Bienvenue à la réunion numéro 129 du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
Conformément au Règlement, cette réunion se déroulera selon une formule hybride.
Avant de commencer, j'aimerais formuler quelques commentaires à l'intention des témoins et des députés. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Les personnes présentes dans la salle peuvent utiliser les oreillettes et sélectionner le canal souhaité. Veuillez adresser tous vos commentaires à la présidence.
Conformément à l'article 108 (2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 16 septembre 2024, le Comité reprend son étude sur les effets de la réouverture de la pêche à la morue à Terre‑Neuve‑et‑Labrador et au Québec.
Bienvenue aux témoins présents aujourd'hui.
Sur Zoom, nous accueillons, du gouvernement du Nunatsiavut, Jim Goudie, sous-ministre des terres et des ressources naturelles.
Je vous remercie d'avoir pris le temps de comparaître devant nous. Vous disposerez de cinq minutes au plus pour formuler vos observations liminaires.
Monsieur Goudie, vous avez la parole.
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Bonsoir, monsieur le président et honorables membres du Comité.
Comme le président vient de l'indiquer, je m'appelle James Goudie. Je suis le sous-ministre des terres et des ressources naturelles du gouvernement du Nunatsiavut. Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui.
La morue n’est pas qu’une ressource économique; il s’agit d’une espèce emblématique pour les Inuits du Labrador. Elle joue un rôle central dans notre mode de vie, tant sur le plan de la subsistance que de la culture, et il est donc essentiel que le gouvernement du Nunatsiavut ait son mot à dire sur la gestion de cette ressource et l’accès à celle‑ci pendant son rétablissement.
Ces trois dernières années, nous avons observé des signes encourageants de reconstitution des stocks de morue dans les eaux situées au large de nos côtes. Nos pêcheurs côtiers font état de prises positives et nous sommes optimistes quant à l'avenir de cette pêcherie. Bien qu'il reste encore du travail à faire, nous espérons que les évaluations et les efforts de gestion concertée à venir confirmeront ces signes.
Les Inuits du Labrador ont toujours été exclus du partage de cette ressource, et nous ne sommes pas favorables à un retour à une situation dans laquelle nous ne participions pas de manière significative à la distribution des quotas. Il est essentiel que l'on reconnaisse adéquatement les Inuits et les autres groupes autochtones légitimes, et qu'on leur accorde des droits sur cette importante ressource. Le gouvernement du Nunatsiavut, qui est le seul collectif inuit du Canada atlantique, ne reconnaît pas le conseil communautaire de NunatuKavut en tant qu'organisation autochtone et ne soutient pas sa participation au processus d'attribution. Le gouvernement du Nunatsiavut et la nation innue sont les seuls gouvernements autochtones reconnus au Labrador et devraient être les principaux bénéficiaires de cette ressource.
En 2003, les pêcheurs côtiers concernés par la pêche à la morue ont reçu des allocations de crevettes dans la zone de pêche à la crevette 5, qui chevauche notre zone marine. Avec la réouverture de la pêche commerciale à la morue, nous pensons que ce quota de crevettes devrait être réattribué au gouvernement du Nunatsiavut. Un minimum de 11 % du quota total de crevettes serait ainsi mis à la disposition des pêcheurs inuits du Labrador, comme le prévoit l'Accord sur les revendications territoriales des Inuits du Labrador.
Le quota de 599,4 tonnes de morue attribué au gouvernement du Nunatsiavut a été débarqué à 97 % dans des usines côtières de cette province, ce qui a profité à 12 pêcheurs inuits du Labrador et a entraîné de nombreuses retombées économiques pour les usines côtières. Bien que nous ayons débarqué notre morue exclusivement dans des usines côtières, nous ne pensons pas que le ministère de la Pêche et des Océans, ou le Canada, devraient pouvoir dicter aux deux groupes autochtones du Labrador comment débarquer leur morue. Nous sommes reconnaissants de la possibilité d'utiliser la zone extracôtière pour l'attribution de notre quota, si nous le souhaitons. Nous entretenons une excellente collaboration avec le personnel régional du ministère des Pêches et des Océans en vue de l'élaboration d'un plan de pêche exhaustif pour l'attribution de notre quota de morue. Ce partenariat garantit que nos pratiques de pêche sont conformes aux principes de la gestion durable. Nous nous réjouissons à l'idée de poursuivre cette collaboration fructueuse.
Sur la base de ce que nous observons dans nos eaux, nous prévoyons une évaluation positive des stocks pour 2025. Nos pêcheurs observent de bons signes de reconstitution des stocks de morue et nous espérons que l'évaluation à venir confirmera cette tendance.
Le gouvernement du Nunatsiavut s'est engagé à travailler avec le gouvernement du Canada et toutes les parties prenantes pour assurer la durabilité à long terme de cette importante ressource. Nous nous réjouissons à l'idée de poursuivre le dialogue avec le Comité permanent, et nous plaidons en faveur d'un processus équitable et inclusif qui respecte les droits et les intérêts des Inuits du Labrador et des autres peuples autochtones légitimes.
Je vous remercie pour votre temps. Je répondrai volontiers à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie M. Goudie de comparaître devant ce comité.
Monsieur Goudie, je vais peut-être m'écarter un peu du sujet, mais à l'heure actuelle, il est interdit d'exporter des peaux de phoque brutes et des produits dérivés du phoque depuis Terre‑Neuve‑et‑Labrador. On a abordé cette question dans un rapport du comité sénatorial et un rapport de ce comité qui traitent des obstacles au commerce interprovincial de produits dérivés du phoque et du fait qu'ils réduisent notre accès à la chasse aux phoques. Or, selon la dernière estimation que j'ai vue, 400 000 phoques, dont l'alimentation représente 2,99 tonnes de nourriture par jour, consomment plus de 100 millions de tonnes de poissons, de différentes espèces, en une année.
Quelles vont être les conséquences sur la croissance de la biomasse de la morue?
Je pense que ce que beaucoup de gens ou de joueurs du secteur de la pêche oublient, c'est que lorsque le moratoire sur la morue a été mis en place, il n'y avait pas d'accord sur les revendications territoriales des Inuits du Labrador.
