à la collecte de données à titre de citoyens scientifiques, ce qui guide la gestion des pêches durables.
De concert avec le personnel des sciences et de l'évaluation des stocks du MPO, le SFI soutient activement la science citoyenne en aidant à coordonner la surveillance des prises, ainsi que les initiatives de collecte de données telles que le programme « avid anglers » et les programmes de registres des guides et des pavillons. Le SFI a également créé une application mobile, FishingBC, qui permet aux pêcheurs et aux guides de soumettre leurs prises en temps réel. Nous étudions aussi la faisabilité d'une surveillance vidéo des bateaux guidés.
L'échantillonnage des pêches par des citoyens scientifiques bénévoles est un élément clé pour que le MPO évalue les répercussions de la pêche récréative et ajuste les pêches aux fins d'une plus grande durabilité. Ces contributions sont importantes. À titre d'exemple, 50 % des échantillons biologiques recueillis depuis 2014 — plus de 42 000 en huit ans — ont été recueillis par des pêcheurs. Compte tenu de la quantité et de la qualité de l'information recueillie et de la polyvalence de l'approche de collecte de données, les échantillons biologiques — qui comprennent l'ADN, les écailles et les otolithes — doivent certainement représenter l'avenir des évaluations modernes de stocks en Colombie-Britannique.
Depuis 2019, le MPO a amorcé la non-rétention du quinnat dans certaines zones et périodes. Dans les zones et les périodes concernées, près de 100 % des échantillons de poissons relâchés provenaient de pêcheurs bénévoles. Dans les périodes et les zones où le MPO ne dispose pas d'un budget pour la surveillance sur les quais, on compte sur les citoyens scientifiques bénévoles pour l'échantillonnage. Sans eux, le MPO ne disposerait d'aucune base pour mesurer les répercussions de la pêche ou comprendre le comportement migratoire du saumon dans ces zones et périodes. Au fur et à mesure que les pêches évoluent vers des pêches sélectives de poissons marqués, l'utilisation de bénévoles pour l'échantillonnage de quinnats sauvages relâchés sera un élément de plus en plus important pour aider à déterminer la durabilité de l'approche et pour évaluer les bénéfices de la conservation.
Pour vous donner une idée de la participation, sachez que plus de 600 bénévoles fournissent des échantillons pour les pêches récréatives du sud de la Colombie-Britannique depuis plus de 15 ans. Bon nombre d'entre eux participent également à des initiatives d'intendance et de mise en valeur. Ils font partie d'une armée de bénévoles, tout le long de la côte et des rivières, qui donnent généreusement de leur temps et contribuent chaque année à hauteur de centaines de milliers de dollars aux activités d'intendance en recueillant des fonds pour des tournois et des événements de pêche.
Afin de reconnaître l'importance de ces programmes, le MPO devrait veiller à ce qu'il y ait suffisamment de financement et de soutien offerts aux bénévoles et à ce que les données qu'ils recueillent soient utilisées de la meilleure façon possible, afin d'éclairer les décisions relatives aux pêches durables. Le niveau actuel de soutien et de reconnaissance pour leur travail est limité par rapport aux avantages que le MPO retire du programme. Il ne reflète pas les centaines de milliers de dollars que le MPO économise chaque année grâce aux bénévoles.
Il devrait être entendu que le MPO prend des décisions relatives aux pêches en se basant sur les meilleures données scientifiques disponibles, ou qu'il fournisse une justification concise lorsque les décisions reflètent autre chose. Les bénévoles de la science citoyenne sont généralement bien au fait des enjeux de gestion des pêches et savent lorsque leur travail est ignoré; ils devraient recevoir une justification complète lorsqu'une décision ne reflète pas les données scientifiques. Les récentes propositions de rétention du quinnat présentées par le CCPS, très prudentes, illustrent parfaitement le problème. Ces propositions fondées sur les données ont été soigneusement conçues pour éviter les stocks préoccupants et ont passé le processus d'évaluation du MPO, qui a considéré qu'elles posaient un risque minime. Or, plusieurs de ces propositions n'ont pas été mises en œuvre, et le MPO n'a pas fourni d'explication formelle écrite à ce sujet.
