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La séance est ouverte. Bonjour à tous.
Bienvenue à la 73e réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
La réunion se déroulera en formule hybride, conformément à l'ordre pris par la Chambre le 23 juin 2022.
Avant de commencer, je vous rappelle à tous de toujours adresser vos interventions à la présidence.
Conformément à la motion de régie interne adoptée par le Comité, je vous informe que tous les témoins ont effectué l'essai de connexion requis avant la réunion et que tout allait bien de ce côté.
Avant d'entendre nos témoins, nous devons régler rapidement une question liée aux affaires du Comité. Au début de la semaine, les membres ont reçu deux budgets supplémentaires à étudier.
Le Comité consent‑il à l'adoption d'un budget supplémentaire de 10 000 $ pour l'étude des impacts écosystémiques et la gestion des populations de pinnipèdes?
Des députés: D'accord.
Le président: Merci. Une affaire classée.
Le Comité consent‑il à l'adoption d'un budget supplémentaire de 26 000 $ pour l'étude des investissements étrangers et de la concentration des entreprises?
Des députés: D'accord.
Le président: Les deux budgets sont adoptés.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le lundi 1er mai 2023, le Comité entreprend l'étude de la répartition des ressources à la Commission des pêcheries des Grands Lacs.
Je vais maintenant vous présenter notre groupe de témoins.
Mme Debbie Dingell, qui témoignera à titre personnel, est membre du Congrès, Chambre des représentants des États-Unis. Elle se joint à nous par vidéoconférence. Selon les informations que j'ai reçues, Mme Dingell avait déjà pris un autre engagement. Elle devra nous quitter immédiatement après nous avoir présenté son exposé.
Représentant le ministère des Pêches et des Océans, le MPO, nous recevons M. Niall O'Dea, le sous-ministre adjoint principal, Secteur des politiques stratégiques, et M. Richard Goodyear, le sous-ministre adjoint et dirigeant principal des finances.
De la Commission des pêcheries des Grands Lacs, la CPGL, nous recevons M. Ethan Baker, le commissaire et vice-président, par vidéoconférence; M. Robert Lambe, le secrétaire exécutif, ainsi que M. Gregory McClinchey, le directeur, Affaires législatives et politiques.
Nous vous remercions de prendre le temps de comparaître devant le Comité. Vous aurez tour à tour cinq minutes pour nous présenter une déclaration liminaire.
Nous allons entendre tout d'abord la représentante du Congrès. Vous disposez de cinq minutes.
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Merci, monsieur le président McDonald, monsieur le vice-président Arnold et madame la vice-présidente Desbiens, distingués membres du Comité. Je vous suis reconnaissante de me donner la possibilité de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Je n'ai pas pu assister à la réunion en personne, mais je peux vous assurer que je respire l'air canadien même si je me trouve aux États-Unis.
Les Grands Lacs représentent un véritable trésor naturel et une ressource binationale essentielle que le Canada et les États-Unis doivent continuer de considérer comme une priorité et de protéger pour les générations futures.
À titre de native du Michigan et de coprésidente du groupe de travail du Congrès sur les Grands Lacs, je peux vous assurer que depuis mon entrée au Congrès, leur rétablissement et leur protection représentent des enjeux prioritaires pour moi. J'ai été ravie d'apprendre qu'un groupe de travail similaire a été créé au Canada.
Si vous ne me connaissez pas, je précise que j'ai grandi à St. Clair, au Michigan, qui se trouve directement en face du sud de l'Ontario sur les rives de la rivière Sainte-Claire. J'ai passé beaucoup d'étés à descendre la rivière à bord de ma chambre à air. Durant l'été, je passais plus de temps sur l'île Stag, qui se trouve en territoire canadien, que dans mon propre pays.
Les personnes comme moi qui ont grandi dans une ville frontalière savent d'instinct qu'il existe un lien particulier entre nos deux nations. Je représente actuellement un district situé au nord du Canada et j'ai donc souvent l'occasion d'y jeter un œil. Nous avons la chance d'avoir le seul refuge faunique international en Amérique du Nord. Les Grands Lacs nous définissent comme région. Pour nous tous, ils représentent une priorité binationale et bipartisane.
Depuis sa création, la Commission des pêcheries des Grands Lacs, basée à Ann Arbor dans l'État du Michigan, qui se trouve dans mon district, a reçu le mandat de gérer et de protéger ces pêcheries d'une importance vitale. Elle a fait un travail remarquable. Grâce à la coopération binationale, nos pêches ont connu un essor formidable et représentent maintenant une activité économique de 8 milliards de dollars par année.
Cela étant dit, ce qui se passe actuellement au sein de la Commission m'inquiète profondément. La dernière réunion de la Commission des pêcheries des Grands Lacs remonte à plus d'une année et elle n'a pas de programme régulier depuis 2021.
Le problème vient notamment du manque considérable de financement, que le gouvernement du Canada a comblé dans son budget de 2022. Je le souligne avec plaisir, mais la situation est quand même restée difficile. Selon ce que nous en avons compris, des difficultés de nature structurelle, qui font l'objet de cette audience, ont empêché la Commission de bien s'acquitter de son travail.
Selon l'information que j'ai reçue de la Section américaine, le défaut du ministère des Pêches et des Océans de verser le financement en temps voulu à la Commission a provoqué l'annulation de sa réunion budgétaire l'automne dernier. C'était la première fois depuis sa création que la Commission binationale a dû renoncer à se réunir.
