:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Au cours de la campagne électorale, notre parti a pris le ferme engagement de protéger les familles et le mode de vie du Canada en sévissant contre les armes à feu, les gangs de rue et les drogues. Depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons fait preuve de leadership en nous attaquant au crime, au moyen de mesures visant à renforcer les collectivités et à aider des millions de Canadiennes et de Canadiens ordinaires qui travaillent dur. Il s'agit de l'une de nos cinq priorités clés, dont les suivantes: aider les Canadiens à prospérer en réduisant les taxes, y compris la TPS. Déposer un véritable plan pour la garde des enfants: les parents ont déjà commencé à recevoir des chèques représentant un montant de 1 200 $ par année, pour les enfants de moins de six ans. Travailler à l'adoption d'une garantie quant aux délais d'attente pour les patients. Restaurer la confiance des Canadiens et des Canadiennes envers un gouvernement responsable en adoptant les mesures de responsabilisation les plus exhaustives de l'histoire de notre pays.
En qualité de ministre de la Justice, je suis fier d'avoir donné suite à notre engagement de nous attaquer au crime grâce à de nouvelles mesures rigoureuses. Nous faisons en sorte que les criminels ne soient plus jamais dorlotés et que la voix et les droits des victimes soient respectés. C'est ce que les familles canadiennes et les contribuables veulent, et c'est ce que nous leur assurons.
Je suis ravi de rencontrer de nouveau les membres du Comité de la justice pour discuter cette fois-ci de l'une de nos mesures les plus rigoureuses: le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel sur l'emprisonnement avec sursis.
Comme vous le savez, un juge peut imposer une peine d'emprisonnement avec sursis ou une peine « de détention à domicile », s'il estime que cette mesure ne met pas en danger la sécurité de la collectivité et est conforme à l'objectif et aux principes de la détermination de la peine. Le Code criminel interdit également le recours à ce genre de peine lorsque le contrevenant a été déclaré coupable d'une infraction punissable par une peine minimale d'emprisonnement ou lorsque le contrevenant a été condamné à une peine d'emprisonnement de plus de deux ans. Le projet de loi ajouterait une cinquième exigence qui interdirait les peines d'emprisonnement avec sursis, surtout la détention à domicile, pour des infractions punissables de 10 ans ou plus poursuivies par mise en accusation.
Comme nous avons eu l'occasion de l'entendre au cours du débat en deuxième lecture sur ce projet de loi, la décision gouvernementale de réformer l'emprisonnement avec sursis vise seulement à limiter ces peines aux cas pour lesquels elles devaient initialement s'appliquer. Les peines d'emprisonnement avec sursis n'ont jamais été destinées à des délinquants qui commettent les crimes les plus graves, fait qu'ont souligné à maintes reprises des membres du gouvernement libéral lorsqu'ils ont présenté le concept de la détention à domicile. C'est pourquoi le gouvernement actuel a promis d'interdire le recours à des peines d'emprisonnement avec sursis pour des crimes graves, y compris des infractions violentes et des infractions sexuelles désignées, des infractions mettant en jeu des armes à feu, des crimes graves liés aux drogues, des crimes commis contre des enfants, et la conduite avec facultés affaiblies causant des lésions corporelles ou la mort.
Pour citer un document intitulé « La peine d'emprisonnement avec sursis: Nécessité d'une réforme », rédigé en juin 2003 par le ministre de la Justice et procureur général de l'Alberta au nom de la Colombie-Britannique, du Manitoba, de l'Ontario et de la Nouvelle-Écosse:
Le fait de permettre aux personnes qui ne présentent aucun danger pour la collectivité, qui seraient autrement incarcérées, et qui n'ont pas commis de crime grave ou violent, de purger leur peine dans la collectivité est fructueux. Il arrive toutefois que la nature même de l'infraction et du délinquant doive mener à une incarcération réelle. Agir autrement ruinerait la réputation de l'ensemble du régime des peines avec sursis, et par là, de l'ensemble du système de justice pénale.
Les options visant la réforme du régime des peines d'emprisonnement avec sursis exposées dans ce document comprenaient l'application d'une interdiction du recours à des peines d'emprisonnement avec sursis pour des crimes graves.
Je sais fort bien que des membres de l'opposition s'inquiètent de la portée du projet de loi . Le seuil de la peine maximale de 10 ans représente un message clair et direct: un crime grave entraîne une peine d'emprisonnement sévère.
Mesdames et messieurs, je suis prêt à envisager toute modification raisonnable qui améliorera ce projet de loi et assurera son adoption rapide. Toutefois, en façonnant ces amendements, nous devons tenir compte de l'engagement de l'actuel gouvernement et des gouvernements précédents selon lequel les peines d'emprisonnement avec sursis ne doivent pas être utilisées pour des crimes graves. Nombre de Canadiennes et de Canadiens considèrent les crimes contre la personne punissables par mise en accusation, les infractions comme l'introduction par effraction et l'invasion de domicile comme des infractions graves.
