:
Je déclare la séance ouverte.
Le greffier m'a informé que personne n'a besoin de faire vérifier son son, car tous les témoins sont avec nous dans la salle. De plus, tous les membres du Comité comparaissent en personne.
Bienvenue à la 123e réunion du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes. La réunion d'aujourd'hui se déroule sous une forme hybride, mais tout le monde est présent dans la salle.
J'aimerais informer les membres du Comité ainsi que les témoins de quelques points.
Veuillez suivre les instructions et tenir votre oreillette loin du micro lorsqu'il est branché et que vous ne l'utilisez pas. S'il n'est pas branché, il n'y a pas de problème. Cela peut créer un bruit sec, ce qui peut nuire à l'audition des interprètes. De plus, veuillez éviter de taper la perche du micro. Encore une fois, cela peut perturber le système de son, ce qui est dommageable pour les interprètes.
Vous pouvez choisir la langue officielle de votre choix. Dans la salle, des services d'interprétation sont offerts à l'aide de votre oreillette. Pour les personnes qui comparaissent à distance, veuillez cliquer sur l'icône du globe au bas de votre écran. S'il y a une interruption des services d'interprétation, veuillez me le signaler. Nous suspendrons les travaux le temps de corriger le problème.
Pour les personnes présentes dans la salle, veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous devez attirer mon attention, levez la main, et je vous donnerai la parole. Veuillez attendre que je le fasse.
Aujourd'hui, conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 26 février 2024, le Comité commence son étude des disparités de rémunération entre les travailleurs syndiqués et non syndiqués au Canada.
Durant cette heure, nous recevrons deux témoins de Statistique Canada: Mme Isabelle Marchand, directrice du Centre de l'information sur le marché du travail, et Mme Josée Bégin, statisticienne en chef adjointe, Secteur de la statistique sociale, de la santé et du travail.
Bienvenue. Je pense que vous présenterez toutes les deux une déclaration liminaire d'un maximum de cinq…
Non, il n'y en a qu'une seule. Quiconque présentera la déclaration liminaire, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Monsieur le président et chers membres du Comité, merci de nous avoir invitées à cette réunion, qui s'inscrit dans une étude sur les disparités de rémunération entre les travailleurs syndiqués et non syndiqués au Canada.
[Français]
Statistique Canada dispose de plusieurs sources de données qui permettent de brosser un portrait complet du marché du travail au Canada. La plupart des indicateurs que je vais citer aujourd'hui sont tirés de l'Enquête sur la population active. Cette enquête mensuelle menée auprès d'environ 68 000 ménages sert à recueillir des renseignements sur les caractéristiques de la population active au Canada, qui comprend des travailleurs syndiqués et non syndiqués.
Selon les dernières données disponibles pour le mois d'août 2024, trois employés sur dix au Canada étaient membres d'un syndicat ou visés par une convention collective. Cette proportion est demeurée relativement stable au cours des dernières années, mais était en légère baisse par rapport à 1997, année où la question sur la syndicalisation a été introduite dans cette enquête. À l'époque, 34 % des employés au Canada étaient membres d'un syndicat ou visés par une convention collective.
[Traduction]
Les employés qui faisaient partie d'un syndicat en août 2024 gagnaient en moyenne 37,26 $ de l'heure, ce qui est supérieur à la moyenne de 34,30 $ de l'heure pour les employés qui n'étaient pas membres d'un syndicat. Autrement dit, l'avantage salarial des syndiqués était d'environ 3 $ de plus, selon les plus récentes données, ou 9 %, en moyenne, de l'heure.
La différence entre les salaires syndiqués et non syndiqués a diminué au fil des ans. En 1997, les employés syndiqués gagnaient 31 % plus en moyenne que les employés qui ne faisaient pas partie d'un syndicat. Cette différence est tombée à 20 % en 2017 et était de 10 % en 2023.
Cela s'explique en partie par le fait que les salaires des travailleurs non syndiqués ont augmenté plus rapidement que ceux des travailleurs syndiqués ces dernières années. Par exemple, de janvier 2020, soit avant la pandémie de COVID‑19, à août 2024, les salaires ont augmenté de 15 % pour les employés syndiqués, mais de 25 % pour les employés non syndiqués.
Cette récente croissance salariale chez les employés non syndiqués a été la plus remarquable dans un certain nombre d'industries bien rémunérées, comme les services professionnels, scientifiques et techniques. Le salaire horaire moyen dans ce secteur s'établissait tout juste en dessous de 48 $ en août 2024, soit 9 % de plus qu'une année plus tôt et 32 % de plus qu'en janvier 2020. Cette industrie a l'un des taux de syndicalisation les plus faibles, à 4 %.
De façon générale, les employés syndiqués étaient moins susceptibles d'avoir des salaires se situant au bas ou au sommet de la distribution des salaires; plutôt, leurs salaires se rapprochent du milieu. Par exemple, par rapport aux travailleurs syndiqués, les employés non syndiqués étaient plus susceptibles de figurer dans les 10 % supérieurs de la distribution des salaires — 11 % par rapport à 8 % des travailleurs syndiqués — mais également plus susceptibles de se retrouver dans les 25 % inférieurs de la distribution des salaires, à 31 % contre 11 %.
Les travailleurs syndiqués sont également plus susceptibles d'avoir un régime de pension agréé. Selon les plus récentes données de l'Enquête sur la sécurité financière de Statistique Canada, 80 % des travailleurs syndiqués avaient une couverture par régime de pension agréé, par rapport à 23 % des employés non syndiqués.
Les travailleurs syndiqués étaient aussi plus susceptibles que les travailleurs non syndiqués de bénéficier d'une assurance-invalidité — 77 % contre 48 % — en 2023, et de l'accès à d'autres avantages en milieu de travail, comme des congés de maternité et des congés parentaux, des prestations médicales et de soins dentaires supplémentaires ainsi que des congés de maladie et des congés annuels.
Les salaires plus élevés et les plus grands avantages en milieu de travail pour les travailleurs syndiqués peuvent, en partie, refléter les différences dans les caractéristiques individuelles, de l'emploi, du milieu de travail et de l'industrie. Par exemple, les emplois syndiqués sont habituellement occupés par des travailleurs d'âge moyen dans des postes à temps plein, et ils ont tendance à être mieux payés, peu importe le statut syndical. Par ailleurs, les jeunes et les personnes qui occupent des emplois à temps partiel peu rémunérés dans des industries comme les services alimentaires ou le commerce de détail sont moins susceptibles d'être syndiqués.
Les indicateurs reliés à la qualité de l'emploi montrent d'autres avantages possibles à la syndicalisation. Par exemple, selon les dernières données disponibles, les travailleurs syndiqués étaient moins susceptibles de signaler qu'ils pourraient perdre leur emploi à court terme — 6 % par rapport à 9 % — et plus susceptibles de dire qu'ils se sont fait offrir la possibilité de suivre une formation par l'entremise de leur employeur, à 35 % contre 27 %.