De plus, quand le financement a été annoncé, les commissaires ont été informés que le ministère retiendrait des millions de dollars. Essentiellement, le programme est établi par le ministère, et non par les commissaires. Or, il est explicitement prévu dans le traité de 1954 qu'il appartient aux commissaires, nommés par les plus hautes instances, d'établir le programme.
Depuis 2018, la Commission, des membres du public et bon nombre de députés ont appuyé une proposition de transférer la responsabilité de la Commission du ministère des Pêches et des Océans à Affaires mondiales Canada. Cette semaine, j'ai organisé l'envoi d'une lettre, cosignée par beaucoup de mes collègues du groupe de travail bipartisan sur les Grands Lacs, au afin de lui faire part de notre vive préoccupation et d'ajouter notre appui à cette proposition, qui déboucherait sur une structure de gouvernance analogue à celle qui existe aux États-Unis.
Comprenez-moi bien: je respecte la souveraineté du Canada et je ne ferai jamais rien qui puisse nuire à la relation étroite entre nous. Je m'exprime aujourd'hui en mon propre nom et non au nom du gouvernement des États-Unis. L'essentiel est de trouver une solution à long terme. Nous devons faire en sorte que les commissaires se réunissent à nouveau.
Selon le vieux dicton, nous allons plus vite seuls, mais nous allons plus loin ensemble. Nos deux nations, j'en suis sincèrement convaincue, choisiront toujours de marcher main dans la main, y compris pour protéger nos pêcheries communes des Grands Lacs.
Je vous remercie de nouveau de m'avoir invitée à témoigner devant le Comité — je suis désolée, l'air canadien est un peu difficile pour moi, à cause de mon asthme — et de tenir cette audience. Je suis heureuse de pouvoir y participer, parce que [inaudible] expériences, et il est dans notre intérêt à tous de nous assurer que la Commission des pêcheries des Grands Lacs puisse mener à bien sa mission binationale.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Bonjour, monsieur le président, distingués membres du Comité.
Tout d'abord, permettez-moi de souligner que nos pensées vont aux Canadiens et aux Américains touchés par les feux de forêt extrêmes dans plusieurs régions à travers le pays, et tout particulièrement en Nouvelle-Écosse, au Québec, en Alberta et dans les Territoires du Nord-Ouest. La sécurité et le bien-être des Canadiens et de nos employés dans ces régions sont une priorité et, à mesure que la situation continue d’évoluer, nous encourageons tout le monde à suivre les directives des autorités.
Je m’appelle Niall O’Dea et je suis sous-ministre adjoint principal, Politiques stratégiques, à Pêches et Océans Canada. Mon collègue Richard Goodyear, dirigeant principal des finances, et moi-même sommes reconnaissants d’avoir l’occasion de comparaître devant ce comité au nom de Pêches et Océans Canada au sujet de la Commission des pêcheries des Grands Lacs.
J’aimerais commencer par reconnaître que la terre sur laquelle nous nous réunissons est le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishnaabeg.
[Français]
Les Grands Lacs sont une ressource précieuse que se partagent le Canada et les États‑Unis. Plus de 11 millions de Canadiens dépendent des Grands Lacs, dont ils tirent leur nourriture, leur eau potable, leur emploi et leurs loisirs. Cependant, les pêcheries des Grands Lacs sont constamment menacées par la perte d'habitat, la pollution et les espèces envahissantes, y compris la lamproie marine.
[Traduction]
Depuis plus de 60 ans, le Canada, en partenariat étroit avec les États-Unis, appuie les travaux de la Commission des pêcheries des Grands Lacs. Cela comprend le travail pour lutter contre la lamproie marine envahissante, qui présente un risque permanent pour les pêches, et les efforts binationaux pour une saine gestion des pêches et le maintien d'une pêche abondante pour les générations à venir. Conformément aux obligations du Canada en vertu de la Convention de 1954 sur les pêcheries des Grands Lacs entre le Canada et les États-Unis, nous appuyons sans réserve le travail de la CPGL et les efforts transfrontaliers déployés pour gérer la santé des pêches des Grands Lacs.
[Français]
Pêches et Océans Canada joue un rôle essentiel dans les Grands Lacs du fait de ses responsabilités en matière de gestion des répercussions sur le poisson et son habitat découlant des dispositions de la Loi sur les pêches relatives à la protection de l'habitat, de mise en œuvre du Règlement sur les espèces aquatiques envahissantes, d'exécution du volet canadien du Programme de lutte contre la lamproie marine pour la Commission des pêcheries des Grands Lacs, d'administration de la Loi sur les espèces en péril, et de gestion du Programme de lutte contre la carpe asiatique. Près de 50 employés à plein temps participent directement au seul programme de lutte contre la lamproie marine.
[Traduction]
Bien qu'il y ait eu certains défis dans notre relation par le passé, principalement liés aux contributions financières du Canada et à son engagement au sein de la Commission, le MPO et le Secrétariat de la CPGL ont travaillé ensemble et réalisé des progrès considérables afin de les résoudre dans un court délai.
Afin de combler l’écart relevé dans les contributions canadiennes à la Commission, un financement de 44,9 millions de dollars sur 5 ans à compter de 2022‑2023 a été annoncé dans le cadre du budget de 2022, et de 9 millions de dollars par la suite à Pêches et Océans Canada pour soutenir la Commission des pêcheries des Grands Lacs. Avec ce financement additionnel, l’appui annuel du Canada pour le travail de la Commission s’élève à plus de 19 millions de dollars.