Un aspect important du projet de loi C-9est qu'il ne vise que les infractions poursuivies par mise en accusation. Par exemple, une peine d'emprisonnement avec sursis serait encore imposée pour des voies de fait causant des lésions corporelles, à condition qu'il s'agisse d'une infraction punissable par procédure sommaire. Comme je l'ai dit lors du débat à la Chambre, afin d'assurer que la peine est proportionnelle à la gravité de l'infraction et au degré de responsabilité du délinquant, le système de justice dépendra de la discrétion des poursuivants et des policiers pour accuser un délinquant de façon appropriée en se servant d'une déclaration sommaire de culpabilité uniquement dans des cas mineurs.
Autre aspect important de ce projet de loi: même si de nombreux délinquants qui auraient été admissibles à une ordonnance d'emprisonnement avec sursis devront, à l'avenir, purger leur peine sous garde, ils ne devront pas tous le faire. On s'attend à ce que certains reçoivent une peine avec sursis accompagnée d'une probation. Certains délinquants, qui seraient maintenant admissibles à une peine d'emprisonnement avec sursis, recevront sans doute une peine d'emprisonnement plus courte que la peine d'emprisonnement avec sursis qu'elle remplace, suivie d'une période de probation de plusieurs mois.
Monsieur le président, certains ont dit craindre que ce projet de loi accroisse la surreprésentation des délinquants autochtones. Toutefois, dans cette optique, nous devrions également souligner que les Canadiennes et les Canadiens autochtones sont également surreprésentés parmi les victimes d'actes criminels. Le projet de loi C-9 vise à offrir une protection à ces victimes et à leurs collectivités.
Selon un rapport publié le 6 juin 2006 et préparé par le Centre canadien de la statistique juridique, il y a plus de victimes d'actes criminels autochtones que de non-Autochtones. En effet, 40 p. 100 des Autochtones de 15 ans et plus ont signalé qu'ils avaient été victimisés au moins une fois dans les 12 mois précédant leur entrevue, par rapport à 28 p. 100 chez les non-Autochtones. La justice réparatrice est un outil important pour les délinquants autochtones, mais les victimes autochtones ont tout autant droit à la protection et à la sécurité que les autres Canadiens et le projet de loi C-9 est un pas vers l'assurance de cette protection.
Pour ce qui est de la ventilation par type d'infraction, l'étude souligne que sur 22 878 incidents violents rapportés à la police sur les réserves en 2004, 20 804 étaient des voies de fait, soit environ 90 p. 100 des incidents violents rapportés à la police. Les voies de fait simples, si elles sont poursuivies par mise en accusation, sont passibles d'une peine maximale d'emprisonnement de cinq ans, conformément à l'article 266 du Code criminel et ne seraient donc pas incluses dans la portée du projet de loi C-9. Le CCSJ a conclu que les Autochtones ont tendance à être deux fois plus que leurs homologues non autochtones des victimes répétées de violence conjugale. Enfin, l'étude rapporte qu'entre 1997 et 2000, le taux moyen d'homicides chez les Autochtones était de 8,8 par 100 000 habitants, soit près de sept fois plus que chez les non-Autochtones, pour qui il est de 1,3 par 100 000 habitants.
Monsieur le président, selon ces statistiques, j'estime que le projet de loi C-9 est une mesure nécessaire pour protéger les victimes et les collectivités autochtones d'une façon qui respecte l'objectif et les principes de la détermination de la peine énoncés dans le Code criminel.
Les infractions et les actes de violence liés à la drogue demeurent une menace croissante pour nos collectivités et notre mode de vie canadien. Comme je l'ai déclaré lorsque j'ai comparu devant ce comité à propos du budget principal du ministère de la Justice, le nombre de plantations de marijuana a augmenté de façon considérable au Canada, pour s'étendre dans les banlieues et les zones rurales. La production et la distribution de drogues comme le crack de cocaïne, les méthamphétamines et l'ecstasy, ont également accusé une forte croissance. Le projet de loi C-9 contribuera à faire en sorte que les infractions graves liées aux drogues entraîneront des sanctions graves.
Ce projet de loi s'applique à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances ainsi qu'au Code criminel en interdisant le recours à des peines d'emprisonnement avec sursis pour des infractions poursuivies par mise en accusation et passibles d'une peine maximale de 10 ans ou plus. Par conséquent, une peine d'emprisonnement avec sursis ne pourra pas être imposée pour les infractions de trafic ou de production d'une substance figurant à l'Annexe I ou II, (sauf pour ce qui est du cannabis), ou de trafic ou de production d'une substance figurant à l'Annexe III, si elles sont poursuivies par mise en accusation. Une peine d'emprisonnement avec sursis ne serait pas permise non plus pour les infractions d'importation/exportation d'une substance figurant à l'Annexe I ou II ou d'importation/exportation d'une substance figurant à l'Annexe III ou IV, si elles sont poursuivies par mise en accusation.
Monsieur le président, je voudrais maintenant mentionner certaines causes et montrer au comité que certaines peines d'emprisonnement avec sursis imposées dans ces causes étaient tout simplement inacceptables.