Enfin, bien qu'il s'agisse d'une science sociale plutôt que d'une science des ressources, l'économie devrait jouer un plus grand rôle dans le processus décisionnel du MPO qu'elle ne le fait présentement. Les décisions de gestion des pêches récréatives qui auront des répercussions socio-économiques devraient comprendre des évaluations d'impact exhaustives afin de bien comprendre leurs répercussions sociales, culturelles et sur l'économie bleue.
Pour ce faire, nous avons besoin de données actuelles et régionales, mais elles sont inexistantes. Les statistiques citées plus tôt remontent à 2016. Malheureusement, ce sont les plus récentes disponibles. Récemment, les choses ont beaucoup changé dans le secteur de la pêche récréative, ce qui a des répercussions sur l'économie et le tissu social de petites communautés côtières qui dépendent de cette activité. Il faudrait donc mener des évaluations régulières des valeurs socio-économiques.
Au minimum, l'enquête nationale sur la pêche récréative — autrefois menée chaque cinq ans — ou un programme similaire dirigé par le MPO devrait reprendre immédiatement.
Je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de comparaître devant votre comité. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Je suis à la direction générale de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels, la FRAPP, depuis 15 ans. Plusieurs d'entre vous m'ont entendu témoigner devant ce comité à plusieurs reprises.
S'il y a un endroit où le concept de développement durable prend tout son sens, c'est bien dans le domaine des pêches. Nous allons évidemment parler de pêche durable. Dans ce contexte, les sciences de la mer jouent un rôle crucial, et on comprendra bien pourquoi.
Je ne vais pas vous inonder de chiffres et de statistiques, mais, pour bien illustrer la situation, je vous donnerai celles-ci. Selon les données provenant de Pêches et Océans Canada cumulées par le Conseil canadien des pêcheurs professionnels, de 2009 à 2019, la valeur des exportations des produits de la mer des quatre provinces du Canada atlantique est passée de 2,8 milliards de dollars à 5,3 milliards de dollars, soit une augmentation phénoménale de 87 % en dollars constants. C'est l'une des plus fortes augmentations de toute activité économique du pays, sinon la plus forte.
J'ai eu le plaisir d'écouter les témoignages des autres personnes qui ont défilé devant vous. Tout en étant d'accord sur la majorité des éléments qui ont été soulevés, je vous dirais, en utilisant une expression bien typique de chez nous, que l'industrie de la pêche ne sait plus où donner de la tête. Je vous énumère quelques dossiers présentement sur la table: l'habitat, les espèces en péril, les aires marines protégées, les baleines noires, la révision des approches de précaution, la Stratégie de l'économie bleue. On aborde ces questions dans un tel désordre que le bras gauche ne sait pas ce que fait le bras droit. De plus, il faut ajouter à cela les changements climatiques, les exigences des marchés, les exigences en matière de traçabilité, et j'en passe. Dans ce contexte, que devons-nous faire? Si je comprends bien, c'est la question que pose votre comité. Regardons cela de plus près.
Le seul et unique relevé scientifique fait avec un chalut dans le golfe s'effectue en été. On nous y indique notamment que le sébaste représente à lui seul près de 90 % de toutes les espèces présentes dans ces coups de chalut. Ce facteur très important devrait tirer des sonnettes d'alarme dans tout le ministère. En réalité, bien peu de choses sont faites à ce sujet. Il y a un peu de travail qui est entrepris à l'Institut Maurice‑Lamontagne pour tenter d'en apprendre davantage sur l'alimentation du sébaste et sur quelques autres éléments, mais sans plus. Cependant, en invoquant entre autres ce facteur, le ministère a diminué les contingents de crevettes dans le golfe, et ce, en n'offrant aucune mesure de soutien ou d'indemnisation à cette industrie.
Il est évident pour nous que le ministère des Pêches et des Océans doit immédiatement mettre en place des équipes de travail pour mesurer l'effet de l'arrivée d'une biomasse de sébaste de cette ampleur dans le golfe.
De plus, nous sommes d'avis que ce relevé n'est pas suffisant. Il faut en faire davantage et, surtout, à toutes les différentes saisons, et pas seulement à l'été. Cela soulève l'aspect des coûts engendrés par ces travaux. À cela, nous répondons qu'il faut repenser le modèle en sortant des sentiers battus.