Les fonctionnaires du ministère ont relevé le deuxième défi en travaillant en étroite collaboration avec le Secrétariat de la Commission pour assurer une compréhension mutuelle de la portée nécessaire de l’engagement canadien, ainsi que des plans de mise en œuvre, des procédures et des priorités communes requis. Par exemple, à la suite de discussions constructives entre le ministère et le Secrétariat, ceux‑ci ont convenu d'un changement de processus selon lequel l’intégralité du financement du budget de 2022 reçu par le ministère pour 2022‑2023 et 2023‑2024 sera transférée directement au Secrétariat.
Je veux conclure en soulignant que les efforts de collaboration entre le Canada et les États-Unis, menés par la Commission, ont permis de réduire de 90 % la population de lamproies marines dans les Grands Lacs. Ces travaux ont directement facilité le rétablissement continu des pêches traditionnelles, rituelles, commerciales et récréatives dans la région.
[Français]
Ce mandat tient à coeur au personnel qui travaille sous l'égide de la Convention, tant au ministère que pour la province de l'Ontario, au Secrétariat de la Commission des pêcheries des Grands Lacs à Ann Arbor ou bien au sein des organismes partenaires aux États‑Unis, et ce personnel travaille très fort pour assurer le succès de la Commission.
[Traduction]
Pêches et Océans Canada s’engage à travailler de façon étroite avec la Commission et nos partenaires américains pour faire avancer les objectifs de la CPGL, et nous avons hâte de poursuivre cette collaboration dans les mois et années à venir.
Je vous remercie de votre attention. C’est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
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Merci, monsieur le président. Ce sera moi.
Au nom de la Commission des pêcheries des Grands Lacs, monsieur le président, distingués membres du Comité, je vous remercie de nous consacrer votre attention. Moi aussi, j'aurais aimé participer à la réunion en personne, mais je dois me contenter de le faire virtuellement.
J'ai accepté d'exercer les fonctions de commissaire parce que je crois qu'une relation solide est essentielle entre le Canada et les États-Unis. C'est le seul moyen de préserver la productivité des Grands Lacs.
Comme Mme Dingell l'a rappelé, la CPGL ne s'est pas réunie depuis plus d'une année. Comme je vais l'expliquer, la Commission est dysfonctionnelle à cause des lacunes dans la structure de gouvernance canadienne.
Quand elle a été créée en 1956 — donc bien avant mon entrée en fonction — jusqu'en 1979, la Commission communiquait avec le Canada par l'intermédiaire du ministère des Affaires extérieures. En 1979, le MPO a commencé à jouer un rôle de premier plan dans l'administration du portefeuille canadien de la Commission, au détriment de notre lien avec ce qui est dorénavant devenu Affaires mondiales Canada, ou AMC.
Le problème remonte donc à plusieurs décennies et les commissaires ont entrepris de trouver des solutions en 2018. Ce processus a achoppé en novembre 2021 lorsque, pour la première fois dans l'histoire de la Commission, nous avons échoué à établir notre série de programmes en raison des incidences importantes du déficit canadien de 8,8 millions de dollars dans le financement du volet binational.
Le manque à gagner a été exacerbé quand, après plusieurs décennies, les États-Unis ont cessé d'éponger les arriérés du Canada. Ce changement de cap a obligé un report de sept mois du budget de la Commission, dans l'attente que le Parlement débloque les fonds. Cela s'est finalement produit en avril 2022 et nous vous en remercions, bien évidemment.
Cette annonce a redonné confiance aux sections canadiennes et américaines et, en juin 2022, elles ont finalement établi les programmes de 2022. Toutefois, au mois de novembre, nous avons appris avec consternation que le financement annoncé par le Parlement pour 2022 n'avait pas été versé et que la pleine contribution du Canada pour 2023 n'était pas non plus disponible. C'était huit mois après l'engagement du Parlement de verser le financement intégral prévu pour la Commission.
Comme si ce n'était pas assez, le MPO a ensuite fait connaître son intention de retenir une partie des 15 millions de dollars affectés par le Parlement, et plus de 3 millions de dollars par année par la suite, contrairement au programme négocié par les commissaires. Était‑ce bien l'intention du Parlement?
Les commissaires américains participent aux discussions avec leurs homologues canadiens en tenant pour acquis que les décisions prises par les deux sections représentant les parties à la Convention seront mises en œuvre tel que prévu. Rien dans la Convention n'autorise d'autres parties que les commissaires à établir les programmes de la Commission, mais c'est exactement ce que fait le gestionnaire du portefeuille en retenant des fonds.
En agissant ainsi, le MPO met en péril l'approche collaborative entre les deux sections de la Commission. Qui plus est, il nous donne un autre exemple de ce que nous déplorons depuis des années relativement aux lacunes irrémédiables de la structure de gouvernance en place. Ce n'était certes pas le premier exemple du genre, mais c'est la goutte qui a fait déborder le vase.
Ces problèmes sont liés directement à la structure canadienne de soutien de la Commission.
Je précise à l'intention des députés que j'ai soumis des documents à la greffière, y compris un avis juridique détaillant l'historique et les mécanismes de la Commission, le rôle du MPO, le conflit d'intérêts et les obligations indissociables de l'interface actuelle entre la Commission et le Canada à titre de partie à la Convention.
Le MPO soutiendra, à raison, qu'il a versé en bonne partie les fonds affectés pour cette année, mais tant que les difficultés liées à la gouvernance subsisteront, les questions financières ne pourront pas être réglées. S'il y a un message que je souhaite vous transmettre aujourd'hui, c'est que le problème n'est pas exclusivement d'ordre financier. En revanche, le problème financier est symptomatique des problèmes de gouvernance. La Commission a l'obligation, au titre du traité, d'établir sa programmation et son budget. N'en déplaise au gestionnaire du portefeuille, c'est la volonté du Parlement telle qu'elle est exprimée dans la Convention.
