Bienvenue à la 131e réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Cette réunion se déroule de façon hybride, conformément au Règlement.
Avant de commencer, j'aimerais faire quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité. Veuillez attendre que je vous donne la parole par votre nom avant de parler. Les personnes présentes dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal désiré. Veuillez adresser tous vos commentaires à la présidence.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le jeudi 8 février 2024, le Comité reprend son examen de la Loi sur les pêches.
Je souhaite la bienvenue à notre premier groupe de témoins. Nous accueillons Stu Barnes, directeur général du First Nations Fisheries Council de la Colombie-Britannique. De la First Nation Wild Salmon Alliance, nous accueillons Robert « Galagame » Chamberlin, président. Enfin, nous accueillons M. Derek Butler, directeur exécutif de la Nunavut Fisheries Association.
Merci d'avoir pris le temps de comparaître aujourd'hui. Vous disposerez chacun de cinq minutes au maximum pour faire votre déclaration préliminaire.
Monsieur Barnes, vous avez la parole.
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Merci. Je ne m'attendais pas à entrer si rapidement dans le vif du sujet.
Bonjour, monsieur le président et bonjour aux membres du Comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui.
Je suis le directeur exécutif du Conseil des pêches des Premières Nations de la Colombie-Britannique, qui a été créé en 2008. Le Conseil des pêches des Premières Nations de la Colombie-Britannique a pour mandat de mettre en œuvre le plan d'action sur les pêches des Premières Nations de la Colombie-Britannique et de travailler avec les Premières Nations pour favoriser l'intendance et la mobilisation. Nous jouons un rôle rassembleur pour assurer la cohésion de la voix des Premières Nations au sujet des pêches et des ressources aquatiques du Pacifique. Ce mandat a été appuyé par une résolution de l'Assemblée des Premières Nations de la Colombie-Britannique, de l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique et du Sommet des Premières nations.
L'approche du Conseil des pêches des Premières Nations de la Colombie-Britannique consiste à réunir les Premières Nations, à écouter leurs priorités et leurs points de vue et à les aider à formuler clairement leurs messages communs aux décideurs. Ces structures et processus appuient des messages cohérents au gouvernement et s'harmonisent avec l'approche du gouvernement fédéral pour la mise en œuvre des exigences du plan d'action de la DNUDPA.
Le 1er août de cette année, après une évaluation détaillée de la Loi sur les pêches actuelle, le Conseil des pêches des Premières Nations de la Colombie-Britannique a soumis à l'examen du Comité son évaluation approfondie de la meilleure façon de moderniser la Loi sur les pêches. Nous avons examiné la loi en particulier pour déterminer la meilleure façon de l'harmoniser avec les obligations juridiques du Canada à l'égard des Premières Nations, telles qu'elles sont inscrites dans l'article 35 de la Constitution du Canada et précisées récemment dans la Loi concernant la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et le plan d'action du Canada qui s'y rapporte.
Au cours des prochaines minutes, j'aimerais aborder nos principaux points, tels qu'ils sont documentés dans notre mémoire au Comité.
Premièrement, il est de la plus haute importance que l'examen de la Loi sur les pêches soit élargi pour inclure sa modernisation de la loi afin qu'elle soit conforme à la Loi concernant la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Le gouvernement fédéral s'est engagé à moderniser les lois fédérales pour qu'elles soient conformes à la Loi concernant la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, et le Comité devrait profiter de l'occasion pour intégrer ces changements. La présentation de la First Nations Fisheries Council de la Colombie-Britannique fournit des exemples et des recommandations au sujet des articles qui doivent être modifiées pour être conformes à la Loi concernant la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Pour aider le Comité dans son travail, le Conseil des pêches des Premières Nations de la Colombie-Britannique est en train d'élaborer un rapport de recommandations, qui sera terminé en mars 2025, et qui portera précisément sur la modernisation des lois et des règlements liés à la pêche conformément à la DNUDPA. Nous avons l'intention de transmettre notre rapport aux membres du Comité lorsqu'il sera terminé.
Deuxièmement, il est important de reconnaître que les droits des Premières Nations ne découlent pas uniquement des lois de la Couronne ou des décisions des tribunaux. Les Premières Nations ont des lois autochtones qui précèdent les premiers contacts dans l'Ouest. Les Premières Nations ont toujours eu recours au droit autochtone pour se gouverner elles-mêmes. Un élément crucial de la réconciliation entre la Couronne et les Premières Nations est la reconnaissance mutuelle du fait que les parties respectives ont des systèmes de gouvernement et des lois différents. Ainsi, la Loi sur les pêches doit reconnaître le droit autochtone comme cadre juridique contemporain au Canada et prévoir la mise en œuvre du pluralisme juridique.
Troisièmement, la Loi sur les pêches devrait être mise à jour afin d'élargir les objectifs de la conclusion d'ententes avec les Premières Nations et de respecter les ententes signées avec elles afin de reconnaître et de respecter leur compétence et leur pouvoir de partager la responsabilité de la gestion du poisson et des pêches. Cela est conforme aux formes actuelles et émergentes d'accords de gestion concertée et d'accords-cadres de réconciliation qui ont trait aux pêches.
Quatrièmement, la loi devrait remédier au manque de transparence et de reddition de comptes dans le processus décisionnel du ministre et rendre obligatoire la détermination explicite des facteurs dont le ministre a tenu compte dans l'exercice de son pouvoir discrétionnaire. La transparence est essentielle pour aider les partenaires autochtones du Canada à comprendre la prise de décisions en vertu de la loi, surtout dans le contexte de la protection du poisson, de l'habitat du poisson et des pêches durables, qui font partie intégrante des cultures et des sociétés des Premières Nations.
Je vous remercie de votre attention et du temps que vous m'accordez.
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[
Le témoin s'exprime en kwak'wala.]
[Traduction]
Mon nom traditionnel est Galagame. Je viens du peuple Kwikwasut'inuxw Haxwa'mis des Musgamagw Dzawada'enuxw. Je vous ai demandé d'entendre ce que j'avais à dire, du fond du cœur et au nom de nombreuses Premières Nations, au sujet du saumon. C'est une source de nourriture, une base de notre culture, de nos traditions et de notre langue, et il est dans une situation très difficile.
Pour ce qui est de la Loi sur les pêches, j'ai toujours en tête les engagements de chacun de vos partis et de l'ensemble du gouvernement en matière de réconciliation, de mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et l'établissement d'une voie à suivre significative avec les Premières Nations. C'est une voie très compliquée et très complexe, en effet, mais où commence‑t‑elle? Je crois que le gouvernement doit commencer par légiférer.
Je dois vous faire comprendre que le saumon et les pêches représentent une occasion de réconciliation et de sécurité alimentaire pour les Premières Nations de la Colombie-Britannique, et que cela est bénéfique pour l'environnement et pour l'économie très importante que constitue le saumon sauvage. En mettant en œuvre une démarche qui permettra de rebâtir et de prendre soin du saumon en Colombie-Britannique, on peut vraiment aborder la réconciliation à l'échelle de la province d'une manière qui profite à tous les Canadiens et à l'environnement. Vous pouvez y arriver et vous engager sur la voie de la réconciliation que la Couronne a tracée en révisant la Loi sur les pêches pour tenir compte des réalités dont mon frère Stu Barnes vient de parler, à savoir le pluralisme juridique au Canada et les droits et titres inhérents des peuples des Premières Nations de la Colombie-Britannique.
Nous avons vu le gouvernement faire de petits pas dans les programmes et les services. Ces mesures sont utiles et bénéfiques, mais elles ne constituent pas des étapes fondamentales de la réconciliation; il s'agit toujours d'une initiative contrôlée par la Couronne. En cours de route, les Premières Nations ont saisi l'occasion et ont développé diverses capacités, avec des compétences techniques et une compréhension de la gestion des pêches. Il y a en Colombie-Britannique de nombreuses organisations bien établies qui ont la capacité de gestion, alors je vous demande quel est l'objectif de ce renforcement des capacités? Est-ce simplement pour discuter avec le gouvernement, ou allons-nous vraiment nous engager sur la voie de la réconciliation et donner aux Premières Nations le pouvoir, par voie législative, d'avoir une gestion appropriée qui reflète le pluralisme juridique du pays?