En 2018, l'Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie et la FRAPP ont présenté au ministère des Pêches et des Océans un concept de pêcheurs-observateurs qui, en collaboration avec le ministère des Pêches et des Océans, auraient permis de cumuler toutes sortes de données et d'informations sur les espèces dans le golfe. Sans avoir été étudiée en collaboration avec les associations de pêcheurs, cette idée n'a pas retenu l'attention du ministère des Pêches et des Océans. Or, nous considérons que ce concept est encore plus important aujourd'hui qu'il ne l'était en 2018.
À la FRAPP, voici ce que nos associations nous indiquent.
Premièrement, nous devons agir rapidement, car des pêches sont en péril, notamment celle de la crevette.
Nous avons également besoin de plus de transparence au sein du ministère des Pêches et des Océans. Des décisions prises en catimini ayant des effets majeurs sur nos communautés ne tiennent plus la route en 2022.
Par ailleurs, les processus d'évaluation des stocks doivent être faits plus en profondeur et s'appuyer sur plus d'information.
De plus, les mandats des comités consultatifs doivent être revus et améliorés afin que le ministère des Pêches et des Océans rende compte de ses décisions devant ces mêmes comités.
Il faut également mobiliser tous les intervenants du secteur des pêches et de son industrie en tenant des conférences majeures en Atlantique et au Pacifique, en divisant les secteurs en deux parties: les pêches côtières d'un côté et, de l'autre, les pêches semi-hauturières et hauturières. Ces conférences devraient devenir le forum canadien du secteur des pêches et des ressources de la mer, et elles devraient être tenues de manière ponctuelle, dans une fréquence à définir, soit bisannuelle, soit trisannuelle.
En outre, il devrait être obligatoire de considérer les facteurs socioéconomiques dans les décisions prises par le ministère, et non plus seulement quand cela fait l'affaire de quelques-uns.
Enfin, en 2010, le Conseil canadien des pêcheurs professionnels a réussi à obtenir un financement dans le cadre d'un programme du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Cela a permis de créer le Réseau canadien de recherche sur la pêche, qui a fonctionné pendant cinq ans. Celui-ci a réuni des chercheurs universitaires, des intervenants de l'industrie de la pêche ainsi que les autorités du ministère des Pêches et des Océans. Malheureusement, le financement ayant été épuisé, ce beau projet réunissant ces trois secteurs importants a dû cesser ses activités. Nous recommandons que le ministère des Pêches et des Océans travaille de concert avec le Conseil canadien des pêcheurs professionnels afin de reprendre ce modèle en y incorporant tout l'aspect socioéconomique tant demandé par plusieurs d'entre nous.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir écouté.
Je sais que mes propos soulèveront beaucoup de questions. Nous nous ferons un plaisir d'y répondre.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
Je vais d'abord m'adresser à M. Lanteigne et à Mme Roussel. J'ai tellement de questions à poser, mais je dispose seulement de six minutes.
Monsieur Lanteigne et madame Roussel, nous avons souvent l'occasion de discuter. Je veux vous parler aujourd'hui de la crevette. Comme vous le savez, cette année est difficile, tout comme les dernières années l'ont été.
Monsieur Lanteigne, je vais commencer par vous. Je vais vous poser une question que j'ai posée à plusieurs témoins depuis le début de cette étude. C'est au sujet des chiffres que le ministère a avancés cette année relativement à la quantité de crevettes que le sébaste mange. Cette année, le sébaste aurait mangé 221 000 tonnes de crevettes dans le golfe, alors que la biomasse de la crevette est approximativement de 54 000 tonnes.
Comment interprétez-vous ces chiffres, monsieur Lanteigne?
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Merci, madame Barron. Je vais répondre à cela.
Oui, absolument, cela a d'importantes répercussions sur l'activité en soi et cela déplace l'effort. Dans ces zones précises, sur une bonne partie de la côte sud de la Colombie-Britannique, la saison est comprimée, ce qui a un effet sur les stocks qui sont capturés. Cela a un effet sur les programmes « Avid Angler », la science citoyenne qui fournit des échantillons. Donc, cela déplace cet effort, parfois en permanence, vers d'autres parties de la côte, ce qui est assez dommageable dans le contexte où nous avons l'occasion de nous rétablir de certaines répercussions de la pandémie et de l'accès restreint.
