Je vous souhaite la bienvenue à la sixième réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
Conformément à l’article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 18 janvier 2022, le Comité entreprend son étude de la traçabilité des poissons et des produits de la mer.
La réunion d’aujourd'hui a lieu en mode hybride, conformément à l’ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Les délibérations peuvent être consultées sur le site Web de la Chambre des communes. La webdiffusion montre la personne qui parle, plutôt que l’ensemble du Comité.
La réunion fait l’objet de services d’interprétation. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre l’audio de la salle de réunion, l’audio en anglais ou l’audio en français. Si vous perdez l’interprétation, veuillez m’en aviser immédiatement et nous veillerons à rétablir le service avant de reprendre la réunion.
Si vous souhaitez parler ou attirer l’attention du président, vous pouvez utiliser la fonction « lever la main » au bas de l’écran. Si vous êtes présent dans la salle, agitez la main, élevez la voix ou faites quelque chose pour attirer mon attention. Avant de parler, veuillez attendre que je vous donne la parole en disant votre nom. Pour les participants par vidéoconférence, cliquez sur l’icône du microphone afin de quitter le mode sourdine avant de parler. Quand vous ne parlez pas, votre micro doit demeurer en mode sourdine. Je vous rappelle que toutes les interventions des députés et des témoins doivent être adressées au président.
J’aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins d’aujourd’hui.
Du ministère des Pêches et des Océans, nous accueillons M. Adam Burns — bien connu du Comité —, directeur principal de l’Initiative de la Stratégie relative au saumon du Pacifique, région du Pacifique. De l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Tammy Switucha, directrice exécutive, Direction de la salubrité des aliments et de la protection des consommateurs, et Kathy Twardek, directrice principale, Division de l’intégration du programme des aliments.
Avant de passer aux déclarations liminaires des témoins, je vous rappelle qu’avant de poser une question, vous facilitez énormément les choses en indiquant à qui la question s’adresse. Je l’ai précisé lors de la dernière réunion. Lorsqu’une question est posée, il arrive que tout le monde regarde dans le vide, en se demandant à qui la question était destinée. Je vous demande de garder cela à l’esprit.
De plus, je constate maintenant que Mme Hedy Fry s’est jointe à nous. Elle remplace .
Pour ce qui est de nos témoins, nous passerons maintenant à...
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Merci, monsieur le président.
Je suis ici, à la demande du Comité, pour parler du bureau de certification des prises et des fonctions qu’exerce à cet égard le ministère des Pêches et de Océans.
Le dossier de la traçabilité a beaucoup évolué depuis quelques années dans l’industrie canadienne des produits de la mer. Cette évolution est en bonne partie attribuable à diverses exigences d’accès aux marchés, dont bon nombre se traduisent par des obstacles au commerce qui découlent d’exigences d’autres pays. D’autres facteurs ayant également contribué à l’évolution du dossier sont exclusivement axés sur les consommateurs et le marché, comme l’étiquetage écologique.
[Français]
Le Programme de certification des captures de Pêches et Océans Canada est un exemple de la façon dont le Canada s'est adapté pour composer avec des exigences d'accès au marché en constante évolution, en l'occurrence par la traçabilité des exportations canadiennes de produits de la mer.
[Traduction]
En 2009, l’Union européenne, a adopté un nouveau règlement prévoyant des mesures d’accès au marché dans le but de prévenir, de décourager et d’éradiquer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, ou INN. Premier règlement du genre, le règlement de l’Union européenne sur la pêche INN exige que tous les pays exportateurs de poisson et de produits de la mer présentent des certificats de capture, selon les chargements, attestant de la légalité des produits, comme l’a déterminé l’autorité compétente, c’est-à-dire l’autorité de l’État du pavillon qui gère et permet la pêche.