Monsieur le président, cela conclut ma déclaration liminaire. Ma collègue Mme Marchand et moi-même serons heureuses de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup de vos informations et vos données. J'adore les données, c'est pourquoi je me réjouis de poser quelques questions, afin de voir si je peux analyser quelques chiffres de plus ou si vous avez analysé d'autres chiffres à ce sujet.
Je crois fermement que les syndicats rendent les bons emplois excellents. Je l'ai constaté lorsque mon fils a travaillé dans un environnement non syndiqué dans le secteur de la construction, puis il s'est retrouvé dans un syndicat, et son salaire, son traitement et sa sécurité à l'emploi ont augmenté — tout ce qu'un père pourrait souhaiter.
Ce qui m'inquiète, c'est que, dans certaines parties du Canada, nous avons constaté des déclins importants des taux de syndicalisation, alors je me demande si nous pouvons essayer de creuser un peu la question.
Par exemple, en Colombie-Britannique — et j'ai un tableau — en 1981, le taux de syndicalisation était de 43 %, et en 2022, il était de 28 %. Depuis 2018, 9 000 emplois ont été perdus dans le secteur forestier en Colombie-Britannique; pratiquement tous ces emplois seraient des emplois syndiqués, et toutes ces pertes découlent du défaut du gouvernement de régler le conflit lié au bois d'œuvre.
Avez-vous des données pour suivre, par secteur, la perte des emplois syndiqués? Selon moi, quand je regarde la Colombie-Britannique, il me semble que bon nombre de ces pertes d'emplois et des pertes au chapitre de la syndicalisation découlent de la perte des emplois dans ce secteur.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, chers collègues.
Je remercie les témoins d'être ici ce matin.
Je suis ravi d'entendre parler du soutien de M. Seeback aux syndicats. Je pense que c'est très encourageant et rafraîchissant.
L'objectif de l'étude lorsque je l'ai proposée était… Si je reviens en arrière, pendant mon enfance, mon père travaillait pour une entreprise, Murray and Gregory, à Saint John. C'était une entreprise de bois d'œuvre et de menuiserie. Ma mère et mon père ont eu trois enfants: mon frère, ma sœur et moi. Nous avons grandi, je dirais, dans la classe moyenne inférieure, dans l'ouest de Saint John.
En grandissant, je me suis rendu compte que mon père n'a jamais bénéficié d'un régime d'assurance-maladie. Il n'a jamais eu de régime de pension. Il n'avait rien par rapport à beaucoup de ses amis qui travaillaient dans des industries similaires. En fait, il gagnait beaucoup moins qu'eux. J'ai grandi en quelque sorte dans un environnement non syndiqué, mais en reconnaissant la valeur des emplois syndiqués, la valeur qu'ils pouvaient apporter aux familles et la façon dont ils pouvaient fixer la barre des salaires.
M. Seeback a parlé de la baisse procentuelle de la syndicalisation dans l'ensemble du pays et des répercussions de cette baisse sur les salaires, mais je veux plutôt parler de l'accès aux congés de maladie payés. Je sais qu'une étude a été menée en 2023, où l'Université de Regina a constaté que les travailleurs bénéficiant d'une couverture syndicale étaient plus susceptibles d'avoir des congés de maladie payés — 80 % par rapport à 55 % pour les travailleurs sans couverture syndicale — ce qui, malheureusement ne surprend personne ici. Pour ce qui est des pensions offertes par l'employeur, c'était 82 % par rapport à 37 %, ce que je trouve stupéfiant.
Madame Bégin, je vous remercie de votre témoignage. Pouvez-vous nous dire dans quelle mesure les données de Statistique Canada sur la syndicalisation et les avantages sont mises à la disposition du public? Prévoit‑on publier d'autres données dans ce domaine?
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Je vous remercie de votre question.
Pour ce qui est des avantages sociaux, l'Enquête sur la population active nous permet de collecter des données auprès des employés pour connaître les avantages sociaux auxquels ils ont accès, comme les prestations de maternité, les congés parentaux, l'assurance-invalidité, les vacances payées et les congés de maladie payés. Certains détails sont ainsi accessibles.
Les statistiques dont nous disposons sur l'accès aux avantages sociaux montrent que, de façon générale, le taux d'accès à ces avantages est plus élevé chez les employés syndiqués que chez les employés non syndiqués. De plus, comme l'a mentionné Mme Bégin dans son discours d'ouverture, la proportion des employés syndiqués ayant accès à l'assurance-invalidité s'élève à 77 %, comparativement à 48 % chez les employés non syndiqués.
Comme l'Enquête sur la population active permet de collecter des données pour différentes industries et régions géographiques et pour différents groupes de la population, il est possible de fournir ces statistiques de façon numérique.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames Marchand et Bégin, je vous remercie également de votre présence au Comité.
Tout d'abord, la démonstration de la disparité de traitement entre les travailleurs syndiqués et les travailleurs non syndiqués n'est plus à faire. On sait que la syndicalisation est un avantage déterminant. Vous l'avez illustré à de nombreuses reprises dans votre discours d'introduction.
Deux de mes collègues ont parlé de la baisse significative du taux de syndicalisation. Selon les informations que je possède, celui-ci varie entre le secteur privé et le secteur public, mais, de façon générale, il est relativement stable. Pouvez-vous me dire ce qu'il en est, pour qu'il n'y ait plus aucun doute quant à ce qui se passe et être utile au Comité? Évidemment, ça dépend de l'échelle de temps utilisée, puisqu'on peut se baser sur une période de cinq, dix, vingt ou trente ans.
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Merci beaucoup. Il y a donc quand même un bon taux de syndicalisation. Il est relativement stable, mais, évidemment, cela dépend de la période de référence.
J'aimerais vous poser une autre question. Comme je l'ai dit, le taux de syndicalisation est un énorme facteur déterminant. Ça tombe sous le sens. Toutefois, qu'est-ce qui peut nous être utile, ici, dans cette analyse? Je ne vous demande pas de nous dire exactement ce que nous devons faire, car je sais que ce n'est pas votre rôle. D'un autre côté, à force de jouer avec les chiffres, je me dis que vous devez faire des constats.
De quelle façon sommes-nous en mesure, comme parlementaires, de favoriser plus avant la syndicalisation? Par exemple, le projet de loi sur les briseurs de grève a été adopté. Voyez-vous d'autres choses qui pourraient se trouver dans notre angle mort, comme élus, et sur lesquelles nous pourrions travailler, sans dire si nous devrions le faire? Je comprends bien votre position, mais pourriez-vous nous éclairer là-dessus?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier ma collègue du Bloc, Mme Gill, d'avoir posé ces questions sur les femmes et la désagrégation… Il est très important que nous examinions ces groupes séparément. Je suis heureuse de constater que les personnes handicapées sont également protégées par les syndicats et ont de meilleurs salaires.