Les Premières Nations qui résident sur leurs territoires traditionnels, qui ont les mains dans la rivière et dans l'océan et qui ont une connaissance intime de la situation peuvent éclairer la gestion mieux que ne pourra le faire quelqu'un au 200, rue Kent. Soyons sérieux: c'est là que se trouvent les solutions. Il faut pour cela que nous encouragions chacun d'entre vous à présenter des recommandations appelant à ce que ce pouvoir, inhérent par nature, soit clairement pris en compte dans le mécanisme appelé la Loi sur les pêches. Le MPO ne peut pas réinterpréter cette Loi à sa guise par l'entremise de politiques, sans quoi cela devient alors une injonction à obéir.
C'est une voie importante que je propose parce que je ne crois pas que les Canadiens comprennent, dans l'ensemble, ce que signifie la réconciliation. Ils en auront peur s'ils ne savent pas ce qu'elle signifie. Si nous prenons la mesure que je viens de décrire, nous pourrions mettre en œuvre la réconciliation, adhérer à la Déclaration des Nations unies, adopter la loi de la Cour suprême et donner vie au paragraphe 35(1), ce qui profitera à tous les Canadiens de façon réelle et tangible.
C'est la vision que je considère comme essentielle pour la relation entre la Couronne et les Premières Nations en Colombie-Britannique. Avoir un gouvernement central, c'est une chose. Le fait d'avoir un ministre à Ottawa qui n'a aucun lien avec les territoires que nous représentons et avec lesquels nous discutons se dit dans notre langue k̓i's na̱ḵa — ce n'est pas correct.
Je vous encourage à examiner comment, dans le cadre de la Loi sur les pêches, vous créez l'espace approprié pour adopter tout ce que je viens de décrire comme un impératif juridique qu'il incombe au gouvernement d'adopter et de mettre en œuvre. Cela nous permettrait d'aller de l'avant ensemble, comme le prévoit le concept de réconciliation. J'ai constaté que nous avons une loi de la Cour suprême — et je suis convaincu que chacun d'entre vous comprend quelle est sa place dans la fonction de la démocratie au Canada —, et dans cette loi la conservation vient en premier, et les Premières Nations viennent en second. La Couronne appelle cela nos besoins alimentaires, sociaux et rituels. C'est très gentil de votre part de trouver un terme et j'espère que vous le comprenez — je plaisante.
Pour nous, c'est beaucoup plus que cela. C'est le fondement de notre culture, de nos traditions, de notre attachement à nos terres et à notre langue. Ce sont les choses que les pensionnats visaient à détruire. Je pense aux engagements plus généraux de tous les partis envers les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation et je pose la question suivante: pourquoi ne pas investir dans le saumon pour rebâtir la culture, la langue, les traditions et l'attachement aux terres? C'est un exercice tangible, et en cours de route, nous pouvons parvenir à une réconciliation et à une sécurité alimentaire qui profitent à tous les Canadiens.
C'est ma vision, et je connais le travail...
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Merci, monsieur le président.
Permettez-moi tout d'abord de remercier le Comité de m'avoir invité à comparaître devant lui cet après-midi dans le cadre de son étude de la Loi sur les pêches.
Avant d'aborder deux points clés, permettez-moi de me présenter brièvement, ainsi que l'organisation et les personnes que je représente. Je m'appelle Derek Butler. Comme vous le savez, je suis le directeur général de la Nunavut Fisheries Association, la NFA. J'ai travaillé dans le secteur des associations industrielles et commerciales pendant plus de 20 ans, avant cela je travaillais dans le développement politique international au sein d'une ONG de Washington. J'ai commencé ma carrière ici, à Ottawa, au ministère des Affaires étrangères et, comme on dit, j'ai passé un certain temps sur la Colline.
La NFA est une association commerciale type qui représente quatre entreprises de pêche au Nunavut. Les entreprises membres de la NFA sont l'Arctic Fishery Alliance, Baffin Fisheries, Pangnirtung Fisheries/Cumberland Sound Fisheries Partnership et la Qikiqtaaluk Corporation, la société patrimoniale. Toutes les entreprises appartiennent aux organisations de chasseurs et de trappeurs, aux collectivités ou aux Inuits de la région de Qikiqtani, au Nunavut. Bref, il s'agit d'entreprises appartenant à des Autochtones qui participent à des activités de pêche au profit du Nunavut.
Le rôle de la NFA est de défendre l'industrie de la pêche commerciale dans le territoire auprès des intervenants, du grand public et des gouvernements à l'échelon territorial et fédéral. Nous travaillons en étroite collaboration avec le MPO, nos partenaires de l'industrie et nos partenaires de recherche.
Sur ce dernier point, la NFA appuie une série d'activités scientifiques et de recherche sur les pêches et les écosystèmes avec divers intervenants dans le cadre d'un programme de recherche annuel, le tout à l'appui des pêches durables au Nunavut. Nous travaillons sur les répercussions sur les fonds marins, les relevés des captures accessoires, les évaluations et plus encore. Nous travaillons avec les universités, les instituts de recherche et les chercheurs indépendants. Nous collaborons avec d'autres acteurs de l'industrie. Nous recevons également du soutien du gouvernement territorial du Nunavut et du gouvernement fédéral par l'entremise de l'Agence canadienne de développement économique, CanNor, ce dont nous sommes très reconnaissants.
J'ai deux points principaux à soulever aujourd'hui au nom de notre association. D'abord le MPO doit s'acquitter de ses principales responsabilités. Le ministère des Pêches et des Océans doit faire en sorte de disposer des ressources nécessaires pour que nous ayons aussi des ressources et que le Canada continue de maintenir des pêches durables, qui contribuent tellement à notre gagne-pain et à la production de protéines saines de premier ordre. Vous avez déjà entendu le message selon lequel le mandat de base est impératif.
Au plus fort de la pandémie de COVID‑19, on a dit que la pêche ne pourrait pas fonctionner comme beaucoup d'autres secteurs d'activité, en raison des préoccupations liées à la santé et à la sécurité de nos travailleurs sur nos lieux de travail. Dans mon rôle précédent, j'étais convaincu que nous pouvions adopter les pratiques exemplaires, assurer la sécurité de nos travailleurs et fournir des protéines saines de premier ordre. Si le monde nous fournissait des sacs de pommes de terre et de bananes, nous devions lui fournir du poisson. Il ne s'agit que de nourriture.
Nous l'avons fait. Nous avons relevé le défi. Nous nous sommes montrés résilients et nous avons donné au monde des protéines plus saines. Nous devons continuer de le faire, et nous devons faire en sorte que le MPO s'occupe des travaux scientifiques et accomplisse son mandat de base à l'appui du maintien des pêches.
C'est mon principal message aujourd'hui. Nous ne demandons pas de modification législative dans le cadre de cet examen. Nous soulignons ce qui compte le plus: des données scientifiques de qualité à l'appui de pêches durables. Le monde devient de plus en plus complexe. Le mandat du MPO devient de plus en plus complexe. Je comprends cela, mais il faut quand même que les fondations de la maison soient solides, qu'elles reposent sur des données scientifiques de base et sur un mandat de base pour appuyer des pêches prospères.
Mon deuxième et dernier point concerne la période d'examen de cinq ans. Nous en dirons peut-être plus dans notre futur mémoire, je dois le souligner. Comme vous le comprendrez mieux que quiconque, le Parlement conserve ses prérogatives de modifier la loi avec ou sans une période d'examen prescrite. C'est entendu. Je voulais simplement vous donner un autre point de vue aujourd'hui sur cette période d'examen de cinq ans.
De toute évidence, un examen n'implique pas le changement. Il peut toujours y avoir matière à changement. Vous pouvez entendre les témoignages, examiner les mémoires et effectuer votre propre analyse, et vous pourriez déterminer qu'aucune modification législative n'est nécessaire. Il est peut-être inutile de le dire, mais cela pourrait être le cas. Il y a des domaines — les politiques, les règlements, etc. — qu'il pourrait être approprié de modifier également, mais un examen n'implique pas forcément le changement. Nous sommes passés d'une loi qui a peu changé dans l'histoire du Canada à un examen quinquennal prescrit, c'est‑à‑dire un examen à chaque législature. Il est possible que ce soit ambitieux.
Voilà où en est notre association. Je ne suis pas ici pour proposer des changements en particulier aujourd'hui, mais je suis heureux d'avoir l'occasion de m'adresser à vous dans le cadre de cette étude et de dire que nous appuyons tout engagement renouvelé que nous pourrions avoir à l'égard du mandat de base à l'appui des pêches commerciales, avec des données scientifiques de qualité et des ressources appropriées.
Merci encore au Comité. Je serai heureux de répondre à vos questions. Si je ne peux pas y répondre aujourd'hui, je pourrais peut-être faire un suivi par écrit auprès de la greffière ou ajouter quelque chose dans un mémoire plus tard.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous les trois d'être ici aujourd'hui pour poursuivre cet examen.
