Bienvenue à la 132e réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Cette réunion se déroule sous forme hybride, conformément au Règlement.
Avant de commencer, j'aimerais faire quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Ceux qui sont dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal désiré. Veuillez adresser tous vos commentaires à la présidence. Aujourd'hui, tous nos témoins sont sur Zoom, et aussi quelques membres du Comité.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, et à la motion adoptée le jeudi 8 février, le Comité reprend l'examen de la Loi sur les pêches.
Je souhaite la bienvenue aux témoins de notre premier groupe.
Nous accueillons Mme Susanna Fuller, vice-présidente de la Conservation et des projets à Océans Nord, que le Comité connaît bien. Nous recevons également Mme Lyne Morissette, docteure en écologie marine et spécialiste des pêches et des mammifères marins à M‑Expertise Marine Inc. Enfin, nous avons M. Richard Williams, consultant en pêches.
Je vous remercie d'avoir pris le temps de venir comparaître. Vous disposerez chacun de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire.
Madame Fuller, vous avez la parole.
Mme Fuller est figée.
Monsieur Williams, je vous donne la parole en premier pour cinq minutes, ou moins.
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Merci beaucoup de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
Au cours de mes presque 50 années de recherche et de travail de consultation sur les pêches, j'ai eu le privilège de soutenir le développement de ce qui est sans doute la pêche côtière la mieux gérée, la plus solide sur le plan économique et la plus durable au monde. Ce n'est pas parfait, loin de là, mais c'est quand même un atout stratégique énorme pour les régions rurales côtières du Canada.
L'examen actuel de la Loi offre l'occasion de faire progresser davantage le développement durable dans le secteur des pêches en réglant les problèmes et les lacunes stratégiques pour lesquels une gouvernance législative et réglementaire plus rigoureuse est nécessaire. À mon avis, l'échec le plus important de la législation, de la réglementation et de la politique d'octroi de permis en matière de pêche est la grande disparité du soutien aux collectivités côtières et aux pêcheurs actifs de l'Atlantique par rapport à ceux du Pacifique.
Dans la Gazette du Canada de 2020, la ministre des Pêches et des Océans, ou MPO, a expliqué la raison d'être des nouveaux règlements sur la délivrance de permis pour les pêches de l'Atlantique.
On peut y lire ceci:
Des politiques de pêche progressives qui empêchent l'intégration verticale entre les secteurs de la pêche et de la transformation et empêchent la concentration des permis entre les mains de quelques sociétés ou individus ont joué un rôle essentiel dans le maintien de la répartition de la richesse dans la région [de l'Atlantique] et les petites collectivités. Sans ces politiques, la richesse découlant des permis de pêche se serait concentrée entre les mains de tiers non éligibles, ce qui aurait entraîné une diminution des emplois ou des emplois moins bien rémunérés dans le secteur de la pêche dans les zones côtières rurales et une diminution des avantages économiques dans les collectivités côtières.
Ce sont les mots de la ministre.
Cela explique en termes clairs et concrets pourquoi les politiques du propriétaire-exploitant de l'Atlantique ont été inscrites dans la Loi. Fait important, le passage décrit également en détail les résultats négatifs que nous constatons en Colombie-Britannique en l'absence de la séparation de la flottille et des protections des propriétaires-exploitants, c'est‑à‑dire la concentration des permis « entre les mains de quelques sociétés » ou particuliers, et « une diminution des emplois ou des emplois moins bien rémunérés dans le secteur de la pêche dans les zones côtières rurales et une diminution des avantages économiques dans les collectivités côtières. »
Les données sur les déclarants de Statistique Canada confirment le piètre rendement de la pêche en Colombie-Britannique de 2010 à 2019. Le revenu moyen tiré de l'emploi des pêcheurs, des capitaines et des membres de l'équipage sur la côte de l'Atlantique a grimpé de 68 %, tandis que celui des pêcheurs de la Colombie-Britannique n'a monté que de 4 %, même si la valeur totale des débarquements dans l'Ouest a augmenté de 36 % au cours de cette période. La richesse n'est pas allée aux pêcheurs. Des chiffres plus à jour sur l'octroi des permis par le MPO révèlent qu'entre 2014 et 2023, la main-d'œuvre du secteur des pêches en Colombie-Britannique a diminué d'un tiers — une perte de 1 954 emplois —, tandis que les emplois de pêcheurs dans l'Atlantique ont connu une légère hausse.
Il y a eu 800 emplois perdus dans le secteur des pêches en Colombie-Britannique depuis 2019, lorsque le Comité a publié son rapport intitulé Les pêches sur la côte ouest: partager les risques et les retombées. Deux études importantes menées par le Comité permanent des pêches et des océans en 2019 et en 2023 ont examiné ces enjeux en profondeur et ont demandé aux ministres du MPO de passer à un régime d'émission de permis pour les propriétaires-exploitants qui est conçu en Colombie-Britannique. À ce jour, cependant, seules des mesures limitées ont été prises. La région du Pacifique du MPO mène actuellement encore une autre consultation non pas sur la façon de réparer le système de délivrance de permis, mais sur la nécessité de le modifier, et sur ce à quoi une telle correction pourrait ressembler.
J'exhorte donc le Comité à recommander de modifier la Loi sur les pêches afin que la séparation des flottilles soit la politique de délivrance de permis par défaut pour tous les propriétaires-exploitants et les flottilles de pêche commerciale côtière ou de petits bateaux au Canada. Il faudrait s'inspirer des règles de séparation des flottilles actuellement en vigueur dans les pêches désignées de l'Atlantique.
Je vous remercie, et j'ai hâte de participer à la discussion.
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Je vous remercie de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui.
Je tiens à souligner l'importance de cet examen quinquennal de la Loi sur les pêches, le premier de l'histoire. La modernisation de la Loi en 2019 était sa première refonte majeure depuis 1868. C'est l'une des lois les plus importantes au Canada pour notre environnement et nos collectivités. C'est une loi dont nous devrions être fiers et que nous devrions continuer à mettre en œuvre par tous les moyens possibles. Si nous y arrivons, les Canadiens de demain pourront profiter de nos écosystèmes d'eau douce et marins, qui soutiennent les cultures, les moyens de subsistance et les économies de nombreuses communautés autochtones ou non.
Deux des principales améliorations apportées à la Loi en 2019 ont été l'inclusion de l'article 35 de la Constitution et, comme M. Williams l'a mentionné, l'inscription dans la Loi de la politique du propriétaire-exploitant dans le Canada atlantique.
Le personnel d'Océans Nord a participé activement à de nombreux comités consultatifs sur les pêches au cours des cinq dernières années. Nous soutenons également le Canada dans sa représentation au sein d'organismes internationaux des pêches, comme l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest, ou OPANO, et la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique, ou CICTA. Dans la mesure du possible, nous travaillons en collaboration avec les flottilles de pêcheurs propriétaires-exploitants et hauturiers.
J'aimerais aborder trois aspects importants de la Loi, et j'espère que vous en tiendrez compte dans votre examen. Les deux premiers sont des domaines dont la mise en œuvre est en cours ou requise — le rétablissement des stocks de poissons décimés et la protection proactive de l'habitat du poisson —, tandis que le troisième recommande d'apporter un changement précis à la Loi pour veiller à ce que la prise de décisions en matière de pêche tienne compte de facteurs comme les changements climatiques et la biodiversité.