Monsieur le président, j'ai une motion que je souhaite présenter dès maintenant. Je dirai d'abord que, depuis l'ajournement du Parlement pour l'été, les augmentations de loyer supérieures à la ligne directrice se sont poursuivies au Canada. De plus, nous avons appris que Dream Unlimited, l'un des plus grands propriétaires d'immeubles commerciaux, a admis utiliser un logiciel qui, selon le ministère de la Justice des États-Unis, sert à fixer illégalement les prix entre les propriétaires. Nous avons également appris que ce logiciel est couramment utilisé chez les propriétaires d'immeubles commerciaux du Canada.
Les Canadiens méritent de savoir si leurs propriétaires s'entendent pour augmenter les loyers afin d'accroître les profits des investisseurs et des fonds de pension à leurs dépens. Nous savons que l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public, ou PSP, une société d'État canadienne, s'est associé à l'un de ces propriétaires d'immeubles commerciaux, Starlight Investments, pour augmenter les profits des entreprises tout en expulsant les locataires mêmes que leur régime de pension est censé protéger. C'est ce qui se passe aux 71, 75 et 79 Thorncliffe Park Drive à Toronto.
Les libéraux ont donné à deux reprises à Starlight Investments un laissez-passer gratuit pour ne pas comparaître devant le Comité. Ce gouvernement continue de protéger les entreprises les plus riches et de jeter les Canadiens à la rue.
Je vais présenter la motion dont j'ai donné avis la semaine dernière.
tandis que les familles doivent de plus en plus souvent faire des choix difficiles pour payer leur loyer ou mettre du pain sur la table, les propriétaires commerciaux achètent des appartements auparavant abordables et augmentent les loyers afin d'accroître les profits de leurs investisseurs;
l'un des plus grands propriétaires commerciaux du Canada, Dream Unlimited, a admis avoir utilisé un logiciel d'intelligence artificielle qui, selon le gouvernement américain, permet aux propriétaires de coordonner illégalement les augmentations de loyer, et que ce logiciel est couramment utilisé au Canada;
aujourd'hui, les plus grandes sociétés d'investissement immobilier possèdent collectivement près de 20 % des immeubles locatifs au Canada;
l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public, également connu sous le nom de, Investissements PSP détient d'importants investissements dans des habitations plurifamiliales en partenariat avec Starlight Investments;
Que, conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées entreprenne une étude sur le rôle des propriétaires financiarisés sur la hausse des coûts dans le marché locatif canadien, notamment sur le fait que l'utilisation d'outils algorithmiques de fixation des prix contribue à l'augmentation des loyers et sur le degré de pénétration de cette pratique dans l'ensemble du marché locatif canadien; que le comité invite le président de Dream Unlimited, Michael J. Cooper, le PDG de Starlight Investments, Daniel Drimmer, le PDG de Boardwalk REIT, Sam Kolias, le PDG de Mainstreet Equity, Bob Dhillon, le PDG de Canadian Apartment Properties Real Estate Investment Trust (CAPREIT), Mark Kenney, la PDG de PSP Investments, Deborah K. Orida, le commissaire à la concurrence, et d'autres experts et parties prenantes; que le Comité tienne au moins quatre réunions et fasse part de ses conclusions et recommandations à la Chambre; et que le gouvernement dépose une réponse globale à ce rapport.
Monsieur le président, les gens…
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Excellent. Merci beaucoup.
L'idéologie et la politique libérales, appuyées par le NPD, ont entraîné la perte d'emplois chez les travailleurs syndiqués, notamment dans les secteurs de la foresterie, de l'énergie et de la pêche. Selon les rapports, environ 9 000 emplois ont été perdus dans le secteur de la foresterie en Colombie-Britannique entre 2018 et 2023. En 2019, la scierie Tolko de Kelowna, dans ma région, a fermé définitivement ses portes, d'où la perte de 217 emplois permanents bien rémunérés. Deux autres fermetures de scierie viennent d'être annoncées en Colombie-Britannique, ce qui entraîne la perte de 500 emplois. Mon collègue, le député Zimmer, est présent dans la salle aujourd'hui. C'est dans sa région.
Les tarifs américains ont été cités comme la principale raison. Les travailleurs syndiqués du secteur de la foresterie ont été mieux servis par le gouvernement Harper, qui a conclu un Accord sur le bois d'œuvre résineux dans les trois mois suivant son arrivée au pouvoir et qui a signé une prolongation, laquelle a expiré en 2015. Trois administrations américaines et neuf ans plus tard, le gouvernement libéral actuel n'a pas réussi à conclure un accord sur le bois d'œuvre résineux avec les États-Unis. Lorsqu'il y a des mises à pied, les gouvernements parlent de recyclage professionnel.
Avez-vous fait une analyse sur le recyclage professionnel ou la reconversion des travailleurs qui ont perdu leur emploi dans le secteur de la foresterie et visant à établir si les nouveaux postes sont comparables, notamment si les employés occupant auparavant des postes syndiqués le sont encore dans leurs nouveaux postes et si la rémunération, comme les salaires et les avantages sociaux, est la même?
Pourriez-vous revenir en arrière et répondre à ma question? Si c'est une chose que vous n'avez pas analysée, advenant que ce soit quelque chose que vous pourriez faire et ensuite présenter au Comité, ce serait très apprécié.
Je voudrais aussi parler du plan de transition équitable du , en date du 20 septembre 2022. À la page 77, transition équitable du gouvernement libéral entraînerait la suppression de 2,7 millions d'emplois dans des secteurs comme l'agriculture, l'énergie, la fabrication, la construction et le transport. J'ai entendu dire que cette incertitude est extrêmement stressante pour les travailleurs.
Avez-vous ventilé ces pertes d'emplois prévues en fonction des emplois actuellement syndiqués et non syndiqués et avez-vous fait une comparaison des postes qui exigeraient un perfectionnement des compétences?
De plus, la rémunération, comme les salaires et les avantages sociaux, serait-elle la même? Je n'ai plus beaucoup de temps. Si vous n'avez pas réalisé cette analyse, je me demande si c'est quelque chose que vous pourriez faire et également déposer devant le Comité.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'aujourd'hui.
Je pense que le mouvement syndical et les syndicats en général ont un rôle très important à jouer dans l'avenir de ce pays en ce qui concerne notre main-d'œuvre, surtout compte tenu des changements qui se produisent au pays en raison de la technologie, d'une main-d'œuvre en perpétuel changement et de la protection des travailleurs en général.
