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Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter notre rapport de l'automne 2017 sur le Collège militaire royal du Canada.
Le Collège militaire royal du Canada est une université financée par le gouvernement fédéral. Même si d'autres universités peuvent proposer les études de premier cycle que les officiers doivent suivre, seul le Collège militaire royal du Canada a le mandat de donner ces cours dans un contexte militaire en insistant sur le leadership, la déontologie et l'entraînement militaires.
L'objectif de notre audit était double. D'abord, il visait à déterminer si le Collège militaire royal du Canada avait formé, à un coût raisonnable, les officiers de qualité dont les Forces armées canadiennes avaient besoin. Il visait aussi à déterminer si la Défense nationale avait veillé à la bonne conduite des élèves-officiers et de son personnel au Collège.
[Traduction]
Nous avons conclu que le Collège militaire royal du Canada n'avait pas pu démontrer qu'il formait des officiers à un coût raisonnable. Nous avons aussi conclu qu'il y avait des faiblesses dans l'instruction militaire dispensée au collège. Le collège met plus l'accent sur les études universitaires que sur l'instruction militaire.
Nous avons constaté que le collège avait offert de bons programmes d'études universitaires, mais que le coût de fonctionnement par étudiant de cet enseignement était le plus haut au Canada, soit presque deux fois plus haut que le coût moyen par étudiant dans une université de même taille. Divers facteurs ont fait augmenter les coûts par étudiant, dont le nombre de programmes dispensés, les salaires des membres du personnel militaire non enseignant, et le très faible ratio entre étudiants et enseignants. Nous avons aussi constaté qu'il était presque deux fois plus cher d'instruire et de préparer les élèves-officiers au Collège militaire royal du Canada qu'avec les autres programmes d'enrôlement des officiers.
Cela est lié en partie aux normes plus élevées que les diplômés du collège doivent respecter. Toutefois, la Défense nationale n'a pas pu démontrer que ces normes permettaient de former des officiers plus efficaces que ceux formés au moyen d'autres programmes d'enrôlement.
De plus, nous avons constaté que la structure de gouvernance du Collège militaire royal du Canada souffrait des conflits entre les visions éducative et militaire et de la confusion qu'ils semaient, et qu'il n'y avait aucun mécanisme clair pour intégrer les objectifs éducatifs et militaires.
Enfin, nous avons constaté que le collège n'enseignait pas bien le leadership militaire ni la conduite attendue des futurs officiers. Le collège se fonde sur la collaboration des instructeurs militaires, des enseignants et des élèves-officiers supérieurs qui, ensemble, font appliquer les règles, enseignent les aptitudes au leadership et donnent le sens de l'éthique militaire. Nous avons constaté que le personnel militaire n'avait pas toujours les compétences et l'expérience pour former et guider les élèves-officiers, et que le milieu universitaire du collège n'a pas toujours favorisé l'enseignement de la discipline et des valeurs militaires. Même si le collège est intervenu dans les cas de mauvaise conduite grave, le nombre d'incidents impliquant des élèves-officiers supérieurs montre que le collège ne les avait pas préparés à être des modèles pour leurs pairs.
[Français]
Pendant la période d'audit, la Défense nationale a mené sa propre évaluation de la culture et du milieu d'instruction au Collège militaire royal du Canada. Nous avons constaté que bien des observations de l'évaluation étaient pertinentes et nous les avons signalées dans notre rapport. Cependant, nous sommes d'avis que l'incidence de cette évaluation sera sans doute limitée, car plus de la moitié de ses 79 recommandations invitaient à un examen plus poussé, sans recommander de mesures concrètes.
Nous avons fait six recommandations pour diminuer les coûts de fonctionnement, améliorer la gouvernance et renforcer l'instruction militaire. La Défense nationale a indiqué qu'elle donnerait suite à chacune d'elles.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Je vous remercie.
Bon après-midi, et merci, monsieur le président, de m'avoir invité à m'adresser à vous et aux membres du Comité au sujet du sixième rapport du vérificateur général sur le Collège militaire royal du Canada.
[Français]
J'ai le plaisir d'être accompagnée du commandant de l'Académie canadienne de la Défense, le contre-amiral Luc Cassivi.
[Traduction]
L'amiral Cassivi est un diplômé du Collège militaire royal.