Le système de certification des captures de l’Union européenne vise à améliorer la traçabilité de la plupart des poissons et des produits de la mer destinés à ses marchés, et ce, à toutes les étapes de la chaîne de production. Notre programme de certification des captures a été créé en 2010 pour permettre à l’industrie canadienne de se conformer aux règles internationales, notamment le règlement sur la pêche INN de l’Union européenne, ainsi que pour soutenir le rôle du Canada consistant à prévenir, à décourager et à éradiquer la pêche INN.
Le souci de l’environnement s’est traduit par la nécessité de fournir la preuve, grâce à la traçabilité des produits tout au long de la chaîne de valeur, que le poisson et les fruits de mer sont capturés légalement et de façon durable sur le plan environnemental. Le fardeau de cette preuve, et des éléments à l’appui, incombe maintenant à l’industrie de l’exportation du poisson et des fruits de mer et aux ministères qui réglementent et autorisent ses activités.
[Français]
Depuis 2010, le Programme de certification des captures du ministère des Pêches et des Océans a répondu à de nombreuses autres exigences internationales en matière de certification des captures. Il fournit actuellement une certification pour les exportations à destination de l'Union européenne, du Royaume‑Uni, de l'Ukraine, du Japon et du Chili. En outre, nous nous préparons à mettre en œuvre des exigences de certification des captures pour d'autres marchés d'exportation.
[Traduction]
Il est important de noter que la participation de l’industrie au programme de certification des captures est volontaire et axée sur le marché, ce qui signifie que des secteurs complets de l’industrie canadienne du poisson et des fruits de mer n’ont pas participé au programme. Le programme ne certifie que les produits de la pêche pour lesquels il est exigé en vertu d’une réglementation étrangère, et à ce jour, cela ne comprend que les produits dérivés de la pêche marine et sauvage. La loi canadienne n’exige pas que les produits de la pêche soient certifiés par le MPO, mais les entreprises choisissent de participer au processus de certification en fonction des marchés qu’elles ciblent pour leurs produits.
[Français]
Le Programme de certification des captures n'offre aucune validation ou vérification des produits étrangers importés au Canada. En ce qui concerne les produits importés au Canada puis réexportés, les importateurs canadiens doivent recevoir un certificat du pays d'origine. Le Programme peut ensuite délivrer le certificat de réexportation requis qui relie le produit passant par la chaîne d'approvisionnement canadienne au certificat du pays d'origine.
[Traduction]
Bien que le MPO ait développé les outils nécessaires pour que l’industrie canadienne puisse obtenir des certificats électroniques pour les produits exportés, il ne prescrit pas les mécanismes par lesquels l’industrie suit physiquement le produit pendant qu’il est sous sa garde. L’industrie doit demeurer proactive pour ce qui est d’élaborer et de maintenir ses propres systèmes de suivi, afin qu’elle puisse correctement identifier et distinguer différents lots de produits, et pour ce qui est d’utiliser ce système de suivi, de bien déclarer les captures dans le système de certification des pêches, qu’il s’agisse de l’origine du produit ou à qui il sera vendu.
Merci, monsieur le président.
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Bonjour, monsieur le président.
Je suis heureuse d’avoir l’occasion de m’entretenir aujourd’hui avec les membres du Comité sur la traçabilité des produits de la mer.
Je m’appelle Tammy Switucha et je suis directrice exécutive à la Direction des politiques et des programmes de l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Avant de commencer, je tiens à préciser que je m’adresse à vous d’Ottawa, sur le territoire non cédé et non restitué de la nation algonquine Anishinaabe.
Je m’adresserai au Comité en anglais, mais j’invite les membres à poser leurs questions ou à formuler leurs commentaires dans la langue officielle de leur choix.
J’ai avec moi aujourd’hui ma collègue Kathy Twardek, directrice par intérim à la Direction générale des politiques et des programmes.
Monsieur le président, aujourd’hui je vais vous donner un aperçu de la traçabilité des produits de la mer dans le cadre de réglementation de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, et je vais vous parler du travail accompli par l’Agence pour prévenir l’étiquetage erroné du poisson et pour faire suite à l’engagement prévu en 2019 dans le mandat du ministre de la Santé en ce qui concerne la traçabilité du bateau à l’assiette.