En ce qui concerne le rétablissement des stocks de poissons, avec l'ajout de l'article 6 à la Loi en 2019, le Canada s'est joint à d'autres pays industrialisés qui pratiquent la pêche pour exiger légalement qu'on rétablisse les stocks de poissons épuisés. Bien qu'il puisse y avoir différents points de vue sur les délais et les mesures à prendre pour rétablir les stocks, nous pouvons tous convenir que le facteur le plus important pour des pêches économiquement durables est d'avoir des populations de poissons en bonne santé. Sans poisson, il n'y a pas de pêche.
Depuis novembre 2024, le Canada répond en grande partie aux exigences de cet article de la Loi. La majorité des plans de rétablissement sont terminés, mais ils ne sont pas tous publics. Nous devons maintenant adhérer à ces plans et nous assurer qu'ils donnent les résultats dont nous avons besoin. Océans Nord a mené des études économiques axées sur les poissons-fourrages comme le maquereau et le hareng qui montrent à quel point ces poissons et ces pêches ont une grande valeur pour notre économie et l'écosystème marin si nous prenons le temps de laisser les stocks se rétablir. Il faudra faire preuve de patience, respecter les avis scientifiques et tenir compte des générations futures, qui méritent d'avoir la possibilité de pêcher.
En attendant l'approbation du prochain grand lot de stocks de poissons qui figure actuellement à la partie I de la Gazette du Canada, les dispositions sur le rétablissement s'appliqueront à 95 stocks au Canada. Ainsi, nous avons des mesures de protection en place lorsque les stocks diminuent. Je sais que vous avez tous beaucoup entendu parler de la morue du Nord. C'est l'un des plus grands déclins de stock mondial de tous les temps, et nous avons donc la responsabilité particulière de bien le rétablir, non seulement au‑dessus du seuil critique, mais aussi pour en assurer la santé.
Le deuxième aspect que je veux porter à votre attention est un élément de la Loi qui n'a pas encore été mis en œuvre. En 2012, les modifications apportées à la Loi sur les pêches ont permis la protection proactive de l'habitat du poisson et l'établissement de zones d'importance écologique. Cet élément a été maintenu dans la Loi de 2019. En vertu du paragraphe 35.2(2), les zones d'importance écologique peuvent être désignées par la ministre. Le Canada compte plus de deux millions de lacs et de rivières qui soutiennent la pêche alimentaire et les activités récréatives autochtones et qui fournissent des sources d'eau à bon nombre de nos collectivités. Malgré cette capacité de désigner des zones et d'interdire des activités autres que la pêche qui pourraient avoir une incidence négative sur cet habitat, le Canada n'a pas encore utilisé les pouvoirs conférés par cette loi. En octobre 2024, on a annoncé que la rivière St. Marys, en Nouvelle-Écosse, était la première candidate à la désignation de zone d'importance écologique au pays. C'est la première de plus de deux millions de plans d'eau. Nous ne nous attendons pas à ce qu'ils soient tous entièrement protégés, mais nous pensons que nous devons mettre l'épaule à la roue. Nous pouvons et devons faire mieux et élaborer un processus réglementaire efficace qui nous permet de protéger davantage d'habitats du poisson.
Enfin, nos écosystèmes marins et côtiers sont en train de changer. Le golfe du Saint-Laurent, sur la côte Est, est à neuf degrés au‑dessus de la moyenne à long terme. On voit du mahi-mahi au large de Terre-Neuve. Les baleines changent leurs habitudes migratoires. Les prises de homard dans le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse, l'une des pêches les plus précieuses du Canada, diminuent à mesure que le homard se déplace vers le nord à la recherche d'eaux plus froides. Tout cela est dû aux 90 % de chaleur excédentaire que nos océans absorbent en raison du réchauffement climatique.
Les pêches changeront et le font déjà en raison des changements climatiques, qui doivent donc être pris en compte dans les décisions. On peut le faire en modifiant l'article 2.5 pour y inclure les changements climatiques, ce qui garantirait que la gestion écosystémique, à laquelle le Canada s'est engagé en 2004, comprend la lutte contre les changements climatiques et est pleinement mise en œuvre. Il s'agit également d'un aspect clé de la Stratégie pour la nature 2030, qui a été publiée récemment et qui nous engage à assurer des pêches durables en vertu de la Convention sur la diversité biologique. La modification des écosystèmes changera nos communautés de pêcheurs, et la planification en amont en réduira l'impact au fil du temps. Le fait de travailler avec l'industrie de la pêche et les communautés autochtones sur la gestion écosystémique peut répondre aux besoins de l'écosystème et intégrer les connaissances sur l'eau pour assurer les pêches de demain.
Je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de partager notre point de vue. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Je m'appelle Lyne Morissette et je suis présidente-directrice générale de M-Expertise Marine.
Je vous remercie de me donner l'occasion de vous faire part de mon expérience en tant que spécialiste des pêches, de l'approche intégrée et de la médiation environnementale.
Avec ses trois océans et ses écosystèmes majestueux, le Canada possède des richesses naturelles uniques. Pourtant, notre gestion de ces ressources demeure enfermée dans des approches un peu dépassées. La Loi sur les pêches, bien que mise à jour en 2019, illustre ce retard par son manque de mise en œuvre concrète et son manque d'interdisciplinarité.
Le premier point que j'aimerais aborder, c'est le manque d'interdisciplinarité dans nos ministères.
L'interdisciplinarité est devenue une pierre angulaire dans les milieux universitaires. En effet, les chercheurs collaborent hors du cadre des disciplines afin de travailler à des enjeux complexes et interconnectés tels que la gestion des ressources naturelles ou les changements climatiques. Cette approche largement reconnue comme étant essentielle pour trouver des solutions novatrices gagne aussi en popularité dans certains ministères fédéraux. Toutefois, à Pêches et Océans Canada, ou MPO, elle est encore une idée en attente d'adoption.
Le MPO fonctionne souvent en vase clos, appliquant des approches disciplinaires fragmentées qui peinent à intégrer les savoirs de l'extérieur. Alors que l'interdisciplinarité pourrait enrichir considérablement l'élaboration des politiques et la gestion des pêches, elle est trop peu présente dans les pratiques ministérielles. Résultat: les décisions sont prises sans que le ministère puisse bénéficier pleinement de l'expertise externe disponible, qu'elle soit scientifique, communautaire ou issue des savoirs traditionnels autochtones.
Cela ne signifie pas que les employés du MPO manquent de compétence ou de volonté. Cependant, il est difficile de ne pas percevoir le reflet d'une certaine attitude dans leurs processus internes, lesquels témoignent d'une vision où leur science, encadrée par la Loi sur les pêches, serait implicitement supérieure à celle des autres, qu'il s'agisse des universitaires ou des pêcheurs. Lorsqu'elles incluent des experts de l'extérieur ou des parties prenantes, les consultations qu'ils mènent ressemblent davantage à des validations qu'à de véritables dialogues. De plus, l'expertise des pêcheurs, dont le savoir est forgé par une vie en mer, est souvent perçue comme anecdotique, quand elle n'est pas simplement ignorée.
Cette position n'est pas seulement contre-productive; elle est un frein au progrès. La gestion des pêches et des écosystèmes marins exige une approche ouverte et interdisciplinaire. Continuer à travailler comme si les écosystèmes, les disciplines, ou, ce qui est pire, les connaissances pouvaient être compartimentés est une erreur. Pour bâtir une gestion moderne et efficace, il est temps que la Loi sur les pêches descende de sa tour d'ivoire et rejoigne la table de collaboration.