Dans l'affaire R. contre Wong, d'un tribunal de la Colombie-Britannique, le délinquant de 42 ans et père de deux enfants a plaidé coupable à une infraction de trafic dans le cadre d'une opération de drogues par téléphone impliquant trois ventes de cocaïne à un agent de police banalisé. Une opération de drogues par téléphone exige un certain degré de sophistication qui permet à des gens qui sont chez eux de commander des drogues par téléphone. Les drogues sont déposées à un endroit donné, souvent au domicile de l'acheteur. Ce genre d'opération par téléphone implique souvent d'énormes quantités de stupéfiants.
Le délinquant, qui avait déjà un casier judiciaire lorsqu'il a commis ces infractions, purgeait alors une peine d'emprisonnement avec sursis pour des infractions liées aux drogues. Malgré ces facteurs aggravants, le tribunal a infligé au délinquant une peine d'emprisonnement de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité, autrement dit, une détention à domicile.
Dans l'affaire R. contre Kasaboski, ayant fait l'objet d'un jugement en Ontario, le délinquant de 22 ans a plaidé coupable à un chef d'accusation de trafic de méthamphétamine et il a été également accusé de trafic et de possession d'ecstasy. Les faits de cette cause établissent que le contrevenant avait fait le trafic de 500 comprimés de méthamphétamine et qu'il a été trouvé, par la suite, avec 200 comprimés d'ecstasy en sa possession. Le contrevenant n'avait pas de casier judiciaire, mais après avoir commis les infractions que je viens de mentionner, il a été déclaré coupable d'omission de se présenter devant le tribunal ainsi que de possession de biens obtenus par des actes criminels.
En décidant de sa peine, le tribunal a conclu que le contrevenant avait fait des efforts substantiels pour changer sa vie: il était en effet « propre » depuis 17 mois, il était employé dans une brasserie depuis 16 mois et ses parents le soutenaient dans ses efforts. Ensuite, le juge a dit:
L'ecstasy et les méthamphétamines sont des drogues dangereuses. Même s'il est difficile de déterminer clairement la nature de l'organisation à laquelle M. Kasaboski était associé d'après les faits présentés au tribunal, il est évident qu'il était haut placé dans la chaîne de distribution. Il ne s'agissait pas de transactions de rue pour de petites quantités, mais bien de ventes importantes pour de grosses sommes d'argent. D'après moi, le mobile était le profit.
Le tribunal a conclu que la dénonciation et la dissuasion pouvaient être réalisées grâce à une peine d'emprisonnement avec sursis de deux ans moins un jour.
On peut trouver un autre exemple dans l'affaire R. contre Basque, une décision d'un tribunal de la Colombie-Britannique. Dans cette décision récente, le délinquant de 22 ans a été déclaré coupable de possession et de trafic de cocaïne. Il agissait comme vendeur de drogues par téléphone, comme dans l'opération que je viens de décrire. Dans sa décision, le tribunal a conclu que le plaidoyer de culpabilité du délinquant, le fait qu'il n'avait pas de casier judiciaire et qu'il s'efforçait d'éviter son ancien mode de vie étaient des facteurs atténuants. Toutefois, le tribunal a aussi conclu que les facteurs suivants étaient aggravants, et je cite:
[Traduction] Les circonstances aggravantes dans ce cas sont les suivantes: i) Les circonstances de ventes de drogues par téléphone; ii) le fait que la drogue faisant censément l'objet de trafic était de la cocaïne; mais la circonstance la plus aggravante est le fait iii) que cette infraction a eu lieu alors que M. Basque entreprenait alors virtuellement la même infraction.
Malgré ces circonstances aggravantes, le juge n'a infligé au délinquant qu'une peine d'emprisonnement de 12 mois à purger dans la collectivité, encore une fois, une détention à domicile.
Je soutiens, devant les membres de ce comité, que ce genre de peines pour ce genre d'infractions liées aux drogues n'est pas approprié. De tels cas ne sont pas rares. Ils exigent que ce Parlement prenne des mesures pour faire en sorte que des crimes graves liés aux drogues entraînent une véritable peine d'emprisonnement.
Les Canadiennes et les Canadiens sont également préoccupés par les peines imposées pour des actes criminels violents. Il est manifeste, d'après la jurisprudence, que la détention à domicile n'est pas non plus une peine rare dans ces affaires. Par exemple: à Calgary, un certain Michael John Wilson, âgé de 25 ans, a été inculpé pour meurtre. Il a reçu une peine d'emprisonnement de deux ans avec sursis pour un incident dans lequel sa fillette de deux ans a eu la colonne vertébrale brisée et l'aorte déchirée, ce qui a causé sa mort.
À Toronto, Scott Carew a été condamné à une peine de détention à domicile de deux ans et à 240 heures de service communautaire après avoir plaidé coupable de voies de fait graves qui ont laissé son petit garçon de cinq ans avec des lésions permanentes au cerveau.
À Cayuga, en Ontario, James Peart, condamné pour dix chefs d'accusation d'agressions indécentes sur des garçons d'à peine huit ans pendant deux décennies s'est vu infliger une peine d'emprisonnement avec sursis de 20 mois.