Nous nous attendons à certaines stipulations du gouvernement canadien en matière de consultation et d'engagement sur toute espèce qui pourrait se trouver dans les eaux du Nunatsiavut ou dans une zone adjacente: un engagement tôt dans le processus et ce que nous pensons être un traitement juste et équitable de nos droits dans les eaux qui nous appartiennent pour les stocks qui se trouvent dans les zones adjacentes. Je pense que le ministère des Pêches et des Océans a fait un meilleur travail pour la morue que pour certaines autres espèces en communiquant avec nous plus tôt. Nous espérons que cela se poursuivra.
Nous ne croyons pas que les quotas de morue qui ont été attribués étaient justes ou qu'ils représentent la situation actuelle du gouvernement canadien ou la réalité du Canada en ce qui concerne les accords sur les revendications territoriales, qui ont progressé depuis ce temps.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le témoin de sa présence. Encore une fois, nous voyons que les témoins nous apprennent plein de choses.
Selon ce que vous dites, monsieur Goudie, vous avez de bonnes relations avec le ministère des Pêches et des Océans et ce dernier vous écoute.
Nous avons reçu des témoins qui nous ont parlé d'un système dans lequel les pêcheurs participeraient à tous les aspects de la pêche. Ces témoins étaient favorables à l'idée que les pêcheurs soient intégrés dans le système de gestion.
Est-ce quelque chose qui est envisageable de votre côté, selon les gens que vous représentez?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le témoin d'être parmi nous aujourd'hui.
Je tiens d'abord à dire que je suis une députée de la Colombie-Britannique, alors je comprends l'importance du saumon sauvage pour les Premières Nations tout le long de notre côte. Nous savons que 90 % des Premières Nations de la Colombie-Britannique dépendent du saumon sauvage à des fins alimentaires, sociales et rituelles. C'est une espèce emblématique. Elle occupe une place importante dans la culture et les pratiques des Premières Nations de la Colombie-Britannique.
Vous en avez parlé un peu dans votre déclaration préliminaire, mais pouvez-vous nous en dire plus sur l'importance de la morue pour le peuple du Nunatsiavut?
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Merci, monsieur Arnold.
J'ai une question pour M. Goudie au sujet de l'évaluation actuelle qui a commencé par le relevé au chalut de fond. Je vais simplement montrer la carte. Il y a toute cette zone côtière ici qui va de la côte du Labrador-Centre jusqu'à la côte nord-est de Terre-Neuve-et-Labrador à moins d'un mille des terres, ce que nous appelons chez nous « autour des rochers ». J'entends énormément de gens qui chassent des oiseaux marins, par exemple, dire qu'ils voient là beaucoup de morues du Nord. Ils voient ces morues avec des sonars.
Pendant ce temps, le relevé dans la zone hauturière se fait ici, dans cette zone ombrée, exactement au même moment où cette quantité massive de morues est signalée dans les zones très près du littoral. Quand quelle mesure alors pensez-vous que le relevé de la morue est exact? Dans quelle mesure les résultats peuvent-ils être exacts lorsqu'on rapporte qu'une quantité massive de poissons se trouve très près du littoral alors que le relevé du MPO se fait à de 50 à 100 milles au large des côtes?
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Eh bien, c'est une position difficile.
Monsieur Goudie, j'aimerais avant tout vous remercier d'être avec nous.
Je souhaite également la bienvenue à M. Lightbound, Mme Collins et M. McCauley.
Je veux soulever deux ou trois points avant de vous poser des questions. Je pense qu'on a tendance à oublier qu'il s'agit d'une bonne nouvelle pour Terre-Neuve-et-Labrador. Après plus de 30 ans d'un moratoire sur la morue du Nord, c'est fascinant de voir cette pêche rebondir après tout ce temps et de voir la ténacité et la patience des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador qui en ont beaucoup souffert. Nous avons ressenti les effets du moratoire au Cap-Breton au début des années 1990. Pour beaucoup de pêcheurs, hommes et femmes, et leurs familles, c'était une épreuve terrible.
Cela dit, j'aimerais parler un peu de... Lorsque nous aurons terminé l'étude, c'est‑à‑dire aujourd'hui, nous nous réunirons à huis clos pour discuter du rapport et des recommandations qui y figureront. Monsieur Goudie, je pense que vous avez commencé à parler des recommandations dans votre déclaration préliminaire, mais je veux vous donner l'occasion maintenant de tenir concrètement le crayon pour en formuler quelques-unes ou, en l'occurrence, de nous parler de ce que vous aimeriez voir dans le rapport du Comité. C'est ma première question.
La deuxième question qui m'intéresse beaucoup concerne les retombées économiques de l'allocation de quotas. Je me demande si vous pouvez nous en parler. Vous avez aussi parlé des futures allocations. Cela peut faire partie de vos recommandations, mais quelles en seraient les répercussions économiques? Je pense que Mme Collins et vous avez parlé de l'importance culturelle et historique de la pêche. Je me demande si vous pourriez nous parler également de l'aspect économique.
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Pour répondre à la première partie de votre question, je vais dire la même chose que j'ai dite au MPO à la toute première réunion que j'ai eue avec ses représentants, à savoir que je veux la totalité, 100 %, de ce qui est attribué dans les divisions 2J3KL. Ils m'ont répondu que j'étais fou et m'ont ri au nez, mais j'étais tout à fait sérieux. Pendant 150 ans... Mon arrière-grand-père était l'intendant des flottilles de Terre-Neuve à une certaine époque. Donnez-nous la totalité. Nous allons en donner une partie aux Innus. Puis, dans 150 ans, discutons‑en à nouveau pour parler du partage.
Les ressources au large de la côte du Nunatsiavut ne profitent pas aux habitants du Nunatsiavut comme elles le devraient. On peut dire la même chose du turbot, de la crevette et du crabe. Je ne comprends pas pourquoi nous ne sommes pas ici pour discuter aussi de la crevette et de la pêche hauturière, mais bon, ce n'est que mon opinion. Nous sommes les seuls à pratiquer cette pêche le long de la côte.
Cela dit, en ce qui concerne les retombées économiques pour cette année, nous sommes passés de 1 pêcheur désigné à 12. Toutes ces petites collectivités sont totalement isolées. Il n'y a pas de route qui y mène, alors elles ne sont accessibles que par avion ou, en été, par traversier. Les retombées sont majeures, même pour l'épicerie là‑bas.