Pour collaborer, il faudra d'abord rétablir la confiance érodée des Canadiens.
Un autre problème majeur est celui lié au manque de confiance, qui repose tant sur des mesures justes que sur des relations honnêtes. Selon Statistique Canada, en 2023, moins de 30 % des Canadiens estimaient que le gouvernement protégeait efficacement l'environnement marin. Ce manque de confiance est alimenté par des erreurs dans l'application de certaines mesures.
Je vous donne un exemple récent. L'été dernier, des pêcheurs des Maritimes ont refusé de retirer leurs casiers d'une zone fermée pour protéger une baleine noire. Pourquoi cela? C'est parce que la décision, la Loi, mal communiquée, était basée sur une délimitation incorrecte. Les pêcheurs ont constaté sur le terrain que la baleine n'était pas dans la zone visée. Ce genre d'erreur mine la crédibilité du gouvernement et sape les efforts de conservation.
Des études comme celles menées par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, ou FAO, montrent que l'intégration des savoirs locaux améliore non seulement les politiques, mais aussi l'adhésion des communautés côtières. Pourtant, trop souvent, les pêcheurs et les communautés autochtones ne sont invités à participer à ces études qu'à titre de figurants plutôt que de partenaires.
Si on veut renforcer la gestion durable, une telle approche doit changer.
Ce qui se dégage de tous les mémoires que j'ai vus en lien avec cette séance, c'est le besoin urgent de collaboration et de médiation.
Enfin, il est temps d'inscrire la médiation dans la Loi sur les pêches. Le Canada, avec ses divers acteurs et ses écosystèmes interconnectés, ne peut se permettre des conflits stériles.
Les lois adoptées dans d'autres États montrent que c'est possible. La Loi sur la qualité de l'environnement, au Québec, et la législation de 1991 sur la gestion des ressources, en Nouvelle‑Zélande, prévoient toutes les deux des mécanismes de médiation qui visent à désamorcer les tensions. Ces outils favorisent la collaboration, réduisent les conflits et rétablissent la confiance. La médiation ne devrait pas être vue comme une option, mais comme une étape préalable à tout litige.
Avant de prendre des décisions, le MPO pourrait piloter des comités régionaux auxquels participeraient toutes les parties prenantes.
En conclusion, je vous dirais que la Loi sur les pêches devrait être plus qu'un texte législatif.
Elle devrait incarner une vision audacieuse, c'est-à-dire protéger nos écosystèmes tout en respectant les communautés qui en dépendent. Aujourd'hui, cette vision reste hors de portée. Cependant, en intégrant des outils comme la médiation, en renforçant l'interdisciplinarité et en valorisant les savoirs locaux, on a l'occasion de transformer cette loi en un modèle de gestion durable et collaborative.
Merci de votre attention. Je suis disponible pour répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Madame Morissette, vous avez mentionné le problème survenu en lien avec une baleine. Cela s'est passé dans la circonscription que je représente. En fait, si vous avez suivi l'actualité, vous avez constaté que des décisions très douteuses avaient été prises. Si je n'étais pas intervenu et si je n'avais pas eu la collaboration des pêcheurs, il y aurait eu une crise des pêches, comme c'est arrivé l'an passé. Comme vous l'avez dit tantôt, il est très important de discuter avec les pêcheurs et de prendre en considération ce qu'ils ont à dire.
Cela dit, vous avez dit que la gestion des ressources était enfermée dans des approches un peu dépassées et qu'il y avait un manque d'interdisciplinarité au MPO.
Je pense que vous vous considérez comme une scientifique, et je crois que vous l'êtes. Pensez-vous que les scientifiques du ministère écoutent vos opinions sur les pêches et les ressources, par exemple, lorsque vous participez à leurs réunions?
Pensez-vous que vous êtes prise au sérieux et que l'on prend véritablement en considération ce que vous dites? Avez-vous l'impression que vos suggestions entrent par une oreille et sortent par l'autre, comme on dit chez nous?
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Comme vous le savez, il y aura une nouvelle version de la Loi sur les pêches. Vous êtes ici pour participer à notre étude, et vous avez certainement des recommandations à nous faire quant à ce que nous devrions inclure dans la Loi ou bien quant à ce que nous devrions exclure de celle-ci.
J'aimerais revenir sur la gestion des baleines. Dans la Loi sur les pêches, on parle beaucoup de protéger l'habitat de nos ressources, du poisson, mais on ne parle presque jamais de protéger nos communautés, qui dépendent de ces ressources. À mon avis, ces deux aspects vont de pair.
Pour ce qui est de la protection de l'habitat des baleines, des mesures ont été mises en place il y a plusieurs années. On parle des mêmes choses. Un rapport a été rédigé sur la question, et vous aviez d'ailleurs comparu devant le Comité pour proposer des solutions à ce sujet.
Pourrions-nous assouplir ces mesures de protection des baleines sans nuire à l'espèce de baleine ou à nos marchés, tout en continuant à protéger nos communautés? Est-ce faisable?
J'aimerais avoir une réponse juste et claire.
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Il est difficile de couvrir tous les aspects du sujet, et nous pourrions en parler pendant une semaine.
Madame Morissette, que manque-t-il à la Loi sur les pêches pour faire en sorte que tout le monde s'implique et que les préoccupations de toutes les parties prenantes soient bien comprises?
Comme vous l'avez dit tantôt, il est important que les pêcheurs soient invités à la table de discussion. Vous avez récemment participé à un colloque sur les pêches, qui s'est tenu dans ma circonscription. Selon certains pêcheurs, la population de la crevette est encore satisfaisante, mais il y a malheureusement une diminution de la population de certaines espèces, notamment le maquereau.
Mon père a été pêcheur toute sa vie. Si je lui demandais ce qu'il en pense, il me dirait que, du poisson, il y en a toujours eu et qu'il va toujours y en avoir. Cependant, comment pouvons-nous obtenir un portrait juste et équitable de la situation? Comment encourager la collaboration entre tous les intervenants?
Que devrait faire le gouvernement pour trouver une solution gagnante pour tous et améliorer véritablement la Loi sur les pêches?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être avec nous.
Madame Morissette, je sais que vous êtes très occupée, et je tiens à dire que nous sommes très contents de vous accueillir.
Vous avez beaucoup parlé de la médiation environnementale. D'ailleurs, vous en avez énormément parlé lors du dernier colloque du Bloc québécois.
Pouvez-vous nous expliquer brièvement comment on peut l'intégrer à la Loi sur les pêches?
Comment peut-on définir plus précisément cette notion? La médiation environnementale pourrait être la solution à plusieurs problèmes, et elle permettrait de rétablir la confiance entre les gens qui travaillent sur le terrain et les gens du ministère.
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La médiation, c'est une recette. Cette approche comprend plusieurs étapes, et elle vise à trouver des solutions ou des compromis lorsqu'il y a un conflit qui divise les gens à la table de discussion. Cette méthode a d'ailleurs fait ses preuves dans toutes sortes de domaines. Je pense notamment à la médiation familiale et à la médiation en milieu de travail.
Plusieurs défis importants se posent dans le domaine des pêcheries. Il y a des espèces en voie de disparition, et des stocks disparaissent. On n'a pas le luxe de se passer du savoir des gens, quels qu'ils soient.