Lorsque la Loi sur les pêches a été modifiée en 2019 par le projet de loi , le mot « lois » a été redéfini pour inclure « les règlements pris par un corps dirigeant autochtone ». Cela a élargi la disposition d'équivalence de la loi, et c'était un changement important. Cinq ans après l'entrée en vigueur de cette nouvelle loi, je pense qu'il est temps d'évaluer l'incidence des changements.
Monsieur Chamberlin ou monsieur Barnes, comment le MPO a‑t‑il appliqué ces changements législatifs aux Premières Nations et aux corps dirigeants autochtones de la Colombie-Britannique?
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Selon moi la modification de la Loi sur les pêches qui permet l'incorporation des règlements des Premières Nations ne représente toujours pas la relation de gouvernement à gouvernement ou de Couronne à Première Nation. Elle assujettit nos aspirations et nos règlements à la Loi sur les pêches de la Couronne. C'est un instantané de cette époque, je crois, et cela ne reflète pas les réalités du droit actuel et l'adhésion à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Si l'on prend les règlements administratifs des Premières Nations, il est évident que le ministère des Pêches et des Océans répugne à discuter de ce que signifie le mot « social », même si la Cour suprême en a déjà parlé. Alimentaire, social, rituel — il ne veut pas donner de définition.
Les Premières Nations ont des points de vue et des perspectives sur ce que cela signifie pour elles. Il n'y a pas de solution toute faite pour cela. Ce qu'il nous faut, c'est un ministère qui soit prêt à négocier de façon concrète et substantielle avec les nations pour permettre ces avancées et les mettre à l'épreuve afin que nous puissions comprendre la signification du mot « social » et nous entendre là-dessus. Cela pourrait très bien signifier l'exercice des permis qui proviennent de programmes autochtones comme l'IPCIP, l'IPCIN et l'IPCIA, mais il faut ensuite une allocation appropriée.
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Je me souviens des commentaires de Jody Wilson-Raybould lorsqu'elle était cheffe régionale de l'Assemblée des Premières Nations de la Colombie-Britannique, l'APNCB. Elle a souvent parlé du travail que les Premières Nations doivent faire de leur côté en matière de gouvernance et d'ententes entre elles.
Je peux vous dire, monsieur Arnold, que des discussions sont en cours en Colombie-Britannique pour revoir la question d'un traité sur les pêches entre les Premières Nations. Elles ont commencé dans les années 1980. Nous avons trouvé des ressources pour faciliter ce dialogue dans toute la province afin que nous puissions commencer à avoir des discussions et à faire le travail de notre côté comme Premières Nations pour comprendre nos interdépendances au sujet du saumon.
Je pense que c'est utile, parce que le gouvernement pourra alors avoir une discussion de fond sur le saumon dans l'ensemble de la province avec les Premières Nations au niveau politique. L'utilisation à mauvais escient des organes du Programme autochtone de gestion de ressources aquatiques et océaniques, ou PAGRAO, est en train de limiter le débat à ses aspects techniques.
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Je crois que les résultats doivent leur être communiqués. Je ne vois pas l'intérêt de rendre publiques les négociations et les éléments qui se retrouvent dans ces discussions. Il n'est pas nécessaire de discuter et de négocier par l'entremise des médias ou quoi que ce soit du genre, mais les résultats doivent être compris.
Je suis vraiment heureux de vous signaler le travail que fait la First Nation Wild Salmon Alliance auprès des pêcheurs sportifs, du Sport Fishing Institute of British Columbia, des pêcheurs commerciaux et des exploitants d'entreprises de tourisme en milieu sauvage. Nous avons commencé à unir les acteurs de l'économie axée sur le saumon pour discuter de ce que nous devons faire pour protéger le saumon et le ramener dans l'intérêt de tous.
Je me demande, après tout le travail d'organisation que je viens de décrire, comment le gouvernement va réagir? Sa réaction sera‑t‑elle significative ou s'agira‑t‑il d'un autre exercice de déni, de report et de diversion?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les témoins d'être là en personne et d'être venus de si loin pour comparaître. Je leur en suis très reconnaissant.
Avant d'aborder le fond de la Loi sur les pêches, je dois dire que je m'intéresse beaucoup au processus.
Pas plus tard qu'hier, nous avons terminé une séance du Comité qui a duré 10 heures et a été consacrée à l'étude article par article du projet de loi sur l'eau potable des Premières Nations. C'était la première mesure législative élaborée conjointement. Un certain nombre de choses que vous avez dites montrent à quel point les pêches sont au cœur de l'identité des Autochtones, surtout en Colombie-Britannique, où ils exploitent une espèce en particulier.
Du point de vue du processus, au moment d'étudier la modification ou peut-être la modernisation de la loi, quelle idée vous faites-vous de la place que pourrait prendre l'élaboration conjointe dans cette modernisation ou cette modification?
Je vais peut-être m'adresser d'abord à M. Barnes. Nous passerons ensuite à M. Chamberlin. Je serais très curieux d'entendre ce que vous avez à dire également.
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À propos du processus, ce que nous avons fait à la nappe phréatique... D'abord et avant tout, il faut que toutes les Premières Nations soient sur la même longueur d'onde. Des relations comme celle que j'ai avec Robert Chamberlin seront essentielles si nous voulons que toutes les bonnes voix se fassent entendre au bon endroit dès le départ. Cela a toujours été l'élément clé: s'assurer que le premier niveau, comme nous l'appelons, est bien en place dès le début de la discussion.
Ensuite, il faut entamer les échanges avec le gouvernement. J'appelle cela le « niveau deux du sandwich », c'est‑à‑dire qu'il faut faire le travail avec le gouvernement du Canada et les Premières Nations, pour ensuite rencontrer les intervenants, le groupe de niveau trois. Après, il faut revenir vers le groupe de niveau deux pour revoir les vues exprimées par les intervenants.
L'organisation est analogue à celle du CPIC, le Comité chargé de la planification intégrée de la pêche au saumon, mais dans ce cas‑ci, nous sommes toujours du côté des intervenants. J'ai toujours dit qu'il serait bon que nous préparions le terrain avec le gouvernement en produisant un document et en faisant savoir aux intervenants sur quoi nous avons travaillé ensemble, puis en nous réunissant de nouveau pour faire le point sur les points de vue recueillis auprès des intervenants. Nous devons commencer à travailler en fonction de relations de gouvernement à gouvernement sur tous ces différents petits types de processus. C'est à ce propos que j'ai parlé de sandwich.
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Je reviens sur l'image du sandwich. Savez-vous ce qu'on appelle un sandwich de rêve? C'est avoir deux tranches de pain et rêver qu'il y a du poisson entre les deux.
Voilà où nous en sommes, à propos de la situation réelle du saumon en Colombie-Britannique. Il faut investir au premier niveau pour que les Premières Nations disposent des ressources nécessaires pour se réunir, discuter et parvenir à une entente.
J'ai de sérieuses réserves au sujet du deuxième niveau. En 2009‑2010, j'ai participé avec le Conseil des pêches des Premières Nations aux travaux de deuxième niveau. Dans les discussions, les négociations, les propositions et les contrats, on a dit qu'il ne s'agissait pas de consultations. À la fin du processus, tout ce que j'ai fait avec le Conseil des pêches s'est retrouvé devant un juge pour une révision judiciaire avec notre nation, et toute la démarche a été qualifiée de consultation. C'est une mauvaise utilisation du processus d'engagement, et cela n'est pas propice à un climat de confiance.
Nous avons besoin d'un cadre et de ressources. Si la Couronne a intérêt à faire avancer ce dossier, nous devons trouver les ressources nécessaires pour que les Premières Nations puissent avoir des discussions politiques exhaustives, éclairées sur le plan technique, qui ne seront pas limitées à trois mois. Il faudra du temps et des ressources soutenues pour y arriver. Nous pourrons alors avoir une certaine unité politique et technique pour tenir une discussion de fond avec vous. On ne peut pas se tourner uniquement vers les organismes du Programme autochtone de gestion des ressources aquatiques et océaniques, à l'exclusion de ceux qui n'en font pas partie. Cela ne fait qu'aggraver la division.
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Je voudrais maintenant revenir sur une chose que M. Chamberlin et M. Barnes ont tous deux mentionnée dans leur déclaration liminaire. C'est l'idée du pluralisme juridique.
Plusieurs années avant de faire de la politique, j'ai pratiqué le droit autochtone. Je ne suis pas du tout un expert en droit autochtone. Cependant, je suis très curieux de savoir comment, d'après vous, cela se traduira dans la pratique dans le contexte de la Loi sur les pêches.