Il convient de rappeler qu'il y a quelques années, la Commission avait proposé diverses solutions avant de demander que l'appareil gouvernemental soit modifié et un transfert de la responsabilité à AMC. Toutefois, nous n'avons jamais réussi à convaincre le MPO d'explorer ces pistes de solution. C'est cette intransigeance qui nous a conduits à la situation actuelle.
Nous sollicitons votre aide pour obtenir le respect de la Convention et des attentes élevées en matière d'éthique qui découlent de la loi et des règles adoptées par le Canada.
Premièrement, nous demandons un transfert des obligations liées à la gestion du portefeuille de la Commission du MPO à AMC afin de refléter la structure fructueuse et éprouvée qui est en place aux États-Unis. La Commission relève naturellement d'AMC, et personne n'a encore proposé d'argument convaincant du contraire.
Deuxièmement, nous demandons au Canada d'accepter le protocole d'entente qui a été ébauché par la Commission et transmis au MPO, le gestionnaire actuel du portefeuille. Le protocole d'entente clarifiera plusieurs attentes essentielles liées à la Commission et permettra d'améliorer la transparence en matière financière ainsi que la conformité aux dispositions de la Convention.
La Commission propose simplement de mettre le traité en œuvre conformément aux intentions des gouvernements.
Nos préoccupations n'ont rien à voir avec la personnalité. Mon personnel m'a même fait savoir que le dirigeant principal des finances du MPO, M. Goodyear, collabore aux efforts pour remédier à plusieurs problèmes. Les changements sont toutefois difficiles en raison d'une culture bien ancrée qui se manifeste notamment par une profonde méconnaissance de l'intégralité du mandat de la Commission au sein du MPO, de son rôle de gestionnaire de son portefeuille et du contexte dans lequel le ministère applique les mesures de lutte contre la lamproie marine pour le compte de la Commission plutôt que sous la forme d'un programme national relevant de la Loi sur les pêches.
Nous avons également été rassurés, quoiqu’avec une certaine réserve, de voir la sur la Colline parlementaire lors de la Journée des Grands Lacs de 2023. Elle s'est alors dite personnellement troublée de constater à quel point nos relations étaient devenues acrimonieuses.
Monsieur le président, les commissaires américains et canadiens sont impatients de reprendre le travail. Nous sommes tous bénévoles et nous avons tous à cœur la situation des Grands Lacs, et nous ne pouvons plus permettre que les problèmes continuent de s'envenimer.
Merci, monsieur le président. Mes collaborateurs et moi-même répondrons volontiers à vos questions.
Je n'ai pas beaucoup de temps en raison des limites imposées pour poser nos questions.
Nous avons reçu au‑delà de 60 pages d'information de la Commission. Je ne vais pas ressasser tout cela.
Cela dit, la Commission des pêcheries des Grands Lacs et beaucoup d'autres, dont 43 députés du Parti libéral, 30 membres du Congrès, des experts de l'industrie des deux côtés de la frontière, y compris des pêcheurs et des chasseurs ontariens, la Fédération canadienne de la faune, des représentants des États, les comités consultatifs canadiens et américains de la Commission… Les témoignages que nous avons entendus vont tous dans le même sens: il faut modifier l'appareil gouvernemental et transférer les fonctions parce que la structure actuelle est déficiente.
Là encore, je vais me garder de répéter l'information dont nous disposons à ce sujet.
Je vais m'adresser au MPO, et plus précisément à M. Goodyear. Pourquoi la Commission n'a‑t‑elle pas réglé ce problème?
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Merci, monsieur le président. Je suis ravi d'être ici.
Comme les députés le savent, je ne suis pas un membre du Comité mais, de toute évidence, je suis un ardent défenseur de la cause des Grands Lacs au sein de notre caucus ainsi que du Parlement et de toutes les parties avec lesquelles nous collaborons dans ce dossier et bien d'autres qui touchent les Grands Lacs.
Ma circonscription est un carrefour dans la région des Grands Lacs. Elle chevauche deux lacs dont elle dépend pour son développement économique, le transport et le tourisme. Qu'il s'agisse du canal Welland, des restaurants ou de nos artères principales, les Grands Lacs génèrent des activités économiques d'une valeur de 6 mille milliards de dollars qui assurent une partie de la subsistance des familles de ma circonscription. Je suis très au fait du rôle central de la CPGL dans la préservation de ces avantages et c'est pourquoi je suis très contrarié par ce que j'entends.
Je suis contrarié depuis deux ans, sinon trois… Nous avons tenté de corriger la situation. Nous avons entendu des témoins, des représentants du Congrès, de la Commission et du public, des députés, et j'ai lu des documents de la Commission, y compris ceux que nous avons ici, qui font plus de 60 pages et qui relatent une série d'événements assez gênants qui remonte à la rupture de l'interface.
Je remercie les membres du Comité d'avoir entrepris cette étude. Il ne s'agit pas d'un enjeu partisan, mais d'un enjeu qui concerne le Canada tout entier. Les problèmes sont apparus et ont perduré sous plusieurs gouvernements successifs. Soyons clairs. Ils ne sont pas survenus après l'élection du présent gouvernement, mais sous plusieurs gouvernements depuis des décennies. J'espère que ce gouvernement sera le dernier à y faire face et, puisqu'il s'agit d'un enjeu non partisan, qu'un dialogue sera possible entre les représentants du public, du gouvernement et de l'administration.