J'espère que l'an prochain, l'usine qui transforme notre turbot et notre crabe sera en mesure de transformer aussi la morue. On devrait en quelque sorte pouvoir garder tous les employés plus longtemps ou prolonger la saison, ce qui veut dire plus d'argent dans la communauté. J'aimerais qu'il y ait plus de pêcheurs désignés dans les petits bateaux afin qu'ils puissent partir pêcher toute la journée et débarquer ensuite les prises à l'usine. En pouvant désigner plus de personnes pour pêcher la morue grâce à nos allocations, nous espérons que cela générera des retombées économiques majeures.
Pour ce qui est du montant en dollars, je ne peux pas vous le donner pour l'instant. Il faut évaluer beaucoup d'éléments et je dois en prendre connaissance. Cependant, les allocations de morue que nous recevons de la fédérale ont et auront certainement des retombées sur l'économie du Nunatsiavut.
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Oui. Pour avoir la capacité de le faire, nous louerions des bateaux à un joueur important. En ce qui concerne la morue — et quelqu'un parmi vous pourra sans doute me corriger si je me trompe —, je pense qu'en ce moment, OCI, Ocean Fish International, est probablement le joueur le plus important dans la pêche aux poissons de fond en haute mer.
Nous n'avons pas beaucoup approfondi cette question, parce que nous n'avions pas besoin de le faire. Nous pêchons la morue le long de la côte. Cependant, encore une fois, nous voulons nous réserver le droit de le faire si nous décidons d'aller de l'avant ou si nous avons des problèmes. La pêche côtière relève de la prérogative du gouvernement du Nunatsiavut et de notre cabinet. Cependant, nous ne voulons assurément pas voir des poissons qui pourraient nous aider à bâtir notre économie rester dans l'eau, ou encore des quotas être distribués à d'autres si nous ne sommes pas en mesure de les pêcher. Nous ne pensons pas que ce soit juste. Nous ne pensons pas que, par le passé, la pêche ait été juste pour les Inuits du Labrador. Nous ne pensons pas, assurément, que ce soit juste pour l'autre groupe autochtone, qui n'est pas aussi bien organisé que nous pour pratiquer la pêche côtière.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Tantôt, vous avez dit que vous n'aviez pas beaucoup confiance dans les mesures scientifiques prélevées par le ministère des Pêches et des Océans. Lors du colloque que nous avons tenu la semaine dernière à Caraquet, on nous a effectivement dit qu'il y avait une différence entre les mesures prélevées par Pêches et Océans Canada et celles prélevées par les pêcheurs sur le terrain.
Êtes-vous d'accord pour qu'on accorde une plus grande considération aux données scientifiques des pêcheurs qui sont sur le terrain et qui sont peut-être plus en mesure d'évaluer, au quotidien, la biomasse et la présence de certains bancs de poissons? Le ministère des Pêches et des Océans prend souvent ses mesures au même endroit, alors que les bancs de poissons se déplacent. C'est un peu ce qu'on déplorait, en fin de semaine. Êtes-vous d'accord?
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Je tiens à remercier M. Goudie d'avoir comparu devant le Comité aujourd'hui, d'avoir témoigné et d'avoir répondu à toutes ces excellentes questions.
Nous allons maintenant suspendre la séance pour nous préparer à accueillir notre prochain groupe de témoins.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à Mme Collins, qui remplace Mme Barron ici aujourd'hui, ainsi qu'à M. Lightbound, qui remplace M. Cormier, je crois.
C'est bon aussi de vous avoir avec nous, monsieur McCauley, et vous pouvez faire le message aussi à M. Genuis, qui a été ici pendant quelques minutes. Vous pouvez lui faire le message ou prendre tous les éloges pour vous.
Encore une fois, nous allons suspendre la séance pendant quelques minutes pour passer à nos prochains témoins.
Conformément à l'article 108 (2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 8 février 2024, le Comité reprend son étude de l'examen de la Loi sur les pêches.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins dans la salle.
De l'Alliance de l'industrie canadienne de l'aquaculture, nous accueillons Tim Kennedy, président, et Mia Parker, membre du conseil d'administration. Nous accueillons également M. Francis Bradley, président-directeur général d'Électricité Canada.
Je vous remercie de prendre le temps de témoigner aujourd'hui. Vous disposez chacun d'un maximum de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire.
Je crois que c'est M. Kennedy qui fera la déclaration préliminaire pour l'Alliance de l'industrie canadienne de l'aquaculture.
Vous avez la parole pour un maximum de cinq minutes.
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Merci, monsieur le président, et merci, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Les plus de 60 entreprises et 17 000 personnes qui travaillent dans le secteur de l'aquaculture que je représente ici aujourd'hui sont directement touchées par presque toutes les questions que le Comité examine, et nous vous sommes reconnaissants de nous donner l'occasion de vous faire part de notre point de vue. Je pense que notre dernier témoignage remonte à bien des années.
Pour la plupart des Canadiens, le secteur de l'aquaculture est invisible. Ils aiment nos huîtres, nos moules et notre saumon de l'Atlantique, mais ils font rarement le lien avec nos fermes ou les personnes qui y travaillent. Cependant, nous sommes bel et bien des fermiers, et tout comme les fermiers qui élèvent du bétail, des moutons ou des porcs, nous élevons nos animaux dès leurs premiers stades de vie, nous les nourrissons, nous en prenons soin et nous les acheminons vers les marchés du Canada et du monde entier. Nos animaux sont élevés dans l'eau, mais nous sommes tout de même des fermiers.
À l'heure actuelle, plus de 50 % des produits de la mer dans le monde sont élevés dans des fermes. La croissance de la production passe donc par nous. Le Canada possède le plus long littoral du monde et peut donc devenir un chef de file mondial dans ce domaine, en créant des emplois, en ayant une production alimentaire abordable et en assurant aux Canadiens une sécurité alimentaire durable. Dans de nombreux pays, nos concurrents fonctionnent sous les auspices d'une loi nationale sur l'aquaculture qui fournit un soutien et une certitude opérationnelle aux fermiers. Au Canada, la seule référence à l'aquaculture dans une loi fédérale se trouve dans la Loi sur les banques.