Pour arriver à bonifier ou à rentabiliser au maximum le savoir des gens, il faut que ces derniers soient capables de se parler. Il faut donc qu'ils soient mis en confiance. Or, il faut rebâtir cette confiance à l'heure actuelle. Les gens travaillent isolément, et la confiance est plus ou moins minée. Par conséquent, il faut commencer par la rétablir.
La bonne nouvelle, c'est que la médiation environnementale est une recette très structurée et facile à intégrer dans une loi. Plusieurs lois, dans divers domaines, prescrivent déjà le recours à l'approche de médiation dans les cas de litiges, lorsque des sujets sont sources de conflits ou si le travail ne progresse pas assez rapidement.
La Nouvelle‑Zélande est un pays novateur dans ce domaine, et elle a intégré la médiation dans les dossiers environnementaux. Je pense que nous pourrions faire la même chose chez nous.
Le Canada est bordé par trois océans. Il peut bénéficier de savoirs riches et diversifiés. Il faut absolument être capable d'intégrer le plus possible ces savoirs dans les processus afin d'en arriver aux solutions les plus efficaces possible.
C'est aussi une course contre la montre. Il faut relever plusieurs défis, et nous ne devons pas attendre 15 ans pour trouver des solutions. Il faut agir rapidement. Plus le travail sera fait en collaboration, plus les solutions seront efficaces et rapidement applicables.
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Oui, ce serait possible. Il faudra briser cette espèce de cloisonnement.
Cela étant dit, les questions relatives aux pêches sont complexes, et la situation de la baleine noire est un bon exemple. En l'occurrence, la baleine noire est une espèce en péril, et on gère présentement ce problème au moyen de dispositions relatives à la pêche au crabe et au homard. Il ne s'agit même pas des mêmes dossiers au chapitre de la préservation de l'espèce. De plus, cela pose de nombreux défis sociaux et économiques.
Les universitaires ont commencé à travailler de façon interdisciplinaire. C'est beaucoup plus rapide et plus efficace, car il est possible d'envisager un problème sous divers angles. Cette méthode fonctionne. Il y a même des océanographes qui travaillent avec des artistes.
Ces gens proposent des perspectives intéressantes, et il est important de les intégrer aux processus. Il faut mettre fin au cloisonnement et travailler le plus possible ensemble.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue aux témoins d'aujourd'hui.
Mes premières questions s'adresseront à vous, monsieur Williams.
À la fin de votre déclaration préliminaire, vous avez dit que la région du Pacifique du MPO avait entrepris un nouveau processus de consultation. Je me demande si vous pouvez nous donner une idée générale de la manière dont les choses se déroulent.
Une consultation est en cours depuis que j'occupe ce poste et de nombreux problèmes se présentent. On n'a pas posé les bonnes questions en les adressant à des gens que l'on n'aurait peut-être pas dû consulter tout en négligeant de le faire auprès d'intervenants qui auraient dû avoir voix au chapitre.
Voici que j'apprends maintenant qu'il y aura un autre exercice de mobilisation pour déterminer si des correctifs doivent être apportés. Cela me préoccupe beaucoup. Pouvez-vous nous parler un peu de ce qui se passe? Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet?
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La région a lancé au cours de l'été cet exercice de consultation dans le cadre de ce qu'on qualifie de processus de modernisation. Je pense qu'il y a cinq sujets au programme, y compris la transparence des données sur la propriété et la propriété étrangère. Le cinquième point sur la liste est la politique de délivrance de permis, sans mention précise du problème à régler à cet égard.
Je dirais que les personnes qui mènent ce processus de mobilisation semblent faire un effort très concerté et sincère pour rejoindre des gens qui, souvent, ne sont pas appelés à participer à ce genre d'exercice. Ils ne s'adressent pas seulement aux comités consultatifs habituels et aux principaux intervenants; ils font un véritable effort de rayonnement à l'échelle communautaire et dans les divers secteurs de l'industrie. Je pense que c'est l'aspect positif de cette démarche.
Ce qui est un peu troublant pour ceux d'entre nous qui s'intéressent à ce dossier depuis un certain temps, c'est que, encore une fois, on semble vouloir repartir de zéro. On n'a pas l'impression que l'on souhaite s'appuyer sur le travail déjà accompli, et en particulier le travail extrêmement important effectué par ce comité, mais aussi par le gouvernement provincial.
Le gouvernement provincial s'est prononcé catégoriquement en faveur de la mise en place d'un régime de permis pour les propriétaires-exploitants. Cela fait partie intégrante de la nouvelle stratégie maritime côtière que le gouvernement de la Colombie-Britannique a annoncée. Le premier ministre de la Colombie-Britannique a écrit au pour lui dire qu'il est temps de passer à un modèle de permis de propriétaire-exploitant. La principale alliance des Premières Nations côtières de la Colombie-Britannique a appuyé la transition vers un tel modèle.
Il est très décourageant de constater que cet exercice de mobilisation pour la modernisation ne semble pas partir de là où on est rendu. Tout indique que l'on souhaite remonter même avant le premier rapport du Comité permanent des pêches et des océans en recommençant à poser les questions de base sur ce qui se passe dans le secteur de la pêche.
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Nous y avons beaucoup réfléchi ces dernières années avec les gens de l'industrie, sur la côte Ouest, et nous sommes parvenus à une approche stratégique qui, selon nous, serait très réaliste.
Quand on regarde comment la délivrance de permis aux propriétaires-exploitants a évolué sur la côte Est, il y a eu deux grandes étapes dans le processus. Il y a d'abord eu la séparation des flottilles, en 1979, une décision prise par le ministre et imposée par son autorité à l'ensemble de l'industrie, afin de diviser toutes les pêches de la côte Est en deux secteurs: côtier et hauturier. Tout ce qui s'est passé depuis en ce qui concerne les règles sur les propriétaires-exploitants — qui peut obtenir un permis de pêche, comment les différentes flottilles sont gérées, s'il y a des ensemencements ou des locations, tout cela — est passé par les organisations de pêcheurs, des comités consultatifs, etc. Rien n'a été fait par décret ministériel. C'est la même chose qu'il faudrait faire en Colombie-Britannique.
Changez toute la structure de l'industrie, comme sur la côte Est, en instaurant la séparation des flottilles. En vertu de l'article 9.1 de la Loi sur les pêches, la ministre a le pouvoir de le faire. Il suffirait d'un décret ministériel pour que l'octroi de permis [inaudible ]. Il suffirait de faire comme dans la politique Préserver l’indépendance de la flottille de pêche côtière dans l’Atlantique canadien et de prévoir une période de transition pour la vente et l'achat de gré à gré. Il faudrait offrir de l'aide aux pêcheurs pour l'accès au capital et le reste, mais faites‑le.
Ensuite, laissons les règles sur les propriétaires-exploitants, les modalités régissant les ensemencements, la location et toutes ces choses dans chaque flotte... Parce qu'en Colombie-Britannique, presque toutes les entreprises pêchent plusieurs espèces, il faudra probablement des règles sur les propriétaires-exploitants beaucoup plus souples, des systèmes de location et ainsi de suite, mais dans une structure plus équitable. La séparation des flottilles aurait pour effet de faire baisser les prix des permis, de les rendre plus abordables pour les pêcheurs actifs. Elle obligerait les propriétaires d'entreprises de pêche actives à s'asseoir à la table pour trouver des solutions, puisque ce sont eux qui détermineraient de l'accès à la ressource. Il leur incomberait donc de résoudre ces problèmes, comme cela s'est produit sur la côte Est.