L'Académie canadienne de la Défense est le quartier général qui veille à assurer aux Forces armées canadiennes une formation professionnelle militaire cohérente et intégrée. Cette fonction comprend la supervision non seulement du CMR, mais également du CMR Saint-Jean, du Collège des Forces canadiennes et de l'Institut de la profession des armes Adjudant-chef Robert-Osside, qui se consacre à la formation militaire professionnelle des militaires du rang.
Le contre-amiral Cassivi relève directement du chef d'état-major de la Défense. J'ai tout lieu de croire qu'il apportera les changements nécessaires pour garantir que le CMR produise, de la meilleure façon possible, les meilleurs officiers possibles pour les Forces armées.
Sur cette note, permettez-moi de remercier le vérificateur général du travail réalisé par son bureau pour produire ce rapport.
[Français]
Nous lui sommes reconnaissants de ses efforts en vue de déterminer des façons d'améliorer davantage le CMR.
Les six recommandations du rapport ont notre accord, et nous avons un plan pour toutes les mettre en oeuvre.
Nous impliquons aussi les élèves-officiers eux-mêmes dans cette importante discussion au sujet du collège.
[Traduction]
Chaque année depuis les cinq dernières années, les diplômés nous ont fourni de la rétroaction utile par l'entremise d'un sondage au sujet de leur expérience au CMR. Nous prenons leurs commentaires très sérieusement et continuerons à leur donner suite lorsque nécessaire.
Le Collège militaire royal du Canada, la seule et unique université militaire canadienne, est un établissement très particulier qui se consacre au maintien, à l'enrichissement et à la transmission de la profession des armes. Sa mission consiste à produire des officiers ayant le sens éthique et les capacités mentales, physiques et linguistiques nécessaires pour commander avec distinction au sein des Forces armées canadiennes. En sa qualité d'unité militaire caractérisée par des règles, des règlements et des routines, le CMR cultive chez les élèves-officiers les qualités qu'il faut pour acquérir l'art d'être officier et il les forme au commandement de subordonnés, à la planification d'opérations et à l'application des règlements.
Pendant l'été, les élèves-officiers suivent une formation en cours d'emploi ou une instruction militaire en dehors du campus, dans des domaines comme la logistique et l'infanterie.
[Français]
Le CMR inculque à ses élèves-officiers la culture et l'éthos militaires, qui sont l'assise de la profession des armes.
[Traduction]
Le CMR, un établissement qui confère des grades universitaires, fait en sorte que les élèves-officiers qui s'enrôlent dans les Forces armées canadiennes aient la base de formation nécessaire pour être efficaces dans un environnement dont les exigences d'ordre intellectuel ne cessent de croître. Son passé d'excellence est confirmé. Des héros militaires canadiens, comme Billy Bishop et Leonard Birchall, sont des diplômés du CRM, à l'instar d'astronautes comme et Chris Hadfield, d'athlètes olympiques comme Sharon Donnelly, et d'entrepreneurs comme Hartland Molson, pour n'en nommer que quelques-uns.
J'ai tout lieu de croire que, dans les années à venir, le CMR continuera d'encadrer et de perfectionner des leaders exceptionnels pour les Forces armées canadiennes et pour le Canada.
[Français]
Cependant, je me rends bien compte quand même que, d'autre part, des changements sont nécessaires. Ces changements garantiront que l'université continuera de répondre aux besoins de ses stagiaires des Forces armées canadiennes, ainsi que du gouvernement et de la population du Canada.
[Traduction]
Avant la vérification du vérificateur général, nous nous consacrions déjà à l'évaluation de façons de nous y prendre pour continuer d'améliorer différents aspects du CMR. Le général Vance a ordonné la tenue d'une visite d'aide d'état-major spéciale, une VAEM spéciale, au CMR en août 2016. Soixante-dix-neuf recommandations ont été formulées dans ce rapport publié en mars dernier.
Le général Vance s'est engagé à mettre en oeuvre les 11 points associés aux 90 recommandations. En fait, plusieurs des recommandations du vérificateur général font écho à celles qui ont résulté de la visite spéciale. Je me réjouis d'annoncer que nous avons déjà fait des progrès dans leur mise en oeuvre.
Mais le vérificateur général nous a aussi aidés à cerner d'autres difficultés et nous sommes heureux d'accueillir sa perspective.