L'une des difficultés tient au fait que le droit autochtone est antérieur au contact avec les Européens, et que, parfois, des éléments ne sont pas disponibles sous forme écrite. Je sais qu'il y a un grand processus en cours pour codifier beaucoup de lois autochtones. De votre point de vue, à quoi cela pourrait‑il prendre forme en pratique?
Je pourrais peut-être commencer par vous, monsieur Barnes.
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Ce sera différent d'une région à l'autre. Ce ne sera donc pas une mince affaire. Pour les Gitxsans, par exemple, on pourrait peut-être réunir une partie de ces éléments, mais chaque nation aura sa propre façon de s'y prendre. Nous avons sans doute raté une occasion, avec le programme des gardiens autochtones, il y a 20 ans, de fusionner les deux façons de penser.
La loi traditionnelle qui guide les mœurs des Premières Nations et la façon dont elles prélèvent les ressources sur leurs territoires, voilà ce qui dit à nos gens de sortir de l'eau quand c'est le temps. Lorsque la loi traditionnelle dit qu'il n'y a pas assez de poisson pour nourrir les gens une année donnée, c'est le conseil qu'ils écoutent, pas celui du gouvernement. Lorsque les fonctionnaires du Programme de conservation et protection arrivent et disent qu'il faut mettre fin à la pêche de subsistance, il y a une réticence et une communication entachée de méfiance qui est de nature historique. Si on donne à nos gens la possibilité de participer à la prise de décisions, il leur est plus facile d'accepter ce genre de choses.
À partir de là, il y a des possibilités, si vous validez, reconnaissez et habilitez notre droit traditionnel, pour que les nations soient des émetteurs de permis pour toutes les prises sur leur territoire. Cela peut mener à des mécanismes de ressources partagées. L'effort de notre peuple fluctue parce que nous n'avons pas eu l'occasion de pêcher chaque année, mais beaucoup d'entre nous commencent à utiliser des engins de pêche sportive pour aller sur l'eau. Si nous pouvions accorder des licences au secteur par l'entremise de nos nations, cela nous permettrait d'avoir un meilleur outil de gestion partagée dans le secteur.
C'est une des façons de s'y prendre, mais il faudra des ententes bilatérales. Parfois, les nations se regroupent, et parfois, elles agissent chacune de leur côté. Cela permettrait également d'établir des protocoles d'entente traditionnels, ce dont Robert Chamberlin a parlé un peu avec le traité qu'il a mentionné. Ce traité découle d'un traité tribal du Nord-Ouest sur la Skeena. Grâce à ce mécanisme, nous avons pu résoudre un problème dans le territoire des Lax Kw'alaams, car depuis l'entrée en vigueur de la loi de l'Ouest, nos pêcheurs ont commencé à se rendre sur la côte pour pêcher. C'était un problème pour nos frères et soeurs du territoire des Lax Kw'alaams parce que c'était leur territoire. Lorsque nos pêcheurs allaient là‑bas, le MPO retirait les prises de leur allocation, pas de la nôtre.
Nous avons établi un protocole d'entente avec les Gitxsans, les Wet'suwet'en, les Gitanyow et les Lax Kw'alaams pour leur faire comprendre que nous viendrions pêcher 5 000 saumons rouges cette année. Ces prises nous seront décomptées à nous, pas aux Lax Kw'alaams. Grâce à cet outil, nous avons pu interagir les uns avec les autres et parler d'une voix cohérente au MPO. Le problème, cependant, c'est que nous n'avons pas pu être reconnus et appuyés par les sections locales chargées de la conservation et de la protection parce qu'elles ne comprenaient pas ce qui se passait.
Ce sont quelques-unes des façons traditionnelles dont nous pourrions commencer à calmer certains de ces échanges qui se recoupent.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être présents. C'est très intéressant et pertinent dans le cadre de notre étude actuelle.
Pour ma part, je suis une députée du Bloc québécois qui représente les Québécois et les Québécoises, alors je vais vous parler du volet québécois et de la façon dont nous percevons le problème.
Au Québec, nous formons une nation, alors nous sommes très bien capables de comprendre la notion de nation. En 2002, nous avons signé avec la nation crie une entente historique qui s'appelle la paix des braves. Cette entente entre la nation québécoise et la nation crie reconnaît les droits ancestraux et les droits contemporains. À cet égard, cette entente de 50 ans établit un certain nombre de principes pour la gestion future des territoires. Elle permet donc le respect et la collaboration entre la nation québécoise et la nation crie pour la gestion, par exemple, de grands territoires forestiers.
Je trouve que, dans l'étude qui nous concerne, c'est une variable intéressante à considérer. Je me demande si cette approche pourrait être réalisable pour le domaine des pêches, en particulier pour la côte pacifique. Je me demande s'il n'y a pas moyen de prévoir, à l'intérieur de la Loi sur les pêches, des dispositions reconnaissant vos nations comme étant des nations distinctes qui travaillent d'égal à égal avec la nation canadienne, ou avec le gouvernement canadien, plutôt. En effet, je ne suis pas sûre que je puisse parler de nation dans ce cas, mais ça, c'est un autre débat.
Comment pourrait-on intégrer ce principe ou cette entente à l'intérieur de la Loi sur les pêches pour que vos nations n'aient plus à défendre constamment leurs droits et leur volonté d'être présentes, de participer aux décisions et d'établir des normes qui sont les leurs? Selon vous, serait-il possible d'instaurer une telle chose en s'inspirant de la paix des braves, cette entente historique qui s'est conclue chez nous en 2002?
J'aimerais entendre votre avis là-dessus.
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Je vous présente mes excuses, mais je ne peux pas parler votre langue. En 8
e année, on m'a demandé de quitter le cours de français.
Une voix: Pour d'autres raisons...
M. Robert Chamberlin: C'était pour d'autres raisons. C'était le début d'un... Peu importe. C'est une autre histoire.
Des voix: Oh, oh!
M. Robert Chamberlin: Bien sûr, je suis au courant du pluralisme qui caractérise les relations du Québec avec le Canada. Je suis également heureux d'apprendre que vous avez conclu une entente avec les Cris en vertu de laquelle vous reconnaissez leurs droits ancestraux, tant historiques que modernes.
L'élément clé que j'ai retenu et qui m'a interpellé très rapidement, c'est le respect, la collaboration. C'est ce qui nous manque dans les relations entre le MPO, qui représente la Couronne, et les Premières Nations. Ce n'est pas une question de respect. C'est une question de minimisation. Il ne s'agit pas de respecter la loi de la Cour suprême. Il s'agit de la réinterpréter. La collaboration, maintenant, au niveau technique, consiste à éviter les discussions de gouvernement à gouvernement qui sont la base de la réconciliation.
Comment pouvons-nous accomplir ce que votre province a fait avec la nation crie? Je sais — on me l'a dit — qu'en vertu de l'article 35 de l'actuelle Loi sur les pêches, le ministre a le pouvoir de déléguer des ententes de gestion. C'est une chose réalisable, mais il ne faut exclure personne ni accorder la priorité à qui que ce soit. Il faudrait plutôt mettre sur un pied d'égalité toutes les Premières Nations qui jouissent des mêmes droits inhérents.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité de me permettre d'intervenir au nom de ma collègue. Je suis heureux de revoir les membres du Comité.
Je remercie les témoins du temps qu'ils nous ont consacré aujourd'hui et de leur contribution à cette étude.
Monsieur Barnes, nous sommes heureux de vous accueillir dans notre coin de pays. Vous entendre parler de votre nation m'a ramené à l'été, lorsque j'ai descendu en pagayant le cours de la Kispiox et de la Skeena, établissant des liens avec les pêcheurs gitxsans qui exploitent des sites de pêche familiaux utilisés depuis des milliers d'années et réfléchissant au lien profond avec la rivière et le lieu.
Vous avez parlé, et M. Chamberlin aussi, de la reconnaissance du droit autochtone et de la reconnaissance de la gestion autochtone dans la loi. Ce sont des choses vraiment importantes dont nous devons discuter dans le contexte de ces éventuels changements législatifs.
Ma première question porte sur les obstacles que vous voyez à la mise en œuvre de la pluralité juridique. Comme vous le savez, puisque vous venez du bassin hydrographique de la Skeena, les questions relatives aux poissons sont très contestées, et il y a une large part de la société qui sent un lien avec le poisson et le lieu. Nous sommes souvent confrontés à des tensions entre des perspectives différentes, des visions du monde différentes, des valeurs différentes. Quels sont les obstacles actuels à la mise en œuvre de la pluralité juridique dont vous avez parlé au Comité aujourd'hui?