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Au cours des dernières années, j'ai eu l'occasion de travailler avec le Réseau Québec maritime, qui a financé un projet fort intéressant suivant une approche d'interdisciplinarité. Nous avons travaillé dans la baie des Chaleurs, en Gaspésie, avec le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie.
L'approche comportait quatre volets. Nous avons d'abord fait une étude écologique de la situation de la pêche et des espèces en péril. Nous avons également fait une étude sociologique, qui a démontré que les pêcheurs n'ont plus de relève, le métier de pêcheur étant trop compliqué. Le métier comporte beaucoup de problèmes, et il engendre trop de stress et de risques financiers. La situation était très préoccupante.
Dans ce contexte, nous avons travaillé avec une sociologue de renom de l'Université du Québec à Chicoutimi, qui s'est spécialisée dans l'analyse des situations de crise. Elle a notamment travaillé auprès de la population de Lac‑Mégantic, qui était en état de choc à la suite de la tragédie qui y a eu lieu. Elle a donc analysé la crise liée à la pêche de la même façon pour aider la communauté à atténuer le choc lié à la précarité du métier de pêcheur.
Il y a également eu une analyse économique et une analyse sur le développement durable. Pour faire du développement durable, il faut absolument que tous ces experts soient pris en compte. L'interdisciplinarité, c'est le fait d'intégrer des professionnels des sciences sociales dans nos plans d'action et dans nos analyses des situations afin de trouver des solutions.
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Il est intéressant de souligner que les témoins que nous avons entendus dans le cadre de cette étude nous ont dit que la seule chose à laquelle on avait vraiment donné suite parmi les recommandations de 2019 est la recommandation de lancer une pétition, ce qui a été fait de façon très imparfaite, mais voilà qu'on apprend qu'on refait essentiellement cette pétition.
Quoi qu'il en soit, je n'utiliserai pas tout mon temps de parole là‑dessus. Je vous remercie de cette information et j'espère que nous pourrons bientôt trouver des solutions à ce problème.
Ma prochaine question s'adresse à Mme Fuller.
Madame Fuller, je n'ai pas beaucoup de temps.
Vous et d'autres ONG vouées à la conservation et à l'environnement de partout au pays, qui ont travaillé avec le gouvernement libéral pendant plus de quatre ans à la modernisation de la Loi sur les pêches, avez envoyé une lettre à la . L'une des recommandations que vous avez évoquées, qui a été suivie, concerne le principe de précaution et une approche écosystémique dans la prise de décisions.
C'est une question que j'ai déjà soulevée avec d'autres témoins. Pouvez-vous préciser ce qu'il faudrait faire pour déterminer plus clairement comment les principes de précaution devraient être appliqués pour assurer une plus grande cohérence dans la mise en oeuvre de la loi?
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Oui. Je pense que le processus de rétablissement et l'approche de précaution contribuent à établir des points de référence scientifiques. Je crois toutefois que la précaution découle fondamentalement d'un jugement de valeur, donc nous ne voulons pas tout le temps nous en remettre exclusivement aux scientifiques non plus.
Pour tout ce qui touche l'écosystème, le MPO travaille à l'élaboration d'un cadre de gestion écosystémique. Il est grand temps de le faire. Cela fait 20 ans que nous promettons de faire de la gestion écosystémique.
Je pense que c'est urgent, parce que nous comprenons les liens entre les prédateurs et les espèces proies. De plus, je ne peux insister assez sur les répercussions des changements climatiques. Nous voyons les crevettes disparaître du plateau néo-écossais. Le crabe des neiges est touché.
Je pense qu'il faut vraiment miser sur une approche écosystémique. C'est une bonne chose que cela figure dans la partie de la loi qui porte sur la prise de décisions, parmi les facteurs à prendre en considération, mais nous avons besoin de résultats et d'outils concrets. Peut-être que le processus dont parle Mme Morissette pourrait nous aider à parvenir à une meilleure gestion écosystémique, si nous nous concertions tous, collectivement, avec les diverses parties prenantes et les détenteurs de droits.
Je souhaite la bienvenue à notre deuxième groupe de témoins.
Nous accueillons M. Claudio Bernatchez, directeur général de la Coopérative des Capitaines Propriétaires de la Gaspésie, ainsi que M. Robert Jenkins, président, et M. Ian MacPherson, directeur exécutif de la Prince Edward Island Fishermen's Association.
Merci de prendre le temps de comparaître aujourd'hui.
Chaque organisation disposera d'un maximum de cinq minutes pour sa déclaration préliminaire.
Monsieur Bernatchez, vous pouvez commencer. Vous avez cinq minutes.
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Kwe, bonjour, monsieur le président et membres du Comité.
L'environnement marin du Saint‑Laurent offre depuis des siècles un accès à de la nourriture diversifiée et de grande qualité. Les communautés qui le bornent en tirent des revenus qui alimentent une économie non négligeable dans l'Est du Canada.
Cependant, à maintes reprises, on a permis que le pire puisse se produire, que des ressources halieutiques viennent à des niveaux tellement bas que leur survie était remise en question. Génération après génération, la même approche se perpétue. Je me demande comment on a pu laisser tout cela se produire, à répétition.
À l'occasion, des individus se lèvent pour sonner l'alarme, puis se rassoient, perdus dans la masse. Pendant ce temps, certains s'enrichissent, d'autres font faillite, d'autres désertent des communautés, ou encore des individus cherchent à se faire réélire.
Chacun a ses priorités, ses propres intérêts, trop souvent au détriment de l'une ou l'autre des biomasses composant le Saint‑Laurent. Condamnés aux mêmes résultats, aux mêmes constats d'échec, nous empruntons le même chemin, celui de la pêche, de la transformation et de la commercialisation de volume. Pourtant, les signaux sont clairs et sans équivoque.
Nous avons besoin d'une Loi sur les pêches au Canada qui soit applicable, c'est-à-dire qu'elle soit accompagnée de moyens permettant de la faire respecter. Nous avons besoin qu'il en soit ainsi pour préserver l'économie de nombreuses communautés côtières qui en dépendent, en tout ou en partie, pour poursuivre l'intégration de nos communautés autochtones dans cette industrie.
Nous avons aussi besoin de tenir des échanges objectifs, non partisans, faisant fi des intérêts de l'un ou de l'autre, basés sur les meilleurs éléments d'information disponibles, qu'elles viennent non seulement de nos scientifiques et d'autres ressources partout dans le monde, mais aussi de nos principales associations de pêcheurs. Par leur savoir et leur expertise, les pêcheurs peuvent être des acteurs contribuant à une connaissance encore plus étendue de la réalité sur le terrain.
Je vous demande donc de réfléchir à la possibilité de mettre à profit les pêcheurs dans l'acquisition de données scientifiques et ainsi favoriser la coopération.
En agissant ainsi, nous faciliterons le développement et l'intégration d'une véritable approche écosystémique qui devraient, en retour, permettre d'adopter une gestion intégrée des pêches par le MPO et l'industrie, dont font partie les communautés autochtones. Mieux nous comprendrons l'environnement de la pêche et les différents facteurs qui le définissent, mieux nous serons placés pour donner à l'industrie la prévisibilité qui lui est nécessaire afin de la rendre plus résiliente.