Tel que noté par le vérificateur général, plusieurs des actions que nous avons prévues comprennent la tenue d'études supplémentaires. C'est dû au fait que les résultats de la vérification soulèvent des questions clés auxquelles nous devons trouver des réponses afin de garantir que le CMR produise des élèves-officiers de grande qualité à un coût raisonnable. Quelles sont nos attentes particulières envers le CMR et ses diplômés? En quoi le CMR doit-il être similaire aux autres institutions académiques? De façon encore plus importante, en quoi doit-il être différent pour accomplir ce que nous attendons de lui? Et quel est le coût approprié de cette différence? Les études que nous prévoyons mener nous aideront à répondre à ces questions et à mettre en oeuvre de manière plus efficace les recommandations du vérificateur général.
Le vérificateur général nous a recommandé d'améliorer et d'intégrer l'instruction militaire que suivent les élèves-officiers au CMR. Nous nous y employons. Nous en étions aussi venus à cette recommandation après le rapport de la VAEM du CMR.
Nous nous occupons donc en ce moment d'étudier l'intégralité des activités d'instruction militaire auxquelles prennent part les élèves-officiers pendant toute l'année. Cela signifie pour nous tant l'année d'enseignement, sur laquelle a porté l'attention du vérificateur général, que la période d'instruction d'été. L'une des mesures qui rendent le CMR unique, c'est que les élèves suivent une instruction militaire très ciblée dans la marine, l'armée ou la force aérienne durant les mois d'été.
[Français]
Nous considérons cette instruction comme une partie importante de l'expérience du CMR, même si elle ne s'y déroule pas.
[Traduction]
Dans le cadre de leurs études universitaires, tous les élèves-officiers suivent le programme d'études de base de la profession des armes du CMR, qui leur enseignent les connaissances militaires de base pour les préparer à une carrière dans les Forces armées canadiennes.
En menant cette étude, nous nous assurerons de mieux intégrer les études théoriques et l'instruction militaire des élèves-officiers.
Le vérificateur général nous a recommandé d'explorer des moyens de réduire les coûts d'exploitation du CMR par étudiant. Nous nous y employons. Nous commençons avec un examen des coûts par étudiant, puis nous passons en revue le nombre de programmes que nous offrons au CMR.
Le Collège militaire royal est fier d'offrir un programme d'études riche et stimulant dans les deux langues officielles qui expose les élèves-officiers à divers sujets, points de vue et idées, et il continuera de le faire, peut-être par l'entremise de programmes redéfinis.
Le vérificateur général nous a recommandé de nous assurer que les normes élevées des diplômés du CMR soient requises et qu'elles produisent des officiers mieux qualifiés à un coût raisonnable. C'est ce que nous faisons.
Nos attentes sont élevées envers les officiers dans les Forces armées canadiennes, et il nous incombe de nous assurer que les élèves-officiers soient formés afin de satisfaire aux exigences élevées. Nous croyons que les normes élevées du CMR aident à motiver les élèves-officiers à devenir les meilleurs officiers et les meilleurs citoyens qu'ils puissent être. Nous nous intéressons de près à des facteurs comme le maintien en poste et l'avancement professionnel pour mieux comprendre comment ces normes se traduisent en indicateurs de carrière des diplômés du CMR.
Nous étudions ce qu'il en coûte pour faire suivre aux élèves-officiers le Programme de formation des officiers de la Force régulière par rapport à ce qu'il en coûterait dans des établissements militaires alliés comparables. Nous avons constaté, jusqu'à présent, que les frais du CMR étaient comparables à ceux d'établissements australiens ou américains similaires, quand ils n'y étaient pas inférieurs.
Le vérificateur général nous a recommandé de définir plus clairement le rôle du commandant à titre d'unique dirigeant des activités quotidiennes du collège. Conformément au rapport de la VAEM spéciale, nous avons déjà prolongé à trois ans la durée de l'affectation du commandant. Cela permettra une planification à plus longue échéance et une meilleure continuité pour chaque cohorte d'étudiants.
[Français]
Nous passons également en revue le cadre universitaire de gouvernance.
[Traduction]
Nous nous rendons compte qu'il est essentiel, pour les dirigeants du CMR, d'avoir une compréhension claire de leurs rôles et de leurs fonctions afin qu'ils puissent donner aux élèves-officiers l'exemple d'un leadership efficace et efficient.