Le Canada est reconnu comme ayant l’un des meilleurs systèmes de sécurité alimentaire au monde et a mis en œuvre de solides exigences de traçabilité en matière de sécurité alimentaire en vertu du Règlement sur la salubrité des aliments au Canada, ou RSAC, qui est entré en vigueur le 15 janvier 2019.
Les exigences de traçabilité du RSAC soutiennent la sécurité alimentaire au Canada et s’appliquent aux entreprises, y compris les transformateurs de poissons et de produits de la mer, qui importent, exportent ou font du commerce au Canada. Ces exigences sont conformes aux normes établies par l’organisme international de normalisation des aliments, le Codex Alimentarius.
La traçabilité se compose de deux éléments principaux: les exigences en matière de documents et les exigences d’étiquetage. Le RSAC exige que les entreprises alimentaires qui importent, exportent ou font du commerce au Canada tiennent des registres qui permettent de retracer un aliment — un pas en amont et un pas en aval — jusqu’au point de vente au détail. Cela permet de retirer plus rapidement du marché les aliments dangereux lors d’enquêtes sur la sécurité alimentaire, de rappels et d’enquêtes sur les fraudes.
Pour ce qui est de l’étiquetage, la plupart des aliments préemballés destinés aux consommateurs canadiens, y compris les produits de la mer, doivent porter une étiquette contenant les informations nécessaires à la santé publique ou à la protection des consommateurs, telles que le nom commun, le nom et le lieu de l’entreprise, et le code de lot ou un identifiant unique. Les entreprises peuvent également ajouter volontairement à l’étiquette des informations telles que le nom scientifique de l’espèce, le lieu de la capture ou le type d’engin de pêche utilisé. Toutes les informations doivent être véridiques et non trompeuses.
L’étiquetage et la présentation erronés des produits de la mer font l’objet d’une attention mondiale croissante. La salubrité des aliments et la protection des consommateurs sont des priorités du gouvernement du Canada, et j’aimerais vous faire part de la façon dont l’ACIA travaille pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens en ce qui concerne les fausses déclarations relatives aux produits de la mer.
L’ACIA vérifie l’étiquetage et l’authenticité des espèces des produits du poisson, dans le cadre de ses activités régulières de contrôle de conformité et d’inspection. De plus, le budget 2019 a introduit une politique alimentaire pour le Canada qui comprend un investissement de 24,4 millions de dollars sur cinq ans pour l’ACIA afin d’accroître sa capacité à détecter et à prendre des mesures contre la fraude alimentaire.
Dans le cadre de l’initiative sur la fraude alimentaire, en 2019‑2020 l’ACIA a priorisé et effectué des inspections ciblant le mauvais étiquetage et la substitution du poisson. L’ACIA a échantillonné et testé à l’aide d’une analyse de l’ADN du poisson prélevé chez des détaillants, des fabricants et des importateurs, et nous avons constaté que 92 % des échantillons étaient correctement étiquetés. L’ACIA a pris des mesures appropriées pour tous les résultats insatisfaisants.
Il importe de souligner ici que la conformité est, en fin de compte, la responsabilité des entreprises. Pour promouvoir la conformité, l’ACIA travaille avec l’industrie et fournit divers outils de conformité tels que la Liste des poissons de l’ACIA qui lie les espèces de poissons aux noms communs, et l’Outil d’étiquetage pour l’industrie.
Monsieur le président, j’aimerais parler de la traçabilité du poisson et des produits de la mer du bateau à la table, qui a été incluse dans la lettre de mandat de 2019 du ministre de la Santé. L’ACIA dirige ce travail en collaboration avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et le ministre des Pêches et Océans. À ce jour, l’ACIA, le MPO et AAC se sont fortement engagés auprès des intervenants pour recueillir des informations et des points de vue sur la traçabilité et l’étiquetage des produits de la mer au Canada.