À Peterborough, en Ontario, Fred Cole, âgé de 58 ans, condamné pour le viol d'une fillette, a eu une peine de deux ans d'emprisonnement avec sursis.
L'affaire R. c. J.G.C. de 2004 est un autre exemple où le contrevenant vers la fin de la trentaine a plaidé coupable d'avoir agressé sexuellement deux garçons de moins de 14 ans à plusieurs reprises. Il s'était servi pour les attirer de jeux vidéo, de bonbons, de gâteaux et d'argent, gagnant la confiance de l'un des deux garçons. La deuxième victime était un cousin du premier garçon. Dans sa décision d'infliger au contrevenant une peine d'emprisonnement avec sursis de neuf mois, le juge a statué qu'une telle peine était appropriée parce que le contrevenant ne représentait pas un danger pour la collectivité, qu'il n'avait pas recouru à la force pour agresser sexuellement les deux garçons et qu'il avait essayé de se suicider, ce qui montrait un certain degré de remords.
Personnellement, je trouve invraisemblables les peines minimes infligées dans ces affaires, et je suis convaincu que beaucoup de Canadiens pensent comme moi. Les peines infligées dans ces affaires ne reflètent pas correctement les principes de dénonciation, de dissuasion et de proportionnalité. Le présent projet de loi assurera que les objectifs et les principes de détermination de la peine seront mieux reflétés dans les peines qui seront dorénavant imposées dans ce genre d'affaires.
Je voudrais conclure en disant que le projet de loi C-9 constitue une mesure nécessaire pour l'imposition de peines plus justes, qui permettront de protéger non seulement nos collectivités et nos enfants, mais également nos valeurs canadiennes. Il fait en sorte que les peines d'emprisonnement avec sursis demeurent disponibles pour ceux et celles qui commettent des actes criminels mineurs et qui méritent, en toutes circonstances, de pouvoir purger leur peine à domicile, mais que lorsqu'un contrevenant commet un acte criminel grave, la peine soit purgée sous garde. Le recours approprié aux peines d'emprisonnement avec sursis renforcera la confiance envers notre système de justice pénale.
Merci.
Quand vous êtes venu parler du budget des dépenses, vous disiez que vous fourniriez certaines réponses que vous n'aviez pas au moment de l'examen des priorités, en septembre. Je suis convaincue que vous nous fournirez les réponses à votre prochaine comparution, sous peu.
En considérant le projet de loi C-9, notre parti voudrait voir quelques restrictions aux peines d'emprisonnement avec sursis, mais il s'agit de savoir lesquelles, dans quelle mesure, et comment on choisirait les infractions auxquelles elles s'appliqueraient.
Nous entendrons de nombreux témoins, et il faudra prendre une décision finale en fonction des témoignages reçus par le comité, et en fonction de notre jugement. Il y a toutefois bon nombre de questions que mes collègues et d'autres députés voudront vous poser.
Au sujet de vos exemples, aux fins du compte rendu, je signale que les procureurs auraient pu facilement interjeter appel de ces peines, que je suis convaincue qu'ils auraient dû le faire ou qu'ils l'ont fait, dans certains cas. Il reste que votre discours aurait dû à mon avis traiter des coûts, puisque cela aura un effet sur toutes les provinces et les territoires.
Je voudrais qu'on dépose au comité un aperçu des coûts prévus et des renseignements sur les discussions que vous avez avec ceux qui seront le plus touchés dans les administrations provinciales et territoriales, puisque nous savons tous que ces peines seront purgées ailleurs que dans les pénitenciers fédéraux.
Vous avez aussi parlé des communautés autochtones. Il est tout à fait vrai que les Autochtones sont surreprésentés dans notre système judiciaire, mais aussi chez les victimes. J'en conviens.
Monsieur le ministre, il nous reste à travailler sur les amendements. Deux fois déjà, vous avez dit à notre comité que vous étiez prêt à envisager des amendements. Les fonctionnaires du ministère de la Justice sont-ils prêts à travailler avec les partis, ou faudra-t-il passer par la procédure d'amendement habituelle? Autrement dit, j'ai remarqué pendant l'été que dans vos discours, vous aviez cessé de parler des articles se rapportant surtout aux biens. Vous avez parlé des lésions graves et des crimes graves et je pense que nous pourrons nous entendre sur ces questions.
Il y a d'autres choses dont je voudrais discuter avec vous, mais je voudrais que vous me disiez d'abord si le gouvernement compte amender son propre projet de loi.
Tout d'abord, je préfère que vous travailliez avec les membres du comité plutôt qu'avec les fonctionnaires. Vous êtes des représentants élus et je suis certain qu'après avoir recueilli des témoignages, vous êtes en mesure de déterminer ce qui, à votre avis, correspond le mieux aux intérêts de la population canadienne. Je peux vous dire que mon ministère est tout à fait désireux de travailler avec vous.