Monsieur le président, ce n'est pas une erreur, non. La Loi sur les banques définit le terme « aquaculture » — de façon inexacte, soit dit en passant — et confirme que les aquaculteurs peuvent utiliser leur infrastructure et leurs poissons comme garantie pour obtenir des prêts bancaires. Au‑delà de cela, les lois fédérales sont muettes au sujet de cette industrie, d'une manière qui est complètement déphasée par rapport à la façon dont le Parlement considère presque tous les autres aspects du secteur agricole et de l'industrie en général.
Cette situation présente des défis considérables pour notre secteur. Cela crée un climat d'incertitude pour nos activités et nos investissements. Cela crée des règles du jeu inégales au pays et accorde beaucoup trop de pouvoir discrétionnaire aux ministres et aux fonctionnaires, ce qui prive l'aquaculture du soutien et de la clarté dont bénéficie le reste du secteur agricole au Canada.
Cette situation doit changer. À plus long terme, le Canada a besoin d'une loi nationale moderne qui porte expressément sur l'aquaculture et qui est axée sur notre rôle en tant que producteurs d'aliments. Dans l'immédiat, nous croyons que cinq modifications mineures à la Loi sur les pêches pourraient lancer ce processus législatif et permettre au gouvernement de soutenir et de gérer plus efficacement le secteur.
Premièrement, nous croyons que l'aquaculture doit être bien définie dans la loi. Il serait utile d'inclure une définition dans la Loi sur les pêches qui irait dans le sens suivant: « l'aquaculture est une forme de production agricole qui vise à produire des aliments ou des produits alimentaires pour la consommation humaine ou animale et qui comprend l'élevage de plantes et d'animaux privés en captivité tout au long de leur cycle de vie. » Cela apporterait clarté et certitude au secteur et aux efforts du MPO en matière de réglementation.
Deuxièmement, nous croyons que le mot « aquaculture », bien défini, devrait être ajouté à la liste des sujets mentionnés à l'article 43, qui porte sur la réglementation. Cela permettrait de concevoir des règlements axés précisément sur l'aquaculture, plutôt que d'utiliser l'approche détournée actuelle qui consiste à utiliser des structures réglementaires conçues à d'autres fins.
Troisièmement, la loi devrait être révisée pour ordonner au ministre d'élaborer une politique ou un cadre d'approche de précaution propre à l'aquaculture. Sans surprise, la loi est conçue pour appliquer l'approche de précaution aux pêches commerciales et aux habitats concernés. Cette approche ne convient pas à la réglementation des activités de haute technologie propres au lieu de notre secteur. Une approche plus réaliste et plus appropriée est nécessaire et devrait être guidée par la loi, et non pas laisser au bon vouloir du ministre ou des fonctionnaires.
Quatrièmement, étant donné que l'aquaculture est une forme d'agriculture, la loi devrait être révisée pour favoriser la collaboration entre le MPO et Agriculture et Agroalimentaire Canada, ou AAC, et le système de gouvernance de l'agriculture en général. En fin de compte, nous aimerions qu'AAC assume un mandat en matière d'aquaculture d'une manière qui mènerait à un soutien fédéral plus efficace pour le secteur et éliminerait le conflit d'intérêts perçu dans la position actuelle du MPO à l'égard de notre secteur.
Cinquièmement, sur une note qui s'applique au‑delà du seul domaine de l'aquaculture, nous croyons fermement que la loi devrait être modernisée pour accroître la transparence du processus décisionnel et transformer l'approche actuelle de la boîte noire utilisée par la ministre et le MPO. Il est essentiel que tous les Canadiens et, certainement, notre secteur soient au courant des données et des renseignements scientifiques que le ou la ministre en poste utilise pour prendre des décisions qui les concernent. Une modification à la Loi sur les pêches exigeant que le ministre divulgue publiquement ces renseignements augmenterait considérablement l'intégrité et la crédibilité de la prise de décisions et centrerait les débats sur les vraies questions plutôt que sur les manœuvres politiques.
Monsieur le président, notre secteur est une industrie lourdement réglementée, axée sur la technologie et écologiquement durable, et elle est d'une importance vitale pour le bien-être économique et social des collectivités côtières et rurales du Canada. Les possibilités sont énormes, malgré les perturbations regrettables et inutiles que nous avons en ce moment. Notre secteur nécessite et mérite un fondement législatif plus constructif, prévisible et équitable que celui que le gouvernement a mis en place jusqu'à maintenant. Nos cinq recommandations seraient des premiers pas importants à cet égard, et je serais évidemment heureux d'en parler de manière plus approfondie avec le Comité aujourd'hui.
Merci beaucoup de votre temps.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'appelle Francis Bradley et je suis le président-directeur général d'Électricité Canada. Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant vous aujourd'hui dans le cadre de votre étude sur la Loi sur les pêches.
Électricité Canada est une association qui représente les compagnies d'électricité du pays, c'est-à-dire les compagnies qui produisent, transportent et distribuent l'électricité dans chaque province et territoire du pays.
[Traduction]
Monsieur le président, je vais commencer en allant droit au but. Le problème fondamental, c'est que nous avons maintenant une loi sur le poisson, pas une loi sur les pêches.
Premièrement, permettez-moi d'abord de situer le contexte. Le Canada connaît une hausse rapide de la demande en électricité. Nous nous attendons à ce qu'elle double ou triple d'ici 2050, et pour y répondre, nous devons construire à un rythme que nous n'avons pas vu depuis les années 1950. Selon la Régie de l'énergie du Canada, il faudra accroître la production d'électricité de plus de 25 %. Pour ce faire, nous avons besoin d'un environnement réglementaire prévisible, et c'est urgent.
Dans sa forme actuelle, la Loi sur les pêches n'offre pas un tel environnement. Les modifications de 2019 à la Loi font en sorte que l'accent est dorénavant mis de manière restreinte sur la protection de poissons plutôt que sur la protection des pêches. Cette nouvelle réalité a retardé des projets et augmenté les coûts pour les Canadiens, sans grands avantages pour les pêches. Lorsque les modifications ont été débattues initialement, notre industrie a dit craindre que le ministère des Pêches et des Océans croule sous un grand nombre de demandes d'autorisations prévues dans la Loi sur les pêches. C'est ce qui s'est produit, et on n'a pas donné au ministère les ressources adéquates pour gérer le volume de demandes.