Ma mère faisait la vaisselle dans un hôpital pour enfants. Les responsables ont fait venir des travailleurs contractuels. Ils ont formé un syndicat, et elle était l'une des organisatrices de ce syndicat. C'était un parfait exemple de gens qui se syndiquent pour protéger leurs emplois et pour chercher des moyens de mieux positionner les personnes qui œuvrent réellement à la réussite de cette institution, cet hôpital ou ce lieu de travail.
J'ai trouvé que les données que vous avez fournies aujourd'hui étaient très bonnes. Nous avons constaté la différence en matière de salaires, d'avantages sociaux, d'assurance et de meilleures mesures de soutien pour les travailleurs. Merci d'avoir recueilli ces données.
Grâce au mouvement syndical dans le pays, nous avons été à même de constater des salaires plus élevés, de meilleures conditions de travail, de meilleurs avantages sociaux et une meilleure sécurité d'emploi, et même des jours de vacances pour mieux soutenir les familles. Il n'y a pas si longtemps, les conservateurs — il y a à peine 10 ans — ont mis en place une loi du droit au travail au Canada. Ils ont présenté deux projets de loi, le projet de loi et le projet de loi . Ces projets de loi visaient expressément les syndicats.
En 2014, la loi que le gouvernement Harper a fait adopter a rendu difficile l'accréditation syndicale. Il a cherché des moyens stratégiques pour réellement arrêter la croissance des syndicats au pays. Je pense qu'il est important que les Canadiens le sachent.
Nous devons chercher des moyens de garantir que ces obstacles soient éliminés au sein des effectifs, que les gens puissent se syndiquer et présenter des arguments en faveur d'un meilleur placement des travailleurs.
J'aimerais poser une question. Les statistiques que vous avez fournies étaient très détaillées. Je sais qu'il y avait des questions sur le genre. Avez-vous des données désagrégées en fonction de la race?
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Bonjour, monsieur le président.
Bonjour, chers témoins. Je suis bien heureuse de me joindre à vous. Il est possible que je pose des questions qui ont déjà été posées, mais je vais essayer de l'éviter.
Je vais faire une courte introduction. Vous devez savoir qu'avant mon passage en politique, j'ai longtemps été dirigeante syndicale. Quand M. Long a déposé cette motion d'étude, j'avais des réserves quant à son fond. La syndicalisation joue un grand rôle dans notre société, notamment au Québec. Il est assez connu qu'il y a des avantages à être syndiqué, tant sur le plan des salaires que sur celui des avantages sociaux, et je dirais même sur celui de certaines lois de protection sociale. La syndicalisation a cependant été une bataille. Pour en revenir à mes réserves, je me demandais quelle direction prendrait cette étude. J'espérais surtout que cette dernière mettrait en lumière ces questions plutôt que ce que je craignais.
Les conservateurs ont fait ça dans le temps, avec les deux projets de loi dont M. Coteau vient de parler. Si on joue à ça, je dirais que, même si le droit à la syndicalisation joue un rôle important, les privations à la liberté d'association, même dans des milieux syndiqués, sont tout de même nombreuses. Je pense là aux conflits de travail qui surviennent. Quand il y a des lockouts, avec l'utilisation de briseurs de grève, c'est une attaque, une atteinte directe aux droits d'association et de négociation.
Cela dit, jusqu'à tout récemment, et vous me corrigerez si je me trompe, le Québec avait l'un des taux de syndicalisation parmi les plus élevés au Canada. On sait aussi que ce qui contribue à ce taux, c'est la fonction publique, qui est très syndiquée. C'est le cas dans la santé, l'éducation et la fonction publique en général. Cependant, il y a des chiffres qui montrent que, dans le secteur privé, le taux de syndicalisation a diminué.
Est-ce exact qu'on observe une décroissance des taux de syndicalisation dans le secteur privé? Si oui, pourriez-vous nous indiquer certains secteurs?
Je pense qu'il est intéressant de ventiler les données en différents sous-ensembles. On a constaté une baisse du taux de syndicalisation, en général. Nous avons cette information, mais ce que je trouve intéressant, c'est la baisse du taux de syndicalisation dans le secteur privé par rapport au secteur public.
Selon l'information que j'ai pu voir, de 2015 à 2021, et ce sont les seules données que j'ai pu trouver, le taux de syndicalisation dans le secteur privé a baissé, passant de 15 à 13,8 %. Ce sont les années où le gouvernement actuel était en place. Il dit être favorable aux syndicats et à la population active, mais ce que l'on constate, c'est une baisse abrupte du nombre de syndiqués dans le secteur privé. Cela résulte de la perte d'emplois dans des secteurs comme la foresterie, les mines, par exemple.
Avez-vous les chiffres concernant la baisse du taux de syndicalisation dans le secteur privé, ou pouvez-vous les fournir au Comité pour la période de 2015 à une date aussi proche que possible d'aujourd'hui?
Je sais que vous travaillez pour Statistique Canada, mais j'ai fait quelques recherches moi‑même. Je voulais connaître les salaires moyens des emplois syndiqués du secteur privé au Canada, qui, d'après ce que j'ai vu, sont d'environ 31,14 $. Si vous avez un autre chiffre, veuillez le communiquer au Comité, s'il vous plaît.
Je ne sais pas si vous pouvez le faire, mais j'ai regardé le salaire moyen des syndiqués du secteur privé aux États-Unis, et il est de 41,17 $, soit une différence de 10 $ l'heure. Si vous pouviez confirmer cela, le Comité en serait ravi.
Cela nous ramène à la terrible tendance observée au Canada avec la diminution du PIB par habitant. On sait qu'il y a un énorme écart entre le Canada et les États-Unis, et il semble que cet écart frappe durement les employés syndiqués du secteur privé en particulier.
Pouvez-vous fournir cette information au Comité?
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Merci. Vos trois minutes sont écoulées, monsieur Van Bynen.
Sur ce, je remercie les témoins d'être venues. Cela met fin à la première heure de cette étude particulière.
Nous allons suspendre la séance pour cinq minutes pour donner le temps aux prochains témoins, qui comparaissent tous virtuellement, de s'installer.
Encore une fois, je remercie les témoins d'être venues. Le Comité a demandé pas mal d'information, et nous ferons un suivi.
Sur ce, chers collègues, nous allons suspendre la séance pour cinq minutes.
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Chers collègues, le greffier m'a informé que les tests de son, pour les deux témoins qui comparaissent virtuellement, ont été faits.
Sur ce, nous allons commencer la seconde heure de cette étude en donnant la parole à M. Pierre-Antoine Harvey, économiste de la Centrale des syndicats du Québec, puis à Mme Courtney Glode, directrice, Affaires publiques pour la Fish, Food and Allied Workers-Unifor.
Monsieur Harvey, vous avez cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire, puis ce sera au tour de Mme Glode.