Une consultation en ligne de 120 jours a été lancée en août 2021 pour recueillir les points de vue des intervenants sur divers aspects de la traçabilité du bateau à la table. Nous avons reçu les commentaires des répondants et leur analyse est en cours. L’ACIA publiera ce printemps un rapport sur ce que nous avons entendu.
En conclusion, le Canada dispose d’un solide fondement réglementaire et d’un robuste système d’inspection qui soutiennent la salubrité des aliments et la protection des consommateurs. L’ACIA accorde de l’importance à l’engagement et à la collaboration afin d’améliorer et de résoudre continuellement les problèmes liés au traçage et à l’étiquetage erroné des produits de la mer.
Encore une fois, je vous remercie de cette occasion et il me fera plaisir de répondre à vos questions.
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Je remercie les témoins d’être les premiers intervenants pour cette importante étude.
En 2019, la directrice exécutive de la Direction de la salubrité des aliments et de la protection des consommateurs, à l’ACIA, a dit au sujet du Règlement sur la salubrité des aliments au Canada qu’il exige que toutes les entreprises alimentaires, y compris les importateurs, détiennent un permis, tiennent des dossiers de traçabilité et aient un plan de contrôle préventif, et que c’était la façon dont les entreprises s’assurent que les étiquettes sont véridiques et non trompeuses.
Vous avez également dit dans votre témoignage que selon vos vérifications, 92 % de l’étiquetage des produits de la mer est exact.
J’ai profité de mon périple hebdomadaire à l’épicerie pour vérifier l’étiquetage de quelques-uns des produits de la mer offerts en magasin. J’aimerais avoir votre avis sur certains d’entre eux. Si les membres du Comité le désirent, je leur montrerai au moment opportun les photos de certains produits.
J’aimerais que vous me définissiez ce que signifie « saumon de l’Atlantique biologique ».
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Avec plaisir. Merci de me donner l'occasion de vous donner quelques précisions au sujet de cette étude.
L'étude a été menée dans le cadre de notre initiative sur la fraude alimentaire afin de recueillir plus de renseignements sur l'ampleur et la portée des énoncés trompeurs au Canada. Nous avons ciblé certaines espèces aux fins de cette étude, et plus précisément neuf espèces pour lesquelles il existait un historique d'étiquetage trompeur dans le marché.
Même si elle ne donne pas un portrait représentatif de l'ensemble de l'offre de poissons et de produits de la mer au Canada, l'étude nous a permis de mieux comprendre l'ampleur, d'un point de vue général, du recours à des étiquettes trompeuses. Plus exactement, le taux de 92 % de conformité ou de 8 % de non-conformité correspond au résultat obtenu dans le cadre de l'étude et aux paramètres utilisés. Ce n'est pas forcément représentatif de l'ensemble du marché et de la chaîne d'approvisionnement.
Cela dit, nos études révèlent que dans la chaîne d'approvisionnement, le taux de conformité est très élevé aux étapes de la production et de la transformation. Plus en aval de la chaîne d'approvisionnement, aux étapes de la vente au détail et de la restauration, les taux de non-conformité grimpent.
Nous sommes contents que vous nous posiez ces questions. Il est important de comprendre les paramètres de cette étude, qui a été réalisée selon une méthodologie très précise.
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Merci, monsieur le président.
Je suis très heureuse d'entamer cette grande étude sur l'étiquetage et la traçabilité de nos produits de la mer.
Je remercie les témoins de leur présence.
Comme il s'agit de ma motion, je suis très émue. Je dois dire que mon père était un pêcheur de morue et qu'il a travaillé dans l'hôtellerie une grande partie de sa vie. D'ailleurs, j'ai une petite anecdote à vous raconter rapidement à ce sujet.
Mon père aimait acheter des produits qui venaient de Matane, notamment la morue qui provenait du Saint‑Laurent. Un jour, un distributeur qui était venu le voir lui a dit que ses produits de la mer provenaient du Québec et qu'ils avaient été pêchés dans le Saint‑Laurent. Lorsque mon père a ouvert la boîte, à l'intérieur se trouvait un petit billet sur lequel il était inscrit qu'il s'agissait de morue de la Russie. Il fallait voir cela: la caisse de morue a fait un vol plané jusqu'à la poubelle, tellement mon père était hors de lui.