Il a été proposé, avant la mise en œuvre des demandes, qu'une voie pour assurer la conformité soit élaborée en même temps que d'autres mécanismes prévus à cette fin. Malheureusement, cinq ans plus tard, on n'a pas préparé de règlements et de documents d'orientation clés, et aucune voie à suivre n'a été établie pour les centaines d'installations qui sont devenues non conformes du jour au lendemain. Comment se sont-elles retrouvées dans cette situation? C'est parce qu'elles ont été conçues pour protéger les pêches, pas des poissons.
Certains de nos membres ont plus de 100 années d'expérience dans l'exploitation de leur infrastructure hydroélectrique. Ils prennent toutes les mesures possibles pour être des gardiens responsables des pêches locales, de la conception de leurs installations à l'élaboration de pratiques exemplaires, en passant par la conclusion de partenariats de conservation locale. Ils possèdent des processus éprouvés pour atténuer les répercussions de projets courants de moindre importance. Les autorisations prévues dans la Loi sur les pêches devraient être réservées aux activités qui sont plus susceptibles d'avoir des effets néfastes.
Nous avons toujours travaillé et nous travaillerons toujours en collaboration avec le gouvernement pour trouver des solutions. En fait, en ce moment, notre comité d'intendance participe à Ottawa avec le ministère des Pêches et des Océans à un atelier sur les façons d'améliorer la mise en œuvre de la Loi. Même si ces engagements sont nécessaires à une collaboration productive entre l'industrie et le gouvernement, nous devons agir pour améliorer le cadre réglementaire si nous voulons atteindre nos objectifs climatiques et économiques.
Pour accroître la certitude quant à la réglementation, promouvoir la viabilité des pêches et faciliter l'électrification de l'ensemble de l'économie, nous devons rétablir la protection des pêches plutôt que la protection de poissons. Cette approche écosystémique serait conforme à l'objet original de la Loi et permettrait aux fonctionnaires du ministère d'établir des cibles raisonnables et réalistes en fonction des ressources disponibles. C'est possible en apportant des modifications modestes à la Loi ou en élaborant une réglementation qui porte précisément sur l'électricité et qui tient compte des réalités uniques de notre secteur.
Deuxièmement, le ministre devrait émettre une directive opérationnelle qui est assortie de conseils destinés au ministère en vue d'élaborer des mécanismes de conformité pour les activités courantes à faible risque, ce qui allégerait le fardeau du ministère et améliorerait la mise en œuvre pour l'industrie.
Enfin, le ministère des Pêches et des Océans doit continuer de travailler à la mise en œuvre de la directive du Cabinet sur l'efficacité de la réglementation et de la délivrance des permis pour les projets de croissance propre. Nous devons adopter une approche intergouvernementale pour obtenir l'harmonie et l'efficacité réglementaires dont nous avons besoin pour réaliser des projets essentiels d'électricité propre.
Pour conclure, les effets des changements climatiques représentent la menace la plus existentielle à laquelle les pêches font face. La construction d'infrastructures d'électricité propre est essentielle pour réduire nos émissions et atténuer ces effets, dans le but de protéger les Canadiens et les pêches.
Monsieur le président, vous trouverez 11 recommandations précises à l'annexe B du mémoire que nous avons présenté.
Merci de nous donner l'occasion d'être parmi vous aujourd'hui.
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Sur le marché mondial du saumon... Laissez-moi d'abord dire que le saumon est le premier choix des Canadiens parmi les produits de la mer. Cela ne fait aucun doute. C'est le saumon frais de l'Atlantique qui l'emporte, et de loin. Le saumon est le premier choix. La crevette arrive en deuxième place. Les autres espèces se retrouvent très loin derrière. Je pense qu'il est très important d'en être conscient. Peu importe à quel point nous voulons accroître davantage la diversité avec d'autres produits, ce que les Canadiens et les Nord-Américains veulent, c'est plus de saumon.
La concurrence sur le marché mondial pour la production de saumon est plutôt serrée. Lorsque la Colombie-Britannique ne produit que 80 000 tonnes de saumon, par exemple, on fait monter le prix en flèche. On limite l'accès des Canadiens à du saumon élevé ici, tout d'abord, mais aussi l'accès au saumon en général.
À quel endroit obtient‑on le saumon? Il provient du Chili, de la Norvège. De toute évidence, la conséquence, c'est que le prix change, mais on augmente aussi immédiatement l'empreinte carbone, car comment le saumon se retrouve‑t‑il ici? Il est transporté par avion. Selon notre estimation, seulement avec les réductions qui ont eu lieu en Colombie-Britannique jusqu'à maintenant, où la production a diminué de 35 000 tonnes, c'est l'équivalent de 90 000 voitures à essence supplémentaires sur les routes. C'est l'équivalent carbone: 90 000 voitures.
Du point de vue du climat, de la santé, de l'approvisionnement canadien et de la sécurité alimentaire, il est vraiment insensé de fermer ces élevages de saumon.
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Permettez-moi de commencer en disant que depuis 2002, essentiellement, la production aquacole au Canada a largement stagné. Elle stagne. Depuis plus de 20 ans, notre production aquacole a peu changé. La valeur a augmenté au fil du temps, mais la quantité est demeurée essentiellement la même.
Je pense que le ministère des Pêches et des Océans, s'il est un défenseur de notre secteur, a fait un très mauvais travail. Je vais commencer là. D'après notre expérience, le ministère n'a pas défendu nos intérêts de quelque manière que ce soit, mais il y a certainement, surtout au sein de la communauté militante en Colombie-Britannique, la perception d'un conflit d'intérêts par rapport au développement et à la réglementation. Nous sommes d'accord. Nous pensons qu'il est temps d'y mettre fin, et ce n'est pas un changement difficile. C'est vraiment un changement structurel au sein du gouvernement qui a changé le mandat relatif à Agriculture Canada à des fins de développement.
Je pense qu'il est important de s'attaquer à cette perception au sein d'une certaine communauté au pays. Je crois que c'est quelque chose que nous appuierions vraiment. Il est temps de le faire.