Cette industrie a besoin que le MPO fasse preuve de souplesse pour permettre l'exploitation durable des espèces, dont les espèces émergentes; que les pêcheurs fassent preuve d'ouverture pour délaisser une pêche de volume et se tourner vers une pêche de qualité; que les transformateurs soient constamment à l'affût de nouveaux marchés, petits ou grands, parfois de marchés occupant un certain créneau; et, enfin, que les autorités provinciales soutiennent les initiatives de tous les acteurs de la chaîne d'approvisionnement.
Cette industrie a aussi besoin que les décisions importantes, touchant l'avenir des pêches et la pérennité de la ressource, soient prises par des personnes compétentes. Ma petite expérience des quatre dernières années m'a permis de voir défiler, jusqu'à maintenant, trois ministres à la tête du MPO. Je ne crois pas que ni l'une ni l'autre de ces personnes n'ait eu le temps d'acquérir les connaissances et l'expertise requises pour prendre des décisions suffisamment éclairées sur les enjeux les plus importants. Je me demande parfois s'il ne serait pas préférable de pouvoir compter sur une entité pancanadienne, exempte de partisanerie, dont les membres seraient renouvelés régulièrement, et dont les expertises complémentaires permettraient des prises de décision adéquates, dans le respect d'une nouvelle version de la Loi sur les pêches.
Je vous invite à réfléchir sur la possibilité de revoir la haute gouvernance du MPO, selon la proposition précédente, en leur donnant notamment des occasions de se rapprocher du milieu afin de mieux saisir les enjeux. À ce titre, les portes de l'Association des capitaines propriétaires de la Gaspésie, ou ACPG, à Rivière‑au‑Renard, leur sont ouvertes.
Malgré tous les défis qui se posent, des individus sont heureusement désireux de faire évoluer les pêches vers quelque chose de différent et d'offrir toute la souplesse nécessaire pour s'adapter aux changements qui leur sont imposés. On les retrouve dans l'industrie, au MPO, dans d'autres ministères fédéraux et provinciaux, et même dans la population en général.
Toutes les fondations nécessaires sont présentes pour le développement d'une collaboration multipartite permettant d'aller plus loin ensemble. Les enjeux qui touchent les eaux canadiennes sont nombreux, et plusieurs groupes tentent d'y répondre. Les pêcheurs peuvent contribuer à la recherche de solutions, et même à l'effort de faire respecter la souveraineté du Canada sur et dans ses eaux.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
La Prince Edward Island Fishermen's Association tient à remercier le Comité permanent des pêches et des océans de lui donner l'occasion de se prononcer sur les modifications éventuelles à la Loi sur les pêches du Canada. Ce document important est essentiel pour assurer la viabilité de nos ressources océaniques pour les générations actuelles et futures.
Aujourd'hui, le capitaine Jenkins et moi-même présenterons, au nom de nos 1 260 capitaines, des changements que nous jugeons importants, essentiels et pertinents pour aider à maintenir la santé et la durabilité de nos ressources océaniques.
Le régime actuel de réglementation des pêches est vaste et compliqué. Cependant, ce qui compte surtout, c'est de veiller à ce que la ressource l'emporte, tout en contribuant à la pérennité et au dynamisme des collectivités côtières.
Aujourd'hui, nous aimerions souligner quelques points d'ordre général. Nous sommes tout à fait disposés à les approfondir pendant la période de questions et réponses qui suivra notre déclaration préliminaire.
Cette liste se veut exhaustive, mais elle est loin d'être complète. Grâce à des discussions constructives avec les pêcheurs et à des approches pragmatiques, il est possible de trouver des solutions viables. De plus, toute modification réglementaire doit donner lieu à une réglementation efficace et pratique qui renforcera ces démarches. Voici donc les initiatives que nous appuyons.
Premièrement, la ressource doit primer.
Deuxièmement, il faut adopter l'approche du « plus un, moins un » concernant les permis afin de maintenir un équilibre et d'éviter un effort de pêche supplémentaire.
Troisièmement, il faut assurer une présence active, c'est‑à‑dire compter sur la participation opérationnelle directe des propriétaires-exploitants et faire en sorte que l'équipage des navires des Premières Nations soit composé de membres de leur bande. Cela permet de conserver les revenus de la pêche dans nos collectivités.
Quatrièmement, tous les pêcheurs doivent respecter les mêmes saisons de pêche. Ce principe est en corrélation directe avec la protection et la primauté de la ressource.
Cinquièmement, il faut une application uniforme et transparente de la Loi sur les pêches pour tous les pêcheurs.
Sixièmement, tous les pêcheurs doivent participer aux discussions de nation à nation concernant nos ressources océaniques et la façon dont elles seront gérées.
Septièmement, il faut rendre obligatoire l'utilisation de registres électroniques pour toutes les pêches d'espèces primaires.
Huitièmement, les produits de la mer canadiens doivent être désignés comme une ressource nord-américaine essentielle. Les mesures de protection qui ont récemment été mises en place pour les minéraux critiques canadiens devraient être étendues aux produits de la mer canadiens. À cet égard, on devrait créer et officialiser des alliances avec des partenaires mondiaux en matière de sécurité.
Neuvièmement, il faut revoir les critères actuels pour les nouveaux venus afin que les nombreux hommes et femmes qui cherchent un avenir dans le secteur des pêches puissent acquérir une expérience précieuse et entrer dans l'industrie lorsqu'ils seront prêts.
Dixièmement, il faut permettre des accords de partenariat plus souples afin que les biens durables coûteux soient utilisés plus efficacement. De plus, il faut simplifier ce processus du point de vue administratif afin d'en favoriser l'adoption à plus grande échelle.
Onzièmement, il faut réorganiser la politique relative aux exploitants-substituts de manière à en accroître la souplesse pour répondre aux besoins de la vie quotidienne. Nous avons besoin de dispositions appropriées pour les congés, sans toutefois affaiblir les exigences concernant les propriétaires-exploitants.
La surveillance d'une ressource qui ne cesse de se déplacer n'est pas une tâche facile. Nous assistons actuellement à un effritement des relations et à une exploitation de la ressource par certaines personnes qui considèrent l'océan comme une source de gains à court terme, au détriment de la ressource et de l'avenir.
Il y a toutefois des signes très encourageants qui montrent que la prochaine génération tient à perpétuer le mode de vie de ses ancêtres. Nous avons collectivement la responsabilité de bien faire les choses, mais, à l'heure actuelle, la communication entre le gouvernement et tous les pêcheurs fait défaut. Nous devons travailler de concert en vue d'obtenir une loi sur les pêches qui est claire, transparente et bien conçue.
Notre défi le plus immédiat est l'incertitude actuelle qui entoure de nombreux aspects de la pêche. Nous avons besoin d'un dialogue élargi entre toutes les parties qui comptent sur cette ressource précieuse pour assurer leur subsistance. En tant que législateurs et décideurs, nous devons tous apporter notre contribution pour mettre en œuvre des solutions pratiques à des problèmes complexes. Apportons donc les changements qui profiteront à tous les pêcheurs et à toutes les collectivités.
Je vous remercie encore de m'avoir donné l'occasion de témoigner. Le capitaine Jenkins et moi serons heureux de répondre à vos questions au moment opportun au cours de la séance d'aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également tous les témoins d'être avec nous. Je salue particulièrement M. Bernatchez, avec qui je vais m'entretenir pour les six prochaines minutes.