Le vérificateur général nous a recommandé de revoir nos critères de nomination d'élèves-officiers à des postes de leadership, et nous l'avons fait. Le CMR a pour raison d'être la formation de dirigeants militaires, et l'apprentissage par l'expérience compte parmi les meilleurs moyens de les former. C'est pour cela que nous considérons les nominations à des postes de leadership comme une occasion de perfectionnement. Nous avons également conscience de notre responsabilité envers ces jeunes leaders et envers ceux dont ils sont responsables. Nous avons récemment apporté un certain nombre de modifications aux critères de nomination.
Depuis janvier, les élèves-officiers en poste de leadership sont choisis au mérite selon une liste claire de critères. Ils sont soumis à l'approbation du commandant, et chacun d'entre eux a son propre mentor au ministère de la Défense nationale ou dans les Forces armées canadiennes.
Le vérificateur général nous a recommandé d'autre part de faire en sorte que le personnel d'instruction militaire ait les compétences et la formation voulues pour aider les élèves-officiers à perfectionner leurs compétences en leadership. Nous sommes d'accord avec lui et nous y travaillons. À la suite d'une recommandation de même nature figurant dans le rapport de la VAEM, nous nous sommes assurés que le personnel militaire affecté au CMR ait le grade voulu et l'expérience nécessaire en matière de leadership afin de soutenir les élèves-officiers. Nous améliorons aussi l'orientation et la formation du personnel pour nous assurer qu'il est muni de tout ce qu'il faut pour accomplir les tâches qui sont les siennes.
Depuis sa fondation, en 1874, le CMR a constamment évolué de manière à satisfaire aux besoins changeants des femmes et des hommes en uniforme.
[Français]
Le Collège militaire royal est aujourd'hui une université différente.
[Traduction]
Il forme certains de nos futurs officiers, bien entendu, mais il offre aussi des programmes de perfectionnement professionnel aux militaires du rang haut gradés. Il propose aux jeunes Autochtones une expérience d'études et de leadership d'un an dans le cadre du Programme d'initiation au leadership à l'intention des Autochtones. À la fin de l'année, ces jeunes peuvent décider de se joindre aux forces armées ou peuvent retourner dans leurs collectivités avec de nouvelles compétences en leadership. Il compte des chercheurs qui offrent des conseils d'experts non seulement au MDN, mais à d'autres ministères gouvernementaux également, dans des secteurs d'études telles que la cybersécurité, la guerre électronique et le cyberespace. L'un des atouts uniques est le réacteur nucléaire SLOWPOKE-2, un réacteur de recherche qui est bénéfique au Canada depuis plus de 30 ans.
Le CMR est un établissement unique qui forme les leaders de demain. Nous nous engageons à nous assurer d'offrir la meilleure formation possible, mais nous en convenons, à un coût raisonnable. Le rapport du vérificateur général et nos réponses à ses recommandations permettront au CMR de prospérer à l'avenir comme il le fait depuis plus de 140 ans.
Merci. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci à tous de votre présence aujourd'hui.
En ce qui concerne le rapport du vérificateur général comme tel, les paroles célèbres de mon ami décédé, Jack Layton me reviennent: « hashtag fail ». C’est vraiment un mauvais rapport.
Ce collège militaire a un objectif: produire des leaders professionnels et éduqués pour nos forces armées. D’après moi, en ce qui concerne votre fonction principale, c’est un échec spectaculaire.
J’aimerais commencer par vous dire que je suis allé au Collège à l’époque où j’étais porte-parole intérimaire en matière de défense nationale, lors d’une course à la direction du parti. Pendant presque toute une année, j’ai été le porte-parole, et l’une des choses que nous avons faites, c’est aller visiter le Collège. Deux choses m’ont frappé. J’ai été impressionné par le professionnalisme que j’ai constaté, mais j’ai aussi été frappé par tout l’argent dépensé, et je vais revenir à cela dans un instant.
L’autre chose, c’est que j’ai aussi été le civil à la tête de la PPO et le responsable de tous les services policiers de l’Ontario. Je comprends l’esprit de corps. J’appuie le concept du Collège militaire royal. Je crois qu’il est tout à fait sensé, compte tenu de notre importance comme pays du G7, que nos forces armées ne soient pas nécessairement les plus importantes au monde, mais qu’elles soient des plus professionnelles. Nous pouvons le faire. Je sais que c’est notre objectif, et pour bien des aspects, sinon la plupart, nous y arrivons.