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Puis‑je intervenir? J'ai une réflexion à vous livrer.
Voici comment je vois les choses. À mon avis, la Loi sur les pêches est la fondation d'une maison. Le plan de gestion intégrée des pêches est peut-être un mur ou une pièce. La Politique d'allocation de saumon est sous les combles. Si la fondation est déficiente, que devient le reste? Si nous voulons faire un usage stratégique des fonds publics, de notre temps et de notre énergie, connaissant les tensions à surmonter pour en arriver à une solution, nous devons commencer par la Loi sur les pêches.
Stu Barnes a parlé du plan de gestion intégrée des pêches. On demande aux titulaires de droits des Premières Nations de discuter avec les titulaires de permis et de faire des compromis, mais ces pêcheurs n'ont la possibilité de pêcher qu'au gré du régime de permis du ministre. Nous ne pouvons pas nous contenter de prétendre qu'il s'agit de relations de gouvernement à gouvernement. Nous devons trouver le bon cadre pour accomplir ce genre de travail.
À propos de ressources, nous ne sommes pas ici pour essayer de maximiser les budgets et de presser le citron. Nous voulons le niveau approprié de ressources pour faire le travail nécessaire. Stu Barnes a évoqué les protocoles historiques entre nations et de nation à nation. Ces discussions sont en cours aujourd'hui. Voilà ce que nous devons comprendre. Nous devons comprendre que le Canada a nui aux relations entre les nations. Nous avons besoin de temps et de ressources pour revoir et concevoir différemment ce qu'elles seront, les mettre au point entre nous et ensuite discuter avec le gouvernement des modalités de mise en œuvre.
Il y aura un peu de travail, pourrait‑on dire, à cause de l'interdépendance des Premières Nations dans le dossier du saumon. Je ne parle que du saumon, parce que cela touche toute la province. C'est là que je vois des possibilités.
Cela fait également ressortir les engagements plus généraux de la Couronne fédérale en matière de réconciliation. Lorsqu'on discute et que l'on conclut une entente pour quelque industrie ou projet que ce soit et qu'on est en présence de points de vue divergents au sein d'une Première Nation, qu'il s'agisse de chefs héréditaires ou de représentants élus, c'est là le travail à faire. Il s'agit de la mise en place de la gouvernance par les Premières Nations et pour les Premières Nations, ce qui permet une plus grande certitude pour aller de l'avant.
Il faudra des ressources. Croyez-moi, ce n'est pas un travail facile. Nous l'avons fait à l'interne pendant six ans. C'était tendu. C'était incroyablement compliqué et nous n'avons pas atteint l'objectif. Cela, au bout de cinq ou six ans de travail. Nous n'avons pas les ressources nécessaires pour continuer. Voilà ce qui se passe en Colombie-Britannique.
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La souplesse prévue dans la loi quant aux dispositions relatives aux stocks de poisson, y compris le pouvoir discrétionnaire du ministre, est cruciale.
Il est très difficile de prévoir ce qui arrivera et ce que la nature fera à l'avenir. Le crabe à Terre-Neuve-et-Labrador a atteint un creux au milieu de 2015 ou 2014, et il se rétablit maintenant. Nous n'aurions pas pu le prévoir. Nous avons traversé une phase plus froide dans le régime de réchauffement général.
La loi est adaptée dans la mesure où nous avons une marge de manœuvre à l'égard du pouvoir discrétionnaire du ministre et que nous disposons de suffisamment de données scientifiques pour mesurer les résultats au fur et à mesure. C'est un peu comme tâtonner dans le noir. J'enseigne la politique et la durabilité des pêches au niveau des études supérieures, et je dis aux étudiants qu'il est facile de compter les poissons, sauf qu'ils se déplacent et qu'on ne peut pas les voir. Il faut faire le travail scientifique annuel, le travail d'évaluation continue, pour comprendre le comportement de la ressource. À mesure que le climat change, nous devons nous assurer de faire ce travail annuel. Si nous ratons des années, nous finirons par connaître le même sort que l'Alaska. On y a raté une année de relevés, et lorsque les scientifiques ont vérifié de nouveau, le crabe des neiges avait littéralement disparu.
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La Loi sur les pêches doit créer l'espace voulu pour gérer chacun des facteurs de stress qui touchent le saumon. Les pinnipèdes en sont un et les piscicultures en sont un autre, tout comme les pratiques d'exploitation forestière, les mines, le pétrole et le gaz, le réchauffement de la planète, la disponibilité de la nourriture, les inondations, les feux de forêt — tout cela.
Nous devons commencer à approfondir et à comprendre chacune des répercussions de ces facteurs de stress particuliers et trouver une solution pour chacun. Ce que je souhaite, c'est la création d'un fonds de plusieurs milliards de dollars pour rétablir le saumon dans toute la province afin que chaque bassin hydrographique ait droit aux mesures dont il a besoin, au lieu de prétendre que l'ISSP va faire quelque chose à cet égard, car il a été démontré que cette initiative ne l'a pas fait. Si nous investissons dans la restauration du saumon et de son habitat et que nous ne nous attaquons pas à tous les facteurs de stress, la possibilité qu'on jette de l'huile sur le feu est bien réelle.
Il ne fait aucun doute que les pinnipèdes sont un facteur de stress. J'ai des amis sur le Fraser qui m'invitent à venir sur leur bateau pour voir les pinnipèdes dévorer les saumons juvéniles et les saumons adultes à leur retour. C'est certainement un facteur de stress, mais nous devons réfléchir davantage à la combinaison de différents facteurs de stress et à la façon dont ils interagissent les uns avec les autres. Nous pourrons ensuite commencer à parler de science et de durabilité, comme Derek Butler l'a dit à quelques reprises.
Je tiens à remercier tous ceux qui sont là pour le dernier rapport. Vous avez jeté un coup d'œil au Secrétariat canadien des avis scientifiques, dont le pseudo-objectif est l'« influence de l'industrie sur la science », ce qui ne sert pas les Canadiens. Vos recommandations étaient judicieuses. Nous avons besoin d'une science indépendante. Nous avons besoin de données scientifiques qui ne seront pas détournées par une industrie qui profitera des résultats, qu'il s'agisse de pinnipèdes, de pisciculture ou d'exploitation forestière.
L'une des choses dont je m'occupe en Colombie-Britannique depuis un certain nombre d'années, c'est l'initiative sur l'avenir des bassins hydrographiques de l'Université Simon Fraser, qui examine les effets cumulatifs du saumon sur les bassins hydrographiques. Il y a du travail qui se fait à l'Université de la Colombie-Britannique et à la Fondation du saumon du Pacifique. Le First Nations Fisheries Council fait un travail incroyable sur l'eau. Où est l'occasion de réunir tous ceux qui ont de l'information pour que nous puissions commencer à comprendre ce que font chaque personne et chaque organisation et comment cela cadre avec ce que nous devons faire pour reconstituer les stocks de saumon de façon très holistique? Une fois cela fait, nous pouvons discuter et examiner des choses comme la Politique concernant le saumon sauvage et les unités de conservation et commencer à trouver une façon stratégique d'utiliser les fonds publics pour atteindre l'objectif. À l'heure actuelle, cette occasion n'est pas là, et je pense que les Canadiens méritent mieux. Le saumon sauvage mérite certainement plus, mais il faudra des ressources pour réunir tout le monde afin d'en arriver à une compréhension qui nous permettra de bâtir ce qu'il faut pour les générations futures.
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Nous y reviendrons dans un instant. J'ai toute une série de questions à poser.
Soit dit en passant, vous avez parlé de la coordination de tous les organismes et de toutes les organisations et vous avez dit que chacun fait de petites choses et que personne ne sait ce qui est laissé de côté ni où il y a des chevauchements inutiles. C'est un autre débat que nous tiendrons une autre fois.
Parlons des permis commerciaux. Nous travaillons avec les communautés le long des côtes et avec les organisations environnementales. Une chose me préoccupe, et je me demande s'il doit en être tenu compte correctement dans la loi. Certaines communautés ont l'habitude d'obtenir un permis de pêche commerciale et, au lieu d'envoyer du monde pêcher, louent ce permis. Il devient une sorte de centre de profit, et nous savons ce qui se passe sur la côte Ouest avec la location de permis et de quotas.
Souhaitez-vous que ce régime soit modifié?
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J'invite tout le monde à revenir à la table pour entendre le deuxième groupe de témoins.