Il convient de préciser que l'occasion est limitée, au mieux, et davantage réduite. Donc, lorsque les données scientifiques indiquent que la pêche peut avoir lieu sur des stocks qui ne sont pas préoccupants et que cela peut être évité, il faut en profiter. Dans sa déclaration préliminaire, M. Mallet a fait référence à certains exemples, tout comme MM. Brown et Bos, qui connaissent tous les pêches de la côte sud de la Colombie-Britannique. Il s'agit de cas pour lesquels la pêche n'est pas autorisée même si les données scientifiques indiquent qu'une pêche peut avoir lieu. Les occasions et les répercussions sont considérables.
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Merci beaucoup. C'est utile.
Je vais poursuivre ce tour de table. J'arriverai peut-être à certains témoins qui comparaissent à distance au prochain tour.
J'ai une minute. Je vais parler rapidement.
Monsieur Mallet, de l'Union des pêcheurs des Maritimes, je suis ravi que vous mettiez l'accent sur la science collaborative et sur la confiance que cela engendre. Concernant l'évaluation des stocks, une de nos principales préoccupations est le manque d'évaluations complètes. Certains groupes, notamment Oceana, ont déterminé que près du tiers des évaluations des stocks ne sont pas terminées actuellement.
Je me demande si vous pourriez nous parler davantage de l'incidence que peut avoir l'absence de collecte de données sur votre travail. Si vous manquez de temps, pourriez-vous fournir une réponse écrite?
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Je vous remercie de la question.
Je vais utiliser l'exemple de la pêche au hareng du printemps. Nous savions, d'après les données scientifiques à notre disposition, que les stocks étaient en situation périlleuse depuis quelques années. Nos pêcheurs observaient certains signes négatifs sur les plans d'eau. Ces deux, trois ou quatre dernières années, nos pêcheurs ont commencé à observer des signes positifs dans certains secteurs très localisés et parfois à l'échelle régionale. Ces observations n'étaient pas prises en compte — et ne le sont toujours pas — dans la science actuelle.
En outre, l'imposition d'un moratoire complet sur la pêche nous a fait perdre la contribution des pêcheurs sur lesquels nous pouvions compter sur l'eau. Ils ne sont plus là. Nous avons perdu une bonne partie des données scientifiques qui dépendent de la pêche, de sorte que nous sommes encore plus mal en point qu'avant sur ce plan. Depuis quelques semaines déjà, nous nous battons avec le MPO pour mettre en place un protocole quelconque pour faire avancer les choses.
Voilà un exemple de situation où nous sommes réellement dans une impasse sur le plan des données scientifiques. Il est à espérer que nous pourrons y remédier.
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En effet, c'était une excellente relation. Le MPO avait, littéralement, une division appelée Division de la pêche récréative. Un dirigeant responsable avait été nommé. M. Bill Otway agissait à titre d'ombudsman entre Pêches et Océans Canada et la communauté de la pêche récréative, et il était extrêmement compétent dans ces fonctions. Nous avons travaillé en collaboration dans le cadre d'initiatives scientifiques sur les deux côtes et dans les eaux intérieures.
Je dirais que dans ma carrière, celui qui s'est le plus démarqué et qui était respecté sur l'ensemble du continent nord-américain dans ses multiples rôles au MPO était M. Tom Bird.
La relation était toujours cordiale, toujours professionnelle, mais elle était aussi empreinte d'une grande conscience de certains facteurs, notamment l'importance de l'économie. Selon Statistique Canada, l'industrie de la pêche récréative contribue pour 8,6 milliards de dollars par année à l'économie canadienne. Si vous faisiez un sondage et demandiez aux Canadiens s'ils pratiquent la pêche, plus de huit millions répondraient « oui », comme l'a confirmé pour la dernière fois l'Enquête sur l'importance de la nature pour les Canadiens de 2012.
Durant cette période, j'ai vu cette relation avec l'industrie de la pêche se détériorer de manière spectaculaire au point de disparaître complètement. Je représente l'industrie depuis la fondation de l'Association canadienne de l'industrie de la pêche sportive. Je n'arrive pas à trouver, dans les 10 dernières années ou plus, un seul exemple où le MPO a fait quelque chose de positif pour les huit millions de pêcheurs récréatifs canadiens.