Je ne suis pas contre la dépense d’argent, mais je dois vous dire que si vous allez dans la salle du conseil, vous allez y trouver de magnifiques chaises en cuir, et sur chacune sont brodées les armoiries du Collège. C’est magnifique, mais nous n’avons rien de semblable sur la Colline du Parlement et dans la plupart des endroits associés au gouvernement. C’est la raison pour laquelle j’ai tenu à dire cela avant de commencer. Je ne m’oppose pas à l’idée d’un centre de formation d’élite. Mais je m’oppose à la dépense de tels montants pour l’obtention de résultats aussi consternants.
Je veux aussi dire, madame la sous-ministre, que j’ai dû réorienter ma façon de présenter les choses, parce que vos propos d’aujourd’hui m’ont vraiment dérangé. Je vais revenir sur certaines choses, et je vais parler de ce que vous avez dit, puis de ce qu’il y a dans le rapport du vérificateur. Cela n’arrive pas tellement souvent, mais parfois, il y a un fossé entre ce que l’audit révèle et ce que les gens des communications des sous-ministres leur disent de présenter et de vanter. Quand c’est contraire à ce que le rapport indique, c’est inacceptable, et il faut plus de travail.
Monsieur le président, j’aimerais que vous me le disiez quand il me restera une minute et demie. J’ai un point important, et je veux absolument m’y rendre. Je ne veux pas manquer mon coup, parce que cela m’arrive.
À la page 6 de votre mémoire, que vous venez de lire, madame la sous-ministre, vous avez dit:
Le Collège militaire royal du Canada, la seule et unique université militaire canadienne, est un établissement très particulier qui se consacre au maintien, à l’enrichissement et à la transmission de la profession des armes.
À la page 17, au point 6.73, voici ce que le vérificateur général a dit:
Dans l’ensemble, nous avons constaté que le Collège militaire royal du Canada n’enseignait pas adéquatement aux élèves-officiers le leadership militaire ni la conduite qui était attendue des futurs officiers.
C’est vraiment un grand fossé, madame la sous-ministre, et ce n’est pas le seul. C’est la raison pour laquelle j’ai pris cette direction. Je me disais: « Vous pouvez vraiment venir ici et nous dire ça? »
La page 6 de votre mémoire — et j’appuie mon ami, M. Arya à cet égard — représente pas mal de gaspillage, avec l’impression de texte en gros caractères sur la moitié seulement de la page. Donc, vous avez dit, à la page 6:
En sa qualité d’unité militaire caractérisée par des règles, des règlements et des routines, le CMR cultive chez les élèves-officiers les qualités qu’il faut pour acquérir l’art d’être officier et il les forme au commandement de subordonnés, à la planification d’opérations et à l’application des règlements.
Je gage que le service des communications était ravi de ce produit.
Que dit le vérificateur général, pour nous ramener dans la réalité?
L’étude a aussi indiqué que rien ne prouvait que les diplômés du Collège maîtrisaient mieux les aptitudes liées au leadership militaire ou à la bonne conduite.
La sous-ministre va dans un sens; le vérificateur général va dans l'autre sens. C’est vraiment choquant. Et ce n’est pas tout.
Dans sa déclaration d’aujourd’hui, la sous-ministre a dit, et je cite: « J’ai tout lieu de croire que, dans les années à venir, le CMR continuera d’encadrer… », ce qui semble indiquer qu’on fait déjà quelque chose maintenant pour poursuivre cet excellent travail, « … et de perfectionner des leaders exceptionnels pour les Forces armées canadiennes et pour le Canada. »
Revenons à la réalité de ce qui se trouve au paragraphe 6.57:
Une analyse de la Défense nationale sur l’évolution professionnelle des officiers a permis de constater qu’il n’y avait pas de différence majeure entre les élèves-officiers diplômés du Collège militaire royal du Canada et les officiers qui s’enrôlaient dans les Forces par le truchement d’autres programmes.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Mes questions font suite à celles que j'ai posées plus tôt.
Dans son rapport, le vérificateur général a souligné qu'il y avait eu des années où, dans certains programmes, notamment les programmes d'études françaises et de littérature anglaise, il n'y avait eu qu'un ou deux diplômés. Cela indique sans doute que certains programmes méritent d'être examinés davantage.