Monsieur Harvey, s'il vous plaît, allez‑y.
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Bonjour, monsieur le président.
Je remercie beaucoup les membres du Comité de m'avoir invité à témoigner. J'ai fourni une présentation longue en version papier, qui devrait par la suite être traduite en anglais et transmise aux membres du Comité.
À la suite des présentations de Mme Bégin et de Mme Marchand, je vais me passer de refaire la démonstration de l'impact du mouvement syndical sur l'amélioration des salaires et sur un plus grand accès aux différents avantages sociaux, pour me pencher sur la question du déclin de l'avantage syndical au chapitre des salaires, que Mmes Marchand et Bégin ont démontré. Je vais donc expliquer brièvement le pourquoi de ce déclin.
Ensuite, je me pencherai sur la question de savoir si l'avantage syndical se fait au détriment des autres travailleurs et travailleuses. En fait, je démontrerai que c'est plutôt le contraire.
Simplement, la présence des syndicats au Canada a décliné, passant de 38 % en 1981 à moins de 29 % en 2022. Cela peut expliquer une partie de la diminution de l'avantage syndical, donc tout ce que vous appelez la « disparité salariale ». Cependant, c'est plus le changement de la composition des effectifs syndicaux qui peut expliquer ce phénomène.
En fait, quand on regarde les statistiques, depuis 1997, la plus grosse baisse d'emplois syndiqués se retrouve chez les hommes ayant un faible niveau de scolarité, donc ceux qui ont des emplois qui demandent un diplôme d'études secondaires ou postsecondaires. Quand on regarde vraiment le taux de présence syndicale, c'est du côté des hommes, des emplois du secteur privé et des travailleurs ayant moins de diplômes que la baisse de syndicalisation a été la plus forte. Pourtant, l'impact syndical est plus fort chez ces types de main-d'œuvre. Or, quand on regarde le différentiel de salaire, c'est vraiment dans ces emplois que la syndicalisation change considérablement les choses. En ayant une moins grande proportion de membres dans ces secteurs, l'influence de la syndicalisation a été moins forte. On pense, par exemple, au secteur de la construction, au secteur manufacturier, aux ressources naturelles, aux transports et aux services publics.
Parallèlement, on a vu aussi l'arrivée d'un grand nombre d'emplois dans des secteurs qui, historiquement ou par leur structure, sont moins enclins à la syndicalisation. Prenons l'exemple des secteurs de la finance, du logiciel et de l'informatique, qui offrent des hauts salaires et qui sont très peu représentés par les syndicats.
L'autre question que je veux aborder est la suivante: l'avantage syndical se fait-il au détriment des autres salariés? La réalité est plus complexe que ce qu'on nous enseigne en économie 101. L'impact des syndicats n'est pas un jeu à somme nulle. Dans les pays développés, on constate que l'avantage syndical ne se produit pas au détriment des non-syndiqués. Au contraire, l'action des syndicats va permettre une réduction des inégalités sociales et de revenus dans l'ensemble de la société.
La première raison est fort intuitive. La simple menace de syndicalisation va pousser les employeurs à améliorer les conditions de travail de leurs employés non syndiqués, afin de les décourager de s'organiser collectivement. On en a récemment vu le plus bel exemple aux États‑Unis, lorsque GM et le syndicat des Travailleurs unis de l'automobile, les TUA, ont signé une entente menant à des augmentations de salaire de 33 %. Dans les semaines suivantes, les constructeurs automobiles américains non syndiqués ont unilatéralement décrété des augmentations salariales allant de 10 à 25 % pour éviter que les TUA viennent chercher leurs employés.
Dans les études, on constate que plus la menace de syndicalisation est forte, plus les non-syndiqués voient leurs conditions de travail s'approcher de celles des syndiqués. Plus les syndicats sont forts, moins l'avantage syndical est statistiquement visible.
L'autre façon pour les syndicats d'améliorer les conditions de travail de l'ensemble des travailleuses et travailleurs, qu'ils soient syndiqués ou non, est bien sûr de participer aux activités démocratiques. Ils peuvent participer aux débats, ce qui va mettre en place des politiques et amener une plus grande justice sociale, ainsi qu'une réduction des inégalités. Ils peuvent aussi travailler en coalition avec les groupes populaires et féministes, ou exercer des pressions sur le plan politique, notamment en proposant des politiques comme la hausse du salaire minimum, des lois sur l'équité salariale, de meilleures mesures de protection sociale ou une fiscalité plus juste, pour n'en nommer que quelques-unes.
L'avantage est que les études à l'échelle mondiale démontrent aussi que cette augmentation des égalités et une augmentation du revenu pour l'ensemble des travailleurs et travailleuses ne se font pas au détriment de la croissance économique.
Après avoir publié un inventaire de l'ensemble des études sur le sujet, la Banque mondiale fait un constat que je trouve décevant, parce que ni moi — un apôtre de la syndicalisation — ni les dénonciateurs du syndicalisme ne pouvons nous appuyer sur ce travail pour argumenter en faveur ou en défaveur du syndicalisme.
Les résultats de ces études démontrent que l'incidence de la présence syndicale sur la croissance économique, le niveau d'investissement, l'inflation, le chômage et le niveau de productivité est souvent négligeable.
Ce dernier élément est surprenant, parce qu'on a fait la démonstration que les syndicats contribuent à faire augmenter le prix du travail. Cette augmentation est compensée par d'autres actions du syndicat à l'intérieur des entreprises. Par exemple, la présence syndicale favorise souvent l'efficacité au sein de l'entreprise. En effet, la sécurité d'emploi des travailleurs et des travailleuses facilite l'adoption et l'adaptation de nouvelles technologies. La stabilité de la main-d'œuvre incite à des investissements dans la formation et le perfectionnement. La présence des syndicats permet une franchise dans ce qu'on appelle maintenant les groupes de qualité…
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Merci, monsieur le président, de me donner l'occasion de m'adresser au Comité, aujourd'hui.
Je suis ici au nom de Fish, Food and Allied Workers Union qui représente les travailleurs du secteur de la pêche communautaire de toute notre province, c'est‑à‑dire plus de 13 000 propriétaires-exploitants, membres d'équipage et travailleurs d'usines de transformation de fruits de mer. Nous sommes le plus grand syndicat du secteur privé de notre province, et nos membres comprennent également des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador qui travaillent dans le secteur maritime, le secteur de la transformation des métaux, le secteur brassicole, le secteur de l'hôtellerie et bien d'autres secteurs. La FFAW est également affiliée à Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé du Canada, qui représente plus de 300 000 Canadiens œuvrant dans tous les grands secteurs de l'économie.