De Nova Scotia Power, nous accueillons M. Peter Gregg, président et chef de la direction, et de Hydroélectricité Canada, Lorena Patterson, présidente-directrice générale, et Gilbert Bennett, conseiller principal. Gilbert Bennett est bien connu à Terre-Neuve-et-Labrador.
Merci d'avoir pris le temps de comparaître. Chaque organisation disposera d'un maximum de cinq minutes pour faire sa déclaration liminaire.
Monsieur Gregg, vous avez la parole.
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Merci beaucoup à vous, monsieur le président, et aux membres du Comité, de me donner l'occasion de m'adresser à vous.
Comme le président l'a dit, je m'appelle Peter Gregg et je suis président et chef de la direction de Nova Scotia Power. Mon objectif aujourd'hui est de vous donner mon point de vue sur la façon dont la loi s'applique à nos centrales hydroélectriques sur le terrain et de proposer des moyens d'améliorer la mise en œuvre au niveau régional en Nouvelle-Écosse.
Chez Nova Scotia Power, nous attachons une grande valeur au travail important accompli par le Comité et au rôle essentiel que joue la Loi sur les pêches dans la protection des écosystèmes aquatiques. La Nova Scotia Power exploite 16 réseaux hydroélectriques dans la province depuis plus de 50 ans, fournissant de l'énergie renouvelable et réduisant la dépendance aux combustibles fossiles. Ces systèmes sont essentiels à l'atteinte des objectifs climatiques provinciaux et fédéraux, y compris l'élimination progressive du charbon d'ici 2030 et l'atteinte de la carboneutralité d'ici 2050.
Notre relation avec le ministère des Pêches et des Océans existe depuis longtemps. Elle remonte aux années 1920 et comprend une vaste collaboration pour l'aménagement et la modification des passes à poissons, particulièrement dans les années 1970 et 1980. Au fil des ans, nous avons adopté une approche d'amélioration constante de l'exploitation et de la mise à niveau de ces installations. Par exemple, nous avons consenti d'importants investissements pour nous conformer aux normes modernes de sécurité des barrages dans le cadre du programme canadien de sécurité des barrages, tout en tenant compte des considérations environnementales et de l'abordabilité de l'électricité pour les Néo-Écossais. Nos réseaux hydroélectriques ne font pas seulement partie de l'histoire de la Nova Scotia Power; ils sont aussi essentiels à notre avenir. Cependant, atteindre ces objectifs coûtera cher, et la tâche sera complexe.
Nous voyons trois grandes difficultés dans la façon dont la Loi sur les pêches est actuellement appliquée.
Premièrement, l'accent mis par la loi sur les poissons pris individuellement plutôt que sur les populations a donné lieu à l'exigence d'autorisations au titre de la Loi sur les pêches, les ALP, qui coûtent cher et demandent beaucoup de temps pour presque tous les travaux liés à l'hydroélectricité. Par exemple, un rabattement de durée relativement brève pour l'entretien exige une ALP qui ajoute des coûts de 300 000 $ pour les travaux compensatoires.
Deuxièmement, le processus de l'ALP est long et imprévisible. Un projet de remise à neuf de barrage soumis en 2020 est toujours en attente d'approbation. Les exigences supplémentaires en attendant cette approbation ont fait augmenter les coûts de 4,1 millions de dollars et ont retardé des travaux essentiels pour la sécurité.
Troisièmement, des interprétations régionales incohérentes de la loi ont entraîné d'importantes difficultés opérationnelles, notamment de nouvelles études environnementales, des mises à niveau coûteuses et des retards liés à la réglementation. Ces coûts finissent par être assumés par les Néo-Écossais et nos clients, qui doivent déjà assumer des coûts élevés de transition énergétique.
Pour régler ces problèmes, nous recommandons de recentrer la loi afin de protéger les populations de poissons plutôt que les poissons pris individuellement, et de réserver les ALP aux activités à risque élevé. Le travail courant à faible risque doit être géré au moyen de processus simplifiés, comme des codes de pratique ou des lettres d'avis. Nous vous exhortons également à faire preuve d'une clémence raisonnable à l'égard des droits acquis des anciens systèmes qui n'ont pas été conçus en fonction de règlements modernes. Enfin, il faudrait prévoir une certaine souplesse dans les politiques de compensation pour les installations plus anciennes qui ont déjà fait l'objet d'améliorations importantes.
Nova Scotia Power demeure déterminée à réduire l'impact environnemental de ses activités et à soutenir la transition vers l'énergie propre. Grâce à ces rajustements, je crois que nous pouvons trouver le juste équilibre entre la protection des populations de poissons, le maintien de la sécurité publique, l'avancement des objectifs de décarbonisation et le maintien d'une offre d'électricité aussi abordable que possible pour la population de la Nouvelle-Écosse.
Merci. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant le Comité pour son examen de la Loi sur les pêches.
L'application et l'interprétation de la Loi sur les pêches ont eu de graves répercussions sur la formidable pile à l'eau bleue du Canada, c'est‑à‑dire l'hydroélectricité. Ce qui pourrait être essentiellement un service gratuit, qui alimente actuellement plus de 60 % de notre réseau national, doit maintenant refiler aux contribuables le coût important de la surveillance et de la mise en œuvre de mesures visant à protéger chaque poisson contre la présence de ses turbines. Bien que l'intention de protéger chaque poisson soit noble, cette tâche a pour effet d'augmenter les tarifs pour les Canadiens qui dépendent de l'hydroélectricité pour alimenter leurs maisons et leurs entreprises et de mobiliser des capitaux qui, autrement, seraient utilisés pour de nouveaux projets.
L'article 34.4 de la Loi sur les pêches est ainsi libellé:
Il est interdit d’exploiter un ouvrage ou une entreprise ou d’exercer une activité entraînant la mort du poisson, sauf celle de la pêche.
Sauf si:
l’exploitation de l’ouvrage ou de l’entreprise ou l’exercice de l’activité est autorisé par le ministre et est conforme aux conditions que celui‑ci fixe;
C'est assez strict.
Depuis l'adoption de la loi de 2019, il n'y a eu aucune directive supplémentaire du MPO concernant l'application de l'article 34.4. Les fonctionnaires du MPO ne sont pas tenus de tenir compte du critère du caractère raisonnable lorsqu'ils déterminent si une demande satisfait à la norme de diligence. En l'absence de lignes directrices claires, les promoteurs ont également du mal à déterminer si la norme de diligence a été respectée. De plus, des interprétations variables de l'article ont entraîné une application incohérente des normes à l'échelle nationale.
Les membres d'Hydroélectricité Canada recherchent la clarté et l'orientation qui peuvent être respectées dans un délai raisonnable et à un coût raisonnable. Cela protégera les contribuables et aidera à rétablir la confiance dans le cadre d'investissement au Canada.
Voici une analogie: dans le parc national Banff, le ministère des Pêches et de la Faune a installé des ponts pour la faune au‑dessus des routes et des clôtures à l'orée des forêts afin de réduire au mieux l'impact des véhicules qui frappent les animaux dans le parc. Malgré tout, il arrive à l'occasion qu'un animal se retrouve dans la circulation, bien entendu, mais le tourisme est tout de même autorisé. Bien que chaque perte d'un animal soit tragique, elle est jugée acceptable par rapport à l'importance du tourisme et du transport pour l'économie canadienne, surtout si on tient compte du fait que ces populations animales ne sont pas en danger. Ce qu'on impose aux producteurs d'hydroélectricité, c'est l'équivalent de demander à Parcs Canada de déclarer et de remplacer, parfois selon un ratio de deux pour un, chaque tamia, écureuil ou cerf qui se retrouve dans la trajectoire d'un véhicule. Et s'il ne le faisait pas, il s'exposerait à ce qu'on ferme la route.
Ce n'est pas qu'un simple irritant pour les demandeurs. La surveillance supplémentaire de chaque poisson et l'installation de mesures d'atténuation peuvent coûter aux exploitants des millions de dollars — comme nous venons de l'entendre — pour chacune de leurs installations hydroélectriques, mais cela ne sert à rien, puisque les poissons de la zone ne sont pas en péril ou que les pertes ont été atténuées ailleurs. Ces coûts sont assumés par nous tous ici présents parce que les services publics les refilent aux contribuables.
Si on tient compte des coûts cumulatifs d'environ 700 centrales hydroélectriques au Canada, cela représente des milliards de dollars que les Canadiens doivent payer. Les contribuables, c'est nous, mais aussi les investisseurs potentiels, qui se laissent facilement convaincre d'aller ailleurs lorsque les coûts de l'électricité sont trop élevés. Les producteurs d'électricité eux-mêmes peuvent choisir de renoncer au processus long et incertain consistant à demander une autorisation en vertu de la Loi sur les pêches, préférant se tourner vers d'autres sources d'énergie qui sont moins respectueuses de l'environnement, mais sans incidence sur un plan d'eau.