Monsieur Bernatchez, Mme Morissette a parlé plus tôt de médiation horizontale, c'est-à-dire de mettre sur un pied d'égalité des scientifiques indépendants issus de toutes sortes de domaines, comme l'écologie, la sociologie, l'économie, le développement durable et, évidemment, la protection de la ressource et de la biodiversité. Le Réseau Québec maritime a d'ailleurs réalisé une étude à ce sujet.
Vous avez constaté comme moi la volonté profonde, au Québec et dans les Maritimes, de parler d'une seule voix pour améliorer, changer et sauver nos pêches.
Que pensez-vous de cette approche de médiation horizontale et de quelle façon pourriez-vous la bonifier?
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Cela pourrait se faire de plusieurs façons. Je ne connais pas bien le concept de médiation horizontale, mais je comprends ce que vous venez de dire.
Je vous donne un autre exemple. Une chercheuse de l'Université Laval, la Dre Isabelle Goupil‑Sormany, fait des recherches sur les effets psychosociaux sur les pêcheurs et les communautés dans lesquelles ils évoluent. Présentement, plusieurs personnes manifestent un grand intérêt envers l'idée de faire des pêches quelque chose de plus inclusif et de plus exhaustif. Cela concerne même la valorisation des espèces.
La pêche de volume deviendra de moins en moins pratiquée dans les eaux du golfe et du Saint‑Laurent. Il faudra donc diversifier les pêches. Pour réussir à faire cela, on aura besoin d'acteurs venant de tous les horizons et de tous les milieux.
Dans une industrie, il est parfois bon d'avoir des gens qui ne sont pas nécessairement des références dans leur domaine ou des experts, mais qui nous amènent à penser autrement. C'est là où ça devient extrêmement important d'avoir des gens d'horizons différents. C'est un peu ma façon de voir les choses.
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Je répondrais oui, mais je n'en ai pas la certitude.
Par contre, j'ai la certitude que tout ce que nous faisons est voué à l'échec si nous continuons de gérer les pêches au Canada comme nous le faisons depuis trop longtemps, en tenant compte des intérêts qui viennent de partout. Je pense aux intérêts des scientifiques, qui veulent protéger leur ministère, à ceux des pêcheurs et des transformateurs, qui veulent avoir des revenus accrus, ou à ceux des politiciens, qui souhaitent tout simplement être réélus, eux et leur parti, aux prochaines élections. Tout ce beau monde délaisse l'objectif premier, qui est la préservation de la ressource.
Il faudra donc faire le même constat d'échec, comme nous l'avons vécu dernièrement. Malheureusement, depuis que je suis là, depuis juste quatre ans, on a instauré des moratoires visant plusieurs espèces ainsi que des espèces qui connaissent un déclin inquiétant. On blâmera les changements climatiques quand cela fera son affaire, mais on n'écoute pas nécessairement nos propositions de solutions visant à diminuer, même très modestement, les effets des changements climatiques.
Comme jamais dans l'histoire des pêches au Canada, il est nécessaire que tous les gens travaillent dans un seul intérêt, qui est celui de la ressource. Ils devront travailler de plus en plus en collaboration pour y réussir. Nous avons des défis en commun — je pense notamment à M. MacPherson, de la Prince Edward Island Fishermen's Association, que je connais. Les mêmes défis se posent d'un bout à l'autre du pays, et la Fédération des pêcheurs indépendants du Canada, par exemple, tente de les relever. Toutefois, le gouvernement semble avoir très peu d'écoute.
Nous ne sommes peut-être pas d'assez bons lobbyistes pour faire valoir des enjeux majeurs, et nous devrions faire comme d'autres et engager des firmes de lobby spécialisées. Il n'en demeure pas moins que, si on n'écarte pas les intérêts personnels, y compris les intérêts politiques dans les décisions et la gestion, on ne s'en sortira pas.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins, c'est‑à‑dire M. MacPherson, capitaine Jenkins et M. Bernatchez.
Monsieur MacPherson, je vais peut-être adresser mes questions à vous ou au capitaine Jenkins, selon la personne qui est la mieux placée pour y répondre.
Premièrement, je vous remercie d'avoir exposé très clairement les points que vous considérez comme les plus importants. Cela nous aidera à l'avenir à utiliser facilement ces renseignements dans nos recommandations.
Vous avez parlé de l'utilisation obligatoire des journaux de bord. Je ne crois pas que ce sujet ait été développé jusqu'à maintenant, mais je sais que vous nous avez déjà parlé de l'importance des journaux de bord électroniques.
Pouvez-vous nous faire part des dernières informations dont vous disposez à ce sujet, et des mesures que vous jugez nécessaires pour que nous puissions avancer dans ce domaine?
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Je vous remercie de votre question.
Les journaux de bord électroniques font l'objet de discussions depuis un certain temps. Je pense qu'elles remontent à 2014. Cela fait donc quelques années qu'on en parle. L'utilisation de ces journaux a été retardée, mais nous prévoyons une mise en œuvre au printemps 2025, au moins sur la côte Est pour le crabe des neiges et le homard. La PEIFA, le Regroupement des pêcheurs pélagiques professionnels du Sud de la Gaspésie, ou RPPSG, et une entreprise privée appelée Vericatch seront, je pense, les trois principaux fournisseurs. L'élaboration du journal de bord de la PEIFA en est à ses dernières étapes.
Je pense que nous comprenons tous que, si nous voulons protéger la ressource et faire en sorte qu'elle soit primordiale, il faut collecter autant de données en temps réel que possible. Cela est nécessaire pour nos certifications internationales, mais aussi pour de nombreuses autres raisons. Ce ne sera pas une solution miracle. Cependant, j'estime que c'est aussi très important. Si nous pouvons collecter des données pour la science et le faire plus rapidement, nous espérons que les personnes chargées de la gestion des ressources auront plus d'outils à leur disposition pour déterminer si un stock est en déclin, mais aussi s'il est en train de se rétablir.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Bernatchez, je suis du même avis que vous sur certaines de vos affirmations. En ce qui concerne la crevette, je suis d'accord avec vous pour dire qu'on a probablement attendu trop longtemps avant de se pencher sur le dossier du sébaste. La présence de cette espèce en grande quantité dans le golfe a eu des répercussions sur la crevette, et peut-être même sur d'autres espèces.
Cela dit, je trouve un peu curieuse votre affirmation concernant les prises de décision. Vous avez dit que les décisions ne devraient pas être prises par des politiciens.
J'ai été élu en 2015, mais, auparavant, j'ai travaillé dans le milieu politique. Depuis que je suis député, je peux constater que, si des décisions prises par les fonctionnaires ne plaisent pas à des acteurs de l'industrie des pêches ou à des groupes comme le vôtre, ils rencontrent les députés et les ministres pour leur demander de les modifier.
Qu'allez-vous faire si la prise de décision ne passe ni par les mains des politiciens ni par celle des fonctionnaires? Qui va prendre les décisions?
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Je parlais des décisions les plus importantes. Évidemment, il pourrait y avoir des échanges.
Ce que j'essaie de faire comprendre, c'est qu'il y a beaucoup d'intérêts dans l'industrie, et ils viennent de tous les acteurs, y compris les pêcheurs.