Unifor et tous les syndicats se battent pour assurer à leurs membres un avenir plus sûr et défendent avec vigueur l'équité, la sécurité et la justice sociale. La motion présentée par M. Long préconise une étude approfondie sur les disparités entre les travailleurs syndiqués et non syndiqués. Cette étude arrive à point nommé, mais en outre, elle est cruciale si l'on veut savoir comment combler l'écart et assurer une rémunération équitable et la sécurité d'emploi pour les Canadiens.
La FFAW fête son 53e anniversaire cette année, et on ne saurait trop insister sur l'empreinte que notre syndicat a laissée sur le patrimoine historique de notre province. Le travail que nos membres ont fait pour dynamiser, protéger et développer les pêches communautaires est reconnu et respecté par les représentants de l'industrie de la pêche du monde entier. C'est parce que nous parvenons toujours à unir collectivement les 13 000 pêcheurs propriétaires-exploitants, membres d'équipage et travailleurs d'usines de transformation, sous une bannière syndicale solide et résiliente. C'est un modèle unique, qu'aucune autre province n'a pu mettre en place avant que la concentration des entreprises et leur contrôle sur ces pêches soient trop enracinés pour être réversibles.
Comme votre étude le révélera probablement, les syndicats qui représentent une masse critique de travailleurs dans un secteur, une industrie, une profession ou une zone géographique en particulier peuvent souvent influer sur le salaire du marché pour tous les travailleurs, et c'est le cas à Terre-Neuve-et-Labrador depuis 1971.
Honorables membres du Comité, la plupart des pêches au Canada et dans le monde entier ont été soumises à une corporatisation dramatique et dévastatrice, au cours de laquelle les pêches communautaires ont été progressivement détruites par des entreprises qui bénéficient d'un accès accru aux pêches sauvages et de quotas de plus en plus importants. Cette concentration d'entreprises, souvent des sociétés multinationales étrangères, sert à maximiser la valeur pour les actionnaires, et non pas pour les collectivités tributaires des pêches adjacentes.
Sans le travail important que la FFAW a effectué au cours de ces décennies, des centaines de collectivités rurales et côtières de notre province seraient bien différentes aujourd'hui; pour nos membres les avantages de la syndicalisation vont donc au‑delà des disparités en matière de rémunération.
Les entreprises de transformation du poisson, comme Royal Greenland et OCI, n'agissent pas dans l'intérêt des travailleurs; elles agissent dans l'intérêt de leurs profits. Leur principal objectif, c'est d'éliminer les petits bateaux de pêche pour utiliser uniquement des chalutiers-usines; c'est une stratégie efficace, car elles n'ont plus besoin de débarquer une seule livre de produit dans notre province. Ces entreprises sont bien connues pour leur recours à des ententes de contrôle illégales, en vertu desquelles elles prennent illégalement le contrôle financier des permis de pêche côtière, et sont connues pour supprimer des emplois locaux en faveur du programme de travailleurs étrangers temporaires, souvent utilisé à mauvais escient.
Les anciens ministres du ministère des Pêches et des Océans ont beaucoup fait pour intégrer des mesures de protection dans la Loi sur les pêches, afin de protéger les propriétaires-exploitants et de reconnaître l'importance des petits bateaux de pêche pour la viabilité économique et culturelle des régions côtières du Canada. Malheureusement, les décisions de la ministre actuelle ne soutiennent pas les pêches communautaires. La et les députés libéraux de Terre-Neuve-et-Labrador, du gouvernement actuel, ont affaibli et déstabilisé les travailleurs syndiqués que nous représentons et n'ont pas agi conformément au mandat défini par la Loi sur les pêches, du gouvernement fédéral, et aux politiques pertinentes.
Même si le gouvernement fédéral actuel prétend soutenir les travailleurs canadiens syndiqués, les décisions liées à la gestion des ressources reflètent un tout autre programme. Cette année, la a annoncé publiquement que les flottes commerciales recevraient une part importante des quotas de sébastes, sabotant ainsi des années de travail collectif de la flotte de pêche du golfe du Saint-Laurent au chapitre de la diversification et de la viabilité économiques. La décision est si grave que l'on s'attend à ce que des entreprises basées à Terre-Neuve, au Québec et au Nouveau-Brunswick fassent faillite dans les mois et les années à venir.
La réouverture par la ministre Lebouthillier de la pêche commerciale à la morue, uniquement au profit des chalutiers canadiens et internationaux, témoigne d'un programme visant à miner davantage la viabilité des pêcheurs syndiqués et des pêches communautaires du Canada.
Dans une perspective plus générale, les travailleurs syndiqués du Canada bénéficient d'avantages importants par rapport à leurs homologues non syndiqués. Selon les données disponibles, les travailleurs syndiqués touchent un salaire horaire supérieur à celui des travailleurs non syndiqués. Pour les femmes et les jeunes travailleurs, cet écart est encore plus marqué, et ces différences ne se limitent pas aux chiffres: elles représentent de réelles améliorations touchant la qualité de vie, la stabilité financière et la sécurité future. Les travailleurs syndiqués sont plus susceptibles d'avoir droit à des prestations de maladie, à un régime de pensions, à des programmes d'assurance-vie et d'assurance-invalidité supplémentaires et à d'autres protections qui contribuent à leur bien-être à long terme.
Nous voudrions que votre étude aborde les différences entre les syndicats du secteur public et ceux du secteur privé. La syndicalisation demeure élevée dans le secteur public, et elle a augmenté entre 2019 et 2023, ce qui aide à expliquer le maintien des salaires et des avantages sociaux attrayants dans le secteur public, malgré certaines dispositions légales qui restreignent les salaires. La syndicalisation dans le secteur privé, d'un autre côté, a baissé pendant la même période. Cette baisse met en relief le besoin de politiques qui soutiennent la syndicalisation du secteur privé, par exemple l'accréditation sur vérification des cartes, une loi anti-briseurs de grève, une loi encadrant le roulement des contrats et, ce qui serait particulièrement utile pour nos membres, des décisions relatives à la gestion des ressources qui soutiennent les travailleurs.
Nous devons faire plus d'efforts pour contrer l'érosion de la classe moyenne. Une meilleure compréhension des causes des inégalités salariales permettra au gouvernement fédéral d'élaborer des politiques favorables à l'égalité et à l'équité, et, avec des renseignements plus solides, nous pourrons offrir un soutien accru aux travailleurs canadiens et aider plus de gens à profiter des avantages de la syndicalisation.
Je remercie les députés de leur intérêt pour cette question, et je les remercie d'avoir pris le temps de m'écouter.
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C'est l'un des défis que nous devons surmonter à Terre-Neuve-et-Labrador.
Selon moi, la stratégie de transition équitable avait une lacune majeure: elle ne tenait pas compte de nos communautés rurales côtières et du fait que les gens ne peuvent pas trouver facilement un emploi. Premièrement, il n'y a pour ainsi dire pas de connexion Internet ou cellulaire dans la plupart de nos zones rurales, donc, il est impossible de demander à ces personnes de travailler de la maison.