Il faut trouver une solution et il faut la trouver maintenant. C'est très important. Nous ne pouvons plus continuer de faire comme si de rien n'était. C'est un enjeu très important en raison des ramifications économiques, écologiques et sociales rattachées aux Grands Lacs pour des milliers de communautés comme la mienne dans la région de Niagara. C'est très important parce que l'ignorance du problème pendant si longtemps équivaut à de la négligence dans le cadre de notre relation Canada-États-Unis.
Je vais commencer par une question très simple. Monsieur O'Dea ou monsieur Goodyear, je vous laisse le soin de choisir qui y répondra.
Je retiens des témoignages entendus aujourd'hui et de bien des discussions que nous avons eues ces dernières années que les négociations entre les commissaires et le MPO ont été positives pour ce qui a trait au budget et à l'établissement d'un protocole d'entente. Étant donné que le traité a été approuvé par le Congrès et le Parlement, je m'étonne de voir que vous, ou qui que ce soit d'ailleurs se croit habilité à négocier les modalités de mise en œuvre du traité.
D'où vient le droit de la CPGL, ou même du MPO de négocier ce que le Parlement et le Congrès ont établi par l'intermédiaire d'un organisme régi par un traité? Pour ce qui concerne les budgets, le Parlement a demandé, par l'intermédiaire de crédits budgétaires approuvés par le Conseil du Trésor, que des fonds soient transférés au MPO et à la CPGL. De toute évidence, comme elle est la partie entrepreneuriale, c'est la CPGL qui reçoit la facture et qui la règle pour les contrats présentés par le MPO.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également nos témoins de leur présence parmi nous.
Ce qui m'intéresse davantage, c'est la relation entre les eaux des Grands Lacs et celles du Saint‑Laurent, puisque je représente le Québec à cette table. En effet, les problèmes d'envahissement, nous en avons aussi dans le Saint-Laurent et nous nous demandons toujours qui a le pouvoir d'agir de façon concrète dans le rétablissement de l'équilibre écosystémique. Nous savons que les problèmes des Grands Lacs finissent inévitablement par se déverser dans le Saint-Laurent.
Nous avons aussi un problème de bar rayé dans le fleuve, à partir de Trois-Rivières et en descendant vers l'estuaire. Cette espèce s'alimente de petits poissons et nous sommes en train de perdre notre éperlan, notre capelan et tous les petits poissons qu'on aime. Nous ne réussissons à attraper que du bar rayé, que nous n'avons pas le droit de pêcher.
Nous réfléchissons tous ensemble ici à qui a le pouvoir de dépenser quel montant et pourquoi. Pour ce qui est du Québec, est-ce que Pêches et Océans Canada est en mesure d'actualiser les données sur ce qui existe dans le Saint-Laurent? Est-ce que le ministère a les moyens ou les outils requis pour évaluer où nous en sommes avec la lamproie? A-t-il les outils nécessaires pour préserver l'écosystème de nos eaux communes des Grands Lacs et du Saint-Laurent?
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Merci, monsieur le président.
Merci également à ma collègue.
Je représente Windsor-Ouest, une circonscription frontalière. En 1997, j'ai été le président fondateur du comité Detroit River Canadian Cleanup, ainsi que le vice-président de l'office de protection de la nature. Pendant 21 ans, j'ai été le vice-président du Groupe interparlementaire Canada-États-Unis, qui pratique un lobbying assidu auprès du Congrès et du Sénat.
Je tiens à remercier le MPO. Vous avez fait un travail exceptionnel. Seul le MPO a réussi à unir le Congrès et le Sénat contre le Canada.
Des voix: Ha, ha!
M. Brian Masse: Inutile de dire que nous faisons face à un grave enjeu. En arpentant les corridors des édifices Cannon, Rayburn et Longworth, nous avons entendu le son de cloche de nos collègues américains. En fait, une autre lettre a été envoyée au le 6 juin.
Vous ne contestez pas les déclarations de la représentante Dingell. Je la connais depuis très longtemps. Qu'avez-vous à me dire au sujet des remarques que je reçois constamment durant ces réunions concernant les affaires étrangères, l'environnement et les enjeux transfrontaliers? Dans ma circonscription, 40 % des activités sont liées au commerce. Nous sommes aux prises avec la question du bois d'œuvre et tout le reste, et cet enjeu refait constamment surface. Pensez-vous vraiment qu'il n'empoisonne pas nos relations?
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Merci de cette réponse.
Dans les échanges que nous avons eus depuis le début de la réunion et que j'ai moi-même pu avoir dans divers lieux ici à Ottawa, il est invariablement question des sommes que le MPO retient unilatéralement sur le financement prévu pour la CPGL. Si j'ai bien compris, ces fonds sont versés directement au programme de lutte contre la lamproie marine du MPO, qui met en œuvre les programmes liés à la lamproie au nom de la CPGL.
Il est clair également que ce processus a entraîné des frictions, c'est le moins qu'on puisse dire. En gardant tout cela à l'esprit, il semble que le MPO et la CPGL discutent actuellement de la codification de mécanismes prévisibles et stables de versement du financement.
Les dernières années ont été pleines de défis. J'aimerais me concentrer sur les derniers mois et sur les progrès qui ont été faits. Il y a eu un avant, il y a ce qui pourrait être, et nous avons la chance d'avoir ici présentes des personnes qui peuvent nous dire ce qui devrait être. Je voudrais parler du présent et des efforts déployés pour renforcer notre relation avec la Commission et établir un cadre prévisible, souple et adaptable pour cette relation d'une extrême importance pas seulement pour les Grands Lacs et l'Ontario, mais également pour nos deux pays.