Je n'ai pas la réponse à votre question. Il s'agit de voir comment on pourrait faire en sorte que, lorsqu'il y a des décisions importantes à prendre pour l'avenir de la ressource et pour l'avenir des pêches au Canada, des personnes puissent intervenir de façon neutre, apolitique, sans intérêt, pour vraiment bien guider ces décisions.
Je sais que les fonctionnaires font du bon travail. J'en connais plusieurs. Toutefois, on sait aussi qu'ils ont souvent les mains liées et que c'est la qui décide. Je me demande donc si c'est la meilleure façon de procéder.
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Monsieur Bernatchez, plusieurs personnes conseillent la , dont les fonctionnaires du MPO. Même nous, les députés, nous pouvons lui faire certaines recommandations quand nous pensons que des choses devraient être faites différemment. Je l'ai fait en ce qui concerne la crevette et la gestion de la crise des baleines, au printemps dernier. Dans ce cas, nous avons réussi à faire modifier le règlement, parce que les fonctionnaires du ministère s'étaient malheureusement trompés en utilisant trois cartes différentes pour mesurer la profondeur de l'eau.
Cela étant dit, vous dites que l'on devrait faire participer d'autres personnes, comme les pêcheurs, à la prise de décision. Je suis d'accord avec vous pour dire qu'il faut prendre en considération les arguments des pêcheurs. Cependant, Mme Morissette, qui faisait partie du groupe de témoins précédent, et d'autres scientifiques qui ne travaillent pas au MPO disent notamment que la population de crevettes n'est plus aussi importante qu'autrefois. Ils disent avoir observé un déclin de l'espèce. Or, certains pêcheurs disent le contraire. Selon eux, il y a beaucoup de crevettes, et on pourrait en pêcher à nouveau.
Certains arguments peuvent parfois semer la division ou entraîner des remises en question. Comme vous le savez, la Loi sur les pêches prévoit des mesures pour protéger nos ressources, mais on ne parle pas de la protection de nos communautés.
Ne pensez-vous pas qu'on devrait inclure dans la Loi une disposition visant à compenser les pêcheurs, l'industrie et les communautés qui dépendent de l'industrie de la pêche, si on ferme une pêche? Devrait-on envisager de les indemniser lorsqu'une ressource est en déclin de façon tellement inquiétante qu'il est nécessaire de la protéger pendant un certain nombre d'années?
De telles dispositions se trouvent peut-être dans la Loi, mais je ne m'en souviens pas.
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Merci, monsieur le président.
Ça n'arrive pas souvent que M. Cormier et moi ne soyons pas d'accord, mais, présentement, nous ne le sommes pas du tout. D'ailleurs, il a bien été invité à notre colloque, et je m'attendais à ce qu'il soit là. Il était le bienvenu. C'était vraiment enrichissant, et nous avons eu beaucoup de plaisir. De plus, personne ne s'est fait taper sur la tête. Tout le monde voulait travailler ensemble.
Cela dit, monsieur Bernatchez, je vais revenir sur le témoignage que M. David Vardy a fourni devant le Comité, il y a quelques semaines. M. Vardy est un économiste important, qui a également travaillé dans les instances gouvernementales à Terre‑Neuve‑et‑Labrador. Il nous a dit d'emblée qu'il fallait non seulement rétablir la confiance des pêcheurs envers le système, mais rétablir aussi des liens entre les diverses instances. Je pense que c'est ce qu'évoque M. Cormier, et c'est ce que nous cherchons à faire ici. Nous voulons trouver des solutions à cet égard.
Vous serez d'accord avec moi, je le sais, car nous l'avons tous deux vécu, pour dire que tout le monde sur le terrain doit faire face à une crise majeure. Il en a été question tantôt. D'ailleurs, Mme Morissette disait qu'il était urgent d'agir.
Nous nous trouvons donc à un carrefour, à un tournant. Il faut vraiment revoir la façon de faire, et j'englobe ici les politiciens, les gens du ministère et les scientifiques qui y travaillent, les scientifiques indépendants, les organismes représentant les pêcheurs et les pêcheurs eux-mêmes. S'il y a une ligne directrice qui est ressortie de notre colloque, c'est bien celle-là.
À tout hasard, voudriez-vous ajouter un élément important sur le fait que, selon M. Vardy, il faut mettre en place une tribune ouverte, publique et transparente? Il avait également mentionné que le succès de pays comme la Norvège et la Finlande, je crois, vient du fait que ce sont des pays non fédérés. Mme Morissette a également parlé de la Nouvelle‑Zélande. Le fait qu'ils n'ont pas opté pour un régime fédéraliste leur permettrait d'avoir plus de souplesse, de faire preuve de plus de transparence ainsi que d'instaurer une meilleure cohésion entre les instances.
Qu'en pensez-vous?
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Peu importe le modèle qui sera retenu, la première chose à faire serait de ne pas créer une entité qui sèmerait la zizanie ou qui créerait de la division. Je dis cela parce qu'il y a déjà, malheureusement, beaucoup trop de méfiance au sein même de l'industrie et entre les pêcheurs eux-mêmes. Il est parfois difficile d'obtenir un consensus sur diverses questions. On le voit, présentement, et on l'a vu relativement aux annonces sur le sébaste.
Chez nous, on va nous annoncer prochainement l'ajout de permis pour la pêche au homard, ce qui engendre beaucoup d'incertitudes. Il y aura beaucoup de mécontentement, et cela créera même du chaos, malheureusement. Dans cette industrie, on ne réussit pas à se projeter à long terme.
Lorsqu'on est en pleine saison de pêche, on ne prend pas le temps, justement, de participer à des tribunes, d'exprimer ses opinions et d'essayer de voir comment on pourrait mieux faire pour assurer l'avenir de cette industrie.
Monsieur Cormier, à titre informatif, la Loi sur les pêches évoque des moyens de protéger les communautés côtières, mais on insiste surtout sur la préservation de la ressource et la nécessité de prendre tous les moyens nécessaires pour y arriver.
Je sais bien que personne n'est tenu à la perfection. Cependant, je pense que le système actuel, en raison de son fonctionnement, a démontré qu'on aurait probablement pu mieux faire, du moins depuis 2020. Je ne dispose de données que jusque là.
Les changements climatiques n'expliquent pas tout. Ne pourrait-on pas trouver des façons, comme on le fait déjà au sein de la Fédération des pêcheurs indépendants du Canada, de se pencher sur des défis communs? On pourrait au moins régler certains problèmes.
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Merci, monsieur le président.
J'ai un travail très important qui consiste à mettre tout le temps la dernière main à nos délibérations.
J'ai juste un commentaire à faire parce que j'ai manqué de temps au cours de la dernière série de questions. Il concerne la dernière observation que M. MacPherson a formulée au sujet de la collaboration de nation à nation.
Il est important pour moi de déclarer que je suis d'accord pour dire que la direction du MPO a beaucoup de travail à faire pour assurer une communication claire entre les pêcheurs autochtones et non autochtones, mais il y a aussi, bien sûr, les droits des Premières Nations issus des traités qui sont protégés par la Constitution. J'aimerais certainement avoir une discussion plus approfondie avec M. MacPherson, de manière à ce que nous comprenions bien la meilleure voie à suivre pour avancer, avant de formuler nos recommandations.
[Français]
Je vais m'arrêter ici, car j'aimerais céder le reste de mon temps de parole à Mme Desbiens.