Mais je voudrais signaler que les Canadiens se préoccupent gravement d'un certain nombre d'atteintes à la propriété. Par exemple, des procureurs généraux s'inquiètent des vols de voitures, dont le nombre est en augmentation exponentielle. Dans la seule ville de Winnipeg, il y aurait eu 9 000 vols de voitures en un an, souvent commis par les mêmes individus à plusieurs reprises, et dont certains sont toujours condamnés avec sursis. En ce qui concerne les autres atteintes à la propriété, la police de Vancouver me signale le cas d'un individu condamné pour 124 infractions, qui fait toujours l'objet de condamnations avec sursis.
On ne peut donc pas minimiser les atteintes à la propriété. En fait, tout indique que la criminalité avec violence commence souvent par des atteintes à la propriété. Je me préoccupe notamment des introductions par effraction. Quelle différence y a-t-il entre une introduction par effraction et un braquage au foyer? La seule différence, c'est que dans le braquage au foyer, la victime se retrouve en présence de l'agresseur. L'introduction par effraction est donc une infraction très grave en puissance.
J'essaie de répondre à tous vos arguments, qui sont très pertinents, et j'apprécie beaucoup le fait que vous soyez prête à travailler sur ce projet de loi, car nous avons besoin de votre appui, puisque nous formons un gouvernement minoritaire.
Vous avez évoqué la question du droit d'appel. J'ai vu dans le journal que la Cour d'appel du Manitoba, par exemple, prononçait régulièrement des condamnations avec sursis dans des affaires de trafic de drogues. Je parle ici de cas de production et de trafic de drogues. Je vous avoue que ces sentences ne me semblent pas appropriées, et pourtant, dans notre pays, les cours d'appel sont des juridictions de dernière instance. Ensuite, on ne peut se pourvoir devant la Cour suprême que sur des points de droit. Il est très rare qu'on soit autorisé à porter un arrêt d'appel devant la Cour suprême. Il y a donc un manque d'uniformité dans l'ensemble du pays en ce qui concerne le prononcé de la sentence dans les cas de trafic de drogues.
En ce qui concerne votre argument sur le coût des changements, tout d'abord, les procureurs généraux et le ministre de la Justice vont en discuter lors de leur réunion d'octobre. J'ai rencontré des procureurs provinciaux à titre individuel et je peux ajouter qu'en général, ils sont favorables aux réformes proposées dans le projet de loi. Les fonctionnaires des provinces et des territoires sont en train de préparer un document exposant leur point de vue sur les effets cumulatifs non seulement du projet de loi C-9, mais également du C-10, et des sentences minimales obligatoires pour les infractions graves en matière de drogue. Ce document n'est pas encore prêt, mais il en sera question à la rencontre ministérielle.
L'augmentation des coûts du système correctionnel va dépendre de la proportion des contrevenants qui sont condamnés à la prison et de la durée moyenne de leur peine. D'après nos estimations, le supplément pourrait représenter 443 années-prison, soit une dépense supplémentaire annuelle d'environ 21,7 millions de dollars au niveau national, c'est-à-dire 1,7 p.100 des dépenses de fonctionnement annuelles du système correctionnel pour adultes. J'ai hâte de voir les estimations des provinces à ce sujet.
L'été dernier, j'ai eu l'occasion de parcourir tout le pays. J'ai pu m'entretenir avec la plupart des procureurs généraux à propos de la loi, et pas seulement du projet de loi C-9 mais aussi du projet de loi C-10, et à propos d'autres initiatives que nous prenons. De manière générale, je constate que les procureurs généraux des provinces sont favorables à cette loi. Ce qui les préoccupe, c'est la question financière dont on a fait état ici aujourd'hui. Cela ne fait aucun doute. Mais tous les procureurs généraux sont conscients du fait que, s'ils veulent en finir avec les portes tournantes, particulièrement avec les récidivistes dans ce domaine, nous devons prendre des mesures et que cela coûtera de l'argent.
Permettez-moi de diviser mes observations en deux parties. Premièrement, on se préoccupe de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et les récidivistes dans un contexte où des jeunes délinquants volent littéralement des douzaines et des douzaines de voitures pendant plusieurs mois, mais en vertu de la loi actuelle, il ne semble pas y avoir moyen de les traduire en justice. Comme vous le savez, la Cour suprême du Canada vient de statuer que la dénonciation ou la dissuasion ne font plus partie du régime de détermination de la peine en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. C'est un jugement qui m'a beaucoup étonné, mais j'imagine que c'est à cause de la façon dont la loi a été rédigée, et c'était donc une décision appropriée. Je ne dis pas qu'en pratique je suis d'accord avec le résultat, mais je suis d'accord avec cette interprétation.
J'ai également rencontré des services policiers, des groupes de victimes et d'autres qui m'ont parlé du vandalisme à répétition, des introductions par effraction, des vols de voitures, de ce qu'on appelle ces crimes contre les biens, et des effets que cela a sur la faculté qu'ils ont de maintenir l'ordre, dans le cas des services policiers, ou dans le cas des entreprises, d'exploiter un commerce dans bon nombre des centres-villes. Il est donc sûr que ces personnes ne considèrent pas les crimes contre les biens comme étant des infractions bénignes. En fait, c'est ce qui chasse les commerces de certains quartiers. La clientèle se dirige alors vers la banlieue, loin du centre-ville. C'est donc un problème social grave que causent ces récidivistes, ceux qui entrent par effraction dans les maisons.