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Merci de poser une question très intéressante.
D'abord et avant tout, oui, les répercussions possibles de la Loi sur les pêches, surtout parce qu'il s'agit maintenant davantage d'une loi sur le poisson, vont certainement bien au‑delà des installations hydroélectriques. Toutes les installations de production d'électricité qui utilisent de l'eau peuvent en subir les conséquences, ce qui peut comprendre un vaste éventail de technologies, comme celles dont se servent les centrales nucléaires, qui utilisent de l'eau, les installations marémotrices et ainsi de suite.
Il y a également un autre aspect associé à la question. L'une des raisons pour lesquelles nous avons tendance à mettre l'accent sur l'hydroélectricité et les centrales hydroélectriques dans cette discussion est que... Lorsque nous nous pencherons sur un scénario pour 2050, peu importe de qui il provient, nous verrons une approche qui comprend « tout ce qui précède » pour répondre à nos besoins en matière d'électrification et de décarbonation. À l'avenir, il y aura des choses comme l'énergie éolienne extracôtière, l'énergie marémotrice, l'éolien terrestre et ainsi de suite. L'hydroélectricité jouera toutefois un rôle absolument essentiel pour appuyer ces technologies. Oui, nous devons nous concentrer sur ce que nous pouvons faire pour construire plus d'éoliennes, plus d'installations marémotrices et ainsi de suite, mais nous devons également veiller à élargir le système hydroélectrique pour qu'il puisse appuyer ces nouvelles technologies. En procédant ainsi, les jours où le vent ne souffle pas et où le soleil ne brille pas, nous pourrons encore répondre aux besoins des consommateurs sans avoir de répercussions importantes sur l'environnement.
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Il pourrait y avoir des possibilités grâce à certaines technologies pour limiter, de toute évidence, les répercussions sur l'aire marine nationale de conservation. Par exemple, on parle — il en a peut-être même été question ici, et cela n'a certainement pas vraiment été mis à l'épreuve sur le plan commercial — de parcs clos dans le milieu marin ou d'espaces fermés. À ce stade‑ci, il n'y a pas de discussions avec Parcs Canada pour déterminer si les possibilités de ce genre sont viables dans les aires marines nationales de conservation. Je pense que ces discussions doivent avoir lieu. La réalité est que ces technologies n'ont pas encore été mises à l'essai. Nous devons voir si elles fonctionnent.
En Colombie-Britannique, par exemple, les parcs en filet sont interdits. Je pense que vous connaissez bien le dossier. Nous ne sommes pas encore en mesure de savoir si une grande partie de ces nouvelles technologies, de ces parcs clos, peuvent fonctionner à long terme. Il faudra du temps pour le savoir, et il est donc absolument impossible de respecter l'échéance de 2029. À l'heure actuelle, on ne peut pas remplacer l'élevage de saumon en Colombie-Britannique par ces nouvelles technologies.
Je pense que cela fait l'objet de discussions: existe‑t‑il des technologies viables dans ces aires? Nous ne le savons pas encore.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
Je vais d'abord m'adresser à M. Kennedy.
Nos positions sur les parcs en filet sont peut-être différentes. La Colombie-Britannique est le dernier endroit de la côte Ouest de l'Amérique du Nord comptant des élevages de saumon de l'Atlantique dans des parcs en filet. Des dizaines d'études ont démontré les torts causés au saumon sauvage du Pacifique. La majorité des Britanno-Colombiens et plus de 120 Premières Nations de la province appuient l'abandon progressif de l'élevage du saumon dans des cages en filet.
Cependant, je pense que nous pouvons probablement nous entendre pour dire que, dans toute transition, les travailleurs doivent être soutenus, et il doit y avoir un plan de transition complet, un plan pour les emplois. Le gouvernement a récemment déposé l'ébauche du plan de transition pour abandonner l'aquaculture en parcs en filet en Colombie-Britannique. L'ébauche du plan a été publiée sept semaines après l'échéance qu'il s'était lui-même imposée, et ne contenait pratiquement aucune information claire sur la forme que prendrait le plan.
Pouvez-vous nous dire ce que cela signifie réellement? Quelles répercussions ce manque de certitude a‑t‑il sur votre planification de la transition? Quelles sont les répercussions sur les communautés? Que se passe-t‑il lorsque cette incertitude persiste?
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Vous avez raison. Nous sommes manifestement en désaccord sur un certain nombre de questions fondamentales que vous soulevez.
Je pense qu'un élément sur lequel nous pouvons nous entendre, c'est que nous appuyons la transition. Nous reconnaissons que la population a beaucoup de perceptions très ancrées au sujet du secteur et qu'un changement s'impose.
Je dirai que ce changement a eu lieu. À l'occasion, nous sommes frappés par le fait qu'une grande partie des critiques dénoncent une industrie salmonicole qui n'existe plus. C'est une critique qui remonte au début des années 2000 et qui cible des activités qui ont été réduites ou modifiées au fil des ans.
Avec tout le respect que je vous dois, madame Collins, je veux aussi vous demander de quels emplois vous parlez. Vous avez vécu à Port Hardy. Les régions comme celle‑là n'offrent pratiquement pas d'autres possibilités d'emplois. Il est question de très bons emplois bien rémunérés pour la classe moyenne en Colombie-Britannique, dans les petites communautés, dans les communautés des Premières Nations de toute l'île de Vancouver.
Lorsque le NPD, par exemple, parle de transition en matière d'emploi, vers quels postes cette transition mène-t-elle? Les autres emplois sont rarissimes. Pensez-vous à des centres d'appels? Nous parlons de biologistes, de scientifiques et d'ingénieurs qui sont grandement qualifiés. Nous avons la main-d'œuvre agroalimentaire la plus jeune au Canada. Les deux tiers de la main-d'œuvre de notre secteur de l'élevage du saumon en Colombie-Britannique ont moins de 35 ans. Ce sont des travailleurs extrêmement bien formés.
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Oui, je pense que vous avez raison quant au manque d'espoir. Dans les faits, cette approche et cette décision ont créé un certain désespoir.