Lors de la dernière consultation fédérale sur la traçabilité des produits du bateau à la table, qui a été lancée en août dernier, il en est ressorti que 44 % des échantillons avaient un étiquetage trompeur dans le milieu de la restauration et des détaillants. Or, vous nous dites, madame Switucha, que 92 % des échantillons sont correctement étiquetés.
Comment expliquez-vous l'écart entre ces deux pourcentages?
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Je pense que vous faites référence à des études réalisées par des organismes non gouvernementaux comme SeaChoice et Oceana. Est‑ce que c'est exact?
Je comprends tout à fait les questions soulevées par les écarts avec les taux d'étiquettes trompeuses ou de non-conformité obtenus dans ces deux études. Tout d'abord, permettez-moi de souligner qu'il faut tenir compte de la méthode suivie dans les deux cas. Je n'ai pas le détail concernant la manière dont ces études ont été réalisées, la taille des échantillons ou leur objectif global, mais j'insiste sur l'importance de tenir compte de ces paramètres. La composition de l'échantillon peut avoir une incidence sur les résultats.
Nous savons que les échantillons d'Oceana viennent des restaurants et des commerces de détail, alors que les échantillons de l'ACIA ont été prélevés aux étapes de la vente au détail, mais aussi à celles de l'importation et de la transformation au Canada. Nous nous concentrons sur les étapes en amont de la chaîne d'approvisionnement, alors qu'Oceana et d'autres ciblent plutôt l'autre extrémité de la chaîne. Cela pourrait aussi expliquer les écarts.
Il faut aussi considérer la manière dont la non-conformité est établie. Je n'ai pas cette information mais, du point de vue de l'ACIA, la non-conformité est déterminée en fonction des exigences réglementaires et des directives liées à la Liste des poissons. Les méthodes d'analyse peuvent aussi différer. Nous ne connaissons pas les méthodes d'analyse appliquées pour ces études, si ce n'est que l'analyse d'ADN tend actuellement à être la référence. Dans une perspective réglementaire, il est important de ne pas comparer des pommes et des oranges.
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Comme je l'ai dit précédemment, nous allons publier un rapport sur ce que nous avons entendu au printemps prochain. Nous allons y proposer une réflexion sur la question de savoir si l'approche fait consensus entre les Canadiens, les consommateurs, l'industrie et d'autres parties prenantes.
Plusieurs options s'offrent à nous, réglementaires et non réglementaires. Même si, selon les premiers échos que nous en avons eus, il n'y a pas de véritable consensus entre les Canadiens, je ne crois pas me tromper en disant que leur plus grande préoccupation est la salubrité du poisson et des produits de la mer qu'ils consomment. La réflexion se poursuit pour déterminer si nous emprunterons la voie réglementaire ou non.
L'industrie est u courant du fardeau réglementaire supplémentaire qui risque de retomber sur ses épaules. Un cadre non réglementaire est envisageable, oui, mais je dois vous rappeler que nous avons déjà des mesures de traçabilité très efficaces pour assurer la salubrité des aliments au Canada. L'élargissement de ces mesures exigera un examen très attentif, dans les limites de notre mandat et de celui de nos partenaires.
Jusqu'ici, notre travail...
Tantôt, vous disiez que votre travail se répercutait, dans une certaine mesure, jusque dans les provinces et les municipalités. J'ai de la difficulté à voir comment une petite municipalité comme L'Isle‑aux‑Coudres, par exemple, peut contrôler l'arrivée de morues de la Russie dans l'un de ses restaurants.
Où est-ce que tout cela commence et où est-ce que tout cela s'arrête? Au Québec, par exemple, est-ce que cela passe par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation?
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Comme c'est aussi un domaine qui relève de ma compétence, je peux en parler en connaissance de cause.