Il s'agit aussi de préserver notre lien à notre culture et à notre histoire. Terre-Neuve-et-Labrador est connue pour ses pêches. C'est pourquoi notre industrie du touriste est dynamique; les gens viennent ici pour faire l'expérience de notre mode de vie. S'il continue de se détériorer, les pertes se feront sentir non seulement dans le secteur de la pêche, mais aussi, comme je l'ai dit, dans notre culture, notre mode de vie, notre industrie touristique et tout ce qui nous caractérise.
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Le secteur des propriétaires-exploitants côtiers est complexe, et beaucoup de politiques et de dispositions législatives sont en place pour les protéger, mais le gouvernement fédéral et le secteur savent très bien que ces entreprises chercheront des failles. Elles essaieront de trouver d'autres moyens de contourner ces politiques.
Il y a d'abord les ententes de contrôle illégales. Elles ont déjà réduit les parts et la propriété des entreprises de pêche communautaires en essayant de prendre de plus en plus le contrôle financier des permis. La détérioration a commencé déjà de ce côté.
En allouant des quotas à venir aux flottes des entreprises commerciales plutôt qu'à l'industrie de la pêche communautaire, nous empêchons cette industrie saisonnière de subvenir à ses besoins. L'enjeu dans le secteur des pêches est toujours de s'assurer que les travailleurs ont assez de semaines et d'heures de travail par année, et en allouant plus de quotas à la pêche communautaire, nous offrons à ces travailleurs plus d'heures de travail et une meilleure stabilité économique. Le secteur est également plus attrayant pour les jeunes, qui se disent: « Je veux rester dans ma communauté, et, si je travaille dans le secteur de la pêche, je dois être en mesure de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille ».
Ce sont des éléments très importants lorsque nous examinons des décisions sur la gestion des ressources.
Je disais que l'avantage syndical, comme mes collègues de Statistique Canada l'ont bien démontré, ne se fait pas au détriment de l'ensemble des travailleurs et des travailleuses. Au contraire, dans les pays à forte concentration syndicale, on a observé une augmentation de l'égalité dans l'ensemble de la société. De plus, cette augmentation ne se fait pas au détriment de la croissance économique ni de la productivité.
Je veux mettre l'accent sur l'impact des syndicats sur l'augmentation de l'efficacité au sein des entreprises. Entre autres, la sécurité et la stabilité d'emploi contribuent non seulement à la formation de la main-d'œuvre, mais aussi à l'adoption de nouvelles technologies, ainsi qu'à une plus grande franchise dans les échanges entre les employeurs et les employés, que ce soit dans les cercles de qualité ou dans la gestion des ressources humaines. En outre, les syndicats stimulent l'épargne, les entreprises syndiquées offrant souvent à leurs employés des fonds de retraite qui vont leur permettre d'épargner et, par la même occasion, contribuer à la création de capital de risque et d'investissement.
Le cas du Québec est assez intéressant à ce sujet. Le Fonds de solidarité de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec et le fonds Fondaction de la Confédération des syndicats nationaux permettent d'injecter chaque année des dizaines de milliards de dollars dans l'économie du Québec, ce qui en fait un des leaders du capital de risque au Canada.
Je vais conclure simplement en disant que, selon les données présentées, c'est dans les domaines du secteur privé où les salaires sont les plus bas, où les emplois exigent peu de diplômes et où la compétition est grande que l'avantage syndical est le plus fort. Si on veut maintenir cet avantage, il faut renforcer l'accès à la syndicalisation pour l'ensemble des travailleurs et travailleuses dans ces milieux. Cela doit bien sûr passer par des changements en matière de travail. Les lois sur le travail relèvent des provinces, mais le gouvernement fédéral peut donner l'exemple à cet égard dans le Code canadien du travail.
Lorsqu'on veut permettre l'accréditation syndicale des travailleurs et travailleuses dans des secteurs plus difficiles, où la concurrence est plus forte et la main-d'œuvre plus dense, il faut aller un peu plus loin que le système canadien et nord-américain d'accréditation. Je pense que l'exemple de syndicalisation sectorielle dont parlait Mme Glode est intéressant et qu'il faut favoriser la création de ce genre de syndicats sectoriels et professionnels. Les secteurs de la construction et de l'Union des artistes, au Québec, en sont un bon exemple. Pourquoi pas un syndicat sectoriel du commerce, où les vendeurs et vendeuses, caissiers et caissières pourraient se regrouper par secteur plutôt que par entreprise? Encore une fois, c'est un exemple que pourraient suivre les provinces.
Au Québec, certains décrets de conventions collectives sectorielles permettent d'étendre à l'ensemble des secteurs des conventions négociées pour qu'ainsi tous les employés de divers secteurs puissent profiter de conditions de travail négociées. Jadis, un tel décret s'appliquait à l'industrie de la couture au Québec, mais il a malheureusement été aboli.
Enfin, l'accréditation multipatronale est une autre solution qui permet à de petites entreprises de se regrouper pour profiter de syndicats et de tables de négociation plus larges. Un exemple bien québécois, qu'on retrouve aussi dans l'ensemble des provinces, est celui des maisons d'hébergement pour personnes victimes de violence conjugale. Il s'agit souvent de petits centres, dont les employés ne jouissent malheureusement pas de très bonnes conditions de travail. Les syndiquer une à une serait compliqué. On peut alors envisager l'accréditation multipatronale. Dans le secteur privé, il en existe déjà dans certains syndicats, mais il faudrait élargir le modèle afin de faciliter l'accès à la syndicalisation.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci aux témoins d'aujourd'hui.
Ma première question est pour Mme Glode.
Merci d'avoir souligné la raison pour laquelle nous effectuons cette étude, pourquoi les syndicats sont importants pour faire contrepoids aux employeurs et, comme nous le voyons dans un contexte de cupidité grandissante des grandes entreprises, comment les droits des travailleurs sont fragilisés.
Vous avez mentionné l'affaiblissement par le gouvernement libéral des droits des travailleurs locaux en faveur des entreprises et de leur cupidité, et très souvent en faveur des intérêts étrangers plutôt que des intérêts nationaux. Vous avez également introduit l'idée du roulement de contrats et des droits de succession. Pourriez-vous en dire plus sur l'incidence négative du roulement de contrats et des droits de succession sur les travailleurs, et nous expliquer pourquoi les employeurs aiment tellement cela?
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Je pourrais parler d'un exemple récent de roulement de contrats survenu ici à Terre-Neuve-et-Labrador.