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D'accord, brièvement. Après le moratoire sur la pêche à la morue, le Conseil pour la conservation des ressources halieutiques avait pour mandat de réunir les scientifiques du MPO, mais aussi les scientifiques de l'extérieur — donc des universitaires et des experts internationaux en sciences halieutiques — ainsi que des représentants de l'industrie. C'était un processus transparent ou, à tout le moins, on a cherché à en faire un processus totalement transparent. Les recommandations formulées lors des réunions du Conseil et ses rapports ont été rendus publics.
Actuellement, nous avons le processus du SCCS, qui vise à passer en revue, chaque année, la recherche scientifique qui a été réalisée sur toutes ces espèces. L'idée est d'améliorer le savoir scientifique au fil du temps, mais dans certains cas, notre organisme et d'autres qui ont témoigné ici font valoir depuis de nombreuses années la nécessité d'adapter une partie de la recherche scientifique aux changements observés sur l'eau qui sont liés aux changements climatiques. Par exemple, en ce qui concerne le maquereau et le hareng, nous constatons des variations dans la distribution et le moment de la migration en région côtière.
Dans certains cas, les scientifiques du MPO louent des bateaux, sortent en mer et font des recherches scientifiques, mais toujours durant la même semaine, chaque année. Si vous manquez la migration du poisson de quelques jours ou de quelques semaines, cela aura une incidence sur la qualité de vos données scientifiques.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leurs témoignages. Il est effectivement difficile de déterminer par où commencer, mais je vais d'abord me concentrer sur la côte Ouest. Si le temps le permet, je me transporterai vers l'autre côte.
Monsieur Bos, monsieur Morrissey, je réfléchis aux thèmes qui ont été mentionnés pour l'avenir. Il faut s'adapter aux défis actuels; accroître la transparence; renforcer les liens et le partenariat entre l'industrie et les pêcheurs récréatifs; et intégrer les sciences sociales.
Je m'intéresse aussi aux initiatives qui se sont avérées des réussites. Monsieur Bos, vous avez mentionné l'initiative de rétablissement des stocks de saumons chinook de Sooke. Je me demande si vous pourriez renchérir sur la façon dont nous pourrions mettre cet exemple au premier plan et à profit.
Quelles étapes nous aideraient à appliquer cet excellent exemple de collaboration et de réussite dans d'autres domaines? Aussi, à la lumière des commentaires de Mme Barron sur la participation à la Stratégie relative au saumon du Pacifique, comment pouvons-nous nous impliquer pour que l'initiative soit couronnée de succès?
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Je vous remercie sincèrement de la question, monsieur Hanley.
Ma première réaction est que je crois qu'il existe une excellente occasion, au niveau personnel, de tendre la main aux communautés — les communautés autochtones et les milieux des affaires, de la pêche et du tourisme — afin de nouer une amitié pour ensuite travailler ensemble à l'élaboration de programmes qui fonctionnent.
Les différents niveaux de discussions posent problème dans les échanges actuels intergouvernementaux entre les peuples autochtones et le reste de la communauté. Nous constatons par exemple que le comité chargé de la planification intégrée de la pêche au saumon ne communique plus autant avec les Premières Nations parce qu'il discute avec le gouvernement en parallèle. Je suis d'avis que cette amitié personnelle doit être renforcée.
Comme M. Paish l'a bien dit en parlant de l'ISSP, je suis convaincu que nous devons mettre la main à la pâte pour faire le gâteau plutôt que de seulement contribuer au glaçage.
Ce que nous voyons d'un bon œil, ce sont les tables rondes où tous les intervenants, y compris les Premières Nations, sont invités pour discuter des pêches ou de l'environnement. Ces tables rondes existent dans la région du bas Fraser, et certaines voient le jour sur la côte Ouest de l'Île de Vancouver. Ce sont sans contredit des pas dans la bonne direction qui sont au cœur de ma réponse. La collaboration avec les Premières Nations locales nous a aidés pour notre projet de Sooke, qui a connu un succès retentissant.
Je vous remercie de la question.
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Je répondrai à votre question en deux temps.
Tout d'abord, je qualifierais d'excellente ma relation de travail avec les employés sur le terrain qui délivrent les permis, travaillent à la production de poissons dans l'écloserie, coordonnent les livraisons, etc.
Des fonds privés financent le projet que vous avez mentionné, et nous payons le ministère pour son travail. L'appui et l'aide à ce niveau sont formidables.