L'impact sur une personne qui a été victime d'une entrée par effraction est très important, particulièrement sur les personnes âgées, qui ont déjà peur de sortir le soir, et après qu'on s'est introduit chez elles par effraction, elles ont peur de rester chez elles. Cela change la vie de ces personnes pour toujours.
:
Monsieur le ministre, lors du dépôt du projet de loi C-9 à la Chambre des communes, j'ai eu l'occasion de vous de dire que j'étais contre ce projet de loi. Je vais aujourd'hui vous donner trois chiffres, et j'invite les gens de votre ministère à y réfléchir beaucoup avant d'aller plus loin.
Depuis l'instauration des emprisonnements avec sursis en 1996, 55 000 personnes ont évité la détention. J'aurai une question à ce sujet tantôt. Selon les chiffres de 2002-2003, le coût annuel moyen pour une personne incarcérée dans une prison provinciale au Canada est de 51 454 $, alors qu'il en coûte 1 792 $ pour la surveillance d'un délinquant dans la collectivité. Je pense, monsieur le ministre, que ces trois chiffres devraient vous faire réfléchir, mais je vais aller un peu plus loin.
Je m'adresse à vous en tout respect pour vos connaissances, monsieur le ministre, car je sais que vous étiez procureur général du Manitoba lorsque cette cause a été entendue par la Cour suprême et que celle-ci a rendu sa décision. Je parle bien sûr de l'arrêt Proulx rendu en 2000 dont on fait état dans le rapport de la Cour suprême 1 R.C.S. 61. Alors, s'il y a un arrêt plus important et plus récent qui contredit l'arrêt Proulx, j'aimerais que votre ministère m'en fasse parvenir une copie.
La Cour suprême — et cela n'a pas été repris depuis lors — a établi 12 critères pour imposer une peine d'emprisonnement avec sursis. Le premier de ces critère dit ceci:
Contrairement à la probation, qui est principalement une mesure de réinsertion sociale, l’emprisonnement avec sursis vise à la fois des objectifs punitifs et des objectifs de réinsertion sociale [...]
J'ai été avocat de la défense en droit criminel pendant 25 ans. J'étais là au début du système des emprisonnements avec sursis et j'ai plaidé à ce sujet jusqu'en Cour d'appel. Je peux vous dire — et c'est ce qui semble avoir été oublié chez vous — qu'un échec de l'emprisonnement avec sursis implique automatiquement l'emprisonnement jusqu'à la fin de la sentence ou, alors, une révision avec des conditions encore plus strictes.
J'ai deux question très précises à vous poser. Premièrement, le ministère de la Justice possède-t-il des statistiques concernant les succès des emprisonnements avec sursis? Il est impossible que vous n'en ayez pas. Nous aimerions bien avoir une copie des succès, des cas où il n'y a pas eu d'échec, c'est-à-dire des cas où l'emprisonnement avec sursis a été prononcé, la sentence a été rendue, et le délinquant a complété l'emprisonnement avec sursis au complet. Je voudrais avoir ces chiffres.
Ma dernière question concerne la porte que vous avez ouverte lorsque vous avez parlé de la possibilité de revoir un peu le projet de loi. Avez-vous envisagé que l'emprisonnement avec sursis puisse s'appliquer à des peines d'emprisonnement de moins de cinq ans? D'un côté, cela contrebalancerait les dix ans que vous demandez. De plus, nous savons que bien souvent, ceux à qui on impose un emprisonnement de cinq ans et moins dans un pénitencier sortent plus rapidement que s'ils avaient été envoyés dans une prison provinciale, où il y a des sentences de deux ans et moins. Je pourrais vous donner des exemples de ce qui se passe jusqu'à Vancouver.
J'espère que vous avez bien compris mes deux questions.
:
Mon ministère peut vous faire parvenir des statistiques et des études à ce sujet. Chose certaine, les études faites au Canada ne sont pas très claires sur ce point. Je pense que vous avez raison de chercher des exemples dans d'autres pays. C'est ce que nous devrons faire. Je ne pense pas que les faits soient particulièrement clairs là-dessus. Par exemple, nous pouvons faire certaines affirmations. J'ai noté, par exemple, qu'une personne a dit récemment durant une interview après le regrettable incident survenu à Montréal la semaine dernière qu'elle avait remarqué qu'au cours des 16 dernières années, le nombre d'infractions commises au moyen d'armes à feu avait diminué en raison de nos lois. J'ai également remarqué que cela correspond à peu près à la date à laquelle on a imposé des peines de prison plus sévères obligatoires pour les crimes commis avec arme à feu, et c'était bien avant la création du registre des armes à feu. En fait, le registre des armes à feu est entré en vigueur depuis quelques années seulement. Il n'a eu aucun effet notable à cet égard.