Vous connaissez peut-être Vale, la société minière. Elle exécute beaucoup de travaux ici, dans la province, et elle embauche beaucoup de travailleurs spécialisés. Elle a récemment transféré un contrat touchant environ 200 travailleurs spécialisés et a redonné le contrat à une nouvelle entreprise. Par conséquent, 200 travailleurs syndiqués qui avaient un contrat solide ont été licenciés, dans les faits, et on leur a dit: « Si vous voulez revenir travailler pour cette nouvelle entreprise, vous pouvez le faire, mais vous allez essuyer une perte de salaire de 30 % et perdre vos avantages sociaux .»
Voilà ce que subissent les travailleurs touchés par le roulement de contrats. C'est une chose, comme je l'ai dit, qui fait beaucoup de tort aux emplois de la classe moyenne et qui fait diminuer le pouvoir d'achat et la viabilité économique des travailleurs spécialisés.
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Malheureusement, les députés libéraux de Terre-Neuve-et-Labrador nous ont complètement ignorés, nos membres et nous, depuis que la décision a été prise. Nous n'avons pas pu discuter des motifs.
Il faut aussi savoir que la est tenue de fournir une déclaration écrite expliquant sa décision au plus tard 60 jours après que la décision ait été rendue publique, si je ne me trompe pas. Cela fait maintenant des centaines de jours, et nous n'avons toujours pas eu de déclaration écrite expliquant pourquoi cette décision a été prise.
Nous avons entendu Mme Gudie Hutchings dire, entre autres, que le gouvernement avait une obligation envers l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest, et que, s'il ouvrait de nouveau une pêche commerciale... c'est l'obligation envers l'OPANO. Mais c'est malhonnête, parce qu'il n'y avait aucune raison de rouvrir la pêche commerciale, pour commencer, et qu'il n'y avait pas de précédent. La science non plus n'appuyait pas cette décision. Selon nous, les flottes commerciales sont les seules qui tirent profit de cette décision.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux deux témoins d'être présents aujourd'hui pour cette étude très importante.
Monsieur Harvey, je pourrais peut-être commencer par vous, parce que vous représentez la fonction publique.
Lorsque j'ai été élu pour la première fois au conseil municipal de Hamilton, en 1995, M. Harris, le premier ministre de l'époque, avait le bon sens des conservateurs... un programme révolutionnaire axé sur le bon sens qui ciblait les employés du secteur public, et, à l'époque, des milliers d'employés syndiqués de la fonction publique ont marché dans les rues parce qu'ils étaient victimes de politiques gouvernementales qui tentaient de les priver des acquis accumulés au fil des décennies par les membres syndiqués de la province de l'Ontario.
J'ai suivi cela avec intérêt. Comme je suis originaire de Hamilton, je sais l'importance des syndicats et de ce qu'ils font au nom de leurs membres au fil du temps, et je sais qu'ils déploient beaucoup d'efforts pour obtenir des avantages sociaux et faire faire des gains à leurs membres, qui ont parfois lutté pour cela pendant des dizaines d'années.
J'ai suivi la situation avec intérêt lorsque le bon sens des conservateurs a ciblé les employés syndiqués, dans les années 1990. La situation a été réglée grâce au gouvernement libéral, et heureusement, ces politiques ont été annulées. Puis j'ai encore suivi, toujours en tant que conseiller municipal, le premier ministre Harper et ses deux projets de loi qui ciblaient, encore une fois, les employés syndiqués, soit les projets de loi et .
Il n'y a pas si longtemps, ici dans ma province, le premier ministre conservateur Ford a ciblé les infirmières et les éducateurs avec un projet de loi qui a été contesté devant les tribunaux. Le projet de loi qu'il avait présenté minait le processus de négociation collective, imposait un plafond de 1 % aux enseignants, aux infirmières et à d'autres employés de la fonction publique pour trois ans. Bien entendu, et heureusement, les tribunaux ont mis le holà, et ont annulé ce projet de loi. La province verse maintenant des dizaines de millions, voire des milliards de dollars, pour cette erreur.
Ce sont des exemples où les gouvernements — qui semblent tous venir du même parti — ont attaqué et diabolisé les travailleurs syndiqués en tentant de faire croire au public qu'ils coûtaient beaucoup d'argent, qu'ils nuisaient au progrès et qu'il n'y avait aucun avantage aux droits qu'ils avaient obtenus.
Dans le projet de loi, que je remonte au premier ministre Harris, au premier ministre Ford ou au premier ministre Harper, le programme empreint de bon sens des conservateurs semble être le même, et semble avoir pour objectif d'éroder les avantages sociaux et les salaires que les membres syndiqués et les dirigeants syndicaux ont mis des décennies à obtenir.
Lorsqu'un projet de loi est présenté et qu'il y a des débats publics et que vos membres et vous êtes diabolisés par un gouvernement ou un autre, quelles sont les répercussions sur le moral? Quelles sont les répercussions sur les dirigeants qui se sont battus si fort pour obtenir ces avantages sociaux?
Je sais que je vous ai donné des exemples qui ne concernent pas la province, mais je pense qu'au cours des années, vous avez probablement suivi certaines de ces histoires.
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Merci pour la question, monsieur Collins.
Je vais répondre indirectement. Tout d'abord, un de mes rôles à la Centrale des syndicats du Québec est de participer aux négociations du secteur public québécois. J'étais donc à la table de négociation, lors du dernier cycle, pour négocier les conditions salariales de 600 000 travailleurs et travailleuses des réseaux de la santé, de l'éducation et de l'enseignement collégial.
En négociation, peu importe la couleur du gouvernement, il semble que les travailleuses et les travailleurs du secteur public coûtent toujours trop cher. C'est un discours qu'on entend de tous les côtés. Effectivement, on nous présente comme comptant pour 60 % des dépenses publiques, ce qui n'est pas surprenant, étant donné que les services gouvernementaux sont des services, et non des produits. Il est donc normal que la main-d'œuvre constitue la plus grande part de ces dépenses. Il est toujours aussi difficile pour nos membres de se faire reconnaître à leur juste valeur lors des négociations, peu importe la couleur du gouvernement. C'est particulièrement le cas lorsqu'il s'agit d'emplois à prédominance féminine, notamment ceux visant à répondre aux besoins de soins, d'éducation et de soutien. Ce sont des vocations qui n'ont jamais été reconnues à leur juste valeur.
Par contre, ce qui est plus pénalisant, c'est lorsqu'on s'attaque à la structure du débat, de la négociation et de la représentation collective de ces travailleuses. Ça vient ajouter un fardeau aux syndicats et à leurs membres. Je ne parle pas des négociations en bonne et due forme, où l'employeur veut payer moins et où les syndicats demandent des augmentations de salaire, ce qui est un débat normal. Lorsqu'on s'attaque à la capacité des syndicats de représenter leurs membres, par exemple avec des lois, ça rend le travail plus compliqué pour améliorer les conditions de travail dans le secteur public…