Actuellement, aucune exigence n'oblige l'utilisation de composants à faible résistance à la rupture pour les pêches qui utilisent des engins fixes, et principalement les pêches au crabe et au homard. Ces exigences ne sont pas encore entrées en vigueur. La a annoncé que des exigences liées à l'utilisation d'équipements pour la protection des baleines figureront sur les permis de pêche délivrés à compter du 1er janvier 2023.
Nous menons actuellement une vaste consultation auprès de l'industrie afin de bien comprendre la situation particulière de chacune des pêches et quels types d'équipements pour la protection des baleines leur conviendraient mieux. Nous faisons des essais avec différents types de configurations d'équipements pour déterminer lesquelles seront les plus efficaces pour protéger les baleines.
Pour le moment, ces exigences ne sont pas en vigueur. Je peux vous assurer que nous collaborons directement avec l'industrie de la pêche pour trouver des moyens d'éviter ces problèmes. C'est dans cette optique que le ministère a organisé un Sommet sur l'innovation des engins de pêche en 2020, tout juste avant la pandémie, qui portait sur deux grands thèmes: les engins sans danger pour les baleines et les engins fantômes. Nous sommes conscients de l'importance de trouver des solutions qui tiennent compte des deux aspects. Dans la mesure du possible, nous voulons éviter que les exigences liées aux équipements pour la protection des baleines aient des conséquences indésirables.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'aujourd'hui. Il y a d'excellentes questions et un excellent dialogue.
J'aimerais également remercier Mme Desbiens d'avoir proposé cette étude et M. Morrissey pour le travail qu'il a effectué sur ce sujet lors de la dernière session. Je sais que c'est important pour lui aussi.
Tout au long de cette conversation et de certaines des recherches que j'ai effectuées... Je crois savoir que l'ACIA a mené sa propre étude sur la fausse représentation du poisson en 2019. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous avez trouvé?
J'aimerais également savoir si vous prévoyez de faire d'autres études, alors j'ai deux questions: qu'avez-vous trouvé? Prenez le temps de développer ce point, si vous le souhaitez.
En outre, prévoyez-vous de faire d'autres études?
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Comme je l'ai déjà indiqué, en 2019 et 2020, nous avons entrepris notre premier examen de la fausse représentation des poissons en utilisant le financement qui nous a été accordé dans le cadre de la politique alimentaire. Nous avons adopté une approche très ciblée, en nous intéressant aux neuf espèces que nous savions être très susceptibles d'être faussement représentées. Nous avons procédé à un échantillonnage à différents stades de la chaîne d'approvisionnement, en prélevant des échantillons d'aliments importés et des échantillons de poissons produits dans le pays. Nous nous sommes également rendus dans les commerces de détail et avons échantillonné du poisson emballé dans les magasins, ainsi que du poisson vendu provenant des transformateurs dans les magasins. Comme je l'ai mentionné, dans cette étude particulière, nous avons constaté que 8 % de ces échantillons étaient non conformes.
Nous avons poursuivi ce travail. L'année dernière, nous avons procédé à d'autres échantillonnages et tests, en utilisant les mêmes paramètres, et nous avons obtenu des résultats presque identiques. Les aliments transformés dans le pays sont mal étiquetés dans une proportion d'environ 4 %, les importations dans une proportion d'environ 5 %, et au détail, dans une proportion d'environ 12 %. Ces chiffres sont constants depuis quelques années.
Nous continuerons à surveiller ce phénomène dans le cadre de nos projets ciblés, car les fausses déclarations nous préoccupent beaucoup. Avec l'aide de ces autres organisations, nous pouvons ajouter à nos renseignements pour approfondir le problème.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous pendant les deux heures de la réunion. C'est beaucoup, alors nous leur en sommes très reconnaissants.