Il y a un autre aspect de cette loi que nous vous invitons à considérer. En règle générale, il faut confier l'application de la réglementation et la délivrance de permis à une tierce partie, habituellement un organisme de réglementation indépendant ou, à tout le moins, un bureau de gestion de projet. Autrement, si les responsables de l'application de la loi relèvent de ceux qui établissent la politique, on pourrait craindre une influence indue du gouvernement en place et une certaine partialité. Nous avons effectivement vu des fonctionnaires pousser la politique à l'extrême. Les promoteurs n'ont pas de mécanisme indépendant pour empêcher le cycle interminable des demandes et renouvellements de demandes auquel certains de nos membres sont actuellement confrontés. Certains d'entre eux hésitent à faire part de leurs préoccupations au ministère par crainte de représailles.
En résumé, nous demandons que les définitions de « poisson » et de « pêche » portent de nouveau, comme au départ, sur les pêches et l'habitat du poisson et non sur le poisson pris individuellement; que le coût pour les contribuables de la surveillance, des mesures d'atténuation et des retards dans l'examen des demandes soit pris en compte dans les évaluations du MPO; et qu'on songe à mettre en place une entité indépendante qui serait responsable de ces demandes.
Le gouvernement du Canada n'a pas besoin de microgérer chaque détail d'un projet ou d'une installation pour assurer la conformité. En effet, si nos recommandations sont suivies, nous aurons de meilleures chances d'atteindre les objectifs climatiques du Canada tout en veillant à ce que les Canadiens aient accès au réseau d'énergie le moins coûteux et le plus fiable possible.
Merci. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Certainement. J'ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, et c'est probablement le meilleur exemple, que nous attendons depuis quatre ans l'approbation d'une autorisation au titre de la Loi sur les pêches. Cela ajoute un coût important au système. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que notre système de barrages soit sûr et conforme, mais il y a du travail à faire sur ces barrages. Je crains que si cela prend trop de temps, nous finissions par prendre trop de risques.
Je pense qu'il est également important de mentionner que la Nouvelle-Écosse doit cesser de produire du charbon d'ici 2030 et qu'elle doit compter sur 80 % d'énergie renouvelable à la même date. Pour nous, le parc hydroélectrique est essentiel afin d'atteindre cet objectif. Nous n'avons pas la chance de disposer de vastes ressources hydroélectriques comme le Québec, le Manitoba et la Colombie-Britannique, mais nous avons 16 centrales hydroélectriques dans toute la province qui sont essentielles pour répondre à ces besoins d'ici 2030. Il est également possible que de nouvelles exigences soient imposées en matière de carboneutralité d'ici à 2035.
Des travaux doivent être réalisés pour s'assurer que ces systèmes sont disponibles. Comme je l'ai dit, ils ont entre 50 et 100 ans et nécessitent un entretien constant. Ce que nous recherchons, ce sont des délais prévisibles, des solutions pratiques et une approche de la réglementation fondée sur les risques.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les témoins, je vous remercie de votre présence aujourd'hui et de vos déclarations préliminaires.
J'aimerais d'abord m'adresser à M. Gregg. D'abord et avant tout, merci d'être ici. Nous avons eu de nombreuses discussions à ce sujet.
Il est dans l'intérêt de Nova Scotia Power d'avoir une population de poissons en bonne santé. Je pense que nous devons le dire catégoriquement. Je souhaite examiner cette question sous l'angle d'une étude de cas. Vous n'êtes pas obligé de mentionner le nom d'un projet en particulier, mais compte tenu de vos recommandations et des points de contact qui vous posent problème, je me demande si vous pouvez prendre un peu de temps — et une partie du problème est que nous n'avons que six minutes — pour passer rapidement en revue une étude de cas d'un projet en particulier. Quels sont les points de contact et en quoi ces recommandations intégrées aideraient-elles?
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Merci, monsieur Kelloway, pour les discussions que nous avons eues en cours de route.
La meilleure façon de le faire, sans parler d'un projet particulier, est de le décrire de manière générale. Dans le cadre de nos travaux courants, il arrive que nous cherchions à effectuer une vidange d'entretien d'une retenue d'amont pour des raisons de sécurité ou que nous devions apporter des améliorations à un barrage à des fins de sécurité. Auparavant, nous avions besoin d'un code de pratique pour que ces travaux puissent se faire dans le cadre d'une lettre d'avis. C'est ainsi que l'on procédait autrefois, et cela fonctionnait bien. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les fonctionnaires régionaux du MPO, qui comprenaient les exigences opérationnelles de notre activité, et nous avons cherché à obtenir des lettres d'avis ou une autorisation accélérée de la Loi sur les pêches. Cependant, aujourd'hui, chaque fois que nous envisageons d'effectuer ce type de travaux relativement mineurs, il faut obtenir une autorisation de la Loi sur les pêches, et ce pour chacun d'entre eux. En conséquence, il y a un arriéré au MPO qui entraîne des retards massifs qui peuvent s'étendre sur plusieurs années.
Nous voulons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger les populations de poissons, comme vous l'avez dit, mais nous savons que nous devons nettoyer notre réseau et qu'un climat plus sain est bon pour les populations de poissons. Nous essayons d'équilibrer tout cela. Nous recherchons simplement une approche prévisible, une approche axée sur le risque et une application cohérente des règles.
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Merci, monsieur le président.
Je vais vous parler de quelque chose qui se fait chez nous, au Québec. Vous allez me dire que je fais encore du chauvinisme, mais c'est comme ça.
Hydro-Québec a une stratégie en faveur de la biodiversité au Québec. C'est quand même important. Le but de cette stratégie, qui a été établie pour la période de 2022 à 2026, est d'encadrer l'exercice de remise à niveau des installations à venir ainsi que des nouveaux développements en hydro-électricité de manière à ce que la protection de la biodiversité soit toujours prise en considération.
Selon le plan élaboré, des scientifiques font des études sur le comportement de certaines espèces, par exemple l'anguille. Ils étudient le comportement au préalable. Ensuite, après la mise en place d'installations, ils font des observations. Certains groupes sont altérés par les installations. En fait, c'est leur comportement qui est altéré, et non leur développement. Autrement dit, ils vont s'ajuster, se déplacer et aller ailleurs. Quand ce n'est pas le cas, on les y dirige. Je vous fais un résumé simple, mais c'est plus compliqué, en réalité. Cela fait partie de la stratégie.
Chez nous, Hydro-Québec est une société d'État. L'électricité est donc nationalisée. Pour votre part, vous représentez des centrales électriques privées, n'est-ce pas?
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Je ne pense pas que vous rêviez. Il existe 700 centrales hydroélectriques au Canada. Il serait utile qu'il y ait consensus sur les priorités de chacune d'entre elles. Quelles sont les populations importantes pour les communautés, qu'il s'agisse de la pêche autochtone, récréative ou commerciale? Quelles sont les espèces importantes? Quelle est la viabilité de la population? Est-elle menacée? A‑t‑elle besoin de mesures de soutien? Des mesures d'atténuation sont-elles nécessaires pour cette population particulière? Des améliorations sont-elles nécessaires, ou existe‑t‑il des situations où tout va bien?
Cette conversation n'a plus lieu d'être parce que le ministère affirme que la loi interdit de tuer un poisson. Nous ne pouvons même pas aborder cette question. Les exploitants ne savent pas quelles sont les priorités pour chacune de ces centrales ni ce qu'on attend d'une nouvelle centrale. Dans le cas d'une nouvelle centrale, la conversation est parfois plus facile, parce que l'on passe par le processus d'évaluation environnementale et que l'on recueille beaucoup de données, beaucoup d'informations et beaucoup de retours d'information. Ces priorités font l'objet de discussions, mais pour les 700 centrales, dont certaines existent depuis plus d'un siècle, l'industrie n'a pas de directives sur ce qu'on attend d'elle.
Je suis d'accord pour dire qu'un plan global comme celui d'Hydro-Québec serait un point de discussion important. Nous devons ensuite le faire valider afin de pouvoir poursuivre le travail.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins.
C'est une conversation intéressante. Je viens de la Colombie‑Britannique. Nous sommes de grands producteurs d'hydroélectricité. Cette question n'a pas été soulevée à ce que je sache, mais nos producteurs sont majoritairement du secteur public, d'où un scénario différent.