Je pense que si l'on examine les statistiques pour voir quelles mesures ont été efficaces dans notre lutte contre le crime commis avec arme à feu, on peut avancer en s'appuyant sur de solides arguments que l'imposition de peines de prison obligatoires pour de tels crimes commis avec arme à feu a entraîné une réduction du nombre de ces crimes.
L'un de mes collaborateurs a eu des entretiens avec des procureurs aux États-Unis qui lui ont vanté les avantages des peines de prison minimales obligatoires pour certains types d'infractions. Par exemple, le procureur lui a dit que de telles peines sont particulièrement efficaces dans le cas des prédateurs sexuels, parce que quand on met l'un de ces prédateurs sexuels derrière les barreaux, il n'y a personne pour prendre sa place. On verra donc une baisse réelle du nombre de crimes en s'assurant que la personne en question ne retourne pas dans la rue. Encore une fois, il s'agit d'une preuve empirique.
Nous avons des études. J'ai évoqué par exemple l'étude qui montre que l'incarcération d'une personne pendant un an pour un crime grave empêche la perpétration de 15 crimes graves que cette personne aurait commis durant cette année-là. On peut en débattre, mais je pense que, de manière générale, et j'insiste là-dessus, ce n'est pas simplement l'élimination des peines avec sursis ni l'imposition de peines de prison minimales obligatoires. Il faut combiner tout un éventail de solutions. Il faut aussi des solutions de rechange à l'incarcération. Y a-t-il des personnes qui pourraient purger leur peine à l'extérieur des établissements carcéraux? La situation de Hollow Water correspond peut-être à cet exemple. Et il y en a d'autres.
J'ai été mêlé à ce programme à titre de ministre provincial de la Justice et je regrette de toujours me reporter à cette expérience, mais à bien des égards, c'est une expérience beaucoup plus proche de la réalité que celle du ministre fédéral de la Justice, qui ne participe pas vraiment à la mise en application du Code criminel au jour le jour. Au Manitoba, les comités de justice pour la jeunesse ont été un succès extraordinaire. J'ignore combien il en existe encore, mais je sais que quand j'ai quitté ce poste, nous en avions plus de 50 au Manitoba et ils avaient énormément de succès, pas seulement pour les jeunes, mais aussi pour les adultes, par exemple des personnes âgées qui, pour la première fois dans leur vie, avaient des démêlés avec la loi. Il y avait manifestement quelque chose qui clochait dans leur vie. Nous avons donc pris des dispositions pour permettre aux personnes dans cette situation de bénéficier également de ces soi-disant comités de justice pour la jeunesse. La théorie était que nous avions au Manitoba une population de personnes âgées dont la moyenne d'âge était en fait très jeune. Ces comités ont été utiles à cet égard.
Je crois donc que nous devons nous attaquer au problème en adoptant une approche qui inclut la police, la loi et des programmes alternatifs, qu'ils soient conçus pour les jeunes ou pour d'autres.
J'aimerais me baser sur l'exemple de New York, qui a vu son taux d'homicides chuter de 2 200 par an à 550 par an. Cela s'est fait grâce à l'application efficace des lois. C'est quand même un taux élevé, étant donné le nombre élevé d'armes aux États-Unis, mais il reste néanmoins que, l'an passé, ou l'année d'avant, 1 700 personnes étaient encore en vie parce qu'on avait mieux appliqué des lois plus musclées.
:
Merci de votre présence, monsieur le ministre.
Je ne veux pas critiquer mon ami de l'opposition, M. Lee, cependant, il me semble qu'avec son approche, on s'inquiète encore une fois beaucoup trop de l'auteur de l'infraction. Personnellement, je me préoccupe plus des victimes de l'infraction. Je crois que lorsqu'on met l'accent sur les victimes, alors notre point de vue change.
Je voudrais que vous me fassiez part de vos remarques sur les deux points suivants. Tout d'abord, ce que j'entends nombre de Canadiens dire aujourd'hui, ce n'est pas le fait que les peines d'emprisonnement avec sursis causent des problèmes, mais plutôt le fait que, trop souvent, il faudrait appliquer une peine d'emprisonnement et que cela ne se fait pas. Je crois que pour de nombreuses personnes, c'est là que le bât blesse.
Depuis 13 ans que je suis député, j'ai été témoin de nombreuses affaires portées devant les tribunaux et où l'auteur de l'infraction a été reconnu coupable mais n'a pas été condamné à une peine d'emprisonnement. Je pourrai revenir sur toutes ces affaires et compter le nombre de fois où moi-même et plusieurs autres personnes avons contesté les peines infligées à certaines personnes, qui s'en sont tirées sans peine d'emprisonnement, surtout dans le cas d'actes criminels à l'encontre d'enfants.
Vous me connaissez probablement suffisamment désormais pour savoir que l'un de mes soucis principaux depuis plusieurs années est la violence à l'encontre d'enfants. Je ne comprends vraiment pas comment une société telle que celle que nous avons au Canada a pu permettre à la pornographie juvénile de se développer au point de devenir une vaste industrie, comme c'est le cas aujourd'hui. Nous ne nous sommes tous simplement pas préoccupés de ce genre de choses. C'est un problème, et à cause de cela il y a plus d'actes criminels à l'encontre d'enfants. Beaucoup plus, d'après les chiffres que vous nous donnez.