Je veux préciser que la transition est une chose, et qu'il y a eu un engagement initial à abandonner progressivement les cages en filet dans l'océan. C'est un changement que nous pouvons accepter. Ce que nous ne pouvons pas accepter, c'est une interdiction pure et simple des enclos océaniques, parce que cela n'arrivera tout simplement pas. Ce n'est pas possible. Des gens vont perdre leurs emplois. Le secteur emploie encore 5 000 personnes, directement et indirectement. Ils n'ont nulle part où aller en ce moment.
Pour répondre à votre question, aucune approche ne vise le recyclage professionnel. Il y a un processus en cours pour discuter de certaines de ces réalités, mais il est totalement inadéquat et très précipité. Les gens se trouvent dans une situation très difficile.
Encore une fois, madame Collins, je dirai simplement que le NPD a été un véritable moteur de cette décision extrême, alors je pense qu'une grande partie de ce manque d'espoir et de ce désespoir vous revient, à votre parti et vous.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins qui sont ici aujourd'hui.
J'aimerais commencer par M. Bradley, si vous me le permettez.
Le 7 décembre 2016, M. David Schindler a comparu devant le Comité — certains d'entre nous étaient ici à l'époque, dont moi — dans le cadre d'une étude sur les modifications apportées en 2012 à la Loi sur les pêches. M. Schindler a dit au Comité à l'époque que le plan d'action sur les changements climatiques proposé par le gouvernement Trudeau pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050 contenait quatre scénarios. Trois d'entre eux proposaient de remplacer l'énergie produite par des combustibles fossiles par une telle quantité d'énergie hydroélectrique que nous aurions besoin de 100 installations de la taille de Muskrat Falls au Labrador ou du site C en Colombie-Britannique. Ces scénarios exigeaient la construction d'autant de centrales entre 2016 et 2050.
Pouvez-vous me dire combien de nouvelles centrales hydroélectriques ont été créées depuis cette déclaration en 2016, il y a huit ans?
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Merci, monsieur le président.
Nous allons devoir discuter rapidement de quelques questions.
La recommandation 2 du rapport Cohen, en 2012, disait: « En ce qui concerne la pêche des poissons sauvages, le ministère des Pêches et des Océans ne doit pas perdre de vue l'objectif prépondérant de la réglementation, c'est-à-dire la conservation des poissons sauvages. » Puis, bien sûr, la recommandation 3 disait: « Le gouvernement du Canada doit supprimer la promotion de l'industrie salmonicole et de son produit, le saumon d'élevage, du mandat du ministère des Pêches et des Océans. »
Tout d'abord, appuyez-vous cette deuxième recommandation, à savoir que le MPO ne devrait plus avoir le mandat de s'occuper de votre industrie?
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Merci beaucoup de la question.
Le paradigme est très intéressant lorsqu'on pense à ce qui devrait advenir des données scientifiques du MPO. Je dirais que ce que nous devons vraiment faire dans les activités scientifiques du MPO, c'est recruter plus de scientifiques.
Il y a une avalanche, une vague de scientifiques très compétents qui prennent leur retraite, et très peu de nouveaux scientifiques sont recrutés pour les remplacer. Notre ensemble de connaissances est sur le point d'être très lacunaire, non seulement en ce qui concerne l'aquaculture, mais aussi la gestion des pêches en général. En effet, une bonne gestion devrait s'appuyer sur des données probantes et sur des données scientifiques fiables.
Nous avons parlé aujourd'hui d'une transition et des interactions entre les poissons sauvages et les poissons d'élevage, mais il faut connaître l'état des stocks et les meilleures façons de conserver les poissons sauvages si l'on veut gérer les interactions.
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Je vais devoir vous interrompre, car je n'ai pas beaucoup de temps.
Il me semble que ce que nous avons entendu dans les témoignages sur les activités scientifiques du MPO, c'est que — et c'est mon opinion — elles sont gravement compromises parce que l'industrie finance la recherche scientifique et qu'elle a le pouvoir de vérifier les résultats de la science, ce qui n'est vraiment pas acceptable pour un grand nombre de personnes. Je ne pense pas que les activités scientifiques du MPO, telles qu'elles sont menées, aient rendu service à votre industrie.
Je vais m'adresser à M. Bradley.
Je dois vous donner tout le temps qu'il me reste pour que vous expliquiez la distinction entre les pêches et un poisson. On ne peut pas protéger une pêche si on ne protège pas chaque poisson. Pouvez-vous expliquer la différence que vous voyez là, s'il vous plaît?
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Certainement. Merci beaucoup.
La distinction est importante, car à l'heure actuelle, en mettant l'accent sur les poissons individuels plutôt que sur le soutien à la pêche, nous nous trouvons dans une situation très différente de celle d'avant.
Ce que nous appelons une prise accessoire — lorsque des poissons sont tués — n'est pas une bonne nouvelle pour mes entreprises membres. Elles ont toujours cherché à exercer leurs activités de manière à limiter les prises accessoires, mais elles prennent également des mesures pour atténuer ce genre de phénomènes en construisant des installations maintenant dotées de passes à poissons, par exemple. Il y en a plusieurs exemples. Nous avons des programmes d'écloseries de poissons. Des travaux d'amélioration de l'habitat sont en cours. Dans tous ces cas, les mesures d'atténuation font plus que compenser les prises accessoires — les poissons qui sont tués par nos activités.
Ces mesures ne fonctionnent pas dans le régime actuel puisque nous sommes maintenant censés protéger chaque poisson plutôt que l'ensemble de la pêche. Pour un certain nombre de nos installations, nous ne sommes pas en mesure d'obtenir d'autorisations en vertu de la Loi sur les pêches parce que des poissons sont tués. Or, les mesures d'atténuation compensent largement ces pertes. La situation actuelle pose problème.
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Merci, monsieur le président.
Tout cela est fort intéressant. C'est fou, il faudrait que vous restiez avec nous une autre heure.
Je vais quand même revenir vers M. Kennedy ou Mme Parker.
L'aquaculture touche deux volets, soit l'agriculture et les pêches. Comment peut-on arriver à établir une loi satisfaisante, à éviter les erreurs, à améliorer la recherche scientifique et à consolider l'aquaculture, qui, en toute réalité, devient une nécessité? Comment peut-on mettre en place, sur les deux plans, une loi solide qui pourrait avantager le développement de votre secteur d'activité? Il faut travailler sur l'agriculture et sur les pêches, parce que ces deux volets sont concernés. Que proposez-vous?