J'aimerais aborder un sujet qui touche la réalité concrète sur le terrain. Il y a toute l'économie canadienne des pêcheries, mais il y a aussi des valeurs d'authenticité et des valeurs identitaires. C'est quelque chose que nous connaissons bien, au fleuve Saint‑Laurent. Le fleuve et son estuaire sont des éléments importants et constituent une banque de ressources incroyable.
Or, parce que les dates d'ouverture de la saison de pêche ne concordent pas avec la réalité, nous risquons de perdre certaines pêches, par exemple notre pêche au capelan. La pêche à la fascine est une pêche traditionnelle qui demande un savoir-faire. Nous sommes très inquiets de perdre cette tradition. Il reste deux pêches à la fascine, dont l'une se pratique dans les Maritimes, je crois.
Comment le MPO peut-il faire pour décentraliser une partie de son exercice?
Je crois que ma question s'adresse plutôt à M. Burns.
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Je peux donner un début de réponse. Je demanderais à ma collègue de poursuivre s'il y a autre chose.
D'après ce que j'ai compris, ce secrétariat aux États-Unis a été créé sous la direction et le mandat de la gestion des pêches aux États-Unis et a fait appel à des organismes et des ministères de tous les secteurs.
Il m'est difficile de commenter davantage, mais du point de vue de l'ACIA, nous sommes heureux de la participation de nos collègues du MPO ainsi que d'Agriculture et Agroalimentaire. Je pense que nous pourrions peut-être bénéficier de la participation d'Environnement, mais pour l'essentiel, je pense que l'on a les partenaires nécessaires — en plus, bien sûr, des autres ordres de gouvernement qui sont également responsables de certains aspects de cette question.
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Je vais prendre les 80 secondes, alors. Qu'en pensez-vous?
Madame Switucha, votre dernière réponse m'a un peu troublé. J'ai demandé tout à l'heure s'il y avait des audits de retour, et vous avez répondu que non, que cela devait se faire ailleurs. Maintenant vous dites que vous le faites.
En passant, vous avez eu l'énorme chance d'être le premier parmi nos témoins, alors vous avez eu beaucoup de questions qui ne vous concernent probablement pas exactement.
Qui d'autre participe à ce projet au Canada? Qui d'autre devrions-nous inviter à ces audiences pour obtenir un tableau complet? Nous devons soit repérer les lacunes, le cas échéant, soit voir s'il s'agit simplement d'un manque de coordination. C'est l'un ou l'autre. Jusqu'à présent, je ne suis pas certain que nous avons couvert correctement l'ensemble du tableau. Qui d'autre devrait être ici?
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Personne ne le sait? Je trouve cela ahurissant.
Je vais passer à une autre question.
Madame Switucha, désolé de vous cibler, et ce n'est pas vous qui êtes visée, c'est le système. Concernant l'échantillonnage que vous avez mentionné, où vous avez trouvé 92 % de conformité, ou seulement 8 % d'échantillonnage, je me demande simplement pourquoi vous échantillonnez à l'extrémité du système.
Il me semble que vous devriez échantillonner l'extrémité supérieure d'un système fluvial, où l'eau est assez pure, mais si l'on prend le fleuve Fraser, après qu'il a été traversé par les effluents municipaux, les débordements, etc., son eau n'est plus si pure. Si vous commencez par la fin, ne seriez-vous pas beaucoup plus en mesure de remonter jusqu'à l'endroit où se trouvent les problèmes que si vous prenez les échantillons au début, où l'eau est en fait encore très pure?
Voilà qui met fin à nos tours de questions. Il nous reste environ deux minutes, juste assez de temps pour remercier nos témoins, M. Burns, Mme Switucha et, bien sûr, Mme Twardek, qui n'a pas eu à participer beaucoup pendant les tours de questions. C'est probablement une bonne chose; personne ne l'a tourmentée.
Merci encore à nos témoins.
Merci à la greffière et aux membres du Comité, à nos analystes et, bien sûr, aux merveilleuses personnes qui assurent les services de traduction ici aujourd'hui.
Nous vous reverrons tous à la prochaine réunion du Comité permanent des pêches et des océans.
La séance est levée.