Je crois qu'aujourd'hui les Canadiens veulent comprendre ce qui se passe. Dans ma circonscription, des cultivateurs de céréale ont été emprisonnés parce qu'ils vendaient leur propre céréale, et la même semaine, une personne ayant violé un enfant de cinq ans à Calgary, on parle ici d'infraction grave, se voit infliger une peine d'emprisonnement avec sursis. Beaucoup de gens ne comprennent pas ce qui se passe, et c'est parce qu'il y a trop d'exemples comme celui que je viens de vous donner.
Monsieur, je vous félicite d'avoir déposé ce projet de loi. À mon avis, il va grandement aider à corriger la situation. Je vous félicite de cela.
J'ai une question à vous poser, et ensuite vous pourrez faire des remarques sur ce que je viens de dire. Je suis très inquiet des infractions sexuelles commises à l'encontre d'enfants. C'est quelque chose de très grave. Je parle ici de jeunes enfants, non pas des personnes de 17 ou 18 ans. Je parle de jeunes enfants. Les personnes présentes ici savent exactement de quoi je parle, parce que malheureusement ces crimes sont trop fréquents.
Ce projet de loi empêchera-t-il toute personne commettant une infraction grave à l'encontre d'un enfant d'être tout simplement assigné à résidence?
:
Très bien, je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Avant la chute du dernier Parlement, lorsque nous nous sommes penchés sur cette question dans le cadre du projet du loi C-70, le texte législatif couvrait non seulement les infractions de préjudice corporel grave mais aussi les actes terroristes et de gangstérisme. De plus, on désignait de manière distincte les infractions qui, en raison de leur nature ou de leur circonstances, devaient en priorité faire l'objet de dénonciations.
Ainsi que nous le savons, depuis 1995-1996, l'article 718 qui imposant un critère de proportionnalité est inscrit dans le Code et régit nos principes de détermination de la peine, et cette disposition, jusqu'à l'article 718.2, vont demeurer. Par conséquent, le projet de loi soulève des préoccupations très immédiates à cet égard car, monsieur le ministre, vous avez parlé d'accorder des pouvoirs discrétionnaires à la police et à la Couronne lorsqu'il s'agira d'inculper quelqu'un. Ça nous amène donc à nous demander si ces deux derniers auront tendance à exagérer dans un sens ou dans l'autre, afin de contourner les règles trop strictes du tribunal.
Parmi ceux dont les pouvoirs seront ainsi diminués, il y a le juge en exercice, celui qui a saisi les faits, qui connaît la loi et la fourchette des peines. Là où je veux en venir, c'est que les principes encadrant la détermination des peines sont inscrits dans le Code criminel, où ils sont demeurés immuables, et qu'un juge s'avérera obligé par le Parlement d'imposer une peine proportionnelle, bien qu'à ses yeux, une peine avec sursis, fruit de deux étapes, soit appropriée. Si le projet de loi est adopté tel quel, dans bon nombre de situations, le juge en exercice n'aura plus cette latitude.
Le projet de loi précédent comportait une petite échappatoire; il pouvait y avoir une présomption défavorable à une peine avec sursis, mais si un juge arrivait à la conclusion ferme que des faits précis ou des circonstances atténuantes justifiaient une telle conclusion, alors... Et rappelons que de telles circonstances sont inscrites dans le Code criminel et que le juge est censé en tenir compte, tout comme du droit jurisprudentiel accumulé à leur sujet. Et tout cela va être retiré au juge.
Je pense à des choses semblables à... Vous avez minimisé l'importance de mécanisme approprié, vous avez affirmé que ce n'est pas tellement important. Pourtant, Mme Kane vous dira par exemple que, dans bien des cas au Canada, les traitements prescrits sont une composante importante des peines avec sursis, et il est très difficile de recourir aux autres dispositions pour obtenir leur exécution.
Comment conciliez-vous les pouvoirs discrétionnaires d'un juge en exercice et le principe de la proportionnalité, tout en tenant compte de la responsabilité du délinquant telle qu'inscrite dans le Code?
Il ne s'agit nullement ici de savoir si cela concerne les victimes ou la police, ou les autres intervenants du système de justice, et n'oublions pas non plus le contribuable. Il s'agit de manière précise de nos lois, car vous n'avez pas modifié les articles qui se rapportent à cela. Or, ils sont essentiels, et dans un sens, on se trouve ici à tout simplement les... À mon avis, dans des circonstances exceptionnelles, comme par exemple lorsqu'il y a une présomption défavorable à la peine avec sursis, peut-être y aurait-il lieu de s'en remettre au juge pour rédiger les attendus, faire en sorte qu'il puisse siéger. Nous avons tous eu connaissance de causes qui n'étaient pas conformes à la norme.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de cela, monsieur le ministre.