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Merci, monsieur le président.
Certains vont certainement dire que je sors un peu du contexte qu'on étudie aujourd'hui. Je pense que la raison pour laquelle nous sommes tous ici est la difficulté que Pêches et Océans Canada a de s'arrimer — pour utiliser un mot typiquement marin — aux différents outils, organismes et commissions, quel que soit leur nom. On sent par l'entremise des différentes études que fait le Comité qu'on a parfois du mal à se comprendre. Il se dégage souvent des témoignages qu'on reçoit ici qu'on ne tient pas toujours compte de ce qui se passe sur le terrain, dont les acteurs se sentent ignorés, et que le ministère n'est pas assez décentralisé.
La lettre de mandat de la ministre était pourtant très claire, puisqu'il s'y trouve une demande de favoriser l'écoute de ce qui se passe sur le terrain, les achats locaux, la préservation des ressources et un meilleur accès des Canadiens et des Québécois à leurs propres ressources.
Certains diront que je m'égare, mais je ne m'égare pas tant que ça. J'ai l'impression que nous avons un ministère qui ne travaille qu'avec des bureaux. Or, je rencontre des gens sur le terrain qui sont inquiets parce que la situation y évolue plus rapidement que la capacité de réaction du ministère, avec pour résultat qu'on va se retrouver le bec à l'eau — pour faire un autre jeu de mots — et rater l'essentiel: la lamproie va se promener et nous serons encore en train de nous obstiner.
Il faut trouver une solution assez rapidement, car cette situation est urgente: quand il est question d'une espèce envahissante, l'invasion est toujours plus rapide qu'on pense. Que proposer à court terme? Certains ont dit avoir quand même rétabli certaines choses et instauré des mécanismes pour que les tensions ne se reproduisent pas. À court terme, que peut-on faire rapidement pour empêcher la lamproie de se répandre partout?
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Comme je l'ai mentionné précédemment, les décisions relatives à la machinerie gouvernementale ne relèvent pas du ministère des Pêches et des Océans.
Je dirais que depuis 1954, la structure existante des relations, malgré les tensions récentes, a permis une très forte collaboration dans les deux sens. Le MPO est chargé du programme, tout comme son homologue américain, le Fish and Wildlife Service. Dans ce contexte, cependant, en tant que parties contractantes, en tant que représentants du Canada dans son travail avec la Commission, nous faisons la même chose, comme je l'ai mentionné, dans un certain nombre d'autres commissions binationales, avec beaucoup d'efficacité. Nous avons des relations directes avec le State Department des États-Unis pour gérer tout ça, et cela a fonctionné efficacement ailleurs.
Nous reconnaissons que la relation est tendue ici, et c'est pourquoi nous travaillons à ce processus d'éclaircissement. C'est un problème assez particulier à cette commission, bien que sa structure ressemble assez à celle de nombreuses autres commissions au sein desquelles nous oeuvrons.
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Merci, monsieur Hardie.
Merci, monsieur le président.
Je dois dire que cette conversation est frustrante. Comme je l'ai dit plus tôt, c'est une chose dont nous avons hérité en 2015 de nombreux gouvernements du passé, en remontant jusqu'à 2000. L'observation de M. Lambe concernant la rétroactivité de cette mesure à hauteur de 70 millions de dollars est également très alarmante.
Cela dit, je pense que mon intention aujourd'hui, aussi frustrante qu'elle soit et qu'elle l'ait été ces dernières années, est de tourner la page et de trouver une solution, et j'ai entendu dire que c'est ce qui s'est passé. C'est ce que m'a dit le ministère. Je l'entends de la part de la CPGL et d'autres intéressés, y compris, comme l'a dit M. Masse, dans nos discussions avec les membres du Congrès lorsque nous nous rendons à Washington, ce qui peut être parfois embarrassant aussi, très franchement, lorsqu'ils soulèvent la question de l'état actuel des relations.
Cela dit, le protocole d'entente a été mentionné à plusieurs reprises, alors tournons la page et trouvons une solution, ce que je suppose que cette étude a pour but de faire. Il s'agit de trouver cette solution. Pour y parvenir, nous parlons d'un protocole d'entente.
Nous nous penchons sur l'administration du programme. Je crois comprendre que la CPGL administre le programme et que le MPO est l'entrepreneur pour ce qui est des composantes du programme et, bien sûr, comme je l'ai dit tout à l'heure, de la facturation à la CPGL. La CPGL prend ensuite les crédits du Trésor et paie la facture. Avec cela et cette attente — parce que cette attente a été exprimée dans le budget, 19 millions de dollars multipliés par cinq, pour les cinq prochaines années —, la relation peut se poursuivre dans ce domaine. Je suppose que cela fait partie du protocole d'entente.
La gouvernance, si je comprends bien, est également un problème: le transfert du MPO à Affaires mondiales Canada ou d'autres options qui pourraient se présenter, comme la composition du conseil avec un membre d'AMC plutôt que du MPO, et un membre civil, ce qui permettrait en fait de combler toute autre lacune en matière de gouvernance.
Je suppose que je vais demander au MPO et à la CPGL quelles sont leurs idées pour aller de l'avant dans l'établissement de ce protocole d'entente. Je commencerai par la CPGL.
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Merci, monsieur le président. M. Badawey a soulevé une question très importante.