En deuxième lieu, je dirais que les possibilités ne se limitent pas au projet pilote dans le bassin de Sooke. Nous avons déjà cerné un projet pour lequel les Premières Nations et tous les intervenants sont prêts à collaborer et peut-être même à trouver le financement en interne. Il semblerait que nous nous heurtons maintenant à un obstacle parce que le ministère insinue qu'il ne veut pas aller de l'avant avec le projet et tente de saper la collaboration entre les Premières Nations et les partenaires.
Je trouve curieux que nous ayons un projet prometteur à un endroit qui pourrait prochainement être reproduit à d'autres sites, mais qu'il ne soit pas appuyé par le ministère. C'est à n'y rien comprendre.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais dire, aux fins du compte rendu, que tout à l'heure, M. Small a dit que le ministère des Pêches et des Océans écoutait trop les ONG, comme Oceana.
Oceana a demandé la fermeture de la pêche au capelan cette année, et le ministère n'a pas suivi ses conseils. La pêche est toujours permise. Je tenais à le dire aux fins du compte rendu. Bien sûr, comme je l'ai dit au début de la réunion, je crois qu'il faut tenir compte de l'incidence de la fermeture des pêcheries sur les communautés.
Ma question s'adresse à M. Mallet et porte sur les limites des pêcheries.
[Français]
Monsieur Mallet, je vous remercie d'être avec nous. Nous avons la chance de nous parler régulièrement de différents enjeux liés à la pêche dans nos régions. On sait que la fermeture de la pêche au hareng de printemps et de la pêche au maquereau affectera les pêcheurs de nos régions qui dépendent strictement de ces pêches. Comme mon collègue M. Morrissey l'a dit plus tôt, il y a eu des fermetures de pêche par le passé, dans le cas de la morue à Terre‑Neuve‑et‑Labrador, par exemple.
À mon avis, le ministère devrait mettre en place un programme de soutien pour les pêcheurs affectés par la fermeture de la pêche au hareng de printemps et de la pêche au maquereau. Qu'en pensez-vous?
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Je vous remercie de cette excellente question, monsieur Cormier.
Effectivement, il devrait y avoir un programme de soutien pour l'industrie, afin de permettre aux organisations de pêche de restructurer certaines pêches et, surtout, d'offrir un soutien financier aux pêcheurs qui dépendent des pêches pélagiques. On pourrait aussi établir un programme de rachat de permis pour les pêcheurs qui sont prêts à prendre leur retraite. Cela permettrait à ceux qui demeurent de bénéficier d'une plus grande rentabilité.
Cela dit, nous avons vu la décision prise cet hiver concernant la pêche au maquereau et la pêche au hareng, et il ne semble pas y avoir de plan concret pour ce qui est des prochaines étapes. Dans le cas du maquereau en particulier, cela a été une surprise pour tout le monde. Le Comité consultatif du maquereau de l'Atlantique a émis des recommandations en proposant sept options de quotas pour cette espèce, et on a choisi la pire d'entre elles, soit le moratoire complet, qui inclut aussi la pêche de poissons d'appât. Cela a donc également une incidence sur l'ensemble des pêches qui dépendent d'appâts pour la capture, dont la pêche au homard et la pêche au crabe. Nous sommes inquiets, car, en ce moment, on n'est pas en train de pêcher les appâts dont on aura besoin l'année prochaine.
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Bonjour, monsieur le président.
C'est moi, M. Blanchette‑Joncas, qui remplace M. Desilets.
Je salue mes collègues et les témoins qui sont ici aujourd'hui.
Mes premières questions s'adressent à M. Lanteigne.
Monsieur Lanteigne, tout à l'heure, vous avez répondu à une question que vous a posée un de mes collègues sur le changement régulier du personnel au sein du MPO ainsi que sur le leadership de certaines personnes qui en mènent très large sur le plan des décisions et qui, évidemment, influencent les décisions du ministère.
J'aimerais que vous nous parliez de la Politique sur l'intégrité scientifique, qui date de 2019. En vertu de cette politique, les chercheurs et les scientifiques du ministère des Pêches et Océans ont le droit de s'exprimer sur la science et leurs travaux de recherche. On les encourage aussi à le faire sans approbation ou approbation préalable et sans être désignés comme porte-parole.
Pourriez-vous nous parler des expériences concernant la possibilité des scientifiques du ministère de parler de leurs recherches?