Je comprends le défi qui se pose. Le Collège veut offrir une gamme complète de programmes. Comme je l'ai mentionné plus tôt, j'ai été enseignant ainsi que directeur d'un collège en Gaspésie, ma région d'origine. En Gaspésie, le défi est d'obtenir qu'un bon nombre d'étudiants suivent les programmes. Les cégeps, qu'ils soient à Rimouski, à Matane, à Québec ou à Montréal, sont nombreux. Il est important d'offrir des programmes généraux qui attirent les étudiants. En effet, demeurer attrayant est important. Évidemment, comme le nombre d'étudiants diminue, le défi est de ne pas abolir de programmes, parce que cela rend l'établissement un peu moins attrayant.
De trois à cinq collèges se sont donc réunis et ont eu recours aux nouvelles technologies pour continuer à offrir leurs programmes. Cela s'est fait au moyen de ce qu'on appelle le télé-enseignement. Ces outils permettent à des étudiants, dont certains se trouvent dans d'autres villes et dans certains cas à la maison, de bénéficier d'un éventail de programmes importants pour eux. Il peut s'agir de programmes préuniversitaires en lettres, en langues, en sciences de la nature ou en sciences humaines, par exemple.
Vous pourriez peut-être voir si, au moyen des nouvelles technologies, certains programmes peuvent être offerts en collaboration avec les autres collèges afin de réduire les coûts.
Ces avenues ont-elles été explorées par le Collège militaire royal du Canada?
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Veuillez me pardonner, monsieur Christopherson, de vous avoir amené à penser que j'essayais de manipuler le Comité ou de l'induire en erreur. Ce n'est absolument pas mon intention. Ce n'est pas ma façon de faire.
Le rapport résultant de la VAEMS, que le chef d'état-major de la Défense a entrepris avant que le vérificateur général ne commence son rapport, comporte 90 recommandations, parce que nous avions constaté un problème au Collège militaire royal du Canada. Nous avons acquiescé à toutes les recommandations du vérificateur général et nous leur donnons suite. Il a été donné suite à environ 50 % des recommandations du rapport résultant de la VAEMS, et nous ferons un suivi. Bien sûr, le vérificateur général et votre comité en suivront de près l'évolution.
Certaines recommandations prendront du temps. Certaines comportent des modifications structurelles pour le collège. Dans certains cas, elles influeront sur notre pédagogie. Certains changements exigeront des investissements dans les infrastructures du collège, qui sont en mauvais état. L'audit n'y a pas touché, mais nous avons la responsabilité d'en assurer le maintien.
Les modifications apportées aux attentes des élèves-officiers sont bien engagées. Je pense que c'est une question cyclique et que l'éducation ainsi que le perfectionnement des officiers des Forces armées canadiennes exigent un soin constant. Nous devons évoluer avec le corps étudiant et adapter nos méthodes à l'évolution des attentes de la société.
Dans ce cas, nous sommes allés trop loin du côté universitaire en négligeant peut-être les aspects militaires. C'est ce que l'amiral Cassivi a été chargé d'examiner et, comme vous l'avez entendu, il s'y affaire.
Nous devons prendre en considération certains comportements des étudiants, des élèves-officiers. Ils sont jeunes, ils font des erreurs. Qu'ils les fassent au collège plutôt que sur le champ de bataille, les occasions ne manqueront pas. Il est bon que le vérificateur général nous ait signalé certaines lacunes et, peut-être, la façon de les combler, mais il a aussi noté qu'il était immédiatement donné suite aux transgressions graves.
La santé et le mieux-être des élèves-officiers du collège font partie des priorités du chef d'état-major de la Défense et sont ma principale priorité. Le chef d'état-major a ramené directement sous son autorité la surveillance du collège, par le truchement de l'amiral Cassivi. Voilà pourquoi il a commandé le rapport de la VAEMS.
Je ne crois pas qu'il y ait manipulation. Des changements sont nécessaires, mais je dénie votre caractérisation du rendement, que vous qualifiez de lamentable. Nous pouvons améliorer le rendement de nos résultats, mais impossible pour moi de vous garantir que le coût de l'instruction d'un élève-officier égalera celui d'un civil à l'université. Ça s'inscrit dans une structure différente. Les résultats sont différents. Nous devons prouver la valeur de ces résultats et que ces résultats valent la peine.