L'un des outils les plus importants et l'une des clés du succès de la Commission au fil des ans a été l'indépendance de la Commission, sa capacité, comme Mme Desbiens l'a mentionné plus tôt, d'être agile et de réagir sur le terrain. C'est de cela qu'il s'agit. Cette étude porte le titre de « Répartition des ressources à la Commission des pêcheries des Grands Lacs », mais au fond, ce n'est pas vraiment une question d'argent. C'est une question d'indépendance et de capacité d'aller au‑delà des frontières.
Huit États des Grands Lacs et la province de l'Ontario sont concernés, ainsi que d'innombrables partenaires. Ce qui s'est passé, c'est que la capacité de la CPGL à prendre des décisions indépendamment du gestionnaire de portefeuille a été mise à rude épreuve. C'est là l'élément essentiel.
Nous avons proposé un protocole d'entente qui pourrait aider. M. Hardie demande pourquoi nous avons besoin de codifier cela. C'est parce qu'au fil du temps, ces capacités indépendantes à établir notre programmation ont été érodées. Il faut les rétablir conformément au traité.
Je signale que ce comité a réalisé une étude. Je crois que c'était le huitième rapport, le rapport scientifique. Dans ce rapport, il a fait quelques recommandations précises. À la page 39 du rapport, il est question d'une bonne politique mal mise en oeuvre. Des témoignages ont été présentés concernant les recommandations 4 et 19 de cette étude, qui traitent des problèmes structurels au sein du MPO qui entravent les activités scientifiques.
Bien entendu, la CPGL ne se limite pas à la lamproie marine. Nous administrons le contrôle de la lamproie marine. Nous sommes responsables de la science des Grands Lacs. Nous sommes principalement chargés d'aller au‑delà des frontières et de produire de manière indépendante un plan stratégique avec des partenaires américains. Tous ces éléments combinés requièrent de l'indépendance, notamment parce que le gouvernement fédéral n'a pas compétence sur les poissons des Grands Lacs.
Le secrétaire parlementaire a mentionné plus tôt les autres commissions sur les pêcheries dont le MPO est responsable. Si cette commission est unique, c'est parce que nous sommes uniques. Nous travaillons avec les États et la province de l'Ontario, car ce sont les gouvernements qui ont la compétence principale en matière de gestion des pêcheries.
Franchement, avant l'arrivée de la Commission, toutes les compétences travaillaient séparément, et cela n'a pas fonctionné. Ce n'est qu'une fois que nous avons commencé à faire les choses de façon homogène et à aller au‑delà des frontières, à ignorer les frontières, que nous avons réussi. Il est extrêmement important pour nous et pour nos programmes que nous conservions cette indépendance, et ce, parce qu'elle est inscrite dans la Convention.
Les lamproies marines n'ont pas de poche. Elles n'ont pas de passeport. Nous devons être en mesure de faire abstraction des frontières, ce qui est d'une importance cruciale pour nous dans l'exécution d'un programme souple et réactif. Je dis toujours que nous ne gérons pas les poissons; nous gérons les personnes qui gèrent les poissons. C'est pourquoi il est essentiel que nous soyons explicites sur les plans de l'indépendance et de la gouvernance.
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Je crois qu'il est juste de dire qu'il y a eu beaucoup de dégâts. Comme M. Lambe y a déjà fait allusion et comme M. Baker l'a mentionné, nous avons en M. Goodyear quelqu'un qui est venu à la table pour essayer d'améliorer les choses, mais je crois qu'il est important d'attirer l'attention du Comité sur le fait qu'une grande partie des progrès réalisés l'ont été en raison d'une pression politique intense, parce que les gens nous regardent.
Ce qui nous préoccupe, c'est que, premièrement, nous n'avons pas encore franchi la ligne d'arrivée. Nous n'avons toujours pas abordé les questions de machinerie qui ont été soulevées. Le protocole d'entente n'a toujours pas été finalisé. Et surtout, si à un moment donné la pression politique s'estompe, les progrès pourraient s'inverser lorsque M. Goodyear, moi-même ou n'importe qui d'autre prendront leur retraite ou partiront en mission. Nous voulons nous assurer que ces questions sont abordées sérieusement.
Il est extrêmement important, à mon avis, de noter qu'un certain nombre de modèles existent. Qu'il s'agisse de la Commission mixte internationale ou de la commission Roosevelt Campobello, ces commissions ont une structure très proche de la nôtre. Elles ont été imbriquées avec succès dans les affaires mondiales. Elles fonctionnent avec succès. Nous aimerions voir un tel degré de réussite.
Encore une fois, ce n'est pas une question d'argent. Il s'agit de la gouvernance, de l'indépendance et de la capacité de la Commission à exécuter son mandat de manière convenablement et complètement.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur McClinchey, je suis très contente de vous entendre parler d'indépendance, si vous me pardonnez cette pointe d'humour. Cela énonce tout à fait clairement ce que le Québec recherche, justement. Je vous dirais que c'est un peu la même chose: les gens se lèvent le matin, vont travailler, puis, au bout de la semaine, voient une part de leur salaire s'en aller au fédéral pour ne pas revenir. C'est donc un peu le même principe: nous aimerions avoir plus de latitude dans nos décisions.
Monsieur Lambe, vous évoquiez le financement que vous devriez recevoir et la liberté d'agir que ces sommes vous permettraient, un fossé qui existe depuis 20 ans pour vous, mais depuis plus de 50 ou 60 ans pour le Québec. En effet, vous disiez que ce n'est pas toujours une question d'argent, mais de liberté d'action. Cependant, il faut avoir les deux quand même, n'est-ce pas? Il faut avoir un peu les moyens d'agir si on veut que ce soit efficace.