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Merci, monsieur le président.
Je vais revenir à M. Kennedy ou à Mme Parker.
Des philanthropes qui ont mis en pratique la mentalité de la terre brûlée toute leur vie tentent de se donner bonne conscience, je suppose, en appuyant les organisations non gouvernementales de l'environnement. Par rapport à la chasse aux phoques à Terre‑Neuve‑et‑Labrador, ils affirment toujours que nous pratiquons la chasse aux blanchons, ce qui ne se fait pas depuis 1983.
Vous avez dit que la façon dont on dépeint votre industrie ne correspond pas à la réalité. Pouvez-vous en parler davantage?
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Avec plaisir. Nous avons fait des recherches, et je pense que l'histoire doit être plus connue. Nous savons qu'au début des années 2000, des fondations américaines — appuyées par des intérêts du secteur de la pêche au saumon de l'Alaska — ont pompé des dizaines de millions de dollars au Canada pour tuer le marché du saumon d'élevage. C'était au début des années 2000. Depuis, l'opposition au secteur n'a fait que croître, mais tout ce financement initial a abouti à la situation décrite par Mme Collins, je crois, à savoir un antagonisme à l'égard du secteur en général, qui est basé sur des pratiques qui...
En Colombie-Britannique, le secteur existe depuis une cinquantaine d'années; il n'est pas très vieux. Il a environ 45 ans. Cela représente seulement quelques générations de production. Est‑ce que tout était parfait quand nous avons commencé la production en Colombie-Britannique? Absolument pas. Le secteur s'est‑il considérablement amélioré? Oui, il s'est amélioré. On constate que les critiques que l'on trouve sur les médias sociaux, par exemple, sont toujours les mêmes. Il est très difficile de mettre fin à ce genre de choses et de rectifier les faits. Donc, évidemment, on en est arrivé à un point où le gouvernement libéral a cru que cette opposition était tellement forte qu'il devait tout arrêter.
Ce n'est vraiment pas ce que disent les sondages. Les sondages font état de préoccupations, ce que nous reconnaissons. Nous pouvons faire des changements dans notre industrie, des changements assez marqués, grâce à la technologie existante. Il n'est pas nécessaire de fermer les parcs en filet. C'est une solution si extrême. Je pense que c'est exactement ce que cherchaient ces opposants.
Pouvez-vous imaginer? Encore une fois, sur le plan scientifique, on est passé soudainement de rapports du SCCS indiquant que notre secteur pose tout au plus un « risque minime » pour le saumon sauvage, à un discours selon lequel nous devons fermer, le risque est total et le secteur doit être complètement fermé. Cette décision a exactement pour effet d'interdire la salmoniculture en parcs en filet. On dirait presque qu'il y a un gouvernement fantôme d'écologistes qui tente de contrôler la ministre pour nous faire fermer, ce qui est, encore une fois, une solution tellement extrême. Je suis désolé, mais je dois dire que le NPD y est pour beaucoup.
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Je vous remercie beaucoup de la question.
Je pense qu'il est très important que tout le monde comprenne la raison. Ces investissements n'ont pas eu lieu en raison du processus de transition, qui a entraîné un gel de l'investissement institutionnel dans le secteur de l'aquaculture au Canada. Nous n'avons rien reçu depuis quatre ans. Nous accusons quatre années de retard sur toutes les autres régions salmonicoles du monde en raison du processus de transition. Notre secteur risque fort de disparaître. Cela touche tous les aspects: les œufs, les stocks de géniteurs, notre soutien à la mise en valeur des salmonidés, les usines de transformation et les quais que nous entretenons pour que les pêcheurs commerciaux et sportifs puissent débarquer leurs prises. Cela touche aussi les routes que nous entretenons, les grains que nous achetons aux agriculteurs canadiens pour les aliments pour poissons. Cela concerne les usines d'aliments pour poissons. Si nous disparaissons, ces usines disparaîtront aussi. Elles ne produisent pas seulement des aliments pour saumon.
Quant à savoir pourquoi nous ne l'avons pas fait, c'est simplement parce que nous n'en avons pas les moyens: il n'y a pas de certitude commerciale.
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Je pense que cela revient à mon premier point, qui portait sur le changement, en 2019, de l'objectif de protection des pêches à la protection des poissons. Je pense qu'il faut revenir à l'intention première. D'un point de vue juridique, je pense que ce serait la solution la plus simple, à ce moment‑ci. Cela figure dans les amendements que nous recommandons. Ce serait vraiment le point de départ. Cela dissiperait l'ambiguïté qui existe actuellement.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous considérons que c'est absolument essentiel si l'on veut poursuivre la mise en place d'un réseau d'électricité propre et favoriser la réalisation de bons projets d'électricité propre. Je vois cette mesure législative, d'autres textes législatifs et d'autres réglementations comme une sorte de spectre. À une extrémité du spectre, c'est un obstacle. À l'autre, c'est un catalyseur. Si on est chanceux, cela se trouve quelque part au milieu. Actuellement, la Loi sur les pêches est sans contredit à l'extrémité négative du spectre: c'est un obstacle. Elle pourrait être un catalyseur, mais ce n'est pas le cas. Il faut corriger la situation.
Comme je l'ai dit, je déteste être là, six ans plus tard, pour dire que cette question aurait dû être abordée lors de la modification législative de 2019. Je pense que nous devons régler cela maintenant.
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Merci, monsieur Weiler.
Monsieur Kennedy, madame Parker et monsieur Bradley, je tiens à vous remercier d'avoir partagé vos connaissances avec les membres du Comité aujourd'hui. J'espère qu'elles figureront dans notre rapport au terme de cette étude. Je vous remercie d'être venus. Nous vous sommes reconnaissants de votre présence.
Lundi, nous reprendrons notre étude sur la Loi sur les pêches. Nous accueillerons des fonctionnaires du MPO et d'Environnement et Changement climatique Canada pendant la première heure, et des intervenants du secteur pendant la deuxième heure.
Concernant la comparution de la , le 4 décembre, elle sera avec nous pour une heure, et les fonctionnaires pour deux heures, pour discuter du Budget supplémentaire des dépenses (B).
Bonne soirée. La séance est levée.