Je m'intéresse beaucoup à la distinction que vous faites entre les pêcheries et les populations de poissons et à l'idée de mettre l'accent sur les pêches et l'habitat plutôt que sur les poissons proprement dits. Je vois certainement la frustration qui existe et je crois la comprendre.
L'obtention de permis de pêche est un défi pour de nombreuses industries, et il ne manque pas de complexité à certains égards, mais cette discussion a lieu dans le contexte où le gouvernement fédéral a un bilan assez inégal en matière de gestion des populations de poissons et des pêcheries. Si vous regardez l'histoire des 100 dernières années et le nombre d'espèces qui ont été complètement décimées ou gravement réduites, le bilan de la gestion durable des pêches n'est vraiment pas fameux. Il y a des exceptions à la règle, bien sûr, mais là où je vis, de nombreux stocks sauvages n'en sont qu'à 10 % de leur abondance historique.
En utilisant la métaphore de la route qui traverse Banff — qui est une bonne analogie, à mon avis —, nous avons aussi de graves problèmes lorsqu'il s'agit, dans ma région, de la mortalité des orignaux sur les routes et le long de la voie ferrée. À quel moment les problèmes touchant les poissons comme tels prennent-ils assez d'envergure pour affecter des populations entières? Je suppose que c'est là la question.
Comment pouvons-nous faire face à une situation où nous n'avons pas suffisamment d'évaluations, de données scientifiques et d'effectifs sur le terrain en ce qui concerne la surveillance des pêches? Comment pouvons-nous passer d'une approche réglementaire qui semble actuellement très prudente à une approche plus conviviale pour les entreprises? Comment pouvons-nous y arriver sans mieux gérer ces populations, ces pêches? Comment bâtir la confiance du public à cet égard? Lorsque le public examine la situation, du moins dans mon coin de pays, il ne pense pas que le gouvernement fédéral soit un bon gestionnaire des populations de poissons. Il n'y a que là‑dessus que les gens s'entendent.
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Le régime de réglementation actuel ne fonctionne pas pour de nombreuses industries, et vous avez probablement entendu quelques groupes du secteur hydroélectrique ici, au Comité.
Le premier point, c'est que vous pouvez examiner une population dans n'importe quel réseau hydrographique et commencer à déterminer si vous croyez que cette population est viable ou s'il faut des travaux supplémentaires. Je conviens qu'en Colombie‑Britannique, le saumon est une question très importante et qu'il y a des défis à relever.
Il serait tout à fait essentiel de commencer par là, mais il est possible d'établir des liens semblables dans n'importe quel réseau hydrographique. Quelles sont les populations importantes? Quel est le degré de pérennité de telle ou telle population? Est‑il inférieur à la cible? Est‑il au‑dessus de la cible? Ces questions ne sont pas faciles non plus, j'en conviens, mais elles font partie d'une gestion plus simple que le dénombrement quotidien des poissons qui pourraient avoir de la difficulté à passer par une centrale hydroélectrique. Le degré de précision qu'exige le régime de réglementation actuel ne fonctionne pas non plus.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous d'être ici. Votre témoignage est très intéressant.
Je vais commencer par Mme Patterson.
La semaine dernière, Électricité Canada nous a dit que, d'une part, le gouvernement actuel a rendu obligatoire et favorisé l'électrification et l'augmentation de la demande d'électricité, et que, d'autre part, il a fait en sorte qu'il soit plus difficile et plus lent d'autoriser et de construire des ouvrages hydroélectriques.
Est‑ce que ça résume la situation assez bien, et voulez-vous ajouter quelque chose brièvement?
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Merci, monsieur le président.
J'ai une question, puis je céderai mon temps à M. Cormier. Ma question s'adresse à Mme Patterson.
Vous avez parlé de clarté à maintes reprises. Je vous demanderais de fournir au Comité des exemples de clarté que vous recommanderiez, parce que ce processus consiste à formuler des recommandations de changement. Sans entrer dans les détails, puisque le temps est limité, pourriez-vous nous donner des précisions sur, disons, cinq domaines où, selon vous, la clarté faciliterait la définition?
Je n'avais pas de questions aujourd'hui, mais compte tenu de la discussion... Vous êtes tous des experts en électricité.
Monsieur Gregg, je viens du nord-est du Nouveau‑Brunswick. Vous savez probablement que la centrale de Belledune, une centrale au charbon, doit être éliminée progressivement d'ici 2030. En ce qui concerne la Loi sur les pêches, nous essayons de trouver un carburant de remplacement, comme vous le savez. C'est essentiel. Disons que nous trouvons quelque chose — l'hydroélectricité, par exemple — et que nous le remplaçons. Nous aurons certainement besoin d'une évaluation environnementale et de tout ce que vous venez de dire.
Est‑il réaliste de penser que, d'ici 2030, avec tout ce qu'on doit faire en vertu de la loi, nous aurons une nouvelle centrale avec une nouvelle forme de production de l'électricité si nous entamons le processus, disons, demain? Est‑il réaliste de penser qu'avec toutes les exigences, nous pourrons y arriver?
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Cela dépend, monsieur Cormier, du type d'installation, mais le temps presse pour y arriver d'ici 2030.
Je vais vous donner le point de vue de la Nouvelle‑Écosse, où nous avons tendance à produire l'électricité en remplaçant le charbon principalement par l'énergie éolienne terrestre. Nous ajouterons encore 1 000 mégawatts — peut-être un peu plus — de cette nouvelle énergie, et la province les achètera par tranches d'ici 2029.
En ce qui concerne les parcs éoliens, je crois qu'il y a suffisamment de temps pour permettre cette transition d'ici 2030. Nous installons également des batteries à l'échelle du réseau pour permettre une plus grande pénétration de l'énergie éolienne. Nous travaillons activement à la réalisation de ces projets.
Si vous voulez commencer à construire une nouvelle centrale hydroélectrique, vous n'avez pas assez de temps pour le faire. J'ai entendu M. Bennett dire qu'il réussirait à faire approuver une centrale nucléaire plus rapidement qu'une centrale hydroélectrique, alors faire approuver une centrale hydroélectrique avant 2030... Je ne pense même pas que ce serait approuvé, encore moins construit.
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Merci, monsieur le président.
En vous écoutant répondre aux autres questions, je me disais que votre demande était assez claire, et je le dis sans jeu de mots: nous avons vraiment bien saisi qu'il vous fallait plus de clarté et que cela devait passer par une stratégie nationale de protection de la biodiversité. On peut probablement insérer cela dans la Loi sur les pêches, mais je me demande si cela ne dépasse pas un peu les compétences de cette loi. Cela dit, dans les faits, il faut bien commencer quelque part.
Il faudrait donc permettre de la prévisibilité, et ce, au moyen d'une stratégie claire et de normes claires qui peuvent être appliquées à différentes zones, selon les différentes espèces et leur danger d'extinction. Il y aurait des démarches claires à faire en fonction de ces réalités. Vous auriez là une base sur laquelle vous appuyer pour déposer vos projets. Vous auriez de la prévisibilité pour l'avenir. Cela vous permettrait d'obtenir des outils et des avis scientifiques. Vous pourriez même contribuer à la compréhension de la protection de la biodiversité.
Est-ce une recommandation que vous voulez que nous soumettions dans le cadre de notre étude?
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Merci, monsieur le président.
J'ai été frappé par ce que je crois que Mme Patterson a dit au sujet du manque de clarté de la part de l'organisme de réglementation, du ministère, en ce qui concerne les permis. On dirait presque qu'il y a deux questions différentes. Il s'agit de la structure de la loi, d'une part, et de l'autre, de la façon dont le ministère l'interprète et l'applique sur le terrain lorsqu'il travaille avec les demandeurs et diverses industries.
Je peux comprendre à quel point c'est frustrant pour un exploitant qui veut simplement qu'on lui dise exactement quoi faire dans un délai relativement raisonnable afin de pouvoir exécuter les travaux conformément au cahier de charges. J'ai entendu la même chose dans d'autres contextes également.
Je me demande si le problème n'est pas le manque de ressources. L'industrie minière se plaint souvent de la lenteur du processus de délivrance des permis, et cela nous ramène aux ressources investies dans l'examen des demandes de permis. Si plus de ressources étaient investies dans ce travail, obtiendrait‑on des résultats plus rapidement? Je ne sais pas si cela règle nécessairement la question de la clarté, et c'est l'autre partie de la question. Que faut‑il pour que le ministère ou l'organisme de réglementation puisse préciser clairement et dans tous les détails ce qu'il faut faire pour respecter les exigences de la loi?