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Merci, monsieur le président.
J'ai quelques remarques à faire. Je crois que c'est là une énorme occasion qui se présente à nous, en particulier avec la création de l'Agence canadienne de l'eau.
Il ne fait aucun doute que tout est pertinent lorsqu'il s'agit, dans ce cas, des Grands Lacs et d'autres efforts, qu'ils soient économiques, environnementaux ou sociaux, mais je pense que le point que je voudrais soulever est le suivant. Le crédit inscrit dans ce budget particulier était de 45 millions de dollars pour cinq ans. On s'attend à ce que le crédit multiplié par cinq — et non par deux — soit transféré à la CPGL, un point c'est tout. Je ne vois pas très bien où se situent les deux à cinq ans. Vous y travaillez, et je le comprends, mais en fin de compte, on s'attend à ce que l'intégralité des 45 millions de dollars soit transférée du Trésor à la CPGL.
Le troisième point concerne la remarque de M. O'Dea sur la participation du MPO. C'est là que je suis un peu inquiet ou confus. Je comprends que le MPO veuille s'assurer qu'il intervient dans ce dossier en ce qui concerne les Grands Lacs. Le fait est que vous l'êtes; vous êtes le contractant. Je suppose qu'il faut se demander pourquoi il y a un tel intérêt à ce que l'argent passe par le MPO plutôt que par AMC. C'est là que réside la confusion. Je comprends votre intérêt en ce qui concerne les pêches, car même si cela ne fait pas partie de votre mandat — c'est un mandat provincial — il est en grande partie délégué à la CPGL lorsqu'il s'agit de cette espèce envahissante ou de toute espèce envahissante, y compris la lamproie marine.
Ma question est la suivante: ... Je vais me répéter et je m'en excuse. Vous avez intérêt à participer — et vous le faites, en tant qu'entrepreneur —, alors pourquoi avez-vous intérêt à ce que le cheminement passe du Trésor, par l'intermédiaire du MPO, à la CPGL, qui vous confie ensuite la partie pratique, comme vous le dites, et vous facturez ensuite la CPGL pour ce service de sous-traitance et elle vous paie. Sur les 45 millions de dollars alloués à la CPGL au fil du temps, elle vous paie pour ce service.
Quel est l'intérêt par rapport à un transfert d'AMC à la CPGL? Vous resteriez sous contrat, vous seriez toujours payé, mais l'argent passerait par AMC plutôt que par le MPO. Je ne comprends pas l'intérêt qu'il y a à cela.
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Attendez. C'est là l'erreur. Je suis désolé, mais je n'ai pas beaucoup de temps.
C'est là l'erreur. Les crédits inscrits au budget sont très clairs. Ils doivent aller à la CPGL pour le programme de lutte contre la lamproie marine, un point c'est tout. Il n'est pas dit qu'ils vont au MPO, puis font l'objet de négociation. Comme je l'ai dit plus tôt, il n'y a pas de négociation. Il n'y a pas de droit à la négociation. Il s'agit d'une organisation régie par un traité qui, depuis 1950, a ses propres droits. Comme M. McClinchey l'a fait remarquer à juste titre, ces droits comprennent l'autonomie de fournir ces programmes qui vous sont délégués.
Que se passerait‑il si, en fait, ils ne vous déléguaient pas ce contrat? Et si, en fait, ils le déléguaient à quelqu'un d'autre? Auriez-vous toujours le droit de retenir cet argent? Non. C'est le cœur du problème.
Ce que j'essaie de faire ici, c'est de mettre cela de côté pour que nous puissions trouver une solution. Je vais prendre les dernières secondes dont je dispose pour établir une conclusion. Ce résultat est simple. Il s'agit d'arriver à une résolution sur un protocole d'entente afin d'entamer le processus et de rétablir une relation positive. Ensuite, bien sûr, nous nous attendons tous à voir le transfert se faire — du MPO à AMC. Mais au moins, obtenons un protocole d'entente sur lequel nous pouvons nous mettre d'accord afin que, comme l'a dit M. Baker, nous puissions ramener les gens à la table des pourparlers.
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Je suis désolé, monsieur Hardie. Vous avez un peu dépassé votre temps de parole.
J'aimerais pouvoir conclure la séance et remercier chaleureusement les témoins d'être venus aujourd'hui: M. O'Dea, M. Goodyear, M. Baker, M. Lambe, M. McClinchey et, bien sûr, Mme Dingell, qui a partagé avec nous ses connaissances dans sa déclaration liminaire.
Je rappelle que lundi, la première heure sera consacrée à l'étude de la Commission des pêcheries des Grands Lacs, avec des témoins. La deuxième heure sera consacrée aux instructions de rédaction du rapport sur les investissements étrangers et la concentration des entreprises, ainsi qu'aux instructions de rédaction de la lettre faisant suite à la séance d'information du MPO sur le rapport 21, Les pêches sur la côte Ouest.
Pour vous donner une idée de l'intérêt que suscite cette étude, nous avions cinq membres remplaçants aujourd'hui. Je tiens à remercier M. Epp, M. Badawey, M. Masse, M. Rogers et M. Lawrence. Il est évident que cette question suscite grand intérêt et que de nombreuses personnes sont concernées. Quoi qu'il en soit, tout le monde est inclus.
Bonne soirée à tous. Un grand merci à notre greffière, à nos analystes et à nos interprètes pour leur excellent travail, une fois de plus, et une réunion réussie.